Des investissements importants dans l’Arctique contribueront à protéger la souveraineté du Canada : sénatrice Patterson

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Une des plus grandes responsabilités du Canada consiste à assurer la souveraineté de notre nation et la sécurité de notre peuple. En cette période d’instabilité mondiale, caractérisée par des menaces accrues touchant la démocratie et la remise en question de l’ordre international fondé sur des règles (et compte tenu des menaces qui pèsent sur la sécurité et la souveraineté du Canada), il est plus important que jamais que les politiciens repensent notre approche en matière de défense et de sécurité.
Les Canadiens voient souvent notre souveraineté et notre sécurité uniquement sous l’angle des frontières, sans tenir compte de l’environnement dans lequel nous vivons en matière de sécurité et qui favorise des valeurs communes et un sentiment de résilience démocratique. L’idée selon laquelle les humains ont besoin de se sentir en sécurité pour garantir une société pacifique est apparue dans les années 1990. Lors du sommet de Madrid de 2022, les dirigeants de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont décrit l’approche prônée par l’alliance en matière de sécurité humaine, qui repose sur un cadre de prévention et de protection axé sur les gens et tenant compte du genre afin de faire face aux risques et aux menaces qui pèsent sur les civils, particulièrement lors d’un conflit ou d’une crise.
Nous ne pouvons plus considérer que les frontières, à elles seules, constituent un pare-feu nous mettant à l’abri des menaces. Un cadre de sécurité efficace doit être axé non seulement sur la protection de l’intégrité territoriale du Canada, mais aussi sur les menaces asymétriques qui pèsent sur le bien-être de nos citoyens. Cela comprend les menaces qui visent à créer des perturbations et à susciter la grogne dans le but de fissurer notre cohésion en tant que nation. Nous ne pouvons pas faire abstraction des menaces imprévues provenant d’alliés traditionnels qui cherchent à exercer une coercition économique, ce qui risque de diminuer notre niveau de vie et d’avoir une incidence négative sur la confiance des Canadiens à l’égard de notre démocratie.
Une situation inhabituelle requiert des approches inhabituelles. C’est le temps de penser et d’agir différemment en ce qui concerne la défense et la sécurité. Nous devons favoriser une solide approche panétatique réunissant tous les intervenants à une même table pour réussir à relever les défis complexes auxquels nous sommes confrontés. Imaginez tout le potentiel qu’on pourrait libérer pour bâtir un Canada plus résilient et plus sûr en mobilisant tous les ordres de gouvernement. Il faut miser sur une planification stratégique comprenant des consultations et la collaboration avec l’industrie de la défense, les organisations de développement économique, la société civile et les peuples autochtones afin d’affronter de la meilleure façon possible les crises qui menacent notre souveraineté et notre sécurité. Oui, c’est un défi, mais les Canadiens de tous les secteurs doivent se mobiliser parce qu’ils subissent les contrecoups de la crise mondiale actuelle.
Je veux mettre l’accent sur la souveraineté du Canada dans l’Arctique. Nous avons des exemples d’efforts directs déployés par d’autres pays qui cherchent à exploiter les eaux territoriales, les ressources et les gens qui vivent dans l’Arctique. De plus, les changements climatiques ont permis un plus grand accès à la région, ont eu des effets sur la biodiversité et menacent les moyens de subsistance des peuples autochtones. Il demeure essentiel de lutter contre les changements climatiques et des efforts d’atténuation doivent être envisagés, et ce, dans le cadre de toute décision du gouvernement en matière de sécurité.
C’est la raison pour laquelle des investissements opportuns, ciblés et robustes dans l’Arctique, dans plusieurs domaines, seront requis pour défendre notre capacité d’affirmer la souveraineté du Canada et pour protéger la sécurité de l’Arctique et au-delà. Le moment est venu de poursuivre les investissements dans l’équipement essentiel et de s’assurer que les Forces armées canadiennes et les autres forces de sécurité dans l’Arctique peuvent détecter et prévenir les menaces externes le long de nos frontières internationales.
Pour renforcer la sécurité dans l’Arctique, il faut investir dans le développement économique et le promouvoir, mais également bâtir des infrastructures essentielles à des fins militaires et civiles (comme des ports en eaux profondes, des routes et des pistes d’atterrissage). Il faut le faire en partenariat avec les peuples autochtones, qui sont les gardiens ancestraux du territoire.
Nous ne pouvons pas y parvenir seuls. Si vous faites pivoter un globe terrestre et que vous regardez le Pôle Nord, vous constaterez que le Canada est responsable d’une portion importante du flanc nord de l’OTAN. Nous sommes un partenaire essentiel dans la défense du flanc nord de l’OTAN et il y a un lien solide et direct entre nous et nos alliés nordiques de l’OTAN. La cible minimale de 2 % du PIB, établie par l’OTAN, est incontournable. C’est une question d’intégrité et de confiance. Nous devrions considérer l’établissement de solides partenariats collaboratifs (tant avec d’anciens alliés qu’avec de nouveaux alliés) comme une exigence pour nous assurer que ce flanc ne devient pas vulnérable sur le plan de la sécurité, que ce soit pour l’OTAN ou pour le Canada.
En cette ère de grande instabilité sur la scène mondiale, la défense, la sécurité et la souveraineté devraient être des priorités pour tous les partis fédéraux. L’heure n’est plus à la complaisance.
La sénatrice Rebecca Patterson est une contre-amirale à la retraite et une ancienne membre des Forces armées canadiennes comptant 34 années de service. Elle représente l’Ontario au Sénat.
Cet article a été publié dans le The Hill Times le 16 avril 2025.
Une des plus grandes responsabilités du Canada consiste à assurer la souveraineté de notre nation et la sécurité de notre peuple. En cette période d’instabilité mondiale, caractérisée par des menaces accrues touchant la démocratie et la remise en question de l’ordre international fondé sur des règles (et compte tenu des menaces qui pèsent sur la sécurité et la souveraineté du Canada), il est plus important que jamais que les politiciens repensent notre approche en matière de défense et de sécurité.
Les Canadiens voient souvent notre souveraineté et notre sécurité uniquement sous l’angle des frontières, sans tenir compte de l’environnement dans lequel nous vivons en matière de sécurité et qui favorise des valeurs communes et un sentiment de résilience démocratique. L’idée selon laquelle les humains ont besoin de se sentir en sécurité pour garantir une société pacifique est apparue dans les années 1990. Lors du sommet de Madrid de 2022, les dirigeants de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont décrit l’approche prônée par l’alliance en matière de sécurité humaine, qui repose sur un cadre de prévention et de protection axé sur les gens et tenant compte du genre afin de faire face aux risques et aux menaces qui pèsent sur les civils, particulièrement lors d’un conflit ou d’une crise.
Nous ne pouvons plus considérer que les frontières, à elles seules, constituent un pare-feu nous mettant à l’abri des menaces. Un cadre de sécurité efficace doit être axé non seulement sur la protection de l’intégrité territoriale du Canada, mais aussi sur les menaces asymétriques qui pèsent sur le bien-être de nos citoyens. Cela comprend les menaces qui visent à créer des perturbations et à susciter la grogne dans le but de fissurer notre cohésion en tant que nation. Nous ne pouvons pas faire abstraction des menaces imprévues provenant d’alliés traditionnels qui cherchent à exercer une coercition économique, ce qui risque de diminuer notre niveau de vie et d’avoir une incidence négative sur la confiance des Canadiens à l’égard de notre démocratie.
Une situation inhabituelle requiert des approches inhabituelles. C’est le temps de penser et d’agir différemment en ce qui concerne la défense et la sécurité. Nous devons favoriser une solide approche panétatique réunissant tous les intervenants à une même table pour réussir à relever les défis complexes auxquels nous sommes confrontés. Imaginez tout le potentiel qu’on pourrait libérer pour bâtir un Canada plus résilient et plus sûr en mobilisant tous les ordres de gouvernement. Il faut miser sur une planification stratégique comprenant des consultations et la collaboration avec l’industrie de la défense, les organisations de développement économique, la société civile et les peuples autochtones afin d’affronter de la meilleure façon possible les crises qui menacent notre souveraineté et notre sécurité. Oui, c’est un défi, mais les Canadiens de tous les secteurs doivent se mobiliser parce qu’ils subissent les contrecoups de la crise mondiale actuelle.
Je veux mettre l’accent sur la souveraineté du Canada dans l’Arctique. Nous avons des exemples d’efforts directs déployés par d’autres pays qui cherchent à exploiter les eaux territoriales, les ressources et les gens qui vivent dans l’Arctique. De plus, les changements climatiques ont permis un plus grand accès à la région, ont eu des effets sur la biodiversité et menacent les moyens de subsistance des peuples autochtones. Il demeure essentiel de lutter contre les changements climatiques et des efforts d’atténuation doivent être envisagés, et ce, dans le cadre de toute décision du gouvernement en matière de sécurité.
C’est la raison pour laquelle des investissements opportuns, ciblés et robustes dans l’Arctique, dans plusieurs domaines, seront requis pour défendre notre capacité d’affirmer la souveraineté du Canada et pour protéger la sécurité de l’Arctique et au-delà. Le moment est venu de poursuivre les investissements dans l’équipement essentiel et de s’assurer que les Forces armées canadiennes et les autres forces de sécurité dans l’Arctique peuvent détecter et prévenir les menaces externes le long de nos frontières internationales.
Pour renforcer la sécurité dans l’Arctique, il faut investir dans le développement économique et le promouvoir, mais également bâtir des infrastructures essentielles à des fins militaires et civiles (comme des ports en eaux profondes, des routes et des pistes d’atterrissage). Il faut le faire en partenariat avec les peuples autochtones, qui sont les gardiens ancestraux du territoire.
Nous ne pouvons pas y parvenir seuls. Si vous faites pivoter un globe terrestre et que vous regardez le Pôle Nord, vous constaterez que le Canada est responsable d’une portion importante du flanc nord de l’OTAN. Nous sommes un partenaire essentiel dans la défense du flanc nord de l’OTAN et il y a un lien solide et direct entre nous et nos alliés nordiques de l’OTAN. La cible minimale de 2 % du PIB, établie par l’OTAN, est incontournable. C’est une question d’intégrité et de confiance. Nous devrions considérer l’établissement de solides partenariats collaboratifs (tant avec d’anciens alliés qu’avec de nouveaux alliés) comme une exigence pour nous assurer que ce flanc ne devient pas vulnérable sur le plan de la sécurité, que ce soit pour l’OTAN ou pour le Canada.
En cette ère de grande instabilité sur la scène mondiale, la défense, la sécurité et la souveraineté devraient être des priorités pour tous les partis fédéraux. L’heure n’est plus à la complaisance.
La sénatrice Rebecca Patterson est une contre-amirale à la retraite et une ancienne membre des Forces armées canadiennes comptant 34 années de service. Elle représente l’Ontario au Sénat.
Cet article a été publié dans le The Hill Times le 16 avril 2025.