DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès de l'agent Travis Jordan—Le décès de l'agent Brett Ryan
21 mars 2023
Honorables sénateurs, dans la nuit de jeudi dernier, juste avant 1 heure, Brett Ryan et Travis Jordan, deux jeunes agents du Service de police d’Edmonton, ont répondu à un appel à propos d’une dispute familiale dans un immeuble résidentiel, dans le centre-ouest de la ville.
Quand ces deux agents sont arrivés sur les lieux, une femme de 55 ans est allée à leur rencontre pour leur dire qu’elle avait de la difficulté avec son fils de 16 ans. Le jeune homme n’avait aucun dossier criminel et il ne faisait l’objet d’aucun mandat d’arrestation. Toutefois, d’autres policiers étaient déjà intervenus à cette adresse auparavant pour un appel concernant les problèmes de santé mentale du jeune homme.
Bien que tous les appels à propos d’une dispute familiale présentent un risque d’imprévisibilité, il n’y avait aucune raison de croire que cette intervention pouvait être à haut risque.
Personne n’était préparé pour les événements qui se sont déroulés par la suite. Selon le Service de police d’Edmonton, les agents Brett Ryan et Travis Jordan ont été atteints par de multiples projectiles de l’arme à feu de l’adolescent avant d’arriver à la porte d’entrée de l’appartement. Aucun des deux agents n’a eu la chance de dégainer son arme de service. La mère a ensuite essayé de désarmer son fils, mais ce dernier lui a tiré dessus et elle a été blessée grièvement. Après, le jeune homme a retourné l’arme contre lui et il s’est enlevé la vie.
Cette horrible tragédie a profondément choqué les habitants de ma ville et de mon quartier. Je suis passée devant cet immeuble en promenant mon chien seulement quelques heures avant la fusillade.
J’ai couvert, à titre de journaliste, le meurtre des quatre agents de la GRC auxquels James Roszko avait tendu une embuscade à Rochfort Bridge en 2005. J’ai aussi couvert, en 2015, le décès de l’agent de la GRC David Wynn, du détachement de St. Albert, tué par balle par Shawn Rehn. Mais alors que Roszko et Rehn étaient des hommes dangereux et rudes, au casier judiciaire chargé, il y a quelque chose d’encore plus troublant, bouleversant, douloureux et futile dans le fait que deux jeunes policiers courageux aient été tués par un enfant qui souffrait de troubles mentaux et qui est maintenant mort lui aussi.
Beaucoup de questions restent à éclaircir. Comment cet adolescent perturbé de 16 ans a-t-il mis la main sur une arme à feu? Sa famille a-t-elle reçu le soutien qu’il lui fallait de la part du système de protection de la jeunesse et du système de soins de santé mentale? Les agents Ryan et Jordan avaient-ils les renseignements nécessaires au sujet des problèmes de santé mentale du jeune homme avant d’arriver sur les lieux? Et en général, les policiers ont-ils la formation et le soutien nécessaires pour répondre à un appel concernant une personne qui a des problèmes de santé mentale?
Pour le moment, nous n’avons pas de réponse, seulement notre douleur commune. En ce moment même, des milliers d’Edmontoniens sont descendus dans les rues du Sud d’Edmonton alors que les corps de ces deux agents courageux sont transportés du bureau du médecin légiste au salon funéraire.
Lundi, dans le cadre d’une cérémonie publique qui aura lieu à la Place Rogers, des Edmontoniens et des policiers de partout au pays se rassembleront pour pleurer Brett Ryan et Travis Jordan et célébrer leur vie. Ce sera une catharsis pour la communauté, mais la douleur des trois familles touchées demeurera pendant des années.
Honorables sénateurs, c’est avec grande tristesse que je prends la parole aujourd’hui pour honorer la vie de deux jeunes policiers qui a pris fin prématurément. Les agents Travis Jordan et Brett Ryan ont été tués par balle dans une embuscade alors qu’ils répondaient à un appel concernant une dispute familiale jeudi dernier. Malgré les efforts héroïques déployés pour les sauver, les agents ont succombé à leurs blessures.
Les agents Jordan et Ryan faisaient partie de la division ouest du Service de police d’Edmonton.
Brett Ryan avait 30 ans et travaillait au sein du Service de police d’Edmonton depuis plus de cinq ans. Précédemment, il avait servi ses concitoyens à titre d’ambulancier paramédical. On se souviendra de l’agent Ryan comme d’une personne passionnée par son travail qui se dévouait pour servir sa collectivité. Il adorait arbitrer le hockey mineur et jouer à la balle-lente. Un ami a fait remarquer que son visage s’illuminait dès qu’il parlait de son travail.
Son épouse, Ashley, également au service de la ville à titre d’ambulancière paramédicale, attend leur premier enfant, qui devrait naître cet été.
Travis Jordan était originaire de Nouvelle-Écosse. Il a déménagé en Alberta pour y faire carrière à titre de policier. Il a travaillé huit ans et demi au sein du Service de police d’Edmonton. Sa sœur, Sheena, dit qu’il rêvait de devenir policier depuis qu’il était tout petit. Il avait la réputation de faire preuve d’une grande compassion et a reçu des éloges pour avoir aidé une personne qui conduisait un véhicule couvert de neige. Au lieu de lui imposer une amende, il a déblayé son véhicule avec un sourire. Travis Jordan avait 35 ans.
Ces pertes tragiques sont survenues dans le contexte préoccupant d’une hausse du nombre de policiers abattus au Canada au cours des six derniers mois. Parmi les autres victimes, il y a l’agent Andrew Hong du Service de police de Toronto, les agents Morgan Russell et Devon Northrup du Service de police de Simcoe-Sud, l’agente de la GRC Shaelyn Yang et l’agent Grzegorz Pierzchala de la Police provinciale de l’Ontario. À une exception près, tous les agents ont été tués par balle.
Les funérailles des agents Jordan et Ryan auront lieu au cours des prochains jours. La sénatrice Busson et moi vous invitons, non pas seulement en tant qu’anciennes agentes de police, mais en tant que mères de policiers, à vous joindre à nous pour exprimer nos plus sincères condoléances à leurs familles, ainsi qu’aux hommes et femmes du Service de police d’Edmonton. Puissent-ils tous trouver le soutien dont ils ont besoin en cette période difficile.
Merci, meegwetch.