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Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 8 - Témoignages


OTTAWA, le jeudi 10 mars 2005

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 9 heures, pour examiner l'état actuel et les perspectives d'avenir de l'agriculture et des forêts du Canada.

Le sénateur Catherine S. Callbeck (présidente suppléante) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente suppléante : La séance est ouverte. Chers sénateurs, notre séance de ce matin portera sur la biomasse et l'énergie ainsi que sur le rôle que la biomasse jouera dans le débat actuel entourant le Protocole de Kyoto et les gaz à effet de serre.

Notre témoin, ce matin, est Sir Ben Gill, de Wiltshire, en Angleterre. M. Gill est à la tête d'une commission d'étude, dotée d'un mandat d'un an, qui présentera, en octobre 2005, des recommandations au gouvernement britannique et à l'industrie sur la façon de développer l'énergie verte. En plus de diriger l'entreprise agricole familiale dans le North Yorkshire, M. Gill est président de Westbury Dairies, à Wiltshire. Il est également directeur de Hawkhills Consultancy Ltd., directeur non exécutif de Countrywide Farmers et membre de la Carnegie Trust Commission on Rural Community Development. Il siège également au conseil de Food for Britain et est membre de l'organe dirigeant du John Innis Centre, à Norwich. M. Gill, qui compte près de 15 ans d'expérience au sein du National Farmers Union, a été président de ce syndicat de 1998 à 2004. Pendant son mandat, il a fondé et présidé le Alternative Crops Technology Interaction Network, qui est devenu le nouveau National Non-Food Crops Centre, à York.

Récemment, M. Gill a également été président de la Confédération européenne de l'agriculture, membre du Agriculture and Food Research Council et président de la Agricultural Systems Directorate du Biotechnology and Biological Sciences Research Council.

Monsieur Gill, vous avez une vie bien remplie. Nous sommes ravis de vous avoir parmi nous aujourd'hui. Veuillez prononcer votre allocution, puis des sénateurs vous poseront des questions.

Sir Ben Gill, président, Westbury Dairies, Wiltshire, témoignage à titre personnel : Honorables sénateurs, merci de m'avoir invité à comparaître devant votre comité ce matin. J'aimerais souligner que je suis avant tout un agriculteur qui possède toujours une exploitation agricole dans le nord de l'Angleterre, bien que je n'y sois pas souvent. Je me consacre à d'autres choses, comme vous avez pu le constater lors de la présentation de mon curriculum vitae.

Je vais parler des activités de la commission d'étude qui a été établie en octobre dernier au Royaume-Uni. La création de la commission d'étude découle d'une discussion que j'ai eue avec le premier ministre Tony Blair, en janvier 2004, sur divers sujets, notamment l'utilisation de la biomasse comme source d'énergie possible. Au Royaume-Uni, c'est un sujet qui fait fréquemment l'objet de discussions depuis au moins 10 ans. On a toujours vu son potentiel futur, mais il faut commencer à agir dès maintenant.

Le défi était de cerner les obstacles et de déterminer le véritable potentiel de cette source, puis de trouver des solutions. Et s'il faut faire des vagues, soit. J'étais très heureux de relever ce défi et d'aller de l'avant. Comme vous avez pu le voir, je m'intéresse aux cultures non alimentaires, en général, depuis plus de 10 ans.

J'aimerais que vous teniez compte de deux mots dans vos délibérations. Nous sommes surtout familiers avec le concept traditionnel du raffinage — la transformation de combustibles fossiles en produits destinés à l'ensemble de la société — et nous avons tendance à ignorer le « bioraffinage naturel » des plantes. Les plantes utilisent un procédé chimique très étonnant, et parfois ce processus est beaucoup plus complexe que ce que nous pouvons humainement reproduire, et nous n'arrivons pas encore à le comprendre. C'est un procédé pur et non polluant, contrairement à ceux utilisés par les être humains, qui polluent.

L'utilisation des plantes comme procédé naturel de bioraffinage a capté mon attention dès le début, et j'ai commencé à examiner les possibilités associées à la biomasse lorsqu'on m'a demandé de présider cette commission pour étudier le rôle qu'elle pourrait jouer.

L'intérêt à l'égard de la biomasse au Royaume-Uni découle de deux grands facteurs, dont un pourrait ne pas s'appliquer au Canada comparativement au Royaume-Uni. Le premier facteur, c'est que le gouvernement a pour principale préoccupation la sécurité énergétique. Nous ayons eu de grandes ressources pétrolières et gazières dans la mer du Nord, mais celles-ci diminuent. Récemment, nos principales sociétés d'exploitation gazière ont dû négocier des ententes considérables à long terme pour l'importation par voie maritime de gaz liquéfié, et ce d'aussi loin que la Malaisie. En même temps, nous sommes confrontés à la possibilité d'une dépendance à l'égard des longs pipelines de la Russie pour l'approvisionnement en gaz.

Cela soulève des préoccupations concernant la sécurité énergétique au Royaume-Uni. Je sais très bien que vous n'avez pas ce souci au Canada en raison de l'accessibilité aux sources énergétiques provenant de vos ressources d'énergie hydroélectriques et des sables bitumineux, qui sont abondants.

Au cours des prochains mois, le comité pourrait se demander si cette situation sera la même dans 5, 10 ou 15 ans. Je dois vous faire remarquer que la commission d'étude ne vise pas à faire une analyse de la situation actuelle. Ce serait insensé de faire des recommandations qui seraient basées sur la situation actuelle alors qu'elles entraîneraient des conséquences non seulement demain mais aussi dans 10 et 15 ans. Nous devons prévoir les besoins et les pressions qu'il y aura au sein de la société d'ici 5 à 15 ans. Voilà où entre en jeu le deuxième facteur, c'est-à-dire le changement climatique.

Le changement climatique retient de plus en plus mon attention puisque j'ai pu en constater les conséquences dans le monde entier.

Il y a deux ans, alors que j'étais en Amérique du Sud et en Argentine, j'ai pu voir, à 450 kilomètres à l'intérieur des terres à partir de Buenos Aires, l'élévation de la surface de la nappe à moins d'un mètre seulement et des inondations qui s'éternisent chaque année, occasionnant ainsi des dommages permanents. À l'extérieur de Guadalajara, j'ai remarqué qu'une pénurie des ressources en eau s'annonçait. L'ouest de l'Australie subit sa troisième ou quatrième année de sécheresse; dans cette région du monde, on discute dans l'arène politique du besoin d'avoir une canalisation d'eau de 3 000 milles reliant les Territoires du Nord et l'ouest de l'Australie. Dans le cadre de ces discussions, qui ont lieu en pleine année électorale, il est question des coûts rattachés à un tel projet.

Plus près de nous, au sein de l'Union européenne, la baisse de la production alimentaire s'est soldée par des pertes de plus de 13 milliards d'euros pendant l'année de sécheresse, il y a deux ans, et ça ne tient même pas compte des coûts entraînés par l'arrêt de la circulation fluviale en raison de la baisse du débit d'eau. Je pourrais vous donner beaucoup plus d'exemples. Tous ces éléments nous préoccupent réellement.

Voilà pourquoi le premier ministre et le gouvernement du Royaume-Uni ont pris des mesures percutantes pour promouvoir la nécessité de répondre au problème du changement climatique. Le Royaume-Uni s'est fixé pour objectif de réduire ses émissions de gaz carbonique de 12,5 p. 100 d'ici 2012 au plus tard, voire même de 20 p. 100, mais je ne suis pas certain que ce dernier objectif soit réalisable. Quant à la Royal Commission on Environment Pollution, son objectif est une réduction de 60 p. 100 d'ici 2050. Il s'agit de cibles réelles et exigeantes que nous avons l'intention d'atteindre, et le rôle que jouera la biomasse dans l'ensemble des cultures sera un aspect critique de cette réussite.

L'examen des programmes sur le changement climatique en cours actuellement au Royaume-Uni entraînera l'élaboration d'autres objectifs. Ceux visés par la commission d'étude sur la biomasse diffèrent probablement un peu de ce que l'on pourrait s'attendre vu que son président est l'ancien président du National Farmers Union. La commission n'est pas chargée de trouver des solutions à court terme concernant les terres non utilisées. Il ne peut s'agir de solutions artificielles. Les agriculteurs du Royaume-Uni et d'Europe en ont assez de la dépendance aux subventions et s'en écartent en raison des réformes importantes à la politique agricole commune. Ils ne veulent pas se faire prendre par un nouveau système d'exploitation agricole qui serait énormément dépendant des subventions.

Pour assurer la réussite de la production d'énergie tirée de la biomasse, il est essentiel que le procédé soit dans son ensemble économiquement durable.

La commission d'étude veut cerner les véritables obstacles qui ont, jusqu'à maintenant, fait entrave au recours réel à la biomasse en tant que source énergétique. C'est dans ce contexte que nous avons déjà fait publiquement des commentaires que je pourrais vous communiquer pour que vous en teniez compte dans vos délibérations.

D'abord, lorsqu'il est question d'utiliser de nouvelles technologies, un problème se pose puisqu'il n'y a pas réellement de chaîne d'approvisionnement. Si un client ou une entreprise examine les possibilités d'approvisionnement énergétique futures, s'il veut du charbon, il n'aura qu'à téléphoner à un distributeur de charbon; si c'est plutôt du gaz ou du pétrole qu'il veut, il se tournera vers un fournisseur de gaz ou de pétrole. Les Pages jaunes existent à l'échelle mondiale et renferment ces réponses. À ma connaissance, elles ne contiennent pas une section intitulée « fournisseurs de biomasse ». Le problème fondamental est non seulement le manque de fournisseurs, mais aussi le manque de confiance à l'égard de cette ressource. Si l'on veut convaincre les entreprises et les clients que la biomasse constitue un approvisionnement raisonnable en combustible de remplacement sous quelque forme que ce soit, il faudra leur donner l'assurance qu'il ne s'agit pas d'une mode passagère. Il leur faut une garantie que la source pour laquelle ils auront investi dans de l'équipement sera toujours disponible pendant toute la durée de vie de cet équipement.

Le deuxième facteur que nous avons cerné est que les gens ne réalisent pas le potentiel qu'offre la biomasse en tant que source d'électricité ou de chaleur. Une fois de plus, la pertinence de cet argument peut varier selon que l'on se trouve au Royaume-Uni ou au Canada, mais peu importe, car on ne reconnaît pas convenablement l'efficacité de la biomasse.

Si la biomasse n'est soumise qu'à un processus de combustion parallèlement avec une centrale thermique alimentée au charbon, l'efficacité de l'extraction énergétique sera peut-être de - 30 p. 100. C'est du gaspillage d'énergie. Au Royaume-Uni, vu les procédés que nous utilisons, comparativement aux vôtres qui font davantage appel à l'hydroélectricité, nous diffusons suffisamment de chaleur dans l'environnement pour répondre plus d'une fois et demie aux besoins de chauffage de tout le pays. Ça ne peut pas continuer ainsi.

En vue du remplacement de centrales thermiques alimentées au charbon, en raison des nouvelles normes concernant les émissions de gaz à effet de serre, nous envisageons la possibilité de les remplacer par une technologie faisant appel à la biomasse.

L'utilisation de la biomasse pose un problème car celle-ci a tendance à être lourde et à entraîner des coûts élevés de transport. Ici encore, ça laisserait des traces dans l'environnement. Il faudrait peut-être se tourner vers une production locale de chaleur et d'énergie au moyen du charbon. Lorsque l'efficacité énergétique passe de - 30 p. 100 à près de 90 p. 100 grâce aux nouvelles technologies de gazéification, on peut alors parler d'une utilisation beaucoup plus sensée.

Le troisième facteur est le manque de cohérence dans les messages provenant des autorités gouvernementales; une bureaucratie qui ne prend pas en compte tous les éléments ni le besoin d'aller de l'avant; et une réglementation démesurée. Un de nos principaux producteurs nous a clairement énoncé ce point. Il se peut que ça ne s'applique pas ici, mais ce problème de bureaucratie se retrouve un peu partout dans le monde.

Il me reste un dernier point que j'aimerais soulever avant de répondre à vos questions. Avant de nous tourner vers la biomasse comme source d'énergie potentielle, nous devons voir d'abord comment celle-ci s'inscrit dans notre perception de l'avenir. Comment pouvons-nous aller de l'avant sans disposer de données scientifiques adéquates pour évaluer les avantages et les coûts de l'utilisation de la biomasse et des sources d'énergie de remplacement?

En particulier, on constate dans le monde entier un manque de méthodes reconnues pour analyser, pendant un cycle de vie complet, les procédés comparatifs de transformation de la biomasse comme produit final, que ce soit directement sous forme d'électricité ou d'une combinaison de chaleur et d'énergie, de carburant pour le transport routier, ou de matières premières que pourrait utiliser par la suite l'industrie comme source d'énergie après une deuxième ou troisième transformation.

Nous devons nous doter d'un ensemble de normes reconnues pour éviter les contradictions et permettre aux gens qui n'ont pas l'expertise nécessaire de comprendre et de savoir à quoi s'en tenir. C'est un point qui doit être soulevé dans les forums internationaux, que ce soit au sein du G8, de l'OCDE ou de toute autre tribune pertinente. Il ne fait aucun doute que c'est déjà un sujet à l'étude au Canada, comme au Royaume-Uni. C'est une priorité que nous voulons examiner et qui est nécessaire, à mon avis, ici au Canada; ce serait une bonne idée de regarder ensemble comment nous pourrions procéder. Grâce à ces outils, nous pourrons envisager l'avenir, nous doter d'un scénario sur la façon de procéder, vu la demande accrue de terres pour la production alimentaire et non alimentaire, et trouver comment parvenir à un équilibre plus équitable, sensé et approprié.

Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au comité.

La présidente suppléante : Merci beaucoup, monsieur Gill, de votre exposé très intéressant et direct.

Le sénateur Mercer : Je vous souhaite la bienvenue parmi nous, monsieur Gill. Nous sommes ravis de votre présence. C'est un sujet que doivent aborder les Canadiens, bien que bon nombre ne le veuille pas. Au Canada, en tant que pays nordique, nous comprenons mieux que la plupart des autres pays les changements qui se passent dans l'environnement. Il y a des zones d'eau libre dans l'Arctique à des périodes de l'année où on ne devrait pas voir ça. Nous constatons aussi les effets du changement climatique dans nos grandes forêts. Les effets se voient partout. Nous ne voulons pas vraiment en parler; nous préférons l'ignorer. Nous sommes chanceux de disposer de vastes territoires et ressources, mais si nous n'en parlons pas, nous allons nous retrouver du côté des perdants. Le reste du monde semble être dans une situation pire que la nôtre.

Serons-nous prêts à affronter ce qui s'annonce comme une crise catastrophique?

M. Gill : Je crains que l'égoïsme de certains secteurs internationaux ne nous mette des bâtons dans les roues. La disponibilité de l'eau, question que j'ai abordée plus tôt, est cruciale pour notre avenir. Vous avez des températures extrêmes à Ottawa, que j'ai d'ailleurs pu sentir hier, alors qu'au Royaume-Uni, même si nous nous situons sensiblement à la même latitude, le climat est plus tempéré grâce à la chaleur habituelle du Gulf Stream. L'être humain peut survivre avec moins de pétrole, mais pas sans eau.

Récemment, il y a eu une émission à la télévision dans laquelle on racontait l'invasion fictive du Canada par un autre pays uniquement pour obtenir ses ressources d'eau. Bien que ce ne soit que de la fiction, ça illustre néanmoins l'importance que revêt l'eau.

En 1999, la République populaire de Chine était un pays exportateur net de blé à raison de 30 millions de tonnes sur le marché mondial. Plus récemment, elle est devenue un pays importateur net de blé, principalement en raison du manque d'eau dans ses terres du nord, ce qui a fait pression sur les capacités de production de ce pays.

Nous avons une problématique double car il y a non seulement les effets du changement climatique sur lesquels on essaie d'agir mais aussi les situations que vous avez mentionnées, comme le déplacement des glaces et l'élévation du niveau des océans, auxquelles il faut répondre. Ça sera le cas partout dans le monde.

Si l'on prend l'élévation du niveau de la mer, que se passera-t-il, non seulement au Canada et au Royaume-Uni, mais aussi au Bangladesh, qui est si près du niveau de la mer et où les gens sont déjà terriblement pauvres? Des régions côtières de l'Inde de la taille du pays de Galles seront submergées en permanence sous le niveau de l'océan. Quelles seront les conséquences et comment devons-nous nous y préparer?

Selon les scénarios sur le changement climatique dont j'ai pris connaissance, en présumant que le Gulf Stream ne se déplacera pas vers l'Europe, il faut sans doute prévoir que le sud de l'Europe deviendra de plus en plus aride. La péninsule Ibérique, la Grèce, l'Italie et le sud de la France verront leur capacité de produire des denrées alimentaires diminuer considérablement.

Il ne faut pas penser uniquement aux problèmes liés directement aux changements climatiques; il y a aussi les conséquences sur la production alimentaire de la diminution de la capacité de production et de la quantité de terres dont nous disposerons, compte tenu de ces contraintes au chapitre de l'eau. Cela m'amène à penser qu'il nous faut examiner très minutieusement la façon dont nous utilisons nos terres arables dans une perspective beaucoup plus vaste que nous le ferions en d'autres circonstances, sans quoi nous serons confrontés, comme vous l'avez indiqué, à un problème vraiment très grave. Il est important de soulever cette question dès maintenant de manière à pouvoir dégager des solutions.

Le sénateur Mercer : Il convient de féliciter la Grande-Bretagne pour le travail effectué à ce chapitre; je m'inquiète toutefois de vous voir agir en vase clos. C'est un dossier dont il faut débattre à l'échelle planétaire, non seulement au niveau du G8, mais à celui du G20, dont font partie quelques-uns des plus grands pays en développement parce que, comme vous l'avez dit, le Bangladesh et l'Inde, par exemple, seront touchés.

Cette question nous concerne également. Si les Canadiens croient que nous seront épargnés, c'est qu'ils ne portent pas suffisamment attention. Dans ma province, en Nouvelle-Écosse, et à l'Île-du-Prince-Édouard, nous avons subi cet hiver une marée de tempête qui a entraîné l'érosion d'une bonne partie de nos côtes. Dans le cas de la Nouvelle-Écosse, seuls des terrains de villégiature ont été affectés, mais cela aurait pu être également des terres agricoles, ce qui aurait eu un effet dévastateur.

Nous avons discuté à maintes reprises autour de cette table des subventions agricoles et de l'ampleur qu'elles prennent en Europe ainsi qu'aux États-Unis. Au Canada, nous n'avons pas recours à ces subventions et nous voulons éviter de le faire. Nous aimerions que tous les autres pays en fassent autant.

L'Europe est-elle sur le point d'éliminer les subventions agricoles?

Est-ce que les agriculteurs européens et britanniques sont prêts pour un tel changement?

Je sais qu'il en sera question lors des réunions prochaines de l'Organisation mondiale du commerce. J'ai appris que l'agriculture serait au coeur de cette série de discussions de l'OMT.

M. Gill : Je pourrais répondre de façon très détaillée à vos questions, mais je suppose que ce n'est pas ce que vous souhaitez.

Il est important que je précise officiellement que la réforme de la Politique agricole commune convenue au Luxembourg en juin 2003 n'a pas été bien comprise partout dans le monde. Cette question revêt une importance capitale. Cette réforme n'a été mise en oeuvre que cette année, mais le fait est que les mécanismes de soutien sont devenus des moteurs de plus en plus importants pour favoriser la production en Europe. Si vous aviez un quota de lait, de vaches suitées ou de moutons, vous avez toujours cherché à utiliser ce quota au complet, sans tenir compte des besoins du marché. Étant donné le découplage qui a été amorcé, une mesure que j'ai préconisée activement, en faisant parfois cavalier seul en Europe, la situation ne sera plus la même. Les forces du marché deviennent l'élément moteur, de telle sorte que l'offre correspondra beaucoup mieux à la demande.

Contrairement à ce que bon nombre de prétendus experts ont affirmé, cela ne signifie pas nécessairement que les prix vont diminuer, étant donné qu'en raison de la façon dont nous procédons pour la transition au moyen de l'aide découplée qui sera offerte, bien que les prix baisseront considérablement à long terme, il sera toujours possible de dire : « Si vous ne me donnez pas le prix que je demande, je ne vais pas en produire. » Il s'agira d'une brève transition pendant laquelle on mettra davantage l'accent sur les cultures non alimentaires et les possibilités qu'elles offrent.

À bien des égards, alors que la Commission croyait faire une bonne chose en permettant les cultures non alimentaires sur les terres mises de côté, elle leur donnait en fait un caractère artificiel qui n'a pas servi leur cause. J'estime qu'il a été beaucoup plus profitable d'envisager les possibilités qu'offrent les cultures non alimentaires d'une manière générale, comme source d'énergie pour l'avenir et comme source de remplacement des carburants fossiles, que ce soit directement pour l'énergie ou comme matière première pour l'industrie.

Hier, lors de ma visite des installations de votre Conseil national de recherche, j'ai pris connaissance d'un projet absolument fascinant. Les chercheurs convertissaient un dérivé de la fécule de maïs en acide polylactique avant de mélanger celui-ci à d'autres agents pour créer un produit qui, si leurs recherches aboutissent, pourrait remplacer l'acier des véhicules automobiles. Ainsi, un véhicule parvenu à la limite de sa durée utile pourrait être réutilisable. De cette façon, il est possible de créer des chaînes d'utilisation, toutes fondées sur les plantes. On peut se servir d'un produit jusqu'à ce qu'il ne soit plus utilisable, avant d'y avoir recours comme base neutre en carbone pour la production d'énergie.

Il s'agit selon moi d'avenues qui seront empruntées de plus en plus.

Le sénateur Mercer : Vous avez indiqué que la diminution des ressources de la mer du Nord a incité la Grande- Bretagne à importer du gaz liquéfié d'aussi loin que de la Malaisie. Vous n'avez pas à aller si loin. Nous avons d'importants gisements de gaz naturel au large des côtes de la Nouvelle-Écosse dont nous serions heureux de vous faire profiter tout comme, j'en suis persuadé, nos amis de Terre-Neuve-et-Labrador. C'est une petite annonce que je vous fais; si vous voulez bien transmettre le message.

Pour ce qui est de la production de carburants de remplacement, nous faisons pousser sur nos immenses terres des céréales que nous vendons à perte, à 1 $ le boisseau.

Devrions-nous plutôt cultiver du maïs que nous pourrions utiliser pour produire des carburants de remplacement qui sont plus rentables?

M. Gill : Si je vous ai dit qu'il fallait pouvoir compter sur une procédure efficace pour l'analyse du cycle de vie, c'est notamment parce qu'il faut bien comprendre les motivations et les incidences de toutes les mesures que nous prenons quand il y a des changements majeurs de cette nature, pour ce qui est de l'empreinte environnementale, de l'efficience énergétique et de l'utilisation du dioxyde de carbone, du début à la fin du processus.

Il ne sert vraiment à rien de considérer que les cultures non alimentaires, qu'elles servent à la production énergétique ou à d'autres usages, sont limitées à des utilisations secondaires de terres de moindre qualité. Les éléments économiques de l'équation globale joueront un rôle essentiel; s'il est possible de se livrer à des cultures plus profitables sur des terres meilleures afin de produire des revenus supérieurs, cela deviendra un facteur déterminant.

Nous constatons déjà que des interrelations se développent à ce chapitre au Royaume-Uni. En raison des exigences posées par le gouvernement en faveur de l'intégration de la biomasse à leurs sources d'approvisionnement énergétique, nos producteurs d'énergie importent de grandes quantités d'huile de palme, de pulpe d'olive et d'autres produits de ce genre pour leurs centrales. Ces produits étaient précédemment utilisés pour l'alimentation des animaux. Vous commencez à voir l'interface. À la faveur de l'augmentation des prix, il y a un effet sur les aliments pour animaux ainsi que les coûts de production alimentaire. Avec l'intégration de ces deux facteurs, les agriculteurs devront faire la part des choses pour déterminer la solution optimale du point de vue économique.

Le sénateur Hubley : Notre comité de l'agriculture s'est penché sur la question des changements climatiques il y a plusieurs années. Parmi les établissements modèles que nous avons alors eu le plaisir de visiter, je me souviens d'une ferme porcine huttérienne en Alberta. Cette communauté recueillait tous les déchets d'élevage, le fumier, les petites parties d'animaux et les déchets ménagers, et en tirait un gaz naturel servant à la production d'électricité qui permettait de répondre à tous ses besoins en la matière. On pouvait même vendre de l'électricité au réseau albertain, et ce, de façon bien réfléchie. On utilisait l'électricité à des heures différentes, et on pouvait en vendre lorsque les besoins du réseau étaient le plus élevés. Cela nous a semblé une façon très judicieuse de faire les choses.

Pourriez-vous d'abord nous dire ce que vous pensez de ce type de petites unités de production et des avantages que nous pouvons en tirer, lorsque nous considérons le portrait plus global?

M. Gill : Votre exemple illustre magnifiquement bien le genre de solutions qui, selon moi, prendront une place de plus en plus importante dans le tableau futur. J'estime que d'ici 2020, nous devrons avoir commencé à exploiter toutes les ressources possibles pour la création d'énergie. Je pourrais faire valoir que notre société actuelle est coupable d'un gaspillage immonde dans l'utilisation de ces ressources. En effet, nous produisons beaucoup trop sans tenir compte des possibilités de réutilisation qui s'offrent à nous. C'est le cas notamment pour les déchets d'origine animale ainsi que, si je puis me permettre, pour ceux d'origine humaine. Il est ainsi possible de produire de l'énergie par biodigestion des boues d'épuration. Vous pouvez toujours produire des quantités de biogaz, mais il est certes faisable de l'utiliser pour la production de chaleur ou d'électricité.

Étant donné que la biomasse est un produit plutôt encombrant, je crois qu'il conviendra de l'utiliser directement au sein des collectivités locales. J'estime d'ailleurs que les collectivités rurales se prêteront mieux à son utilisation. En plus de créer de l'emploi au sein de ces collectivités, elle offrira une source d'énergie de remplacement qui sera plus durable. Il est possible d'utiliser tous les surplus générés pour accroître la quantité d'énergie disponible au sein des réseaux, si on y est connecté, de manière à renforcer ces réseaux, plutôt qu'à leur faire concurrence.

Le potentiel de la biodigestion est considérable, tout comme les possibilités pour les fermes intégrées d'utiliser leurs terres boisées.

Une quantité importante de ce qu'on appelle les « résidus forestiers » pourrait être utilisée comme source énergétique. Au Royaume-Uni, les meilleures estimations indiquent qu'il existe environ un demi-million de tonnes de tels sous-produits arboricoles. Je pense que cette expression est le fruit de l'imagination d'un fonctionnaire. On parle ici des copeaux de bois produits à partir des branches coupées par les spécialistes en chirurgie arboricole lorsqu'ils font leur émondage annuel. Ces copeaux peuvent être utilisés comme source d'énergie en combinaison avec d'autres éléments.

Pour donner un exemple allant dans le même sens que le vôtre, j'ai vécu une expérience semblable lorsque je suis retourné en Ouganda, un pays où j'ai déjà travaillé il y a bien longtemps, et j'ai visité une ferme comptant 10 vaches. Les vaches produisaient toute la chaleur et tout le gaz dont elles avaient besoin à partir de leur propre biodigestion sur place, avec intégration de tout le lisier animal. C'est une technologie très simple, mais cela produit de bons résultats. Nous avons peut-être atteint un niveau de complexité un peu trop élevé dans la satisfaction de certains de nos besoins, mais j'estime que ces pratiques feront partie intégrante de notre société future et joueront même un rôle capital.

Le sénateur Hubley : Vous avez parlé des forêts, de l'émondage et de l'éclaircissage. Un ouragan a frappé la région de l'Atlantique et nous essayons encore de déterminer ce que nous allons faire avec une partie des arbres tombés. Bien qu'il ne soit pas possible de compter sur de telles catastrophes comme source énergétique, il serait plutôt réconfortant de savoir qu'en pareil cas, il est possible d'utiliser le bois de manière à ce qu'il ne soit pas perdu.

M. Gill : Tout à fait. Nous considérons que cette possibilité peut s'inscrire dans le scénario de culture énergétique mis au point au Royaume-Uni, en vertu duquel nous envisageons principalement le recours à des plantations en courte rotation accompagnées de différentes graminées, surtout le myscanthus ou herbe à éléphant. Le saule permet une culture en rotation rapide. J'en ai quelques-uns sur ma propre ferme. Le cycle de récolte est de trois ans. Le rendement en matières sèches peut atteindre en concentration d'équilibre 12 tonnes de myscanthus par hectare par année.

Quel est le lien avec votre idée? Si vous cultivez des saules, il faut compter quatre ans entre le moment de plantation et la première véritable récolte. Dans l'intervalle, vous pouvez intégrer à court terme les résidus forestiers, ou les dommages causés par l'ouragan dans le cas que vous avez cité. Une fois que vous avez mis en place une industrie fondée sur la biomasse ou la biomasse d'origine forestière, si de telles catastrophes se produisent de nouveau — et les risques ne cessent d'augmenter avec le changement climatique — vous pouvez en tirer parti de façon plus efficace et mieux coordonnée pour maintenir et compléter l'approvisionnement que vous procure votre base de culture énergétique.

Le sénateur Hubley : Notre secteur de l'élevage bovin vient tout juste de vivre une crise de la vache folle. Nous procédons actuellement à l'enlèvement de ce qu'on appelle les matières à risques spécifiés pour chacun des bovins qui sera abattu. Il est bien certain que cela crée une quantité considérable de déchets.

Serait-il possible, ou pourrait-il être possible, ou devrions-nous nous servir de ces déchets comme biomasse pour produire quelque chose de valeur?

M. Gill : Madame la présidente, vous avez toute ma sympathie pour les problèmes que vous a causés l'encéphalopathie bovine spongiforme, un autre terme que l'on ne veut pas trop prononcer. Je pense que la situation a donné lieu à une réaction excessive de la part des pays qui ont voulu interdire l'exportation de vos animaux. J'ai acquis une certaine expertise en la matière grâce à mon travail comme dirigeant de notre syndicat national des agriculteurs et il m'est arrivé de ne pas être d'accord avec les représentants d'autres pays européens quant à la question du bœuf. Je sympathise tout à fait avec vous, car je suis conscient de la situation difficile que vous avez eu à vivre.

Pour en venir à votre question, à la suite de la crise de la vache folle qu'a vécue le Royaume-Uni en 1996, nous nous sommes trouvés dans l'obligation de regagner la confiance de la population. Nous avons donc pris des mesures qui visaient à retirer de la chaîne alimentaire tout animal âgé de plus de 30 mois. Cela s'ajoutait aux mesures relatives aux matières à risques spécifiées dont vous avez parlé. Toutes ces bêtes plus âgées, soit des vaches et des taureaux qui avaient terminé leur vie de reproduction, ont été transformées en farine de déchets d'abattage. Cette farine de déchets d'abattage a été entreposée pendant un moment considérable avant qu'on ne trouve un débouché. L'un des producteurs d'électricité les plus rentables de notre réseau national est une vieille centrale à charbon qui a réussi à obtenir le contrat pour brûler toute cette farine de déchets d'abattage afin de produire de l'électricité. L'opération est menée à un coût négatif, ce qui la rend très rentable pour le producteur.

Pour répondre à votre question, cela devrait être possible pour autant que les matières à risque spécifiées soient soumises aux mesures d'assainissement et de contrôle nécessaires pour enrayer la propagation de la maladie.

La présidente suppléante : Le sénateur Mercer vous a posé une question au sujet de la culture du maïs. Pour ma part, je m'intéresse au canola. Dans ma province, l'Île-du-Prince-Édouard, le gouvernement envisage la possibilité de faire cultiver du canola pour mélanger avec le diesel. Vous livrez-vous à ce genre de culture au Royaume-Uni?

M. Gill : Le gouvernement britannique s'est montré hésitant à produire du biodiesel à partir du canola, surtout en comparaison avec d'autres pays européens, dont la France et l'Allemagne, qui ont investi des sommes considérables dans le développement d'installations de biodiesel pour le mélange avec les combustibles fossiles.

D'autres pays d'Europe ont été beaucoup plus novateurs que le Royaume-Uni. Jusqu'à son adhésion à l'Union européenne, la République tchèque avait un système en vertu duquel le gouvernement acceptait d'acheter certaines quantités de graines oléagineuses sur le marché alimentaire et de les revendre à perte au secteur de la transformation pour la production de biodiesel, lequel était ensuite mélangé avec le diesel et vendu à la pompe.

Le marché du biodiesel au Royaume-Uni se limite presque exclusivement au recyclage des huiles végétales ou minérales usées, qui consiste, par exemple, à purifier les matières grasses des croustilles pour les revendre. Le problème vient du fait que le gouvernement en poste a décidé d'offrir un remboursement de taxes qui ne correspond qu'à 20 pences par litre. Le niveau de taxation atteint actuellement 46 pence par litre, ce qui fait que le remboursement n'est pas suffisant.

Si vous êtes d'accord avec le scénario dont je vous ai fait part, suivant lequel la disponibilité des terres posera un problème sérieux d'ici cinq ou dix ans, nous devrons tous déterminer la façon optimale d'utiliser les terres disponibles de manière à limiter les émissions de dioxyde de carbone et à accroître l'efficience de la production et de l'utilisation de l'énergie.

Le bilan énergétique d'une culture de canola pour produire du biodiesel est très différent de celui d'une récolte de miscanthus provenant de taillis à rotation rapide, qui peut être dix fois plus élevé en terme de gain énergétique comparativement à l'autre.

Il faut donc que les gouvernements déterminent à l'intérieur de leurs portefeuilles respectifs quelle est leur priorité en matière d'utilisation du sol, compte tenu des besoins au chapitre du transport routier, de l'électricité et de la chaleur ainsi que des matières premières dans leur ensemble.

Le sénateur Mercer : J'aimerais parler à nouveau du biodiesel et des autres combustibles issus des sous-produits d'autres activités. J'étais présent au Comité des pêches l'autre soir et j'ai appris avec étonnement qu'on utilisait maintenant l'huile de poisson comme supplément au diesel pour les transports publics.

Selon vous, s'agit-il d'une autre avenue que nous devrions peut-être emprunter?

M. Gill : Je n'ai jamais vraiment songé à l'huile de poisson comme source énergétique possible. Il est essentiel que nous nous montrions novateurs dans tous les aspects de nos activités futures, ce que nous cherchons d'ailleurs à faire, compte tenu des éléments moteurs dont vous avez parlé, pour veiller à ce que nous profitions de toutes les occasions possibles pour maximiser l'utilisation des ressources disponibles de manière à minimiser les déchets qui sont enfouis. L'huile de poisson est donc une option en ce sens. Il est toutefois possible que davantage d'odeurs soient libérées que dans le cas des centrales utilisant la farine de déchets d'abattage.

Le sénateur Mercer : J'ai grandi à une époque où on nous conduisait à la fontaine de l'école tous les jours et on nous donnait un comprimé d'huile de foie de morue. C'était abject, mais je prends encore de l'huile de foie de morue aujourd'hui. C'est une autre option.

Cette discussion me fascine parce qu'elle me rappelle le film Mad Max Beyond Thunderdome, dans lequel on trouvait des carburants de remplacement qui sentaient encore plus fort que l'huile de poisson.

Je pense que nous devons élargir nos horizons ou à tout le moins voir au-delà de la mine de charbon ou des champs gaziers et pétrolifères pour penser davantage à la conservation, qui fait aussi partie de l'ensemble.

Comme vous le savez, le Canada a signé le Protocole de Kyoto, et nous nous battons pour respecter l'engagement que nous avons pris.

Pensez-vous que nous nous escrimons vraiment pour rien puisque le plus grand joueur des Amériques n'est pas avec nous à la table, sur Kyoto?

Le pire gaspilleur d'énergie au monde nie l'existence de choses comme les pluies acides et la pollution; le président actuel ne les nie peut-être pas, mais plusieurs présidents avant lui l'ont fait.

M. Gill : Je trouve regrettable, c'est le moins qu'on puisse dire, que la plus grande puissance économique mondiale refuse de tenir compte des vrais problèmes du changement climatique.

Je trouve incroyablement simpliste et égoïste l'argument qu'il serait trop coûteux pour eux de réduire les gaz à effet de serre. Ce sont nos enfants qui seront pris avec ce problème, et je crois qu'ils ont absolument tort d'agir ainsi.

Je pense qu'en tant que société, nous devons favoriser l'innovation et trouver des solutions. Je sais que la technologie va nous offrir des solutions. Je crois que les pays qui mènent le bal vont en profiter en bout de ligne parce qu'ils en auront été les artisans. Il y a une chose qui me semble on ne peut plus claire : notre industrie, notre société et nos gouvernements devront changer pour lutter contre le changement climatique.

Il me semble indéniable que l'option privilégiée est d'adopter des mesures volontaires et préventives plutôt que d'attendre qu'une loi soit adoptée pour nous obliger à le faire.

En toute déférence pour tous les politiciens concernés, je pense que vous serez d'accord pour dire qu'il est préférable que cela passe par le commerce plutôt que par des règlements bureaucratiques, coûteux et complexes susceptibles d'influencer la productivité du pays.

Il y a une véritable dichotomie aux États-Unis; on ne peut ignorer le fait qu'ils investissent des sommes mirobolantes dans leur programme national de développement de l'éthanol, qui est un substitut de l'essence. On ne peut pas non plus sous-estimer le fait que la Californie, qui est la quatrième économie mondiale la plus importante et dont le gouverneur est M. Schwarzenegger, est en train de lancer toute une série de nouvelles technologies, c'est-à-dire des technologies à cellules d'hydrogène, et que cet État est extrêmement conscient des problèmes du changement climatique. J'ai lu un autre fait intéressant. En effet, il semble qu'au Sénat américain, il y a de plus en plus de dialogue et de reconnaissance du fait que le changement climatique est un problème auquel il faut s'attaquer, et il y a des coalitions potentielles entre les partis républicain et démocrate qui laissent croire qu'il sera de plus en plus difficile de continuer à fermer les yeux sur le changement climatique.

Je suis d'accord avec votre hypothèse de base qu'il sera très difficile d'agir si les États-Unis refusent de signer le Protocole de Kyoto. La signature récente de la Russie a été un énorme pas en avant pour la ratification du protocole, afin que nous nous penchions tous sérieusement sur la question.

Le sénateur Mercer : Il me fait chaud au cœur de voir que la Russie a signé le protocole elle aussi, mais c'est une chose que de le signer et c'en est une autre que de s'y conformer, comme nous le découvrons au Canada. Connaissez- vous la campagne du gouvernement du Canada intitulée le Défi d'une tonne?

M. Gill : J'en ai entendu parler pendant ma visite ici et elle me semble être un bon moyen de sensibiliser le public. Pour l'instant, je crois que le manque de sensibilisation du public au changement climatique est attribuable au fait qu'il soit très graduel. Oui, il y a un ouragan, mais nous ne le voyons que comme un autre ouragan. Nous ne voyons pas la situation dans son ensemble. Nous ne voyons pas son incidence globale. Nous préférons fermer les yeux, parce que nous continuons de nous lever chaque matin, de faire toujours les mêmes choses, puis de dormir la nuit, tous les jours. À tout le moins je l'espère.

Nous devons continuer de sensibiliser les gens et leur faire comprendre non seulement le phénomène du changement climatique, mais aussi les incidences très réelles dont nous venons de parler et que vous soulignez à juste titre, sénateur Mercer, dans le monde entier, tant dans les pays développés que dans les pays en développement.

Je m'inquiète beaucoup des pays en développement, où qu'ils se trouvent, et de l'avenir. À mon avis, nous ferions bien de mettre clairement l'accent de façon très articulée et avec beaucoup plus de vigueur sur la durabilité et l'autosuffisance.

Le sénateur Mercer : Vous avez soulevé la question de l'eau et de sa gestion. Nous sommes bénis ici d'avoir autant d'eau potable que nous n'exploitons pas.

Le film de fiction intitulé H2O et qui a été tourné pour la télévision devrait être obligatoire pour les jeunes Canadiens, afin de les sensibiliser aux dangers potentiels de ne pas bien gérer nos ressources en eau ou de ne pas bien gérer notre gouvernement, qui est le grand responsable de cette ressource en fin de compte. L'autre aspect de ce film est la technologie servant à découvrir des sources d'eau utilisables.

Savez-vous jusqu'où va la technologie en ce moment pour retirer le sel de l'eau salée et permettre son utilisation en agriculture dans les régions plutôt arides, mais situées près de grandes étendues d'eau salée?

M. Gill : Je sais que de nouvelles technologies existent, mais je ne les connais pas bien. Nous pourrions améliorer beaucoup la façon dont nous utilisons l'eau, tant en agriculture que dans la société en général. Nous utilisons de l'eau propre là où nous pourrions peut-être utiliser de l'eau sale. Prenons toutes les méthodes d'irrigation et d'utilisation des ressources en eau, nous pourrions utiliser cette eau de façon beaucoup plus efficace. Nous pourrions étudier les modes d'emmagasinement de l'eau en hiver plutôt que d'utilisation de l'eau en été. Nous devons avoir une vue d'ensemble. Nous pouvons envisager l'utilisation de périmètres d'inondation. Nous pouvons faire encore beaucoup pour améliorer notre utilisation avant qu'elle ne devienne un problème.

Vous avez dit être bénis d'avoir autant d'eau. Comme je l'ai déjà mentionné, je suis désolé de parfois confondre mes présentations, parce que j'en ai fait une autre aujourd'hui et que parfois, je ne sais plus ce que j'ai dit ici et ce que j'ai dit à mon autre présentation. Quoi qu'il en soit, j'ai regardé le canal météo lorsque je suis arrivé à Ottawa, mardi soir, et on y disait que la baisse des précipitations de neige dans l'Ouest et dans les Rocheuses aurait des conséquences sur nos réserves en eau au cours de la prochaine année. La semaine dernière, nous nous sommes rendus en Finlande. Là-bas, l'approvisionnement en électricité et le coût de l'électricité varie en fonction des pluies, qui correspondent en fait à la neige qui est tombée pendant l'hiver en Norvège. Si l'hiver y a été sec ou si les précipitations de neige y ont été peu abondantes, le prix de l'électricité est beaucoup plus élevé que l'année où il y a eu beaucoup de précipitations sous quelque forme que ce soit.

Si vous êtes si chanceux en ce moment, vous ne devriez pas prendre pour acquis que vous le serez toujours. Il serait prudent de prévoir un scénario pour toutes les éventualités plutôt que de croire à un don de Dieu. Comme d'autres l'ont dit, ne soyez pas trop contents. Remettez toujours en question ce qui vous est donné aujourd'hui.

Pour terminer, vous dites qu'il faut élargir vos horizons, mais il y a une tendance extrême dans la société d'aujourd'hui à fuir le risque. Nous devons prendre plus de risques dans notre analyse de ce qui est possible à l'avenir.

Je comprends Bill Gates, que vous connaissez évidemment tous, et qui, lors d'une réunion tenue avec son personnel de recherche il y a environ un an et demi, a reproché à ses employés de ne pas prendre assez de risques. C'est seulement en prenant des risques qu'on peut repousser les frontières de la science et évaluer ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Ce n'est rien de nouveau.

Pensez aussi à ce que disait le grand scientifique Albert Einstein, qui exhortait lui aussi les gens à élargir leurs horizons. Il est essentiel d'examiner les questions dans leur ensemble pour que notre société réussisse à résoudre les problèmes mêmes que vous venez de nommer.

Le sénateur Mercer : Je tiens à vous remercier. Je vous écoute et je suis content que vous soyez ici devant notre comité, mais je ne peux pas m'empêcher de croire que vous seriez un excellent témoin pour le comité du sénateur Banks aussi.

Je ne sais pas combien de temps vous allez rester au Canada, mais nous pourrions peut-être recommander au sénateur Banks de vous demander de revenir la semaine prochaine pour parler à son comité.

Pour ce qui est d'élargir nos horizons, je trouve intéressant qu'une technologie aussi simple que l'énergie éolienne n'ait pas attiré l'attention du monde, particulièrement dans les parties du pays où le vent est littéralement déchaîné. C'est une source d'énergie peu coûteuse, puisque nous n'aurions à payer que pour la construction des génératrices. L'énergie éolienne nous aiderait à produire de l'électricité et à nous affranchir de notre dépendance au charbon, au pétrole et au gaz.

Sommes-nous les seuls à ne pas tirer parti de nos ressources éoliennes?

M. Gill : Vous n'êtes pas les seuls, mais la production éolienne a été critiquée avec verve au Royaume-Uni, bien souvent par pure ignorance. Il y a un certain degré de ce qu'on appelle le « NIMBYism » au Royaume-Uni, qui vient de l'abréviation de « not in my backyard », ou pas dans ma cour, et je suis certain que c'est la même chose au Canada.

Le sénateur Mercer : Nous avons seulement de plus grandes cours.

M. Gill : C'est assez destructeur. Une certaine partie de notre population qui s'est enrichie dans les villes nourrit le rêve de posséder une maison de campagne, soit une propriété de 10 ou 20 hectares de terre. Lorsqu'ils acquièrent cette terre, ils ne veulent pas qu'elle soit abîmée ou entachée de quelque façon. Ils n'autoriseront pas l'érection d'un moulin à vent près de la propriété de leurs rêves. Ils ne veulent pas discuter des beautés de l'approvisionnement en électricité durable. Ils s'accrochent à des commentaires vieux jeu sur le bruit, entre autres. Ils deviennent pratiquement absorbés dans leur propre monde.

On utilise le vent dans une certaine mesure au Royaume-Uni. Cette utilisation est toutefois limitée par certains groupes d'intérêt ou de pression qui ont mené des campagnes fanatiques et par certaines personnalités de la télévision, que je trouve difficiles à comprendre.

Je regarde certaines centrales éoliennes créées dans les Pennines et je ne les vois pas comme des intrusions, mais plutôt comme des éléments qui ajoutent une certaine diversité au paysage. Après tout, l'homme modifie le paysage depuis qu'il fait partie de l'environnement, depuis qu'Adam et Ève ont été créés. Il suffit de le faire avec sensibilité.

Le compromis entre l'énergie éolienne continentale et l'énergie éolienne en mer n'est toujours pas réglé. Le problème, c'est que les dépenses en capital par mégawattheure pour générer de l'énergie éolienne en mer équivalent presque au double de celles pour générer de l'énergie éolienne continentale. Chaque fois, on laisse la responsabilité aux autres.

De plus, l'énergie éolienne comporte ses propres problèmes. Les vents peuvent être forts au Canada, mais ils peuvent être nuls les jours où l'on en aurait besoin. L'approvisionnement en vent est intermittent, et il faut une base d'alimentation en combustible. Je doute que le vent ne fournisse jamais plus qu'une petite partie de l'approvisionnement total en énergie, mais il va être important.

Le sénateur Mercer : Monsieur Gill, ma dernière question porte sur les sources d'énergie situées tout près des terres agricoles. Dans ma province, dans la vallée Annapolis de la Nouvelle-Écosse, il y a une petite centrale marémotrice. Y aurait-il un certain potentiel de développement en ce sens pour créer l'énergie à moindre coût qui est nécessaire?

M. Gill : Il y a deux sources d'énergie : les vagues et les marées, et ce sont là deux technologies différentes. Au Royaume-Uni, on songe depuis longtemps à installer des barrières marémotrices dans les estuaires du Severn et du Humber, ainsi que dans le Wash. Le plus grand potentiel se trouve probablement dans l'estuaire du Severn, dans le sud-ouest, où il y a un courant assez important qu'on appelle Severn Bore, qui atteint souvent des extrêmes et qui pourrait créer de l'énergie.

L'énergie houlomotrice est générée par le simple mouvement des vagues de haut en bas, et c'est une autre source d'énergie potentielle. Il est intéressant de souligner que des recherches ont été faites au Royaume-Uni, dans les îles au large de l'Écosse, où l'énergie est habituellement très coûteuse. On essaie d'y créer une île complètement autosuffisante, qui générerait toute son énergie grâce à une combinaison du vent, des vagues et de la biomasse ou des biogaz; vous en avez déjà parlé.

Je pense que la solution à l'avenir serait que la biomasse fasse partie de nos sources d'énergie, mais seulement en partie. Elle ne sera pas la principale source énergétique, mais elle en sera une importante. Je pense qu'elle sera la source principale dans les régions rurales où le produit pourra être utilisé plus près de sa base, ce qui réduira les coûts de transport et les incidences du transport sur l'environnement, favorisant ainsi une façon de faire holistique et sensible utilisant la biomasse dans le cadre du programme national de n'importe quel pays.

Le sénateur Hubley : Si vous voyagez dans le Nord canadien, vous pourrez voir très clairement les effets du changement climatique, comme l'érosion des glaciers et la fonte du permafrost. Ces phénomènes touchent certaines espèces animales vivant dans ces régions. Les peuples autochtones nous en ont appris beaucoup sur l'histoire de la région, et ces renseignements sont aussi éclairants que toute autre information recueillie dans nos discussions sur le changement climatique et ses effets. Nous pouvons laisser passer un ouragan sans nous questionner davantage. Il y a certainement des preuves du changement climatique au Canada, et nous allons devoir nous attaquer au problème.

Je viens de l'Île-du-Prince-Édouard, tout comme le sénateur Callbeck. Nous cherchons continuellement des moyens d'assurer la viabilité de nos petites fermes et d'encourager nos jeunes à prendre la relève pour préserver l'industrie agricole au Canada. Il y a beaucoup de petites fermes au pays, mais pourtant nous sommes devant un problème mondial.

Devons-nous envisager des solutions mondiales ou pouvons-nous commencer à plus petite échelle, dans nos collectivités et nos coopératives? Pouvons-nous commencer par des solutions que les agriculteurs peuvent adopter pour ajouter de la valeur à leurs activités?

Peut-être pourraient-ils utiliser la biomasse de leurs fermes pour produire de l'énergie plutôt que de s'en débarrasser autrement.

M. Gill : Votre description du problème du changement climatique est tout à fait exacte. J'ajouterais qu'il représente une véritable menace pour certaines espèces. Les gens se concentrent sur les effets de la fonte de la calotte polaire, mais ils ont tendance à oublier que bien qu'elle fasse monter beaucoup le niveau de la mer, le réchauffement de la terre d'un degré Celsius depuis un siècle, et particulièrement depuis dix ans, est très grave en soi. Certains prévoient que la température terrestre va augmenter de cinq degrés d'ici 2070. Il ne faudrait pas oublier que lorsque l'eau se réchauffe, elle prend de l'expansion. La simple expansion du volume d'eau fera nécessairement monter le niveau de la mer, peu importe les conséquences de la fonte de la calotte polaire. Cette éventualité est particulièrement pertinente pour des pays d'Europe comme la Hollande. Elle l'est particulièrement aussi pour le sud-est de l'Angleterre; le barrage par éclusée construit dans la Tamise a servi plus en un an que jamais auparavant.

Je ne peux toutefois pas vous parler des coûts que représente la protection de Londres, même si certains de mes collègues du nord-est de l'Angleterre vous diront : « Pourquoi s'en soucier? », madame la présidente.

Le sénateur Mercer : Vous venez de le faire.

M. Gill : En toute déférence, monsieur le sénateur, j'ai simplement cité les propos des autres et non les miens et je ne pourrais pas faire d'autres commentaires.

Pour revenir à votre observation sur la façon dont nous pouvons aider les petites fermes locales, je vais dire une chose qui risque de vous choquer. On a tendance à dire qu'il faut protéger à tout prix les petites fermes rurales, pratiquement au point de condamner les fermiers à une vie de misère; je pense que ce serait une erreur.

Une des principales raisons pour lesquelles nous avons de la difficulté à retenir les gens dans l'industrie agricole est que les salaires sont meilleurs ailleurs. J'ai quatre fils, et aucun n'a manifesté le désir de devenir agriculteur. Les deux plus vieux travaillent dans d'autres secteurs d'activité et ils gagnent plus d'argent que je n'en ai jamais gagné comme agriculteur toute ma vie, même s'ils ne sont que dans la vingtaine. C'est aussi une question de qualité de vie, mais je ne peux pas leur en vouloir pour leur décision. Je crois que ce qu'ils font est fantastique.

Pour attirer les jeunes vers l'agriculture, il faut leur offrir un salaire raisonnable pour le travail qu'ils effectuent. La clé est dans la dernière partie de votre question.

Ce qui est intelligent, quand on est un petit exploitant agricole, ce n'est pas seulement de produire de la matière première, mais aussi de la transformer. C'est particulièrement vrai pour la biomasse. Au lieu de vendre du bois dans votre collectivité, pourquoi ne pas vendre du chauffage ou de l'énergie? Ainsi, vous ajoutez de la valeur à votre produit. De cette façon, vous ne passez pas à côté des profits éventuels qui échappent souvent aux producteurs primaires.

Voici un autre exemple pour illustrer ce que je pense sur la façon dont les bénéfices, depuis le producteur jusqu'au consommateur, sont souvent répartis de manière inégale. Il y a quelques années, mon fils aîné s'est marié. Au grand désespoir de mon épouse, j'ai accepté d'acheter le vin pour la réception. Après avoir regardé la carte des vins de l'hôtel où la réception devait avoir lieu, à part le fait qu'il n'y avait que des vins français, et que nous avions un différend avec la France à propos du bœuf, je n'étais pas convaincu de la qualité. J'ai donc convenu avec le personnel de l'hôtel que j'achèterais et que j'apporterais moi-même le vin.

Je suis allé chez un grossiste. Les vins que j'ai achetés venaient de Nouvelle-Zélande et du Chili; ils étaient produits à l'autre bout du monde. Pensez à tout ce qu'implique le processus de production du vin : le choix de la terre, la sélection du cépage, la plantation, les soins sylvicoles, l'émondage, la phytopharmacie, les vendanges, la transformation, le vieillissement, le coupage, l'entreposage, la mise en bouteille, la promotion, la mise en marché et le transport du vin à l'autre bout du monde. Dès que le vin arrive au Royaume-Uni, les autorités douanières imposent immédiatement une taxe de 1 £ avant de faire quoi que ce soit. Le commerçant local doit ensuite faire la promotion du vin et le livrer à l'hôtel. Pour un très bon vin, il m'a demandé 4,5 £. Il a dû payer 1 £ en taxes douanières, cela lui a donc coûté 3,5 £ pour effectuer toutes ces opérations.

À l'hôtel, on m'a fait un bon prix pour le droit de bouchon. Pour déboucher le vin, le servir et laver les verres, on ne m'a demandé que 8,5 £. Était-ce équitable? Selon moi, c'était disproportionné.

Les fermiers doivent s'engager dans ce processus. Ils ne peuvent le faire seuls, ce qui revient exactement à ce que vous disiez. Ce qu'ils doivent faire, et je ne parle pas seulement des petits agriculteurs, mais de tous les exploitants agricoles, c'est travailler collectivement, en groupes. Cela vaut autant pour la biomasse que pour la production alimentaire, c'est comme ça depuis toujours.

Le sénateur Mercer : Au prochain mariage auquel vous assisterez, peut-être devriez-vous songer à boire du vin canadien.

Le sénateur Hubley : Le coût du droit de bouchon serait peut-être le même.

La présidente suppléante : Merci pour votre exposé. Nous espérons que vous mènerez à bien le travail important que vous effectuez au travers de vos recommandations au gouvernement britannique sur la façon de développer la production d'énergie tirée de la biomasse.

Je dois vous dire que dans ma province, l'Île-du-Prince-Édouard, nous avons un des premiers systèmes d'énergie tirée de la biomasse au pays. Il a été mis sur pied en 1984 ou 1985. Il peut fournir en chauffage et en climatisation environ 80 immeubles.

Vous avez mentionné que votre épouse et vous iriez peut-être à l'Île-du-Prince-Édouard cet été. Le cas échéant, le sénateur Hubley et moi-même serions ravies de vous montrer ce système.

Merci beaucoup.

La séance est levée.


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