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Délibérations du comité sénatorial permanent des
Pêches

Fascicule 2 - Témoignages


OTTAWA, le mardi 8 février 2000

Le comité sénatorial permanent des pêches se réunit aujourd'hui à 19 heures pour l'étude des questions relatives à l'industrie des pêches.

Le sénateur Gerald J. Comeau (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Honorables sénateurs, la séance est ouverte. La série de réunions que nous entamons aujourd'hui devraient être intéressantes puisque nous allons étudier l'industrie de l'aquaculture.

Notre témoin de ce soir, M. David Rideout, représente l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture. M. Rideout a surtout travaillé dans le domaine de l'inspection du poisson et il a occupé le poste de directeur général de l'inspection du poisson à l'échelle nationale. Il a également surveillé la transition des services d'inspection du poisson entre le ministère et la nouvelle Agence d'inspection des aliments. En outre, il a participé à la coordination du Programme d'adaptation et de restructuration des pêches canadiennes.

M. Rideout a comparu pour la première fois devant le comité sénatorial des pêches en mai 1988, à l'époque où le comité effectuait une étude sur la commercialisation des produits de la pêches de la côte est. Il était à l'époque directeur suppléant des opérations régionales, à la Direction des services d'inspection du ministère des Pêches et des Océans.

L'an dernier, en sa qualité de directeur général des Politiques et des analyses économiques, au ministère, M. Rideout a accompagné le ministre Anderson lorsqu'il a comparu devant le comité le 15 avril 1999. À l'époque le comité examinait les prévisions de dépenses du MPO pour l'exerce se terminant le 31 mars 1998. Le 2 juin 1999, M. Rideout a comparu à nouveau aux côtés du ministre Anderson en sa qualité de directeur général de la restructuration et de l'adaptation de l'aquaculture.

M. Rideout occupe son poste actuel à l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture depuis seulement 7 jours, et il en est donc encore à ses débuts. Cela nous permettra d'établir de façon précise l'orientation qu'il compte donner à l'alliance.

Soyez le bienvenu, monsieur. Nous vous écoutons.

M. David Rideout, directeur exécutif, Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture: J'allais vous demander de faire preuve d'indulgence étant donné que j'occupe cet emploi depuis peu, mais je me contenterai de compter sur votre gentillesse et j'espère être en mesure de répondre à la majorité de vos questions, sinon toutes. Si cela m'est impossible, je vous fournirai des réponses après m'être renseigné.

L'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture est une association industrielle dont le siège social se trouve à Ottawa et qui représente les intérêts des aquaculteurs, des producteurs et des fournisseurs de provendes canadiens, ainsi que des associations provinciales de pisciculture et de conchyliculture. Au départ, c'était un conseil sectoriel parrainé par DRHC mais l'association est actuellement en transition en vue de devenir autonome. Le processus sera terminé à la fin mars de cette année.

L'alliance est très reconnaissante de l'appui qu'elle a reçu et nous pensons avoir fait bon nombre d'importantes réalisations à l'époque où nous étions un conseil sectoriel. En voici quelques exemples: élaboration de produits et services en ressources humaines à l'intention des nouveaux venus dans l'industrie ainsi que des travailleurs actuels; promotion d'un regroupement d'organismes régionaux en vue de favoriser les normes nationales; promotion d'un profil public positif pour le secteur; accession à l'autonomie financière; élaboration de produits nationaux à l'intention des membres de l'alliance, comme une bibliothèque de référence et des rapports sur les programmes actuels de formation et perfectionnement des compétences, ainsi qu'une base de données sur ces programmes; élaboration d'une stratégie de communication pour permettre aux Canadiens de mieux comprendre l'industrie, au moyen d'instruments comme un site Web, des bulletins de nouvelles et des documents pour les foires commerciales; promotion de l'élaboration d'une stratégie et d'un plan d'action en vue de répondre aux principales questions d'ordre législatif et politique touchant l'industrie et, enfin, restructuration de l'organisation en vue de préciser son mandat.

L'aquaculture est une industrie relativement récente au Canada, et même si elle connaît une expansion rapide à l'échelle nationale, son évolution a atteint un tournant critique. La concurrence mondiale dont font l'objet les produits aquicoles augmente et les sommes qui y sont investies visent à trouver les optiques logiques en matière de politique et de réglementation, optiques qui permettent le développement durable de cette industrie importante tout en reconnaissant que l'aquaculture est une industrie rurale qui fournit des emplois à plein temps et bien souvent toute l'année aux collectivités côtières de tout le Canada. C'est une industrie qui a à coeur de fournir des solutions de rechange économiques viables aux collectivités côtières, mais seulement si nos installations d'aquaculture peuvent évoluer dans un milieu propre et durable.

Je voudrais pendant quelques instants vous présenter un bref historique de cette industrie. Les premiers comptes rendus détaillés faisant état d'une activité aquicole planifiée remontent à l'année 1857. Ils indiquent que le premier surintendant des pêches du Bas-Canada avait étudié l'incubation et l'éclosion des oeufs de truite mouchetée et de saumon de l'Atlantique. Il est aussi question de l'ostréiculture qui aurait vu le jour en 1865 à l'Île-du-Prince-Édouard, à l'époque où le gouvernement de l'île a adopté une loi prévoyant la location à bail de secteurs réservés à cette activité. En 1950, un réseau d'écloseries fédérales et provinciales produisait chaque année environ 750 millions de poissons et de reproducteurs d'eau douce pour la mise en valeur des stocks naturels et l'expansion des stocks non commerciaux.

L'aquaculture a vu le jour au Canada en tant qu'activité commerciale dans les années 70 et a connu une rapide expansion pendant toute la décennie 1980. C'est aujourd'hui un secteur qui contribue de façon importante à l'économie nationale en tant que fournisseur de produits alimentaires et source d'emplois et de croissance économique. Les installations d'aquaculture sont aujourd'hui en activité dans toutes les régions du pays, étant présentes dans les dix provinces et au Yukon.

Les possibilités économiques et l'emploi dans l'aquaculture ne se limitent pas à la production commerciale. Cette industrie a besoin d'importants volumes de matériel et de fournitures, et notamment des cages et des aliments, des bateaux et des moteurs ainsi que le matériel de transformation et d'emballage. L'industrie a également besoin de techniciens pour la plongée, les services vétérinaires, la récupération des semences, les essais de laboratoire, la vente et la commercialisation, les services de transport ainsi que la R-D dans tous les secteurs.

En 1962, des modifications à la Loi sur la chasse et la pêche de l'Ontario ont permis au secteur privé d'élever et de vendre des truites arc-en-ciel et mouchetées destinées à la consommation humaine, et d'entreprendre la constitution de stocks de perches à grande bouche et à petite bouche. Cela a marqué le début de l'aquaculture de truites à des fins commerciales en Ontario. La salmoniculture a débuté vers la fin des années 70 sur la côte est, à la baie de Fundy et, sur la côte ouest, dans l'anse Sechelt et l'anse Alberni.

La mytiliculture s'est établie dans les années 70 dans la région de l'Atlantique. L'Île-du-Prince-Édouard est devenue la principale région productrice de moules. En 1998, cette province a produit 12 459 tonnes, soit 84 p. 100 de l'ensemble des moules d'élevage canadiennes. La Colombie-Britannique est en train de mettre sur pied des installations de production de moules. Cette province vient toutefois au premier rang pour ce qui est de l'élevage de poisson commercial, ayant produit 41 923 tonnes en 1998, pour une valeur de 228 millions de dollars, soit 65 p. 100 de l'ensemble de la production canadienne.

Dans les années 80, la salmoniculture a connu une énorme expansion et, entre 1984 et 1991, elle a permis à l'aquaculture canadienne de connaître une hausse de production économique sans précédent, passant de 7 à 256 millions de dollars. C'est au cours de la même époque que la fabrication d'aliments pour poisson, la recherche scientifique appliquée et une infrastructure industrielle d'approvisionnement et de services se sont développées et que l'industrie a connu une expansion dans toutes les provinces.

Les produits aquicoles canadiens sont très concurrentiels à l'échelle mondiale. Entre 75 et 80 p. 100 des produits aquicoles sont exportés, et les principaux débouchés se trouvent aux États-Unis et au Japon. Les aquaculteurs canadiens livrent concurrence aux producteurs du monde entier pour obtenir une part du marché tant pour les poissons que pour les crustacés et coquillages. Les principaux concurrents, pour ce qui est de la production de poisson, viennent du Chili, de la Norvège et du Royaume-Uni, tandis que les producteurs de coquillages et crustacés sont surtout en concurrence avec les producteurs américains des États de Washington, de l'Oregon, de Caroline du Nord et du Sud, de Floride et de Virginie, ainsi qu'avec les producteurs du Chili, de la Nouvelle-Zélande et des pays asiatiques.

En 1998, la production de l'aquaculture canadienne -- c'est-à-dire les débarquements -- a été évaluée à plus de 433 millions de dollars, et selon les prévisions modestes de l'industrie, les ventes annuelles seront nettement supérieures à 600 millions de dollars d'ici à l'an 2001. Il convient toutefois de signaler que la somme de 433 millions de dollars représente moins de 1 p. 100 de la valeur totale de la production aquicole mondiale. Il y a à peine deux mois, le ministre fédéral des Pêches et des Océans a déclaré que nous pouvions très rapidement accroître de 1 milliard de dollars la valeur des élevages de poisson et de plus de 100 millions celle des crustacés et coquillages.

À eux deux, les secteurs de la production et de l'approvisionnement et des services fournissent entre 7 000 et 8 000 emplois directs, dont la majorité, je le répète, se trouvent dans des régions rurales et côtières.

Les travailleurs de moins de 30 ans occupent environ la moitié des emplois dans le secteur de l'aquaculture et 98 p. 100 de l'industrie appartient à des Canadiens.

En devenant une association industrielle autonome, l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture s'est donné un nouveau mandat très clair. L'une de mes premières responsabilités en tant que nouveau directeur exécutif consiste à préparer un plan d'affaires de trois ans pour l'alliance, laquelle a pour objectif notamment de représenter de manière ferme, indépendante et unie l'aquaculture du Canada, tant à Ottawa que sur la scène nationale et internationale; de défendre de manière efficace et proactive les intérêts de l'aquaculture canadienne dans le contexte de la politique et des programmes du gouvernement fédéral et de promouvoir la collaboration et la cohésion entre les intérêts des aquaculteurs canadiens de façon à aider cette industrie à réaliser pleinement ses possibilités.

L'aquaculture a de nombreux défis à relever et elle n'hésite pas à prendre le taureau par les cornes pour y parvenir. Toutefois, nous sommes également confrontés à des obstacles redoutables et nous nous réjouissons de l'intérêt que le Sénat porte à cette industrie importante.

J'aimerais décrire certains des obstacles auxquels se heurte notre industrie. Tout d'abord, je vais parler de la question des litiges sur l'utilisation et les usagers. L'aquaculture est en voie d'être reconnue comme un utilisateur légitime des ressources aquatiques et nous notons des signes encourageants de reconnaissance semblable dans le processus de règlement des litiges sur l'utilisation et les utilisateurs. Ces litiges naissent lorsque l'aquaculture est en concurrence pour l'utilisation de ressources avec d'autres secteurs comme la pêche commerciale, les bateaux de plaisance, les pêcheurs sportifs, les propriétaires de chalet, etc. Le débat entourant cette question a entraîné la diffusion d'informations très accusatoires et erronées. Nous courons le risque de faire perdre confiance aux Canadiens dans la valeur de cette industrie, et c'est pourquoi il est essentiel que tous les utilisateurs connaissent bien la politique et la réglementation qui s'y appliquent. Quand je parle de valeur, je ne parle pas seulement de la production de produits du poisson de qualité supérieure, mais également de la création d'emplois permanents de qualité et d'activités économiques dans de nombreuses collectivités côtières.

En second lieu, j'aimerais parler de la location des emplacements. L'industrie doit avoir accès à de nouveaux emplacements et à de nouvelles méthodes de location. Notre objectif est le service de guichet unique et il faut aussi absolument avoir une certaine garantie quant à la durée du bail. Pour obtenir ces baux, il faut absolument de la collaboration et de la coordination entre les diverses instances responsables, ce qui, idéalement, débouchera sur une approche homogène de la réglementation et de l'approbation des emplacements loués à bail. Notre industrie doit pouvoir planifier l'avenir sans craindre de perdre son droit à bail.

Troisièmement, j'aimerais parler d'une stratégie fédérale de développement de l'aquaculture, soit le cadre d'action général élaboré par le ministère des Pêches et des Océans pour le gouvernement du Canada qui a été annoncé en 1995. Toutefois, pour que cette stratégie contribue efficacement au développement durable, elle doit s'accompagner de politiques opérationnelles et dans certains cas de réglementation. Nous sommes encouragés de voir les initiatives prises dans ce domaine par le ministère des Pêches et des Océans et nous voulons participer à toutes les étapes du processus.

En quatrième lieu, j'aimerais parler de la mise en valeur des stocks reproducteurs. La question de l'accès à des souches plus performantes de poisson et de crustacés suscite un débat très complexe et polarisé. Notre industrie salmonicole se heurte à un problème du fait que nos concurrents peuvent livrer leurs produits au marché en moins de temps que les Canadiens car ils ont accès à des stocks plus performants. Les arguments contre cet état de choses méritent réflexion et il faut procéder à un dialogue ouvert et transparent. Certains adversaires souhaitent tenir ce dialogue par le biais des médias. L'industrie aquicole ne désire pas favoriser les arguties mais plutôt un débat scientifique et, si les scientifiques sont d'un avis divergent, elle veut trouver une façon de résoudre le problème.

Cela dit, qu'une chose soit bien claire: l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture n'appuie pas l'utilisation des espèces transgéniques. Nous souhaitons que la mise en valeur de stocks reproducteurs traditionnels débouche sur un choix d'animaux dont les caractéristiques positives permettront au Canada d'être concurrentiel, tout en donnant aux Canadiens confiance dans le fait que toutes ces activités se déroulent sans présenter de risque pour l'environnement.

Cinquièmement et pour conclure, je parlerai de la protection de la santé des poissons. Vous entendrez certainement beaucoup parler de la question des maladies du poisson et des mesures prises pour les enrayer, mais je vous demande toutefois d'envisager cette question dans le contexte des exploitations agricoles canadiennes. Si, dans une exploitation canadienne traditionnelle, on soupçonne la présence d'une maladie susceptible d'être dangereuse pour les êtres humains ou pour d'autres exploitations agricoles, on procède à des analyses vétérinaires et, si l'on constate la présence d'une maladie devant être déclarée, on détruit les bêtes infectées et on indemnise l'éleveur. Ce n'est pas le cas pour les aquaculteurs. On a pu voir les répercussions que le manque de mesures de protection efficaces de la santé des poissons a eu dans la baie de Fundy, où l'anémie infectieuse du saumon a coûté à l'industrie plus de 70 millions de dollars en coûts directs et en coûts d'opportunités perdues. Si les aquaculteurs avaient eu accès au même genre de protection que les agriculteurs, les coûts se seraient vraisemblablement élevés à moins de 4 millions de dollars.

Nous encourageons votre comité à nous aider à trouver des moyens de favoriser le développement durable de ce secteur d'activité important et à trouver des solutions aux problèmes délicats comme celui de l'anémie infectieuse du saumon, des litiges liés à l'utilisateur/utilisation, de la mise en valeur des stocks reproducteurs et de la location des emplacements.

Nous félicitons le comité sénatorial des pêches d'avoir entrepris cette étude sur cet aspect important du développement des collectivités côtières et lui savons gré de nous avoir invités à en discuter.

Je regrette, monsieur le président, de ne pas avoir pu faire traduire mon exposé à temps pour cette réunion du comité.

Le président: Avant de passer aux questions, j'aimerais demander au comité d'approuver une motion pour que le document intitulé «Aqua Notes» que vous avez sous les yeux, présenté par l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture, soit déposé en tant que document annexe auprès du greffier du comité.

Êtes-vous d'accord, honorables sénateurs?

Des voix: D'accord.

Le président: Cette brochure porte-t-elle une date?

M. Rideout: Je crains de ne pouvoir répondre à cette question. Sauf erreur, ce document a été publié en 1998, mais je n'en suis pas certain.

Le président: Vous pourriez peut-être nous donner plus tard la date de publication, monsieur Rideout. Dans la brochure, on parle de la fin de la décennie, et nous voulons être certains de bien comprendre de quelle décennie il s'agit.

M. Rideout: Je suppose qu'il s'agit des années 90.

Le président: Nous le confirmerons plus tard.

[Français]

Le sénateur Robichaud: Suite à votre brève présence à l'association que vous représentez, vous avez parlé de plusieurs contraintes et de l'utilisation vis-à-vis les utilisateurs. Ce problème se présente chez nous, dans le détroit de Northumberland, où on est en train de procéder à l'ensemencement du pétoncle. On recueille les naissains, bien sûr, mais une fois que cela est fait, il faut quand même les déposer sur des fonds et leur réserver ces fonds pour un certain temps, autrement l'exercice tombe dans le vide. C'est le problème de ceux qui veulent développer cette aquiculture vis-à-vis les pêcheurs qui veulent tout simplement être traditionnels, à savoir que l'on part et si l'on trouve, c'est bien, sinon, on va ailleurs.

Est-ce que vous avez des suggestions? On doit impliquer les pêcheurs commerciaux dans cet exercice. Les associations que vous représentez comptent-elles des pêcheurs commerciaux ou si ce sont plutôt des entreprises qui ont débuté avec des fonctionnaires, des biologistes ou des hommes d'affaires non impliqués dans la pêche commerciale comme on l'entend?

[Traduction]

M. Rideout: Merci beaucoup de votre question. L'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquiculture se compose de sociétés de production d'aliments pour animaux, d'associations de diverses provinces représentant les secteurs des crustacés et du poisson, ainsi que de groupes industriels connexes. À ma connaissance, aucun groupe de pêcheurs commerciaux ne fait partie des associations provinciales, mais je suppose qu'il y a un lien entre les aquaculteurs et les pêcheurs commerciaux de ces associations. Malheureusement, je ne suis pas assez souvent allé dans les régions ou les provinces pour savoir ce qu'en pensent les membres.

Pour ce qui est du captage de naissain ou de l'accès aux stocks reproducteurs, c'est une question complexe qui mérite une très grande attention. Vous pourrez peut-être poser cette question au commissaire au développement de l'aquaculture, qui a participé directement à une expérience couronnée de succès avec les pétoncles des Îles-de-la-Madeleine.

À notre avis, il importe que les deux parties au litige entourant les utilisateurs et l'utilisation puissent trouver un terrain d'entente et en arriver à une solution commune. Tant que ce débat sera marqué par la confrontation, je ne pense pas que nous trouverons de solution. Pour les pêcheurs comme pour les aquaculteurs, il importe de s'assurer que tout le monde sortira gagnant de cette situation. Dans certains secteurs, il faudra certaines «négociations» -- faute d'un meilleur terme -- entre les utilisateurs, mais j'ai l'impression que si on convainc les parties de se réunir pour en discuter, nous serons à même de trouver une solution.

La question du captage de naissain, toutefois, est très litigieuse dans de nombreux secteurs, surtout si cela pose une menace pour les animaux ou que les pêcheurs d'espèces sauvages éprouvent certaines inquiétudes. Il y a eu un cas où les stocks d'ormeaux de la Colombie-Britannique ont été menacés. Toutefois, l'aquaculture et la technologie qu'elle utilise permettront peut-être de renouveler ce stocks.

Ces principes n'ont pas encore été acceptés, mais c'est notre objectif. Les gens doivent avoir confiance en notre capacité de mener nos activités de façon productive et durable et de façon à profiter aux pêcheurs d'espèces sauvages et aux aquaculteurs, ainsi qu'à tous les Canadiens. C'est faisable, mais il faut amorcer le dialogue.

Le sénateur Robichaud: Vous admettez qu'il y a beaucoup à faire avant que vous ne puissiez atteindre vos objectifs. Ces dernières années, les pêcheurs commerciaux ont commencé à vouloir participer à l'aquaculture. Il y a quelques années, ils ne voulaient même pas en entendre parler.

M. Rideout: Aux termes des règles de conservation et selon les priorités visant l'accès aux stocks de poisson par le passé, la conservation vient au premier rang; viennent ensuite les droits ancestraux et issus de traités des Premières nations, et le reste est partagé entre les autres utilisateurs. Il y a eu depuis toujours une polarisation des utilisateurs parmi les pêcheurs. Si nous voulons avoir accès à certains stocks reproducteurs, il faut se demander si de telles mesures influeront sur le système des quotas pour les pêcheurs. Si c'est le cas, il est évident que les pêcheurs seront réticents à partager. Il faut trouver une façon de garantir cet accès aux aquaculteurs tout en permettant à tous les intervenants de profiter de ces mesures, si c'est possible. Je crois que c'est possible dans certains cas. Toutefois, il faut commencer à en discuter.

Le sénateur Robertson: Monsieur Rideout, je voudrais poser une question au sujet de la santé des stocks et du contrôle des maladies dans les piscicultures. Vous avez déjà fait allusion à une catastrophe importante liée aux infections d'AIS le long de la côte du comté de Charlotte. Comme vous le savez, à l'Île-du-Prince-Édouard, il était déjà arrivé que les mytiliculteurs subissent d'énormes pertes.

Tout d'abord, y a-t-il suffisamment de vétérinaires qui participent à cette industrie et, en second lieu, comment pouvons-nous mieux prévenir ces poussées épidémiques qui touchent le stock?

M. Rideout: Vous ai-je déjà dit que je ne suis en poste que depuis sept jours? Je vais essayer de répondre à cette question. En vous donnant ces réponses, je crains de ne recevoir dès demain matin une pile de lettres de l'ensemble de nos membres, que je ne connais pas.

Pour ce qui est des moules à l'Île-du-Prince-Édouard, en 1988, un facteur inconnu a pénétré dans la baie ou le golfe. Les gens ayant consommé ces produits sont morts et le gouvernement a réagi très rapidement en retirant les moules du marché et en essayant d'établir la cause des décès. Ils étaient dus à la présence d'un produit chimique toxique. Le gouvernement a alors réfléchi à la façon de relancer ce secteur. Il a adopté une stratégie à trois volets.

À mon avis, les initiatives prises par le MPO pour résoudre ce problème se sont révélées extrêmement avantageuses pour l'industrie.

Pour ce qui est de l'anémie infectieuse du saumon, nous n'avons pas eu la même chance. Une épidémie a frappé l'industrie. Si je comprends la façon dont l'assurance fonctionne dans notre secteur, un salmoniculteur doit trouver des poissons morts pour pouvoir présenter une réclamation à sa compagnie d'assurance. Même s'il est conscient de la maladie qui touche son poisson, il doit attendre que celui-ci soit mort avant de faire une réclamation. Si un salmoniculteur, conscient du fait qu'il élève des poissons malades, décide de les tuer, ce sera pour lui un véritable suicide financier car il ne pourra plus rien réclamer à l'assurance. C'est la façon dont je comprends le fonctionnement de l'assurance. Je vous rappelle toutefois que je n'ai pas beaucoup d'expérience à ce poste.

Lorsque je travaillais pour l'Agence canadienne d'inspection des aliments, j'ai eu la chance de mieux comprendre certains problèmes entourant la Loi sur la santé des animaux et la façon dont elle s'applique aux exploitations agricoles car c'est l'agence qui était responsable de la santé des animaux. Si l'on constate la présence d'une maladie contagieuse dans une exploitation agricole, l'agriculteur est obligé de la déclarer. Les vétérinaires viennent effectuer des analyses; ils ordonnent l'abattage des bêtes et l'agriculteur est indemnisé.

Je ne sais pas exactement comment les choses se passent dans les provinces, mais je ne crois pas qu'un seul vétérinaire travaillant pour le gouvernement canadien ne s'occupe du poisson d'élevage. Il y a de nombreux vétérinaires dans l'industrie aquicole, mais, à mon sens, il nous faut adopter un système pour que les éleveurs soient tenus de déclarer la maladie, de sorte que le gouvernement, qu'il soit provincial ou fédéral, puisse intervenir et prendre les mesures qui s'imposent à l'égard des bêtes infectées et pour indemniser l'éleveur. Cela protégerait l'industrie. Cela éviterait l'interaction éventuelle des stocks sauvages. On ne sait pas si, dans certains cas, c'est le stock sauvage qui contamine les stocks d'élevage ou vice versa, ce qui soulève un autre problème de surveillance.

Il nous faut comprendre la situation et savoir ce qui se passe dans la nature. Il nous faut aussi savoir ce qui se passe dans l'industrie proprement dite par rapport aux maladies et à des mesures d'intervention rapide lorsqu'on constate la présence d'une maladie.

L'aquaculture est une industrie nouvelle en pleine évolution. Ses problèmes sont nouveaux et il faut trouver des solutions nouvelles et créatrices. Il faut se pencher sur la recherche de solutions, et ce, dans les plus brefs délais. Il y a un énorme problème qui touche la baie de Fundy. Nous devons nous demander si cela risque de se reproduire. Si c'est le cas, dans quelle mesure serons-nous prêts? Il faut nous préparer. Il importe de trouver des solutions à ce genre de problèmes non seulement pour préserver la viabilité de l'industrie, mais aussi pour conserver notre position concurrentielle.

Le sénateur Robertson: Je voudrais traiter des services vétérinaires au sein de l'industrie. C'est un secteur nouveau. Combien de vétérinaires y a-t-il au Nouveau-Brunswick qui s'occupent uniquement des piscicultures.?

M. Rideout: Parlez-vous des vétérinaires du gouvernement?

Le sénateur Robertson: Quel que soit leur employeur.

M. Rideout: À ma connaissance, il n'y a aucun vétérinaire au ministère des Pêches et des Océans qui soit attaché à ce secteur. Je sais toutefois que le ministère travaille de concert avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments et qu'il retient parfois les services de certains de ses vétérinaires.

Le sénateur Robertson: Ces vétérinaires ont-ils reçu une formation spéciale sur la pisciculture?

M. Rideout: Il y a des vétérinaires à l'emploi des pisciculteurs.

Le sénateur Robertson: Ont-ils les moyens de prévenir les maladies, et sont-ils bons diagnosticiens, ou faut-il améliorer les compétences dans tout ce domaine de médecine vétérinaire?

Que fait-on dans les autres pays? Nos vétérinaires sont-ils aussi bons que ceux des autres pays?

L'aquaculture est une industrie relativement nouvelle et j'ai du mal à comprendre pourquoi nous nous heurtons à ces gros problèmes. Il doit y avoir des réponses quelque part car d'autres pays sont plus avancés que nous dans ce domaine. Où forme-t-on les vétérinaires à ces disciplines que sont la prévention des maladies, la capacité de diagnostic et le traitement?

M. Rideout: Je vais vous donner deux réponses, mais il y en a une dont je ne suis pas entièrement certain. Je vais vous la donner quand même car j'ai de nombreux anciens collègues au ministère.

À mon avis, les collèges vétérinaires comme ceux de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'Université Guelph -- et je regrette de dire que je ne suis pas certain des cours offerts sur la côte ouest -- offrent un programme axé sur la pêche et l'aquaculture. Nous assistons à la naissance d'un cadre d'enseignement de l'aquaculture. Certaines mesures importantes sont en cours à l'Université Memorial, par exemple. On assiste à la même orientation dans tout le pays.

J'espère que la remarque que je vais faire ne sera pas interprétée hors contexte. Si nous, au Canada, décidons consciemment que nous voulons favoriser une industrie aquicole -- et je crois que nous sommes à un tournant --, il nous faut adopter une politique et un régime réglementaire et opérationnel qui permettent à l'industrie de fonctionner avec quelques certitudes pour l'avenir. Puis nous trouverons les investissements nécessaires pour nous soutenir. Si nous mettons en place une stratégie, celle-ci devra comporter un volet qui prévoit l'établissement d'un partenariat entre des groupes de vétérinaires ou de spécialistes de la santé des poissons et l'industrie, ou entre les provinces et le gouvernement fédéral. Je suppose -- et je rappelle que je ne suis en poste que depuis sept jours -- que l'industrie a pris cette décision. On veut favoriser l'expansion de cette industrie. Reste à savoir si les législateurs poursuivent le même objectif. Est-ce une chose que nous souhaitons pour le Canada, oui ou non?

À l'occasion de mes relations avec l'industrie et en exerçant mes fonctions, j'ai constaté qu'on n'avait pas peur de chercher des solutions. Nous voulons résoudre ces problèmes. Nous voulons que l'on décide ce que veut notre pays en ce qui concerne l'aquaculture. Selon moi, cela représente un formidable potentiel pour la diversité économique des communautés côtières. Sans trop vouloir insister, le potentiel est considérable.

Le sénateur Carney: Étant donné que vous êtes à ce poste depuis sept jours, pour la gouverne des autres membres du comité, et étant donné que je viens moi-même de la côte ouest, je crois préférable d'exposer certains des problèmes que soulève l'aquaculture sur la côte ouest et de vous laisser ensuite répondre aux questions auxquelles vous pensez pouvoir répondre après sept jours à votre poste. Mes observations pourront au moins vous signaler certains des problèmes que nous y trouvons sur la côte ouest.

Je tiens à féliciter l'attaché de recherche pour cet excellent document. Si M. Rideout peut répondre aux 74 questions qu'il contient, il répondra aux préoccupations que nous sommes nombreux à partager autour de cette table.

Dans les localités côtières de la Colombie-Britannique, les gens sont assez soupçonneux à l'égard de l'aquaculture étant donné l'importance de la pêche au poisson sauvage. Vous verrez dans ces localités des voitures arborant sur leurs pare-chocs des affichettes disant que les vrais poissons ne se droguent pas, car nous savons tous que la nourriture donnée aux poissons sous forme de granulés contient des substances chimiques. J'ai une de ces affichettes à l'arrière de ma voiture.

Je pourrais soulever de nombreuses préoccupations, mais j'en aborderai seulement trois. Il y a notamment le croisement du saumon de l'Atlantique et du saumon du Pacifique. C'est une réalité. C'est arrivé. Des chercheurs de la côte ouest ont constaté que, lorsqu'il y avait eu des débordements dans des fermes piscicoles --, il y a eu un important débordement d'environ 38 000 poissons -- ces saumons se sont croisés avec des saumons du Pacifique. Cela pose un sérieux problème, car nous savons qu'il n'est pas bon que les espèces se mélangent. Je ne suis pas experte en la matière, mais il y a sur la côte ouest des gens très compétents qui connaissent bien la question.

Les gens de la côte ouest désirent que les réseaux restent fermés. Au lieu d'avoir des systèmes ouverts dans les fjords de la côte ouest, vous pouvez avoir des systèmes fermés dont le poisson n'a aucune chance de s'échapper. J'aime citer en exemple un de mes endroits favoris, Port Hardy. Il y a à Port Hardy une mine qui a été fermée. Le maire a autorisé ses concitoyens à faire de la pisciculture dans les bassins de décantation. On a mis des écrevisses au fond des bassins pour manger les poissons morts et les débris. Nous verrons ce qui arrivera.

Une autre préoccupation des gens de la côte ouest concerne les mollusques et les crustacés.

Néanmoins, le mélange des stocks et les maladies sont des problèmes très importants.

Une autre question qui a été laissée de côté est celle des tensions entre la pêche au poisson sauvage et l'aquaculture. Cela crée des genres d'emplois différents dans les mêmes régions. Les fermes piscicoles sont généralement situées dans des secteurs très isolés, sur des cours d'eau petits ou grands dont l'eau est froide. Elles offrent des emplois qui n'attirent pas beaucoup de gens. Les employés doivent se rendre sur place pour un certain nombre de jours, après quoi ils reviennent. Étant donné la nature de cette industrie et la peur de la contamination, ils sont assez isolés. Si vous vous aventurez dans le coin en bateau, vous serez pratiquement repoussés. Les perspectives d'emploi sont bonnes, mais ces emplois ne sont pas interchangeables avec ceux des autres secteurs.

Il y a une compatibilité saisonnière entre la pêche au poisson sauvage et l'aquaculture. En hiver, lorsque la pêche est fermée, les fermes piscicoles augmentent leur production, mais elles la ralentissent généralement l'été étant donné qu'il y avait, jusqu'à récemment, une pêche au poisson sauvage. Ce sont des domaines dans lesquels une coopération est possible. Où verriez-vous des possibilités de coopération avec la pêche au poisson sauvage?

Votre document fait état d'un conflit entre les usagers de la côte ouest. C'est une côte très découpée. Si vous faites de la voile dans une petite embarcation et que vous voulez jeter l'ancre dans une petite baie ou si vous traînez une allingue derrière une remorqueuse, vous ne voulez pas trouver une ferme piscicole dans le seul mouillage disponible sur la côte. Naturellement, l'aquaculture s'est implantée dans les régions les plus sûres sur le plan des conditions atmosphériques et de l'accessibilité. Il y a donc un conflit entre cette industrie et les plaisanciers, l'exploitation forestière et les autres usagers.

Le conflit a été en partie réglé du fait que les fermes piscicoles se sont relocalisées plus au nord. La température de l'eau posait un problème car il leur fallait de l'eau plus froide. Elles ont donc eu tendance à allez s'installer plus au nord.

Si vous pouviez nous fournir une carte montrant l'emplacement des fermes piscicoles, cela nous serait utile et nous aiderait à comprendre le problème. Notre comité devrait disposer de cartes des trois côtes pour savoir de quoi il est question.

Le gouvernement de la Colombie-Britannique, de qui relève une bonne partie de l'aquaculture, a récemment levé un moratoire sur la création de fermes piscicoles. Il l'a fait à des conditions très strictes. Il serait bon que notre attaché de recherche obtienne copie de la politique de la Colombie-Britannique et la distribue aux membres du comité. La province s'efforce de développer une industrie qui présente un gros potentiel en imposant des lignes directrices touchant l'environnement, les maladies, les conflits avec la pêche au poisson sauvage et la nature des emplois.

Voilà donc certaines de mes idées sur la question. Je fais partie de ce comité depuis peu de temps. En fait, c'est ma première réunion. Je sais que l'industrie exerce des pressions à Ottawa pour mieux faire comprendre son potentiel. Je souligne les risques de conflit avec la pêche au poisson sauvage en espérant qu'il sera possible de les résoudre afin que nous puissions avoir les deux.

M. Rideout: Madame le sénateur, j'ai pris quelques notes pendant que vous parliez et je voudrais revoir avec vous certains des points que vous avez soulevés. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je voudrais relater certaines expériences personnelles.

Le sénateur Carney: Vous pouvez également envoyer une réponse au comité lorsque vous aurez eu l'occasion de réfléchir à mes questions.

Le président: Si vous n'êtes pas à l'aise pour répondre maintenant à certaines questions, ne vous croyez pas obligé de le faire immédiatement, monsieur Rideout.

M. Rideout: Je n'ai pas peur de répondre à quelque question que ce soit, monsieur le président. J'étais le directeur des opérations à la Division de l'inspection du poisson dans les années 80 lorsqu'on s'est demandé ce qu'il fallait faire à propos de l'utilisation de substances thérapeutiques en aquaculture. Nous avons établi des règles très strictes concernant les délais et les vérifications vétérinaires. Tout cela a commencé dans les années 80 et s'est poursuivi jusque dans les années 90. Lorsque j'étais directeur général de la Division de l'inspection du poisson, c'est une des questions que nous avons examinées. J'ai eu l'impression à l'époque que nous avions pris des mesures aussi bonnes, sinon meilleures, que pour les autres produits alimentaires. Si nous trouvions des résidus de substances thérapeutiques, nous intervenions. Il n'y avait donc pas de laxisme.

Depuis le peu de temps que je m'occupe d'aquaculture, j'ai constaté que, même si certains médicaments sont utilisés au départ, l'objectif est d'avoir un bon élevage. Les méthodes qu'utilise actuellement l'industrie sont beaucoup plus avancées qu'elles ne l'étaient dans les années 80.

Vous avez mis le doigt sur le noeud du problème, sénateur. Les gens se méfient. Nous devons trouver une solution.

Si nous décidons d'avoir une industrie de l'aquaculture au Canada, nous devrons investir de l'argent dans la R-D pour résoudre les problèmes tels que le croisement du saumon de l'Atlantique avec le saumon sauvage du Pacifique et les systèmes fermés. Nous devrons également faire un travail de coordination à l'échelle internationale. Je crois que la Colombie-Britannique le fait dans le contexte de la levée du moratoire. Nous pourrions faire un travail extraordinaire au Canada. Au sud de la frontière, les Américains n'arrivent peut-être pas aussi bien que nous à prévenir les débordements, et le poisson qui s'échappe des fermes piscicoles des États-Unis va se retrouver dans les cours d'eau du Canada.

Nous avons besoin d'une stratégie bien ciblée afin de pouvoir tirer des conclusions sur ce genre de questions. On explore actuellement certains systèmes de confinement. Je crois qu'une entreprise de la Colombie-Britannique a mis au point un système qui fonctionne bien dans certaines régions, mais pas dans d'autres. Il nous faut trouver des solutions.

Le sénateur Carney: À Prince Rupert, on s'intéresse beaucoup à cette question. Vous pourriez l'inclure dans la liste des lieux à visiter.

M. Rideout: J'espère ne pas vous avoir induit en erreur au sujet des emplois. Je ne crois pas que les pêcheurs traditionnels et ceux qui travaillent dans ce secteur deviendront des pisciculteurs. Si c'est ce que j'ai laissé entendre, ce n'est pas ce que je voulais dire.

Pour ce qui est du secteur de la transformation, une bonne symbiose est possible.

De mon point de vue, l'essentiel est que l'aquaculture représente une activité économique différente qui permet aux localités côtières de diversifier leur économie et de dépendre moins de la pêche au poisson sauvage. Nous en avons vu quelques exemples. Il y a un manque de main-d'oeuvre dans le comté de Charlotte, au Nouveau-Brunswick, où l'on fait venir des travailleurs de régions aussi éloignées que Terre-Neuve. Néanmoins, toutes ces personnes ne sont pas nécessairement des pêcheurs. Certains pêcheurs peuvent faire la transition.

Il faut également résoudre la question des usagers. Lorsqu'un lieu doit servir à la fois pour le mouillage et pour l'aquaculture, il faut trouver un moyen d'inciter les usagers à trouver une façon de contourner le problème. J'ignore quelle est la solution et je ne suis pas certain de pouvoir vous la fournir d'ici une semaine.

S'il est un thème sur lequel j'insisterais, c'est qu'il faut dialoguer. Il faut réunir les gens pour discuter des possibilités. Si nous trouvons un moyen d'assouplir les points de vue et de favoriser une discussion raisonnable, il sera possible de trouver des solutions. Même si nous reconnaissons nos divergences de vues, les organismes de réglementation et les décideurs devront trouver un moyen de résoudre ces questions. Je crois qu'ils peuvent le faire.

Le sénateur Perrault: Vous êtes très respecté d'un océan à l'autre et surtout dans les provinces de l'Atlantique. Nous nous réjouissons que vous ayez pu venir ici aujourd'hui.

Nous avons là un véritable problème de commercialisation. Au cours des deux dernières semaines, je suis allé dans quelques restaurants qui annonçaient du saumon sauvage véritable. Cette publicité laisse entendre que ce poisson est préférable au saumon artificiel ou d'élevage qui est malade et doit être manipulé avec soin, car il risque de tomber en morceaux. C'est une chose qui se produit souvent sur le plan de la commercialisation, surtout dans certaines villes américaines.

L'industrie se rend sans doute compte de la nécessité d'un gros effort publicitaire. Ma collègue de la Colombie-Britannique a très bien énoncé certains problèmes. Comme vous le savez, en aquaculture, nous avons connu des succès et des échecs. Certaines personnes ont perdu beaucoup d'argent en essayant de trouver la meilleure façon d'élever ces saumons, mais nous réalisons des progrès.

Le sénateur Carney a souligné que le croisement du saumon de l'Atlantique et du saumon du Pacifique présentait des dangers. C'est un véritable problème. Au départ, on prétendait que le saumon de l'Atlantique nageait dans les eaux de la Colombie-Britannique. On nous a toutefois dit que c'était faux; que c'était un mythe ou de la propagande. Ce n'est pas de la propagande. Nous avons maintenant une série de photographies qui illustrent ce qui se passe. D'après ce que j'ai compris, le saumon de l'Atlantique grossit plus rapidement que le saumon du Pacifique. Je ne peux toutefois pas croire que quoi que soit venant de la Colombie-Britannique puisse être inférieur. Peut-être qu'une espèce qui croît plus lentement est de meilleure qualité.

À certains égards, cette situation est comparable à celle du débat qui se déroule de nos jours sur la question des manipulations génétiques. A-t-on fait une étude approfondie capable de rassurer les consommateurs de saumon qui ont l'estomac sensible qu'ils peuvent en toute sécurité manger du saumon canadien, peu importe qu'il soit pêché dans l'Atlantique ou dans le Pacifique? L'argument des manipulations génétiques a pris beaucoup de poids et c'est révélateur d'un grave problème de communication.

Nous devons dissiper le mythe voulant que le saumon sauvage soit le seul saumon en santé et même le seul et unique saumon véritable, à l'exclusion du saumon élevé en aquaculture.

On a déjà posé la plupart de mes autres questions et je vais donc m'abstenir de les répéter.

M. Rideout: S'ils grossissent plus vite, c'est probablement parce qu'ils veulent ressembler au saumon de la Colombie-Britannique.

Je veux simplement signaler que l'industrie des fruits de mer est très bien acceptée. D'un bout à l'autre du pays, il y a des restaurants spécialisés dans les fruits de mer où l'on peut déguster des produits de l'aquaculture, par exemple des moules ou d'autres coquillages. La production de coquillages est très florissante au Canada, de même que la production et la vente de tous les produits aquicoles.

L'un des défis auxquels je suis confronté -- et je ne sais pas trop comment je vais m'y prendre pour le relever -- est la question de la perception du public. Comment informer les Canadiens que la manipulation génétique du saumon ne fait pas partie du jeu? Elle n'est pas présente dans l'industrie de l'aquaculture et nous n'envisageons même pas d'y avoir recours. Il est vrai que certains scientifiques veulent faire des tests. J'ai entendu parler aujourd'hui de scientifiques qui travaillent avec une espèce de poisson qu'on élève en aquaculture; je crois qu'il s'agit du talapia. Ils croient qu'une certaine espèce pourrait aider les diabétiques parce que l'on pense pouvoir transplanter les îlots de Langerhans et les manipuler génétiquement. Y parvenir serait une grande percée dans le monde médical. Cependant, si cela fait peur aux Canadiens parce que ceux-ci croient que c'est ce qui se passe dans l'aquaculture alors que ce n'est pas du tout le cas, il s'agit d'une idée fausse qu'il faut faire disparaître. Je ne sais pas trop comment nous pourrons y parvenir.

Le sénateur Perrault: C'est une préoccupation.

M. Rideout: C'est tout un défi. Si la manchette du journal dit «manipulation génétique», même une avalanche de lettres à la rédaction ne réglera pas le problème. La perception existe; et la perception est devenue réalité. C'est une grande difficulté pour nous. C'est pourquoi nous sommes très encouragés de voir le comité effectuer une étude qui pourrait jeter un peu de lumière sur toutes ces questions.

Vous en entendrez beaucoup parler au cours de vos délibérations quand vous tiendrez des audiences un peu partout au Canada. Vous entendrez des points de vue divergents. Celui que je veux vous transmettre, c'est que nous voulons amorcer un dialogue qui débouchera sur une solution à ces problèmes.

Le sénateur Perrault: Vaut-il la peine de faire une étude assez approfondie de tous les aspects de l'industrie? Cela dissiperait-il les inquiétudes? Ce n'est peut-être pas le bon moment.

M. Rideout: Ce serait peut-être la solution, mais vous devrez alors aborder la question de la mise en valeur des stocks. J'ai un peu de misère à faire la différence entre l'aquaculture et la mise en valeur des stocks. Au départ, les deux poissons sont identiques. L'un s'en va dans la mer et nous essayons de le pêcher; l'autre, nous le mettons en cage et le nourrissons, après quoi nous le récoltons. Il n'y a pas de monstre génétique ni dans la pêche ni dans l'aquaculture. S'il y en a, alors c'est le même monstre génétique, peu importe qu'il s'en aille en mer ou qu'il reste pour être récolté. On utilise essentiellement la même technologie de nos jours, que ce soit pour les frayères, ou pour l'aquaculture. C'est une question épineuse.

Le sénateur Carney: Une étude approfondie serait peut-être une bonne idée, mais je pense que la réaction serait négative. Prenons des initiatives comme la politique limitée de la Colombie-Britannique. Le comité pourrait dire: «Examinons la question dans six mois» --, c'est-à-dire une fois que tout sera rentré dans l'ordre. Dans l'intervalle, on sait ce qui s'est passé en Norvège et ailleurs. C'est une excellente idée, mais pour le moment, étant donné l'atmosphère qui règne sur la côte de la Colombie-Britannique, ce serait contre-indiqué.

Je vous suggère d'assister à la conférence du Coastal Community Network. Je veux convaincre le sénateur Perrault d'y assister. La conférence du Coastal Community Network, qui aura lieu le 5 mai, réunira toutes le municipalités et les districts de la côte. Tous les maires seront présents. J'ai inscrit le nom du sénateur Perrault comme conférencier de mon groupe, qui se penchera sur la façon de faire des démarches auprès du gouvernement. Vous et moi sommes très bons à ce jeu. Le nouveau secrétaire général, M. Dave Smith, est un spécialiste de la biologie marine. Vous pourriez faire un exposé devant ce groupe et rejoindre ainsi tous les maires, les municipalités, les districts et les conseils de bande de la côte.

Le sénateur Perrault: C'est une bonne idée.

Le sénateur Carney: Monsieur Rideout, ce qui m'impressionne chez vous, c'est que vous ne prétendez pas avoir réponse à tout. Le principal problème que nous avons sur la côte, c'est que les gens de l'aquaculture disent: «Il n'y a pas de maladie. Il y a beaucoup d'emplois. C'est un avantage net et les retombées sont intéressantes. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.» Pourtant, tout ne va pas pour le mieux. Je pense que votre approche est très utile pour nous, quand vous dites que nous devons intervenir progressivement et adopter les méthodes qui conviennent le mieux dans chaque secteur.

Le sénateur Cook: Monsieur Rideout, je vous renvoie à la page 21 de votre livret. J'ai une connaissance assez limitée des antibiotiques pour les êtres humains. Je m'interroge sur l'utilisation des antibiotiques dans l'élevage des poissons. Les maladies du poisson sont-elles complexes? Sont-elles faciles à identifier? Sont-elles attribuables à des parasites?

Quand il s'agit d'ingérer des antibiotiques, les humains ne sont pas des proies. Les poissons sont des proies et le médicament se retrouve donc dans la chaîne alimentaire. On peut imaginer une foule de scénarios. Par exemple, un pisciculteur se rend compte que ses poissons ne sont pas en très bonne santé, alors il leur administre des antibiotiques. À partir de quel moment fait-il venir un expert? Nous faisons entièrement confiance au pisciculteur pour ce qui est de décider à quel moment le poisson est suffisamment malade pour faire venir le vétérinaire, au lieu de lui administrer simplement une forte dose d'antibiotiques. Dans quelle mesure les pisciculteurs ont-ils la main lourde pour ce qui est d'administrer des antibiotiques?

Je constate par ailleurs que c'est un domaine de compétence partagée. L'utilisation d'antibiotiques dans une industrie soulève beaucoup de questions sans réponse. Quelle est l'incidence des antibiotiques résiduels sur l'eau? La réglementation des antibiotiques pour traiter les maladies du poisson soulève de nombreuses questions.

M. Rideout: Je devrai vous répondre plus tard pour ce qui est des maladies qui nécessitent le recours aux antibiotiques. J'ai posé exactement les mêmes questions quand je suis devenu directeur général de l'inspection du poisson. Il y a environ quatre ans, un directeur de l'inspection m'a amené à un endroit en Colombie-Britannique où il y avait trois employés, dont deux étaient vétérinaires. Ils soumettaient le poisson à des tests et on constatait que les poissons d'âge adulte n'avaient pas tellement besoin d'antibiotiques. Les jeunes poissons sont plus vulnérables.

J'avais été impressionné par l'utilisation de caméras sous-marines pour surveiller le poisson pendant l'alimentation, car on voulait voir si la nourriture tombait au fond. Dès que de la nourriture commençait à se retrouver au fond de l'eau, on savait que le poisson ne mangeait plus et on fermait les nourrisseurs. C'était une méthode assez perfectionnée qui mettait pas mal en confiance.

Pour utiliser les médicaments en question, il faut obtenir une ordonnance d'un vétérinaire, tout comme pour les animaux terrestres ou pour les humains. Je crois savoir que tous les médicaments sont enregistrés à l'Agence d'inspection des aliments et doivent être approuvés pour être utilisés dans l'industrie.

J'ignore quelles maladies exigent de recourir aux antibiotiques, mais je vous enverrai une réponse écrite. Sauf erreur, je crois qu'aujourd'hui, les médicaments sont utilisés surtout pour les jeunes poissons. S'il faut administrer un médicament plus tard, lorsque le moment de récolter le poisson approche, alors l'aquaculteur doit attendre au minimum 45 jours. Si ma mémoire est bonne, c'est le délai requis pour qu'on ne retrouve plus la moindre trace résiduelle du médicament dans la chair de l'animal.

Le sénateur Cook: Il serait utile de savoir quels types d'antibiotiques sont utilisés.

M. Rideout: Je peux obtenir ce renseignement. Je crois savoir que la posologie est établie par les vétérinaires.

Le sénateur Cook: Pas d'après ce que j'ai lu. Le vétérinaire fournit le médicament, mais reste-t-il sur place? Il se contente peut-être de livrer le médicament et d'autres s'occupent de l'administrer.

M. Rideout: Je vais vérifier. Dans l'ensemble, les vétérinaires travaillent de concert avec les compagnies d'aliments pour animaux. Il y a énormément de coordination entre les deux.

Le sénateur Cook: Je soulève peut-être un problème qui n'existe pas. Je n'en sais pas suffisamment long sur les maladies, les antibiotiques, la méthode d'administration, ni sur l'eau et les résidus. C'est un tout nouvel environnement. Un être humain qui reçoit une piqûre de Demerol sait que le produit s'en va dans son sang. Qu'arrive-t-il de ces antibiotiques si on les verse dans l'eau et qu'ils se déposent au fond?

M. Rideout: Comme je l'ai dit, les techniques de surveillance sont assez perfectionnées. Le poisson est un produit alimentaire. Il n'est pas traité différemment de tout autre produit alimentaire. Une bonne partie est exportée, et l'on sait donc que des tests aléatoires sont effectués à la frontière, par exemple par les Américains. Ce n'est pas parce que c'est une industrie nouvelle que l'on aborde à la légère des questions comme l'usage thérapeutique.

Je ne réponds pas à votre question parce que je connais pas la réponse.

Le sénateur Cook: Ce sont des observations plus que des questions. Je veux être rassurée, mais je sais que ce n'est pas votre rôle.

Le sénateur Mahovlich: Je ne suis pas de la côte est ni de la côte ouest; je patrouille plutôt le centre de la glace. Il y a quelques années, il y a eu un problème causé par la moule zébrée dans la région du lac Ontario. Des navires les ont apportées et elles se sont multipliées au point qu'elles ont fini par boucher nos égouts et nos aqueducs. Connaissez-vous cette situation?

M. Rideout: Je crois savoir que les moules zébrées sont arrivées dans l'eau de ballaste des cargos. Le ministère des Pêches et des Océans a maintenant mis en place des exigences assez rigoureuses, par l'entremise de la Garde côtière et dans le cadre de la stratégie des océans, pour s'attaquer à des problèmes comme ceux de l'eau de ballaste. Il existe maintenant des contrôles qui n'étaient pas en place auparavant. Je ne sais pas exactement en quoi ils consistent.

Le sénateur Mahovlich: Les moules se multipliaient de façon effrénée.

M. Rideout: On a introduit un nouvel animal dans un nouveau milieu et il s'est effectivement multiplié de façon effrénée, comme vous dites.

Le sénateur Mahovlich: On a alors introduit un autre poisson qui mange les moules, mais la truite grise mange ce poisson et il est donc difficile d'ensemencer assez de poisson pour manger les moules. Le problème se multiplie au fur et à mesure. Ils n'ont pas encore réussi à se débarrasser des moules, n'est-ce pas?

M. Rideout: Je ne crois pas. Sauf erreur, je pense qu'elles agrandissent leur territoire.

Le sénateur Mahovlich: C'est encore un problème.

M. Rideout: Cela n'a rien à voir avec l'aquaculture, mais c'est un problème. C'est un problème qui a été introduit avec l'eau de ballaste de cargos étrangers.

Le sénateur Mahovlich: Nous devons voir tout cela dans la perspective mondiale, parce que tout ce que nous faisons dans nos océans a des incidences dans le monde entier. Nous devons aussi nous tenir au courant de ce qui se fait en Europe. Le monde n'est pas tellement grand.

M. Rideout: Non, et les problèmes des océans intéressent le monde entier. Le Canada a la chance d'avoir trois océans et je pense que nous sommes le seul pays à avoir une Loi sur les océans, quoique je puisse me tromper.

Le sénateur Mahovlich: La Turquie en a quatre.

M. Rideout: Quatre océans? J'essayais seulement de vous impressionner avec mes connaissances sur les océans, mais je n'y parviens pas tellement, et je vais donc m'arrêter là.

Je conviens que certaines questions entourant l'aquaculture doivent être discutées dans un cadre mondial. Je crois savoir que le comité des pêches de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture envisage la création d'un sous-comité de l'aquaculture qui serait chargé de lancer le débat, car il y a beaucoup d'aquacultures ailleurs dans le monde, notamment dans l'Asie du Sud-Est où l'on produit des crevettes. C'est une industrie importante et en plein essor et la FAO croit que l'aquaculture répondra en grande partie à la demande de protéines dans le monde.

Le sénateur Perry Poirier: Pour ma part, je ne suis pas un «joueur de centre», puisque je viens de la côte est. J'ai d'un côté le détroit de Northumberland et de l'autre côté le golfe du Saint-Laurent. Il y a un problème dans le cas de la morue et je me demandais si le problème a un rapport avec les phoques qui mangent le poisson ou si ce sont plutôt les gros bateaux qui prennent tout le poisson.

Je sais que nous avons des fermes piscicoles où l'on élève notamment le saumon et la truite. Y a-t-il des fermes d'élevage de la morue?

M. Rideout: On fait un peu de R-D sur le poisson de fond. Pour ce qui est de la morue, il y a un domaine qui est encore controversé mais où l'on a démontré que le rapport est très bon, c'est celui de l'engraissement de morues pêchées au filet de fond. En quelques mois, la valeur de la morue peut doubler; on les prend au filet et on les met dans des cages pour les engraisser pendant l'été. La pêche à la morue ou au filet de fond est traditionnelle à Terre-Neuve. Je ne sais pas si l'on pratiquait cette pêche à l'Île-du-Prince-Édouard, mais c'est en tout cas un domaine très prometteur. Cela pose toutefois la question du poisson sauvage par opposition au poisson d'élevage et il faut se demander si c'est vraiment de l'aquaculture.

Le sénateur Perrault: Les poissons deviennent plus gros?

M. Rideout: Oui, et on obtient un bien meilleur produit pour la mise en marché. Je ne veux pas dénigrer la pêche à la morue, mais je pense que le produit de cette pêche servait en grande partie, du moins en période d'abondance, à alimenter l'industrie des blocs de morue, qui produisait des bâtonnets de poisson, des portions prêtes à manger, etc. Je pense que cette industrie n'existe pratiquement plus. Avec l'engraissement, on peut se diriger plutôt vers le secteur de la gastronomie, en obtenant des poissons de bonne taille et de bonne qualité, mais n'oubliez pas que je n'en suis qu'à mon septième jour et je peux me tromper dans tout cela. Je crois comprendre qu'il y a là un certain potentiel, mais qu'il y a aussi certaines questions qui se posent en ce qui a trait au conflit entre les pêcheurs et les aquaculteurs.

Pour revenir à votre question, je ne sais pas s'il existe des fermes d'élevage de la morue, mais je peux vérifier. Je sais toutefois que l'on désire ardemment faire de la R-D sur le poisson de fond. Je pense que l'on fait des recherches assez poussées sur le flétan à St. Andrew's. Je sais que vous avez l'intention d'y aller. On y fait aussi des travaux sur l'esturgeon.

Le sénateur Carney: S'agit-il du flétan de la côte ouest?

M. Rideout: Oui.

Le sénateur Carney: Sur la côte est?

M. Rideout: Il y a un important secteur de la pêche au flétan sur la côte est, oui, et un certain nombre de pêcheurs au flétan de la côte ouest viennent de ma région du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

Je pense que la morue charbonnière, que l'on appelle aussi «morue noire», s'appelle ainsi parce que les gens de la côte est appelait tout «morue». Je sais qu'il y a un bon nombre de Terre-Neuviens et de Néo-Écossais qui sont allés pêcher le flétan sur la côte ouest.

Le sénateur Perry Poirier: On fait l'élevage des pétoncles, on fait l'élevage des moules, pourquoi ne pouvons-nous faire l'élevage des homards?

Le sénateur Perrault: On ne peut pas le faire en Colombie-Britannique non plus.

Le sénateur Perry Poirier: Il n'y a pas de fermes d'élevage du homard. Est-ce impossible?

M. Rideout: Il y a une chose que l'on n'a pas précisé dans ma biographie, c'est le fait que j'ai été pendant un certain temps directeur général du Conseil pour la conservation des ressources halieutiques, et l'un des projets auxquels j'ai travaillé au conseil concernait justement le homard. D'après les consultations que nous avons faites sur le homard, j'ai l'impression que ce qui se fait actuellement est satisfaisant et que personne ne veut le changer et que si l'on se lançait dans l'aquaculture du homard, cela soulèverait une foule de questions mettant en cause la récolte du homard sauvage: la récolte du naissain, toute la question de savoir si la côte nord de l'Île-du-Prince-Édouard va chercher ses oeufs sur la côte nord du Nouveau-Brunswick, l'action des marées. C'est une question extraordinairement difficile et c'est une pêche très lucrative.

Le sénateur Perry Poirier: Il me semble qu'il ne devrait pas y avoir de problème à se procurer des oeufs, puisqu'on peut les prendre n'importe quand.

M. Rideout: Mais on n'a pas le droit de garder une femelle oeuvée.

Le sénateur Perry Poirier: C'est vrai, mais ne pourrait-on pas préciser dans la loi qu'un aquaculteur peut vendre quelques femelles ou un peu de frai?

M. Rideout: De mon point de vue, si l'on décidait d'aider l'industrie de l'aquaculture à mettre au point de nouvelles espèces, comme le homard, il faudrait alors une discussion assez approfondie sur la gestion et la conservation des homards, avant d'autoriser le prélèvement de femelles oeuvées. Cela met en cause la question du stock de géniteurs. Le homard est un stock en particulier, mais pour beaucoup d'autres espèces, l'accès au stock de géniteurs est une question très importante. Nous avons au Canada une industrie de l'aquaculture très talentueuse et je crois que si on lui donne l'occasion d'élever le homard, cela pourrait devenir une industrie très lucrative. Cela exigerait toutefois un important changement de politique.

Le sénateur Mahovlich: Vous avez mentionné l'esturgeon.

M. Rideout: Il se fait un peu de recherche sur l'esturgeon à St. Andrew's.

Le sénateur Mahovlich: Vendons-nous beaucoup de caviar? Je ne me rappelle pas avoir jamais vu du caviar canadien sur le marché. Je sais que nous avons beaucoup de rivières.

M. Rideout: Je crains de ne pouvoir répondre à cette question. Je ne sais pas.

Le sénateur Perrault: Au sujet de la production de homard au Canada, nous avons tenté à au moins trois reprises d'introduire le homard dans les eaux de la Colombie-Britannique et je crois que ce fut un échec total, à moins que quelqu'un puisse me prouver le contraire. Par contre, on a découvert qu'à au moins deux reprises, les pinces des homards étaient attachées au moment où on a jeté les homards par-dessus bord. Ce fut un scandale dans le secteur des pêches sur la côte. A-t-on fait d'autres efforts dans ce domaine, ou bien n'est-ce pas de votre compétence?

M. Rideout: Je crains que ce ne soit pas mon domaine et je suis déjà un peu inquiet au sujet de certaines choses que j'ai déjà dites. Le ministère des Pêches et des Océans communiquera peut-être avec moi demain matin.

Je crois savoir que l'on a fait un effort pour introduire le saumon de l'Atlantique en Colombie-Britannique à la fin du XIXe siècle, mais cela n'avait pas marché.

Le sénateur Watt: Combien de temps faut-il pour qu'un saumon d'élevage de l'Atlantique atteigne une taille commercialisable, un an, deux ans, trois ans?

M. Rideout: En moyenne, il faut environ 18 mois. Certains de nos concurrents y parviennent en 12 mois.

Le sénateur Watt: Le saumon de rivière sauvage prend normalement trois ou quatre ans et passe une période équivalente dans l'océan, n'est-ce pas?

M. Rideout: Je ne peux pas répondre à cela. Je croyais savoir que le saumon partait vers l'océan moins d'un an après sa naissance et revenait quatre ans plus tard. Je peux me tromper, mais je crois que c'est un cycle de quatre ans. C'est peut-être différent en Colombie-Britannique. Parlez-vous du saumon de l'Atlantique?

Le sénateur Watt: Oui, du saumon de l'Atlantique, mais je crois que c'est la même chose.

M. Rideout: Lorsque le saumon de l'Atlantique fraie, il ne meurt pas, il retourne à la mer l'année suivante, et il revient ensuite quatre ans plus tard et passe une bonne partie de sa vie autour du Groenland.

Le sénateur Watt: Quand on a commencé à faire l'élevage du saumon, nous, dans le Nord, nous intéressions de près à la commercialisation du saumon de l'Atlantique. À un moment donné, nous ne pouvions plus faire concurrence au poisson d'élevage. Il m'a fallu faire autre chose pour survivre, parce que je m'occupais beaucoup de pêche commerciale du saumon de l'Atlantique.

À votre connaissance, a-t-on réfléchi à la possibilité de faire l'élevage du poisson dans l'Arctique?

M. Rideout: Je crains de ne pas connaître la réponse à cette question. Je n'essaierai pas d'y répondre. Je verrais ce que je peux trouver à ce sujet, mais je soupçonne que la glace, la température de l'eau et le marché seraient trois facteurs influents sur le succès de l'entreprise.

Le sénateur Watt: Ce sont les trois principaux facteurs.

J'ai participé à des études sur le sujet. J'ai visité divers pays, dont la Norvège. À chaque fois que nous avons l'impression de progresser, nous retombons dans le découragement à cause des trois éléments que vous venez de mentionner: l'eau froide, l'épaisseur de la glace et la distance du marché. C'est une équation impossible.

Récemment, certains d'entre nous dans le Nord ont exploré d'autres manières d'élever l'omble de l'Arctique, car les stocks commencent à diminuer dans une certaine mesure et nous devons trouver le moyen de les augmenter. Le stock est aujourd'hui à peine suffisant pour nourrir la population croissante de l'Arctique, sans parler d'exporter vers le Sud ou les marchés internationaux.

Nous envisageons d'ensemencer des oeufs provenant de nos rivières et de nos lacs. Nous n'en sommes pas encore au point où nous pouvons dire que ce sera couronné de succès, car c'est tout à fait nouveau. Nous commençons à peine à obtenir certains résultats. Toute cette entreprise est très coûteuse.

L'une des raisons pour lesquelles j'étais content de devenir membre de ce comité-ci, c'est que je reconnais que nous devons être le mieux renseignés possible à ce sujet avant de pouvoir trouver des solutions. De plus, nous devons tenir compte de ce que le gouvernement peut faire dans le domaine de la réglementation, de l'aide, etc.

Je ne crois pas que cela relève vraiment de votre compétence, monsieur Rideout, mais peut-être pourriez-vous nous en toucher un mot.

M. Rideout: La personne qui peut répondre à beaucoup de vos questions est le commissaire au développement de l'aquaculture qui, sauf erreur, comparaîtra devant vous le 22 février. Il m'a parlé du pacage marin, et c'est ce dont vous venez de parler. Il connaît très bien la question.

J'ai parlé tout à l'heure des coquillages et j'ai dit que les aquaculteurs ensemencent un secteur avec du naissain que les pêcheurs commerciaux récoltent par la suite. Tout cela exige beaucoup de coordination, mais on a eu beaucoup de succès pour les pétoncles. On essaie maintenant de faire la même chose dans la baie de Fundy, autour de Digby, sauf erreur.

M. Bastien connaît très bien la question du pacage marin et il serait probablement préférable de lui poser cette question. Il pourrait y répondre mieux que moi.

Le sénateur Robertson: Monsieur Rideout, dans votre introduction, vous avez parlé de la concurrence et des stocks qui donnent le meilleur rendement. Quels pays ont les stocks les plus performants ?

M. Rideout: Il y a un stock de saumon utilisé en Europe qui suscite passablement d'inquiétudes pour ce qui est de son acclimatation dans l'aquaculture au Canada. Si je comprends bien, ils arrivent à produire des poissons vendables beaucoup plus vite que nous ne le pouvons avec nos stocks traditionnels.

Le sénateur Robertson: Est-ce grâce à une modification génétique?

M. Rideout: Non, c'est simplement une caractéristique de ce poisson. Il y a toutefois des problèmes de confinement. On se demande notamment ce qui se passerait si le poisson s'échappait.

Au minimum, l'industrie doit être en mesure de faire des recherches, non pas en vue de l'engraissement commercial pour le moment, mais plutôt pour voir si cette espèce serait viable au Canada et si le potentiel pourrait être aussi intéressant qu'il l'est en Europe. Peut-être devrait-on travailler avec des variétés canadiennes pour voir si l'on pourrait trouver des variétés de saumon qui nous donneraient de meilleurs résultats.

Nous devons concentrer notre attention sur la R-D afin d'aboutir à un niveau de confinement commercialement viable présentant un risque minimal de fuites, et aussi pour comprendre ce qui se passerait si des poissons s'échappaient et savoir quelles mesures on pourrait prendre à ce moment-là.

À mon avis, si nous voulons vraiment prendre une part active dans cette industrie, le gouvernement doit, par ses politiques, s'assurer que nous pouvons devenir concurrentiels à l'échelle internationale. Notre industrie fait ce qu'elle peut pour y parvenir de manière à ne pas nuire à l'environnement, car elle ne veut rien détruire.

Le sénateur Robertson: Il y a une chose que je ne savais pas, et peut-être que les autres membres du comité ne le savaient pas non plus, et c'est qu'il faut que les poissons meurent avant que l'on soit indemnisé.

M. Rideout: Je crois que c'est ainsi que fonctionne l'assurance des entreprises. C'est d'ailleurs un des problèmes que pose l'absence de programme de gestion des maladies du poisson. Il faudrait faire preuve de concertation pour résoudre le problème de gestion des maladies du poisson.

Le sénateur Robertson: Suggérez-vous que le comité recommande vigoureusement aux autorités compétentes de se pencher sur ce dossier? Après tout, le problème est peut-être catastrophique pour tout pisciculteur. Dès qu'un agriculteur trouve une de ses vaches malade, il se fait envahir par toutes sortes d'experts qui veulent protéger son troupeau; mais le pisciculteur qui trouve un de ses poissons malade ne reçoit aucune aide, pour sa part. Il faut corriger la situation.

M. Rideout: Je suis d'accord avec vous. Lorsque vous serez à St. Andrew's, je vous suggérerais d'aller rencontrer certains pisciculteurs qui font face à ce problème de première main pour savoir comment cela les touche. Les pisciculteurs essaient de faire preuve d'autant de créativité que possible pour trouver une façon de résoudre ce problème. Toutefois, si le Canada veut sérieusement mettre en valeur son industrie de l'aquaculture, il faut que nous nous occupions assez rapidement de gérer les maladies du poisson.

Le sénateur Robichaud: Monsieur Rideout, vous venez tout juste de parler de contrôler la maladie, mais plus tôt, vous avez mentionné la protection de la santé des poissons. S'agit-il de la même chose?

M. Rideout: Oui.

Le sénateur Robichaud: Vous dites qu'advenant l'instauration d'un programme de gestion des maladies du poisson, les coûts chuteraient de 70 à 4 millions de dollars.

M. Rideout: On me demande souvent d'où j'ai tiré ces chiffres. Le montant de 70 millions de dollars nous vient des pisciculteurs. Le montant de 4 millions de dollars est celui auquel j'ai évalué moi-même la situation, car j'estime que l'instauration d'un programme de gestion permettrait à chacun de réagir rapidement, obligerait les aquaculteurs à faire rapport, et mettrait en place un système de surveillance qui permettrait de lutter rapidement contre la maladie. Il deviendrait alors possible d'éliminer les maladies qui se répandent dans les compartiments à poisson, tout en indemnisant les pisciculteurs.

Il est très important pour vous de communiquer directement avec les pisciculteurs, mais si j'ai bien compris ce qui s'est déjà passé, certains pisciculteurs ont dû attendre que leurs poissons meurent, tout simplement parce qu'ils avaient des assurances privées. Entre-temps, la maladie s'était répandue. Dès lors que l'on parle de gestion de la santé des poissons, on n'a plus à protéger les pisciculteurs contre eux-mêmes. Il faut savoir si une maladie provient des poissons sauvages ou si elle s'est répandue chez les poissons sauvages à partir d'un autre milieu. Il faut pouvoir réagir rapidement et efficacement dès que se pose un problème de santé chez les poissons.

Le sénateur Robichaud: Ai-je bien compris que votre association serait prête à collaborer avec les autorités pour prendre part à un programme de ce genre?

M. Rideout: Après sept jours, je répondrais affirmativement. Il nous faut trouver des solutions efficaces, qui protègent l'aquaculture, la population et les poissons sauvages.

Le sénateur Robichaud: Il faudrait qu'une étude propose un programme quelconque, pour que nous puissions en évaluer le coût pour l'aquaculture et pour le gouvernement. Y a-t-il quelque chose qui a déjà été fait en ce sens?

M. Rideout: Je crois que le commissaire au développement de l'aquaculture travaille déjà dans ce domaine. Mais je ne sais pas s'il tente d'évaluer les coûts. Dès lors qu'on ne considère pas le problème comme étant uniquement lié au Nouveau-Brunswick -- c'est-à-dire comme étant uniquement un problème d'anémie infectieuse du saumon -- mais plutôt comme un objectif national de garder nos poissons en santé, il faut réunir les intéressés pour ouvrir le dialogue et évaluer la situation. À mon avis, c'est même urgent.

Le sénateur Carney: Le problème de l'assurance, que je ne soupçonnais pas, est important, car on a l'impression sur la côte ouest que dès que les pisciculteurs voient leurs poissons mourir, ils les expédient à l'usine de transformation du poisson. Autrement dit, si le pisciculteur n'a pas d'assurance, il n'a qu'une autre solution, c'est d'expédier ses poissons à l'usine. J'ai visité moi-même des usines de transformation qui avaient été frappées lourdement par la maladie. C'est un problème important, et je vous remercie de l'avoir soulevé.

L'autre chose qui ennuie les gens de la côte ouest, c'est la pêche au poisson sauvage en vue d'en faire de la farine de poisson dont on nourrit ensuite les poissons en aquaculture. J'imagine qu'on parle de saumon rose ou de saumon kéta, n'est-ce pas?

M. Rideout: Je crains de ne pouvoir répondre.

Le sénateur Carney: On parle d'un poisson de moindre valeur, mais les gens n'aiment pas savoir que l'on attrape du poisson pour en faire de la farine de poisson dont on nourrit ensuite les poissons élevés en pisciculture. Voilà encore un autre problème. Rappelez-vous que c'est parce qu'on a nourri du bétail en Europe avec du fourrage pour le bétail que la maladie de la vache folle s'est répandue. C'est en tout cas la façon dont les gens de la côte ouest perçoivent le problème. Mais si vous ne voulez pas nourrir votre poisson de pisciculture avec des aliments chimiques ou synthétiques, mais que par ailleurs on vous en veuille de les nourrir avec de la farine de poisson sauvage, vous êtes pris entre l'arbre et l'écorce. Qu'avez-vous à dire là-dessus?

M. Rideout: Que je sache, une bonne partie des aliments pour poisson proviennent de stocks sous-utilisés et particulièrement d'espèces pélagiques.

Le sénateur Carney: Qu'est-ce que l'on considère aujourd'hui comme étant une espèce pélagique? Sur la côte ouest, le hareng se fait aujourd'hui rare, il n'y plus d'espèces sous-utilisées. En fait, l'industrie de la pêche cherche désormais à utiliser des espèces qui n'étaient pas prisées jusqu'à maintenant.

M. Rideout: Je comprends. Je pourrai vous répondre plus tard, mais que je sache, le poisson utilisé ou transformé en aliments pour poisson ne provient pas de la Colombie-Britannique. Mais je me trompe peut-être.

Le sénateur Carney: À vous de voir cela. J'ai entendu dire qu'il s'agissait de saumon de moindre valeur, mais même la roussette de la côte ouest est commercialisée au Japon ou ailleurs sous l'appellation du requin du Pacifique, pour la simple raison que nous ne voudrions pas consommer de roussette.

M. Rideout: Je vous ferai savoir. Je m'excuse de ne pouvoir vous répondre maintenant.

Le sénateur Perrault: J'ai une petite histoire à vous raconter au sujet de la commercialisation du poisson. Il y a des années de cela, on consommait en Colombie-Britannique deux espèces de poisson, le saumon kéta et le saumon rouge. Or, comme les commerçants du saumon kéta se faisaient battre à plat de couture par les autres, ils ont décidé d'inscrire sur leurs boîtes de conserve «couleur rouge garantie». Cela a fait toute la différence dans la mise en marché de leurs produits, et leur campagne fut un succès. C'est une histoire vraie.

Cette réunion fut des plus utiles, car vous nous avez donné des renseignements précieux.

Le président: Monsieur Rideout, j'aurais une brève question à vous poser avant de vous laisser aller.

On a dit plus tôt que certains avaient essayé d'introduire le saumon de l'Atlantique sur la côte ouest et on a expliqué pourquoi. Que je sache, le saumon de la côte est, dit de l'Atlantique, est un saumon beaucoup plus domestiqué que le saumon de la côte ouest, ce qui expliquerait qu'il soit moins sujet aux maladies de choc ou de stress qui induisent toutes sortes de réactions chimiques dans le corps du poisson. Est-ce la raison pour laquelle le saumon de l'Atlantique a été introduit sur la côte ouest? Les espèces de la côte ouest sont-elles véritablement plus sujettes aux maladies causées par la tension?

M. Rideout: La logique me pousserait à répondre affirmativement, mais je n'en sais vraiment rien. Je soupçonne que le saumon de l'Atlantique est plus facile à élever. De plus, il est extrêmement bien accepté sur le marché, ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas aussi le cas du saumon de la Colombie- Britannique, bien évidemment, mais j'imagine que cela explique en partie la situation.

Je recommuniquerai avec vous là-dessus.

Le président: Je vais vous donner copie des questions dont a parlé le sénateur Carney de même que la liste des questions préparées par notre attaché de recherche. Sentez-vous bien libre de répondre en détail à celles qui ne vous ont pas été posées ce soir.

Pour quelqu'un qui n'a assumé ce poste que depuis sept jours, vous démontrez par votre témoignage que vous connaissez déjà à fond votre sujet. Il semble bien que votre carrière au ministère des Pêches et des Océans vous a été bien utile. Je suis convaincu que vos membres y trouveront leur compte. Vous nous avez donné un témoignage impressionnant qui nous sera très précieux. Au plaisir de travailler à nouveau avec vous à l'avenir.

La séance est levée.


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