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« Un secret entre la Reine et moi » : des révélations étonnantes au sujet du plus récent portrait de la reine Elizabeth II

Portrait de la reine Élisabeth II en robe blanche, avec en arrière-plan le drapeau canadien et une peinture de la reine Victoria.

Deux souveraines vénérées se trouvent face à face dans l’entrée principale de l’édifice du Sénat du Canada et peuvent dorénavant se regarder dans les yeux.

Les reines Victoria et Elizabeth II ont occupé les trônes britannique et canadien plus longtemps que tous les autres monarques, soit pendant 63 et 70 ans respectivement. Ce sont leurs portraits qui accueillent les visiteurs de l’édifice du Sénat du Canada depuis son ouverture au public, en 2019.

L’imposant portrait de la reine Victoria réalisé en 1842 est l’un des joyaux les plus précieux du Parlement. Il a survécu à quatre incendies, dont l’incendie de 1916, qui a détruit le premier édifice du Parlement du Canada.

Un plus petit portrait de 1957 d’une jeune reine Elizabeth, réalisé par l’artiste montréalaise Lilias Torrance Newton, a été accroché en face de celui de la reine Victoria jusqu’à ce qu’il soit déplacé à Rideau Hall, la résidence officielle de la gouverneure générale du Canada.

Au début de l’année 2025, un nouveau portrait grandiose de la reine Elizabeth II – cette fois immortalisée à l’occasion de son jubilé de diamant en 2012 – a quitté Rideau Hall pour prendre place en face de celui de son arrière-arrière-grand-mère.

Le portrait grandeur nature réalisé par l’artiste torontois Phil Richards met en vedette la Reine à Rideau Hall, entourée de symboles de son long règne et de ses liens étroits avec le Canada.

Une reproduction peinte de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867, adopté sous le règne de la reine Victoria et rapatrié au Canada avec la signature de la reine Elizabeth en 1982, y occupe une place de choix. La scène est baignée par la lumière de six lampes d’intérieur, qui représentent chacune des décennies du règne de la reine Elizabeth. Une septième lampe partiellement masquée évoque la décennie à venir.

On peut entrevoir en arrière-plan, par l’ouverture en arcade, un portrait de la reine Victoria — une copie réalisée par John Hanson Walker d’après l’œuvre originale du peintre officiel de la cour de Grande-Bretagne, sir George Hayter, peinte en 1838.

Le portrait officiel du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, réalisé en 2012 par l’artiste torontois Phil Richards, a été installé dans l’édifice du Sénat du Canada en janvier 2025. (Acrylique sur toile, H : 274 cm x L : 183 cm, Collection de la Couronne pour les résidences officielles de la Commission de la capitale nationale)
La Reine s’entretient avec M. Richards lors d’une séance photo à Rideau Hall, en 2010. (Crédit photo : Le portrait, 2012, Office national du film du Canada)

M. Richards, diplômé de l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario, basée à Toronto, est l’un des portraitistes les plus renommés au Canada. Il a immortalisé des lieutenants-gouverneurs, des présidents d’université, des chefs d’entreprise et des premiers ministres, dont Bob Rae, de l’Ontario, et Brad Wall, de la Saskatchewan.

Le gouvernement du Canada a commandé le portrait du jubilé de diamant en 2010. C’est la Reine elle-même qui a choisi M. Richards pour ce projet après avoir examiné le travail de cinq artistes qui lui avaient été recommandés par son secrétaire canadien de l’époque, Kevin MacLeod, huissier du bâton noir du Sénat.

M. Richards a choisi la pose que prendrait la Reine dans cette esquisse préparatoire. (Crayon sur papier, H : 10 cm x L : 7,6 cm, 2010. Gracieuseté de Phil Richards)
Cette œuvre fait partie d’une série d’études monochromes, appelées « maquettes en grisaille », dans lesquelles l’artiste explore les jeux d’ombre et de lumière au premier plan et différentes perspectives de la salle de bal de Rideau Hall en arrière-plan. (Acrylique sur papier monté sur panneau, H : 23 cm x L : 15 cm, 2011. Gracieuseté de Phil Richards)
L’une des dizaines d’études en couleur réalisées par l’artiste. (Pastel sur papier sablé gris, H : 25,4 cm x L : 17,8 cm, 2011. Gracieuseté de Phil Richards)
M. Richards a aussi esquissé une série de gros plans. Cette étude détaillée lui a servi de modèle lors de la réalisation du portrait officiel de la Reine. (Peinture acrylique sur toile montée sur panneau, H : 25,4 cm x L : 20,3 cm, 2010. Gracieuseté de Phil Richards)

L’exécution du portrait a nécessité deux années de travail minutieux. Le travail de M. Richards se caractérise notamment par son attention rigoureuse à la composition et à la perspective, une qualité qu’il a en commun avec les maitres de la Renaissance italienne du 15e siècle, pour qui il a une grande admiration.

« J’ai été fasciné très tôt par le peintre toscan Piero della Francesca, a déclaré M. Richards. Il excellait dans l’art de combiner des figures planes avec une illusion de profondeur. Il maitrisait parfaitement la perspective linéaire. »

C’est dans cet esprit que M. Richards a subdivisé la toile au moyen de lignes de composition avant même de donner le premier coup de pinceau afin de définir la géométrie de l’espace, comme s’il s’agissait d’un plan architectural.

« Je veux que mes œuvres soient conçues comme un casse-tête, explique M. Richards. Ainsi, on ne peut rien y ajouter et on ne peut rien enlever sans rompre le délicat équilibre qui a été créé. »

Il a travaillé sur des dizaines d’esquisses monochromes et d’études en couleur, allant jusqu’à construire une maquette à l’échelle du décor de Rideau Hall et à sculpter un buste de la Reine, dans le but d’explorer différentes combinaisons d’ombre et de lumière.

Cependant, ce que M. Richards souhaite réellement capturer est bien plus insaisissable.

« En tant que portraitiste, je veux faire ressortir certains aspects du bureau du sujet, mais ce sont surtout sa personnalité et sa vie intérieure que je tiens à mettre en valeur.

Ce qui m’a d’abord frappé chez la Reine, c’est son calme et sa réserve ainsi que son sens de l’humour aiguisé, a dit M. Richards. J’ai par-dessus tout senti un profond engagement envers sa vocation, c’est-à-dire le rôle de souveraine auquel elle était destinée. »

Afin de réaliser ce portrait, M. Richards s’est vu accorder deux audiences royales avec la Reine. La première s’est déroulée à Rideau Hall à l’occasion de la fête du Canada, en 2010. C’est au cours de cette rencontre que la Reine a été photographiée pour le portrait. La seconde consistait en une audience privée au palais de Buckingham, qui s’est tenue en février 2011, et durant laquelle M. Richards a informé la Reine de l’avancement du projet, lui a présenté des dizaines de croquis préparatoires et lui a demandé son avis sur les éléments à inclure.

Grâce à ces rencontres, M. Richards a pu se faire une idée précise de la personnalité de la Reine et a découvert qu’ils aimaient tous deux les portraits classiques.

« Elle s’est montrée enchantée par mon approche méthodique et mon souci du détail, a déclaré M. Richards. Elle a dit que si elle avait été peintre, c’est exactement de cette manière qu’elle aurait aimé travailler. »

Une troisième et dernière audience a eu lieu lors du dévoilement du portrait au palais de Buckingham en 2012. À cette occasion, M. Richards a révélé une dernière surprise : deux Welsh Corgis, la race de chien préférée de la Reine, sculptés dans le dossier de la chaise.

« Je voulais inclure dans le tableau un petit secret entre la Reine et moi, a déclaré M. Richards. Elle a aimé cette touche personnelle. »

Le portrait du jubilé de diamant est un prêt à long terme de la Collection de la Couronne pour les résidences officielles de la Commission de la capitale nationale et restera dans l’édifice du Sénat du Canada jusqu’à la fin des travaux de rénovation de l’édifice du Centre.

C’est dans le salon blanc du palais de Buckingham que le portrait a été dévoilé le 6 juin 2012. Parmi les personnes présentes se trouvaient, de gauche à droite, M. Richards, le premier ministre Stephen Harper, la Reine et le gouverneur général David Johnston.C’est dans le salon blanc du palais de Buckingham que le portrait a été dévoilé le 6 juin 2012. Parmi les personnes présentes se trouvaient, de gauche à droite, M. Richards, le premier ministre Stephen Harper, la Reine et le gouverneur général David Johnston. (Photo : La Presse canadienne)

Phil Richards peint dans son atelier de Scarborough (Ontario).
Phil Richards peint dans son atelier de Scarborough (Ontario). (Crédit photo : Phil Richards)

Des restaurateurs d’œuvres d’art de Legris Conservation, à Ottawa, s’affairent à accrocher le portrait du jubilé de diamant dans l’entrée principale de l’édifice du Sénat du Canada (janvier 2025).
Des restaurateurs d’œuvres d’art de Legris Conservation, à Ottawa, s’affairent à accrocher le portrait du jubilé de diamant dans l’entrée principale de l’édifice du Sénat du Canada (janvier 2025).

Le portrait de la reine Victoria réalisé en 1842 par le portraitiste John Partridge, né à Glasgow, est accroché en face du portrait du jubilé de diamant. (Peinture à l’huile sur toile, H : 266 cm x L : 174 cm, gracieuseté de la Chambre des communes)


Gros plan sur le portrait du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II

1. Le cadre en tilleul doré a été fabriqué par les encadreurs Elizabeth et Peter Porebski. Il est orné au sommet de l’emblème canadien du jubilé de diamant de la Reine, lequel a été créé par l’Autorité héraldique du Canada et gravé par le fils du peintre, Jamie Richards.

2. Le diadème est celui que portait la Reine pendant sa première visite au Canada, en 1951, alors qu’elle était encore la princesse Elizabeth. En arrière-plan, on peut voir une copie d’un portrait du couronnement de la reine Victoria en 1838, peint par John Hanson Walker d’après un original de sir George Hayter.

3. La Reine porte le bracelet de mariage que son époux, le prince Philip, a dessiné pour elle en 1947. Il est orné de diamants provenant d’un diadème ayant appartenu à la mère du prince Philip, la princesse Alice de Battenberg.

4. L’artiste a ajouté, en guise de surprise pour la Reine, deux corgis sculptés dans le dossier du fauteuil bergère du 19e siècle. Il s’agit de la race de chien préférée de la Reine.


5. Le médaillon à l’effigie de la Reine est une invention de l’artiste, qui s’est inspiré d’une pièce de monnaie frappée aux Bahamas pour le couronnement de la Reine en 1953. L’artiste a ainsi représenté la reine Elizabeth, âgée de 25 ans au début de son règne, aux côtés d’une version plus âgée d’elle-même au moment de son jubilé de diamant.

6. Un exemplaire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, auquel la reine Victoria a accordé la sanction royale en 1867, repose sur le bureau. En 1982, la reine Elizabeth II a signé la proclamation visant à rapatrier ce texte législatif, rebaptisé Loi constitutionnelle de 1867, du Parlement britannique au Parlement du Canada.

7. Un petit bouquet de roses Queen Elizabeth figure en bordure du tableau. La rose Queen Elizabeth a été dévoilée en 1954 en l’honneur du couronnement d’Elizabeth II, survenu deux ans auparavant.

8. L’artiste Phil Richards a intégré sa signature et la date d’achèvement de l’œuvre, c’est-à-dire 2012, aux montants décoratifs du fauteuil.

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