L’épée et la cérémonie : Rituel et insignes cérémoniels relient le Roi et le Parlement canadien

Au cœur de la vie parlementaire, empreinte de cérémonial et de symbolisme, un geste royal plutôt rare en mars 2025 est venu rappeler aux Canadiens les liens durables qui unissent leur Parlement et leur monarque.
« Ce fut un honneur d’être reçue par Sa Majesté le roi Charles III et de pouvoir assister à la remise de l’épée de l’huissier du bâton noir du roi Charles III. La grande amabilité de Sa Majesté en a fait un événement dont je garderai précieusement le souvenir », a déclaré la Présidente du Sénat, l’honorable Raymonde Gagné, C.M., O.M..
En mars 2025, la Présidente Gagné a été conviée à une première audience depuis l’accession au trône du Roi en septembre 2022. Elle était accompagnée pour cette occasion spéciale par l’huissier du bâton noir, J. Greg Peters, M.O.V..
« Ce fut un honneur et un privilège pour moi d’accompagner l’honorable Présidente lors de cette audience avec Sa Majesté et d’assumer mon rôle en consolidant les liens entre la Chambre haute, sa Présidente et la Couronne », a indiqué M. Peters, le 16e huissier du bâton noir de l’histoire du Canada.
La remise de l’épée arrivait à point nommé à l’approche d’un discours du Trône très spécial. On annonçait en effet quelques mois plus tard que le Roi lui-même allait en faire lecture à la Chambre du Sénat le 27 mai 2025.
L’huissier du bâton noir est l’agent principal du protocole au Parlement et serviteur personnel du Roi ou de sa représentante, la gouverneure générale, sur la Colline du Parlement. C’est lui qui planifie et dirige le cérémonial entourant le discours du Trône et qui est responsable de la sécurité à la Chambre, si bien qu’il se retrouve au cœur de l’action lors de l’ouverture d’une nouvelle législature, deux journées de cérémonie visant à mettre en valeur les liens entre le Parlement et la Couronne en même temps que son indépendance par rapport à elle.
L’épée a été forgée à partir d’acier non allié et gravée à la main par Pooley Sword, l’un des plus prestigieux fabricants d’épées au Royaume-Uni. Elle a été conçue en consultation avec M. Peters et le Groupe de travail consultatif sur les œuvres d’art et le patrimoine, le sous-comité du Sénat responsable de la collection d’œuvres d’art, des insignes cérémoniels, du mobilier et des autres éléments patrimoniaux de l’institution. Le tout a été approuvé par le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration.
Le monogramme du roi Charles III est bien en évidence sur la garde de cette épée de cérémonie — un cadeau du Roi.

« Robert Pooley est l’un des forgerons d’épées les plus renommés au monde, a souligné M. Peters. À 90 ans, il fabrique encore des épées pour la Household Cavalry, les Forces armées britanniques et le Collège militaire royal du Canada. »
La garde de l’épée est ornée du monogramme du roi Charles III. Une couronne des Tudor fait office de pommeau. La date d’accession au trône du Roi – le 8 septembre 2022 – est inscrite à la base de la lame. Cette épée remplace celle qui arborait le monogramme de la reine Elizabeth II sur sa garde.
Tout en attestant de la responsabilité de l’huissier du bâton noir d’assurer la sécurité dans la Chambre du Sénat et dans ses tribunes, l’épée nous invite à réfléchir à l’importance du décorum parlementaire.
« On nous rappelle ainsi que deux longueurs d’épée séparent les sièges de l’opposition de ceux du gouvernement, aussi bien au Royaume-Uni qu’au Canada », a déclaré M. Peters.
Cela nous ramène à une époque où l’Angleterre flirtait dangereusement avec la guerre civile et où les armes étaient autorisées au Parlement.
« Le Parlement n’était pas à l’abri de la violence, ajoute M. Peters. Il y a 400 ans, il n’était pas rare que des épées sortent de leur fourreau. »
« En portant de nos jours une épée purement cérémonielle, on rappelle à tous que les débats devraient toujours être civilisés, respectueux et, surtout, pacifiques. »
L’épée a été bénie par le chanoine Paul Wright L.O.V., vice-doyen de la chapelle royale, au palais Saint James de Londres le 11 mars 2025, soit la veille de l’audience et de la remise officielle.
« Le Roi a été très touché lorsque je lui ai montré l’inscription sur la lame commémorant le jubilé de platine de la reine Elizabeth II, a souligné M. Peters. C’est un détail qui lui avait échappé. »
Le roi Charles est le premier monarque en près de 50 ans à présider à l’ouverture d’une législature du Parlement canadien. La reine Elizabeth II a lu le discours du Trône en octobre 1977, lors de sa tournée du jubilé d’argent. Elle l’avait fait également en octobre 1957 à l’occasion de sa première visite après son accession au trône.
« Le discours du Trône est l’occasion de mettre en valeur les principes de liberté et de transition pacifique qui devraient caractériser tout État démocratique », a conclu M. Peters.
« C’est pour cette raison qu’il est si important que Sa Majesté le Roi soit ici en personne pour prononcer le discours du Trône. Nous soulignons ainsi que le monarque est notre chef d’État et représente l’autorité sur laquelle sont fondés les pouvoirs conférés par nos lois. »
Le chanoine Paul Wright, vice-doyen de la chapelle royale, et l’huissier du bâton noir, J. Greg Peters, devant l’autel de la chapelle royale du palais Saint James de Londres, au Royaume-Uni, lors de la cérémonie de bénédiction de la nouvelle épée, le 11 mars 2025.
Gros plan sur le pommeau, la fusée et la garde de l’épée, et sur les autres insignes cérémoniels portés par l’huissier du bâton noir. On y voit sa chaîne de fonction et différentes distinctions honorifiques qui lui ont été décernées dont la Médaille du jubilé d’or et la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II et l’insigne de Membre de l’Ordre royal de Victoria.
