Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 4 - Témoignages du 12 juin 2006
OTTAWA, le lundi 12 juin 2006
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 16 h 32 pour étudier l'état actuel et les perspectives d'avenir de l'agriculture et des forêts au Canada.
Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, je déclare ouverte cette séance du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada, l'honorable Charles Strahl. Nous vous félicitons de votre nomination, monsieur Strahl, et vous souhaitons bonne chance dans l'un des portefeuilles les plus importants et les plus difficiles de n'importe quel gouvernement.
Au cours des dernières années, les revenus agricoles au Canada ont été les pires de notre histoire. La faiblesse des cours des denrées dans les secteurs des céréales et des oléagineux, de même que des événements imprévus comme la crise de l'ESB et l'apparition de la grippe aviaire en Colombie-Britannique en 2004, sont les principaux facteurs qui ont causé cette situation. Les agriculteurs ont dû emprunter de plus en plus d'argent pour survivre et l'endettement agricole a atteint 51 milliards de dollars. Les bases mêmes du Canada rural sont en péril.
Le ministre et le gouvernement ont pris récemment des mesures pour redresser la situation. On a annoncé dans le dernier budget l'injection additionnelle de 1,5 milliard de dollars d'aide aux agriculteurs. Des changements ont été ou seront apportés aux programmes agricoles comme le PCSRA et le programme d'avances en espèces, et un objectif de 5 p. 100 de carburant renouvelable d'ici 2010 a été fixé, dans l'espoir de créer ainsi de nouvelles possibilités pour les agriculteurs. En outre, le gouvernement négocie actuellement une nouvelle entente agricole dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce et je suis certaine que cela aura des conséquences sur la manière dont nous produisons et commercialisons les aliments ici au Canada.
Nous avons hâte d'entendre le ministre nous parler de ces initiatives et de ses priorités pour s'attaquer à l'actuelle crise du revenu agricole.
Le ministre est accompagné aujourd'hui de Christiane Ouimet, sous-ministre déléguée à Agriculture et Agroalimentaire Canada, et de M. François Guimont, président de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Mme Ouimet a grandi sur une ferme laitière à St. Albert, en Ontario; quant à M. Guimont, il vient de La Tuque, au Québec. Et notre ministre est de la Colombie-Britannique, de sorte que nous avons devant nous des représentants de plusieurs régions du pays.
Le ministre a une heure et demie à nous consacrer aujourd'hui, ce qui est très généreux de sa part, après quoi il devra partir en raison de ses nombreux engagements. Cependant, Mme Ouimet et M. Guimont pourront rester une demi- heure de plus pour continuer de répondre à nos questions.
L'honorable Chuck Strahl, C.P., député, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire : Merci beaucoup, madame la présidente. Je tiens à vous remercier de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui. C'est toujours un plaisir pour moi de discuter de questions relatives à l'agriculture, surtout devant un comité comme celui-ci. C'est la première fois que je comparais devant ce comité. J'ai toujours apprécié le sérieux avec lequel les sénateurs font leur travail, mais je trouve que ceux qui s'occupent d'agriculture mettent dans leur travail une passion toute spéciale. Il est indéniable que les gens s'inquiètent au sujet des composantes de ce secteur qui ont éprouvé des problèmes, et nous cherchons tous à trouver des moyens d'assurer un avenir prospère et durable. Je compte avoir le plaisir de travailler avec vous pour trouver des solutions.
Je vais prendre quelques minutes pour donner un aperçu de ce que nous avons fait au cours des derniers mois, après quoi je vais aborder certaines questions particulières pour lesquelles vous avez exprimé votre intérêt, et je toucherai ensuite un mot de l'avenir.
[Français]
Je pense que nous avons fait un bon travail en répondant aux préoccupations financières des agriculteurs. Leur situation a été de toute évidence difficile ces dernières années, mais nous prenons des mesures pour régler les problèmes à court terme et jeter les bases d'un avenir prospère.
Le gouvernement a prévu un investissement de 1,5 milliard de dollars pour le secteur agricole dans le budget du 2 mai. Cette somme représente le triple de notre engagement électoral initial. Les initiatives annoncées dans le budget répondent aux attentes dont les agriculteurs et les organismes agricoles nous ont fait part au cours des consultations des derniers mois.
Nous sommes déterminés à combler les besoins à court terme tout en jetant les bases de la stabilité à long terme.
[Traduction]
Nous avons fait le 18 mai dernier trois annonces qui représentent pour les agriculteurs des versements de plus d'un milliard de dollars au cours de la présente année financière. La principale de ces annonces était que nous changeons la méthode d'évaluation des stocks dans le cadre du PCSRA. Nous savons tous que le PCSRA n'a pas répondu aussi bien qu'il l'aurait dû aux besoins des agriculteurs, et nous allons dépenser une somme supplémentaire de 900 millions de dollars au cours de la présente année financière. Les administrateurs vont recalculer les demandes présentées par les producteurs au titre du PCSRA pour les années 2003, 2004 et 2005. Si les producteurs ont droit à des sommes plus importantes en application de cette méthode d'évaluation des stocks, ils recevront un versement. L'application de cette méthode garantit que les agriculteurs n'auront aucune paperasse additionnelle à remplir, et ils en ont d'ailleurs déjà beaucoup. Tous ces calculs seront faits à l'interne.
Toujours au sujet du PCSRA, nous travaillons avec les provinces et les territoires en vue d'étendre les critères d'admissibilité à la couverture de la marge négative afin d'offrir une plus grande aide aux exploitations agricoles viables qui ont subi de lourdes pertes. Cela permettra de verser 50 millions de dollars de plus en fonds fédéraux aux agriculteurs admissibles.
Notre gouvernement demeure déterminé à remplacer le PCSRA par un programme qui fait la distinction entre l'aide en cas de catastrophe et la stabilisation du revenu. Dans l'intervalle, nous apportons des changements au programme pour qu'il réponde mieux aux besoins des producteurs, ce qui devrait paver la voie à de nouveaux programmes distincts.
En plus de ces changements, nous avons mis fin à l'exigence de dépôt et l'avons remplacée par des droits beaucoup plus abordables. Nous avons reporté la perception des trop-payés et annulé les frais d'intérêt sur les trop-payés jusqu'au 1er janvier 2007, pendant que nous procédons au nouveau calcul. Ces initiatives dictées par le bon sens permettent de mieux répondre aux besoins des agriculteurs et de ne pas les accabler de formalités administratives.
Les deux autres annonces que nous avons faites le 18 mai sont liées et aideront les agriculteurs aujourd'hui et à l'avenir. Cela comprend le dépôt à la Chambre d'amendements à la Loi sur les programmes de commercialisation agricole, la LPCA, en vue d'améliorer les programmes existants d'avances en espèces pour qu'ils répondent plus étroitement aux besoins des agriculteurs. Je suis heureux de constater que les amendements proposés à la LPCA semblent avoir reçu l'appui de tous les partis et ont été adoptés rapidement à la Chambre des communes. Ce projet de loi est maintenant au Sénat et j'espère qu'il y sera également adopté très rapidement.
En rapport avec les changements à la LPCA, signalons l'introduction du Programme d'avances printanières bonifiées, le PAPB, qui aidera les producteurs dès le printemps. Grâce au PAPB, nous doublons le montant maximal du prêt sans intérêt pour les avances de fonds printanières, ce qui le porte à 100 000 $, et nous prolongeons la période de remboursement des avances en espèces consenties en vertu du programme au 30 septembre 2007. Il s'agit d'un programme très pratique. De nombreux agriculteurs connaissent bien cette initiative qui leur offrira un soutien dès maintenant. Le PAPB débloquera environ 500 millions de dollars pour les producteurs.
Il est prévu que grâce aux modifications à la LPCA, qui rendront permanentes certaines des autres mesures que j'ai mentionnées dans le PAPB, les producteurs recevront 600 millions de dollars additionnels sous forme d'avances de fonds. Ce programme aura pour effet non seulement de rendre permanentes les améliorations découlant du PAPB, comme l'augmentation du montant par prêt et le relèvement de la limite supérieure globale, mais aussi de multiplier le nombre de catégories pour lesquelles les producteurs peuvent présenter une demande, y compris l'élevage de bétail.
Depuis ces annonces du 18 mai dernier, je me suis rendu au Manitoba pour lancer notre nouveau Programme de cultures de couverture, le PCC, qui aidera les agriculteurs dont les terres ont été endommagées par les inondations qui doivent planter une culture de couverture pour leur permettre de réintégrer le cycle de la production. Nous nous sommes engagés à verser 50 millions de dollars pour financer la première année d'existence du programme et à assumer les paiements versés aux producteurs de la Saskatchewan et du Manitoba qui ont été durement touchés par les inondations et l'excès d'humidité depuis environ deux ans.
Dès notre arrivée au pouvoir, nous avons agi pour améliorer le Programme des céréales et des graines oléagineuses pour faire en sorte que les agriculteurs reçoivent leur argent à temps pour la plantation du printemps. Des 755 millions de dollars prévus, plus de 591 millions ont été versés à plus de 100 000 producteurs.
Nous avons aussi annoncé le maintien de la Loi sur les prêts destinés aux améliorations agricoles et à la commercialisation selon la formule coopérative, qui devait être discontinuée. Nous menons présentement des consultations auprès du secteur agricole pour déterminer comment on pourrait rendre ce programme plus efficace. Cette mesure législative est particulièrement populaire en Saskatchewan.
Tous les changements que je viens de mentionner visent à redresser la situation du revenu agricole et à aider nos producteurs à fonctionner sur une base plus rentable et durable, de même qu'à leur fournir les outils voulus pour gérer leurs entreprises dans un environnement financier offrant davantage de rentabilité et de prévisibilité.
À l'OMC, comme vous l'avez déjà mentionné, madame la présidente, nous participons présentement à un processus de négociation intense à Genève en vue de conclure un accord sur des engagements détaillés le plus rapidement possible. Les modalités dont nous discutons maintenant sont vraiment les rouages de cette ronde de Doha. Le Canada continue d'exercer des pressions en vue d'obtenir des chances égales, à l'échelle internationale, pour nos producteurs et nos transformateurs. Nous sommes convaincus que cet objectif peut être atteint en éliminant toutes les formes de subventions à l'exportation, en diminuant sensiblement le soutien au commerce qui fausse le jeu et en améliorant de façon marquée l'accès au marché. Nous sommes en quête de résultats ambitieux pour le Canada. En même temps, à l'instar de tous les pays membres de l'OMC, dont nous ne sommes pas différents, nous avons à la fois des intérêts offensifs et défensifs.
[Français]
Nous reconnaissons que le cycle de négociations de Doha nous offre une chance unique de libéraliser davantage le commerce afin d'accroître la prospérité de notre secteur. Par conséquent, nous voyons d'un bon œil les progrès accomplis dans tous les dossiers de négociation qui procureront des avantages réels à notre secteur agricole, y compris à nos exportateurs.
D'autre part, il est évident que nous continuerons de subir de fortes pressions dans les dossiers de négociation décisifs pour notre système de gestion de l'offre. Il est important de reconnaître que les 148 autres membres de l'OMC sont prêts à accepter au moins une réduction quelconque des droits et une augmentation quelconque des contingents tarifaires pour tous les produits sensibles. Néanmoins, notre gouvernement appuie énergiquement le système de gestion de l'offre du Canada et continuera de défendre nos intérêts avec vigueur.
La participation active du Canada aux négociations de l'OMC est déterminante pour la prospérité du secteur. Je peux donc vous donner l'assurance que nous continuerons de batailler ferme dans les pourparlers afin d'obtenir le meilleur résultat possible pour l'ensemble du secteur agricole canadien, y compris pour les industries soumises à la gestion de l'offre et les industries à vocation exportatrice.
[Traduction]
Voilà qui m'amène à mon dernier point, soit mon optimisme à l'égard de l'avenir du secteur agricole. Le Canada est dans une position unique pour devenir un chef de file mondial au chapitre de la science et de l'innovation agricoles. Nous avons 167 millions d'acres de terres agricoles et nous sommes déjà reconnus, à l'échelle internationale, pour notre recherche. Nous avons lancé une stratégie de la science et de l'innovation agricoles qui offrira de nombreuses possibilités à nos producteurs et à tous les maillons de la chaîne de valeur. Il m'a été donné d'en préciser certains détails à l'occasion d'une allocution que j'ai prononcée à Montréal il y a quelques semaines.
Le gouvernement s'est engagé à ce que tous les carburants des véhicules automobiles renferment au moins 5 p. 100 de carburant renouvelable, comme l'éthanol ou le biodiesel, d'ici 2010. Cela représente potentiellement un nouveau marché important pour nos producteurs de céréales et de graines oléagineuses. Nous voulons encourager les producteurs à tirer parti des possibilités de valorisation de l'industrie des biocarburants. En collaboration avec mes collègues d'Environnement Canada et de Ressources naturelles Canada, de mes homologues provinciaux et de représentants de l'industrie, nous voulons nous assurer que le gouvernement respecte cet engagement d'une façon qui permette aux producteurs de maximiser les retombées de la demande que créera cet objectif de 5 p. 100.
Lundi prochain, je serai l'hôte d'une conférence réunissant une vaste brochette d'intervenants du secteur. À cette occasion, nous pourrons être à l'écoute d'une multitude de points de vue sur les mesures que nous avons prises en vue d'accroître les débouchés des producteurs de céréales et d'oléagineux et de faire en sorte qu'ils s'intègrent à une chaîne de valeur renouvelable et à un réseau de valeur ajoutée.
À long terme, les biocarburants ne sont qu'un élément de la gamme des produits industriels, chimiques et autres qui pourraient être dérivés de la biomasse agricole, et nous voulons appuyer la science, la recherche, le développement et l'innovation qui nous permettront de concrétiser cela.
En résumé, je voudrais réitérer que nous sommes en quête de rentabilité et de viabilité à long terme pour l'ensemble de notre secteur agricole, ce qui comprend toutes les communautés rurales qui soutiennent un secteur des ressources naturelles en bonne santé.
Madame la présidente, je vais m'en tenir là. Je sais que vous vouliez que je sois bref. Je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions avec la même concision.
La présidente : Merci. J'ai bien aimé votre dernière phrase, dans laquelle vous faites référence aux communautés qui existent et qui prospèrent grâce au succès du Canada dans le domaine agricole. Nous ne voulons certainement pas qu'elles périclitent de quelque façon que ce soit.
Le sénateur Gustafson : Monsieur le ministre, vous êtes bien aimable de comparaître devant le comité. Mon intervention sera brève. Inutile de revenir sur les difficultés qu'a connues l'agriculture. Je suis sûr que vous les connaissez. Elles sont sérieuses. Je tenais à le dire.
J'ai deux questions. La première porte sur les marges négatives. Comme vous le savez, certains agriculteurs ont reçu de très gros chèques parce qu'ils avaient eu des récoltes intéressantes. D'autres, qui ont connu la grêle, la sécheresse et peut-être trois mauvaises récoltes en cinq ans n'ont reçu que très peu. En fait, le programme fonctionnait à l'envers, à mon avis. Comment renverser la vapeur et faire en sorte que les chiffres fonctionnent? Cela signifierait qu'il faut retirer de l'argent à certains pour en donner à d'autres. Existe-t-il dans le cadre du PCSRA une formule pour régler cela?
M. Strahl : Les 900 millions de dollars que nous investissons dans le système d'évaluation des stocks sont une composante uniquement fédérale. Nous ne nous attendons pas à une contrepartie des provinces. Cette somme est versée uniquement par le gouvernement fédéral. Nous referons nos calculs en nous fondant sur ce que l'on appelle le système d'évaluation des stocks P1 et P2 au lieu de nous fonder sur l'inventaire annuel unique car les agriculteurs se plaignaient que cette méthode ne permettait pas d'évaluer convenablement leurs stocks. Pour la presque totalité des agriculteurs, le système P1 et P2 se traduira par des versements plus généreux provenant uniquement du gouvernement fédéral. Il ne sera pas nécessaire de retirer quoi que ce soit à quiconque. En recalculant leurs versements au titre du PCSRA en fonction de ce nouveau système, la plupart des agriculteurs sortiront gagnants.
Étant donné que certains secteurs auront peut-être bénéficié de l'ancien système et mieux tiré leur épingle du jeu selon leur champ d'activité et leur type de culture, nous avons promis de leur verser les versements les plus élevés auxquels leur donnent droit les deux systèmes. Nous leur paierons le montant le plus élevé, qu'il leur soit dû aux termes du nouveau système P1/P2, qui, à notre avis, devrait être avantageux pour la plupart d'entre eux, ou aux termes de l'ancien système, si c'est mieux pour eux. Nous leur ferons bénéficier du système le plus avantageux après avoir fait les calculs.
La question des marges négatives est différente de celle de l'évaluation des stocks, puisqu'il s'agit d'une initiative fédérale-provinciale. La part du gouvernement fédéral est d'environ 50 millions de dollars; les provinces fournissent environ 40 p. 100. Cela permettra à un plus grand nombre d'agriculteurs qui ont accusé une marge négative de présenter une demande et d'être admissibles à un paiement en vertu du PCSRA.
L'évaluation des stocks et la couverture de la marge négative sont deux thèmes qui sont revenus constamment dans les entretiens que j'ai eus avec divers groupes du secteur un peu partout au pays. Selon eux, la formule n'a jamais fonctionné pour eux, et ce, dès le départ. Je ne prétends pas que cette solution sera parfaite, mais elle viendra en aide à bien des gens. Nous utilisons ce système cette année et nous nous attaquerons au problème des marges négatives en collaboration avec les provinces au cours de l'année à venir. De cette façon, les agriculteurs pourront compter sur quelque chose. Le système deviendra plus prévisible et devrait avantager un grand nombre d'agriculteurs.
Le sénateur Gustafson : Ce changement s'appliquera-t-il à 2005?
M. Strahl : Oui, pour 2003, 2004 et 2005. Comme nous avons reçu les calculs pour 2003, nous allons commencer immédiatement à les refaire. La plupart de ceux de 2004 sont aussi arrivés et nous allons pouvoir nous y mettre rapidement; quant à ceux de 2005, il faudra encore attendre un certain temps. Nous allons commencer sans délai à refaire les calculs pour 2003 et 2004. Les agriculteurs recevront leur premier chèque vers la fin de l'été, ensuite un autre fondé sur les nouveaux calculs pour 2004 et un dernier chèque vers la fin de l'année pour les chiffres de 2005.
Le sénateur Gustafson : Ma prochaine question concerne les subventions. Je ne pense pas que nous réussirons à convaincre les Américains ou les Européens à abandonner leurs subventions. Il m'est arrivé de temps à autre de m'exprimer en termes plutôt vigoureux sur cette question. Les communautés agricoles canadiennes ont avalé ce mensonge pendant des années. L'an dernier, alors que nos agriculteurs commençaient à peine à se lancer dans une nouvelle culture de pois, les Américains ont plus que doublé leur soutien à leurs agriculteurs en leur garantissant 5 $US le boisseau, ce qui équivaut à 6 $CAN. Au même moment, les agriculteurs canadiens avaient du mal à obtenir 2 $CAN le boisseau. Cette situation a incité plusieurs d'entre eux à abandonner cette culture, ce qui est malheureux puisqu'il est bon pour l'environnement de cultiver des pois étant donné que cette culture alimente le sol en hydrogène. À la même époque, la France a doublé ses subventions au blé dur. Les élections américaines auront lieu d'ici un an et je ne crois pas que les politiques américains abandonneront ces subventions.
Nous devons jeter un regard neuf sur la situation à laquelle le Canada est confronté dans le monde. Je sais que nos ressources financières sont limitées, mais nous ne pouvons laisser le secteur de l'agriculture tomber en décrépitude, et c'est précisément ce qui se passe. Nous voyons beaucoup trop de ventes d'exploitation agricole où le prix de la terre accuse une baisse de 100 p. 100. La situation est sérieuse. Chose certaine, nous ne sommes pas en présence d'une approche positive et je crains qu'à l'avenir, ce soit du pareil au même.
M. Strahl : En tant que ministre de l'Agriculture du Canada, je devrais hésiter à le dire, mais je suis sceptique. Cependant, je comprends ce que vous dites. On nous a déjà dit que des changements d'envergure pointaient à l'horizon, que ce soit au GATT ou à l'OMC.
Le sénateur Gustafson : Oui, ou encore à Seattle.
M. Strahl : Il n'en demeure pas moins que c'est le combat qu'il faut livrer. Nous devons réussir à convaincre les Européens et les Américains, qui sont les principaux acteurs dans ce domaine, avec le Japon, à diminuer leurs subventions. On parle de réductions de l'ordre de 65 à 70 p. 100. Si nous pouvons obtenir qu'ils s'exécutent, on me verra au coin de Portage et Main en train de chanter l'alléluia. Une chose est sûre : il faut exercer des pressions sur eux pour qu'ils fassent ces réductions. C'est notre devoir. J'espère que cela se produira.
Sénateur, vous< avez raison de dire que les Canadiens et plus particulièrement les agriculteurs, ne devraient pas se faire d'illusion. Cela voudrait dire que nous pourrions planifier à long terme nos programmes agricoles, nos programmes de stabilisation du revenu et compter sur un accès prévisible aux marchés étrangers. Ce serait formidable. Cependant, cela ne voudrait pas dire que le prix du blé doublerait du soir au lendemain. Ce n'est pas raisonnable d'espérer cela, et les gens devraient modérer leurs attentes à cet égard. Ce serait une belle histoire, mais elle ne marquerait pas la fin de toutes les difficultés. Vous avez raison de faire cette mise en garde.
Il est difficile d'imaginer que nous puissions livrer concurrence aux Américains grâce à un système de soutien direct par produit. L'année dernière, les Américains ont investi 8 milliards de dollars US dans le maïs. Certains nous invitent à faire de même, mais nous n'avons pas suffisamment d'argent pour financer 167 millions d'acres. Notre meilleur espoir, c'est d'essayer d'obtenir des ententes internationales pour abaisser ces subventions, réduire les tarifs et gagner l'accès aux marchés étrangers.
Vous avez peut-être entendu les propos qu'a tenus le ministre Emerson devant votre comité. Il a déclaré qu'il nous fallait consacrer davantage de ressources à nos accords commerciaux bilatéraux en vue d'essayer de pénétrer sur d'autres marchés, ailleurs. Je conviens que l'OMC n'est pas une panacée pour nos problèmes.
Le sénateur Gustafson : Nous n'avons pas fait de calculs pour chiffrer les retombées perdues parce que l'agriculture ne progresse pas. Ce chiffre risquerait d'être assez élevé. Il faudrait peut-être en tenir compte dans notre examen du contexte global si la situation actuelle perdurait à long terme.
Le sénateur Peterson : Les programmes à court terme ou les solutions ponctuelles dont nous parlons sont certes louables, mais ils ne réussissent qu'à garder le patient en vie en attendant l'arrivée du docteur, et je ne pense pas que nous sachions où se trouve le docteur. À mon sens, nous devons aborder le problème dans une perspective internationale. Je suis d'accord avec le sénateur Gustafson : si nous laissons les agriculteurs continuer à s'endetter, ils feront faillite, et cela aura un effet domino sur le secteur des services généraux, et cetera. Si je ne m'abuse, 80 p. 100 des agriculteurs réussissent à survivre grâce à un revenu d'appoint, mais comme les fermes sont de plus en plus grandes, ils ne sont pas capables, physiquement, d'assumer cela.
Le Brésil est l'un des pays qui affichent les plus bas coûts de production au monde et pourtant, il devra subventionner ses agriculteurs. Si les fermiers brésiliens ne peuvent réussir à rester à flot, on peut imaginer à quelles difficultés se heurtent les fermiers canadiens.
Compte tenu de tout le travail qui a été fait et de toute l'information dont nous disposons, ne serait-il pas possible, avec l'aide d'experts dans le domaine, d'élaborer un plan directeur qui rendrait le travail agricole financièrement viable?
M. Strahl : Si je pouvais répondre à cette question facilement, les agriculteurs me porteraient en triomphe sur leurs épaules. Il ne fait aucun doute que la situation est très difficile à l'heure actuelle. Les agriculteurs sont aux prises avec des programmes de soutien mal conçus qui n'ont pas rempli leur mandat. J'ai entendu dire cela à maintes et maintes reprises. Ils n'ont pas bénéficié de programmes sur lesquels ils auraient pu compter. Ils ont été frappés par le problème de l'ESB; des cas de grippe aviaire sont survenus dans ma région. Si vous alliez à Porcupine Plains ou dans la vallée de la rivière Rouge maintenant, vous constateriez des problèmes d'excès d'humidité, qui sont aggravés par le fait que ces endroits ont connu la sécheresse l'année précédente. Les maux de l'industrie agricole semblent s'additionner, et si l'on y ajoute un contexte international caractérisé par des produits étrangers fortement subventionnés, c'est une mauvaise combinaison.
Nous avons essayé le financement à court, moyen et long termes. Une option consiste à essayer de distribuer de l'argent rapidement. C'est pourquoi nous avons accéléré les versements aux producteurs de céréales et de graines oléagineuses. C'est pourquoi nous avons tenté d'apporter des changements rétroactifs qui mettront de l'argent dans les poches des agriculteurs cette année. C'est pourquoi nous avons apporté ces modifications à la Loi sur les programmes de commercialisation agricole. Si cette mesure est adoptée sans délai par le Sénat, elle doublera le montant sans intérêt qui sera versé aux agriculteurs. Ce sont là des efforts à court terme pour essayer d'aider les fermiers rapidement.
J'ai hésité à opter pour des programmes ponctuels, en vertu desquels on débloque des fonds pour un secteur en péril. Nous voulons essayer de donner aux agriculteurs un certain espoir à moyen et long termes en élaborant des programmes de concert avec eux. Nous voulons leur dire sur quelles mesures prévisibles et fiables ils pourront compter à moyen et long termes. Voilà pourquoi nous avons envisagé d'instituer des programmes d'urgence en cas de catastrophe distincts. Ainsi, si des agriculteurs sont frappés par une catastrophe, ils pourraient avoir accès rapidement à un financement au lieu de devoir attendre un an ou deux comme c'était le cas auparavant dans le cadre du PCSRA. Nous avons aussi envisagé d'apporter des correctifs à notre programme-vedette pour que les agriculteurs puissent s'y fier et qu'ils puissent le comprendre. Ils ne devraient pas avoir besoin d'un comptable pour déchiffrer les pages d'accueil. Nous voulons qu'ils puissent en prendre connaissance en ligne, en comprendre le fonctionnement et faire ces calculs eux-mêmes.
Pour ce qui est de la planification à plus long terme, elle couvre un champ très vaste, d'une stratégie des biocarburants à une stratégie de la biomasse, afin de concrétiser notre volonté d'obtenir une valeur accrue pour tout ce que nous produisons, qu'il s'agisse de produits bioplastiques ou à valeur ajoutée en tous genres. Encore là, nous devons ouvrir de nouveaux marchés et élargir les marchés existants pour que les agriculteurs aient davantage de possibilités, ici et à l'étranger. Il faut faire participer les agriculteurs pour tout ce qui concerne le volet financier de l'affaire.
Par exemple, ce matin, j'ai lu dans le journal un article selon lequel, d'après certains indices, les États-Unis connaîtront une pénurie de maïs cette année. Le prix du maïs est passé de 2 $ à 2,55 $US le boisseau et il continue de grimper en raison d'un déficit prévu de la biomasse qui touche leur programme d'éthanol. Encore là, ce sont de bonnes nouvelles pour les agriculteurs, qui souhaitent créer une certaine concurrence pour faire grimper les prix tant ici qu'à l'étranger. Espérons que les prix atteindront un niveau qui permettra aux fermiers de gagner davantage d'argent sur le marché. C'est ce qu'ils veulent faire, mais il n'y a pas de remède miracle.
Nous avons essayé de nombreuses mesures au fil des ans, mais bien peu ont été couronnées de succès. Nous avons des programmes à court terme pour le printemps et des programmes à moyen terme qui comprennent notre stratégie scientifique et d'autres programmes. Nous avons des programmes à plus long terme grâce auxquels nous tenterons d'obtenir pour les agriculteurs une valeur ajoutée pour leurs produits pour qu'ils puissent rentabiliser leurs opérations à long terme. J'aimerais qu'il y ait une réponse simple.
Le sénateur Peterson : Je n'ai pas laissé entendre que c'était simple. Collectivement, nous devons avoir la volonté de chercher une solution. Comme vous le dites, si nous ne mettons pas en oeuvre correctement notre stratégie des biocarburants et si nous ne nous assurons pas d'être en mesure de produire les récoltes nécessaires, alors il faudra en importer et nos agriculteurs seront perdants encore une fois. L'important, c'est de faire le lien entre tous ces éléments pour s'assurer que nos producteurs seront les bénéficiaires de cette stratégie.
M. Strahl : Je suis tout à fait d'accord. Il y a deux ou trois semaines, nous avons rencontré la ministre Ambrose et le ministre Lunn, ainsi que les ministres provinciaux responsables des composants de biocarburants dans chacune des provinces. Nous nous sommes rencontrés à Regina. Jusqu'à maintenant, les provinces avaient des programmes séparés prévoyant diverses proportions de biocarburant dans une fourchette allant de 0 à 10 p. 100 et, pour la première fois, nous avons convenu qu'il est nécessaire de travailler ensemble pour se doter d'un programme national, auquel toutes les provinces pourront adhérer. En vertu de ce programme, nous pourrons fixer certaines normes et objectifs nationaux. Cela englobera — et j'en suis très fier — l'unanimité dont nous avons besoin pour garantir que les agriculteurs auront leur part du gâteau, et non seulement Husky Oil ou British Petroleum. Je n'ai rien contre ces compagnies, mais nous essayons de créer un programme qui sera bon pour l'environnement et bon aussi pour les agriculteurs.
Lundi prochain, je dois rencontrer des chefs de file du secteur pour discuter des dossiers de l'éthanol et du biodiesel. Nous voulons savoir exactement ce dont ils ont besoin pour être sûrs d'être parties prenantes aux profits financiers. Nous voulons nous assurer que les agriculteurs ne sont pas uniquement ceux qui fournissent des matières premières à bas prix à de grandes entreprises qui accapareront tous les profits. Il faut faire les choses correctement, c'est vrai, et nous prenons les moyens pour nous assurer que les intervenants sont présents dès le départ pour garantir que c'est ce qui se passera.
Le sénateur Mercer : Notre industrie agricole a eu le privilège de pouvoir compter sur de bons ministres qui n'ont pas ménagé leur peine pour tenter de résoudre le problème. Nous sommes tous sur la même longueur d'onde quant à l'objectif à atteindre, mais la question est de savoir comment s'y prendre.
Je veux poursuivre la discussion sur les biocarburants. Vous avez parlé d'un objectif de 5 p. 100. Au Brésil, l'objectif est beaucoup plus élevé que cela. Nous avons aussi parlé des États-Unis. Les Américains dépensent 80 milliards de dollars pour subventionner uniquement le maïs et c'est un chiffre assez effrayant. Ma théorie, c'est qu'il faut faire en sorte que la communauté agricole ne se borne pas à produire le maïs destiné aux biocarburants, mais qu'elle participe aussi à la propriété des usines de production; de cette façon, les profits retournent dans le secteur agricole et y demeurent. Je crains énormément que les grandes compagnies pétrolières fondent sur le morceau pour s'en emparer car l'affaire sera profitable. Cela ne manquera pas de se produire à mesure que nous imposons des pourcentages accrus de biocarburants.
Pouvez-vous me dire quelles mesures vous envisagez pour garantir la réalisation de cet objectif et de quelle façon cela aidera les organisations agricoles et les agriculteurs?
Deuxièmement, je veux parler de l'OMC. À quel point est-il réaliste de penser que nous obtiendrons un jour du succès dans ce dossier? Vous avez parlé des élections qui auront lieu aux États-Unis cette année. Vous avez fait état des 80 millions de dollars de subventions au maïs que les Américains ont mis sur la table. Je ne pense pas que nous puissions jamais réussir. Ne faudrait-il pas adopter une autre stratégie? Jusqu'ici, notre stratégie a été d'essayer de convaincre l'Union européenne et les Américains d'abandonner leurs subventions, mais ils ne veulent pas lâcher prise.
Y a-t-il une autre orientation que nous devrions prendre pour protéger notre industrie, pour protéger la production alimentaire dans notre pays et s'assurer d'avoir une industrie agricole viable à long terme?
Je siège au comité depuis trois ans seulement, et je suis déjà frustré. Je suis sûr que le sénateur Gustafson et le sénateur Fairbairn sont beaucoup plus frustrés encore puisqu'ils participent aux travaux du comité depuis beaucoup plus longtemps que moi. Nous semblons faire du sur place. Nous aimerions vous entendre chanter l'alléluia au coin de Portage et Main. Nous aimerions être là avec vous, mais je ne suis pas optimiste.
M. Strahl : Certains éléments du dossier agricole sont particulièrement ardus. Évidemment, c'est toujours le problème. Je suis allé dans les 10 provinces; j'ai organisé des tables rondes sectorielles dans chacune d'elles depuis que je suis ministre et j'ai rencontré tous les ministres provinciaux de l'Agriculture. Il est naturel d'être obnubilé par les problèmes. En fait, il y a passablement d'exemples de réussite, mais lorsque les choses vont bien, les agriculteurs ne m'appellent pas pour me parler de ces succès. Ils ne me racontent pas les cas de réussite, mais je suis au courant des succès.
Je ne veux pas présenter une image désespérée de l'agriculture. À l'heure actuelle, le secteur des céréales et des graines oléagineuses traverse de durs moments. Un certain nombre de secteurs se tirent bien d'affaire, comme le volet valeur ajoutée et les marchés d'exportation. Les entreprises assujetties à la gestion de l'offre ont aussi été rentables et continuent de l'être. Tout n'est pas négatif. Il y a de bonnes nouvelles, mais malheureusement, les cas difficiles sont tristes, et il n'est pas facile de les régler.
À l'heure actuelle, le Canada produit moins de 1 p. 100 de biocarburant et l'objectif de 5 p. 100 est donc tout à fait faisable. Des usines sont à l'étape de la conception et d'autres projets verront le jour cette année. Nous avons eu des entretiens avec des représentants de l'industrie du canola et d'autres associations agricoles et ils nous ont dit que, pourvu que nous leur donnions un engagement ferme quant aux exigences, ils sont prêts à produire la matière première, ils en ont la capacité. Il y a des investisseurs qui sont prêts, des gens qui n'attendent que notre signal quant à un mandat visant un certain pourcentage de biocarburant, et ils vont le produire à coup sûr. Ils sont prêts à aller de l'avant, mais ils n'ont jamais eu un tel engagement. Ils attendent de nous un engagement et ils sont prêts à démarrer.
L'industrie voudrait un régime fiscal qui soit favorable aux propriétaires d'exploitations agricoles. Ce régime fiscal comprendrait des éléments comme des actions accréditives pour accélérer l'amortissement. C'est un avantage que nous avons entendu à l'industrie minière mais pas à nos propres agriculteurs. Ils veulent des changements à la législation sur les coopératives afin de créer des coopératives de nouvelle génération qui leur permettraient d'aller chercher plus d'argent et d'investissement sur le marché financier. À l'heure actuelle, il y a une limite à l'effet multiplicateur dont ils peuvent bénéficier. Ils veulent des changements à cette loi.
On évoquera la possibilité d'une subvention versée au litre. Je ne sais pas exactement à quoi on s'attend à cet égard. Dans le passé, des usines d'éthanol ont déjà bénéficié d'investissements directs de la part du gouvernement fédéral et aussi de certains gouvernements provinciaux. Cela a aidé au départ à créer une certaine capacité en usine. Le gouvernement provincial de l'Ontario a un plan et prévoit investir 520 millions de dollars sur dix ans, je crois, mais il est certain que les provinces sont tout à fait disposées à faire leur part également. Il y aura beaucoup d'argent disponible. Nous devons mettre en place les leviers fiscaux appropriés de manière à ne pas simplement mettre cet argent à la disposition des grandes entreprises, mais aussi des agriculteurs, des coopératives et d'autres intervenants, pour qu'ils puissent en bénéficier directement. C'est bien de livrer sa récolte, mais c'est encore mieux de toucher un chèque qui représente une certaine valeur ajoutée.
J'ai évoqué la réunion qui aura lieu le 19 juin. Il y aura aussi le 17 juillet une réunion de l'Association canadienne des producteurs de canola pour discuter du biodiesel. Cette réunion aura lieu à Calgary. La question sera également à l'ordre du jour de notre réunion fédérale-provinciale à la fin du mois, à Terre-Neuve. Ce dossier suscite beaucoup d'intérêt et il se fait beaucoup de travail interministériel à Environnement Canada, Ressources naturelles Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada, afin de s'assurer qu'un éventuel programme comporte un important volet agricole. À tous les niveaux — fédéral, provincial, interministériel et sectoriel —, nous obtenons la masse critique en termes de discussions et de volonté politique collective pour faire débloquer ce dossier.
Au sujet des négociations de l'OMC, j'ai rencontré le secrétaire Johanns à Washington et nous avons discuté de nombreux dossiers, mais il est certain que nous avons abordé cette question. En fin de semaine dernière, j'ai rencontré Pascal Lamy, qui préside les négociations de l'OMC, quand il était de passage à Montréal. Ce sont probablement les deux hommes les plus puissants qui participent à ces négociations. Si eux n'escomptent pas une issue favorable, je ne peux assurément pas les contredire.
Or ce que j'ai entendu de leur part était intéressant. Tous les deux ont dit qu'il y a certaines difficultés. Les Américains viennent juste de changer de négociateur, ce qui crée des difficultés pendant la période de transition quant à l'uniformité du message. Ils sont aussi confrontés au fait qu'ils disposent d'une brève période pendant laquelle ils peuvent obtenir du Congrès le pouvoir de négocier de manière accélérer un accord de libre-échange. Ce pouvoir viendra à échéance dans un délai très court, de sorte que nous devons obtenir que les négociations débloquent dans ce dossier.
M. Lamy commence à rassembler les éléments d'un texte donnant une idée de ce à quoi pourrait ressembler l'accord de l'OMC. Il distribue ce texte pour obtenir des commentaires et des réactions. Il a aussi convoqué les ministres du monde entier à Genève pour le 29 juin, je crois. Le ministre Emerson et moi-même y serons et j'espère que nous aurons alors des pourparlers intenses qui permettront de faire aboutir ce dossier.
Il semble que beaucoup d'efforts soient déployés pour que cela arrive. Par contre, nous devons faire preuve d'un optimisme prudent. Nous voulons que cela aboutisse. Il semble qu'il y ait une volonté très forte, mais les principaux ténors autour de la table devront faire bouger les choses. L'Europe et les Américains doivent abattre des cartes assez décisives; s'ils ne le font pas, je ne dis pas que ce que nous pourrions faire importe peu, mais enfin, nous ne pouvons pas les forcer à agir. S'ils ne se décident pas à avancer, il n'y a absolument rien que nous puissions faire pour les y forcer. Ils doivent posséder la volonté politique de conclure une entente qui est dans leurs meilleurs intérêts. Nos voisins du Sud ont le même problème politique que nous avons chez nous.
Il n'y a pas de solution simple, mais il semble que l'alignement des planètes soit favorable actuellement. Quant à savoir si nous pouvons faire débloquer les choses à la fin du mois, je n'en suis pas certain, mais c'est dans cette intention ferme que nous allons y aller.
Le sénateur Stratton : C'est un plaisir de vous accueillir ici, monsieur le ministre. La question que je vous pose concerne l'Union européenne. Il y a un certain nombre d'années, nous avons étudié les subventions agricoles et nous sommes allés en Europe. Certains pays refusaient catégoriquement de diminuer les subventions le moindrement, et il semble que cette position persiste encore aujourd'hui.
Pouvez-vous nous dire si, depuis notre voyage là-bas, il y a eu certaines concessions de la part de, disons, l'Allemagne, qui est tannée de payer la note en versant 50 p. 100 du budget de l'UE? Y a-t-il en Europe des pays qui veulent vraiment réduire les subventions? Je pense que la Grande-Bretagne et l'Allemagne le veulent, à certaines conditions. Pouvez-vous me donner des exemples, et croyez-vous que la conjoncture est favorable dans certains de ces pays? C'est un aspect critique.
M. Strahl : L'Europe a opéré une transition dans l'aide à ses agriculteurs. L'une des raisons pour lesquelles les Européens acceptent même de discuter aujourd'hui, c'est qu'ils ont apporté pas mal de changements à leur programme de subventions au fil des années, remplaçant des subventions visant spécifiquement certaines denrées et causant ainsi des distorsions commerciales par des programmes qui procèdent davantage d'une approche agro-globale. Ils ont encore un énorme programme de subventions qui permet à leurs agriculteurs de conserver leur exploitation. Par contre, ce programme change considérablement pour être conforme aux exigences de l'OMC.
L'Union européenne s'agrandit et quand de nouveaux pays en deviennent membres, ils sont assujettis aux mêmes exigences. C'est une chose d'avoir des pays septentrionaux industrialisés qui dépensent 40 milliards ou 50 milliards d'euros en subventions à leurs programmes, mais à chaque fois que l'Union européenne entend dire que la Slovaquie ou un autre pays voudrait devenir membre, elle doit réfléchir à ce que cela signifie pour l'ensemble de la problématique européenne.
On me dit que l'une des raisons pour lesquelles les Européens sont intéressés, c'est qu'ils doivent eux aussi reprendre le contrôle de ce dossier. Cela coûte tellement cher, quand on songe que 50 p. 100 de tout le budget européen est consacré aux subventions agricoles. À mesure que d'autres pays deviennent membres, les Européens ne peuvent plus s'engager à continuer de tout dépenser pour l'agriculture, car l'Union européenne a une foule de dossiers pour lesquels elle doit dépenser de l'argent et elle subit tout à coup de fortes pressions venant de tous côtés et doit prendre une décision quant à la manière de dépenser cet argent.
De même, les Américains sont quelque peu coincés, eux aussi. Leur déficit est de 500 milliards de dollars et un jour, non pas que je puisse le prédire pour l'année prochaine, mais je suppose qu'il faudra un jour faire face à la musique. Tout cela ne peut pas durer et nous devons espérer que l'atterrissage se fera en douceur. Ce que les États-Unis font dans le domaine de l'agriculture n'est pas soutenable. Ils peuvent injecter 20 milliards de dollars ou 30 milliards de dollars dans le système et exporter leurs denrées à court terme, ce qui perturbe passablement le reste du monde, mais peuvent-ils continuer de le faire à long terme? Les Américains ont des problèmes financiers systémiques, notamment dans l'agriculture. C'est l'une des raisons pour lesquelles ils essaient de trouver une manière politiquement acceptable de contenir des dépenses extravagantes dans le secteur agricole et de les ramener à un niveau acceptable. Les subventions représentent littéralement des réductions de l'ordre de 65 p. 100 et même 70 p. 100.
Le sénateur Stratton : Êtes-vous prudemment optimiste, ou bien êtes-vous encore sceptique?
M. Strahl : Je suis sceptique. Comme le sénateur Gustafson l'a dit, il a entendu les mêmes promesses. Disons que j'espère, mais que je ne suis pas vraiment optimiste. C'est l'un de ces dossiers où il faut éviter tout faux pas, sinon il est difficile d'imaginer que, quoi qu'on fasse, on pourra obtenir des résultats. C'est pourquoi c'est tellement important. Quand les gens parlent de la solution bilatérale, nous devrons peut-être conclure des ententes bilatérales avec divers pays autour du monde. Nous avons quelques exemples de telles ententes bilatérales dans le monde, par exemple avec le Costa Rica et Israël, mais elles ne sont pas faciles à négocier non plus.
Nous avons beaucoup de gens qui veulent exporter des denrées agricoles et nous avons un important marché d'exportation en Corée. Nous y vendons du porc, du blé et bien d'autres choses et certains voudraient que l'on conclue rapidement une entente bilatérale avec les Coréens. Je leur fais observer que si nous signons une entente bilatérale, nous devons nous préparer à ouvrir la porte aux voitures Hyundai. On n'obtient pas un accord de libre-échange gratuitement. Nous pouvons décider d'expédier nos denrées agricoles en Corée et les Coréens vont venir inonder notre marché de leurs Hyundai. Je me demande si les producteurs locaux seraient contents de cette solution. Nous n'aurions pas affaire à ce comité-ci, mais il nous faudrait en discuter au comité de l'industrie.
L'OMC demeure le meilleur outil parce que cela permet une discussion à la grandeur du monde entier et comportant de nombreux volets qui sert au mieux les intérêts du monde entier, y compris le monde en développement. Nous serons peut-être forcés d'en arriver à des ententes bilatérales, mais même cela, ce n'est pas simple.
Le sénateur Callbeck : Je vous souhaite la bienvenue, monsieur le ministre. Vers la fin de votre exposé, vous avez parlé de recherche agricole et du fait que le Canada a la capacité d'être un chef de file mondial dans ce domaine. Je veux vous interroger sur la production et la recherche dans le domaine des aliments biologiques. Nous avons abordé la question de l'agriculture biologique dans le rapport du comité sur la valeur ajoutée. Ce secteur semble offrir beaucoup de potentiel et il peut être rentable.
Dans ma propre province de l'Île-du-Prince-Édouard, il y a une initiative de mise en marché des produits biologiques pour aider les agriculteurs à élaborer des plans d'affaires et de mise en marché, enfin tout ce qu'il faut pour connaître le succès. Nous sommes la seule province où ce type d'initiative existe. Chose certaine, la recherche et le développement feraient beaucoup pour aider ces producteurs biologiques. À Truro, il y a un centre de culture biologique, mais je crois savoir qu'il est d'une envergure limitée à cause du manque de fonds. Votre ministère envisage- t-il d'accroître la R-D pour aider les agriculteurs biologiques?
M. Strahl : Je ferai deux ou trois observations à ce sujet. L'Agence canadienne d'inspection des aliments a élaboré des lignes directrices pour les produits biologiques, surtout pour le marché d'exportation. Nous avons travaillé avec notre propre département des sciences et avec nos partenaires internationaux pour discuter des possibilités qui s'offrent aux agriculteurs biologiques sur le marché d'exportation. Je crois savoir que l'industrie du biologique travaille avec l'ACIA et qu'un règlement sera publié dans la Gazette du Canada. Tous ceux à qui j'en ai parlé dans le secteur de la culture biologique en sont contents et y voient un pas en avant.
L'un des problèmes de la commercialisation des aliments biologiques a été de convaincre les autres pays de les accepter comme biologiques. Ce règlement va aider et représentera une belle occasion pour le secteur agrobiologique, surtout les producteurs qui exportent.
Quand j'ai annoncé cette initiative à Montréal l'autre jour, j'ai dit aux scientifiques qui étaient rassemblés à cette occasion que notre stratégie en matière de recherche et de sciences doit s'agencer avec nos priorités nationales. Le premier exemple que j'ai utilisé était celui des aliments qui sont bons pour la santé en ce sens qu'ils aident à mener une vie saine selon l'approche naturopathique. Nous devons mettre au point et commercialiser des aliments sains et convaincre les consommateurs canadiens de manger d'une manière plus saine qu'ils ne l'ont fait dans le passé. C'est un impératif national que de faire baisser nos coûts dans le secteur de la santé et une manière d'y parvenir, c'est d'encourager nos concitoyens à prendre des mesures préventives de leur propre chef et à manger des aliments sains. Cela doit être une priorité nationale.
J'ai proposé que notre direction de la recherche et du développement doit nous aider à relever ce défi national, et cette initiative comprendrait l'agriculture biologique et la culture des légumineuses, que nous finançons déjà dans une certaine mesure. Les légumineuses sont bonnes pour la santé à tous les points de vue : elles font baisser le taux de cholestérol et le taux de diabète, entre autres. Il se fait beaucoup de recherche et nous avons annoncé au printemps plus de trois millions de dollars pour promouvoir la culture des légumineuses. C'est un exemple qui démontre que si nous pouvons convaincre les gens de manger des aliments quelque peu différents, notamment des aliments biologiques, nous en récolterons des avantages décuplés en économies au chapitre des soins de santé, si nous investissons dès maintenant.
C'est la voie de l'avenir, aucun doute là-dessus.
Le sénateur Callbeck : A-t-on envisagé d'agrandir ce centre situé à Truro ou de créer un autre centre spécialisé dans la production d'aliments biologiques?
M. Strahl : Je sais que les responsables de Truro sont prêts à aller de l'avant et je pense avoir dans mes dossiers une lettre dans laquelle ils demandent de devenir le centre national des études sur l'agriculture biologique.
Tous les services scientifiques sont maintenant en partenariat avec l'industrie, les gouvernements provinciaux et d'autres intervenants. Il y a beaucoup d'intérêt à ce sujet d'un bout à l'autre du pays. Notre sous-ministre adjoint chargé du dossier devra présenter un plan d'activités. J'ai établi la stratégie scientifique. L'étape suivante consiste à élaborer le plan d'activités pour déterminer à quoi l'argent doit être consacré et comment il doit être réparti.
Il y a beaucoup de concurrence; plusieurs provinces veulent un centre d'excellence d'agriculture biologique. Ce sera très populaire, c'est la voie de l'avenir et aucune province n'est disposée à céder sa place. Elles veulent toutes leur propre foyer d'activité dans leur propre région. Elles considèrent qu'il s'agit d'un dossier régional. Les produits biologiques qui peuvent être importants en Colombie-Britannique sont peut-être très différents de ceux qui ont de l'importance ailleurs. Il n'y a assurément pas encore de consensus, mais il faudra peut-être en venir à un centre de la culture biologique pour tout le Canada ou peut-être plusieurs centres.
Le sénateur Oliver : J'ai écouté ce que vous avez dit aujourd'hui au sujet de votre stratégie de valeur ajoutée et de votre stratégie pour les biocarburants. Les membres de notre comité cherchent depuis un certain temps des moyens de faire en sorte que les agriculteurs conservent une plus grande part de l'argent, autrement dit nous cherchons des moyens d'habiliter les agriculteurs pour les aider à obtenir leur juste part de l'argent qui est dépensé pour l'alimentation. Votre stratégie de valeur ajoutée est bonne, de même que votre stratégie pour le biocarburant. Les agriculteurs peuvent-ils augmenter leur productivité en faisant un meilleur usage des technologies de l'information?
J'ai remarqué que vous avez dit aujourd'hui que vous êtes allé à Montréal, à l'Institut canadien de science et technologie alimentaires, où vous avez annoncé une nouvelle politique scientifique. Cette nouvelle politique scientifique comporte-t-elle des éléments visant à aider les agriculteurs à utiliser la technologie de l'information pour accroître leur productivité et augmenter ainsi leur marge bénéficiaire?
M. Strahl : De manière générale, les agriculteurs ont adopté la technologie comme presqu'aucun autre secteur ne l'a fait. Il faut en reconnaître le mérite aux agriculteurs. Ils ont fait mieux que n'importe quel autre secteur de la société canadienne pour ce qui est d'accroître la productivité par agriculteur. C'est tout à l'honneur des agriculteurs d'avoir adopté avec enthousiasme l'innovation et la technologie. Malheureusement, ils deviennent plus productifs, mais quand les prix s'effondrent complètement, c'est un problème.
À titre d'exemple, je suis un ancien entrepreneur dans le secteur de l'exploitation forestière, et j'aime bien voir du beau matériel. Quand j'ai annoncé la politique scientifique au sujet de notre programme de cultures de couverture, nous étions dans une exploitation agricole juste à côté de Winnipeg et un agriculteur là-bas avait un nouveau semoir et d'autres machines agricoles. Après notre annonce, j'ai dit : « Bon, assez parlé. Je dois absolument monter sur ce tracteur neuf que vous avez là. » Ce type fait ses semailles en utilisant un système GPS, et il m'a dit : « Je peux semer un quart de section et faire des rangées tellement droites que l'écart ne dépasse pas quatre pouces sur toute la longueur de ma terre. » Il a ensuite ajouté : « Le seul problème, c'est que les satellites sont tombés en panne la semaine dernière juste à la fin des semailles et j'ai eu bien du mal à terminer ma tâche. » Il arrivait à peine à conduire son tracteur en ligne droite, parce qu'il est tellement habitué à utiliser une technologie de pointe. Son semoir pneumatique utilise une technologie dernier cri. Cependant, c'est très coûteux, mais il continue de s'en servir parce qu'il sait qu'il n'a pas le choix.
Quant à la technologie de l'information, les attentes sont élevées et les agriculteurs doivent s'en servir. J'estime qu'ils sont disposés à s'en servir, surtout quand cela les aide à augmenter leur productivité et tout le reste. Du point de vue de l'ACIA, nous constatons un besoin croissant de mieux suivre à la trace les produits de toutes sortes, pour être capables de retracer un animal depuis la naissance jusqu'à ce qu'il aboutisse dans votre assiette. Les gens veulent connaître l'origine exacte de l'animal. On a besoin de technologie au niveau de la ferme, pour que la traçabilité soit continue tout le long de la chaîne de la vente des produits. Il y a aussi une énorme composante en biosécurité, qui fait aussi appel à la technologie, pour assurer la sécurité des exploitations agricoles et garder les frontières ouvertes en faisant appel à ce que les sciences et la technologie ont de mieux à offrir.
L'ACIA travaille non seulement avec nos agriculteurs, mais elle a mis de l'argent de côté et va investir de plus en plus dans les services de laboratoire, pour en renforcer les normes. Par exemple, le Canada vient tout juste d'être désigné comme possédant un laboratoire de calibre mondial pour la grippe aviaire et la bactérie E-coli.
Le sénateur Oliver : Où se trouve ce laboratoire?
M. Strahl : Il se trouve à Winnipeg. Nous avons travaillé avec les provinces pour renforcer les normes appliquées dans leurs laboratoires. Les sciences et la technologie permettront non seulement d'accroître la productivité des agriculteurs, mais aussi de renforcer notre biosécurité, ce qui permet d'obtenir un meilleur accès pour nos denrées agricoles partout dans le monde.
Cette stratégie scientifique est un impératif national. C'est l'une des raisons pour lesquelles le budget comportait des crédits supplémentaires de 195 millions de dollars pour l'ACIA, somme consacrée spécifiquement à la planification, de concert avec les agriculteurs et les provinces, en vue de se préparer à l'éventualité d'une épidémie de grippe aviaire, par exemple, mais cela comprenait aussi diverses autres dépenses. Cela montre l'importance que nous devrons accorder au cours des prochaines années à la science, à la technologie et à l'innovation; il faudra s'assurer que les agriculteurs aient accès à ce qui se fait de mieux dans ce domaine. Ils se sont montrés disposés à s'y adapter et ils continuent d'être des chefs de file au Canada. En outre, nous aurons une composante accrue de science, de technologie et d'innovation dans le cadre de nos efforts pour assurer la biosécurité, la salubrité des aliments, la sécurité alimentaire et la disponibilité d'aliments sains. Dans tous ces domaines, il faut de plus en plus faire appel à la science qui nous aide à rendre tout cela possible.
Le sénateur Oliver : Y aurait-il moyen pour les agriculteurs canadiens de vendre certains de ces services à d'autres pays, dans le but, encore une fois, de leur donner plus d'argent grâce aux avancées qui ont été faites dans la science d'aujourd'hui? Ces services peuvent-ils être vendus dans le monde entier?
M. Strahl : Oui, cela se fait déjà. Par exemple, nous avons un marché important dans l'achat et la vente d'embryons; c'est un secteur important au Canada et l'on vend des embryons de bovins partout dans le monde. Il faut aussi implanter ces embryons, les stocker comme il faut, bien utiliser le matériel génétique, et le secteur est déjà fortement présent dans ce domaine que l'on considère comme une manière d'ouvrir les marchés. On manifeste beaucoup d'intérêt dans les grands marchés que sont l'Inde, la Chine et d'autres pays où la demande de produits laitiers augmente rapidement — pour prendre un autre exemple — et ces pays se tournent vers cette spécialité pour rendre possible cette production. C'est un débouché d'exportation que les agriculteurs peuvent exploiter, absolument.
Je voudrais dire que nous avons ici des exemplaires de la stratégie des sciences et de la technologie que nous allons remettre aux sénateurs. Comme je l'ai dit, le plan d'activités doit encore être étoffé par le sous-ministre adjoint, mais dans l'ensemble, il présente une vision intéressante pour le Canada. Pour la première fois, il fait correspondre nos besoins scientifiques à nos priorités nationales. Il indique clairement que le Canada sera un leader en sciences et en technologie, non seulement en termes de dépenses, mais aussi en partenariats avec les industries et les provinces.
La présidente : Monsieur le ministre, je ne ferais pas mon travail si je ne vous demandais pas de faire le point sur une situation importante qui existe dans notre pays, en particulier dans ma province, depuis un certain nombre d'années, et je veux parler de la crise de l'ESB.
Je sais que vous en avez parlé au ministre Johanns. Pourriez-vous nous dire où nous en sommes avec les Américains et, en fait, nous dire dans quelle mesure d'autres pays trouvent le moyen de progresser dans ce dossier de concert avec nous?
M. Strahl : Nous souhaitons que les Américains en particulier publient leur deuxième règle sur l'ESB, ce qui ouvrirait bien sûr le marché à nos bovins de plus de 30 mois. Beaucoup d'efforts ont été déployés depuis plusieurs années pour obtenir une telle décision.
Comme je l'ai dit, j'ai rencontré le secrétaire Johanns le 20 avril et je lui ai fait savoir que notre gouvernement compte sur la publication de cette deuxième règle, sur l'ouverture des marchés dans les plus brefs délais, et je lui ai dit que nous prendrions des décisions dans ce dossier en fonction des meilleures données scientifiques disponibles. Comme le secrétaire Johanns l'a dit, nous faisons beaucoup de choses vraiment bien ici au Canada. C'était encourageant. Il dit que, selon les données scientifiques, les frontières devraient être ouvertes dans un délai raisonnable. Il espère encore que l'on pourra ouvrir la frontière complètement cette année. Malheureusement, nous avons eu deux cas d'ESB au Canada cette année, mais il était scientifiquement prévu que nous aurions un autre cas. Nous en aurons probablement encore un ou deux au cours des prochaines années. Il est inévitable qu'un cas surgisse de temps à autre. Cela retarde l'ouverture de la frontière. Ils doivent attendre la publication de notre rapport. Un rapport est déjà affiché sur le site Web et le deuxième sera publié très bientôt. Tout cela est fait ouvertement et avec transparence, pour montrer à nos partenaires commerciaux que nous n'avons rien à cacher, que nous avons de solides travaux scientifiques et qu'ils peuvent compter sur nous pour être transparents dans ce dossier. Malheureusement, le deuxième cas était dans ma circonscription. C'était même dans ma ville natale. Je voudrais protester auprès de quelqu'un à ce propos; c'était très injuste.
La présidente : Quelqu'un vous en veut.
M. Strahl : C'était la veille de ma visite chez le secrétaire. Bien qu'il ait dit que cela ne changerait rien à leurs efforts pour ouvrir la frontière, que celle-ci devrait être ouverte d'ici la fin de l'année, il est évident qu'ils doivent attendre l'analyse effectuée par l'ACIA de ce qui s'est passé, pour connaître la progéniture de la vache et toute la cohorte, pour savoir où sont allées ces bêtes et ce qui leur est arrivé. Nous avons fait tout cela et le deuxième rapport devrait être publié bientôt. Ils vont l'analyser et nous espérons que les Américains respecteront le calendrier et que la deuxième règle sera publiée d'ici la fin de l'année. Cela demeure le calendrier que nous envisageons.
M. Guimont a mentionné la question de l'interdiction des provendes, des matières à risque spécifiées. Bien sûr, nous avons publié depuis déjà un certain temps dans la Gazette du Canada une règle stipulant qu'il faut retirer de la chaîne alimentaire une plus grande proportion de matières à risque spécifiées. Il y a longtemps qu'il est interdit d'en ajouter à la moulée pour bétail, mais il y a toujours une crainte de contamination d'un produit à l'autre et d'une espèce à l'autre, et cetera. L'Organisation internationale de la santé animale a dit que nous devons simplement éliminer une plus grande proportion des MRS de l'alimentation de notre bétail. Nous sommes déterminés à le faire. Environ 80 millions de dollars sont prévus dans le budget pour aider l'industrie à opérer la transition nécessaire quand nous décréterons l'interdiction totale des MRS. Nos efforts en vue d'atteindre une norme élevée en matière d'élimination des MRS non seulement vont garder ouvert nos débouchés aux États-Unis, mais vont aussi nous ouvrir beaucoup de marchés un peu partout dans le monde qui demeureraient autrement fermés pour nous.
Nous prenons des mesures. Nous agissons en nous fondant sur de solides données scientifiques. Tant que nous ferons en sorte que tout le monde parle de science au lieu de politique, nous aurons probablement de bonnes décisions. Les Américains parlent la même langue que nous. Ils ont eu leur propre cas de vache folle et nous les avons rassurés en leur disant que nous nous fions à la science, et je suis sûr qu'ils en font autant. Nous avons réussi à garder le débat à un niveau élevé, pas seulement avec les Américains, mais avec nos interlocuteurs du monde entier.
Au printemps, des Japonais sont venus inspecter huit usines au Canada. Ils sont difficiles et inquiets au sujet de la contamination par l'ESB, mais ils ont inspecté nos usines. Ce qu'ils ont vu leur a plu. Ils ont approuvé les usines qui peuvent exporter leurs produits au Japon. Ces décisions sont scientifiques; elles ne sont pas fondées sur un compromis du genre « Nous allons accepter votre produit si vous acceptez le nôtre ». C'est strictement fondé sur les données scientifiques. Si nous parvenons à garder les discussions à ce niveau, nous obtiendrons l'ouverture du marché américain le plus vite possible. Et surtout, d'autres marchés s'ouvriront dans le monde quand les gens verront notre approche mesurée et scientifique et se rendront compte que nous sommes ouverts et transparents dans ce dossier. Comme le secrétaire Johanns l'a dit, nous faisons beaucoup de choses vraiment bien au Canada. Le secteur du boeuf mérite des félicitations, de même que les agents de l'ACIA qui ont veillé à ce que le débat demeure à un niveau élevé. C'est la meilleure possibilité que nous avons d'ouvrir le marché.
La présidente : Comme vous le savez, je viens du sud-ouest de l'Alberta, tout près de la frontière du Montana. Périodiquement, une organisation appelée R-CALF déploie des activités pour essayer encore une fois de faire fermer la frontière. Le contexte n'est pas le même aujourd'hui qu'à l'époque. Je me demande si le secrétaire Johanns et vous- même êtes confiants que les difficultés sont choses du passé.
M. Strahl : Le secrétaire Johanns appuie les efforts visant à rouvrir la frontière, notamment dans le cas de R-CALF au Montana. Nous étions tous heureux quand le juge a refusé de rouvrir le dossier, bien qu'on m'a dit que R-CALF en a appelé de la décision, mais je crois savoir que leurs motifs d'appel sont de plus en plus ténus et il est peu probable qu'ils aient gain de cause. Cela dit, les litiges devant les tribunaux ont leur propre dynamique et on ne peut jamais être absolument sûr de l'issue. Dans l'ensemble, sur la base des travaux scientifiques, nous avons l'appui de l'industrie américaine. R-CALF est un petit groupe du Montana qui essaie d'utiliser l'appareil judiciaire pour parvenir à ses fins. J'ai rencontré les représentants de l'Association américaine des éleveurs de bétail quand je suis allé à Washington, et aussi les grands fournisseurs de viande. Ils tenaient à me rassurer. Ils sont conscients que le groupe R-CALF ne représente pas l'association des éleveurs; ils ne sont pas d'accord avec ce que font ces gens-là. L'association de la viande déclare : « Nous avons un marché nord-américain intégré; nous voulons votre viande, votre bétail, votre approvisionnement. Nous ne sommes pas d'accord avec ce qui se passe au Montana ». Cependant, on ne peut pas empêcher quelqu'un de s'adresser aux tribunaux. Nous devons tirer un certain réconfort du fait que pour faire appel, il faut s'appuyer sur certaines raisons. Or les raisons invoquées par ce groupe pour faire appel sont de moins en moins solides à mesure que le temps passe et que d'autres tribunaux rendent des décisions. C'est le système judiciaire américain. Je n'ai aucune influence sur l'issue de ces litiges. La plupart des gens à qui j'en parle sont confiants qu'ils vont réussir, comme ils l'ont fait la dernière fois, à réfuter les arguments de R-CALF.
La présidente : Vous avez évoqué l'excellence de nos travaux scientifiques d'un bout à l'autre du pays et dans nos diverses fermes expérimentales. Nous célébrons notre centenaire à Lethbridge. Je vous invite à en prendre bonne note parce qu'ils aimeraient beaucoup avoir votre présence là-bas.
M. Strahl : Ma présence là-bas est prévue. Rick Casson a déployé beaucoup d'éloquence et j'ai rajusté mon horaire en conséquence.
La présidente : C'est excellent.
M. Strahl : Ce sera une belle occasion. Les nouvelles installations vont ouvrir à Lethbridge juste au moment où l'on célèbre le centenaire. Ce sont deux bonnes raisons d'y aller. En fait, quiconque nous écoute en ce moment devrait s'arranger pour être à Lethbridge à la fin juillet pour participer à la fête.
La présidente : Je suis d'accord. Je vous remercie pour cette annonce publicitaire. Ce sera une journée grandiose. Je compte avoir le plaisir de vous voir là-bas.
Le sénateur Gustafson : Je voudrais faire quelques observations sur la recherche. La première porte sur les semoirs pneumatiques à Saskatoon. Il y a dans cette région au moins cinq compagnies de semoirs pneumatiques. Ces machines sont vendues aux États-Unis. En fait, elles passent juste devant chez moi. En matière de recherche, nous avons fait du très bon travail dans le secteur agricole.
Le problème est que l'agriculteur lui-même est un preneur de prix. Il prend ce qu'il peut trouver. Tous les autres intervenants, le long de la chaîne de production, fixent leur prix et peuvent s'en tirer.
Vous avez parlé de biodiesel. J'ai découvert qu'une grande partie de notre canola aboutit chez Archer Daniel Midland Co. au Dakota du Nord. Ils ont beaucoup d'avance sur nous. Nous allons devoir accélérer si nous voulons avoir notre mot à dire, sinon ils auront tout raflé avant même que nous commencions à placer nos pions. Je trouve que c'est très grave. Je voudrais vos commentaires là-dessus.
M. Strahl : Je suis d'accord. Sauf erreur, l'objectif des Américains pour le biocarburant est de 4 p. 100 d'ici 2010. Notre objectif pour notre propre marché intérieur est légèrement plus ambitieux que le leur. Je suis content de l'objectif, même si je sais que la Saskatchewan et d'autres provinces veulent que l'on adopte 10 p. 100 le plus tôt possible. Je les ai encouragés à participer au programme des 5 p. 100 avant de commencer à songer à 10 p. 100. Cependant, nous devons être ambitieux.
Non seulement notre ministère est saisi de cette question, mais RNCan et Environnement Canada en sont également saisis. Nous en sommes saisis parce qu'il faut s'assurer de ne pas avoir seulement un régime réglementaire. Après tout, c'est facile de réglementer et d'exiger 5 p. 100. On prend un règlement et c'est tout. Mais si nous ne faisons rien d'autre, nous commencerons immédiatement à importer de l'éthanol brésilien bon marché. Ce que nous voulons, c'est un marché intérieur capable de répondre à nos besoins.
C'est intéressant de signaler que l'on prévoit construire des usines le long de la frontière. Les gens voient l'occasion de vendre de l'éthanol aux États-Unis. Il faut dire que l'ALENA présente un avantage : si les Américains subventionnent l'éthanol à hauteur de 30 cents le litre, on peut leur livrer de l'éthanol et empocher l'argent.
Le sénateur Gustafson : C'est pourquoi je soulève la question des semoirs pneumatiques. Que je sache, les Américains ne possèdent pas d'usines qui fabriquent de bons semoirs pneumatiques. Ils viennent les acheter au Canada. Les gens qui se sont lancés dans ce créneau font de très bonnes affaires.
M. Strahl : Dans l'ensemble, il faut réglementer la production de biocarburants. Nous devons aussi voir comment on peut assurer la consommation de ce carburant. Nous devons nous assurer que l'industrie produise des véhicules capables de rouler avec ce carburant.
J'ai lu ce matin dans le Globe and Mail un article sur les véhicules E85. Ils consomment un mélange qui renferme non pas 5 p. 100, mais bien 85 p. 100 d'éthanol. Je possède moi-même l'un de ces véhicules. Il y a de plus en plus de possibilités qui s'offrent à l'industrie. Il faut produire des véhicules capables de consommer le produit. Tout cela doit se faire simultanément.
Je conviens, sénateur, qu'il ne faut pas se traîner les pieds trop longtemps, sinon nous nous retrouverons à la traîne, en train de respirer les gaz d'échappement des autres, au lieu d'être à la tête du peloton. C'est pourquoi les provinces, le gouvernement fédéral et l'industrie tiennent tous à agir dans ce dossier cet été. Ils veulent qu'on mette en place un cadre de manière à transmettre simultanément le message nécessaire à l'industrie, aux agriculteurs et aux autres intervenants. Nous ne voulons pas leur donner seulement un indice; nous voulons leur envoyer un signal fort, pour qu'ils se mettent au travail et fassent ce qu'il faut pour répondre aux besoins du marché.
Le sénateur Gustafson : C'est exactement ce qui s'est passé dans le secteur de l'automobile en Ontario.
Le sénateur Mercer : Récemment, je suis allé à Taiwan, grâce au Groupe d'amitié Canada-Taiwan. Nous avons rencontré là-bas des hauts fonctionnaires taïwanais. Nous avons aussi rencontré le président, le vice-président, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Santé. Notre groupe était multipartite et comprenait des conservateurs, des libéraux et des bloquistes. Nous avons tous abordé avec insistance la question des règles sélectives de Taïwan pour l'importation de boeuf, en ce sens que le boeuf américain est autorisé, mais pas le boeuf canadien. Quels efforts déployez-vous dans ce dossier? Dans combien d'autres pays du monde avons-nous encore ce problème?
Mes propos ont peut-être été déformés par la traduction, mais j'ai essayé de dire au président de Taïwan que le boeuf que j'avais mangé la veille aurait très bien pu être du boeuf canadien, même s'il était importé des États-Unis, parce que notre industrie est tout à fait intégrée.
Le sénateur Peterson : Est-ce que l'ARAP relève de votre ministère?
M. Strahl : Non, cela relève de Santé Canada.
Les Taïwanais n'ont pas accès à notre boeuf, ce qui est un problème. On nous avait donné l'assurance que ce marché serait ouvert. Il a été ouvert au boeuf américain en janvier dernier. Nous avons fait des instances aux autorités de Taiwan pour dénoncer l'injustice de cette situation. Cela ne s'appuie sur aucune raison scientifique. C'est également incohérent. Nous allons les rencontrer à l'Organisation mondiale de la santé animale. Nous aurons une rencontre latérale pour leur faire part de nos préoccupations à ce sujet. Nous allons leur dire que c'est incohérent, que ce n'est pas particulièrement scientifique, et cetera.
Le deuxième cas d'ESB que nous avons eu ici au Canada n'a pas aidé notre cause. Tout le monde comprend que notre système est sûr. Le boeuf n'est pas entré dans la chaîne alimentaire. Il n'y avait aucun danger pour les humains. Nous avons en place un excellent système de contrôle et des connaissances scientifiques de pointe et des laboratoires qui font des vérifications constantes.
Cela dit, quand le deuxième cas est arrivé, la position de repli de Taiwan était de dire : « Nous allons attendre votre rapport et nous allons l'étudier ». Ce rapport sera publié bientôt. Ils vont l'examiner. S'ils ont des questions, nous serons évidemment prêts à leur donner des réponses ou à les rencontrer et à travailler avec eux pour répondre à toute préoccupation qu'ils pourraient avoir. J'ai bon espoir que lorsque le rapport sera publié, nous nous dirigerons rapidement vers la réouverture de ce marché.
Le sénateur Peterson : J'ai parlé tout à l'heure de l'ARAP.
M. Strahl : Je songeais plutôt à l'ARLA. Oui, l'ARAP relève de mon ministère. J'avais mal compris quand vous avez posé votre question, sénateur.
Le sénateur Peterson : Étant donné la crise imminente de l'eau, surtout dans les Prairies, a-t-on envisagé de confier à l'ARAP le rôle de chef de file dans ce dossier? Compte tenu des travaux effectués dans les années 30 et 40, cette agence est bien équipée pour faire ce travail.
M. Strahl : Du point de vue agricole, l'ARAP joue effectivement un rôle de chef de file dans ce dossier. L'ARAP est l'une des agences les plus populaires et les plus respectées dans les Prairies. Elle a l'oreille des agriculteurs et les agents de l'ARAP sont sur le terrain. Nous qui passons tellement de notre temps à Ottawa devons nous en remettre à eux dans une certaine mesure parce qu'il faut reconnaître que ces gens-là sont sur le terrain et qu'ils travaillent avec des agriculteurs à réaliser des plans environnementaux et tout le reste.
Il n'y a aucun doute qu'ils vont jouer un rôle de chef de file dans ce dossier, mais les problèmes de ce genre mettent souvent en cause de multiples instances. Cela touche à tout, depuis l'habitat provincial jusqu'aux problèmes de ressources et agricoles. On peut rarement s'y attaquer de manière isolée au moyen d'une seule organisation, même si elle est aussi populaire que l'ARAP. Je crois que les compétences vont continuer d'être partagées dans ce dossier. Dans certaines régions, cela va finir par devenir un problème environnemental, ailleurs ce sera plutôt une question d'utilisation de l'eau, et ailleurs encore, cela pourrait être un dossier touchant les Autochtones. Je suis certain que l'ARAP sera un intervenant clé. Heureusement, ils ont l'oreille des agriculteurs et ces derniers ont le sentiment qu'on les écoute quand ils travaillent avec l'ARAP.
La présidente : Tout le monde sera content d'apprendre qu'ils ont l'oreille du ministre.
M. Strahl : Il y a des choses auxquelles il ne faut pas toucher. Il ne faut pas mettre des bâtons dans les roues de l'ARAP. Cette agence fonctionne bien et, je le répète, elle est très populaire. Nous devons toujours faire attention de ne pas dire : « Je suis du gouvernement et je suis ici pour vous aider ». On ne reste pas longtemps sur une ferme après avoir dit cela, mais l'ARAP a été en mesure de le faire et il faut rendre hommage aux hommes et aux femmes qui travaillent dans cette organisation.
La présidente : Monsieur le ministre, ce fut un grand plaisir de vous accueillir ici aujourd'hui. Nous avons déblayé tout le terrain. Vos propos d'aujourd'hui nous seront utiles pour rédiger un rapport provisoire sur les audiences que nous avons tenues à ce jour. Merci beaucoup.
M. Strahl : J'apprécie votre travail et j'ai hâte de prendre connaissance de votre rapport. Je suis certain, compte tenu de l'expertise des membres de votre comité et de leur passion pour l'agriculture, que ce sera un bon rapport.
La présidente : Merci beaucoup.
La séance est levée.