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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les Elks d'Edmonton

3 juin 2021


Honorables sénateurs, cette semaine, Edmonton nous a fièrement annoncé que son équipe de la Ligue canadienne de football venait de changer de nom pour devenir les Elks d’Edmonton.

Le moment choisi pour faire cette annonce ne pouvait pas mieux tomber, étant donné que nous entamons le Mois national de l’histoire autochtone, que nous apprenons la découverte vraiment horrible faite à Kamloops et que nous entreprenons un dialogue ardu, dans l’ensemble du pays, sur le récit de notre mémoire collective.

Pendant de nombreuses années, les Edmontoniens ont discuté du changement de nom de leur mythique équipe de football. Ces discussions n’ont pas été faciles. Beaucoup étaient très fiers de l’uniforme vert et or de leur équipe et de l’équipe elle-même, qui a accueilli en son sein des légendes vivantes comme Jackie Parker, Johnny Bright, Rollie Miles, Norman Kwong, Tom Wilkinson, Larry Highbaugh, Warren Moon, Gizmo Williams et Ricky Ray. C’est cette équipe qui a lancé la carrière politique de deux premiers ministres albertains : Peter Lougheed et Don Getty.

Or, le nom de l’équipe, celui que j’ai toujours connu, devenait de plus en plus gênant au fil des ans, étant donné que nous ne pouvions faire abstraction de son origine raciste. Ce nom n’était pas seulement considéré comme une insulte raciale par de nombreux Inuits. Il nous ramenait à une époque où de nombreuses équipes sportives nord-américaines choisissaient une mascotte autochtone, une coutume condescendante d’appropriation culturelle. Qui plus est, le nom n’avait aucun lien avec les peuples des Premières Nations vivant sur le territoire du Traité no 6.

Il nous faut assumer et entendre la vérité sur la douleur causée par ce racisme désinvolte avant de pouvoir passer à la réconciliation.

Selon moi, les fondateurs de la dynastie du football d’Edmonton n’avaient pas d’intention malveillante lorsqu’ils ont choisi le nom d’origine. Ils l’ont fait avec un enthousiasme teinté d’ignorance. Ils voulaient sincèrement complimenter le peuple inuit pour son courage et sa force d’âme, mais s’y sont pris de façon terriblement maladroite. En 2021, l’ancien nom était devenu un vestige anachronique de notre passé colonialiste et des attitudes qui méritent de passer à l’histoire, non pas pour qu’on les célèbre, mais pour qu’on ne les oublie pas.

Donc, Canada, souhaitez la bienvenue aux Elks d’Edmonton.

Je sais. Ceux qui aiment couper les cheveux en quatre nous diront que la forme plurielle du mot « elk » est « elk ». Pourtant, les Torontois, eux, persistent à applaudir loyalement, et parfois désespérément, leurs Leafs, et non leurs « Leaves ». D’autres diront que l’animal en question est en vérité un wapiti — mais qu’en serait-il alors de l’allitération?

Quoi qu’il en soit, je suis heureux de pouvoir affirmer que la plupart des gens d’Edmonton semblent avoir adopté leurs Elks avec optimisme et enthousiasme, à en juger par les ventes des marchandises portant le chouette logo des Elks. La ville est pleine d’entrain, non seulement parce qu’elle espère voir la saison se conclure par une victoire à la finale de la coupe Grey, mais aussi parce que les ​​Edmontoniens sentent qu’ils pourront crier le nom de leur équipe avec fierté. J’ai vu sur les médias sociaux des gens dire qu’ils assisteront à un match de la Ligue canadienne de football pour la première fois de leur vie en raison du changement de nom. Ils se sentiront désormais les bienvenus au stade du Commonwealth, où les Elks joueront et seront victorieux.

Accrochez-vous, tout le monde, et soyez prêts, car les Elks foncent vers un avenir que nous pourrons partager avec fierté, un avenir où nous pourrons honorer ce qu’il y a de mieux dans notre passé, sans nous accrocher aux souvenirs les moins glorieux.

Merci, hiy hiy.

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