Au Canada, nous devons relever les défis avec ambition et détermination : sénatrice Mohamed

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En tant que sénatrice nouvellement nommée, je me mets à réfléchir à mon cheminement au Canada, entre mon arrivée en tant qu’apatride et ma nomination à l’une des plus hautes instances démocratiques du pays. Je réfléchis à ce que j’ai vécu en tant qu’ancienne réfugiée de couleur qui a passé plus de 25 ans à travailler sur le terrain à tenter de combler les écarts dans les questions que l’on néglige trop souvent dans les politiques. Je me suis demandé comment je pouvais utiliser au mieux ma voix et mon vote pour contribuer à façonner un Canada plus équitable, plus intégré et prêt pour l’avenir. Quelle est la meilleure façon d’y parvenir alors que les systèmes politiques, économiques et sociaux canadiens et mondiaux sont en difficulté, et que de trop nombreux Canadiens se trouvent confrontés à la croissance des inégalités, à la détérioration du tissu social et à l’instabilité mondiale?
Le Sénat du Canada est conçu pour permettre de transcender les considérations partisanes et de se concentrer sur le contenu, afin d’examiner et de renforcer les lois de notre pays, ainsi que d’assurer leur avenir. Avec la transformation du processus de nomination en un processus indépendant, en 2015, le Sénat a développé son autonomie et est devenu plus représentatif; cependant, il est important d’utiliser notre indépendance pour prendre des décisions audacieuses et fondées sur des données probantes.
Les difficultés auxquelles le Canada est confronté ne sont pas isolées : l’accessibilité au logement, le chômage chez les jeunes, le commerce, les changements climatiques, la réconciliation avec les Autochtones, les soins de santé – tout cela est intimement lié. Pour nous attaquer à l’une d’elles, nous devons toutes les envisager. Cela nécessite plus que de nouvelles politiques : il faut aussi un nouvel état d’esprit, et cela nécessite du courage politique, une qualité beaucoup trop rare dans un système politique qui repose sur des victoires à court terme entre les élections.
Nous commençons à entrevoir des lueurs de ce courage. Le projet de loi C-4, Loi visant à rendre la vie plus abordable pour les Canadiens, permettra de prendre des mesures de soutien essentielles afin d’aider directement les personnes croulant sous le poids de l’incertitude liée à l’inflation et au contexte économique. Ces mesures sont vitales. Pour les familles à faible revenu, les ainés et les jeunes qui commencent leur vie, elles peuvent faire la différence entre la stabilité et le désespoir, et elles constituent un premier pas important. Pour atteindre une véritable accessibilité, des changements sur le plan de la structure, consistant à faire passer les personnes avant les entreprises, sont nécessaires.
Parallèlement à ceux-ci, le projet de loi C-5, la Loi sur l’unité de l’économie canadienne, est un plan directeur d’édification de la nation. Il vise à réduire les obstacles au commerce intérieur, à accroitre la mobilité de la main-d’œuvre et à moderniser la planification des infrastructures.
Si nous tenons vraiment à créer pour l’avenir, le gouvernement du Canada doit faire de l’emploi des jeunes une urgence de nature économique. En tant que nation, nous risquons d’abandonner toute une génération, dont les membres sont instruits, diversifiés et prêts à assumer la direction, mais trop souvent exclus d’un emploi significatif. Le cout de l’inaction n’est pas seulement économique : celle-ci entraine aussi une rupture de confiance qui pourrait n’être réparée que des décennies plus tard. Dans le cadre de la relance économique, nous devons cibler en priorité les jeunes, sinon nous ne servons pas la relance.
Par le passé, le gouvernement du Canada a su surmonter des difficultés. Lorsque les Canadiens choisissent l’intégrité plutôt que l’inertie, ils redéfinissent ce qui est possible, ici comme à l’étranger. Ces derniers temps, je m’inquiète. Sommes-nous devenus hésitants? Notre ambition s’est-elle émoussée? Notre voix sur les questions internationales s’est-elle affaiblie? Si nous voulons réellement reconquérir le leadership, et je crois que nous le voulons, cette reconquête doit commencer par nos décisions à caractère national. L’équité, la participation à grande échelle ainsi que la planification à long terme des finances et des politiques constituent les fondements qui nous permettront de demeurer concurrentiels à l’échelle mondiale et de raviver la confiance des investisseurs.
C’est là que réside l’essence même du Sénat : examiner les questions au-delà des grands titres, résister à la politique réactive et adopter des lois visant à faire du Canada un pays qui ne se contente pas de survivre, mais qui prospère aussi pour toutes les générations.
Je suis fière de siéger au sein d’un Sénat diversifié, auprès de personnes possédant des connaissances approfondies et des convictions profondes. Nous ne sommes pas tous d’accord, mais nous croyons que notre pays vaut la peine que nous travaillions dur.
Le moment actuel de notre histoire interpelle tous les Canadiens. Nous devons nous montrer plus ambitieux, resserrer nos liens avec la communauté et accroitre notre détermination. Nous disposons des outils. Nous avons les compétences, et nous avons de plus en plus la volonté. Nous pouvons relever nos défis avec clarté et bien du courage.
À ma place au Sénat, je ressens ce qu’éprouvent tant de Canadiens actuellement : ils sont déterminés, farouchement optimistes et prêts non seulement à proposer un meilleur Canada, mais aussi à travailler dur pour le bâtir.
La sénatrice Farah Mohamed représente l’Ontario. Ancienne réfugiée et leader en répercussions sociales, elle compte 30 ans d’expérience à promouvoir les avantages économiques de l’investissement dans les filles, les femmes et les jeunes au Canada et ailleurs dans le monde.
Cet article a été publié dans le journal The Hill Times le 9 juillet 2025.
En tant que sénatrice nouvellement nommée, je me mets à réfléchir à mon cheminement au Canada, entre mon arrivée en tant qu’apatride et ma nomination à l’une des plus hautes instances démocratiques du pays. Je réfléchis à ce que j’ai vécu en tant qu’ancienne réfugiée de couleur qui a passé plus de 25 ans à travailler sur le terrain à tenter de combler les écarts dans les questions que l’on néglige trop souvent dans les politiques. Je me suis demandé comment je pouvais utiliser au mieux ma voix et mon vote pour contribuer à façonner un Canada plus équitable, plus intégré et prêt pour l’avenir. Quelle est la meilleure façon d’y parvenir alors que les systèmes politiques, économiques et sociaux canadiens et mondiaux sont en difficulté, et que de trop nombreux Canadiens se trouvent confrontés à la croissance des inégalités, à la détérioration du tissu social et à l’instabilité mondiale?
Le Sénat du Canada est conçu pour permettre de transcender les considérations partisanes et de se concentrer sur le contenu, afin d’examiner et de renforcer les lois de notre pays, ainsi que d’assurer leur avenir. Avec la transformation du processus de nomination en un processus indépendant, en 2015, le Sénat a développé son autonomie et est devenu plus représentatif; cependant, il est important d’utiliser notre indépendance pour prendre des décisions audacieuses et fondées sur des données probantes.
Les difficultés auxquelles le Canada est confronté ne sont pas isolées : l’accessibilité au logement, le chômage chez les jeunes, le commerce, les changements climatiques, la réconciliation avec les Autochtones, les soins de santé – tout cela est intimement lié. Pour nous attaquer à l’une d’elles, nous devons toutes les envisager. Cela nécessite plus que de nouvelles politiques : il faut aussi un nouvel état d’esprit, et cela nécessite du courage politique, une qualité beaucoup trop rare dans un système politique qui repose sur des victoires à court terme entre les élections.
Nous commençons à entrevoir des lueurs de ce courage. Le projet de loi C-4, Loi visant à rendre la vie plus abordable pour les Canadiens, permettra de prendre des mesures de soutien essentielles afin d’aider directement les personnes croulant sous le poids de l’incertitude liée à l’inflation et au contexte économique. Ces mesures sont vitales. Pour les familles à faible revenu, les ainés et les jeunes qui commencent leur vie, elles peuvent faire la différence entre la stabilité et le désespoir, et elles constituent un premier pas important. Pour atteindre une véritable accessibilité, des changements sur le plan de la structure, consistant à faire passer les personnes avant les entreprises, sont nécessaires.
Parallèlement à ceux-ci, le projet de loi C-5, la Loi sur l’unité de l’économie canadienne, est un plan directeur d’édification de la nation. Il vise à réduire les obstacles au commerce intérieur, à accroitre la mobilité de la main-d’œuvre et à moderniser la planification des infrastructures.
Si nous tenons vraiment à créer pour l’avenir, le gouvernement du Canada doit faire de l’emploi des jeunes une urgence de nature économique. En tant que nation, nous risquons d’abandonner toute une génération, dont les membres sont instruits, diversifiés et prêts à assumer la direction, mais trop souvent exclus d’un emploi significatif. Le cout de l’inaction n’est pas seulement économique : celle-ci entraine aussi une rupture de confiance qui pourrait n’être réparée que des décennies plus tard. Dans le cadre de la relance économique, nous devons cibler en priorité les jeunes, sinon nous ne servons pas la relance.
Par le passé, le gouvernement du Canada a su surmonter des difficultés. Lorsque les Canadiens choisissent l’intégrité plutôt que l’inertie, ils redéfinissent ce qui est possible, ici comme à l’étranger. Ces derniers temps, je m’inquiète. Sommes-nous devenus hésitants? Notre ambition s’est-elle émoussée? Notre voix sur les questions internationales s’est-elle affaiblie? Si nous voulons réellement reconquérir le leadership, et je crois que nous le voulons, cette reconquête doit commencer par nos décisions à caractère national. L’équité, la participation à grande échelle ainsi que la planification à long terme des finances et des politiques constituent les fondements qui nous permettront de demeurer concurrentiels à l’échelle mondiale et de raviver la confiance des investisseurs.
C’est là que réside l’essence même du Sénat : examiner les questions au-delà des grands titres, résister à la politique réactive et adopter des lois visant à faire du Canada un pays qui ne se contente pas de survivre, mais qui prospère aussi pour toutes les générations.
Je suis fière de siéger au sein d’un Sénat diversifié, auprès de personnes possédant des connaissances approfondies et des convictions profondes. Nous ne sommes pas tous d’accord, mais nous croyons que notre pays vaut la peine que nous travaillions dur.
Le moment actuel de notre histoire interpelle tous les Canadiens. Nous devons nous montrer plus ambitieux, resserrer nos liens avec la communauté et accroitre notre détermination. Nous disposons des outils. Nous avons les compétences, et nous avons de plus en plus la volonté. Nous pouvons relever nos défis avec clarté et bien du courage.
À ma place au Sénat, je ressens ce qu’éprouvent tant de Canadiens actuellement : ils sont déterminés, farouchement optimistes et prêts non seulement à proposer un meilleur Canada, mais aussi à travailler dur pour le bâtir.
La sénatrice Farah Mohamed représente l’Ontario. Ancienne réfugiée et leader en répercussions sociales, elle compte 30 ans d’expérience à promouvoir les avantages économiques de l’investissement dans les filles, les femmes et les jeunes au Canada et ailleurs dans le monde.
Cet article a été publié dans le journal The Hill Times le 9 juillet 2025.