DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Eleanor Mitchell
25 septembre 2025
Honorables sénateurs, le samedi 27 septembre, je me rendrai dans la nation mi’kmaq Potlotek pour rendre hommage à Eleanor Mitchell. À 83 ans, Eleanor est la dernière Survivante de cette nation à avoir fréquenté le pensionnat autochtone de Shubenacadie.
Comme beaucoup d’autres enfants autochtones, Eleanor a été victime d’un cocktail de politiques et de lois gouvernementales visant à détruire l’institution la plus fondamentale des Mi’kmaqs : la cellule familiale.
Le pensionnat de Shubenacadie a ouvert ses portes en 1929. Onze ans plus tard, le gouvernement fédéral a mis en œuvre une politique de centralisation pendant les années 1940. La centralisation exigeait souvent le déplacement forcé de familles mi’kmaqs qui vivaient auparavant dans des communautés indépendantes et autonomes. Le gouvernement croyait qu’il serait plus facile de gérer les Indiens s’ils se trouvaient dans deux communautés, au lieu d’être répartis dans une multitude de communautés.
À cause de cette politique de centralisation, les parents d’Eleanor, Annie et John Batiste, ont été contraints de quitter Potlotek. Ayant désespérément besoin d’un emploi stable, ils ont envoyé Eleanor au pensionnat de Shubenacadie. Elle avait 6 ans.
Trois ans plus tard, Eleanor a pu retrouver sa famille. Elle a ensuite épousé William Mitchell, et ils ont élevé leurs enfants à Boston. En 1992, ses enfants ayant grandi, Eleanor est retournée à Potlotek pour s’occuper de sa mère vieillissante.
Honorables collègues, il y a beaucoup de héros parmi nous, des gens qui ont la capacité de surmonter les épreuves et les difficultés de la vie, de changer leur destin pour non seulement survivre, mais aussi s’épanouir.
Nous avons tous besoin de personnes comme Eleanor dans notre vie. Elles sont des exemples vivants de réconciliation par la résilience. La réconciliation ne signifie pas que les peuples autochtones veulent être pris en pitié. Ce dont ils ont besoin, c’est de la sagesse, de la compassion et de la compréhension qui vous ont permis de passer de la survie à l’épanouissement.
L’histoire d’Eleanor nous rappelle qu’il faut voir la vie comme un privilège. Hier matin, je m’en suis souvenu. On m’a annoncé que ma sœur Joan était passée dans le monde des esprits ce matin-là. En mémoire de Joan, j’aimerais citer le Chef Crowfoot, qui était sur son lit de mort quand il a dit ceci :
Dans quelques instants, je serai parti. Nous venons de nulle part et nous n’allons nulle part. Qu’est-ce que la vie? C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe et qui se perd au coucher du soleil.
Repose en paix, Joan. Wela’lioq. Merci.