La soupe aux nageoires de requins, recette pour une extinction : Sénateur MacDonald
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Le 14 juillet marque la Journée de sensibilisation aux requins.
La mort inhumaine et inutile de 73 millions de requins est un désastre écologique bien amorcé. 73 millions. C’est, selon ce qu’estiment les scientifiques, le nombre de requins tués chaque année pour répondre à la demande mondiale de soupe de nageoires de requin.
La plupart des nageoires sont coupées en mer alors que le requin est encore en vie. Il est ensuite rejeté à l’eau, où il se noie ou meurt au bout de son sang.
Cette pratique cruelle, qu’on appelle la « coupe des nageoires de requin, » a des effets dévastateurs sur les populations de requins – sans doute l’une des espèces les plus importantes sur terre. Certaines populations connaissent même un déclin de plus de 80 %.
Faut-il s’étonner que plus de 140 espèces de requins figurent maintenant sur la liste des espèces menacées ou quasi menacées ? Ou encore que 14 des espèces de requins les plus prisées pour le commerce des nageoires se trouvent sur cette liste ?
Les nageoires valent beaucoup plus que le reste de l’animal. Ainsi, en rejetant la carcasse, on gagne de l’espace à bord des navires de pêche pour y stocker une plus grande quantité de cette précieuse denrée en se débarrassant des restes. Ce qui s’avère profitable pour certains représente une recette qui mène tout droit à l’extinction des requins.
Ce qui me dérange, en tant que Canadien, c’est que notre pays participe activement à leur extinction.
Si la coupe des nageoires de requin est interdite au Canada depuis 1994, leur importation demeure permise. En 2015 seulement, le Canada a importé plus de 144 000 kilogrammes de nageoires de requins, soit une hausse de 36 % depuis 2012.
C’est pourquoi j’ai présenté le projet de loi S-238, Loi interdisant l’importation de nageoires de requin, qui propose d’interdire l’importation au Canada de nageoires lorsqu’elles sont séparées de la carcasse du requin.
Les requins vivent dans nos océans depuis au moins 420 millions d’années, soit 150 millions d’années avant les dinosaures. En tant que super prédateurs, ils jouent un rôle primordial dans le maintien de la santé des océans, qui abrite 80 % de la vie sur terre.
Pire encore, les requins, malgré leur longévité, sont particulièrement vulnérables à l’exploitation en raison de leur maturation lente et de leur faible taux de reproduction.
Or, il faut beaucoup de temps pour sensibiliser les gens à la barbarie de cette pratique parce que le carnage provoqué par l’industrie des nageoires de requin reste au fond de l’océan, à l’abri des regards; il ne touche donc pas la conscience sociale.
Autrefois, la soupe de nageoires de requin était un plat rare, consommé exclusivement par les riches de classe supérieure dans certaines cultures asiatiques. Aujourd’hui, cependant, comme symbole de statut social, elle est souvent servie à des mariages et à des banquets au sein de la classe moyenne de plus en plus aisée et nombreuse.
Les nageoires de requins sont pratiquement dénuées de saveur et ne modifient que légèrement la texture du plat. De plus, la croyance populaire voulant qu’elles aient des vertus médicinales est démentie par la science moderne. Dans les faits, le requin contient des concentrations élevées de méthylmercure, une neurotoxine dangereuse pour les humains.
Le Canada, même s’il est un petit joueur dans le marché par comparaison à Hong Kong et à la chine continentale, est le plus grand importateur de nageoires de requin en-dehors de l’Asie de l’Est, selon les Nations Unies.
Selon moi, les Canadiens s’attendent à ce que les gouvernements préservent mieux les espèces sauvages.
L’appui au projet de loi S‑238 ne cesse de croître. De nombreuses organisations ont manifesté leur soutien, et la Ville de Toronto, la plus grande ville du Canada, a adopté une motion en ce sens.
Je suis également profondément honoré d’obtenir l’appui de la famille du défunt cinéaste canadien Rob Stewart, réalisateur du documentaire primé Sharkwater.
Une pétition sur change.org en appui au projet de loi a également permis de recueillir plus de 15 000 signatures.
Cela ne m’étonne pas, puisque selon un sondage mené par Environics en 2013, 81 % des Canadiens étaient favorables à l’interdiction d’importer des nageoires de requin.
De toute évidence, le consensus est vaste parmi les Canadiens : la coupe des nageoires de requin est une pratique inhumaine, inutile et inacceptable.
Interdire l’importation au Canada de nageoires de requin séparées de la carcasse est la seule et unique façon d’assurer que notre pays n’appuie pas cette pratique.
Il est inacceptable que le Canada interdise la coupe des nageoires de requin, mais permette l’importation de nageoires probablement issues de cette pratique. C’est tout simplement incohérent.
Cette pratique est irresponsable et choquante. Le moment est venu pour le Canada de prendre ses responsabilités.
Le sénateur Michael L. MacDonald représente la Nouvelle-Écosse. Il est membre du Comité sénatorial de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles et vice-président du Comité sénatorial des transports et des communications.
Cet article a été publié le 23 mai, 2017 dans le journal the Hill Times.
Le 14 juillet marque la Journée de sensibilisation aux requins.
La mort inhumaine et inutile de 73 millions de requins est un désastre écologique bien amorcé. 73 millions. C’est, selon ce qu’estiment les scientifiques, le nombre de requins tués chaque année pour répondre à la demande mondiale de soupe de nageoires de requin.
La plupart des nageoires sont coupées en mer alors que le requin est encore en vie. Il est ensuite rejeté à l’eau, où il se noie ou meurt au bout de son sang.
Cette pratique cruelle, qu’on appelle la « coupe des nageoires de requin, » a des effets dévastateurs sur les populations de requins – sans doute l’une des espèces les plus importantes sur terre. Certaines populations connaissent même un déclin de plus de 80 %.
Faut-il s’étonner que plus de 140 espèces de requins figurent maintenant sur la liste des espèces menacées ou quasi menacées ? Ou encore que 14 des espèces de requins les plus prisées pour le commerce des nageoires se trouvent sur cette liste ?
Les nageoires valent beaucoup plus que le reste de l’animal. Ainsi, en rejetant la carcasse, on gagne de l’espace à bord des navires de pêche pour y stocker une plus grande quantité de cette précieuse denrée en se débarrassant des restes. Ce qui s’avère profitable pour certains représente une recette qui mène tout droit à l’extinction des requins.
Ce qui me dérange, en tant que Canadien, c’est que notre pays participe activement à leur extinction.
Si la coupe des nageoires de requin est interdite au Canada depuis 1994, leur importation demeure permise. En 2015 seulement, le Canada a importé plus de 144 000 kilogrammes de nageoires de requins, soit une hausse de 36 % depuis 2012.
C’est pourquoi j’ai présenté le projet de loi S-238, Loi interdisant l’importation de nageoires de requin, qui propose d’interdire l’importation au Canada de nageoires lorsqu’elles sont séparées de la carcasse du requin.
Les requins vivent dans nos océans depuis au moins 420 millions d’années, soit 150 millions d’années avant les dinosaures. En tant que super prédateurs, ils jouent un rôle primordial dans le maintien de la santé des océans, qui abrite 80 % de la vie sur terre.
Pire encore, les requins, malgré leur longévité, sont particulièrement vulnérables à l’exploitation en raison de leur maturation lente et de leur faible taux de reproduction.
Or, il faut beaucoup de temps pour sensibiliser les gens à la barbarie de cette pratique parce que le carnage provoqué par l’industrie des nageoires de requin reste au fond de l’océan, à l’abri des regards; il ne touche donc pas la conscience sociale.
Autrefois, la soupe de nageoires de requin était un plat rare, consommé exclusivement par les riches de classe supérieure dans certaines cultures asiatiques. Aujourd’hui, cependant, comme symbole de statut social, elle est souvent servie à des mariages et à des banquets au sein de la classe moyenne de plus en plus aisée et nombreuse.
Les nageoires de requins sont pratiquement dénuées de saveur et ne modifient que légèrement la texture du plat. De plus, la croyance populaire voulant qu’elles aient des vertus médicinales est démentie par la science moderne. Dans les faits, le requin contient des concentrations élevées de méthylmercure, une neurotoxine dangereuse pour les humains.
Le Canada, même s’il est un petit joueur dans le marché par comparaison à Hong Kong et à la chine continentale, est le plus grand importateur de nageoires de requin en-dehors de l’Asie de l’Est, selon les Nations Unies.
Selon moi, les Canadiens s’attendent à ce que les gouvernements préservent mieux les espèces sauvages.
L’appui au projet de loi S‑238 ne cesse de croître. De nombreuses organisations ont manifesté leur soutien, et la Ville de Toronto, la plus grande ville du Canada, a adopté une motion en ce sens.
Je suis également profondément honoré d’obtenir l’appui de la famille du défunt cinéaste canadien Rob Stewart, réalisateur du documentaire primé Sharkwater.
Une pétition sur change.org en appui au projet de loi a également permis de recueillir plus de 15 000 signatures.
Cela ne m’étonne pas, puisque selon un sondage mené par Environics en 2013, 81 % des Canadiens étaient favorables à l’interdiction d’importer des nageoires de requin.
De toute évidence, le consensus est vaste parmi les Canadiens : la coupe des nageoires de requin est une pratique inhumaine, inutile et inacceptable.
Interdire l’importation au Canada de nageoires de requin séparées de la carcasse est la seule et unique façon d’assurer que notre pays n’appuie pas cette pratique.
Il est inacceptable que le Canada interdise la coupe des nageoires de requin, mais permette l’importation de nageoires probablement issues de cette pratique. C’est tout simplement incohérent.
Cette pratique est irresponsable et choquante. Le moment est venu pour le Canada de prendre ses responsabilités.
Le sénateur Michael L. MacDonald représente la Nouvelle-Écosse. Il est membre du Comité sénatorial de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles et vice-président du Comité sénatorial des transports et des communications.
Cet article a été publié le 23 mai, 2017 dans le journal the Hill Times.