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Nous devons revitaliser la démocratie pour rebâtir en mieux : sénatrice Galvez

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Beaucoup d’entre nous ont le sentiment qu’il y a une éternité que l’Organisation mondiale de la Santé a annoncé l’apparition d’une mystérieuse infection à coronavirus à Wuhan, en Chine, en janvier 2020. Aujourd’hui, les quatre variantes de la COVID-19 qui se propagent dans le monde ont infecté 188,3 millions de personnes et fait plus de quatre millions de morts. Pendant la pandémie, un fait est clairement ressorti : la COVID-19 n’a pas détruit le système, elle en a simplement exposé les défauts. C’est le moins qu’on puisse dire.

Pendant les décennies qui ont précédé la pandémie, les gouvernements ont délaissé leurs politiques interventionnistes de crainte que des restrictions trop sévères entravent les forces du marché. L’économie des effets de retombée était censée conduire à une répartition idéale des bénéfices et produire des résultats équitables qui profiteraient à toute la société. Les gouvernements et la société civile s’attendaient à ce que la concurrence des entreprises et les principes d’éthique qui s’y rattachent favorisent la création de bons emplois, la recherche, l’innovation et le développement de technologies écologiques et sécuritaires. Ceux qui reconnaissaient le problème de la pollution, y compris par les émissions de gaz à effet de serre, croyaient qu’il suffisait de tarifier adéquatement les coûts sociaux pour le régler.

Mû par ces hypothèses, le néolibéralisme a connu du succès dans le monde entier, ce qui a entraîné une déréglementation des marchés, une baisse de l’impôt sur le revenu des sociétés, une diminution des redevances, une hausse des subventions à l’industrie, et la privatisation de services essentiels comme les services de santé, les services d’approvisionnement en eau et en électricité et les infrastructures de transport. Un tel système peut donner lieu à des situations extrêmes et mener à la catastrophe s’il n’est pas contenu. En conséquence, nous devons maintenant affronter simultanément plusieurs crises majeures qui menacent tous les aspects de notre société.

Les hypothèses formulées étaient fausses. La vision néolibérale appuyant la liberté des marchés, la déréglementation et la réduction de la surveillance n’était qu’un mirage, un modèle économique parmi d’autres qui ne tient pas compte de la complexité et de l’interdépendance de nos sociétés. Comment un modèle de croissance économique illimitée peut-il fonctionner sur une planète aux ressources limitées? C’est impossible, et ce modèle compromet l’habitabilité de la Terre à long terme.

Quatre des neuf limites planétaires qui déterminent le maintien de la vie telle que nous la connaissons sont en péril : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles géochimiques et la rupture de l’intégrité de la biosphère vont bientôt franchir le point de non-retour. En fait, le 29 juillet 2021 a été baptisé le jour du dépassement de la Terre, car c’est la date à laquelle la demande mondiale de ressources au cours d’une année donnée dépasse ce que la Terre peut régénérer dans cette même période. Et, pénible constatation, le Canada a franchi ce dangereux seuil le 14 mars 2021.

Une chose est sûre : nous ne pouvons plus affirmer qu’un secteur privé axé sur les profits à court terme peut se réglementer lui-même ou nous sauver d’une crise environnementale, sanitaire ou financière. C’est bien le contraire – tout comme cela a été le cas pendant la crise économique de 2008, une longue liste de grandes entreprises a fait des profits record pendant la pandémie de COVID-19.

Comme de nombreux pays, le Canada a dû réagir à la pandémie pendant même qu’il s’attaquait à d’autres crises liées les unes aux autres, comme les catastrophes naturelles de plus en plus dévastatrices, la croissance des inégalités socioéconomiques et la détérioration du système de santé public – sans compter les obstacles qui nuisent à la réconciliation avec les Autochtones, par exemple la réticence à reconnaître un passé teinté de génocide. Par ailleurs, les mesures de confinement ont restreint les activités des parlements et de tous les ordres de gouvernement. Des mesures économiques d’une générosité sans précédent ont porté certains à espérer l’adoption d’un revenu de base garanti, mais l’aide financière n’est qu’un des outils nécessaires pour affronter simultanément les multiples crises qui nous occupent et celles qui nous attendent.

Nous devons renouveler la démocratie – la rendre plus forte, plus réfléchie et plus ouverte aux idées nouvelles – et rétablir l’équilibre des pouvoirs. Les gouvernements doivent à nouveau revendiquer le pouvoir de réglementer l’économie pour le bien commun, rafraîchir les connaissances sur leurs responsabilités à l’égard de la société, rehausser considérablement la transparence et l’accès à l’information sur les dépenses publiques, et agir sans tarder pour résoudre les crises, comme l’ont si souvent avancé les citoyens pendant la pandémie.

Devant l’imminence d’une élection fédérale, les politiciens sillonnent le Canada cet été. En notre qualité de citoyens inquiets et soucieux de participer à une démocratie revitalisée, demandons-leur d’exposer en détail dans leur plateforme leurs objectifs et la manière dont ils amèneront le gouvernement à faire preuve d’audace, d’équité, d’efficacité, de dynamisme et d’initiative pour nous mettre sur la voie qui nous mènera à une prospérité durable. N’exigeons rien de moins qu’une démocratie renouvelée qui nous permettra d’affronter les nombreux défis que nous ne pouvons plus passer sous silence par attachement à des modèles économiques désuets et maintenant nocifs.

La sénatrice Rosa Galvez représente la division de Bedford au Québec.

Une version semblable de cet article a été publiée le 28 juillet 2021 dans The Hill Times (en anglais seulement).

Beaucoup d’entre nous ont le sentiment qu’il y a une éternité que l’Organisation mondiale de la Santé a annoncé l’apparition d’une mystérieuse infection à coronavirus à Wuhan, en Chine, en janvier 2020. Aujourd’hui, les quatre variantes de la COVID-19 qui se propagent dans le monde ont infecté 188,3 millions de personnes et fait plus de quatre millions de morts. Pendant la pandémie, un fait est clairement ressorti : la COVID-19 n’a pas détruit le système, elle en a simplement exposé les défauts. C’est le moins qu’on puisse dire.

Pendant les décennies qui ont précédé la pandémie, les gouvernements ont délaissé leurs politiques interventionnistes de crainte que des restrictions trop sévères entravent les forces du marché. L’économie des effets de retombée était censée conduire à une répartition idéale des bénéfices et produire des résultats équitables qui profiteraient à toute la société. Les gouvernements et la société civile s’attendaient à ce que la concurrence des entreprises et les principes d’éthique qui s’y rattachent favorisent la création de bons emplois, la recherche, l’innovation et le développement de technologies écologiques et sécuritaires. Ceux qui reconnaissaient le problème de la pollution, y compris par les émissions de gaz à effet de serre, croyaient qu’il suffisait de tarifier adéquatement les coûts sociaux pour le régler.

Mû par ces hypothèses, le néolibéralisme a connu du succès dans le monde entier, ce qui a entraîné une déréglementation des marchés, une baisse de l’impôt sur le revenu des sociétés, une diminution des redevances, une hausse des subventions à l’industrie, et la privatisation de services essentiels comme les services de santé, les services d’approvisionnement en eau et en électricité et les infrastructures de transport. Un tel système peut donner lieu à des situations extrêmes et mener à la catastrophe s’il n’est pas contenu. En conséquence, nous devons maintenant affronter simultanément plusieurs crises majeures qui menacent tous les aspects de notre société.

Les hypothèses formulées étaient fausses. La vision néolibérale appuyant la liberté des marchés, la déréglementation et la réduction de la surveillance n’était qu’un mirage, un modèle économique parmi d’autres qui ne tient pas compte de la complexité et de l’interdépendance de nos sociétés. Comment un modèle de croissance économique illimitée peut-il fonctionner sur une planète aux ressources limitées? C’est impossible, et ce modèle compromet l’habitabilité de la Terre à long terme.

Quatre des neuf limites planétaires qui déterminent le maintien de la vie telle que nous la connaissons sont en péril : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles géochimiques et la rupture de l’intégrité de la biosphère vont bientôt franchir le point de non-retour. En fait, le 29 juillet 2021 a été baptisé le jour du dépassement de la Terre, car c’est la date à laquelle la demande mondiale de ressources au cours d’une année donnée dépasse ce que la Terre peut régénérer dans cette même période. Et, pénible constatation, le Canada a franchi ce dangereux seuil le 14 mars 2021.

Une chose est sûre : nous ne pouvons plus affirmer qu’un secteur privé axé sur les profits à court terme peut se réglementer lui-même ou nous sauver d’une crise environnementale, sanitaire ou financière. C’est bien le contraire – tout comme cela a été le cas pendant la crise économique de 2008, une longue liste de grandes entreprises a fait des profits record pendant la pandémie de COVID-19.

Comme de nombreux pays, le Canada a dû réagir à la pandémie pendant même qu’il s’attaquait à d’autres crises liées les unes aux autres, comme les catastrophes naturelles de plus en plus dévastatrices, la croissance des inégalités socioéconomiques et la détérioration du système de santé public – sans compter les obstacles qui nuisent à la réconciliation avec les Autochtones, par exemple la réticence à reconnaître un passé teinté de génocide. Par ailleurs, les mesures de confinement ont restreint les activités des parlements et de tous les ordres de gouvernement. Des mesures économiques d’une générosité sans précédent ont porté certains à espérer l’adoption d’un revenu de base garanti, mais l’aide financière n’est qu’un des outils nécessaires pour affronter simultanément les multiples crises qui nous occupent et celles qui nous attendent.

Nous devons renouveler la démocratie – la rendre plus forte, plus réfléchie et plus ouverte aux idées nouvelles – et rétablir l’équilibre des pouvoirs. Les gouvernements doivent à nouveau revendiquer le pouvoir de réglementer l’économie pour le bien commun, rafraîchir les connaissances sur leurs responsabilités à l’égard de la société, rehausser considérablement la transparence et l’accès à l’information sur les dépenses publiques, et agir sans tarder pour résoudre les crises, comme l’ont si souvent avancé les citoyens pendant la pandémie.

Devant l’imminence d’une élection fédérale, les politiciens sillonnent le Canada cet été. En notre qualité de citoyens inquiets et soucieux de participer à une démocratie revitalisée, demandons-leur d’exposer en détail dans leur plateforme leurs objectifs et la manière dont ils amèneront le gouvernement à faire preuve d’audace, d’équité, d’efficacité, de dynamisme et d’initiative pour nous mettre sur la voie qui nous mènera à une prospérité durable. N’exigeons rien de moins qu’une démocratie renouvelée qui nous permettra d’affronter les nombreux défis que nous ne pouvons plus passer sous silence par attachement à des modèles économiques désuets et maintenant nocifs.

La sénatrice Rosa Galvez représente la division de Bedford au Québec.

Une version semblable de cet article a été publiée le 28 juillet 2021 dans The Hill Times (en anglais seulement).

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