DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages
Le décès de l'honorable Elaine McCoy, c.r.
9 février 2021
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre collègue et amie, l’honorable Elaine McCoy, décédée le 29 décembre, à Ottawa.
Dire au revoir à un collègue du Sénat est toujours pour moi un moment doux-amer. En réfléchissant à la carrière et aux réalisations des nombreux Canadiens émérites qui ont siégé dans cette enceinte, je me sens à la fois honoré et reconnaissant d’avoir eu l’occasion de rencontrer et de travailler avec des personnes aussi extraordinaires.
Je suis triste qu’Elaine n’ait pas pu quitter le Sénat comme elle l’aurait voulu, c’est-à-dire en ayant l’occasion de faire ses adieux, de trinquer avec ses amis et de prononcer, ici même, un formidable discours, riche en sagesse et en conseils. Son combat contre le cancer du poumon est terminé, mais son esprit et ses réalisations vont demeurer.
Elaine était un pilier du milieu juridique et des affaires de l’Alberta. Elle a été une conseillère proche et influente de Peter Lougheed, l’un des plus grands premiers ministres provinciaux du Canada. Elle a été une ministre puissante et une sommité politique durant les années 1980, une période turbulente en Alberta. Elle a été une inspiration pour toute une génération de femmes dans les domaines de la politique, des droits de la personne et des affaires communautaires dans notre province.
Au Sénat, sa contribution a évolué au fil des ans. Les premières années, elle offrait un point de vue et une perspective externe et, au cours des six dernières années, elle a joué un rôle central dans la modernisation du Sénat.
En tant que collègue de la sénatrice au sein du Groupe des sénateurs canadiens, j’ai été touché de voir la relation merveilleuse et bienveillante qu’elle a entretenue avec son personnel au cours des dernières années, qui ont été difficiles. Sara Caverly et Peter Price ont fait plus que leur devoir pour qu’Elaine puisse contribuer aux travaux du Sénat de façon continue. Je sais qu’Elaine leur en était très reconnaissante.
J’ai invité Peter et Sara à dire quelques mots. Voici ce qu’ils ont dit :
La sénatrice McCoy était drôle et cultivée, et si vous aviez des affinités avec elle, elle vous prenait sous son aile, ne cessait de vous encourager et vous faisait bénéficier de son large réseau de connaissances.
Jusqu’à la fin, ses qualités ressortaient dans tout ce qu’elle faisait, en essayant d’éviter les dures réalités de la vie. Elle a consacré toute son énergie à corriger les lois, produisant notamment une longue série de brochures et de graphiques. Elle s’est lancée à corps perdu dans la gastronomie. En outre, elle était fort préoccupée par le discours d’adieu qu’elle prononcerait au moment de sa retraite.
Elle avait prévu de faire part de sa profonde conviction selon laquelle, pour être véritablement efficace, le Sénat devrait toujours constituer une tribune équitable qui accorde la primauté au consensus plutôt qu’au contrôle. Elle comparait cela à une tapisserie complexe de conversations pour nous comprendre les uns les autres. La sénatrice McCoy continuera d’unir les gens.
Merci, Peter et Sara, de ces bons mots. J’espère que nous saurons être à la hauteur des aspirations qu’ils évoquent.
Je suis fier d’avoir connu l’honorable sénatrice McCoy et de pouvoir dire qu’elle était mon amie. Dieu vous bénisse, Elaine. Reposez en paix.
Honorables sénateurs, ce n’est pas facile de résumer une vie et une carrière en quelques mots. Je pense, néanmoins, qu’il est important de consigner dans le détail, dans le hansard, et pour la postérité, les réalisations de notre regrettée collègue, l’honorable Elaine McCoy, et des souvenirs personnels d’elle. Elle le mérite bien après ses années de service et de dévouement pour le Sénat et le pays.
La sénatrice McCoy est décédée le 29 décembre 2020, après avoir consacré sa vie au service de sa province, de son pays et des causes qui lui tenaient le plus à cœur. Elle a été nommée au Sénat sur recommandation du premier ministre Paul Martin en 2005. À l’époque, elle a choisi de siéger en tant que progressiste-conservatrice, un parti qui n’existait plus au niveau fédéral. Ce choix témoignait de l’indépendance d’esprit de la sénatrice McCoy et laissait présager de son influence sur le Sénat tel qu’il est structuré aujourd’hui.
De 1986 à 1993, en tant que politicienne et députée provinciale de l’Alberta, la sénatrice McCoy a été ministre de la Consommation et des Affaires commerciales, ministre responsable de la Condition féminine, ministre du Travail et ministre responsable des Droits de la personne et de la Fonction publique de l’Alberta.
À titre de sénatrice, elle s’est consacrée à sa province et aux causes qu’elle défendait. Il s’agissait notamment des questions relatives aux femmes, aux droits de la personne et à l’environnement. D’une loyauté sans faille, elle a également représenté avec ardeur les Albertains au Sénat.
En 2016, quand le premier ministre Trudeau a commencé à recommander des sénateurs indépendants à la Chambre haute, la sénatrice McCoy a contribué à la création du Groupe des sénateurs indépendants. Étant la doyenne des sénateurs indépendants, elle est devenue la première facilitatrice du groupe. Elle s’est battue pour une représentation équitable aux comités et pour la reconnaissance officielle du Groupe des sénateurs indépendants, en plus de défendre vigoureusement la modernisation du Sénat.
Au moment de ma nomination, je comprenais le rôle constitutionnel que jouait le Sénat au sein de la Confédération, mais je n’en connaissais pas encore les règles ni les traditions. C’est donc la sénatrice McCoy qui m’a accompagné dans l’apprentissage de nos processus et de nos pratiques à mon arrivée. Elle m’a accueilli et je chérirai toujours ses sages conseils.
L’absence d’Elaine McCoy dans cette enceinte sera remarquée. Au nom du gouvernement du Canada, j’offre mes sincères condoléances à sa famille, à sa province et à tous ses amis d’un océan à l’autre. Repose en paix, Elaine.
Honorables sénateurs, je prends aussi la parole aujourd’hui pour rendre hommage à l’une des nôtres, mon amie l’honorable Elaine J. McCoy. Au cours de ses 15 années au Sénat, la sénatrice McCoy a été l’une des très rares sénatrices à réfléchir sincèrement à la notion d’indépendance. Du moment où elle a été nommée au Sénat par le premier ministre Paul Martin jusqu’à ses derniers jours dans cette enceinte, la sénatrice McCoy a revendiqué activement son indépendance tout en étant toujours l’une des plus ferventes défenseures de l’Alberta. Il ne fait aucun doute qu’on se souviendra d’elle pour l’appui indéfectible qu’elle accordait aux habitants de sa province, l’Alberta.
Que ce soit lors de son mandat à l’Assemblée législative de l’Alberta ou à la Chambre rouge à Ottawa, elle a toujours fait preuve d’un engagement profond à l’égard de son pays. Cet engagement indéfectible à l’égard de ses concitoyens a orienté tout ce qu’elle a accompli au cours des décennies de loyaux services qu’elle a consacrées à la vie publique. Elle avait un point de vue tout à fait unique sur les politiques. Sa clairvoyance et sa grande intelligence ont fait d’elle une dirigeante influente. Ses contributions aux politiques publiques ont profité à tous les Canadiens.
Récemment, la sénatrice McCoy a défendu avec passion et ténacité le secteur de l’énergie de l’Ouest canadien contre des projets de loi dommageables, soit les projets de loi C-48 et C-69, ce qui témoigne de son engagement profond à l’égard de sa province et des milliers de personnes qui travaillent dans ce secteur partout au Canada.
Chers collègues, permettez-moi de citer la sénatrice directement :
[Le projet de loi C-48] prévoit un moratoire sur la circulation des pétroliers le long d’une bonne partie de la côte ouest du pays. Il constitue une très grave menace pour l’unité nationale, car il dressera des régions et des communautés les unes contre les autres.
Le Canada s’est construit sur le dialogue et non pas sur le conflit. Nous avons toujours cherché des solutions équilibrées qui répondent aux intérêts de tous; cette approche est devenue un principe fondamental. Or le projet de loi C-48 favorise l’opposition plutôt que la coopération.
Voilà les paroles d’une grande politicienne. Je connais très peu de politiciens qui peuvent livrer un message aussi puissant avec des mots aussi simples. La perte de la sénatrice McCoy prive cette assemblée d’une voix sage. Au nom de l’opposition officielle au Sénat, et en mon nom personnel, je veux exprimer nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à toute notre famille du Sénat. J’espère qu’elle trouvera la paix et le repos éternels dans le royaume des cieux et auprès de notre Seigneur miséricordieux. Merci.
Érudite, pétillante, élégante, énigmatique : que ce soit au Sénat ou dans la vraie vie, honorables sénateurs, l’honorable Elaine McCoy était une véritable force de la nature. Mes débuts au Sénat ayant été façonnés par notre regrettée collègue, c’est pour moi un honneur de lui rendre hommage au nom du Groupe des sénateurs indépendants, dont elle a été, comme chacun sait, la première facilitatrice et la fondatrice.
Je me souviens des très nombreuses fois où je suis allé la voir à son bureau, au cinquième étage de l’édifice du Centre. D’ailleurs, entrer dans son bureau, c’était comme pénétrer dans l’antre d’une philosophe, d’une sage et d’une autrice : des livres empilés dans un coin, un diaporama de sa vie, de son vécu et de son histoire projeté sur un mur et, dans l’autre pièce, des jeunes affairés à je ne sais quoi. C’est là que se tenait Elaine McCoy, confortablement assise dans un coin de la pièce, comme si elle attendait tranquillement qu’on vienne la voir pour profiter de ses enseignements et lui parler. Et pour parler, nous parlions. Je ne compte plus le nombre de nos discussions. Son influence sur l’ensemble de ses collègues allait bien au-delà de ses interventions, ici et dans les comités.
Nous savons déjà qu’elle a été une pionnière, qui s’est défendue pour rendre le Sénat plus indépendant et on ne saurait trop insister sur le rôle qu’elle a joué dans sa modernisation.
Le Sénat qui a autorisé le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration à financer les groupes indépendants, ou encore qui a adopté une motion visant à attribuer les sièges des comités de manière proportionnelle — ce qui nous paraît tout à fait normal aujourd’hui. Le greffier du Sénat qui a cessé d’utiliser l’expression « non affiliés » sur les documents officiels pour plutôt employer « Groupe des sénateurs indépendants », ce qui a contribué à ce que celui-ci soit reconnu comme une entité à part entière. Le Sénat qui modifie ses règles afin que les groupes parlementaires reconnus soient sur un pied d’égalité avec les partis politiques reconnus. Décidément, on doit à la sénatrice McCoy une bonne partie des mesures qui ont rendu la Chambre haute plus indépendante, et ce ne sont que quelques exemples.
Si je peux résumer en deux mots la vision de la modernisation qu’avait la sénatrice McCoy, je dirais qu’elle considérait que notre institution était en constante évolution et que nous, les sénateurs, devions tous souhaiter cette évolution, et la modernisation qui vient avec, au lieu de rester attachés à l’idée fixe que nous appelons le modèle de Westminster. Si vous doutez encore de la force de sa conviction et que vous souhaitez en savoir plus sur sa façon de penser, je vous invite à lire le témoignage qu’elle a fait devant le Comité spécial sur la modernisation du Sénat, le 16 novembre 2016. Un véritable tour de force.
Honorables collègues, la sénatrice McCoy disait souvent qu’elle n’avait pas pour rôle de nous dire quoi penser, mais bien de nous donner les moyens de le faire par nous-mêmes. Elaine n’est plus des nôtres, mais son esprit planera toujours au-dessus de nous. Je vous remercie.
Honorables sénateurs, j’aimerais ajouter ma voix à celles qui rendent hommage aujourd’hui à notre amie et collègue l’honorable Elaine McCoy. Comme d’autres l’ont déjà dit, elle était une ardente défenseure des Albertains et de sa province, l’Alberta, et, bien sûr, du Canada. Elle a véritablement montré à quoi devait ressembler le service public, d’abord en tant que députée et ministre provinciales, puis ici au Sénat, où la plupart d’entre nous avons appris à la connaître.
Comme le sénateur Gold l’a dit plus tôt, lorsque la sénatrice McCoy a été nommée en 2005 par le très honorable Paul Martin, elle a choisi de siéger en tant que progressiste-conservatrice en dépit du fait que ce parti n’avait plus de caucus officiels. Ce n’était que le premier exemple de la façon dont elle a tracé sa propre voie et est restée fidèle à ses propres convictions. La sénatrice McCoy était très franche au sujet de ses opinions et il était clair que l’une de ses principales valeurs était l’équité, c’est-à-dire l’équité à l’égard des gens et de l’institution.
Cela se reflète dans la façon dont elle a traité la nature partisane de la politique. La sénatrice McCoy était vraiment une sénatrice indépendante. Elle comprenait qu’il y a toujours des points de vue divergents, mais elle s’efforçait de trouver des moyens de combler ces fossés et de transcender les lignes de parti afin de faire ce qui lui semblait être dans l’intérêt des Canadiens.
Cette approche s’est aussi avérée utile lorsqu’elle s’est attaquée aux questions conflictuelles inhérentes à deux de ses passions : soutenir l’Alberta, ainsi que son secteur énergétique, et défendre l’environnement.
La sénatrice McCoy avait le don de simplifier les questions complexes. Même si elle prenait son travail très au sérieux, elle avait aussi un sens de l’humour mordant, mais subtil. Elle m’a toujours impressionnée avec sa capacité de prendre la parole au Sénat pour faire valoir des arguments convaincants sans utiliser de notes.
Sa voix manquera certainement à beaucoup de personnes, non seulement au Sénat, mais partout en Alberta et dans l’ensemble du pays. Au nom du Groupe progressiste du Sénat, j’aimerais offrir mes sincères condoléances à sa famille et à ses amis. Merci.
Honorables sénateurs, Elaine McCoy a exercé la profession d’avocate. Elle a été députée provinciale, ministre provinciale, militante et, bien sûr, sénatrice. Cependant, c’est probablement le qualificatif de non-conformiste qui la décrit le mieux. Après tout, c’est une progressiste-conservatrice qui a été nommée au Sénat par un premier ministre libéral, Paul Martin. Plus tard, elle a contribué de façon importante à la formation et à la direction d’un nouveau caucus, le Groupe des sénateurs indépendants. Ensuite, lorsque ce groupe a capitulé et qu’il a succombé aux joies et aux tentations du panurgisme — et pire encore, à son avis —, elle est redevenue sénatrice indépendante. Enfin, l’année dernière, elle a fait partie des membres fondateurs du Groupe des sénateurs canadiens, qui est composé de sénateurs qui tiennent particulièrement à leur indépendance. Ainsi, on peut dire qu’elle a fondé deux nouveaux caucus.
Certaines personnes, dont certains sénateurs ici présents, croient qu’être non conformiste est une mauvaise chose, que le « non-conformisme » sous toutes ses formes devrait être éradiqué. Pas moi. En effet, j’associe le « non-conformisme » à une pensée nouvelle, élaborée et exprimée avec rigueur. C’est la volonté de s’affirmer en toute indépendance sans craindre de potentielles conséquences personnelles. Il s’agit donc de suivre sa propre conscience, ses propres convictions. Autrement dit, « non-conformisme » rime avec espoir et liberté.
Pour moi, Elaine McCoy incarnait cette manière de penser.
C’est Elaine McCoy qui m’a inspiré l’idée de tenir, en collaboration avec mon bon ami le sénateur Paul Massicotte, un symposium sur la modernisation du Sénat en octobre 2015. Elle a d’ailleurs été l’une des premières personnes à s’y inscrire.
Ses connaissances sur l’histoire du Sénat étaient sans pareilles. Sa compréhension approfondie du système de Westminster et de sa souplesse va nous manquer. Nous allons également nous ennuyer de son esprit vif, surtout lorsqu’elle accusait les gens trop dogmatiques de souffrir du syndrome de Westminster.
La sénatrice McCoy a toujours su exprimer sincèrement ses convictions. Qu’elle repose en paix. Merci, honorables sénateurs.
Honorables sénateurs, en tant que sénatrice de l’Alberta, je veux d’abord parler aujourd’hui des réalisations d’Elaine McCoy en Alberta, bien avant qu’elle ne devienne sénatrice. Elle a littéralement suivi les traces de Peter Lougheed, lui succédant en tant que députée de la circonscription de Calgary-Ouest. Elle est devenue ministre dès son élection en 1986 — l’année où j’ai d’ailleurs commencé mes études en journalisme. Je me souviens très bien de son image à l’Assemblée législative de l’Alberta : grande, mince, d’une beauté saisissante. Elle avait du panache, de l’élégance et un air détendu, mais elle était tenace.
En tant que membre du Cabinet de Don Getty, Elaine McCoy était une femme en avance sur son temps : une défenseuse des droits des homosexuels bien avant que cela ne devienne facile ou courant; une défenseuse de l’environnement, l’une des premières du gouvernement de l’Alberta — il y a plus de 30 ans — à faire pression pour une véritable politique publique de lutte contre le réchauffement climatique. Lorsque les Nations aryennes ont commencé à se rassembler en Alberta, elle a lancé une enquête sur les violations des droits de la personne commises par les mouvements suprémacistes blancs. Elle a été l’instigatrice de la Déclaration du Lac Louise sur la violence envers les femmes. Elle a réformé la commission des valeurs mobilières de l’Alberta et elle est à l’origine de l’idée du jour de la Famille.
En 1992, Elaine McCoy entre dans la course au leadership pour devenir la prochaine première ministre de l’Alberta. Elle se présente comme la championne de l’austérité dans la gestion des finances publiques, mais elle doit s’incliner devant Ralph Klein qui, paradoxalement, avait fait campagne en défendant une plateforme beaucoup moins conservatrice sur le plan financier. Une fois devenu premier ministre, Ralph Klein lui fait le plus beau des compliments : il l’expulse du Cabinet et s’approprie sa plateforme de compressions budgétaires.
Après avoir quitté la politique provinciale en 1993, Elaine McCoy se distingue dans le dossier de l’environnement en Alberta par son sens de l’initiative et son travail important. En 2005, elle accepte l’invitation de Paul Martin de se joindre au Sénat du Canada, où elle sert fièrement, d’abord à titre d’irréductible progressiste-conservatrice, puis comme tenante d’un Sénat plus indépendant et non partisan.
Lorsque la sénatrice LaBoucane-Benson et moi faisons notre arrivée en 2018, la sénatrice McCoy nous accueille avec un repas élégant à l’ancienne salle à manger parlementaire. Elle nous remet un cartable rempli de documents sur le rôle d’un sénateur. J’ai appris beaucoup en observant la sénatrice McCoy lorsqu’elle participait à l’étude des projets de loi C-69 et C-48 en mettant à profit sa maîtrise du droit réglementaire, sa passion pour l’environnement et son excellente compréhension du secteur albertain de l’énergie pour arriver à des compromis judicieux.
Des problèmes de santé l’ont obligée à passer les dernières années de sa vie à Ottawa. Elle était physiquement incapable de retourner dans son coin de pays et d’y retrouver sa famille et la province qu’elle aimait profondément. Cela dit, le legs qu’elle laisse à l’Alberta perdurera. Les sénateurs actuels et futurs de l’Alberta ont un défi à relever : se montrer constamment à la hauteur de l’héritage que leur laisse Elaine McCoy. Que sa mémoire soit une bénédiction pour toujours.
Honorables collègues, à la fin du mois de décembre, nous avons tous perdu une collègue passionnée et remarquable. Comme d’autres sénateurs l’ont souligné cet après-midi, le décès de l’honorable Elaine McCoy a mis en lumière, à bien des égards, les progrès incroyables réalisés par le Sénat au cours des quatre à six dernières années pour améliorer son fonctionnement et accroître son indépendance. Je suis d’accord avec ce que le sénateur Dean a dit hier soir en ce qui concerne la diminution de la partisanerie au Sénat.
Je pense que chacun d’entre nous se souviendra pour toujours de la journée où nous avons été nommés à cette auguste Chambre de second examen objectif — l’honneur, l’humilité et l’anticipation ressentie pour ce qui nous attendait, soit l’énorme responsabilité envers notre province et envers tous les Canadiens qui découlait de notre nomination. Alors que j’étais aux prises avec des pensées et des émotions ahurissantes à la fin du mois d’octobre 2016, j’ai reçu des appels de collègues me souhaitant la bienvenue, ce qui m’a fait énormément de bien. La sénatrice McCoy est l’une des premières à m’avoir appelé.
Je me souviens de son accueil chaleureux, de sa grâce, de sa répartie, de son immense bagage de connaissances sur le processus parlementaire et de son amour indéniable pour le Sénat et ses travaux, ainsi que de son amour inébranlable pour l’Ouest canadien et sa province, l’Alberta.
Elaine McCoy est née, comme moi, au Manitoba, plus précisément à Brandon. Avant de siéger au Sénat, elle fut avocate-conseil principale spécialisée en énergie en Alberta. Elle représenta Calgary-Ouest à l’Assemblée législative de l’Alberta pendant sept années et occupa des fonctions ministérielles dans cette province. Ce parcours lui a bien servi à son arrivée dans cette enceinte. L’étendue et la profondeur de son expérience professionnelle et de ses intérêts, sa vision, le rôle clé qu’elle a joué dans la création du Groupe des sénateurs indépendants et son profond respect des procédures du Sénat furent inspirants, pour moi assurément. Cette femme élégante, chevronnée et dévouée s’exprimait en outre avec aisance, que son discours fût préparé ou non. Sa capacité à bâtir une argumentation convaincante fondée sur les faits, à brûle-pourpoint, était sans contredit un talent digne d’envie.
La sénatrice McCoy a également servi de grand mentor à bon nombre de gens. Elle a certainement joué ce rôle pour moi à mes débuts au Sénat, alors que le Groupe des sénateurs indépendants était encore vert. Je me souviens avec émotion d’une occasion en particulier où elle avait appuyé la position que j’avais adoptée selon certains principes fondés sur mon expérience passée. À cette époque, je n’avais pas encore assez d’expérience comme sénatrice pour appuyer le point de vue que j’exprimais ce jour-là.
Comme nous venons toutes deux de l’Ouest, je salue l’appui indéfectible et inébranlable de la sénatrice McCoy chaque fois qu’un enjeu touchait l’Alberta. Le Canada a eu bien de la chance qu’Elaine McCoy se soit consacrée si brillamment à sa profession juridique, au gouvernement de sa province d’origine et au Sénat du Canada. J’ai eu le privilège de l’avoir comme collègue.
Je la remercie. J’offre mes condoléances à sa famille, à ses amis et à la province. Qu’elle repose en paix. Merci.
Honorables sénateurs, je souhaite aussi rendre hommage aujourd’hui à une Albertaine et Canadienne exceptionnelle que je comptais parmi mes très bons amis.
Aritha van Herk, auteure et poète influente, a dit ceci :
Le code de conduite du cowboy, qui privilégie le bon voisinage, la loyauté, l’indépendance et une persévérance à toute épreuve, fait partie de l’identité albertaine. Pour les Albertains, c’est une entente tacite aussi naturelle que les montagnes environnantes.
Voilà qui décrit bien notre collègue Elaine, une femme bienveillante, loyale et indépendante qui, comme nous l’avons constaté pendant que son état de santé s’est détérioré, a toujours persévéré sans jamais se plaindre. Selon moi, Elaine avait le don de tirer profit de son intelligence et de son sens de l’intuition inné pour promouvoir des politiques publiques qui puissent répondre aux aspirations et aux craintes de la population.
J’aimerais seulement citer brièvement quelques exemples. Comme on l’a déjà mentionné, à la fin des années 1980, Elaine a mené des efforts visant à concevoir un plan d’action national de lutte contre la violence envers les femmes. Cette initiative a mené à la toute première déclaration publique sur ce fléau.
Une autre initiative tout aussi importante a eu lieu au début des années 1990. En effet, il y a 30 ans, comme la sénatrice Simons l’a mentionné, Elaine a mené des efforts qui ont permis notamment à l’Alberta de faire part de ses préoccupations à l’égard des changements climatiques et de trouver des façons de lutter contre les problèmes environnementaux tout en tenant compte du rôle important que joue l’industrie pétrolière et gazière canadienne. En 1993, elle a présidé un groupe de travail provincial sur les changements climatiques. C’est donc dire qu’elle était une chef de file aux idées novatrices il y a 30 ans. Elle a par la suite assumé le rôle de vice-présidente de Climate Change Central, un groupe de l’Alberta qui contribue de façon importante à trouver des moyens de financer la recherche pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Je ne dirai jamais assez à mes collègues à quel point ces travaux étaient importants et novateurs, car ils ont ouvert la voie à l’ensemble des discussions et des mesures auxquelles nous participons aujourd’hui en ce qui a trait aux changements climatiques et à l’environnement.
Enfin, chers collègues, comme cela a été souligné et comme nous l’avons vu dans les interventions de la sénatrice McCoy sur les projets de loi C-69 et C-48, il ressort que l’Alberta a perdu une formidable porte-parole et le Sénat, une véritable figure de proue.
Ce que j’ai vu et respecté si profondément, c’est l’humilité innée d’Elaine. Elle n’a jamais oublié ses origines simples de fille des Prairies. Elle n’a jamais oublié que c’est un privilège de servir la population. Je peux aussi vous dire, d’après mon expérience limitée, qu’Elaine adorait les fêtes. Ses fêtes de Noël à Calgary sont légendaires, voire notoires.
Honorables sénateurs, Elaine adorait l’Alberta. Elle en aimait la beauté majestueuse, les cieux immenses, les villes dynamiques, la solitude tranquille et le remarquable potentiel. Elaine nous manquera. Merci, chers collègues.
Honorables sénateurs, c’est avec une profonde tristesse et une grande humilité que je rends hommage à notre très chère et respectée collègue, la regrettée sénatrice Elaine McCoy. La sénatrice McCoy a été un mentor à la fois généreux et sage pour moi et pour bon nombre de nouveaux venus au Sénat. Elle nous a guidés en nous prodiguant ses conseils à titre individuel, en nous donnant un aperçu des rouages du Sénat et, surtout, en servant de modèle pour ce qui est de l’étude approfondie des mesures législatives et de la tenue de débats intelligents et convaincants au Sénat. Quand Elaine prenait la parole, elle avait toute notre attention.
L’été dernier lors d’une conversation au sujet de la modernisation du Sénat, Elaine m’a rappelé l’importance de comprendre le rôle délicat et crucial que joue le Sénat. Elle m’a dit : « Pour faire des lois, il faut faire des compromis ».
Elle appréciait la collaboration. Nous avons tous été témoins des efforts qu’elle a déployés pour trouver un compromis à la Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers. Elaine détestait l’intimidation et invitait à la prudence en ce qui concerne la pensée unique ou le fait de confier trop de pouvoir à des dirigeants ou à un groupe en particulier. Comme elle l’a affirmé dans l’article publié en 2018 dans le magazine Options politiques :
La capacité des sénateurs d’agir de manière autonome et décisive, sans être soumis à des restrictions coercitives, constitue le fondement qui fait du Sénat le type d’assemblée législative que les Canadiens souhaitent. Par surcroît, les sénateurs doivent s’élever au-dessus des idéologies et des loyautés personnelles pour travailler en collaboration avec des collègues de toutes tendances.
La sénatrice McCoy était d’allégeance progressiste-conservatrice et elle possédait de longs états de service à l’Assemblée législative et au Cabinet de l’Alberta. Elle a été nommée à la Chambre haute en 2005, année marquant le centenaire de l’Alberta.
Dans le cadre de son premier discours au Sénat sur l’interpellation de la sénatrice Andreychuk concernant les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, la sénatrice McCoy a parlé des questions importantes auxquelles sont confrontés les Albertains. Elle a dit ceci :
[...] comment l’Alberta devrait contribuer à l’avenir de notre pays. Comment pouvons-nous modeler cet avenir pour qu’il profite non seulement aux Albertains, mais aussi aux Canadiens? Comment pouvons-nous aider le Canada à se situer à la fine pointe du XXIe siècle pour garantir un siècle de prospérité non seulement aux Albertains, mais aussi à tous les Canadiens?
En réponse à ses propres questions, elle a déclaré que, « en Alberta, nous avons assez d’espace, assez de richesses et assez de maturité pour contribuer à l’édification du pays. »
J’aimerais bien qu’elle soit parmi nous aujourd’hui afin de pouvoir la remercier personnellement de ses sages conseils, de sa conduite exemplaire, de ses efforts pour adapter le Sénat au XXIe siècle et de ses innombrables contributions à sa province bien-aimée et à notre nation.
Honorables sénateurs, je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de rendre hommage à l’honorable Elaine McCoy, une Albertaine exceptionnelle, une magnifique Canadienne et une leader hors pair. Merci. Wela’lioq.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à une parlementaire exceptionnelle, une personne que j’ai eu le privilège de rencontrer lorsque j’ai été nommé au Sénat. J’ai eu la chance de me lier d’amitié avec cette personne et de pouvoir l’écouter attentivement. Même au cours des tout derniers jours, elle a su stimuler mon esprit et toucher mon cœur lors de nos discussions. Telle était Elaine McCoy : une femme d’une grande intelligence doublée d’un sens de l’humour mordant. Elle avait un sens de la justice et un souci de l’équité incomparables. Il y a quelques années, un média l’a qualifié de « symbole de résistance » et plusieurs l’ont décrit comme une non-conformiste. Pour ma part, Elaine McCoy est une éminente parlementaire et une personne qui a su apporter une certaine civilité au Parlement et dans les débats parlementaires.
Elaine McCoy a exercé ses fonctions avec honneur et intégrité au sein de différents ordres de gouvernement et sur la scène politique canadienne. Même lorsqu’elle était ministre au sein du gouvernement de l’Alberta — et membre du pouvoir exécutif —, elle a su dire ses quatre vérités aux gens de pouvoir. C’était tout à fait elle. Elle s’est battue pour défendre les opprimés et elle est devenue la porte-parole de ceux et celles qui n’ont pas la possibilité de se faire entendre. Paul Martin a assurément fait le bon choix de nommer cette parlementaire extraordinaire au Sénat pour parler au nom des minorités.
Je ne vous apprends rien en rappelant qu’Elaine McCoy a été la dernière sénatrice progressiste-conservatrice à siéger dans cette enceinte. Elle a travaillé au sein du Groupe des sénateurs canadiens ainsi que du Groupe des sénateurs indépendants. Elle s’est ultimement avérée être l’exemple parfait d’une sénatrice indépendante, une personne qui s’est battue pour ses convictions et ses principes et qui ne s’est jamais contentée de suivre les autres.
Elaine McCoy était consciente que son indépendance découlait du fait qu’elle n’avait pas besoin de chercher à se faire élire. Elle a su se servir de cette indépendance de façon imaginative pour demander des comptes au gouvernement — je m’en souviens très bien, car je faisais partie de ce gouvernement —, et pour remettre en question les décisions du gouvernement à chaque occasion. Il lui est souvent arrivé d’être la seule voix indépendante. Quand j’étais Président, j’ai appris à l’admirer et à la respecter, et quand il y a eu des désaccords, elle m’a inspiré comme elle en a inspiré tant d’autres.
Paix à l’âme d’Elaine McCoy. Que Dieu la bénisse. Qu’aucun d’entre nous n’oublie la lueur dans ses yeux qui a illuminé le Sénat du Canada pendant une décennie et demie.
Honorables sénateurs, à la fin de décembre, nous avons perdu une collègue respectée et l’amie de plusieurs d’entre nous, la sénatrice Elaine McCoy. À la fois esprit juridique accompli et politicienne intrépide, elle a été au premier plan de la modernisation du Sénat. Elle a plaidé pour une indépendance accrue des sénateurs, ce qu’elle a prôné dès le départ en se disant elle-même progressiste-conservatrice, un parti qui n’existait plus au Sénat au moment où elle y a été nommée.
La sénatrice McCoy a été tour à tour députée provinciale, ministre et sénatrice, toujours en représentant fièrement les Albertains. Elle l’a fait avec compassion et avec de grands idéaux, qu’elle n’hésitait pas à communiquer à tous ceux qui croisaient son chemin.
Je me souviens de plusieurs conversations avec elle et notre vieil ami le sénateur Norm Atkins, qui, à mon sens, dénotent bien la nature de cette enceinte et la manière avec laquelle nous devrions collaborer par delà les frontières idéologiques pour accomplir ce qu’il y a de mieux pour les provinces et pour notre pays.
Si vous n’avez jamais eu l’occasion d’assister à ses réceptions de Noël, vous avez raté toute une brochette d’invités. D’anciens libéraux, d’anciens progressistes-conservateurs et même l’ancien premier ministre Joe Clark ne manquaient pas d’y être, et l’esprit était toujours à la fête.
Elle était un esprit libre et une fervente défenseure du Sénat. Après avoir consacré quatre décennies au service de sa province et de son pays, la sénatrice McCoy continuera d’inspirer les personnes qu’elle a connues.
J’offre mes sincères condoléances à sa famille et à ses amis et j’encourage tous les sénateurs à imiter ses qualités d’indépendance et de défense des gens que nous représentons. Merci, honorables sénateurs.
Honorables sénateurs, la sénatrice McCoy est la première sénatrice que j’ai rencontrée quand je me suis présenté à mon atelier d’orientation un mois avant d’arriver à la Chambre rouge, et son bureau est le premier bureau de sénateur que j’ai visité. Elle m’a serré la main chaleureusement, puis m’a fait signe de m’asseoir. Je dois avouer que je ne savais pas que les sénateurs avaient un bureau et je ne sais pas pourquoi je l’ignorais. Je ne le savais tout simplement pas. Voyez-vous, la sénatrice McCoy s’est immédiatement rendu compte que je n’en savais probablement guère plus.
Elle m’a donné les conseils que de nombreux sénateurs donnent aux nouveaux venus et elle m’a dévoilé des choses que j’ignorais. Elle a souligné l’importance du Sénat, les obligations auxquelles les sénateurs sont tenus et la nécessité de la Chambre rouge dans la démocratie canadienne.
Elle a été la première — et la plus éloquente — à m’expliquer pourquoi la Chambre rouge est importante, pourquoi l’institution en soi est sacrée. Elle m’a donné ces explications comme si elle savait que je nageais dans l’inconnu à ce moment-là et qu’il me faudrait un peu de temps pour retrouver mes repères.
À l’instar de beaucoup de Canadiens, je ne connaissais pas les rouages essentiels de l’endroit où je m’apprêtais à siéger. Je ne connaissais pas les arcanes des mesures législatives, de l’adoption des projets de loi, d’intérêt privé ou public, ou des comités qui débattent de ceux-ci. Elle m’a expliqué tout cela, puis elle m’a indiqué que, si j’avais un problème ou que j’avais des questions de procédure, sa porte était toujours ouverte.
Avant que je parte, nous avons commencé à parler d’autres choses. Elaine a dit : « J’ai entendu dire que vous aviez écrit un livre sur la pêche. J’ai pêché à la mouche pendant des années. »
« Eh bien dans ce cas, nous sommes amis et nous irons pêcher à la mouche ensemble », ai-je répondu.
C’est ce que nous avions prévu de faire. Elle devait venir à la rivière Miramichi pour pêcher le saumon, et je devais aller à la rivière Bow, où elle m’emmènerait pêcher la truite. C’était notre plan. Même si elle me demandait de considérer certains projets de loi, amendements ou motions, nous en revenions toujours à la pêche. Elle disait toujours qu’elle viendrait sur la Miramichi, jusqu’à ce jour où, finalement, elle m’a dit qu’elle ne pensait plus que ce serait possible.
Je lui ai répondu : « Regardez, j’ai des amis qui ont été guides toute leur vie. Nous vous emmènerons sur la rivière Miramichi. Ce sera dans un canot ou dans une fosse à saumon, mais vous allez sentir la force d’un saumon qui tire. Sénatrice, vous n’oublierez jamais la satisfaction d’attraper un saumon de la Miramichi. »
Elle a affiché ce sourire doux et un peu moqueur qu’on lui connaît et elle a répondu : « Bien sûr ».
Puis la pandémie a frappé et changé nos plans. Elaine m’a téléphoné une fois, il y a quelques mois, pour me demander si je pouvais l’aider à localiser un de ses amis qui vivait sur la Miramichi. Malheureusement, je lui ai écrit pour lui dire que mes recherches avaient été infructueuses. Je ne l’ai plus jamais revue.
Cela ne veut pas dire que nous ne pêcherons pas ensemble. Nous nous retrouverons un jour, sénatrice, je vous le garantis. La rivière sera grandiose, probablement tout comme la Miramichi, et les poissons nageront à jamais sous notre canot.
Merci.
Honorables sénateurs, un si grand nombre d’entre vous avez parlé d’une personne très appréciée dans cette enceinte : Elaine McCoy, une femme de l’Ouest; Elaine McCoy, une femme à l’esprit libre; Elaine McCoy, une débatteuse redoutable; Elaine McCoy, la voix de la raison.
Dans l’hommage posthume publié sur le site Web du Sénat, j’ai bien aimé les mots du sénateur Black, originaire de l’Alberta lui aussi. Voici ce qu’il a dit :
C’est une femme qui se souciait vraiment des gens. Elle prenait soin de ses amis. Elle se souciait énormément de la fonction publique.
Elle n’a jamais oublié ses origines, et c’est pourquoi elle était si efficace, selon moi.
Quand le sénateur Doug Black affirme qu’« elle n’a jamais oublié ses origines », c’est très révélateur. Je pense que chacun et chacune d’entre nous apporte l’essence de ses origines au Sénat. Nous sommes tous fiers de nos racines et c’est une bonne chose. Notre pays est une grande nation grâce aux valeurs que nous partageons. Elaine McCoy aimait entendre le point de vue d’autrui, mais elle n’avait jamais peur d’exprimer sa propre opinion.
Un des aspects remarquables du Sénat est que tous les sénateurs ont l’occasion d’apprendre de leurs collègues. En tant qu’ancien journaliste, j’étais censé toujours être objectif, mais je viens de l’Est, et lorsque je couvrais les événements dans l’Ouest, je n’appréciais pas toujours les opinions des Canadiens de l’Ouest. Savez-vous qui m’a remis à ma place? Elaine McCoy. Cela a peut-être pris très longtemps, mais j’ai fini par comprendre la perspective de l’Ouest, grâce à Elaine McCoy, qui m’a accompagné dans mon cheminement. Tous les Canadiens devraient lire ses dissertations sur l’énergie et l’environnement de l’Alberta. J’ai acquis grâce à celles-ci une meilleure compréhension de la perspective et, encore mieux, de la réalité de l’Ouest canadien.
Le slogan original du Parti réformiste était « l’Ouest veut avoir son mot à dire ». Elaine McCoy n’était pas réformiste, mais une progressiste-conservatrice qui comprenait instinctivement ce que voulait l’Ouest : le respect et l’inclusion sur la scène nationale. Elle a aidé à mettre en avant cet argument pendant ses années au sein du gouvernement de Peter Lougheed et, plus tard, ici, au Sénat.
Elle l’a fait à sa façon, la façon McCoy, avec une détermination d’acier. Cependant, à la fin des séances, on pouvait la retrouver dans son bureau à l’éclairage tamisé de l’édifice du Centre, où elle nous accueillait avec son sourire chaleureux, un verre de vin ou de quelque chose de plus fort et l’envie de poursuivre la conversation. Après tout, il n’était que minuit.
Honorables sénateurs, j’aimerais moi aussi rendre hommage à la sénatrice McCoy. Quand les sept premiers sénateurs indépendants ont été nommés — il y avait, outre moi, les sénateurs Pratte, Lankin, Petitclerc, Sinclair, Gagné et Harder —, la sénatrice McCoy s’affairait à mettre sur pied le premier groupe indépendant et non partisan. Il faut croire qu’elle avait vu juste, puisqu’à peine quatre ans plus tard, le Sénat ne compte pas un, mais trois groupes indépendants.
Avec le recul, je suis davantage consciente des obstacles que la sénatrice McCoy a dû surmonter pour regrouper les indépendants. Mais à force de persuasion, de bons mots, d’insistance et d’assiduité, elle a réussi à faire bouger les choses — et nous par le fait même, et c’est ce qui fait que le Sénat est ce qu’il est aujourd’hui.
La sénatrice McCoy était naturellement élégante. Je lui ai dit d’ailleurs qu’elle me rappelait — un peu — la duchesse de Windsor. Mince comme un fil, elle était toujours magnifiquement vêtue et arborait toujours l’un des bijoux qu’elle seule pouvait porter. Cela n’étonnera personne, mais elle aimait particulièrement se rendre au Château Laurier pour l’heure du thé, le week-end, où elle régnait comme pas une, un cocktail — ou quelque chose d’un peu plus fort — à la main. Au sein de notre groupe, elle prodiguait ses conseils comme une mentore d’expérience, même si elle savait se faire insistante —, car nous savons tous à quel point, quand elle défendait un principe qui lui était cher, elle pouvait aussi être obstinée, pour ne pas dire têtue.
Cela dit, elle était aussi d’une grande élégance spirituelle. Après mon premier discours au Sénat — j’étais horriblement nerveuse —, elle m’a envoyé une copie enrubannée de mon intervention, et cette copie, je la garde encore dans mon bureau.
Elle m’a encadrée lorsque j’ai parrainé un important projet de loi du gouvernement au Sénat. Puisque, étant marraine du projet de loi, je ne pouvais pas proposer un amendement, elle s’est rapidement saisie du dossier — qu’elle connaissait à peine — et s’est prononcée en se fondant sur des recherches approfondies. L’amendement a été adopté par la Chambre des communes et inscrit dans la loi. Il a reçu passablement d’attention des médias et est désormais connu comme l’amendement McCoy. Quelque peu déconcertée par tout cela, elle m’a dit à la blague : « Ratna, vous m’avez rendue célèbre ».
En vérité, elle mérite sa célébrité et sa réputation pour de multiples raisons : sa vision, sa détermination de fer à la réaliser et ses contributions au Sénat, toujours fondées sur des principes. Elle nous manquera.
Repose en paix, chère collègue.
Honorables sénatrices et sénateurs, je prends la parole pour rendre hommage à notre collègue la sénatrice Elaine McCoy, qui est décédée récemment.
Je sais gré à la sénatrice McCoy, qui était alors coordonnatrice du Groupe des sénateurs indépendants, de m’avoir accueillie très chaleureusement lors de ma nomination au Sénat en novembre 2016. Son accueil sans réserve a facilité mon entrée dans mes nouvelles fonctions.
Son regard perçant m’accompagnera longtemps. Au cours des quatre dernières années, j’ai eu l’occasion de constater qu’elle est allée littéralement au bout de son souffle dans l’accomplissement de son rôle de sénatrice.
Sénatrice McCoy, nous nous souviendrons de votre engagement public continu.
Honorables sénateurs, à mon arrivée au Sénat en 2016, j’ai, bien sûr, choisi de me joindre à un groupe dirigé par une femme, la seule femme à occuper le rôle de leader à l’époque, la sénatrice Elaine McCoy, une mentore et une amie, désignée par mon équipe et les membres de mon personnel comme « la McCoy » suivant la tradition du clan écossais.
J’ai aussi reçu une copie de mon premier discours orné d’un ruban. Des sourires chaleureux et de nombreux débats passionnés ont suivi, se terminant souvent par une boisson forte, un bon scotch — nos bureaux étaient situés l’un près de l’autre.
J’aimerais lire un court extrait d’une des dernières notes que j’ai reçues d’Elaine. Lorsque j’ai communiqué avec elle pour demander comment elle allait, étant donné le confinement imposé par la COVID-19, elle m’a répondu en m’écrivant à propos de son chat :
Oliver adore que je sois à la maison et j’adore Oliver, malgré le fait qu’il ait cassé ma lampe. Bah! L’amour est plus précieux que les objets.
Aussi, lorsque j’ai entendu la voix de Sarah le 29 décembre, j’ai compris que les nouvelles n’étaient pas bonnes. J’avais parlé à Elaine deux semaines auparavant et je savais que les choses n’allaient pas bien. Chers collègues, lorsque ce sera possible, j’espère que vous vous joindrez à la sénatrice Griffin et à moi pour rendre hommage à notre merveilleuse amie, une mentore et une sénatrice spectaculaire d’une manière des plus adéquates : avec une larme de Famous Grouse.
Adieu, chère mentore et amie. Nous sommes si reconnaissants de vous avoir connue et d’avoir bénéficié de vos connaissances.
Honorables sénateurs, en hommage à notre collègue décédée, l’honorable Elaine McCoy, je vous prie de vous lever et de vous joindre à moi pour observer une minute de silence.
(Les honorables sénateurs observent une minute de silence.)
Merci, honorables sénateurs.