37-1
37e législature,
1re session
(29 janvier 2001 - 16 septembre 2002)
Choisissez une session différente
Délibérations du Comité sénatorial permanent
des finances nationales
Fascicule 20 - Témoignages
| OTTAWA, le mercredi 26 septembre 2001
|
| Le Comité sénatorial permanent des finances nationales se
réunit aujourd'hui à 17 h 47 pour examiner le rôle du
gouvernement dans le financement des coûts de l'entretien différé
dans les établissements postsecondaires du Canada.
|
| Le sénateur Lowell Murray (président) occupe le fauteuil.
|
| [Traduction]
|
| Le président: Honorables sénateurs, c'est notre quatrième et
dernière séance publique concernant l'ordre de renvoi que le
Sénat a fait parvenir à notre comité afin d'examiner le rôle du
gouvernement dans le financement des coûts de l'entretien différé
dans les établissements postsecondaires du Canada. L'ordre de
renvoi a été adopté par le Sénat le 13 juin 2001 et il est demandé
au comité de faire rapport au 31 octobre.
|
| Nous recevons ce soir deux organisations: l'Alliance canadienne des associations étudiantes et la Fondation canadienne pour
l'innovation. Nous entendrons pour commencer les représentants
de l'Alliance canadienne. Nous accueillons M. Liam Arbuckle,
directeur national, et M. Rob South, coordonnateur des relations
gouvernementales. J'invite M. Arbuckle à commencer.
|
| M. Liam Arbuckle, directeur national, Alliance canadienne
des associations étudiantes: Je vous remercie de me donner
l'occasion de vous parler de la question des coûts de l'entretien
différé accumulés dans les universités du pays.
|
| J'aimerais tout d'abord dire quelques mots à propos de
l'organisation que je représente. L'Alliance canadienne des
associations étudiantes (ACAE) est un groupe apolitique qui
représente les intérêts de 23 universités et collèges auprès du
gouvernement fédéral. Elle veille à ce que les intérêts de plus de
310 000 étudiants, représentés par nos membres, soient défendus
d'une façon professionnelle, documentée et réfléchie de même
que dans un esprit de coopération. Je crois que ces valeurs seront
manifestes dans notre exposé.
|
| Bien entendu, comme pour toute grande question, il est difficile
d'examiner l'entretien différé indépendamment du plus vaste
contexte dans lequel se pose le problème. Je vais vous dire
aujourd'hui comment, à notre avis, autant d'entretien différé a été
accumulé et pourquoi c'est un problème pour les étudiants. Je vais
ensuite vous proposer des mesures pour atténuer ce problème.
|
| De façon générale, au cours des deux dernières décennies, le
financement des budgets de fonctionnement des universités a
diminué au pays. Bien que ce financement relève de la
compétence et du contrôle des provinces, nous devons nous
rendre compte que les réductions effectuées dans les paiements de
transfert fédéraux aux provinces ont joué un rôle non négligeable
dans cette diminution.
|
| En 1991, le gouvernement du Canada a transféré 2,1 milliards
de dollars aux provinces au titre de l'éducation postsecondaire. Si
on ajoute à ce chiffre les 6,7 milliards de dollars pour les soins de
santé et les 6,1 milliards de dollars pour les programmes sociaux,
on obtient 14,9 milliards de dollars qui, en fait, correspondent à
ce que représentait le Transfert canadien en matière de santé et de
programmes sociaux à l'époque. Au cours de l'année financière
2000-2001, les paiements aux provinces en vertu du TCSPS n'ont
été que de 13,5 milliards de dollars. Donc, en 10 ans, le
financement a diminué de 1,4 milliard de dollars, sans même tenir
compte de l'inflation. On a annoncé que des augmentations
seraient consenties dans les années à venir
|
| Il est à noter qu'au cours de cette période, les paiements de
péréquation ont augmenté de 2,8 milliards de dollars, mais que
ces fonds sont destinés aux dépenses générales dans les provinces
les moins bien nanties et ne sont pas affectés à des programmes
sociaux en particulier. Dans les provinces, cette diminution du
financement s'est en grande partie fait sentir dans les programmes
d'enseignement postsecondaire, de santé et sociaux. Beaucoup
d'universités font face aux réductions du financement ou à des
augmentations inférieures au taux d'inflation de deux manières:
elles augmentent les frais de scolarité et réduisent leurs dépenses.
|
| En réduisant leurs dépenses, bien des universités ont fait trois
choses qui ont eu un effet très négatif sur les étudiants. Elles ont
réduit le nombre de professeurs. Elles ont augmenté le nombre
d'étudiants par classe. Elles ont réduit les dépenses au titre de
l'entretien des immeubles et de l'équipement.
|
| Ces réductions sont responsables en grande partie de l'accumulation de 3,6 milliards de dollars d'entretien différé décrite dans
le récent rapport de l'Association canadienne du personnel
administratif universitaire. Le vieillissement des installations, la
hausse des frais généraux des universités et l'augmentation du
nombre d'inscriptions sont d'autres facteurs qui ont contribué à ce
problème.
|
| Ces 3,6 milliards de dollars d'entretien différé ne sont
cependant qu'un chiffre. Ils seront traités comme tel jusqu'à ce
que nous comprenions quels problèmes l'entretien différé cause
aux étudiants du pays.
|
| Le plus évident concerne la sécurité. Il n'existe malheureuse
ment pas d'étude nationale sur la sécurité matérielle des étudiants
et des professeurs dans les universités du pays. J'aimerais que le
comité sache cependant, au moins de temps en temps, que cela est
un sujet de préoccupation.
|
| Ces dernières années, des immeubles ont été condamnés à
l'Université de la Saskatchewan durant les examens de fin
d'année et des flaques d'eau provenant de fuites dans les toits se
forment sur les planchers à l'Université Dalhousie; l'an dernier,
une tuile de plafond est tombée sur la tête d'un étudiant au milieu
d'un cours à l'Université McGill. Tous ces problèmes auraient pu
être évités avec un entretien approprié.
|
| L'entretien différé nuit également à la qualité de l'enseigne
ment qu'un étudiant universitaire reçoit. Dans bien des salles de
classe, on ne peut utiliser du matériel didactique moderne parce
que les améliorations nécessaires n'ont pas été apportées à
l'infrastructure technologique. La situation est pire dans beaucoup
de laboratoires où les étudiants doivent faire des expériences
pratiques. Il est impossible d'apprendre des techniques modernes
de recherche si un laboratoire ne peut utiliser de l'équipement
moderne.
|
| Ce manque d'infrastructure adéquate dans les laboratoires peut
également avoir un effet sur la capacité des étudiants à acquérir
une expérience de travail digne de ce nom. Si un professeur ne
dispose pas de l'espace de recherche nécessaire pour employer
des assistants de laboratoire, les étudiants seront privés d'occa
sions d'enrichir leur curriculum vitae.
|
| Cette incapacité de faire de la recherche dans des conditions
appropriées influe également sur la conservation du personnel.
C'est une autre préoccupation de l'ACAE au sujet de l'entretien
différé. La qualité de la formation que reçoit un étudiant et
l'étendue de la réputation d'une université dépendent de la qualité
des professeurs qui enseignent dans une université particulière. À
l'heure actuelle, la concurrence internationale est vive pour de
nombreux professeurs canadiens. Si nos installations de recherche
ne sont pas à la hauteur, nous pourrions perdre beaucoup de
professeurs de qualité. Par exemple, une biologiste réputée a
récemment quitté l'Université de la Colombie-Britannique pour
aller à l'université Stanford aux États-Unis parce que le système
de ventilation à UBC était dans un tel état de délabrement qu'il ne
pouvait maintenir la température constante que sa recherche
exigeait.
|
| Enfin, l'entretien différé représente un problème pour les
étudiants parce qu'il est probable que ces coûts leur seront refilés
par le biais d'une augmentation des frais de scolarité. Plus tôt, au
cours de mon exposé, j'ai expliqué de quelle façon le financement
avait diminué ces 10 dernières années pendant que les frais de
scolarité augmentaient de façon spectaculaire. En fait, ces 10
dernières années, les frais de scolarité moyens versés par un
étudiant inscrit en arts au niveau du baccalauréat ont augmenté de
126 p. 100. Les augmentations ont même été plus fortes pour
beaucoup d'étudiants inscrits à des programmes professionnels.
|
| Je ne veux pas m'étendre sur la question des frais de scolarité,
mais je manquerais à mes devoirs si je ne disais pas clairement au
comité que l'ACAE estime que la situation est très préoccupante
pour ce qui est de l'accessibilité économique à l'enseignement
postsecondaire au pays. Je vais utiliser deux exemples statistiques
différents pour illustrer mes propos.
|
| D'après un sondage Ipsos-Reid effectué récemment pour le
compte d'Alberta Learning, 44 p. 100 des diplômés d'écoles
secondaires de l'Alberta ont indiqué ne pas fréquenter un
établissement postsecondaire en raison des frais obligatoires et des
frais de scolarité élevés.
|
| Quand les frais de scolarité de la faculté de médecine de
l'université Western Ontario sont passés de 4 844 $ en 1998 à
10 000 $ en 2000, le revenu familial brut des parents d'un
étudiant inscrit en première année a augmenté radicalement. Il
s'établit maintenant à 140 000 $ par année comparativement à
80 000 $ il y a trois ans seulement.
|
| De toute évidence, les étudiants ne veulent pas qu'on leur refile
plus de coûts. Je crois que nous devons nous rendre compte que
l'imposante facture de l'entretien différé accumulée risque d'être
refilée aux étudiants. Il est impératif d'agir pour empêcher cela
car le temps presse.
|
| Je crois avoir montré aujourd'hui que les universités ont
effectivement une propension à solutionner les crises budgétaires
en refilant les coûts aux étudiants. Ces coûts seront beaucoup plus
élevés si le problème de l'entretien différé n'est pas réglé bientôt.
|
| Le rapport de l'ACPAU dont j'ai parlé indique qu'il est urgent
de s'attaquer au 1,2 milliard de dollars d'entretien différé
accumulé dans les universités canadiennes. Cela signifie que si
l'on n'agit pas bientôt, les coûts ne pourront que grimper en
flèche.
|
| Je vais vous en donner un exemple à l'Université de la
Colombie-Britannique. En 1997, il s'est produit une panne
épouvantable du système de ventilation central au Centre
asiatique de l'université. Il a fallu 12 semaines pour réparer le
système au coût de 23 000 $. Si l'on avait effectué un entretien
préventif, cela aurait pris deux jours et coûté 1 500 $. On peut se
demander pourquoi cet entretien préventif n'a pas été effectué. La
réponse est à la fois simple et regrettable. Avec environ 255
millions de dollars accumulés en entretien différé, UBC ne peut se
permettre de faire tout l'entretien préventif nécessaire. Bien
d'autres universités du pays sont dans la même situation.
|
| La triste condition des installations matérielles de beaucoup
d'universités est une question qui est reléguée au second plan
depuis trop longtemps. C'est une question qu'on avait également
déjà relevée. En 1997, le Comité sénatorial spécial sur l'enseigne
ment postsecondaire a recommandé que le gouvernement fédéral
entame des négociations avec les provinces en vue d'élaborer un
programme conjoint pour mettre un terme à la détérioration
grandissante de l'infrastructure matérielle des bibliothèques des
collèges et des universités.
|
| Tout comme le comité sénatorial spécial, l'ACAE estime que le
gouvernement fédéral a un important rôle à jouer dans l'éducation
postsecondaire. En outre, nous estimons que l'enseignement
postsecondaire est, et doit continuer d'être un élément clé du
programme du gouvernement fédéral au titre de l'acquisition des
compétences, de son programme d'innovation et de sa responsabi
lité comme gouvernement de favoriser une économie forte et
saine.
|
| Pour faire en sorte que les installations matérielles des
universités puissent remplir ce rôle, nous recommandons deux
grandes mesures. Tout d'abord, pour régler le problème actuel de
l'entretien différé, nous recommandons au gouvernement fédéral
de créer une enveloppe budgétaire de 1,2 milliard de dollars.
Deuxièmement, pour empêcher que le problème ne se reproduise,
nous lui recommandons de travailler en collaboration avec les
provinces pour élaborer un accord de financement de 1 milliard
de dollars par année destiné exclusivement au financement accru
de l'enseignement postsecondaire.
|
| Je sais que le prix semble élevé, mais nous ne devons pas
oublier de considérer l'éducation comme un investissement dans
notre économie, et non pas comme un coût.
|
| Permettez-moi de soumettre à votre réflexion les observations
de Stéphane Garelli, le directeur du World Competitive Project
respecté à l'échelle internationale. Voici ce qu'il a dit:
|
Le savoir constitue peut-être le facteur de compétitivité le plus crucial. Au fur et à mesure que les pays s'élèvent dans l'échelle économique, ils comptent de plus en plus sur le savoir pour asseoir leur prospérité et faire face à la concurrence dans les marchés mondiaux. Il appartient à chaque nation de déterminer de quelle façon le savoir est acquis et administré. Car, en fait, les nations se livrent à la concurrence.
|
| Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir donné
l'occasion de vous présenter nos vues ce soir. J'ai hâte de
répondre à vos questions.
|
| J'aimerais terminer en citant un extrait de Working and
Thinking on the Waterfront d'Eric Hoffer:
|
C'est à sa capacité à entretenir qu'on mesure le mieux la vigueur et la résistance d'une société. On peut stimuler n'importe quelle société pendant un certain temps pour qu'elle construise quelque chose, mais la volonté et la capacité à conserver les choses en bon état, continuellement, sont plutôt rares.
|
| Le sénateur Moore: C'est bon de revoir M. South et
M. Arbuckle. Je suis heureux de dire que M. Arbuckle est
diplômé de l'université St. Mary's, monsieur le président.
|
| Le président: Il est originaire d'Amherst, en Nouvelle-Écosse,
et M. South est diplômé de l'Université de Calgary.
|
| Le sénateur Moore: Les remarques des témoins m'ont
intéressé. D'autres témoins, y compris les représentants de
l'ACPAU et de l'AUCC qui étaient ici hier, nous ont fait les
mêmes commentaires. L'Alliance canadienne des associations
étudiantes, quand elle est devenue au fait de cette situation,
a-t-elle communiqué avec ces groupes, les pressant d'intervenir?
Qu'a fait votre organisation?
|
| M. Arbuckle: Nous échangeons constamment avec l'AUCC.
Sur cette question, nous partageons les mêmes idées. Cela ne veut
pas nécessairement dire que nous voyons les mêmes solutions à
ces problèmes, mais nous reconnaissons que les universités et les
collèges, de même que les étudiants, connaissent les mêmes
problèmes.
|
| C'est la deuxième année consécutive que la question de
l'entretien différé figure dans notre campagne nationale.
|
| Le sénateur Moore: Avez-vous fait connaître vos vues à ces
organisations?
|
| M. Arbuckle: Nous avons parlé à l'AUCC. Que je sache, nous
ne l'avons pas fait avec l'ACPAU.
|
| Le sénateur Moore: L'AUCC a proposé à notre comité que le
gouvernement fédéral fournisse des fonds, qui seraient attribués
selon une formule combinant la population de la province et la
population équivalente d'étudiants inscrits à temps plein de
chaque province. Avez-vous vu cette proposition?
|
| M. Rob South, coordonnateur des relations gouvernementa
les, Alliance canadienne des associations étudiantes: J'ai vu
cette proposition il y a quelques jours.
|
| Le sénateur Moore: Qu'en pensez-vous ou avez-vous une
préférence?
|
| M. South: En tant qu'organisation à l'écoute de ses membres,
nous ne pouvons faire de commentaires parce que notre propre
comité de la politique n'a pas eu l'occasion de l'analyser. Ce qu'il
faut retenir, c'est que nous voyons tous deux le même problème et
que nos pistes de solutions sont semblables, bien qu'elles ne
soient pas identiques. Si nous pouvons trouver une solution
pratique qui n'engendre pas davantage de problèmes, nos deux
organisations seront satisfaites, même si c'est la solution de
l'autre qui est retenue.
|
| Le sénateur Moore: Je pose la question parce que l'AUCC
affirme que c'est le nombre de gens qui utilisent les installations
universitaires qui contribuent principalement à leur détérioration.
Si l'on procédait en se fondant sur la population équivalente
d'étudiants à temps plein, les universités obtiendraient davantage
de financement que si un chiffre combiné était utilisé. Qu'en
pensez-vous? Ou est-ce à nouveau une question d'ordre politique
que vous ne pouvez commenter?
|
| M. Arbuckle: C'est une question de politique sur laquelle nous
ne pouvons malheureusement pas faire de commentaires sans
passer par tout le processus.
|
| Le sénateur Moore: Et si l'on faisait des dons aux universités?
Un article est paru dans le Globe and Mail en août et il y a
également eu un rapport de préparé par Statistique Canada intitulé
«Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation.» Il
est dit dans l'article que l'an dernier les dons de charité ont
représenté 5 milliards de dollars et que seulement 3 p. 100 de ce
montant - 152 millions de dollars - a été donné à des
installations universitaires et de recherche.
|
| La question qui revient constamment au fur et à mesure que
nous entendons différents témoins est celle de savoir d'où
proviendra l'argent, en plus du gouvernement et des sociétés?
Comment arriver à faire participer davantage les gens? Nous
connaissons l'incitatif fiscal à faire des dons politiques qui permet
d'en soustraire une partie des impôts que vous devriez autrement
acquitter.
|
| Votre organisation a-t-elle une position pour ce qui est de faire
des dons aux universités, même si l'argent était destiné à un fonds
de réserve spécial pour l'entretien? Que pensez-vous de l'idée
d'accorder aux dons le même statut qu'à un don politique?
|
| M. Arbuckle: Je pourrais vous donner mon point de vue
personnel, mais encore une fois, il faudrait que j'en discute
comme question de politique.
|
| Si un tel allégement fiscal réglait le problème d'une façon
équitable dans tout le pays, alors nous serions favorables à ce
genre de proposition. Le fait que certains collèges et universités
disposent d'une meilleure infrastructure pour traiter les dons reçus
pourrait être préoccupant. Certaines universités réussissent beau
coup mieux que d'autres à obtenir des dons pour des projets.
|
| Il est déjà difficile d'obtenir que les gens fassent des dons, mais
ce l'est encore plus de leur demander d'aider à reconstruire
l'immeuble Sobey's, par exemple, à l'Université St. Mary's. Les
donateurs aimeraient plutôt avoir une plaque à leurs noms sur les
immeubles. Il faudrait que les universités elles-mêmes changent
d'attitude et trouvent des façons inédites de présenter le don pour
l'entretien différé comme étant avantageux tant pour le donateur
que pour l'université.
|
| Le sénateur Moore: Nous ne pouvons continuer ainsi. Il nous
faut régler le problème d'une façon plus méthodique. Je ne dis pas
que les options commerciales ne le font pas maintenant,
cependant, nous devrions explorer d'autres façons d'inciter les
gens à participer. Pas besoin d'être un ancien étudiant. On pourrait
mettre à contribution les amis, les parents de ceux qui sont allés à
l'université, ou des citoyens de la collectivité qui y sont peut-être
allés dans le cadre d'une manifestation culturelle ou sportive.
Nous devons faire en sorte qu'il y ait plus de 3 p. 100 des dons
qui soient accordés à nos universités si nous croyons qu'elles sont
si importantes pour l'évolution de notre société civilisée.
|
| M. Arbuckle: Les mesures d'encouragement doivent égale
ment tenir compte du fait que les collectivités doivent subvenir à
leurs propres besoins et à ceux des établissements qui s'y
trouvent. Ce n'est pas toujours facile. Le bassin de population de
la ville de Halifax compte 350 000 habitants et il y a cinq
établissements. C'est une situation problématique. J'ignore si la
solution consiste surtout à toujours essayer de multiplier les dons
ou plutôt à trouver des moyens d'obtenir une participation
systématique et permanente du gouvernement fédéral.
|
| Le sénateur Stratton: Notre distingué collègue qui représente
ce coin du pays m'a appris ce soir qu'il y a cinq établissements à
Halifax. Ce fait m'aide à comprendre un peu mieux la situation au
Manitoba, où il y a deux tels établissements à Winnipeg, qui
compte 650 000 habitants.
|
| Avec des frais d'entretien différés totalisant 3,6 milliards de
dollars, cela m'étonne énormément qu'il n'y a eu que trois cas de
dommages corporels.
|
| Sans vouloir parler pour l'instant du financement provenant du
secteur privé, j'aimerais signaler que le Manitoba a entrepris un
programme quinquennal de 100 millions de dollars consacré
exclusivement à la réparation des infrastructures des trois
universités et deux collèges communautaires de la province.
Savez-vous si des mesures semblables ont été prises dans d'autres
provinces?
|
| Je sais que la situation est pénible. Les gens qui travaillent aux
services de l'exploitation et de l'entretien de l'Université du
Manitoba me disent qu'il y a de gros morceaux qui se détachent
des immeubles en brique, situation fort dangereuse. Savez-vous
s'il y a d'autres provinces qui ont entrepris un programme de cette
nature? Dans la négative, pourquoi ne l'auraient-elles pas fait?
|
| M. South: En Ontario, on a permis que certaines parties du
fonds Superbuild servent à l'entretien des immeubles actuels.
D'autres provinces vous diront qu'elles s'inspirent d'autres
modèles pour faire faire ces travaux. Selon l'Alberta, les
programmes d'infrastructure pour les universités ne devraient pas
exister. Cette province est d'avis qu'il incombe à l'université de
s'en occuper au moyen de ses budgets de fonctionnement de base.
N'empêche que dernièrement, l'Alberta a consenti des augmenta
tions considérables des budgets de fonctionnement de ses
universités, lui permettant d'affirmer que les universités ont ce
qu'il faut pour entreprendre les réparations.
|
| D'autres provinces font la même chose. Le ministère dont tout
cela relève n'est pas le même dans chaque province. Dans
certaines provinces, le financement vient d'un ministère chargé
des travaux publics ou de l'infrastructure; dans d'autres, il vient
du ministère chargé de l'éducation ou de l'enseignement
postsecondaire. Des sommes sont accordées. Toutefois, le
problème a atteint une telle envergure qu'elles ne seront pas
suffisantes pour le régler. Toujours est-il cependant qu'il y a bel et
bien des sommes provenant des provinces.
|
| Le président: Statistique Canada vient de publier une étude qui
traite de la question que vous avez soulevée. On peut y lire que
les trois ordres de gouvernement ont injecté presque 1,1 milliard
de dollars de plus pour l'année scolaire 1999-2000 que pour
l'année scolaire antérieure, soit une augmentation de 15,1 p. 100.
|
| Voici un passage se rapportant directement à ce que vous avez
dit:
|
La plus grande augmentation est venue des gouvernements provinciaux, qui ont contribué presque 6,8 milliards de dollars en 1999-2000, soit 800 millions de dollars ou 13,5 p. 100 de plus qu'en 1998-1999. Ces sommes ont été affectées aux immobilisations pour permettre aux universités vieillis santes du Canada de s'occuper de l'entretien différé ainsi qu'aux projets d'agrandissement permettant d'absorber la croissance future de l'effectif étudiant et du corps professo ral.
|
| On peut lire un peu plus loin dans le rapport que les universités
de la plupart des provinces ont consacré des sommes plus
importantes aux infrastructures, que leurs dépenses pour les
immeubles ont totalisé 430 millions de dollars, soit une
augmentation annuelle de 5,7 p. 100, qui s'ajoute à l'augmenta
tion de 8,3 p. 100 de l'année antérieure.
|
| Cela dit, les auteurs du rapport signalent que les sommes
consacrées aux immeubles étaient toujours inférieures de
17,8 p. 100 à ce qu'elles étaient en 1994-1995. Je dirais
simplement que les universités ne font que se rattraper. Elles ont
encore beaucoup de chemin à faire, les témoins l'ont bien dit,
mais elles commencent à se rattraper et il y a de l'argent pour
elles, qui vient en grande partie je crois des divers niveaux de
gouvernement, dont le niveau fédéral.
|
| Le sénateur Stratton: Voilà où je voulais en venir. Les
provinces, elles, que font-elles? Je sais ce que fait le Manitoba,
heureusement. Selon moi, il importe beaucoup de savoir
également ce que font les autres provinces.
|
| Vous demandez au gouvernement fédéral de créer un fonds de
1,2 milliard de dollars qui permettrait de s'attaquer à cet urgent
problème et aussi d'établir un accord de financement annuel de un
milliard de dollars à injecter exclusivement dans l'enseignement
postsecondaire. Qu'entendez-vous par là? Serait-ce un finance
ment global? Ou est-ce que seule l'infrastructure serait visée?
|
| M. South: L'accord de financement prévoyant une somme
annuelle de un milliard de dollars pourrait servir à diverses fins
pour aider les universités à régler leurs problèmes. L'entretien
différé est l'un de ces grands problèmes. Il y a également la relève
dans le corps professoral dont il faudra s'occuper au cours des
prochaines années et qui constitue aussi un important dossier. Et
on prévoit une augmentation énorme de l'effectif étudiant. Par
ailleurs, les dépenses pour l'enseignement dans plusieurs domai
nes, tels que l'achat de livres, ont augmenté à un taux qui dépasse
tellement celui de l'inflation qu'on a dû créer un indice - appelé
l'indice des prix à l'enseignement, ou IPE - pour calculer le
rythme de croissance des prix dans le domaine de l'éducation. Les
coûts pour l'éducation augmentent à un taux qui dépasse celui de
l'inflation.
|
| Nous sommes arrivés au chiffre de un milliard de dollars en
remontant jusqu'en 1991, année où 2 milliards de dollars on été
consacrés à l'enseignement postsecondaire. Le taux d'inflation de
base au cours de ces cinq ans s'élève à environ 23 à 24 p. 100. À
partir de ces chiffres, on arrive à 2,5 milliards de dollars. Il faut
tenir compte également de l'augmentation énorme de l'effectif
étudiant au cours des 10 dernières années et de l'importance
toujours plus grande de l'éducation postsecondaire pour notre
économie.
|
| Enfin - et c'est là l'un des principaux points que nous voulons
faire valoir -, les deux chiffres que nous avons utilisés
représentent des sommes de base. Vous n'ignorez pas cependant
qu'entre 1991 et 2001, il y a eu des compressions budgétaires
pendant que le système passait de trois fonds distincts au
Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux,
le TCSPS, dont le ministère des Finances vous a déjà parlé. Ces
compressions n'ont épargné aucun des trois secteurs sociaux: les
programmes sociaux généraux, l'enseignement postsecondaire et
les soins de santé. Lorsque le gouvernement a décidé de délier à
nouveau les ficelles de la bourse, nous avons constaté - et ce
sont des chiffres qui sont difficiles à étayer - que cette
réinjection de fonds est allée en très grande partie directement
dans les services de santé sans profiter à des secteurs tels que les
programmes sociaux et l'enseignement postsecondaire.
|
| Le président: C'est ce qui arrive. Vous comprenez le principe
du financement global.
|
| M. South: Oui, nous comprenons le principe du financement
global, et nous estimons qu'il laisse à désirer.
|
| Le président: D'accord, mais vous conviendrez que votre
plainte à ce sujet s'adresse aux gouvernements provinciaux et non
au gouvernement fédéral?
|
| M. South: Nous convenons qu'elle s'adresse aux gouvernements provinciaux, mais nous affirmons également que les
transferts provenant du gouvernement fédéral doivent être
suffisants. Obliger les provinces à rendre compte de certaines
sommes est utile, car il est possible ainsi de dresser des
comparaisons entre les provinces et ainsi de suite.
|
| Si des sommes sont réservées à des budgets particuliers dans
chaque province, il est possible de calculer la part que chaque
province y consacre et tout le reste. Il serait beaucoup plus facile
de dresser des comparaisons et de savoir ce que la province fait
avec l'argent, parce que toutes ces choses seront plus claires pour
le simple citoyen et pour les étudiants des universités.
|
| Le président: Comment procéderait-on pour que l'enveloppe
de financement de 1,2 milliard de dollars serve aux travaux
urgents liés à l'entretien différé? Cet argent passerait-il du
gouvernement fédéral aux provinces et ensuite aux universités?
|
| M. South: Selon nous, il faudra qu'il y ait des négociations
entre le gouvernement fédéral et les provinces pour qu'il n'y ait
pas de problèmes de compétence. Il ne pourrait pas y avoir de
transfert direct du gouvernement fédéral aux universités.
|
| Le président: Je vous remercie tous les deux. Le comité vous
est reconnaissant de votre collaboration dans ce dossier.
|
| [Français]
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Des témoins nous ont dit que les
universités étaient dans un état si déplorable que cela compromet
tait même la qualité des cours que l'on offrait. Aujourd'hui, on
apprend qu'un éminent chercheur a quitté une université
canadienne pour se joindre à une autre aux États-Unis, parce qu'il
ne trouvait pas convenables les conditions d'aération du local où
il travaillait. Vous l'affirmez dans votre rapport, n'est-ce pas?
|
| M. Arbuckle: Oui.
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Je comprends que l'éducation
universitaire soit très importante pour une nation et que nous
devions demeurer compétitif à l'échelle internationale. Il s'agit
d'un investissement pour le futur, et nous devons maintenir ce
patrimoine.
|
| Pour ce qui est de l'infrastructure, l'essence même de ce projet
de loi, vous faites deux recommandations, dont une serait
d'inciter le gouvernement fédéral à créer un «one-time funding».
Nous pourrions recommander au gouvernement de mettre sur pied
un programme national d'infrastructure universitaire. Ce program
me donnerait à chaque université la possibilité d'évaluer ses
besoins et chaque université se chargerait de faire sa demande
pour remettre en bon état sa propre université.
|
| Ce ne sont pas toutes les universités qui ont les même
problèmes et tous les coûts ne sont pas identiques. Dans un
programme d'infrastructure fédéral pour toutes les universités au
Canada, chaque province pourrait faire une demande pour ces
programmes? Seriez-vous d'accord?
|
| [Traduction]
|
| Le président: Monsieur Arbuckle, avez-vous des observations
à la suite de cette intervention?
|
| M. Arbuckle: Ce que vous dites a du bon sens, mais nous
proposons qu'il y ait une enveloppe unique de 1,2 milliard de
dollars qui serve immédiatement à s'occuper de l'urgence
constatée. C'est en effet un très grave problème et il faut trouver
des mécanismes qui permettront de s'en occuper systématique
ment. Cependant, ce financement unique aiderait à alléger le plus
tôt possible les problèmes actuels; on pourrait ensuite établir un
autre mécanisme, qui permettrait de verser un autre milliard de
dollars par année pour des budgets de base dans lesquels les
universités pourraient puiser selon leurs besoins.
|
| [Français]
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Espérons que ces subventions
aideront les universités à ne pas se retrouver dans cette situation.
Les universités sont restées trop longtemps à l'abandon. Il faut
penser à établir un programme qui préviendra ce genre de
situation.
|
| Il y a eu un programme pour l'infrastructure où on donnait les
sous à gauche et à droite pour les universités. Il s'agit d'un
problème spécifique aux universités. Le temps d'attente est trop
long parce que la machine gouvernementale prend trop de temps
à démarrer. Il faut voir ce qui est convenable pour réduire le
temps d'attente dans le but de résoudre le problème.
|
| [Traduction]
|
| M. Arbuckle: La situation s'est dégradée à tel point que même
les universités et les collèges admettent qu'il n'est plus possible
de temporiser. On en est rendu au point où les gens doivent se
méfier, car quelque chose pourrait leur tomber sur la tête.
|
| Lorsque le financement des programmes a été amputé, on a
réagi en remettant simplement les choses à plus tard. C'était la
seule solution - s'occuper de tout cela dans quelques années.
Aujourd'hui, pour de nombreuses universités, telle que Dalhousie
à Halifax, il n'y a plus d'issue. On voit des flaques dans certains
des couloirs de cette université.
|
| Si le programme de financement s'étend à plus d'un an - il
pourrait s'agir d'un mécanisme de financement unique -,
combien longtemps dureraient les négociations entre le gouverne
ment fédéral et les provinces pour arriver à un programme fédéral
de cette nature, d'application générale? Il faudra beaucoup de
temps pour y arriver. Selon nous, une enveloppe unique visant les
travaux d'entretien différé devenus urgents apporterait une
solution plus rapidement que s'il fallait s'en remettre à des
négociations entre les gouvernements fédéral et provinciaux.
|
| [Français]
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Dans votre exposé, vous affirmez
qu'en 1997, un comité spécial du Sénat sur l'éducation
postsecondaire a recommandé que le gouvernement fédéral
négocie avec les provinces pour un programme conjoint contre la
détérioration des infrastructures physiques des bibliothèques dans
les universités. Que s'est-il passé depuis ces recommandations?
|
| Le président: Il y a eu un comité spécial du Sénat sous la
présidence de notre ancien collègue, le sénateur Bonnell et
plusieurs recommandations avaient été faites dans ce sens, vous
avez raison.
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Il faudrait penser à un moyen
plus efficace d'aider nos universités. Nous avons besoin de plus
en plus de gens instruits parce que la concurrence est énorme. Les
universités sont très importantes. Si, en 1997, on a fait une
recommandation, qu'en est-il de la situation aujourd'hui?
|
| Le président: Ce n'était pas la première fois et ce ne sera pas
la dernière fois non plus que le gouvernement n'aura pas entériné
une recommandation d'un comité parlementaire.
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Si le gouvernement est sourd...
|
| Le président: Le comité se penche sur ce problème parce que
la situation s'est sensiblement détériorée depuis lors.
|
| [Traduction]
|
| Je vous remercie infiniment, monsieur Arbuckle et monsieur
South.
|
| J'invite maintenant à la table M. David W. Strangway,
président-directeur général de la Fondation canadienne pour
l'innovation.
|
| Honorables sénateurs, je vous rappelle que la Fondation
canadienne pour l'innovation a été établie en 1997 pour investir
dans des projets de recherche liés à l'infrastructure et est censée
continuer à accomplir son oeuvre jusqu'à 2010. Jusqu'à présent,
la Fondation a versé 3,15 milliards de dollars pour le financement
de projets.
|
| Monsieur Strangway, nous vous sommes reconnaissants d'être
venu témoigner malgré le court préavis que vous avez reçu,
d'autant plus que vous venez de témoigner cet après-midi au
Comité des finances de la Chambre des communes. C'est à se
demander si l'on vous impose deux peines pour le même geste ou
une peine cruelle et inhabituelle.
|
| Vous voilà donc au comité du Sénat. J'espère que vous en
garderez d'aussi bons souvenirs qu'au comité de la Chambre des
communes. J'espère que vous pourrez nous aider à régler le
problème qui nous occupe.
|
| Vous avez la parole, monsieur Strangway.
|
| M. David W. Strangway, président-directeur général,
Fondation canadienne pour l'innovation: Monsieur le prési
dent, la Fondation canadienne pour l'innovation, ou la FCI, a reçu
un mandat précis: appuyer les infrastructures dans le domaine de
la recherche. La situation se présente en gros comme suit: avant
de nous faire parvenir leurs propositions, les universités et les
établissements doivent définir d'abord les travaux de recherche
qu'ils entendent effectuer et énoncer leurs besoins.
|
| Nous leur demandons de nous présenter un plan expliquant la
nature de leurs travaux de recherche au cours des prochaines
années, car les investissements que nous faisons dans ces
établissements sont considérables. Ils doivent nous faire part de
leurs objectifs, après quoi ils doivent nous soumettre une demande
et nous démontrer qu'ils sont en mesure de mener à bon terme la
proposition qui y est énoncée.
|
| Comme vous venez de le dire, monsieur le président, nous
avons reçu jusqu'ici du gouvernement fédéral, c'est-à-dire depuis
1997, une somme totalisant 3,15 milliards de dollars; le dernier
montant nous a été remis vers la fin de juin pour qu'il puisse être
comptabilisé dans le dernier exercice financier. En passant, ce fut
pour moi un moment que je n'oublierai jamais parce que j'avais
entre les mains un bout de papier du gouvernement où figurait le
chiffre 125 suivi d'une foule de zéros. Ce fut sans doute la
première et la dernière fois qu'il m'a été donné de voir une telle
chose.
|
| Le président: Là, monsieur, vous n'êtes pas au bon comité.
Nous sommes le pendant du Comité des comptes publics. Nous
nous occupons des budgets des dépenses.
|
| M. Strangway: Je comprends. C'était fascinant parce que cette
somme représentait les crédits dont nous disposerons pour les 10
prochaines années.
|
| Nous finançons 40 p. 100 des coûts d'un projet que nous
approuvons. Les établissements doivent financer les 60 p. 100
qui restent. Il importe de comprendre que le gouvernement fédéral
n'a pas conclu un partenariat avec les provinces pour injecter ces
sommes. Il n'y a pas de partenariat non plus entre la FCI et les
provinces. Nous aidons directement les universités qui nous en
font la demande et qui nous expliquent leurs besoins. Elles
doivent s'occuper ensuite de trouver des fonds de contrepartie,
c'est-à-dire les autres 60 p. 100.
|
| Dans la plupart des cas, elles réussissent à obtenir un autre 40
p. 100 des gouvernements provinciaux, mais il faut savoir ici qu'il
ne s'agit pas d'un partenariat officiel. C'est strictement un
partenariat officieux qui repose sur l'efficacité des recteurs, qui
savent très bien comment exercer des pressions. Ils vont chercher
l'autre tranche de 20 p. 100 surtout auprès du secteur privé ou
d'organisations volontaires. Dans le cas de travaux de recherche
dans le domaine de la santé, par exemple, ils peuvent s'adresser à
la Fondation des maladies du coeur.
|
| Voilà comment les choses se font. À l'heure actuelle, nous
avons affecté ou consenti plus de 900 millions de dollars sur le
total de 3,15 milliards de dollars, et ces versements se
poursuivent. Sachez également que les 3,15 milliards de dollars
ont été placés. C'est ainsi que d'ici à 2010, la période prévue pour
écouler le fonds, nous aurons engagé un total d'environ 4
milliards de dollars, en comptant l'intérêt qui se sera accumulé.
C'est donc un énorme programme.
|
| Il vise exclusivement les installations dont les chercheurs ont
besoin. Les propositions qui nous sont soumises sont fondées sur
l'excellence dont on a déjà fait preuve ou sur la justification de la
présence de cette installation pour parvenir à l'excellence dans la
recherche.
|
| Vous étudiez la question de l'entretien différé. Notre mandat ne
comprend pas de façon directe l'entretien différé. Il se présente
des situations où nous recevons une proposition et où nous
répondons: «Expliquez-nous les fascinants travaux de recherche
que vous envisagez puis décrivez-nous les éléments qu'il vous
manque. S'il s'agit d'immobilisations, nous serons peut-être en
mesure de vous aider.» C'est dans un tel contexte que nous avons
pu être utiles lorsqu'il s'agissait d'immeubles.
|
| Toutefois, il s'agissait toujours d'immeubles ou de travaux de
rénovations d'immeubles qui étaient rattachés aux travaux de
recherche qu'ils envisageaient. Si quelqu'un vient nous voir en
disant, comme cela s'est déjà produit: «Nous avons un excellent
groupe. Nous avons un toit qui prend l'eau et il nous faut un
nouvel immeuble pour remplacer tout cela,» notre mandat ne nous
permet pas d'agréer une telle demande. Il se peut que nous
aidions un peu à alléger les problèmes de l'entretien différé, mais
en principe, ce n'est pas ce que nous sommes chargés de faire.
|
| Monsieur le président, certains d'entre vous ne sont peut-être
pas sans savoir que j'ai été recteur d'université pendant presque
13 ans. Je peux donc avoir quelque chose à dire à propos de
l'entretien différé, si j'enlève un moment mon chapeau de
président-directeur général de la FCI.
|
| Le président: Allez-y, je vous en prie.
|
| M. Strangway: La question de l'entretien différé est très
profonde et fondamentale. Ayant été recteur de l'Université de la
Colombie-Britannique pendant une douzaine d'années, j'aimerais
attirer votre attention sur deux ou trois choses.
|
| La première concerne les conditions des paiements de transfert
de la province à l'université en fonction de l'effectif étudiant.
Pendant cette période de 10 ans, nous avons perdu 30 p. 100 du
financement. Il s'agit là bien sûr de dollars constants, mais ce sont
quand même des amputations qui font mal.
|
| Le président: De quelles années parlez-vous?
|
| M. Strangway: J'ai quitté mon poste en 1997 et je l'avais
accepté en 1985, donc c'est assez récent. Je ne crois pas qu'il y a
eu de grands changements depuis.
|
| Lorsque nous parlons d'amputations de 30 p. 100, c'est à peu
près ce qu'ont dû subir les organismes fédéraux au moment de
l'examen des programmes. Je ne crois pas que l'Université de la
Colombie-Britannique était un cas d'espèces. Je dirais que le
problème était universel.
|
| Il fallait décider entre refaire le toit et licencier des professeurs.
Avec l'effectif étudiant qui ne cesse d'augmenter, on ne licencie
pas les professeurs. L'université repose sur leurs épaules. S'il n'y
avait pas eu de problème d'entretien différé, nous aurions pu
embaucher davantage de professeurs.
|
| J'ai une description simple pour le problème de l'entretien
différé. À l'époque où j'étais recteur de l'Université de la
Colombie-Britannique, la superficie des toitures de l'université
totalisait 20 acres. Les précipitations sont fréquentes à Vancouver.
Une toiture là-bas est bonne pour une vingtaine d'années. Ça fait
donc une acre de toiture à remettre à neuf tous les ans,
simplement pour demeurer à flot, si je puis dire. Toutefois, nous
avons dit que nous ne referions pas une toiture si elle ne coulait
pas. Quinze ou vingt ans plus tard, lorsque l'ensemble des
20 acres de toiture commencent à couler, nous sommes victimes
d'importantes compressions budgétaires.
|
| Je viens de vous parler du problème de l'entretien différé dans
le cas des toitures, mais des centaines d'autres éléments sont
touchés. De nombreuses structures temporaires des campus
étaient censées avoir une durée de vie utile d'une vingtaine
d'années - et non pas quatre fois ce chiffre.
|
| Je comprends très bien le problème de l'entretien différé et je
compatis beaucoup avec ceux qui doivent s'en s'occuper. On voit
la même situation dans les hôpitaux et les collèges, mais le
secteur universitaire est celui que je connais le mieux.
|
| La Fondation ne peut aider à résoudre ce problème à cause de
son mandat, qui l'oblige à ne tenir compte que de la qualité et la
nature de la recherche et des plans qui la concernent.
|
| Le président: Nous nous réjouissons que vous ayez pu nous
présenter vos observations à la fois à titre de chef de la FCI et,
surtout, selon votre expérience assez récente dans un poste de
recteur d'université.
|
| Le sénateur Stratton: Vous disposez donc de 4 milliards de
dollars sur 10 ans, et c'est surtout pour la recherche?
|
| M. Strangway: Ce fonds est pour les frais d'immobilisation
liés aux installations et au matériel de recherche. Il ne sert pas à
l'exécution des travaux de recherche proprement dits.
|
| Le sénateur Stratton: Je vois. Consentiriez-vous des sommes
pour la construction de nouveaux immeubles?
|
| M. Strangway: Nous avons consenti des sommes pour la
construction de nouveaux immeubles lorsque ceux-ci consti
tuaient l'élément manquant qui empêchait la poursuite de travaux
de recherche exceptionnels. Nous avons aidé également pour un
assez grand nombre de projets de rénovation.
|
| Le sénateur Stratton: Je peux comprendre qu'il soit nécessai
re de changer la vocation d'un immeuble pour que des travaux de
recherche puissent y avoir lieu.
|
| Je me souviens du boom de la construction des années 70 dans
les campus universitaires. Je viens du Manitoba et je me souviens
des énormes travaux de construction entrepris à l'Université du
Manitoba. Bien sûr, 25 ans plus tard, comme vous l'avez dit, les
coûts se manifestent et les acres de toiture commencent à prendre
l'eau. On se retrouve avec d'immenses problèmes d'infrastructure
sur les bras. Sommes-nous maintenant en train, avec ce fonds
pour l'innovation, de créer le même problème qui se manifestera
dans 20 ans? La nature même de votre mission fait-elle en sorte
que nous sommes en train de couver un autre problème à long
terme? Je ne nie pas que ce que vous faites est essentiel.
|
| M. Strangway: Nous couvons peut-être des problèmes à long
terme dans d'autres secteurs que celui-ci. Prenez par exemple le
milieu de l'informatique haut rendement. On investit massivement
dans ce secteur pour permettre aux gens d'utiliser des techniques
modernes de branchement au réseau optique du pays. Dans ce
domaine, la période de caducité est cinq ans et non 15 ou 20 ans.
À un moment donné, il faudra se pencher sur cet ensemble de
questions. Il se peut bien que les propositions que nous recevrons
dans cinq ou six ans portent toujours sur des travaux de recherche
de premier ordre, mais ils comprendront le remplacement de
matériel périmé. Il ne s'agit pas là d'un problème d'entretien
différé, mais c'est quelque chose de semblable. La caducité frappe
différents éléments à différents intervalles.
|
| Le sénateur Stratton: Peut-on dire aujourd'hui qu'il s'agit là
d'un problème d'infrastructure?
|
| M. Strangway: Vu notre façon de l'aborder, je dirais que oui,
c'est un problème d'infrastructure.
|
| Le sénateur Moore: Vous avez dit que vous fournissez des
sommes pour la recherche, l'infrastructure et l'équipement. Vous
fournissez donc des sommes pour des nouveaux immeubles, des
travaux de rénovation et le matériel de laboratoire. Est-ce exact?
|
| M. Strangway: Oui, les chercheurs doivent nous décrire le
travail de recherche avant-gardiste qu'ils envisagent. Ensuite, ils
doivent nous décrire ce qu'il leur manque pour l'exécuter. Ils
doivent nous démontrer qu'en principe, ils peuvent aller chercher
les fonds de contrepartie nécessaires et que, si le projet est établi,
ils sont en mesure de le diriger et de le mener à bien. La réponse
en un mot est oui.
|
| Le sénateur Moore: Lorsque les universités présentent une
demande au FCI, et que votre organisme approuve le finance
ment, y a-t-il une partie du financement qui est réservée aux
travaux d'entretien courants? La plupart des immeubles ont une
durée de vie utile de 35 ans. Est-ce que l'on en tient compte;
cette question nous ramène à ce que le sénateur Stratton
demandait tout à l'heure.
|
| M. Strangway: L'entretien courant n'est pas inclus dans les
propositions, mais nous leur demandons bien s'ils y ont réfléchi.
|
| Le sénateur Moore: Si nous sommes dans ce pétrin
aujourd'hui, c'est en partie parce que les auteurs des plans
d'affaires d'hier ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez.
C'est bien beau d'aménager une nouvelle fenêtre, mais il faut
avoir les moyens de la réparer si quelqu'un la défonce. Est-ce que
cela incombe aux bénéficiaires?
|
| M. Strangway: La FCI a reçu une somme en tranches qui
s'ajoutait aux autres; une somme de 400 millions de dollars est
réservée à l'utilisation et l'exploitation de cette infrastructure. Ce nouveau fonds n'est pas rétroactif. Lorsqu'une nouvelle
proposition est financée, notre participation s'élève jusqu'à
30 p. 100 du coût du capital. Il faut normalement pour un
appareil un technicien ou un préposé. Il s'agit à bien des égards
d'une question de coût indirect.
|
| Le sénateur Moore: On nous a déjà dit ici qu'il s'agissait d'un
coût indirect. Cette expression semble s'appliquer à bien des
choses.
|
| M. Strangway: Beaucoup de choses y sont incluses, mais les
besoins sont nombreux aussi.
|
| Le sénateur Moore: En ce qui concerne le financement
provenant de fondations privées, on semble privilégier dans ce
secteur le financement de nouveaux projets plutôt que la remise à
neuf. Lorsque vous étiez recteur de l'Université de la Colombie-
Britannique, avez-vous réussi à convaincre des fondations que
l'entretien des immeubles était important et que le financement de
tels projets était un geste fort précieux de leur part?
|
| M. Strangway: Il en était question, mais les mécènes ne sont
pas beaucoup attirés par ces choses. On constate de plus en plus
que les immeubles n'ont plus pour les donateurs l'attrait qu'ils
avaient autrefois. Ce qui les attire beaucoup plus, ce sont les
bourses d'études et l'aide pour les chaires dotées. Lorsque j'étais
à l'Université de la Colombie-Britannique, nous avons recueilli
270 millions de dollars. Ce fut la plus importante campagne de
financement de l'histoire du Canada. Une partie de cet argent a
été consacrée aux immeubles, y compris une nouvelle bibliothè
que, mais il a surtout servi à des fonds de dotation. Nous avons
créé 80 chaires dotées à la suite de cette campagne, de sorte que
nous avons pu engager 80 professeurs qui, autrement, n'auraient
pas pu se retrouver parmi nous.
|
| Une grande partie de cet argent a servi à la dotation de fonds de
bourses d'études pour les étudiants de troisième cycle et pour des
étudiants venus des quatre coins du pays. Dans le secteur privé,
on est beaucoup plus attiré aux chaires et aux étudiants qu'à la
brique et au mortier. On a plus de difficulté à trouver des preneurs
pour la brique et le mortier. À l'époque, nous avons pu consacrer
une bonne somme à ces choses, mais ce ne serait pas aussi facile
aujourd'hui.
|
| Le sénateur Moore: Dans le cas des dons de particuliers,
pensez-vous que les gens seraient plus portés à donner si leurs
dons et les reçus correspondants qu'ils reçoivent étaient traités de
la même façon que les dons à des partis politiques, c'est-à-dire
que le montant serait déduit de l'impôt à payer, par opposition à
un don d'entreprise?
|
| M. Strangway: La plupart des universités peuvent émettre des
reçus aux fins d'impôt. L'allégement fiscal et ce genre de chose
sont indispensables mais ils ne sont pas ce qui incite les gens à
donner. Les gens veulent faire une bonne oeuvre et ils veulent
aider l'établissement.
|
| Souvent, il fallait convaincre les gens. On leur disait: «Nous
voulons inscrire votre nom là-dessus.» Ils répondaient: «Je ne
veux pas que mon nom soit inscrit là-dessus.» Nous insistions:
«S'il vous plaît, nous voulons que votre nom s'y trouve parce que
nous tenons à vous rendre hommage pour ce que vous avez fait.»
|
| Le président: Il y a sans doute moyen de trouver d'autres
donateurs dans d'autres secteurs - mais je ne dis pas que c'est
ce qu'il faut faire, contrairement à ce que semble réclamer le
sénateur Moore -, à la condition d'offrir le même type de crédit
d'impôt qui est consenti pour les dons politiques.
|
| M. Strangway: Nous n'avions pas vraiment à nous occuper de
cela parce que nous étions une fondation ayant qualité de
mandataire de la Couronne. Nous pouvions fonctionner par le
biais d'un mandataire de la Couronne. J'ignore si c'est ce que l'on
retrouve ailleurs au pays, mais c'était ce que nous avions à
l'Université de la Colombie-Britannique. Je crois que plusieurs
autres administrations ont pu compter sur la présence d'un
mandataire de la Couronne.
|
| Le président: Je crois que vous êtes notre seul témoin qui était
autrefois recteur d'université. Étiez-vous là à l'époque où les
agents des affaires universitaires ont effectué leur étude?
|
| M. Strangway: Je n'étais pas là. Cette étude a été publiée il y
a un an ou six mois. Je n'occupais pas ces fonctions, mais j'étais
certainement au courant de cette étude. Il y en a eu une à l'époque
où j'étais à l'Université de la Colombie-Britannique.
|
| Le président: Ils disent que le chiffre pour tout le pays s'élève
à 3,6 milliards de dollars. Quelle est l'ampleur aujourd'hui à
l'Université de la Colombie-Britannique du problème de l'entre
tien différé?
|
| M. Strangway: C'est une question que l'on peut aborder sous
bien des angles. L'un d'eux pour nous a été de demander quelle
serait la valeur de remplacement de la structure physique du
campus. Le chiffre que nous avons calculé approchait le milliard
de dollars. S'il y avait un séisme qui anéantissait tout, nous
obligeant à tout reconstruire, ce serait un chiffre de l'ordre de un
milliard de dollars.
|
| D'après ceux qui s'occupent de modernisation, d'entretien et de
remise à neuf, nous devrions consacrer à de tels travaux
10 p. 100, 15 p. 100 ou même 20 p. 100 par année. Le
problème de l'entretien différé se présente sous la forme d'un
montant accumulé, mais s'il y avait moyen de gérer de façon
intelligente un établissement comme l'Université de la Colombie-
Britannique, on prévoirait une somme annuelle se situant entre
100 et 150 millions de dollars pour les travaux de cette nature.
|
| Si toutefois nous optons pour l'entretien différé, après cinq ans,
nous avons affaire à une somme de 500 à 700 millions de dollars,
qui peut permettre de faire un bon bout de chemin lorsque l'on
veut se rattraper. Cependant, s'ajoute à cela l'entretien courant,
que l'on a mentionné tout à l'heure, et il ne s'agit là que d'un seul
établissement. C'est l'un des établissements de très grande taille.
|
| Le président: Vous avez employé une métaphore en parlant de
la toiture pour dire que vous aviez à choisir entre réparer le toit ou
licencier 20 professeurs pendant ces années de vache maigre.
Qu'est-il arrivé au corps professoral pendant ces 10 années?
Avez-vous dû vraiment le réduire?
|
| M. Strangway: Il n'y a pas eu d'importantes réductions du
corps professoral, mais nous avons changé considérablement le
rapport étudiants-professeur.
|
| Le président: Vous avez augmenté le nombre d'élèves par
classe.
|
| M. Strangway: Il y a 10 ou 15 ans, le rapport étudiants-pro
fesseur dans les établissements publics au Canada était en général
15:1. Lorsque j'ai quitté mon poste, nous en étions à environ 21
ou 22 pour un. Dans les grandes universités au sud de la frontière,
le rapport étudiants-professeur se situe toujours entre huit ou dix
pour un.
|
| Le président: Est-ce bien l'entretien qui a essuyé le coup
lorsque vous avez dû réagir aux amputations, à la réduction des
sommes provenant du gouvernement?
|
| M. Strangway: Absolument, c'est l'entretien qui a essuyé le
coup.
|
| Le président: Ce ne fut pas le corps professoral.
|
| M. Strangway: La situation n'était pas comparable à la crise
que nous connaissons aujourd'hui, mais le corps professoral a
aussi essuyé un coup en ce sens que la charge de travail des
professeurs a augmenté considérablement. Nous n'avons pas
réduit le corps professoral, mais l'effectif étudiant a augmenté
énormément. Et il y a eu une augmentation de la charge de
travail.
|
| Le président: Et la masse salariale pendant cette période?
A-t-elle augmenté beaucoup?
|
| M. Strangway: Il y a eu des augmentations. Pendant les
premières années où j'ai été recteur, nous venions de subir
d'importantes compressions qui nous avaient été imposées
presque du jour au lendemain. On se félicitait s'il y avait une
augmentation salariale de 1 p. 100, en disant que c'était
beaucoup. La masse salariale a augmenté légèrement par la suite,
mais ce n'était pas spectaculaire. La croissance pendant toute
cette époque a certainement été inférieure au taux d'inflation.
|
| Le président: C'est ce que je voulais vous entendre dire.
|
| M. Strangway: J'ai une petite anecdote à propos des
paiements de transfert. Certains d'entre vous se souviendront d'un
ancien ministre des Finances de la Colombie-Britannique qui
s'appelait Mel Couvelier. Un jour, nous discutions en marchant
dans le couloir et il a dit: «Monsieur le recteur, cela doit vraiment
vous vexer que le gouvernement fédéral s'est mis à réduire le taux
d'augmentation des paiements de transfert». Ma réponse a été très
claire: «Monsieur le ministre, vous ne me l'avez jamais donné cet
argent lorsque le montant augmentait; pourquoi le retireriez-vous
lorsque le montant est en train de diminuer?»
|
| À l'époque, on ne faisait pas le lien. Plus tard, bien sûr, lorsque
le montant a commencé à diminuer considérablement, on
entendait: «Pourquoi le gouvernement fédéral sabre-t-il dans
l'éducation et la santé? Tout cela est de leur faute.»
|
| Je me suis toujours senti entre l'arbre et l'écorce dans ce débat,
mais il faut dire que mon chèque venait de M. Couvelier et de ses
successeurs.
|
| Le président: Nous vous remercions de votre témoignage,
monsieur Strangway. Il a été très utile et nous avons appris
beaucoup de vous qui êtes chef de la FCI et qui a été recteur de
l'Université de la Colombie-Britannique. J'espère que nous
aurons l'occasion dans d'autres circonstances de discuter plus en
profondeur de votre travail.
|
| La séance est levée.
|