PÉRIODE DES QUESTIONS — La santé
La collecte de données désagrégées selon la race--Les disparités économiques
15 mai 2020
Honorables sénateurs, ma question s’adresse au représentant du gouvernement au Sénat et elle comporte deux volets. Je pose le premier en collaboration avec la sénatrice Bernard.
En raison de problèmes de santé préexistants et de nombreux écarts entre les déterminants sociaux de la santé, mais aussi parce que le virus est particulièrement présent dans les milieux de travail dits essentiels, les Afro-Canadiens sont plus touchés que les autres par la COVID-19. Personnalités publiques, chercheurs et organismes en tous genres, dont les Nations unies et l’Institut canadien d’information sur la santé, réclament depuis longtemps que le Canada recueille des données désagrégées selon la race, qui peuvent servir à l’élaboration d’à peu près toutes les politiques, de la santé à l’emploi en passant par le logement et l’éducation.
L’Ontario, le Manitoba et le Québec peuvent déjà compter sur des organismes dans le domaine de la santé qui recueillent chacun de leur côté des données désagrégées selon la race, aidant ainsi les autorités publiques à mieux adapter leurs services selon les besoins des membres les plus démunis de la population noire et à mieux saisir à quel point la pandémie actuelle a eu des conséquences dévastatrices sur eux. S’abstenir de recueillir ce type de données équivaut à de la discrimination systémique.
De son côté, la ministre Hajdu a dit cette semaine que le temps est venu de laisser tomber les lignes directrices pour faire place aux normes et elle a sollicité la collaboration des autorités provinciales et territoriales en ce sens. Je félicite le gouvernement d’avoir adopté cette position, car il montre ainsi qu’il est conscient que, depuis des dizaines d’années, nous assistons à l’érosion des filets sociaux, économiques et sanitaires et qu’il faut remédier à la situation.
Comme nous en avons tous été témoins depuis le début de la pandémie, de trop nombreux Canadiens se sont retrouvés quasi instantanément en position de vulnérabilité, alors que de trop nombreux proches aidants ont dû se débrouiller tout seuls pour survivre tout en continuant de prodiguer des services on ne peut plus essentiels.
Voici les deux questions auxquelles j’aimerais que vous répondiez : primo, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas demandé dès le début de la pandémie, c’est-à-dire dès que l’on a commencé à recueillir des données, que celles-ci soient désagrégées selon la race et quand a-t-il l’intention d’ordonner la collecte de ce type de données dans l’ensemble du pays?
Secundo, que fera le gouvernement pour se doter, en collaboration avec les provinces et les territoires, des normes nationales que nous savons tous désormais être nécessaires afin que tous les Canadiens disposent des ressources requises pour assurer leur bien-être et répondre à tous leurs besoins économiques, sanitaires et sociaux, que ce soit dans le domaine de la santé, du logement, des services à l’enfance, aux aînés et aux personnes handicapées ou de la rémunération et des avantages sociaux? Merci.
Merci de poser ces questions. Il n’y a pas de réponse simple et unique à ces questions, qui comportent beaucoup d’éléments. Permettez-moi de commencer par la dernière des deux.
Comme vous le savez, le gouvernement du Canada a constamment collaboré avec les gouvernements provinciaux et territoriaux dans tous les domaines touchés par la crise qui nous frappe. On m’informe qu’il discute avec les provinces et les territoires de la situation tragique dans laquelle se trouvent les personnes âgées dans les établissements de soins de longue durée. Cette situation revêt une importance particulière pour nous tous, et en particulier pour moi, qui viens de la province de Québec, très durement touchée à ce chapitre.
Comme nous le savons, la Loi canadienne sur la santé ne s’applique pas aux soins de longue durée. Je ne doute pas qu’il s’agisse d’un sujet qui fait l’objet de discussions intensives entre les homologues fédéral, provinciaux et territoriaux. Toutefois, je ne sais pas vraiment ce qui ressortira de ces consultations. Bien que la question soit importante et opportune, il est trop tôt pour avoir des réponses, les discussions étant en cours.
En ce qui concerne votre première question, j’ai été en contact avec la sénatrice Bernard à ce sujet. Il est clair que le fait de conserver une image précise et claire de la situation dans nos communautés est essentiel du point de vue de la santé publique. Le gouvernement reconnaît que certaines populations, notamment les Afro-Canadiens et les communautés autochtones, pourraient très bien être touchées de façon disproportionnée par la COVID-19 et cela semble être le cas.
Le gouvernement reconnaît en outre la valeur ajoutée qu’apporteraient des données précises et ventilées pour soutenir toutes les communautés au Canada. On m’informe que Statistique Canada coordonne les efforts qu’il déploie avec les provinces et les territoires pour combler toute lacune dans les données, y compris celles-ci.
Mon personnel a travaillé avec celui de la sénatrice Bernard pour organiser une rencontre avec la ministre de la Santé afin de lui faire part directement des considérations et des préoccupations importantes de la sénatrice.