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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de Janice Johnston

31 janvier 2023


Honorables sénateurs, vendredi, le milieu journalistique d’Edmonton s’est réuni pour faire son deuil d’un de ses membres, Janice Johnson, qui a couvert les affaires relatives à la police et aux tribunaux pour la CBC. Elle était une journaliste de première classe, une femme à la fois rigoureuse et tendre, l’incarnation même de la parfaite communicatrice.

Pendant plus de 30 ans, Janice a assuré la couverture de quelques-unes des plus grandes affaires criminelles au Canada, sans peur ni parti pris. Elle a tenu tête à la police, n’hésitant jamais à lui demander des comptes. À un moment donné, irritée du refus de Janice de divulguer ses sources, la police a obtenu, dans un geste scandaleux, un mandat lui permettant de mettre sa ligne téléphonique privée sur écoute. Janice n’était pas plus tendre envers les juges. Elle a lutté contre des interdictions de publication parce qu’elle croyait que les gens avaient le droit de savoir ce qui se passait dans les salles d’audience publique.

Au fil du temps, elle a gagné le respect des détectives aux homicides et des procureurs de la Couronne, des avocats de la défense et des juges, pour son professionnalisme minutieux et son éthique de travail rigoureuse.

L’une des histoires les plus importantes de sa longue carrière concerne une femme autochtone qui avait été victime d’une agression sexuelle brutale et presque mortelle. Le procureur de la Couronne, craignant que la femme ne se présente pas pour témoigner, l’a fait emprisonner. La femme a été transportée, enchaînée, entre la prison et le tribunal, juste à côté de l’homme accusé de l’avoir violée. Comme un ange vengeur, Janice s’est efforcée de révéler ce qui s’était passé.

Avec passion et cœur, elle a couvert des procès pour meurtre et maltraitance d’enfants, des audiences pour inconduite policière et des procédures visant à faire radier un avocat du barreau. Elle était une compétitrice féroce et n’aimait rien de mieux que d’obtenir une nouvelle en exclusivité. Très, très occasionnellement, je la devançais sur une histoire. Observer sa fureur me remplissait de joie, car battre Janice, c’était déjà une victoire. C’était encore plus amusant lorsque nous travaillions en tandem pour lutter contre une interdiction de publication ou rendre publique une preuve, car si elle était une grande compétitrice, elle était aussi une camarade d’armes hilarante et inspirante.

Lors de ses funérailles, Scott, son mari, un correspondant d’expérience à l’hôtel de ville, a décrit à la blague comment c’était de vivre dans une maison où il était toujours le deuxième meilleur journaliste. En 36 ans de mariage, il ne lui a damé le pion qu’une seule fois, et c’était au sujet de la démission d’un chef de police. Elle l’a appelé quelques instants après la diffusion de son exclusivité pour lui dire des mots qu’il ne pouvait pas répéter dans une église.

Plus tôt, dans les années 1990, elle a travaillé pour CFRN, la station affiliée de CTV à Edmonton. Lorsqu’elle a atteint 39 ans, les nouveaux gestionnaires de la station l’ont graduellement retirée de l’antenne pour la remplacer par des visages plus jeunes. Elle a démissionné en guise de protestation et annoncé qu’elle quittait le journalisme. Mais elle était incapable de rester en retrait. Après quelques années comme conseillère-médias, elle a repris le micro à la CBC où, longtemps après que sa chevelure fut devenue complètement grise, elle a réalisé certains de ses meilleurs et plus importants reportages.

Elle manquera beaucoup à Scott, à leur fille Samantha et à leur petite-fille Cali, ainsi qu’à tous les Edmontoniens qui se sont tournés vers Janice Johnston pour connaître la vérité pendant les périodes les plus sombres de notre ville.

Merci, hiy hiy.

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