Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 7 - Témoignages du 3 octobre 2006
OTTAWA, le mardi 3 octobre 2006
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 17 h 31, pour examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada.
Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, nous sommes très heureux de recevoir aujourd'hui encore une fois le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada, l'honorable Chuck Strahl.
Comme vous le savez, les revenus agricoles ces dernières années ont été les plus faibles de notre histoire. Ce sont les familles agricoles qui ont souffert le plus, et la situation a eu une incidence sur les collectivités rurales partout au Canada. Conscient de la gravité du problème, le gouvernement fédéral a annoncé en juillet dernier la création du Programme canadien d'options pour les familles agricoles visant à offrir une aide de 550 millions de dollars aux agriculteurs à faible revenu et à leur famille.
En mai dernier, le comité a été autorisé à examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada. Jusqu'à la fin de l'année, le comité recevra divers témoins qui dresseront un portrait de la pauvreté dans les régions rurales. Ces témoignages contribueront à préparer le comité pour les séances qu'il tiendra dans des collectivités rurales partout au pays au cours de la prochaine année.
C'est la deuxième fois que le ministre comparaît devant notre comité depuis qu'il a pris en charge ce dossier des plus difficiles. Nous sommes ravis de l'accueillir encore une fois et d'entendre son point de vue au sujet de la pauvreté rurale. Je sais, monsieur le ministre, que vous avez visité plusieurs endroits au pays et que vous vous êtes même rendu à Lethbridge.
Le ministre est accompagné aujourd'hui par Christiane Ouimet et Donna Mitchell. Mme Ouimet a grandi sur une ferme laitière à Saint-Albert, en Ontario, et Mme Mitchell est originaire de Sherbrooke, au Québec. Je vous souhaite la bienvenue à toutes les deux.
Le ministre sera avec nous pendant une heure seulement — et je dois dire que nous avons de la chance qu'il ait pu venir ici ce soir. Par contre, ses deux collègues sont disposées à rester un peu plus longtemps pour répondre aux autres questions que nous pourrions avoir. La tâche qui nous attend est grande, et c'est pourquoi nous sommes heureux de pouvoir tenir une séance avec vous dès le début. Je suis certaine que nous pourrons vous réinviter durant nos travaux si c'est nécessaire.
L'honorable Charles Strahl, P.C., député, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire : Merci. Je suis ravi de comparaître une nouvelle fois devant vous. Je reconnais la valeur du travail qu'effectue le comité. Le sujet que vous avez choisi d'examiner est extrêmement important. Il s'agit d'une question très complexe et qui a de multiples facettes. Je vous félicite d'entreprendre cette étude et j'attends avec impatience le rapport que vous produirez à la fin de vos travaux. Le sénateur Segal a déjà commencé à travailler à ce dossier. Il m'a écrit à quelques reprises, il s'est entretenu avec moi et avec d'autres à propos du sujet et il a tout examiné, depuis la nécessité pour le gouvernement d'effectuer des investissements stratégiques et de moderniser la réglementation jusqu'au perfectionnement de la main-d'œuvre. Il s'est penché sur toutes les questions touchant le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités.
Je suis ravi de constater que le comité, à l'instar du gouvernement, se préoccupe de la pauvreté rurale et des revenus agricoles. Je tiens à souligner par contre que la pauvreté rurale n'est pas un problème lié uniquement au secteur agricole. Les régions rurales du Canada qui dépendent des industries axées sur les ressources vivent les mêmes problèmes. L'économie des collectivités rurales qui dépendent beaucoup de ces industries, surtout celles dominées par une industrie unique, risque de temps à autre d'être chancelante.
[Français]
En tant que ministre de l'Agriculture et du développement rural, j'ai à cœur la viabilité des collectivités rurales. Toutefois, la politique rurale ne se limite pas à l'agriculture.
[Traduction]
Un effort de collaboration sera nécessaire pour remédier à la situation. Le Secrétariat rural du ministère collabore avec d'autres ministères fédéraux et des partenaires provinciaux pour favoriser une meilleure compréhension, à la fois au sein des ministères et des divers paliers de gouvernement, des enjeux et des préoccupations des Canadiens — particulièrement ceux qui vient dans les régions rurales — et il appuie les efforts déployés en vue de régler les problèmes.
En tant que ministre, mon mandat comporte trois volets, à savoir jouer un rôle de leadership et de coordination dans le partenariat rural canadien; faciliter la liaison et la création de partenariats sur des priorités et des enjeux ruraux; et favoriser le dialogue entre les intervenants ruraux et le gouvernement fédéral. Le Secrétariat rural ne dispose pas d'un gros budget, mais il est le seul organisme à jouer un rôle de coordination qui touche tous les ministères, qu'ils soient de nature économique, culturelle, sociale ou environnementale, pour veiller à ce que rien ne passe entre les mailles du filet.
J'aimerais passer en revue certaines des mesures que nous avons prises à l'égard des problèmes que vivent les régions rurales. Un grand nombre des régions rurales dépendent d'industries fondées sur les ressources naturelles, et un tiers des travailleurs de ces régions travaillent dans des industries directement ou indirectement liées aux ressources naturelles. Les forces régionales, nationales et mondiales ont modifié la nature des industries axées sur les ressources, et bon nombre des problèmes auxquels sont confrontées les collectivités rurales canadiennes sont les mêmes que ceux que connaissent les autres régions rurales dans le monde. C'est donc dire que ces problèmes ne sont pas propres au Canada. À mesure que la productivité et notre position concurrentielle s'améliorent, nous devrions garder en tête la nécessité pour ces communautés vulnérables de s'adapter.
[Français]
Le budget de mai prévoyait des mesures pour aider les collectivités qui dépendent des ressources et des programmes d'infrastructure, de logements et d'avantages fiscaux et de développement des compétences dont les Canadiens ruraux profiteront grandement.
[Traduction]
Le budget comprend des mesures destinées à contrer les perturbations économiques causées par les marchés internationaux et les obstacles au commerce. Nous nous sommes engagés à verser 400 millions de dollars au cours des deux prochaines années à l'industrie forestière en vue de l'aider à renforcer sa position concurrentielle à long terme et à soutenir l'adaptation des travailleurs. Nous avons supprimé l'impôt que devaient payer les pêcheurs lorsqu'ils transféraient leurs biens de pêche à leurs enfants et nous leur avons accordé la même exonération cumulative des gains en capital de 500 000 dollars dont bénéficient les agriculteurs et les autres propriétaires de petites entreprises. De plus, nous nous sommes aussi engagés à verser 2,2 milliards de dollars durant les cinq prochaines années au Fonds sur l'infrastructure municipale rurale. Ce fonds est conçu précisément pour répondre aux besoins locaux en infrastructure.
Le budget prévoit également d'autres mesures plus générales, comme une diminution des taxes, des baisses générales d'impôt sur le revenu et la prestation universelle pour la garde d'enfants, que proposent maintenant deux autres partis. Ces mesures visent l'ensemble des Canadiens, et je tiens à souligner que la prestation universelle pour la garde d'enfants est destinée également aux Canadiens des régions rurales. Nous avons fait passer de 300 000 dollars à 400 000 dollars le montant des bénéfices des petites entreprises qui est admissible au taux d'imposition fédéral réduit. Nous avons annoncé un taux d'imposition de 12 p. 100 pour les propriétaires des petites entreprises admissibles, et ce taux passera à 11 p. 100 d'ici 2009. Nous avons entrepris d'aider les petites entreprises et d'autres employeurs qui peuvent contribuer à former une main-d'œuvre compétente, ce qui est particulièrement important dans les régions rurales, en accordant des crédits d'impôt aux employeurs qui embauchent des apprentis et en offrant des bourses aux apprentis au cours de la première et de la deuxième année. Les régions rurales sont souvent à la recherche de travailleurs, et nous essayons de les aider à cet égard.
Par ailleurs, ma collègue, Diane Finley, ministre des Ressources humaines et du Développement social, a annoncé la semaine dernière que le nouveau gouvernement canadien investira un million de dollars par l'entremise du programme des conseils sectoriels pour créer un nouveau conseil sectoriel pour l'industrie de l'agriculture, en particulier le secteur des ressources humaines en vue d'accroître le recrutement et d'améliorer le taux de rétention des travailleurs compétents. Je suis certain que vous en entendrez beaucoup parler au cours de vos séances. Dans certains milieux, il y a une crise, mais il est certain que les régions rurales manquent de travailleurs compétents. C'est paradoxal que des gens des régions rurales aillent chercher du travail dans les grandes villes. Retenir les travailleurs compétents dans les régions rurales est un problème qui persiste.
[Français]
Le budget prévoyait des dépenses additionnelles de 1,5 milliards de dollars pour le portefeuille de l'agriculture. Cette injection de fonds va certainement stimuler l'économie des collectivités rurales.
[Traduction]
Nous avons utilisé une partie des 1,5 milliard de dollars annoncé dans le budget pour apporter des changements à l'évaluation des stocks dans le cadre du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Une grande part de cette somme sera versée à l'automne, soit au cours des trois prochains mois.
Nous avons aussi créé un programme de protection des cultures de couverture doté d'un budget de 50 millions de dollars. Cette initiative a été bien accueillie par les habitants des régions rurales touchés par des inondations.
Le Programme canadien d'options pour les familles agricoles, dont j'ai parlé au sénateur Segal, est un projet pilote visant à aider les ménages agricoles qui n'ont pu bénéficier d'autres programmes et qui éprouvent des difficultés financières. Les familles admissibles recevront une prestation d'au maximum 25 000 $ et une personne seule qui exploite une ferme commerciale obtiendra 15 000 $. Ces montants ont été établis en fonction du revenu moyen des fermiers. On a commencé à libérer les fonds, et plus de 3 000 personnes ayant déjà soumis une demande ont reçu des prestations par l'entremise du programme.
En tout, environ 5 milliards de dollars en prestations gouvernementales seront versés par mon ministère d'ici la fin de l'exercice financier. Comme il s'agit d'un domaine de compétence partagée, 3 milliards viennent du fédéral, et 2 milliards, des provinces. D'ici la fin de l'année, on aura déboursé 2 milliards de dollars.
Par ailleurs, en appui au Canada rural, nous avons annoncé notre intention d'exiger que d'ici 2010, le carburant de transport vendu au pays contienne, en moyenne, au moins 5 p. 100 de carburants renouvelables, comme l'éthanol ou le biodiésel.
Nous avons annoncé un programme visant à aider les fermiers à se positionner pour tirer parti de cette mesure, appelée l'Initiative des marchés de biocarburants pour les producteurs et dotée d'un budget de 10 millions de dollars. Cet argent a été distribué partout au pays pour aider les personnes, les groupes ou les communautés, y compris celles où un fort pourcentage de fermiers participent à la production de biocarburants, à avoir accès à des services de planification et à pouvoir à embaucher des professionnels pour les aider à préparer des plans d'affaires. Ainsi, lorsque nous annoncerons le reste de notre initiative en matière de biocarburants à la fin de l'automne, ils pourront y participer. J'espère que le programme que nous dévoilerons prochainement contribuera à diversifier l'économie de ces communautés et à leur permettre de pénétrer un marché qui occupera une grande place dans le Canada rural.
Nous avons alloué des fonds au développement d'un programme coopératif canadien afin de créer des initiatives coopératives permettant aux fermiers de profiter des débouchés qu'offrent les biocarburants. Encore une fois, cette mesure vise à ce que les cultivateurs, et pas seulement les compagnies pétrolières, participent au projet.
De plus, pour répondre à la demande des coopératives, nous avons adopté une mesure de report de l'impôt qui présente des avantages financiers pour les membres de coopératives agricoles sur le plan de l'imposition de leurs revenus et de leurs dividendes. Cette mesure les aide à conserver une plus grande part de leurs bénéfices et rend les coopératives plus viables à long terme. Ces dernières sont ancrées depuis longtemps dans les communautés rurales canadiennes; nous voulons donc les renforcer pour les gens qui veulent en faire partie.
En conclusion, honorables sénateurs, le Canada rural est très important. Pour nous, Canadiens, c'est plus qu'un simple symbole; c'est à plus d'un égard le cœur de notre pays. Chacun de nous a sa propre expérience ou histoire qui lui a appris à quel point le Canada rural est essentiel.
Un seul palier de gouvernement ne suffira pas pour résoudre le problème de la pauvreté rurale. Nous nous efforçons d'aider les communautés rurales et, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, nous tentons d'éliminer les obstacles à la formation ou au développement des compétences afin que les Canadiens vivant en campagne puissent tirer parti des programmes gouvernementaux ou des occasions d'affaires pour faire face à tous les défis qui les attendent.
Je serais heureux de savoir ce que vous en pensez. J'ignore à quelle date exactement votre rapport doit être présenté. Je crois qu'on aurait avantage à mieux nous préparer en vue des consultations pré-budgétaires. Nous pourrions rédiger un rapport provisoire. Si vous croyez que nous devrions considérer certaines mesures budgétaires, j'aimerais que vous me le fassiez savoir en nous proposant un échéancier. Il ne faut pas attendre. J'espère également que vous ferez des propositions autres que budgétaires, compte tenu des nombreux problèmes qu'il y a dans le Canada rural. Ceux-ci ne sont pas tous liés à l'agriculture ou au commerce international; ils ont de multiples facettes, tout comme les solutions, d'ailleurs.
Une chose me préoccupe — et il s'agit seulement d'une observation : c'est le fait que votre sujet soit si vaste. Je consacre pratiquement tout mon temps au volet agricole; mais vous vous attaquez à la dimension rurale en entier, alors vous aurez du pain sur la planche. J'ignore comment vous orienterez vos travaux, mais je suis certain que vous trouverez un moyen. C'est un sujet très vaste, et je vous souhaite bonne chance. C'est un dossier important et nous attendons avec impatience votre rapport.
La présidente : Vous avez raison; c'est un sujet très vaste. Nous espérons qu'avant la fin de l'année, à l'issue de nos premières audiences ici, à Ottawa, nous pourrons rédiger un rapport provisoire pour connaître la direction à prendre. Puis, tout au long de l'année prochaine, nous nous déplacerons partout au pays.
Nous vous remercions beaucoup de nous avoir fait part de vos préoccupations, que nous partageons, ainsi que des idées que vous nous avez données. La situation est très inquiétante. Nous espérons que vous pourrez encore venir nous rencontrer dans l'avenir.
Le sénateur Tkachuk : Vous avez mentionné le Programme canadien d'options pour les familles agricoles, en vertu duquel on accorde des prestations qui porteront les revenus agricoles à un maximum de 25 000 $ pour les familles et de 15 000 $ pour les personnes. Les revenus de sources autres qu'agricoles entrent-ils en ligne de compte dans le calcul des prestations?
M. Strahl : Non, sénateur, ou plutôt, oui; cela dépend du point de vue. Ce facteur entre en ligne de compte dans la mesure où le programme vise à déterminer le revenu total d'une famille. Par exemple, quelqu'un qui travaillerait à l'extérieur de la ferme dans le secteur pétrolier et gagnerait 60 000 $ ou 80 000 $ par année ne serait pas admissible au programme. Les sommes allouées sont fonction du revenu familial. Le programme cible justement les groupes qui ne peuvent travailler à l'extérieur de l'exploitation, soit parce que c'est impossible où ils habitent, soit parce que leur situation familiale ne le leur permet pas.
Le programme vise spécialement ceux qui ont des revenus bruts d'au moins 50 000 $. Nous devions fixer un montant. Ce seuil devait servir à déterminer qui sont les véritables agriculteurs, en quelque sorte. Il est fondé sur les revenus et ne tient pas compte de tout autre programme ou mesure du gouvernement. Mais si votre formulaire de déclaration de revenus indique que vous avez gagné moins de 25 000 $ nets, on vous versera la différence jusqu'à concurrence de ce montant. Il s'agit du seuil de faible revenu pour le Canada rural; c'est pourquoi nous avons choisi ces montants.
Le sénateur Tkachuk : On dirait presque un revenu annuel garanti.
M. Strahl : Il s'agit d'un projet pilote. C'est du jamais vu en matière de politiques gouvernementales. Cette mesure haussera jusqu'à un certain niveau le revenu des gens concernés. Elle a deux ou trois effets, notamment celui d'assurer un moyen de subsistance aux fermiers. Selon Statistique Canada, jusqu'à 26 000 familles vivant en milieu rural au Canada tentent de s'en sortir avec moins de 25 000 $ par année. C'est préoccupant.
Le sénateur Tkachuk : S'agit-il entièrement de ménages agricoles?
M. Strahl : Oui, ce sont des familles, ou des individus qui gagnent moins de 15 000 $ par année.
Le programme leur permet de recevoir de l'argent — j'ignore combien en moyenne — pour qu'ils puissent au moins subvenir à leurs besoins. Le programme garantit également à ces familles un accès à des services aux entreprises qui seraient normalement payants. Je parle ici des services de conseils en affaires ou du développement des compétences pour que les personnes visées puissent mettre à jour leurs compétences agricoles ou en acquérir dans d'autres domaines. Le programme leur permet également d'évaluer la viabilité future de leur exploitation afin de déterminer s'ils devraient faire autre chose ou fonctionner différemment.
En plus d'offrir des services aux entreprises et de favoriser le développement des compétences, le programme permet d'accorder des liquidités à ces fermiers qui, de toute évidence, sont assez désemparés. Ils doivent travailler avec nous pour que leur exploitation fonctionne. Le programme vise à trouver des moyens d'accroître leurs possibilités.
Le sénateur Tkachuk : Vous avez parlé de 26 000 familles vivant dans le Canada rural. Combien cela représente-t-il par rapport au nombre total d'agriculteurs au pays?
M. Strahl : Environ 15 p. 100.
Le sénateur Callbeck : J'ai d'autres questions au sujet du Programme canadien d'options pour les familles agricoles, qui est étalé sur deux ans. J'ai lu que, la seconde année, les prestations qu'on versera aux fermiers seront au moins 25 p. 100 inférieures à celles de la première année. Pourquoi?
M. Strahl : Je vais devoir m'informer, sénateur.
Le sénateur Callbeck : J'ai entendu les inquiétudes exprimées au sujet du fait qu'il n'y a aucune procédure d'appel. A-t-on pensé aux fermiers dont la demande est rejetée? Vers quelle instance peuvent-ils se tourner pour qu'on examine leur situation?
M. Strahl : Lorsque nous avons conçu le programme, nous avons tenté de le simplifier le plus possible. La plainte que j'entends le plus souvent de la part des fermiers au sujet du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole, par exemple, c'est qu'il est trop compliqué, imprévisible, et qu'il n'est pas négociable en banque. On m'a dit qu'il fallait faire appel à un comptable pour remplir le formulaire. En revanche, pour ce programme, le formulaire est simple. Si vous avez produit une déclaration d'impôt sur le revenu, vous devez seulement nous informer du montant apparaissant sur deux des lignes de votre déclaration. Vous soumettez une demande, et nous émettons un chèque dans les deux semaines qui suivent. C'est fort simple.
J'ai entendu des plaintes de personnes qui n'atteignaient pas tout à fait le seuil. Elles avaient peut-être réalisé un chiffre d'affaires de 48 000 $, et non de 50 000 $. Peu importe le montant choisi; si on devait l'ajuster à 48 000 $, certaines personnes ayant gagné 47 000 $ réclameraient aussi. Nous avons publié les chiffres. Le programme couvre 15 p. 100 des familles agricoles, mais celles-ci doivent présenter une demande, ce qui est facile à faire. Nous faisons de la publicité, entre autres, pour les inciter à faire les démarches nécessaires.
Le programme ne prévoit aucune procédure d'appel car il est très facile de présenter une demande. Bien sûr, certains sont insatisfaits des montants que nous avons fixés. Mais il n'y a aucun moyen d'interjeter appel. Il n'y a aucun pouvoir discrétionnaire pour déterminer qui devrait ou non recevoir des prestations. Les gens présentent simplement une demande.
Comme je l'ai mentionné, il s'agit d'un projet pilote. Ses détracteurs ont prétendu qu'il s'agissait d'un régime d'assistance sociale pour les fermiers. À cela, je réponds qu'il n'en est rien. C'est un soutien provisoire qui inclut un volet axé sur la formation, de même que sur des services conseils afin d'aider les fermiers dans leurs activités, que ce soit pour modifier leurs gammes de produits ou pour accroître leurs revenus d'une autre façon.
La deuxième année, la prestation est réduite en partie pour encourager les gens à poursuivre à long terme ce qu'ils ont entrepris. Nous ne voulons pas dicter aux fermiers quoi faire. S'ils se retrouvent sous le seuil de la pauvreté, nous les aiderons temporairement. Mais ils doivent réorienter leurs activités à long terme. Ils ne peuvent pas faire toujours la même chose. Ce programme n'est pas permanent. C'est un projet pilote, et les prestations sont réduites la seconde année. L'objectif est que les gens commencent à prendre des décisions qui leur permettront de changer leur situation et d'accroître leurs revenus, soit en travaillant ailleurs, soit en modifiant leur plan d'affaires de façon à déterminer comment gagner davantage d'argent.
Le sénateur Callbeck : Les prestations seront réduites d'au moins 25 p. 100.
M. Strahl : Oui, la seconde année.
Le sénateur Mitchell : Je suis heureux que nous recevions le ministre. Merci beaucoup de votre présence.
Je viens de l'Alberta. Beaucoup croient que c'est une province infiniment riche et que tout le monde en profite. Dans les faits, il y a beaucoup de personnes dans les régions rurales qui, non seulement ne profitent aucunement de cette richesse, mais qui en plus souffrent de la situation en raison de la hausse des coûts de production qui prend plusieurs formes.
La porte d'entrée du Pacifique est un projet important pour l'Alberta et pour l'Ouest du Canada en général. Il permettra aux fermiers de diversifier leurs gammes de produits et leur donnera la possibilité de vendre leur production sur des marchés très divers.
Pourquoi, dans son dernier budget, le gouvernement actuel a-t-il étalé sur huit ans le financement, alors que sous le gouvernement précédent, on l'avait réparti sur cinq ans?
Pourriez-vous nous expliquer la réticence apparente du gouvernement à établir des liens sérieux, solides, positifs et diplomatiques avec la Chine? Par exemple, depuis les huit premiers mois que votre gouvernement est au pouvoir, le ministre des Affaires étrangères n'a pas rencontré une seule fois l'ambassadeur de Chine. C'est une simple question de procédure diplomatique. Cela pourrait être déterminant pour notre capacité à développer des produits sur la côte du Pacifique. Actuellement, le Canada représente moins de 2 p. 100 du marché d'importation chinois. Pour les Canadiens de l'Ouest, c'est le secteur agricole qui occupe la plus grande part de ce marché.
M. Strahl : Nous avons en effet annoncé que l'argent consacré à l'initiative concernant la porte d'entrée du Pacifique serait dépensé sur une période de huit ans. Mais le ministre Emerson a clairement expliqué que c'était dû au fait qu'on se demandait si on pourrait utiliser tous ces fonds pendant la période prévue. Il a expressément indiqué que si le gouvernement de Colombie-Britannique, en collaboration avec le gouvernement fédéral, pouvait définir des projets et les faire approuver rapidement, l'argent serait disponible plus vite. Les fonds sont répartis sur huit ans, et le ministre a déclaré que le plus tôt les projets seraient mis en œuvre, le plus tôt l'argent serait versé, tel que demandé par le gouvernement provincial.
Je pars en Chine vendredi pour faire ma part en ce qui a trait à nos relations avec ce pays. Étant donné que plusieurs autres ministres ont tenu des réunions au sujet de leur portefeuille, il y a eu un flot continu de fonctionnaires. Je trouve qu'avec un gouvernement minoritaire, c'est difficile. J'irai là-bas cette semaine remercier les Chinois, parce que je ne peux y aller à un autre moment que pendant la prétendue « semaine de relâche ».
Le marché chinois et l'Extrême-Orient tout entier présentent un potentiel élevé pour l'Ouest du Canada. Les Canadiens de l'Ouest lorgnent plus souvent du côté de ce marché, tandis qu'ici, nous avons plutôt tendance à nous tourner vers l'Europe ou vers certains marchés traditionnels, surtout pour nos produits agricoles. En Extrême-Orient, le rythme de la croissance économique double tous les 10 ans; nous ne pouvons ignorer le potentiel que représente une classe moyenne grandissante qui se mettra à acheter des produits de plus en plus sophistiqués, diversifiés et à valeur ajoutée et créera, par le fait même, un immense marché. Nous n'ignorons pas ce potentiel. Il existe de nombreuses initiatives à cet égard, même s'il est difficile pour les hauts fonctionnaires et les ministres de voyager et de se rendre en Chine.
Le sénateur Mitchell : Ce sera probablement possible jusqu'à ce que notre course à la chefferie soit terminée.
Vous avez parlé des biocarburants — l'éthanol et le biodiésel. Notre comité cherche particulièrement à en savoir davantage sur le sujet. Premièrement, pourriez-vous nous dire comment nous y prendre pour contester encore une fois les subventions américaines, non seulement pour ce qui est du maïs, mais aussi des grains utilisés pour fabriquer l'éthanol et le biodiésel? Deuxièmement, quelle mesure est prévue dans votre programme pour que les fermiers puissent demeurer impliqués dans la production de carburants, et non en être écartés comme c'est si souvent le cas lorsqu'il s'agit de valeur ajoutée?
M. Strahl : Toute la stratégie sur les carburants sera mise en œuvre cet automne; je ne peux vous dire à quelle date exactement, parce que je l'ignore. Elle fera partie de l'ensemble des mesures relatives à la qualité de l'air, qui sont le fer de lance de la ministre de l'Environnement. Les ministres Ambrose et Lunn, ainsi que moi-même, nous sommes rencontrés pour donner le coup d'envoi aux discussions sur les biocarburants dans le cadre de l'initiative sur la qualité de l'air. À l'issue de cette réunion, à la fin du printemps dernier, j'ai annoncé un train de mesures concernant les débouchés pour les biocarburants, dans le but d'aider les fermiers à développer des plans d'affaires, à embaucher des consultants et à effectuer le travail sur le terrain. Les grandes pétrolières font toute leur préparation et leur planification à l'interne, mais les fermiers n'ont pas cet avantage et doivent faire appel à des experts. Nous avons appliqué ce programme aux initiatives dirigées par les producteurs afin que ceux-ci prennent une part active sur le marché.
Depuis mon entrée en fonction comme ministre, j'ai clairement indiqué que je souhaite également que le programme des biocarburants renferme un volet sur l'agriculture. En d'autres termes, il sera bénéfique pour l'environnement que nous utilisions des biocarburants et avantageux de diversifier nos sources de carburant, mais je veux m'assurer qu'à mesure que nous mettrons en œuvre le programme, nous ne perdrons pas de vue toute la dimension agricole. C'est mon travail que de voir aux intérêts du secteur agricole.
Lorsque j'ai traité de cette question, d'un bout à l'autre du pays, j'ai toujours insisté sur le fait que les 10 ou 11 millions de dollars annoncés constituent essentiellement une mise de fonds initiale visant à ce que les fermiers soient bien positionnés et prêts à soumettre leurs propositions de projets dès que nous annoncerons l'initiative cet automne. Ce qui m'inquiète, c'est que l'on pourrait se retrouver avec une industrie passive, comme en Ontario, où une bonne partie du maïs est importée des États-Unis. Je veux tenter de diversifier cette source de revenus le plus possible et faire en sorte que cette mesure soit la plus profitable possible pour les fermiers.
Par ailleurs, je me suis entretenu avec Mike Johanns, le secrétaire américain à l'Agriculture, à Washington. Il m'a dit qu'aux États-Unis, on avait eu des récoltes de maïs record cette année, mais qu'on en manquerait probablement parce que 20 p. 100 de ces récoltes irait à la production de biocarburants. Les Américains font toujours les choses en dix fois plus grand que le Canada. Leur passage à l'éthanol est massif. Dans un certain sens, j'espère que la prévision de M. Johanns s'avérera juste, parce qu'on a observé une augmentation de 10 à 14 p. 100 des contrats à terme concernant le maïs pour cette raison. Cette année, au Canada, les récoltes ont été très abondantes et celles des Américains ont atteint des sommets. Si ces prix et le marché à terme se maintiennent, cela devrait être de bonne augure pour les fermiers.
Le sénateur Peterson : Jusqu'ici, il semble que la stratégie en matière de contestations agricoles était fondée sur la supposition, et peut-être l'espoir, que les subventions faussant le marché pratiquées par les Américains et les Européens seraient éliminées suite aux décisions de l'Organisation mondiale du commerce. Mais apparemment, cela ne s'est pas produit, et il y a fort à parier que cela n'arrivera pas. Créerons-nous une nouvelle stratégie qui tienne compte de cet aspect afin que les producteurs puissent recevoir un juste prix pour leurs produits?
M. Strahl : C'est une remarque pertinente. Évidemment, le Canada et le reste du monde ont fondé tous leurs espoirs sur le cercle de Doha pour qu'on réduise les subventions internes et qu'on impose le libre accès au marché pour des pays comme le Canada, deux mesures aussi importantes l'une que l'autre.
La décision de l'OMC n'est pas complètement morte, mais il ne fait aucun doute qu'elle est sous respirateur artificiel. La situation se présente mal, et c'est très regrettable. Si je puis me permettre d'ouvrir une brève parenthèse, madame la présidente, non seulement le contexte actuel est-il désolant pour l'agriculture canadienne, mais aussi, compte tenu de la pauvreté absolue dans le tiers-monde, il est honteux de voir que l'OMC n'arrive pas trancher la question des subventions agricoles. Plus tard, les gens se rappelleront qu'on a lamentablement échoué à saisir l'occasion d'aider les gens vivant dans une pauvreté abjecte. C'est une chose que je déplore toujours. Mais cela fait l'objet d'un autre débat.
Du point de vue du Canada, si les États-Unis renouvellent le Farm Bill dans sa forme actuelle, nos agriculteurs continueront d'avoir la vie dure. C'est particulièrement vrai dans le secteur du maïs. L'an dernier, les États-Unis ont dépensé 8 milliards de dollars en subventions pour le maïs — un seul produit —, et 90 p. 100 des subventions américaines vont à cinq types de produits. Notre système est complètement différent. Nous avons des programmes qui s'appliquent à l'ensemble des exploitations et du secteur agricole, de l'horticulture aux grains en passant par les oléagineux, les porcs et les abeilles domestiques. Nos programmes visent à favoriser la mise en marché des produits et à aider les agriculteurs à accroître leurs revenus.
Notre discussion au sujet de la prochaine génération de politiques sur l'agriculture commencera après notre rencontre fédérale-provinciale de novembre, bien qu'en réalité, elle ait déjà commencé en coulisses. Il ne fait aucun doute que la question que vous avez soulevée à propos de l'orientation à prendre désormais amènera les provinces, l'industrie, les producteurs et les groupes de producteurs à trouver la meilleure façon de résoudre le problème.
Le budget de cette année prévoit 1,5 milliard de dollars de plus que l'an passé. Il est difficile de prédire l'évolution des prix. Tout dépendra du coût des produits de base. Les subventions américaines sont tellement changeantes qu'elles peuvent passer de 8 milliards une année à presque rien du tout l'année suivante. Il n'est pas facile pour des pays comme le Canada de planifier des programmes agricoles pour faire face à des concurrents capables de verser en une seule année 8 milliards de dollars en subventions. Le secrétaire à l'Agriculture des États-Unis, M. Johanns, a eu le mérite de dire qu'il voulait autre chose que la loi agricole traditionnelle, car cette situation ne peut durer du point de vue des Américains. Reste à savoir s'il réussira à convaincre le Congrès.
Le sénateur Peterson : Le dossier de la Commission canadienne du blé commence à devenir brûlant. Je viens de la Saskatchewan; je me dois donc de poser cette question : les producteurs pourront-ils voter sur l'orientation à prendre?
M. Strahl : Je n'ai rien changé à la Commission canadienne du blé. Je n'ai pas tenu de plébiscite et je ne prévois pas le faire. Un groupe travaille présentement à l'élaboration d'une structure organisationnelle et réfléchit à ce que serait une commission du blé à participation volontaire dans un monde de choix en matière de commercialisation. Comme vous le savez, nous nous étions engagés à le faire durant la campagne; je me dois donc de fournir le plus de détails possible pour informer les agriculteurs. C'est tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant. Cela demeure une promesse électorale. Je tiens à la respecter, mais c'est tout ce que je peux faire pour l'instant.
Le sénateur Oliver : Merci pour vos excellentes observations préliminaires. Elles étaient vastes et approfondies. Il est évident que vous consacrez beaucoup d'argent au secteur agricole. J'aimerais vous faire une proposition et que vous y répondiez. Un peu avant de conclure, vous avez dit que le mandat confié au comité pour son étude était très vaste. En effet, la pauvreté rurale est un gros dossier. Vous avez affirmé que vous, en tant que ministre de l'Agriculture, traitiez les questions relatives à l'agriculture, et que c'était loin d'être une mince affaire. Je partage votre avis.
Voici ce que je vous propose : Prenons par exemple votre Fonds sur l'infrastructure municipale rurale de 2,2 milliards destiné à aider le Canada rural. Si l'on pouvait se servir de cet argent et des autres fonds que vous injectez dans le secteur agricole pour le revitaliser de façon à le rendre de nouveau viable et pour que les agriculteurs gagnent décemment leur vie, cela ne réglerait-il pas le problème de la pauvreté? Autrement dit, ne serait-ce pas la meilleure façon d'utiliser ce fonds et d'aider les agriculteurs à faire fonctionner leurs exploitations et à réaliser des profits?
M. Strahl : Pour que je comprenne bien, êtes-vous en train de dire que l'on devrait utiliser le Fonds sur l'infrastructure rurale pour financer directement les agriculteurs?
Le sénateur Oliver : Je parle ici de soutenir le secteur agricole en général, pas les exploitations ni les agriculteurs de manière ciblée.
M. Strahl : Si vous me le permettez, les solutions au problème de la pauvreté dans les campagnes, ainsi que les difficultés auxquelles sont confrontées les régions rurales, comportent de multiples facettes. Encore une fois, j'ai bien hâte de prendre connaissance de votre rapport à ce sujet. Qui dit campagne, dit aussi infrastructures rurales. La Saskatchewan en est un bon exemple. Les gens diront : « Je ne peux pas acheminer mon grain vers les marchés; les routes sont en mauvais état; mon camion va tomber en pièces; il n'y a pas de silos locaux; il faut aller beaucoup trop loin ». Et ainsi de suite. L'initiative de la porte d'entrée du Pacifique en est un autre exemple. Chaque fois que le grain est maintenu en transit et qu'il ne peut être déchargé ou que le bateau ne peut accoster, cela engendre des coûts pour les agriculteurs.
C'est en partie un problème d'infrastructures et en partie un problème d'adaptation des programmes agricoles. Le budget prévoit maintenant un programme d'aide agricole en cas de catastrophes. Il y a également le développement des compétences. Je suis certain que vous trouverez des politiques provinciales qui visent aussi ces communautés. Il y a également tous les problèmes auxquels font face les collectivités autochtones, que ce soit en matière de développement des compétences, d'accès aux capitaux, de capacité à accroître les actifs ou de règlement des revendications territoriales. Tout ceci fait partie des problèmes du Canada rural.
Le Fonds sur l'infrastructure municipale rurale vise à régler quelques-uns de ces problèmes. C'est loin d'être une panacée. Ce fonds vient en aide autant au secteur agricole qu'à l'industrie forestière.
Le sénateur Oliver : Si l'on pouvait trouver le moyen de verser de l'argent aux agriculteurs, de les former et de leur donner la possibilité de produire quelque chose à valeur ajoutée, ne croyez-vous pas que cela améliorerait leur situation financière? L'époque de la vente des produits non transformés — bois, viande et poisson — est révolue parce que la plupart des sociétés dans le monde veulent des produits à valeur ajoutée. Faites-vous quelque chose en ce sens pour aider les agriculteurs? Il faut investir davantage dans les exploitations agricoles pour combattre la pauvreté.
M. Strahl : Absolument. L'initiative sur les biocarburants va permettre de créer toute une industrie de la biomasse. Les biocarburants suscitent beaucoup d'intérêt en ce moment étant donné que le baril de pétrole coûte entre 60 et 70 dollars. Difficile d'être indifférent. Des représentants de CropLife parlent de la valeur ajoutée qu'ils tirent de leurs cultures. CropLife est une entreprise qui mise sur la valeur ajoutée de toutes les cultures, de l'agriculture moléculaire à l'agriculture génétique. Elle entreprend toutes sortes de projets scientifiques. À l'heure actuelle, la valeur ajoutée de ses cultures rapporte à cette multinationale environ 25 milliards de dollars. Selon elle, d'ici 10 à 15 ans, son chiffre d'affaires aura atteint les 500 milliards de dollars. Maintenant, tout le monde s'intéresse aux biocarburants. Lorsqu'on commence à parler de biocarburants, on finit rapidement par parler des sous-produits destinés aux parcs d'engraissement. Nous parlons des biodigesteurs et de l'utilisation d'autres produits pour la création des biogaz. Des gens sont en train d'enlever certaines parties de polymères pour fabriquer des bioplastiques. À chaque étape, il y a de l'argent à faire.
L'industrie porcine a été très prospère, tout comme l'est l'industrie bovine en raison de la valeur ajoutée des produits. Vous cultivez votre grain, vous nourrissez votre bétail. Mis à part l'élevage, vous réalisez des profits.
Tout ce qui concerne la biomasse sera très intéressant. Nous avons investi beaucoup d'argent dans un programme amélioré, et nous avons mis sur pied, par le biais de notre Cadre stratégique pour l'agriculture, un programme permettant aux agriculteurs de tirer parti de ces débouchés en se lançant dans les productions à valeur ajoutée. Par contre, je pense que nous devrons faire beaucoup plus. Si nous avons l'argent qu'il nous faut pour démarrer — les biocarburants en feront partie—, l'avenir du Canada rural sera plus prometteur.
Le sénateur Munson : Monsieur le ministre, nous avons tous deux assumé des rôles différents. Vous étiez dans l'opposition. J'étais journaliste. Nous voilà de nouveau au même endroit à poser des questions. Nous avons toujours été amis.
M. Strahl : Efforcez-vous d'être plus gentil que vous ne l'étiez, sénateur Munson; c'est tout ce que je vous demande.
Le sénateur Munson : Savons-nous combien d'agriculteurs vivent sous le seuil de la pauvreté dans ce pays?
M. Strahl : D'après Statistique Canada, 26 000 familles gagnent un revenu inférieur au seuil de faible revenu. Il n'y a pas vraiment de seuil de la pauvreté au Canada. Une famille est pauvre lorsque son revenu se situe sous le seuil de faible revenu.
Le sénateur Munson : J'aimerais revenir à la question du sénateur Tkachuk concernant le Programme canadien d'options pour les familles agricoles. Nombre de gouvernements ont par le passé affiché de louables intentions pour aider les agriculteurs, et celle-ci semble en être une. Vous avez dit que ce programme n'était pas un programme d'aide sociale, mais plutôt un programme provisoire. Premièrement, que faudra-t-il faire pour que ce programme soit une réussite, c'est-à-dire s'assurer de l'avoir le moins longtemps possible, contrairement à celui mis en place pour les pêcheurs? Deuxièmement, combien de personnes se sont inscrites depuis 2006?
M. Strahl : J'ai dit plus tôt que nous allions entreprendre des discussions à l'automne avec l'industrie à propos de la prochaine génération de programmes agricoles. Ces discussions engloberont à peu près tout, depuis la gestion des risques opérationnels jusqu'aux programmes que nous devons identifier en tant que pays, province ou industrie pour déterminer ce qui est rentable. On parlera, entre autres, de l'accès aux marchés, de l'essor des marchés, des sciences, de la technologie et de l'innovation. J'ai bon espoir qu'à l'issue de ces discussions, nous serons en mesure de réduire le nombre de personnes se trouvant dans cette catégorie.
Afin d'aider le secteur rural dans son ensemble, nous devons en faire davantage pour favoriser la diversification et la valeur ajoutée. C'est ce qui justifie ce projet-pilote d'une durée de deux ans. J'ose espérer que les programmes qui seront mis sur pied au cours des prochains mois rendront cette mesure inutile.
Comme le sénateur Callbeck l'a indiqué, le processus d'élimination progressive de ce programme démarre immédiatement. Ce n'est pas un programme à long terme. Nous allons de l'avant sur-le-champ avec le recours à des consultants commerciaux, des activités de développement des compétences et d'autres services consultatifs en espérant que les agriculteurs commenceront à prendre des décisions d'affaires en vue de se sortir de ce bourbier. Il ne s'agit pas simplement d'injecter des fonds et de se croiser les doigts. Nous allons mettre de l'argent à la disposition des familles parce qu'il leur en faut. Nous investirons ensuite dans les services de consultation et de développement des compétences parce que c'est un besoin que veulent combler les agriculteurs.
Il y a eu 4 000 demandes jusqu'à maintenant. Quelque 26 millions de dollars ont été versés. Cela donne une moyenne de 6 500 $ par demandeur. Toutefois, cela comprend tout.
Le sénateur Munson : Vous avez qualifié de scandaleuse l'utilisation de programmes de subsides par les pays étrangers. Quelles sont les conséquences pour nos agriculteurs quant aux produits non récoltés? Je parle de ces denrées qu'ils ne peuvent pas vendre étant donné la concurrence découlant de ces subsides. Il leur devient ainsi impossible de réaliser des profits.
M. Strahl : Il est difficile de le savoir. Comment peut-on deviner quelle serait la réaction d'un agriculteur si on lui faisait miroiter un profit intéressant? Il est bien possible qu'il ferait les choses différemment.
En Ontario, cette année, nous menaçons les records établis pour la récolte de maïs. Même si le maïs n'a pas rapporté beaucoup au cours des dernières années, les agriculteurs ne peuvent s'empêcher d'en faire pousser. Ils doivent planter du maïs, ou du blé dans les Prairies. C'est un peu parce que les agriculteurs sont d'éternels optimistes. Vous plantez des graines en espérant que ça poussera. Vous espérez éviter la grêle ou la sécheresse. Vous espérez que le prix sera bon à la fin de l'année. Si vous n'arrivez pas à soutenir la concurrence, vous devez tout vendre. Ce n'est pas comme s'il était possible de faire de l'agriculture à moitié. Il faut que vous vous y mettiez complètement. C'est ce qui est frustrant pour les agriculteurs qui sont disposés à travailler fort et à prendre certains risques. Ce sont des entrepreneurs qui veulent simplement avoir la possibilité de réaliser des profits.
Il est difficile de chiffrer les possibilités perdues. Je dirais toutefois qu'elles sont considérables. Les agriculteurs n'ont pas réinvesti dans leur ferme et leur équipement au cours des dernières années parce qu'ils ne disposaient pas des revenus suffisants pour ce faire.
Il est intéressant de noter qu'il y aura toujours, selon Statistique Canada, 20 p. 100 des agriculteurs qui feront des profits pendant que 20 p. 100 perdront de l'argent, quelque soit le secteur. La Bible nous demande d'être du côté des pauvres. C'est le cas pour l'agriculture aussi bien qu'ailleurs. Comme dans tout autre secteur, il y a attrition naturelle. Si l'on compte 200 000 agriculteurs, il y en a certains qui, en raison de la malchance, d'une mauvaise gestion ou de problèmes de succession, ne seront plus en affaires d'ici deux à cinq ans. Par ailleurs, dans la même industrie, le même secteur et la même région, d'autres agriculteurs feront leur début et réaliseront des profits.
Il est donc difficile d'évaluer les répercussions de ces subsides. Nous savons toutefois qu'ils ont miné la profitabilité du secteur des grains et des graines oléagineuses depuis plusieurs années.
Le sénateur Mahovlich : Je suis de l'Ontario. Je me demandais s'il y avait beaucoup de problèmes dans l'Ontario rural. J'ai l'impression qu'il faut maintenant que je prenne ma voiture et que je roule un bon moment pour trouver l'Ontario rural. Nos fermes ont cédé la place à des développements immobiliers. Avez-vous reçu beaucoup de demandes en provenance du nord de Toronto?
M. Strahl : Nous avons reçu 621 demandes. La date limite pour la présentation des demandes est fixée à la fin octobre. Certaines récoltes sont imminentes. C'est terminé dans la plupart des cas. Il est probable que nous serons sous peu ensevelis de demandes dans le cadre de ce programme parce que les récoltes seront terminées.
Sénateur, vous avez mis en lumière une autre réalité de différentes régions du Canada. Le prix des terres agricoles n'est plus établi en fonction de cette utilisation. Il est fixé comme s'il s'agissait de terrains à aménager. Comme s'il s'agissait de domaines pour grands propriétaires terriens. C'est la situation qui menace une bonne partie de l'Ontario; il se passe la même chose dans le corridor entre Edmonton et Calgary.
Il y a dix ans, des agriculteurs pouvaient sans doute se dire qu'ils avaient acheté leur terre 2 000 $ l'acre et qu'elle en valait maintenant 5 000 $, 10 000 $, voire même 50 000 $. Ils se disent aujourd'hui que ce n'est plus possible. C'est la conclusion à laquelle en arriveraient la plupart des gens. Dans ma région, les basses-terres continentales de la Colombie-Britannique, on compte un grand nombre d'industries horticoles et de secteurs soumis à la gestion des approvisionnements. Il faut payer 550 000 $ pour 20 acres de terrain nu. Pour un producteur laitier qui aurait besoin de 80 acres, on parle de plus de 2 millions de dollars. Ajoutez à cela 500 000 ou 1 million de dollars pour une étable et une maison. Et vous n'avez pas encore acheté vos vaches et votre quota.
Dans mon coin de pays — et c'est également vrai dans certaines régions de l'Ontario — l'activité agricole n'est plus fondée sur la valeur de la ferme. Elle est plutôt basée sur les prix spéculatifs des terres et sur le marché des grands propriétaires terriens.
En Alberta, si vous allez de Lethbridge à Edmonton, vous trouverez des gens qui ont acheté un quart de section de terre. Ils n'ont jamais eu l'intention d'exploiter cette terre. L'argent venant du pétrole leur a toutefois permis d'y construire une résidence de grande dimension. Aucun agriculteur ne peut se permettre une telle maison.
Ceux qui essaient d'exploiter une ferme s'exposent à la pauvreté. Ils possèdent des actifs, mais n'ont aucune rentrée de fonds pour gagner leur vie.
Le sénateur Tkachuk : Ils peuvent toujours vendre leur terre.
M. Strahl : Oui, ils peuvent vendre leur terre et renoncer à l'agriculture.
Le sénateur Tkachuk : Ils peuvent ainsi faire beaucoup d'argent, ce qui règle les problèmes financiers.
M. Strahl : Au Canada, l'agriculteur moyen a une valeur nette deux fois supérieure au Canadien moyen parce qu'il possède des terres, mais il n'arrive pas à mettre de la nourriture sur la table. Il possède des terres qui peuvent valoir 500 000 $, mais il lui est impossible d'en tirer le moindre sou. C'est un problème criant en Saskatchewan, ainsi que dans d'autres régions.
Le sénateur Tkachuk : Nous avons aussi un grand corridor agricole.
Le sénateur Mahovlich : Aux États-Unis et en France, est-ce que le gouvernement subventionne les agriculteurs pour s'assurer que les terres demeurent agricoles?
M. Strahl : Les programmes diffèrent d'un pays à l'autre. À Saskatoon ce printemps, j'ai rencontré un type qui y était déménagé en provenance du Minnesota où il s'était installé en arrivant de l'Europe. Les États-Unis subventionnent le maïs à un point tel que le prix des terres où on en fait pousser a doublé, voire triplé. Comme il n'avait pas les moyens d'acheter une terre aux États-Unis, il a déménagé à Saskatoon où il s'est mis à l'agriculture parce que les terres y sont abordables. Il n'obtient pas un prix très élevé pour ses récoltes, mais il a pu tout au moins se permettre d'acheter une terre. Dès que l'on accorde des subsides pour certains produits, les terres où on les récolte augmentent de valeur, ce qui fausse le marché. C'est la situation à laquelle les États-Unis sont actuellement confrontés. Bon nombre des agriculteurs ont des millions de dollars bloqués dans des terres dont l'exploitation est entièrement assujettie aux subsides. Si ces subsides prennent fin, les agriculteurs se retrouveront dans une impasse car ils ne seront plus en mesure de payer pour leurs terres.
En juillet dernier, j'étais en Suisse pour les négociations de l'OMC. Là-bas, on prévoit qu'en raison de la très forte dépendance à l'égard des subsides, le nombre d'exploitations laitières comptant une vingtaine de vaches diminuera de moitié au cours des cinq à dix prochaines années. Le niveau actuel de subsides ne peut pas être maintenu, ce qui crée une problématique différente.
Votre comité se penchera sur les problèmes particuliers au Canada et pourra, espérons-le, nous proposer également certaines solutions.
Le sénateur Christensen : Je pense bien que le comité pourra produire un rapport fondé sur une analyse de la situation qui inclura certaines recommandations et imprimera une orientation pour l'avenir. Les programmes actuels sont de simples mesures de dépannage et ne règlent pas le problème dans son ensemble. L'éthanol sera moins nocif pour la qualité de l'air, mais la forte utilisation du pétrole est également une mesure temporaire jusqu'à ce qu'une meilleure source d'énergie soit développée.
Le sénateur Mahovlich a parlé de la grande quantité de terres agricoles de qualité qui étaient exploitées à d'autres fins par des constructeurs domiciliaires. Le réchauffement de la planète fait grimper la température de quelques degrés par année dans ma région du Nord. Nos agriculteurs en profitent parce qu'ils peuvent maintenant se livrer à des récoltes qui leur étaient inaccessibles auparavant. Dans les Prairies, l'approvisionnement en eau deviendra un problème parce que les glaciers fondent et que les rivières vont commencer à s'assécher. Devons-nous continuer à verser des subsides et faire en sorte que les agriculteurs s'appauvrissent de plus en plus étant donné que l'approvisionnement plus restreint en eau leur rendra la tâche plus difficile? Comment allons-nous relever ce défi?
M. Strahl : Je conviens qu'il y a des obstacles à surmonter. Je trouve notamment difficile, et vous le constaterez peut- être dans vos discussions, que l'on porte toujours à mon attention les problèmes et les crises, mais rarement les choses qui fonctionnent bien. Le Canada rural compte pourtant des histoires de réussite extraordinaires. Lorsque nous entendons parler de ces succès, nous essayons de les reproduire en encourageant d'autres programmes ou d'autres activités. Cependant, une partie des solutions, tout au moins du point de vue de l'agriculture, devront venir des décisions d'affaires qui seront prises. Pour les agriculteurs qui décident de s'en tenir à la production traditionnelle de blé dur, le graphique à long terme indique une baisse incessante depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les prix ne cessent de diminuer et c'est la même chose pour l'avoine et d'autres produits bruts. Vous constaterez une ondulation de la ligne pour les programmes d'éthanol mais, dans l'ensemble, comme le soulignait le sénateur Oliver, l'avenir n'est pas rose pour les fournisseurs de produits de faible valeur. Les agriculteurs auront des décisions d'affaires à prendre quant à la façon de maximiser leurs profits. C'est la raison pour laquelle il y a une plus grande diversité des récoltes. Les agriculteurs sont plus nombreux à faire pousser du canola ou des légumineuses. Ils prennent les légumineuses, font un tri, les ensachent et les mettent sur le marché. Un sac de légumineuses ainsi traitées a une valeur dix fois supérieure à celle du vrac. L'avenir est dans la valeur ajoutée. Vous pouvez pratiquement choisir n'importe quel produit. Vous pouvez produire uniquement des graines de canola et parvenir à vous tirer d'affaire, mais si vous produisez de l'huile de canola, votre situation s'améliorera et si vous fabriquez du diesel à partir du canola, vous vous retrouverez avec une valeur accrue et un revenu plus substantiel. Si vous produisez du diesel et alimentez votre bétail à même les sous- produits du canola, vous voilà avec une nouvelle valeur ajoutée. Si vous complétez avec l'agriculture moléculaire et les bioplastiques ou quelque chose du genre, vos chances de réussite s'améliorent d'autant. Dans bien des cas, cela revient à une décision d'affaires prise par l'agriculteur.
Nous aurons besoin d'une stratégie nationale pour régler les problèmes d'approvisionnement en eau dans toutes les régions du pays. Nous devrons tenir des discussions approfondies aux fins de la prochaine génération de politiques agricoles de telle sorte que les gens du secteur puissent indiquer au gouvernement quels sont leurs besoins et leurs échéanciers, qu'il s'agisse de sciences, de technologie, d'innovation ou de moyens à prendre pour breveter et mettre en marché les idées nouvelles à destination de la Chine et des autres pays du monde. J'ai entendu certains agriculteurs faire valoir qu'ils avaient besoin d'une aide plus soutenue d'Exportation et développement Canada pour le financement de leurs produits afin de pouvoir les vendre. Et dans pratiquement toutes les histoires de réussite intervient la notion de valeur ajoutée. Pour tirer leur épingle du jeu, les agriculteurs devront repérer les possibilités qui s'offrent à eux et cibler leur créneau au sein d'un marché en pleine évolution. Ce sont ceux qui parviennent à le faire qui réalisent actuellement des profits.
Le sénateur Christensen : Pour offrir une certaine valeur ajoutée, il faut déjà pouvoir faire pousser quelque chose au départ.
M. Strahl : Oui, vous avez raison. Vous avez déjà fait valoir que si le réchauffement planétaire se poursuit au rythme actuel, il est fort possible que la région de la rivière de la Paix bénéficie de six à dix jours additionnels sans gelées et se retrouve tout à coup dans une situation particulièrement favorable. L'envers de la médaille c'est que cette région a connu cette année une grave sécheresse qui a détruit les récoltes. Il peut y avoir du bon et du mauvais dans le réchauffement de la planète. Il est possible que certains en profitent et que d'autres s'en trouvent lésés; tout cela est bien difficile à prévoir.
Madame la présidente, j'aurais quelques observations pour conclure.
La présidente : Nous vous écoutons.
M. Strahl : J'ai avec moi quelques ouvrages dont un guide de l'agriculture dans le Canada rural. Il s'agit de documents bilingues qui dressent une liste des nombreux programmes disponibles et du travail déjà accompli. On y indique en outre les sites Web à visiter. Ils pourraient servir de sources de référence utiles pour le comité en portant à votre attention quelques-unes des autres réalisations du Secrétariat rural. Je vais vous laisser ces exemplaires.
[Français]
Mon secrétaire parlementaire, Jacques Gourde, est ici aujourd'hui; il est responsable spécialement au Québec pour l'agriculture et il se tient à votre disposition.
[Traduction]
Au fil de vos délibérations, si vous avez besoin de renseignements plus détaillés sur la situation au Québec, nous resterons à votre disposition pour vous les fournir.
Encore une fois, je vous souhaite la meilleure des chances. Il s'agit d'un travail d'envergure. Quelques-unes des questions déjà posées aujourd'hui me permettent de l'affirmer. Nous travaillons activement sur certains de ces dossiers, mais vos travaux sont d'une portée beaucoup plus large.
Je vous encouragerais à envisager la possibilité de produire un rapport provisoire sans attendre la fin de vos travaux. Je sais que le Sénat a l'avantage de pouvoir adopter une perspective à long terme sur ces questions. Vous n'avez pas à penser à la prochaine élection. Comme le sénateur Mitchell l'a indiqué, vous n'avez pas encore à vous inquiéter à ce sujet. Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à nous faire part de vos résultats en temps opportun si vous estimez qu'ils peuvent alimenter nos discussions sur la prochaine génération de politiques agricoles. Non seulement vos conclusions pourraient-elles nous éclairer dans le cadre de ce processus, mais ce serait le cas pour bon nombre d'autres industries également. N'hésitez donc pas à nous formuler vos recommandations au fur et à mesure, plutôt que d'attendre la fin de l'année pour nous déballer le tout. L'élaboration des politiques est un processus continu.
La présidente : Merci. À l'issue des audiences que nous tiendrons à Ottawa, nous comptons produire un rapport provisoire d'ici la fin de l'année. Nous prendrons ensuite la route pour amorcer 2007. Merci pour les brochures. En échange, je vous garantis un exemplaire autographié du rapport sur la valeur ajoutée auquel nous travaillons depuis un bon bout de temps. C'est en grande partie le sénateur Oliver qui a piloté ce dossier.
Merci pour le temps que vous nous avez consacré. Il est toujours très intéressant pour nous de vous recevoir. Dans la poursuite de nos travaux, si nous jugeons que certaines questions méritent votre considération immédiate, nous communiquerons avec vous. Merci également à Mme Ouimet et Mme Mitchell. Je crois que nous reverrons sous peu Mme Mitchell pour parler du Secrétariat rural.
Sénateurs, nous avons une petite question à régler.
Jessica Richardson, greffière du comité : Je vais vous expliquer la situation. En préparant le budget, j'ai omis l'un des postes par inadvertance. En pareil cas, les procédures exigent que le comité adopte de nouveau le budget. Le poste oublié prévoit 5 000 dollars pour la recherche. C'est à la quatrième page, deux lignes au-dessus de transport et communications. M. Forge pourra vous en dire davantage à ce sujet. Le reste du budget demeure inchangé. C'est la seule modification par rapport au budget que vous avez examiné la semaine dernière.
Frédéric Forge, attaché de recherche, Bibliothèque du Parlement : Le montant de 5 000 dollars s'applique aux données à obtenir de Statistique Canada, si cela est nécessaire. Habituellement, les données dont vous avez besoin sont compilées à partir de différentes sources. Comme Statistique Canada fonctionne suivant un mode de recouvrement des coûts, nous devons payer pour ce service. Un simple tableau peut ainsi coûter jusqu'à 600 dollars, voire davantage. C'est généralement la bibliothèque qui défraie les coûts de ces services, jusqu'à un certain niveau, mais compte tenu de l'ampleur de l'étude que vous voulez mener, il est possible qu'il vous en coûte un peu plus. C'est pourquoi nous avons prévu ce montant de 5 000 dollars. Statistique Canada a conclu une entente d'utilisation finale pour les parlementaires, ce qui réduit d'autant les coûts, mais à partir du moment où vous souhaitez publier les données, l'utilisation finale n'est plus limitée aux seuls parlementaires, mais s'étend aussi à la population, et les coûts augmentent en conséquence.
Le sénateur Tkachuk : Ne vous êtes-vous pas déjà adressé au comité à ce sujet?
La présidente : Non, pour éviter toute confusion.
Mme Richardson : C'est moi qui ai commis l'erreur et je prie tous les membres du comité de m'en excuser.
La présidente : Il nous faut une motion.
Le sénateur Tkachuk : J'en fais la proposition.
La présidente : La motion est-elle adoptée?
Des voix : D'accord.
Le sénateur Mitchell : Madame la présidente, comme nos travaux porteront notamment sur les biocarburants et les combustibles de remplacement, et comme le présent gouvernement mettra en place un plan environnemental relativement à ces questions, comment puis-je demander que la ministre de l'Environnement comparaisse devant nous une fois que ce plan aura été annoncé?
La présidente : Je ne crois que cela posera problème. Le moment venu, le comité de direction pourra s'en occuper.
Le sénateur Mitchell : Je suis persuadé qu'elle se fera un plaisir de nous rendre visite.
Le sénateur Tkachuk : Elle devra également visiter son comité de l'environnement.
La présidente : Elle n'a pas encore eu l'occasion de comparaître devant nous. Ce serait une bonne chose pour elle.
Le sénateur Tkachuk : La même politique qu'avec le gouvernement précédent.
La présidente : Voilà qui termine notre séance en beauté.
La séance est levée.