L’hommage sculptural du Sénat aux provinces et territoires canadiens
En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare construite en 1912. Le Sénat devrait occuper cet emplacement temporaire pendant au moins 10 ans alors que l’édifice du Centre — l’emplacement permanent du Sénat — fait l’objet d’importantes rénovations.
Bien que l’édifice du Centre a fermé ses portes pendant les travaux de réhabilitation, les Canadiennes et Canadiens peuvent continuer d’admirer l’architecture de l’édifice et les œuvres d’art qui s’y trouvent en effectuant une visite virtuelle du Sénat.
« Incroyable! C’est encore mieux que ce à quoi je m’attendais », s’exclame Phil White, qui, à titre de sculpteur du Dominion, est le sculpteur officiel responsable du programme sculptural du Parlement, lequel existe depuis 150 ans. Il contemplait la nouvelle Chambre du Sénat alors que 15 des sculptures de M. White — fruit d’un an et demi de travail — venaient d’être montées sur les murs lambrissés de noyer.
Les sculptures des écus des provinces et territoires, œuvres de M. White, allient un design traditionnel à des méthodes de production de pointe. Il a sculpté les écus en partie à la main et en partie à l’aide de la robotique, en utilisant des panneaux de mousse de polyuréthane haute densité au lieu du bois.
« Il est maintenant plus pratique et plus économique de sculpter dans ce matériau synthétique », explique M. White. « Il ressemble à du bois, mais il vieillit mieux, ne rétrécit pas, ne se fendille pas et ne se déforme pas. »
Une fois les prototypes sculptés, ce qui représente environ six mois de travail, des spécialistes en numérisation de l’École d’architecture et d’urbanisme Azrieli de l’Université Carleton ont aidé M. White à produire des modèles photogrammétriques en trois dimensions des sculptures. Guidée par ce plan numérique, une fraiseuse robotisée a taillé des exemplaires de ces sculptures. M. White et deux assistants ont ensuite affiné les détails et les textures à la main.
La dernière étape consistait à parfaire la finition. Chaque sculpture a été dorée à la main par M. White, un processus minutieux qui demande de coller des carrés de feuilles métalliques en place, de les brosser jusqu’à ce qu’elles soient lisses et de sceller le tout avec une glaçure translucide qui confère à la pièce une riche patine.
Le placage, fin comme du tissu, donne l’impression que les sculptures ont été coulées dans du métal.
« Les feuilles d’or mesurent environ trois millionièmes de pouce d’épaisseur », précise M. White.
Le sénateur Scott Tannas, président du Sous-comité sénatorial de la vision et du plan à long terme, qui a supervisé le déménagement de l’institution dans l’ancien Centre de conférences du gouvernement, est d’avis que le résultat final est remarquable.
« Ces écus sont à la fois saisissants, raffinés et économiques. Ils s’inscrivent tout à fait dans l’esprit de cet édifice, qui date de 1912, et dans l’esprit du déménagement du Sénat depuis l’édifice du Centre » a-t-il noté.
La pièce maîtresse est une sculpture dorée d’un mètre de haut qui représente les armoiries du Canada. Elle est accrochée au-dessus de l’estrade où se trouvent les trônes royaux et le fauteuil du Président.
« La machine n’y est pour rien », explique M. White. « Cette pièce est faite entièrement à la main. Elle aura demandé six mois de travail. »
Il s’agit de la première représentation sculpturale officielle des nouvelles armoiries du Canada.
« Sur la Colline, toutes les versions 3D des armoiries du Canada représentent soit la version de 1921 ou celle de 1957 », indique M. White. « Celle-ci est la version actuelle, approuvée par la reine Elizabeth II en 1994. »
White espère que ses pièces feront partie intégrante de cet édifice et qu’elles y resteront lorsque l’endroit retrouvera son rôle antérieur et accueillera des conférences internationales et des réunions des premiers ministres.
« Ces sculptures sont étonnamment robustes. Je ne vois pas pourquoi elles ne dureraient pas des centaines d’années. »
Une version antérieure de cet article a été publiée le 30 octobre 2018.
Cet article fait partie d’une série sur le déménagement du Sénat du Canada.