Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 17 - Témoignages du 23 février 2007 - Séance du matin
DEBERT, NOUVELLE-ÉCOSSE, le vendredi 23 février 2007
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 10 h 40 pour étudier la question de la pauvreté rurale au Canada, afin d'en faire rapport.
Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Bonjour. Je vous remercie beaucoup. C'est un plaisir d'être ici, à Debert, en Nouvelle-Écosse. Comme la plupart d'entre vous le savent, c'est Bill Casey, votre député, qui a invité le comité à Debert. Monsieur Casey, nous vous remercions de l'invitation.
Debert est la dernière étape de notre visite dans les Maritimes. M. Casey nous a demandé de venir dans cette circonscription durement frappée par la pauvreté rurale.
Si cela peut vous rassurer, Debert n'est pas unique à cet égard. Dans notre périple, jusqu'à maintenant, nous avons entendu bien des histoires à déchirer le cœur sur l'impact de la pauvreté rurale sur les aînés, les femmes, les hommes et bien entendu, comme toujours, sur les enfants. Malgré les nouvelles parfois sombres, le Canada rural s'est montré à la hauteur de sa réputation, en nous accueillant partout avec une gentillesse, une générosité et une ouverture d'esprit inébranlables que nous avons appréciées au plus haut point.
C'est une énorme responsabilité de préparer un rapport qui traduira fidèlement les points de vue que nous avons entendus, qui fera connaître la situation et qui, nous l'espérons, aura un impact sur la pauvreté rurale.
Nous accueillons ce matin Claudia Jahn, membre du conseil exécutif de l'Affordable Housing Association. Mme Jahn est accompagnée de Lucille Harper, directrice exécutive de l'Antigonish Women's Resource Centre et de Bernadette MacDonald, directrice exécutive du Pictou County Women's Centre.
Claudia Jahn, membre du conseil exécutif, Affordable Housing Association : Bonjour à tous. Je suis agente de liaison communautaire pour l'organisme Community Action on Homelessness d'Halifax. Je siège également au conseil d'administration de l'Affordable Housing Association de la Nouvelle-Écosse, ainsi qu'au conseil d'administration de la Safe Harbour Housing Society de Musquodoboit.
J'ai commencé à m'impliquer activement et passionnément dans la cause du logement en 2002, alors que je travaillais sur un projet de recherche sur la situation des femmes célibataires des régions rurales de la Nouvelle-Écosse en matière de logement. Les conditions de vie des mères et de leurs enfants que j'ai rencontrés dans le cadre d'entrevues personnelles et tout ce que j'ai entendu sur la situation de ces femmes qui devaient se démener continuellement m'ont attristée et m'ont mise en colère. Je me suis promis de faire plus que d'écrire sur la question et de ne pas me contenter de livrer quelques sacs d'épicerie. Je suis donc heureuse d'être ici. J'en profite pour vous féliciter de cette initiative merveilleuse et de ce rapport intérimaire complet, qui s'intitule Comprendre l'exode : lutte contre la pauvreté rurale. J'espère que mon exposé permettra d'ajouter une autre pièce au puzzle de la pauvreté dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse, en l'occurrence l'habitat rural.
Si nous voulons atteindre notre objectif commun et assurer la survie des régions rurales de la Nouvelle-Écosse, nous devons faire en sorte que les personnes qui souhaitent habiter dans nos collectivités puissent avoir accès à des logements abordables et adéquats. Dans le cadre de son examen de la situation actuelle en matière d'habitat dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse, l'Affordable Housing Association de la Nouvelle-Écosse organise actuellement sept tables rondes provinciales réunissant des intervenants des collectivités. Ce processus sera suivi d'un symposium qui se tiendra ici même à Debert en mai 2007. Les analyses provenant des tables rondes seront alors intégrées à un document d'orientation.
Toutes les collectivités d'un bout à l'autre de la province ont leurs problèmes particuliers, mais elles sont toutes menacées par l'itinérance insoupçonnée, les conditions de logement hors normes et dangereuses, le nombre croissant de personnes qui habitent dans des abris précaires en forêt, les longues listes d'attentes pour accéder aux rares unités de logement social, les forclusions fréquentes de maisons familiales et le grand nombre de personnes qui doivent quitter leur collectivité en raison de la pénurie de logements abordables. Seuls un ferme désir de rester dans leurs collectivités, à proximité de leur réseau social, et la résistance des habitants des régions rurales peuvent expliquer pourquoi un aussi grand nombre d'entre eux acceptent de vivre dans de telles conditions. Cependant, nombreux sont ceux qui doivent partir en raison des options limitées en matière de logement, en particulier les familles avec des enfants.
J'ai rencontré des mères qui avaient emménagé dans des logements abordables en ville, mais qui, incapables de s'habituer à vivre loin de leur réseau social et de leurs familles ou de faire face au problème de la toxicomanie et autres problèmes urbains, étaient revenues s'installer dans leur collectivité d'origine. Vers quoi reviennent-elles? Comment vivent-elles? Où habitent-elles?
J'ai vu trop de mères qui vivaient isolées dans des caravanes insalubres, non chauffées, dont la tuyauterie était vulnérable au gel et souvent privées d'électricité, pour cause de factures impayées. Depuis que, dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse, le chauffage n'est plus inclus dans le loyer, les pauvres des milieux ruraux qui vivent de l'aide sociale sont encore plus pauvres que les pauvres des milieux urbains, car ils sont forcés de consacrer au chauffage les ressources dont ils auraient besoin pour se nourrir.
Pendant les années 1990, le gouvernement fédéral a abandonné le programme de logement social, ce qui a eu un effet dévastateur dans l'ensemble du pays, mais en particulier dans les collectivités rurales, en précipitant notamment la fin du développement d'un marché locatif essentiel.
Les Canadiens ont toujours préféré être propriétaires de leur propre maison. Cependant, compte tenu des changements socioéconomiques, ce mode de vie est devenu inaccessible, surtout pour les pauvres en milieu rural.
En 2002, la Safe Harbour Housing Society de Musquodoboit Harbour, sur l'Eastern Shore de la Nouvelle-Écosse, a proposé la construction d'un ensemble résidentiel pour les mères et leurs enfants. Cet ensemble résidentiel comprendrait non seulement des logements abordables, mais aussi des locaux consacrés aux ressources, notamment des services de formation à l'emploi, de garderie et de développement personnel. Ce concept est le résultat d'une étude technique et des travaux d'un groupe de discussion auxquels ont participé les mères et l'ensemble de la collectivité.
Le modèle qui a été mis au point tient compte des problèmes mentionnés dans votre rapport, notamment l'isolement, l'absence de moyens de transport et le manque de services. Les tentatives précédentes d'obtenir du financement dans le cadre des programmes existants ont échoué, car tous les programmes disponibles, notamment l'Initiative nationale pour les sans-abris et l'Entente bilatérale sur le logement, ont été conçus pour les villes. Les logements abordables ne peuvent être développés sans la participation du gouvernement. En effet, ce marché n'étant pas rentable, il ne présente aucun intérêt pour le secteur privé.
Pour bien des raisons le droit à l'habitation est un droit de la personne. Ce n'est qu'une fois qu'ils peuvent compter sur un logement sûr, sécuritaire et abordable que les citoyens peuvent penser à la santé, à l'éducation, au développement personnel et à l'engagement communautaire. L'exercice de ce droit est refusé à un grand nombre de Néo-Écossais du milieu rural.
L'Affordable Housing Association de la Nouvelle-Écosse aimerait formuler les recommandations suivantes pour améliorer la situation en matière d'habitation dans les collectivités rurales. Nous encourageons les gouvernements fédéral et provincial à utiliser leurs pouvoirs de financement pour créer des logements supervisés dans les collectivités rurales et investir les ressources financières nécessaires pour moderniser le parc existant de logements sociaux et privés. Nous recommandons que les gouvernements mettent à profit les connaissances et les compétences locales en renforçant les capacités des organismes à but non lucratif, de façon à ce qu'elles puissent développer des logements adaptés aux collectivités rurales. Nous recommandons l'indexation de l'allocation-logement au coût réel des logements. Comme cela a été mentionné plus tôt, nous comptons livrer un document d'orientation à la fin du mois de mai, après le symposium sur le logement abordable en milieu rural.
Pour résumer, construisez et ils viendront, construisez et ils resteront. L'habitat est un facteur essentiel pour garder en vie les régions rurales de la Nouvelle-Écosse.
Bernadette MacDonald, directrice exécutive, Pictou County Women's Centre : D'emblée, je félicite le comité pour son excellent rapport, Comprendre l'exode : lutte contre la pauvreté rurale. J'habite moi-même dans une collectivité rurale et je dois me déplacer pour me rendre à mon travail, dans une petite ville voisine. Je travaille dans un centre pour femmes dont le mandat consiste à aider les femmes et leurs familles à régler un certain nombre de problèmes découlant directement de la pauvreté. Votre rapport m'a donc touchée tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel.
Sur le plan personnel, je suis en mesure de percevoir la générosité dont bénéficie notre population vieillissante. Sans la générosité de leurs voisins et de leurs familles, les aînés seraient forcés de partir. Je vois toutes ces exploitations agricoles qui doivent mettre fin à leurs opérations. Je vois la seule ferme familiale qui reste, qui cultive la quasi-totalité des terres défrichées de la région. Elle a dû prendre la décision financière de s'industrialiser davantage, de s'endetter, pour rester viable. Je vois tous ces bénévoles qui gardent en vie nos services d'incendie, nos salles communautaires et nos organismes à but non lucratif. Je vois la contribution de nos collectivités rurales à la bonne intendance du territoire. Je vois nos citoyens essayer de protéger nos boisés pour faire pousser la prochaine génération de forêts matures qui contribueront à inverser les changements climatiques et à faire contrepoids aux émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre.
Au plan professionnel, votre rapport m'a également touchée car, au centre pour femmes, nous sommes à même de constater l'impact de cette grande pauvreté qui s'est emparée d'un large segment de notre population. En tant qu'organisme à vocation féministe, nous savons que les femmes sont plus vulnérables à la pauvreté et que celle-ci les touche davantage et d'une façon différente. La pauvreté est due en partie aux rôles que les femmes jouent dans la procréation et la prestation de soins. Les stéréotypes sexospécifiques ont eu un effet sur l'autonomie économique des femmes, à qui la société a refusé leur juste part de la richesse collective.
Travailler au centre pour femmes signifie également prendre en main le développement de la collectivité et s'intéresser aux politiques gouvernementales qui touchent les femmes. Nous collaborons avec nos nombreux partenaires communautaires et gouvernementaux pour combler les lacunes de notre infrastructure sociale. Cette semaine encore, notre collectivité a organisé une réunion pour déterminer comment nous pourrions répondre aux besoins en matière de transport en commun. Notre collectivité de Pictou est située en milieu rural et elle est aux prises avec un certain nombre de problèmes souvent mentionnés dans votre rapport.
En collaboration avec nos organisations sœurs et avec les organismes de promotion de la justice sociale, surtout ici même en Nouvelle-Écosse, nous avons tenté d'identifier les politiques gouvernementales qui ont eu un impact négatif sur les femmes. La plupart de ces travaux s'inscrivaient dans le cadre de Condition féminine Canada. En tant qu'organisme issu d'une collectivité rurale, nous avons été en mesure d'intégrer un point de vue rural, mais aussi féministe, dans notre analyse des politiques gouvernementales. En raison des modifications apportées à Condition féminine Canada, notre capacité d'examiner les politiques gouvernementales a été grandement limitée.
Le comité rencontre des Canadiens ordinaires, comme nous. Vous avez entendu et entendrez probablement des témoignages semblables sur les problèmes auxquels doivent faire face nos collectivités rurales. C'est probablement une bonne chose. Ainsi, les solutions proposées pourront s'appliquer aussi bien en Nouvelle-Écosse qu'en Colombie- Britannique.
Nous nous félicitons de trouver une solution possible à ces problèmes dans votre rapport, où il est notamment fait mention du revenu annuel ou suffisant garanti. C'est une solution sur laquelle nous aimerions insister. En effet, une telle mesure serait une réponse appropriée aux préoccupations et aux problèmes des femmes et des citoyens du milieu rural. Elle serait également une reconnaissance de la contribution importante des femmes des collectivités rurales à la santé et au bien-être de notre pays.
La composition de notre filet de sécurité sociale évolue constamment. Ma grand-mère, une mère célibataire, a élevé 13 enfants sur une ferme de l'Île-du-Prince-Édouard. Si elle revenait aujourd'hui, elle ne pourrait simplement pas croire que nous avons mis en place un tel filet de sécurité sociale. À son époque, il n'y avait rien de tel. Depuis ce temps, nous sommes partis de rien pour arriver à concevoir et à mettre en œuvre un certain nombre de programmes de sécurité sociale. De cette époque à l'époque contemporaine, le rapport entre la population rurale et la population urbaine a été inversé. Il est passé de 80/20 p. 100 à 20/80 p. 100. La productivité a augmenté en raison de la mécanisation, de l'automatisation et de l'informatisation, pour ne mentionner que quelques-uns des changements intervenus depuis.
Nous avons donc mis en place un certain nombre de programmes de sécurité sociale, mais pourquoi y a-t-il toujours autant de gens qui vivent dans la pauvreté? Pourquoi nos collectivités rurales sont-elles aux prises avec ce problème d'exode? Pourquoi tant de gens sont-ils malades? Pourquoi notre planète est-elle en péril? Nous pensons que c'est notre façon de penser qui est à blâmer. Nous n'avons pas réussi à nous ajuster à notre monde en changement. Nous devons cesser de penser en fonction de la production de biens pour adopter une philosophie qui englobe le choix productif. Si nous accordons actuellement autant d'importance à la production, c'est que nous évaluons encore la richesse en fonction de la consommation et des marchés. Une telle philosophie a un impact négatif énorme sur la santé des humains, des autres espèces animales et de notre environnement.
Nous aimerions soumettre les recommandations suivantes. Nous pensons qu'elles contribueront à faire évoluer notre philosophie et notre capacité d'analyse au profit de la santé et du bien-être de nos citoyens et de notre planète. Le Sénat devrait se faire le champion du revenu suffisant garanti. En outre, au cours des deux prochaines années il devrait s'attacher à promouvoir la mobilisation de tous les Canadiens en faveur d'un revenu garanti suffisant, de façon à ce que les Canadiens comprennent pleinement la notion et que les gouvernements se mettent à l'écoute des citoyens pour déterminer la façon dont ils envisagent la mise en œuvre d'une telle mesure.
Deuxièmement, nous recommandons que le Sénat et la Chambre des communes collaborent avec les provinces, les territoires et les organismes de promotion de la justice sociale pour promouvoir une stratégie canadienne de réduction de la pauvreté où le revenu suffisant garanti serait le prolongement de notre infrastructure de sécurité sociale. D'ici là, nous encourageons le Sénat à collaborer avec la Chambre des communes pour la mise en œuvre d'un certain nombre de recommandations du rapport prébudgétaire du Comité permanent des finances de la Chambre des communes, intitulé La compétitivité, une formule gagnante pour le Canada, notamment ses recommandations 11, 12 et 13.
Je remercie le Sénat et vous, ses représentants, pour prendre autant à cœur le bien-être des Canadiens et pour avoir lancé ce débat d'un point de vue rural.
Lucille Harper, directrice exécutive, Antigonish Women's Resource Centre : Vous me ferez signe au besoin et je ne m'en offusquerai pas. Nous venons d'une collectivité rurale et nous sommes des conteurs nés. C'est très difficile pour nous, habitants de communautés rurales, de limiter nos exposés à une durée d'une heure.
Premièrement, je vous remercie d'être venus en Nouvelle-Écosse. Je suis également reconnaissante à Bill Casey, qui est à l'origine de cette initiative. Dans les provinces de l'Atlantique, nous avons des problèmes qui sont à la fois semblables et différents de ceux des autres régions rurales du Canada.
À notre centre des femmes, nous travaillons avec des femmes qui vivent dans une grande pauvreté chronique qui est souvent liée à la génération et à la race. Nous travaillons avec des femmes et des adolescentes du milieu rural qui essaient de retrouver une vie normale et d'atteindre l'autonomie économique dans une région où les possibilités d'emploi sont limitées. Nous essayons de fournir les nécessités et les soins de base aux enfants et aux membres des familles qui n'ont qu'un accès limité aux services de garde et de soutien. Ces familles se démènent pour parfaire leur éducation et trouver un emploi sans pouvoir compter sur un système de transport en commun. En outre, ces personnes assurent la cohésion de leurs collectivités en consacrant de nombreuses heures aux activités bénévoles, tout en s'acquittant de leurs tâches ménagères et de leur travail rémunéré.
Dans bien des régions de la Nouvelle-Écosse, l'exode fait partie du mode de vie depuis des décennies, en fait depuis la Confédération, mais de plus en plus de gens s'exilent dans d'autres régions du pays, au détriment de notre infrastructure rurale. L'exode a privé nos collectivités de leur force vitale, les laissant aux prises avec une population vieillissante, moins instruite, des perspectives de santé physique et mentales réduites, une espérance de vie plus courte et un risque accru de pauvreté.
Nous pouvons discerner un changement dans les structures familiales de nos collectivités rurales. Les hommes partent chercher un emploi dans l'Ouest, laissant les épouses au foyer, pour prendre soin des enfants, mais aussi pour se charger de toutes les tâches que requiert le maintien de la cohésion des collectivités rurales.
Vous avez expliqué clairement que la pauvreté est sexospécifique. Je ne reviendrai pas là-dessus. Je veux simplement ajouter que ce sont les politiques qui engendrent et qui perpétuent la pauvreté. La pauvreté n'est pas un effet du hasard. Le salaire minimum fait partie des politiques qui engendrent et perpétuent la pauvreté. En Nouvelle-Écosse, le salaire minimum est tellement bas que le revenu d'une personne travaillant à plein temps, à l'année, est substantiellement inférieur au seuil de la pauvreté.
Les prestations d'assurance-emploi ne sont pas adaptées aux travailleurs de la Nouvelle-Écosse. D'une part, ce régime est inadéquat et, d'autre part, seulement 30 à 40 p. 100 de la main-d'œuvre est y admissible. Vous êtes peut-être déjà au courant du cas de Margaree, où l'exode a été tellement important qu'il y a fait baisser le taux de chômage. Aucun nouvel emploi n'a en fait été créé dans cette collectivité, mais le taux de chômage y a diminué en raison de l'exode et parce que le nombre de semaines de travail requises pour être admissible à l'assurance-emploi avait été augmenté. Ceux qui sont restés et qui occupent les emplois à temps partiel, saisonniers, qui arrivaient auparavant à faire vivre leurs familles parce qu'ils recevaient des prestations d'assurance-emploi, n'y sont simplement plus admissibles. Ces politiques ont pour effet d'engendrer et de perpétuer la pauvreté.
L'aide sociale est inadéquate dans tout le pays, surtout en Nouvelle-Écosse. Bien que certains des problèmes que j'évoque relèvent des provinces, je pense que nous devons accepter nos responsabilités. En effet, nous avons abandonné le Régime d'assistance publique du Canada en 1995 en le remplaçant par le TCSPS et nous avons sabré le financement des provinces, forçant celles-ci à appliquer des coupes à leurs mesures d'aide sociale. Depuis, les taux d'aide sociale n'ont pas été augmentés pour la peine. Les régimes publics de pension laissent également les femmes s'enfoncer dans la pauvreté. D'une perspective rurale, la situation s'assombrit de plus en plus.
Dans nos régions rurales, les emplois, surtout les emplois durables, font défaut. En Nouvelle-Écosse, nous comptons sur la foresterie, la pêche, l'agriculture et les industries primaires. Nous sommes en train de perdre des emplois dans ces domaines et ils ne sont pas remplacés. En outre, les emplois en milieu rural sont généralement moins bien rémunérés qu'ils ne le sont en milieu urbain. Ce ne sont pas seulement les emplois qui disparaissent, c'est aussi notre mode de vie.
Selon les données récentes relatives au Nord de la Nouvelle-Écosse, l'année dernière, le taux de chômage a augmenté de 2,1 points de pourcentage pour atteindre 10,6 p. 100. La diminution du nombre d'emplois à plein temps a été de deux fois et demie plus importante que celle des emplois à temps partiel. Nous sommes en train de perdre nos emplois à plein temps, ce qui a un impact énorme dans la région. Dans le comté d'Antigonish, de 1991 à 2001, le nombre de familles à faible revenu a augmenté de 10 p. 100. Nous n'avons pas les chiffres récents pour 2006, mais je suis persuadée que leur nombre a encore augmenté. Dans le comté d'Antigonish, 20 p. 100 des familles vivent dans la pauvreté. Dans celui de Guysborough, 23 p. 100 des familles sont des familles à faible revenu. C'est énorme. La situation a également un impact important sur l'assiette fiscale, de même que sur la capacité des citoyens à soutenir leurs collectivités. En effet, comme vous le savez, les travaux communautaires ne sont pas gratuits, qu'il s'agisse du bénévolat au profit des groupes paroissiaux ou des services d'incendie communautaires, qu'il s'agisse d'aider les voisins ou de conduire une personne au marché pour qu'elle puisse s'approvisionner. Un segment important de notre population ne gagne pas assez pour avoir les moyens de manger et d'assurer la cohésion des collectivités. L'exode est un grave problème.
Il faut que je vous raconte une histoire. Il y a peu de temps, j'ai croisé un homme que je connais depuis plusieurs années. Il a occupé le poste de président du conseil municipal d'Antigonish pendant 10 ou 12 ans. C'était un membre de l'Assemblée législative. Sa famille, installée dans cette collectivité depuis des générations, faisait partie de la communauté catholique, comptait 12 enfants, et possédait une ferme et une petite entreprise. Cette famille était un pilier de la collectivité. Je donc rencontré cet homme l'autre jour. Je lui ai fait remarquer que je ne l'avais pas vu depuis un certain temps. Il m'a répondu qu'il était déménagé à Calgary avec toute sa famille. Cela ma donné tout un choc. Il m'a dit que sa femme et lui avaient vendu leur ferme et leur entreprise et que toute la famille avait déménagé à Calgary. Cet homme était vraiment un pilier de notre collectivité, un des ses membres fondateurs. Quatorze membres de cette famille ont choisi l'exode. Vous pouvez sans doute imaginer la perte que représente leur départ.
L'exode est un grave problème. Dans le comté de Guysborough, la population a diminué de 16,2 p. 100 entre 1991 et 2001. Ce sont surtout des jeunes qui sont partis. Par conséquent, la population des 65 ans et plus a augmenté de 26,7 p. 100. Notre collectivité est en pleine métamorphose. La situation n'est pas aussi grave à Antigonish, mais le groupe des jeunes y a tout de même diminué de 38,4 p. 100 et celui des 55 ans et plus compte maintenant pour plus de 62 p. 100 de la population. Telle qu'elle est actuellement, notre collectivité n'est plus durable.
Je pense que vous avez parlé de la dégradation des services et de l'infrastructure dans votre rapport. Nos petites collectivités ont expérimenté la fermeture et la centralisation des écoles et des hôpitaux. Elles ont perdu leurs bureaux de poste, leurs banques, leurs épiceries et leurs stations-service, ce qui signifie que les habitants des collectivités rurales doivent aller encore plus loin pour accéder aux services essentiels. C'est difficile. Dans les régions rurales, les services de santé mentale, les services sociaux et les services de soutien à l'emploi ont été réduits ou supprimés, laissant ces collectivités sans aucun soutien. En ajoutant à cela un faible revenu, l'absence de transport en commun et le fait que le moyen de transport disponible est probablement l'unique auto familiale, sur laquelle il ne faut pas trop se fier, et nous avons le portrait tout craché de l'isolement et de l'immobilité.
Personne ne voudra s'installer dans une collectivité sans école ou sans accès aux services. Le transport en commun est un énorme problème, de même que l'absence de possibilités en matière d'éducation et de formation.
Certaines des collectivités rurales de la Nouvelle-Écosse sont raciales. Nous devons donc leur porter une attention particulière, car les décideurs les ont toujours ignorées. Compte tenu de la crise que traversent actuellement les collectivités rurales, ces collectivités sont encore plus désavantagées que les autres. Certaines sont composées d'Autochtones et d'autres de Néo-Écossais d'origine africaine.
Dans la région de Guysborough, il y a une collectivité néo-écossaise d'origine africaine dont les origines remontent littéralement à des centaines d'années. Cette collectivité est extrêmement isolée et extrêmement pauvre. On y trouvait des écoles raciales séparées jusque dans les années 1950 et le problème du racisme y est profond. Il contribue à accentuer le niveau de pauvreté de ces collectivités.
Les politiques et les programmes conçus pour les centres urbains ne sont pas une solution. Les politiques et les programmes conçus en fonction de la démographie sont inadéquats et désavantagent les habitants des collectivités et des régions rurales. Nous avons besoin de ressources évaluées en fonction des programmes plutôt qu'en fonction de la démographie.
Nous avons besoin d'une formule de péréquation efficace. Si nous voulons tenter de régler le problème de la pauvreté en Nouvelle-Écosse, nous aurons besoin de ressources. Une partie du financement doit provenir du gouvernement fédéral grâce à une formule de péréquation équitable. Le Transfert canadien en matière de programmes sociaux doit être bonifié de façon à assurer le financement adéquat des programmes et des services qui en dépendent et qui sont assortis de normes et de conditions. Le Transfert canadien en matière de programmes sociaux est très important, car il a été conçu en fonction des programmes sociaux. Il pourrait donc être très utile s'il était assorti de certaines conditions et s'il était régi par une loi plus stricte.
Nous avons besoin d'une stratégie fédérale de réduction de la pauvreté. Nous avons besoin d'une définition du seuil de la pauvreté qui tienne compte de la situation réelle des régions rurales. Nous avons besoin d'un système de transports en commun viable pour desservir toutes les collectivités rurales. Nous avons besoin d'une stratégie du logement qui réponde aux besoins particuliers des collectivités rurales. Nous devons travailler avec les petits agriculteurs pour élaborer et mettre en œuvre des programmes d'encouragement, de soutien et de mise en marché des produits locaux. Nous pourrions renforcer nos régions rurales en soutenant nos petits agriculteurs plutôt qu'en dépensant de grosses sommes d'argent pour faire venir des produits de l'extérieur.
Il faut implanter des programmes efficaces dans les collectivités rurales afin de pouvoir y mettre en œuvre des initiatives communautaires de développement économique, en matière d'énergie de remplacement par exemple. Nous devons faire en sorte que les politiques et les programmes de revitalisation des collectivités rurales servent également à améliorer la situation en matière d'égalité des femmes. Nous ne pouvons retourner en arrière. Nous devons aller de l'avant.
Que pouvons-nous faire pour stabiliser nos collectivités rurales et commencer à y injecter des ressources? Nous pouvons mettre en œuvre un programme fédéral de salaire minimum, un programme de revenu garanti suffisant et poursuivre nos recherches sur les collectivités rurales. Le rapport intérimaire du comité, Comprendre l'exode : lutte contre la pauvreté rurale, est l'un des meilleurs rapports qu'il m'ait été donné de lire. Il a été rédigé de façon à être intéressant à lire. En fait, il se lit comme un roman. J'en ai distribué de nombreux exemplaires, car je pense qu'il traduit fidèlement notre réalité actuelle.
Le sénateur Mercer : Je remercie tous les témoins et je souhaite à nouveau la bienvenue à mes collègues en cette deuxième journée de notre voyage en Nouvelle-Écosse. Bienvenue dans ma province. J'espère que cette journée sera aussi instructive que celle d'hier.
Claudia, vous avez parlé surtout du logement et vous avez suggéré que le gouvernement contribue à améliorer le parc immobilier privé. Je comprends comment nous pouvons contribuer à remettre en état le parc de logements sociaux existants et peut-être même construire de nouveaux logements. À votre avis, de quel type de programme pourrait profiter le parc de logements privés en Nouvelle-Écosse?
Mme Jahn : Je pensais notamment au programme d'accession à la propriété. Je pense que le PAREL n'est pas la solution pour les personnes que j'ai rencontrées. Les mères célibataires, par exemple, n'ont d'autre choix que de se loger dans des caravanes. Même si celles-ci sont louées, elles ont besoin d'être modernisées. Nous ne devrions pas abandonner ce parc immobilier. Nous devrions plutôt y investir.
Le sénateur Mercer : Bernadette, pendant le trajet, alors que je breffais mes collègues, j'ai oublié de mentionner la petite collectivité de la Nouvelle-Écosse où vous habitez, Scotsburn. On y fabrique la meilleure crème glacée au monde.
Vous avez parlé d'un revenu garanti suffisant. Nous avons utilisé le terme de « revenu annuel garanti » hier à Annapolis. Ce terme est de plus en plus accepté. Vous l'avez remplacé par « revenu garanti suffisant ». Avez-vous une raison de préférer ce terme?
Mme MacDonald : Oui.
Le sénateur Mercer : Pourriez-vous alors m'expliquer pourquoi? Quel est le but de ce changement de terminologie?
Mme MacDonald : Nous craignons que si ce revenu est qualifié d'« annuel », son taux sera insignifiant, tout comme les taux de l'aide sociale. Les personnes qui vivent d'un revenu très fixe vivent d'un très faible revenu. Je pense qu'un revenu doit être suffisant et établi en tenant compte des seuils de faible revenu, des SFR et des autres mesures de pondération qui sont actuellement utilisées. C'est pourquoi nous aimerions qu'il soit « suffisant » pour couvrir les besoins essentiels.
Le sénateur Mercer : Dans l'un des documents que vous avez présentés, vous avez soulevé un point très important et j'espère que le rapport en tiendra compte. Il est en effet mentionné dans le rapport qu'en Nouvelle-Écosse, lorsqu'une personne travaille à plein temps au salaire minimum, son revenu reste inférieur au seuil de la pauvreté.
Mme MacDonald : C'est exact.
Le sénateur Mercer : Voici ma dernière question. Lucille, vous avez parlé en long et en large du racisme, en particulier en ce qui concerne la communauté noire de la Nouvelle-Écosse. Vous avez mentionné le comté de Guysborough. Nous sommes en plein Mois de l'histoire des Noirs. Il est important de revenir en arrière et de nous demander quelle est exactement l'ampleur du problème du racisme dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse? C'est toujours troublant d'entendre dire que le racisme continue d'exister en Nouvelle-Écosse. J'ai grandi dans cette province. Je sais que le racisme existe. Je sais qu'il en est ainsi depuis bien des années.
Je vis dans le petit village de Mount Uniacke, mais je passe la majeure partie de mon temps dans des grandes villes comme Halifax et Ottawa. Quelle est l'ampleur du racisme dans les petites collectivités telles que le comté de Guysborough?
Mme Harper : Je dirais que l'impact du racisme est difficile à jauger, car les gens ont tendance à penser au racisme déclaré plutôt qu'au racisme systémique. En ce qui concerne le racisme systémique, le nombre d'étudiants néo-écossais d'origine africaine de cette région qui réussissent à obtenir leur diplôme d'études secondaires et qui arrivent à poursuivre des études postsecondaires est à la baisse. D'une certaine façon, ils sont exclus, du fait qu'ils ne peuvent participer aux activités parascolaires, car ils sont dépendants du transport scolaire. Ils vivent dans une région isolée où ils ne bénéficient d'aucun soutien, par exemple pour se rendre à l'école et en revenir. En général, leurs résultats scolaires sont à la baisse. Ils ont de la difficulté à trouver un emploi parce qu'ils vivent dans une région isolée qui n'est desservie par aucun système de transport en commun. Ce manque d'attention est systémique. Il continue de perpétuer l'exclusion. En soi, c'est du racisme.
Le sénateur Mercer : Il me semble que votre réponse démontre autant un problème typique d'isolement qu'un problème typique de race.
Mme Harper : Effectivement, et c'est pourquoi je dis que le problème est systémique. C'est en partie à cause de l'isolement rural et de la difficulté d'en sortir que le problème persiste. Lorsque nous travaillons dans les écoles, les élèves nous racontent leurs expériences. Ils nous parlent des insultes et des commentaires racistes dont ils sont l'objet, bref, de tout ce qui leur arrive. L'exclusion de la population active et l'incapacité d'accéder à l'éducation postsecondaire ou à la formation professionnelle sont un problème systémique très grave.
Le sénateur Gustafson : Je vous remercie, madame la présidente. Nous sommes ravis d'être accueillis par un député. M. Casey a fait observer que ce projet coûterait très cher.
L'un des plus graves problèmes, c'est que les prix de nos produits de base ne sont pas ajustés à la nouvelle économie mondiale, ou que l'économie du Canada n'est pas ajustée à toutes les régions du Canada. De toute évidence, beaucoup d'habitants des régions rurales travaillent dans les secteurs de l'agriculture, de la foresterie ou de la pêche, soit des secteurs primaires.
Cette pauvreté touche-t-elle les travailleurs de toutes ces industries ou affecte-t-elle davantage les ouvriers agricoles?
Mme Harper : Les deux. Plusieurs pêcheries ont dû fermer, ce qui a entraîné la fermeture de nombreuses usines de transformation du poisson. En conséquence, les pêcheurs sont incapables de maintenir leur revenu et ils doivent continuer de chercher des pêches de remplacement. Cela étant dit, certaines pêches sont très rentables, notamment la pêche au homard et la pêche au crabe. La situation n'est donc pas généralisée. Cependant, lorsqu'une usine de transformation du poisson ferme dans une petite collectivité où elle représente la principale source d'emplois pour les habitants, il est difficile de la remplacer. C'est la même chose pour les emplois dans les industries primaires. Par conséquent, ceux qui peuvent partir le font. Ceux qui restent dans les petites collectivités sont les gens les moins instruits.
Les collectivités générationnelles reposent sur un mode de vie particulier, que ce soit la pêche ou le travail dans les mines au Cap-Breton, bref, un mode de vie très difficile. Il ne s'agit pas simplement d'aller dans ces collectivités et de recycler la population de façon à ce qu'elle soit en mesure de travailler dans un centre d'appel. De nombreuses solutions ont été proposées, mais elles ne sont pas adéquates ou adaptées à un tel changement de mode de vie.
Je suis content de voir que certaines des personnes ici présentes viennent de collectivités rurales. Je pense que c'est ce qui fait la force de ce comité. Lorsque nous envisageons des solutions, il ne s'agit pas simplement de trouver un emploi à une personne, n'importe quel emploi. Il faut plutôt s'interroger sur son mode de vie. Comment la vie de cette personne est-elle structurée? Comment pourrons-nous réussir à soutenir un mode de vie, à lui rendre sa vigueur, afin que les gens puissent avoir le sentiment d'être productifs et capables de développer et de préserver leurs collectivités? C'est comme si l'on pensait qu'il faut simplement leur trouver un nouvel emploi, n'importe quel emploi, et que tout sera pour le mieux. C'est une erreur.
Le sénateur Gustafson : C'est la même chose dans les Prairies. Certains agriculteurs arrivent à conserver leurs fermes en se trouvant un emploi dans un autre domaine. Leur vie devient très difficile, car ils doivent mettre les bouchées doubles. Un tel régime exerce une pression énorme sur les familles. C'est une situation très grave, mais il doit bien y avoir moyen, en augmentant les prix des produits de base ou autrement, d'injecter davantage d'argent dans ces collectivités.
Mme Harper : Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse uniquement du prix des produits de base, du moins en Nouvelle- Écosse. Certaines initiatives encourageantes ont pour but de garder ceux qui sont restés dans leurs collectivités. À l'heure actuelle, c'est le principal enjeu. Nous ne pouvons plus tolérer cet exode car il risque de tout faire écrouler. Nous avons immédiatement besoin de mesures à court terme. Nous devons également collaborer avec les collectivités pour élaborer des mesures à plus long terme, mais les solutions ne peuvent s'inspirer de l'approche urbaine. Il faut adopter une approche strictement rurale. Lorsque les solutions urbaines sont appliquées aux problèmes des collectivités rurales, elles sont vouées à l'échec. Nous devons repartir à zéro et élaborer nos propres solutions pour les régions rurales. Les collectivités rurales semblent différentes et en fait elles le sont. Dans les collectivités rurales, les gens rapiècent leurs vies, comme vous l'avez si bien dit, en cumulant deux ou trois emplois différents. Les solutions doivent s'inspirer de ce modèle.
Mme Jahn : J'aimerais ajouter qu'il ne s'agit pas seulement d'économie. C'est également une question d'attitude. La pauvreté est déprimante. Il faut de l'argent. Lorsqu'on lutte pour sa survie, on ne peut envisager l'avenir, le lendemain même, ou encore prendre l'initiative de développer ses compétences ou ses aptitudes à l'emploi. En amenant les mères locales à se regrouper pour concevoir un modèle d'habitat, nous leur avons donné espoir et cet espoir a insufflé une énergie nouvelle dans la collectivité et chez les enfants car, dorénavant, ils pensent qu'ils peuvent agir et faire changer les choses. Nous devons provoquer un changement d'attitude.
Le sénateur Mahovlich : Vous avez parlé du logement et des mères célibataires. Y a-t-il de l'aide pour les hommes célibataires? Reste-t-il des hommes célibataires, ou bien ont-ils tous disparu? Si nous voulons garder les gens ici, nous allons devoir penser aux hommes célibataires.
Mme Jahn : Malheureusement, dans notre étude du sans-abrisme rural, nous nous sommes intéressés uniquement aux mères célibataires. Mais, après avoir fait paraître une annonce indiquant que je cherchais des personnes à interroger, au début de notre étude, j'ai eu quelques appels de la part d'hommes qui se plaignaient d'avoir perdu leurs foyers en raison des ruptures familiales et qui avaient le sentiment que personne ne parlait d'eux ou ne s'intéressait à leurs problèmes. Ces hommes se sont retrouvés sans abri en raison de problèmes familiaux. Ils ont dû se dénicher un appartement. Nombre d'entre eux gagnent le salaire minimum et doivent faire de l'auto-stop chaque jour. Ils font de l'auto-stop à partir de la côte est pour se rendre en ville parce qu'ils sont heureux dans leur village. Nous avons appris qu'à Bridgewater, sur la côte sud, une centaine d'hommes célibataires habitent des abris de fortune dans la forêt. Ils ne veulent pas quitter leur milieu. Ils préfèrent accepter de pareilles conditions de logement plutôt que de s'en aller ailleurs. Il y a de nombreux hommes célibataires parmi les sans-abri, mais nous n'avons pas de statistiques précises.
Mme MacDonald : Lorsqu'on améliore la condition féminine, on améliore en même temps la condition de tout le monde. Je suis tout à fait d'accord avec vous, sénateur Mahovlich. Nous ne voulons pas exclure quelque groupe que ce soit de notre analyse et de notre vision du progrès. Nous constatons toutefois qu'on retrouve un plus fort pourcentage de personnes pauvres parmi les mères célibataires. Lorsqu'on améliore la condition féminine, c'est la condition de tout le monde qui s'améliore.
Le sénateur Mahovlich : J'aimerais vous raconter l'histoire d'une belle réussite. En 1964 ou 1965, un ami m'a demandé d'ouvrir avec lui une beignerie. Cet ami s'appelait Tim Horton. Nous avons ouvert sa beignerie, puis je me suis demandé qui faisait les beignes. C'est Ron Joyce qui était à la cuisine et qui faisait les beignes. Il a écrit un livre, et je pense que tout le monde devrait le lire. Voilà un homme qui travaillait douze heures par jour. C'est une histoire incroyable. Sa ville natale est Tatamagouche, je crois. Ses parents se sont séparés, je pense, et il a accordé beaucoup de mérite à sa mère. C'était une femme solide. Il a quitté Tatamagouche pour y revenir plus tard et ouvrir, dans la région, un centre, un terrain de golf. L'histoire de sa réussite est remarquable. Elle montre que les gens peuvent revenir en Nouvelle-Écosse et y faire leur contribution. Je suis certain qu'il y a d'autres réussites semblables.
Mme Harper : Avec tout le respect que je vous dois, sénateur Mahovlich, les beigneries Tim Hortons paient leurs employés le salaire minimum. De nombreuses femmes y travaillent à temps partiel et n'ont pas d'avantages sociaux. Elles sont très mal payées, et leurs enfants vivent dans la pauvreté. Des clôtures entourent le secteur où il habite, tout près de Tatamagouche. Les gens qui font sa fortune n'ont pas le droit d'y entrer. Il a connu la réussite, mais n'en a pas fait profiter équitablement les gens qui travaillent chez Tim Hortons au Canada.
Le sénateur Mahovlich : Je pense que vous devriez lire son livre. Il y a toujours un revers à la médaille. La vie ne lui a pas fait de cadeau, et les affaires sont les affaires. Est-ce mieux chez McDonald's?
Mme Harper : Non.
Le sénateur Mahovlich : C'est une expérience. Les jeunes vont y travailler pour apprendre les affaires et la gestion. Ils apprennent. Les employés y sont souvent des jeunes.
Mme Harper : Oui, il y a des jeunes parmi les employés, mais il y a aussi beaucoup de mères célibataires.
Le sénateur Mahovlich : Je sais qu'il s'agit d'une situation difficile. Mes parents sont venus de Croatie dans les années 1920. Pourquoi sont-ils venus ici? Ils ont dû partir de Croatie parce qu'il n'y avait pas de travail. Mon père est venu en premier. Il a laissé ma mère là-bas. Elle est venue trois ou quatre années plus tard. Il a fait un peu d'argent, a fait venir ma mère et a fondé une famille. Ce n'était pas facile pour personne, mais il y a des gens qui ont réussi.
Le sénateur Callbeck : Claudia, vous avez parlé de logement abordable et convenable dans les régions rurales du Canada. Plusieurs témoins nous en ont parlé dans la région de l'Atlantique. Le sénateur Mercer vous a interrogée à propos des maisons privées pour les familles à faible revenu. Nous avons un programme à l'Île-du-Prince-Édouard, mais la liste d'attente est telle que les gens doivent attendre six ans. Je pense que le programme fonctionne bien. Vous dites que, lors des tentatives précédentes, vous n'avez pas réussi à obtenir de l'argent dans le cadre des programmes existants. Vous dites que les accords bilatéraux sur le logement sont axés sur les milieux urbains. Pouvez-vous me donner des exemples?
Mme Jahn : Oui. Par exemple, ce modèle est pour la côte est. Lorsque j'ai rencontré le gouvernement provincial, après la mise en œuvre de la première phase, j'ai présenté mon projet et on m'a répondu qu'on voulait se concentrer sur les régions urbaines. Si vous regardez les statistiques issues de la première phase, vous allez constater que la plupart des habitations abordables ont été construites en région urbaine. Musquodoboit Harbour était admissible parce que c'est dans la municipalité régionale d'Halifax, mais la politique exclut les régions plus à l'est parce qu'on y est en zone rurale. On se dit que les régions rurales de la Nouvelle-Écosse ne sont pas viables et que la majorité des gens vont déménager à Halifax de toute manière. C'était la politique interne. Pourquoi investir pour construire davantage d'habitations si nous savons que les gens s'en vont? À mes yeux, on fait ainsi fausse route. Les gens ne peuvent pas demeurer dans leur milieu s'ils n'y trouvent pas d'habitations. Construisez des habitations, et ils vont demeurer dans leur milieu.
Le sénateur Callbeck : Bernadette, pourriez-vous nous expliquer les recommandations 11, 12 et 13? De plus, vous avez parlé des changements dans le mandat de Condition féminine Canada ainsi que des conséquences pour cet organisme et sa capacité d'influer sur les politiques publiques. Pourriez-vous préciser votre pensée?
Mme MacDonald : Lorsque Condition féminine Canada a annoncé des réductions de nombreux programmes en septembre, on a annoncé en même temps que le mandat de cet organisme avait été modifié de telle sorte qu'il ne pourrait plus se servir de l'argent fédéral pour tâcher d'influer sur les politiques publiques. Une grande partie de notre travail consiste à examiner les politiques d'aide sociale en Nouvelle-Écosse, les politiques du logement et d'autres politiques qui sont souvent établies en particulier par les provinces, mais qui relèvent aussi de l'État fédéral. Nous analysions les politiques dans l'optique des femmes, compte tenu de l'expérience qu'elles vivaient, puis nous formulions des recommandations en conséquence. Nous faisions ce travail grâce au financement accordé par Condition féminine Canada. Or, ce ne sera plus permis. C'est une honte et une véritable perte. Grâce à ce programme, nous pouvions montrer aux gouvernements les répercussions de leurs politiques. Les décideurs établissent les politiques et essaient de les mettre en œuvre avec les meilleures intentions, mais ces politiques nécessitent souvent des ajustements et doivent être analysées. Avec l'argent dont nous disposions, nous pouvions y arriver, mais ce ne sera désormais plus possible. C'est une perte.
Le sénateur Callbeck : Oui. C'est une partie importante de votre travail.
Mme Harper : C'est une partie énorme de notre travail parce que nous ne voulons pas nous contenter de fournir des services. Nous voulons que notre regard sur la société permette d'améliorer la condition féminine.
Selon la recommandation 11 du rapport de la Chambre des communes intitulé La compétitivité : une formule gagnante pour le Canada, le gouvernement fédéral devrait se donner comme objectif de réduire la pauvreté parmi les enfants au Canada. Selon la recommandation 12, il devrait rétablir le financement qu'il a éliminé dans les domaines de l'alphabétisation, de l'économie sociale, de la jeunesse, de l'aide aux musées et du bénévolat ainsi que le financement auparavant accordé à Condition féminine Canada, à la Commission du droit du Canada et au Programme de contestation judiciaire. Selon la recommandation 13, qui concerne le logement, le gouvernement fédéral devrait prolonger en priorité l'Initiative de partenariats en action communautaire et le Programme d'aide à la remise en état des logements.
Le sénateur Callbeck : Lucille, j'aimerais que vous nous parliez de développement économique. Qu'en est-il du Programme de développement des collectivités? Connaissez-vous ce programme, qui est offert par l'intermédiaire de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique?
Mme Harper : Je ne connais pas assez le Programme de développement des collectivités.
En collaboration avec les petites populations très isolées d'Antigonish, de Pictou et de Guysborough, avec les centres pour femmes, avec les organismes de développement régional et avec certaines populations autochtones et noires de la Nouvelle-Écosse, nous nous employons à intégrer à l'économie officielle des activités qui s'inscrivent actuellement dans l'économie informelle. Nous essayons d'y arriver au moindre coût possible pour les populations locales. En outre, nous voulons recadrer leurs efforts pour qu'elles participent à l'économie officielle par le tourisme, la culture des canneberges et les autres activités qui les caractérisent déjà. Par de petites améliorations de ce genre, nous comptons aider les gens à demeurer dans leur milieu.
Si la chose vous intéresse, nous pourrions parler des projets que nous essayons de lancer parce qu'ils visent à transformer les obstacles en atouts pour la population locale. Nous voulons commercialiser le brouillard à Canso. Nous essayons de trouver des façons de conserver ce que nous avons déjà et de progresser à partir de là.
Le sénateur Callbeck : Observez-vous une augmentation du nombre de femmes entrepreneures?
Mme Harper : Oui, nous observons à coup sûr une augmentation, mais pas nécessairement une augmentation du nombre de femmes entrepreneures capables de se maintenir au-dessus du seuil de la pauvreté. Nous constatons qu'elles doivent vraiment se battre. Les femmes ont une ardeur incroyable au travail. Elles sont industrieuses, intelligentes et créatives, alors nous observons une augmentation.
Le sénateur Callbeck : Le taux de réussite est très élevé pour les femmes entrepreneures.
Mme MacDonald : Pourrais-je ajouter quelque chose à propos des femmes entrepreneures? L'entrepreneuriat des femmes est l'un des domaines qui connaissent la croissance la plus forte au sein des petites populations. Malheureusement, nombre de femmes reportent à plus tard la maternité parce qu'elles ne peuvent pas verser les cotisations d'assurance-emploi qui leur donneraient droit à un revenu de substitution leur permettant d'avoir des enfants. Les femmes entrepreneures devraient pouvoir verser des cotisations d'assurance-emploi les rendant admissibles aux prestations de maternité. Lucille a mentionné un élément très important des politiques publiques. La pauvreté est souvent attribuable aux politiques publiques, et nous en avons là un très bon exemple.
Le sénateur Callbeck : C'est l'une des recommandations importantes faites par le Groupe de travail du premier ministre sur les femmes entrepreneures. Espérons qu'elle sera appliquée.
Mme MacDonald : Bien. J'espère qu'elle sera appliquée.
Le président : Nous allons maintenant entendre un groupe de trois personnes comprenant Anna Parks, de la Colchester Regional Development Agency, Sharon Murphy, du Poverty Action Committee et Bill Casey, député fédéral.
Sharon Murphy, présidente, Poverty Action Committee : Je m'appelle Sharon Murphy et je viens d'Amherst, dans le comté de Cumberland, en Nouvelle-Écosse.
Selon les données de 2001 fournies par Statistique Canada, 1 350 familles du comté de Cumberland vivent sous le seuil de faible revenu de 13,8 p. 100. Nous avons un taux de chômage de 13,4 p. 100, comparativement à 10,9 p. 100 pour l'ensemble de la Nouvelle-Écosse. Les deux tiers des 30 000 personnes vivant de l'aide au revenu se trouvent dans les régions rurales. Je voudrais que le comité s'intéresse de près à cette réalité parce qu'à mes yeux, elle en dit long sur l'importance de concevoir des politiques tenant compte de la présence de plus de 20 000 personnes vivant de l'aide au revenu dans une région rurale. Il y a 90 000 familles à faible revenu dans la province. Les deux tiers d'entre elles bénéficient de l'aide au revenu. Il n'y a pas de statistiques, mais selon toute vraisemblance, on peut présumer que la situation est semblable lorsqu'on considère les familles à faible revenu.
Un thème commun ressort des propos des gens qui aident les démunis du comté de Cumberland, à savoir la difficulté que représente le transport pour obtenir les services nécessaires. Pour bien comprendre cette difficulté, il faut connaître la géographie unique du comté de Cumberland, dont la superficie est de 4 288 kilomètres carrés. À titre de comparaison, c'est un peu moins que la superficie de l'Île-du-Prince-Édouard.
Un comité du transport a été formé pour mettre sur pied un système de taxis à faible coût destiné aux handicapés, aux gens âgés et aux démunis. Nous n'en sommes qu'au début de cette démarche, et il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Il y a trois principaux facteurs dans notre région qui incitent les gens à continuer de dépendre de l'aide au revenu. Il y a premièrement l'absence de services de garde d'enfants sûrs et abordables. Les deux autres facteurs sont l'absence d'assurance-médicaments et la réduction de l'aide dans une proportion équivalant à 70 p. 100 du revenu gagné lorsque les gens trouvent un emploi, ce qui peut sembler difficile à comprendre et ce qui ne manque pas de les décourager. Il faut vraiment se mettre à la place d'une personne marginalisée à faible revenu. Elle fait de son mieux pour améliorer son sort et, lorsqu'elle y parvient enfin, quelqu'un vient lui dire tout d'un coup : « Vous allez nous redonner 70 p. 100 de ce que vous aviez. »
En 2007, la population du comté de Cumberland et du Nord de la Nouvelle-Écosse ont vu leurs évaluations foncières augmenter de 11,2 p. 100. Pour la Nouvelle-Écosse en général, la hausse a été de 9,6 p. 100 et elle suit tout juste une hausse de 4,8 p. 100 des tarifs d'électricité de la Nova Scotia Power. Les démunis s'inquiètent parce que les propriétaires vont peut-être devoir refiler cette hausse aux locataires qui ont déjà de la difficulté à joindre les deux bouts.
Les femmes célibataires ne manquent pas de souligner avec force qu'elles gagnent leur vie avec des emplois au salaire minimum chez Tim Hortons, comme l'a dit le témoin qui m'a précédée. L'épicerie est un objet commun de préoccupation parmi elles, en particulier le lait. Le lait est un gros problème pour les mères de famille. Les mères célibataires trouvent qu'il est difficile pour elles de faire vivre leur famille et que leurs ex-maris ne les aident pas beaucoup. Les ordonnances de versement des pensions alimentaires ne semblent pas être respectées. Étant donné que les loyers sont élevés, nombre de démunis réduisent leurs dépenses alimentaires pour boucler leur budget. Ils consomment donc beaucoup de calories vides, ce qui entraîne l'obésité et les problèmes de santé connexes. J'ai été choquée d'apprendre que 4 835 personnes avaient bénéficié des services de notre banque alimentaire locale en 2006. Cette statistique m'apparaît ahurissante et en dit long sur la dépendance croissante des gens à l'égard des banques alimentaires.
Les gens qui souffrent de maladies mentales ont, eux aussi, leur lot de difficultés. Ils sont doublement stigmatisés lorsqu'ils souffrent à la fois de leur maladie et de la pauvreté. Ils se trouvent souvent dans une double impasse parce que s'ils abandonnent l'aide sociale, ils n'ont plus les moyens de se procurer leurs médicaments. Ils sont coincés dans un couloir sans issue, alors ils continuent de vivre de l'aide sociale ou des pensions d'invalidité.
Nous avons besoin d'une aide accrue pour les malades mentaux chroniques sous forme de programmes de réadaptation psychosociale. Le modèle des pavillons est un exemple à suivre. Il prépare les gens à l'emploi. Nous avons besoin d'un programme taillé sur mesure comme celui-là pour répondre aux besoins dans les milieux ruraux. Nous ne pourrons peut-être pas nous doter du genre de pavillon que l'on trouve dans le centre-ville de Montréal, mais nous avons besoin d'un programme semblable adapté à nos besoins.
Les jeunes souffrent eux aussi de la pauvreté. Le travailleur œuvrant auprès des jeunes dans un YMCA nous a rappelé que nombre de programmes pour les enfants et les adolescents sont déficitaires parce que ceux-ci y participent sans que leurs parents puissent payer leur inscription. Les programmes de mentorat et les programmes de loisir comme ceux du YMCA constituent un investissement dans l'avenir.
Pour terminer, j'aimerais appeler les gens à coordonner leurs efforts et à faire preuve d'unité en vue d'atténuer la pauvreté. L'argent fédéral, les services sociaux, les efforts des groupes confessionnels et ceux des groupes de lutte contre la pauvreté sont dispersés. Le révérend Rick Warrent, auteur de The Purpose Driven Life, dit que si nous ne sommes pas venus à bout de la pauvreté, c'est que nous n'avons pas uni nos efforts. Selon lui, c'est ce qu'il nous reste à faire.
Anna Parks, agente de développement économique communautaire, Colchester Regional Development Agency : Bonjour. Je m'appelle Anna Parks et je suis agente de développement économique communautaire pour la Colchester Regional Development Agency.
Je vous remercie de donner à la Colchester Regional Development Agency l'occasion de participer à la discussion sur la pauvreté rurale. Le présent rapport a été préparé en consultant le Colchester Anti-Poverty Network, un organisme sans but lucratif composé de fournisseurs de services sociaux, d'organismes communautaires et de personnes vivant dans la pauvreté.
À la lecture du rapport intérimaire du comité intitulé Comprendre l'exode : lutte contre la pauvreté rurale, je remarque que les problèmes dans le comté de Colchester sont assez semblables à ceux que l'on vit dans les autres régions rurales et qu'ils sont assez typiques du cercle vicieux du déclin des régions rurales qui est illustré dans le rapport.
Les problèmes formant ce cercle vicieux que sont l'émigration, le peu d'emplois, la faible densité de population, le faible taux de création d'entreprises et le manque d'une population suffisante pour maintenir les services et l'infrastructure sont au cœur des efforts de la Colchester Regional Development Agency pour lutter contre la pauvreté rurale et le déclin économique rural. Aujourd'hui, je suis venue vous parler des priorités et des stratégies actuelles.
Compte tenu de sa mission de stimuler une croissance économique viable, afin de créer des milieux de vie pleins de vitalité, des entreprises prospères et de nouvelles possibilités pour les gens, la Colchester Regional Developement Agency s'est donné comme principal objectif d'améliorer la qualité de vie de la population du comté de Colchester. Nous voulons atteindre cet objectif en augmentant le revenu disponible des gens qui habitent et qui travaillent dans la région, en augmentant la population et en réduisant le pourcentage de chômeurs ou de personnes sous-employées.
Si l'on se fie à un certain nombre d'indices récents, le comté de Colchester affiche clairement des signes de croissance économique. Le nombre de permis de construction a doublé entre 2004 et 2006 et les salaires ont augmenté en moyenne de 25 p. 100 pour les postes de premier échelon, ce qui constitue deux signes de vigueur économique. De décembre 2004 à décembre 2005, le taux de chômage est passé de 10 à 7,2 p. 100. Cependant, d'autres statistiques et observations indiquent que de nombreux aspects de la pauvreté rurale sont toujours présents et nécessitent notre attention immédiate.
Le comté de Colchester compte plus de 750 familles avec des enfants qui dépendent de l'aide sociale pour vivre. Dans la région de Truro, 1 905 familles monoparentales ayant en moyenne 2,5 enfants ont un revenu moyen de 23 440 $. Sur une population totale de 48 000 habitants, 7 270 personnes vivent sous le seuil de faible revenu, ce qui représente 15,2 p. 100 des ménages ordinaires. Le revenu moyen des personnes de plus de 15 ans est de 18 177 $. Dans l'ensemble du comté, 33 p. 100 des adultes n'ont pas terminé leurs études secondaires et 30 p. 100 d'entre eux ont du mal à lire et à écrire.
Truro est au deuxième rang dans la province pour les prix les plus élevés des logements locatifs. Les conditions du marché y sont très serrées. Hors d'Halifax, c'est à Truro qu'on paie les loyers les plus élevés pour les appartements d'une ou deux chambres à coucher.
En 2002, le Colchester Anti-Poverty Network, la Colchester Regional Developement Agency et l'Institute for Early Childhood Education ont organisé un forum sur la pauvreté qui a permis à des personnes vivant dans la pauvreté de venir parler de leur existence. Ce fut l'occasion de mettre enfin un visage sur la pauvreté locale et de dépasser les apparences qui rendent la pauvreté invisible.
Le forum sur la pauvreté a fourni l'élan nécessaire à la constitution en personne morale de l'Anti-Poverty Network. Les témoignages des personnes vivant dans la pauvreté ont contribué à façonner la mission de cet organisme : sensibiliser le public aux problèmes entourant la pauvreté; réduire la pauvreté en agissant sur le chômage, la sécurité alimentaire et le logement abordable.
Dans son plan d'activités de 2003-2004, le Colchester Anti-Poverty Network avait comme priorité de coopérer avec les promoteurs et les propriétaires immobiliers pour doter le comté de Colchester d'un plus grand nombre d'habitations abordables. À l'issue de deux appels d'offres de la SCHL et du ministère des Services communautaires de la Nouvelle- Écosse, cinq promoteurs locaux ont été autorisés à construire au total 104 logements locatifs subventionnés dans le cadre du programme de logement abordable. Quatre-vingts de ces logements se trouvaient à Truro et vingt-quatre à Debert, de l'autre côté de la route. Un autre appel d'offres a eu lieu récemment, et nous espérons qu'il entraînera la construction d'autres logements abordables.
Bien qu'on soit en train de doter la région centrale de nouveaux logements abordables, il y en a très peu qui se construisent dans les régions rurales éloignées. Dans la plupart des cas, il s'agit de logements pour personnes âgées. On ne construit pratiquement aucun logement pour les familles. Les familles qui n'ont pas les moyens d'être propriétaires doivent déménager dans la région de Truro-Bible Hill pour trouver un logement.
La politique servant à sélectionner les propositions en vue de construire des habitations abordables doit être révisée pour qu'on puisse répondre aux besoins en logements dans les régions éloignées, non seulement pour les locataires, mais aussi pour les propriétaires à faible revenu qui doivent vivre dans des habitations insalubres. Il y aurait lieu en outre de construire une plus grande variété de logements locatifs, en particulier pour les familles.
Les efforts pour résoudre le problème du sans-abrisme dans le comté de Colchester se heurtent également à des difficultés. Dans le cadre du projet Chignecto-Central visant les jeunes sans-abri, on a interrogé 42 jeunes adultes totalement ou relativement sans domicile et on en a mis 19 autres sur une liste qui s'allonge constamment. On prévoit mettre sur pied un système de maisons d'hébergement où les jeunes sans-abri pourront trouver un refuge temporaire et de l'aide.
Dans ses efforts pour améliorer la qualité de vie de la population du comté de Colchester, la Colchester Regional Developement Agency collabore avec de nombreux fournisseurs de services et de nombreux organismes en vue de développer les ressources humaines. On souhaite inciter les gens à acquérir connaissances et compétences pour qu'ils puissent s'ouvrir des portes et élargir les horizons de leur collectivité et de leur employeur.
Le projet des collectivités innovatrices est un bon exemple de partenariat efficace. Il a pour but de stimuler l'innovation en diminuant le nombre de personnes dans la région qui n'ont pas terminé leurs études secondaires, de faire le lien entre les personnes prêtes à travailler et les possibilités d'emploi ainsi que de développer les qualités de chef de file en milieu de travail.
Des groupes communautaires à Tatamagouche, Upper Stewiacke et Great Village s'emploient à établir des réseaux d'apprentissage locaux où des programmes choisis par la population peuvent être mis en œuvre en partenariat avec des organismes de services d'emploi et des employeurs locaux. Les modèles adaptés par ces groupes prévoient une approche fortement participative. Ils font appel aux points forts et aux talents des habitants des régions rurales, y compris ceux des démunis.
La Colchester Adult Learning Association va continuer d'offrir des programmes de perfectionnement scolaire dans l'ensemble du comté. Actuellement, plus de 100 adultes suivent des cours dans le cadre de ces programmes. Nombre d'entre eux prévoient obtenir un certificat d'études secondaires. Pour un grand nombre de démunis des régions rurales, il s'agit d'une bonne lueur d'espoir en vue de réintégrer le marché du travail et de devenir financièrement autonomes.
Grâce au projet des collectivités innovatrices, les personnes qui cherchent un emploi seront en mesure de suivre dans leur propre milieu une formation pour leur permettre d'acquérir des compétences essentielles. C'est une approche dynamique permettant de donner aux populations locales et à notre région une confiance accrue en leurs moyens.
Au cours de la dernière année, la Colchester Regional Developement Agency s'est associée à l'organisme Women for Economic Equality et au ministère des Services communautaires de la Nouvelle-Écosse pour réaliser un projet IT Works of Women à l'intention d'une centaine de femmes du comté de Colchester. Plus de 75 p. 100 de ces femmes sont des bénéficiaires de l'aide au revenu. Les participantes peuvent acquérir des compétences en informatique, faire des recherches d'emploi et apprendre comment rédiger un curriculum vitæ et présenter des demandes d'emploi. De nombreuses femmes ont pu trouver du travail après avoir suivi cette formation, et leurs histoires font chaud au cœur à entendre. La formation n'exige aucune dépense de la part des participantes. Les frais de transport sont minimes parce que la formation est offerte jusque dans les régions éloignées. On prévoit offrir encore la formation pendant une autre année.
À l'instar de nombreuses autres régions du Canada atlantique, le comté de Colchester connaît un exode des jeunes adultes, ce qui réduit le nombre de jeunes aptes à entrer sur le marché du travail. Cet exode se fait sentir en milieu rural, où les populations vieillissent. Afin de résoudre le problème de l'exode, la Colchester Regional Developement Agency a mis sur pied un programme en vue d'attirer les jeunes et de les persuader de rester. Ce programme mise sur les points forts et les ressources du milieu pour sensibiliser les jeunes aux possibilités que leur offre le comté de Colchester dans les domaines de l'emploi, des affaires, de la formation et des loisirs.
Je n'ai pas pu parler entre autres du manque de services de garde d'enfants dans les régions rurales, de la centralisation des services de santé, qui sont rarement fournis dans les régions éloignées, ainsi que du coût élevé du transport, qui pose problème pour les démunis des régions rurales.
Pour terminer, j'aimerais dire qu'il serait très bénéfique pour une région comme le comté de Colchester d'élaborer une stratégie globale de réduction de la pauvreté. Nous avons déjà des stratégies ciblées, comme celle qui vise le logement abordable, mais je crois qu'une stratégie globale serait utile.
Le président : Je suis particulièrement heureuse de constater, comme je viens de le faire à l'instant, tout en vous écoutant, que, dans le mémoire que nous allons tous lire en entier, vous parlez abondamment d'apprentissage de la lecture parmi les jeunes enfants et de programmes d'alphabétisation familiaux. Il s'agit de mesures qui traitent d'un problème dont il a beaucoup été question dernièrement. La situation à cet égard semble s'améliorer.
Mme Parks : Effectivement, et il sera intéressant d'observer, dans les résultats du recensement de 2006, les progrès réalisés depuis 2001, parce que les statistiques à ce sujet que j'ai utilisées aujourd'hui datent de trop longtemps. Nous avons hâte de prendre connaissance de l'information issue du recensement.
La présidente : Je vous remercie beaucoup. Veuillez nous tenir au courant des nouveaux développements. Nous avons tous une copie de votre exposé qui était fort intéressant. C'est une question qui devrait tous nous préoccuper au plus haut point.
M. Bill Casey, député de Cumberland—Colchester, Nouvelle-Écosse : Je vous remercie beaucoup. Je tiens également à vous remercier de vous être déplacés. Je l'apprécie énormément.
Il y quelques points que j'aimerais souligner. Les présentations précédentes m'ont fait penser à toutes sortes d'autres choses que je pourrais dire, mais je ne le ferai pas. Ces présentations ont été très instructives.
J'aimerais dire quelques mots sur le phénomène du déclin des régions rurales et sur le triste sort des agriculteurs et des handicapés.
La circonscription que je représente est en majorité rurale et elle ne compte que deux villes d'une certaine importance, soit Amherst et Truro. On y retrouve toutefois bon nombre de petites collectivités qui sont de vrais petits joyaux. Je les aime vraiment toutes, surtout parce qu'il y a des gens merveilleux qui y vivent. Je pensais il y a une minute à cette activité de financement à laquelle j'ai assisté dimanche dernier pour venir en aide à une famille d'un tout petit endroit, le village de Tignish qui, malgré sa petite taille, se trouve néanmoins sur la carte. Un incendie avait détruit la résidence de cette famille. Je me suis rendu à cette activité de financement. Plusieurs femmes de l'endroit avaient organisé un défilé de mode pour recueillir de l'argent. Pendant ce temps, les hommes s'affairaient à reconstruire la maison qui avait brûlé. Une telle chose n'est pas près d'arriver à Ottawa. C'est ce qui fait la valeur de cette collectivité et c'est pourquoi j'aime beaucoup ces gens.
Lorsque le gouvernement investit un tant soit peu dans une petite collectivité de ce genre, il en retire d'énormes bénéfices. Je pense à toutes ces collectivités qui ont obtenu un peu d'aide pour ouvrir un musée, un centre communautaire ou autre, des projets qui ont été bénéfiques pour tout un groupe de gens, pour la plupart des personnes âgées. Un tout petit peu d'aide peut souvent permettre à ces collectivités de survivre et de prospérer.
La présidente : Nous comptons sur vous pour que cela continue, Bill.
M. Casey : Je fais mon possible à cet égard parce que j'y crois et que j'estime beaucoup ces gens.
Comme je représente cette région, tous ces problèmes finissent par être soumis à mon bureau de circonscription et j'accueille tous les défis avec intérêt. Je ne crois toutefois pas que nous ayons la moindre idée de ce qui arrivera aux agriculteurs. Je crois que les agriculteurs de ma région se retrouveront bientôt dans une situation désastreuse. La plupart de ceux que je connais, sauf peut-être ceux d'un secteur ou deux, ont perdu leurs capitaux propres et sont endettés au maximum. Les banques ne font pas de saisies pour deux raisons : d'abord, elles ne veulent pas saisir les biens des agriculteurs, puis il n'y a pas grand-chose à saisir. Je crois qu'il y a un grave problème qui risque d'éclater très bientôt.
Comme bon nombre des intervenants précédents l'ont souligné, je vois des agriculteurs et des pêcheurs qui nous quittent pour aller travailler dans les champs pétrolifères de l'Ouest afin de pouvoir gagner de l'argent et de nourrir leur famille. Très près d'ici, le chef d'un groupe de pompiers volontaires a quitté sa maison et sa collectivité pour aller s'installer dans l'Ouest pour gagner sa vie et prendre soin de sa famille. C'est une grosse perte pour une communauté lorsque le chef des pompiers s'en va.
J'ai parlé à certains agriculteurs et aux responsables de la collecte de fonds à Tignish au cours de la fin de semaine dernière. Ils étaient tous très inquiets de voir que leurs enfants ne seraient pas en mesure de reprendre la ferme familiale. Ces fermes se sont transmises de génération en génération et elles seront perdues maintenant parce que les enfants ne peuvent pas les reprendre. Ces fermes ne rapportent pas d'argent et ne leur permettront pas de gagner leur vie. Ce n'est pas leur faute. Ils ne peuvent pas faire grand-chose pour régler tous ces problèmes, qu'il s'agisse de l'ESB, des prix sur le marché international, de la qualité et autres.
Il y a des choses que nous pouvons faire pour aider. Tout d'abord, nous devons améliorer la recherche dans le but de rationaliser leurs produits et de les améliorer afin de nous permettre de soutenir la concurrence du marché du bœuf de l'Alberta et le supplanter. Il y a plusieurs règlements gouvernementaux que nous pourrions modifier pour aider nos agriculteurs. Nous devons obtenir la collaboration des commerces de détail. L'énergie de remplacement semble être une solution prometteuse et la Nova Scotia Federation of Agriculture a transmis une demande au ministère de l'Agriculture pour qu'une étude soit entreprise à ce sujet et qu'un projet soit lancé pour le Canada atlantique, ou en collaboration avec la Nova Scotia Federation of Agriculture et le Collège d'agriculture de la Nouvelle-Écosse qui se trouve tout près d'ici.
Je vous enverrai une note à cet égard et vous pourrez alors décider si vous voulez appuyer leur demande. Ce serait très utile et pourrait offrir toutes sortes de possibilités. Aucun projet de recherche n'a jamais été entrepris dans le Canada atlantique sur les énergies de remplacement. Des études de toutes sortes ont été effectuées partout au pays, mais pas ici et nous en avons besoin.
Pour les agriculteurs, ce n'est pas uniquement une entrepris, c'est un mode de vie et une culture. Un grand nombre d'agriculteurs ont honte d'avoir perdu la ferme familiale qui s'était jusque-là transmise de génération en génération. C'est une grande tragédie pour eux.
Deuxièmement, je travaille beaucoup avec les gens handicapés et je me suis rendu compte que la première chose qui semble se produire lorsqu'une personne devient handicapée, c'est qu'elle fait face à d'énormes difficultés financières. Ces personnes perdent leur revenu et doivent attendre longtemps avant de recevoir des prestations du Régime de pensions du Canada. Elles ont droit à ces prestations, mais doivent d'abord surmonter tout un tas d'obstacles. Ce système prend trop de temps et il crée de la pauvreté. Une pauvreté terrible, puisque ces gens ont déjà bien assez de problèmes. Les travailleurs qui se blessent au travail font face au même genre de problèmes avec le régime d'indemnisation des accidentés du travail. Le système est très lourd. Une personne handicapée qui vit dans une région rurale n'a pratiquement pas accès au transport et les soins de santé sont très difficiles à obtenir. Ce sont là certains des problèmes auxquels je dois faire face dans ma collectivité.
Que faut-il faire? Comme je l'ai souligné au sénateur Gustafson, je crois que nous devons commencer par reconnaître la valeur de nos collectivités rurales. Elles ont de l'importance pour notre pays et cela signifie que nous devrons faire des investissements. Je le répète, chaque fois que nous investissons un petit montant d'argent dans une collectivité rurale, nous en retirons de grands bénéfices. Je crois que nous pouvons faire quelque chose.
S'il y a une chose qui fait beaucoup de tort à une collectivité rurale, c'est la fermeture d'une école. Lorsqu'une école ferme ses portes, la communauté meurt. Il y a actuellement une forte tendance vers la consolidation des écoles qui entraîne la fermeture de certaines d'entre elles et c'est très difficile pour la collectivité. Cela fait vieillir la population parce que les jeunes s'en vont et que l'âge moyen des habitants augmente. C'est très difficile pour une communauté.
Les petites communautés doivent pouvoir compter sur des soins de santé, des programmes d'alphabétisation et des programmes de développement économique. Nous avons de nombreuses ressources ici à CoRDA et dans le comté de Cumberland. Il s'agit de la CREDA, la Cumberland Regional Economic Development Agency.
Je me suis rendu compte récemment dans ma circonscription qu'Internet avait permis à plusieurs personnes de demeurer dans les communautés rurales et les petits villages. Certains de ceux qui avaient décidé de quitter la région pour aller s'installer ailleurs ont changé d'idée depuis qu'ils ont accès à Internet. Le service Internet à haute vitesse est donc essentiel pour les petites collectivités et il doit être offert à un coût raisonnable parce que c'est très utile pour les petites communautés. Cela permet aux gens de Tignish, Advocate et Stewiacke d'avoir accès aux mêmes services que ceux des grands centres. Tous ont accès à Internet aujourd'hui et ils peuvent faire beaucoup d'affaires par Internet. Je vous encourage à promouvoir ce service et à assurer que le gouvernement du Canada continuera de voir à ce que tous aient accès aux services Internet à haute vitesse. Je crois que c'est l'une des meilleures décisions qui ont été prises pour les régions rurales du Canada. Elle remonte à environ 10 ans, et si je me souviens bien, c'est John Manley qui l'a prise alors qu'il était ministre de l'Industrie. Il avait décidé de voir à ce que toutes les communautés canadiennes aient accès à Internet. Les gens ne comprenaient pas l'importance d'une telle décision, mais je se suis à même d'en voir directement les résultats. Les gens disent « Je n'ai pas besoin de déménager maintenant. »
La dernière chose que je voudrais souligner, c'est qu'il y a des cycles économiques et que cela ne veut pas dire que l'économie sera toujours à la baisse comme elle l'est actuellement. Le petit port de Parsborough a déjà été plus occupé que le port d'Halifax. C'était il y a 150 ans. La ville de Parsborough comptait alors 1 000 habitants et celle d'Halifax 800 000. Toutefois, Parsborough a un avantage important. Elle pourrait développer de l'énergie marémotrice, ce qui pourrait être très avantageux, compte tenu du coût élevé de l'énergie. Ce n'est pas au point encore, mais ça viendra. Il y a plus d'eau qui coule à cet endroit que dans toutes les rivières du monde, et ce deux fois par jour. C'est une occasion extraordinaire. Ce n'est qu'une question de temps. Parsborough pourrait redevenir prospère. Le message est clair. Il ne faut pas abandonner nos petites collectivités à cause d'un ralentissement de l'économie.
Il y a cent ans, Joggins et River Hebert étaient des villes minières qui faisaient partie des communautés les plus prospères de la région, et certainement de la Nouvelle-Écosse. Lorsque les mines de charbon ont fermé leurs portes, elles sont disparues, mais elles reprennent maintenant vie pour d'autres raisons. Elles reprennent vie à cause des investissements que le gouvernement du Canada et celui de la Nouvelle-Écosse ont faits pour reconnaître les falaises fossilifères de Joggins comme étant le dépôt de fossiles le plus important au monde entier. Nous espérons que l'UNESCO en fera autant.
Ces collectivités vivent des cycles. Il m'arrive de m'entretenir avec des gens, des députés de l'Alberta par exemple, qui vivent des cycles de ce genre et qui se trouvent dans une situation semblable à celle dans laquelle Parsborough se trouvait il y a 150 ans. Ces gens ne comprennent pas comment une collectivité peut vivre de telles périodes fastes et décliner par la suite. Nous ne pouvons pas les abandonner. Nous ne pouvons pas nous contenter de leur dire de déménager et d'aller s'installer là où ils trouveront de l'emploi. Les collectivités sont toujours là, les racines existent toujours et nous ne voulons pas abandonner ces petites collectivités.
Voilà ce que j'avais à vous dire. Je suis très heureux que vous soyez venus. Les collectivités rurales du Canada sont importantes et c'est le message que je voulais passer. Nous devons avoir la sagesse de reconnaître l'importance de maintenir nos collectivités rurales.
La présidente : Je vous remercie beaucoup, Bill. Je voudrais simplement ajouter une chose. Vous avez parlé de l'Alberta comme étant un endroit où il y avait beaucoup d'emplois. C'est vrai jusqu'à un certain point, mais je peux vous assurer que la situation était tout autre au moment de la crise de l'ESB.
M. Casey : La situation était désastreuse ici aussi. Nous avons ressenti la même chose.
La présidente : C'était vraiment terrible, mais il y a quelque chose que l'on peut sentir chez les Canadiens, de quelque partie du pays qu'ils soient. Ils n'abandonnent tout simplement jamais.
M. Casey : Non, ils n'abandonnent pas.
La présidente : C'est triste, mais il est étonnant de voir combien ils peuvent se relever rapidement.
Vous avez parlé des écoles. Il y a une petite ville juste à l'extérieur de Lethbridge qui est entourée de plusieurs petites villes. Au plus fort de la crise de la vache folle, les messages transmis par le conseil scolaire quand au nombre d'étudiants qui étaient partis au cours de la semaine étaient de bons indicateurs puisqu'ils signifiaient que les familles de ces jeunes avaient décidé de ramasser leurs biens et de quitter la ville. Lorsque quelque chose va mal sur la terre, il y a aussi quelque chose qui va mal dans les villes et nous ne voulons pas les perdre. Nulle part au pays et certainement pas ici.
Le sénateur Mercer : J'aimerais remercier les divers témoins qui se sont présentés devant nous aujourd'hui.
L'un d'entre vous a parlé de la nécessité de mettre au point un plan en vue d'éradiquer la pauvreté et c'est un thème qui devient de plus en plus populaire. On parle aussi de planification stratégique.
Les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador et de Québec ont préparé des plans officiels. Nous avons ici celui du Labrador, publié en anglais seulement, sous le titre Reducing Poverty : An Action Plan for Newfoundland and Labrador, qui a été écrit en juin dernier. Certaines personnes se penchent sur ce rapport. Nous devons en parler en Nouvelle- Écosse et partout au pays.
Vous avez tous les trois soulevé la question des transports, mais aucun d'entre vous ne s'est réellement étendu sur la question. Parmi les divers problèmes soulevés, on a parlé du manque de transports publics dans les régions rurales. Pour la première fois hier, nous avons entendu une bonne nouvelle lors de notre passage à Annapolis Royal. Kings Transit offre maintenant un service d'autobus quotidien entre Meteghan et Middleton, je crois, mais je pourrais me tromper d'un village ou deux.
Est-ce un problème? Je sais que c'en est un, mais existe-t-il un service de transports en commun à l'extérieur des deux plus grandes villes des comtés de Cumberland et de Colchester?
Mme Murphy : Il y a plusieurs compagnies de taxis. Nous avons mis sur pied un comité des transports et nous travaillons en collaboration avec deux de ces compagnies afin de mettre au point un système qui permettrait aux pauvres et aux handicapés de profiter des services des taxis moyennant un tarif forfaitaire annuel. Ce n'est pas réellement une bonne solution parce qu'il peut y avoir des délais et que ces gens pourraient ne pas avoir accès à un taxi en tout temps.
Nous avons dû nous en tenir à Amherst et à la région immédiate parce que nous venons à peine de mettre le service au point. Nous avons l'intention d'étendre ce service à d'autres secteurs du comté de Cumberland. Pour répondre à votre question, nous avons le service de taxi et c'est tout.
Notre hôpital se trouve à l'extérieur de la ville, et les gens, surtout les gens pauvres, ont besoin d'un service de navette pour se rendre à l'hôpital. Nous tentons de trouver des solutions à ce problème.
Mme Parks : Il y a quelques années, à Colchester, nous avons mis sur pied un projet pilote qui prévoyait la formation d'une coopérative, la Colchester Transportation Cooperative. Le service devait être offert non seulement dans la région centrale, mais également dans les régions éloignées et il s'adressait tout particulièrement aux personnes handicapées qui avaient besoin de transport pour se rendre à un rendez-vous ou autre. Le service fonctionne toujours dans la région centrale où je crois que le recouvrement des coûts est suffisant pour assurer les opérations, mais il a été impossible de l'étendre aux régions rurales et le transport n'est assuré que dans un rayon d'environ 10 kilomètres de Truro. Le service n'est pas offert ailleurs.
Le sénateur Mercer : Je reconnais que le projet en cours dans la vallée mérite qu'on s'y attarde. L'avantage qu'ils ont là-bas, c'est que dans la vallée, tout est rectiligne, alors que dans les comtés de Cumberland et de Colchester, les routes sont loin d'être droites.
Le sénateur Gustafson : Je suis un agriculteur de culture sèche et je connais assez bien ce secteur. Par contre, je ne suis pas très familier avec le secteur des pêches. Que se passe-t-il dans ce secteur ici?
M. Casey : C'est une bonne question, une question très intéressante qui me ramène aux cycles. J'ai la chance de compter deux entreprises de pêche bien différentes dans ma circonscription. Celle qui œuvre dans le Détroit de Northumberland, entre l'Île-du-Prince-Édouard et la côte, récolte presque uniquement du homard. Elle est en perte de vitesse. Les prises de homards ne comptent actuellement que pour environ 10 p. 100 de ce qu'elles étaient à la belle époque. L'autre entreprise, qui pêche le homard, les pétoncles et les poissons de fond, est assez florissante, et même très florissante dans certains endroits. C'est cyclique.
Nous n'avons pas encore découvert où se cachent les homards. Il est vraiment étonnant de voir que nous ne connaissons rien du homard. Certaines années, la pêche est bonne du côté de l'Île et mauvaise de ce côté-ci, et d'autres années, c'est le contraire. Au cours des quelques dernières années, la pêche n'a pas été bonne du tout. Elle décline. Les pêcheurs de ce côté-ci de la baie croient tellement aux principes de la conservation qu'ils ont adopté leurs propres normes de conservation. Le ministère des Pêches et des Océans exige qu'ils rejettent les homards inférieurs à une certaine longueur à l'eau. Toutefois, les pêcheurs trouvent que ce n'est pas suffisant. Ils ont adopté leurs propres limites et tous signé une entente en vue de fixer des grosseurs de homard supérieures à ce qu'exige le ministère des Pêches et des Océans. Ils rejettent donc eux-mêmes tous les jours de l'argent à l'eau. Ils rejettent des homards de taille acceptable à l'eau parce qu'ils sont d'avis que ces homards ne devraient pas être capturés. Toutefois, à cause des cycles, ils se retrouvent dans une situation réellement difficile et certains des pêcheurs d'ici sont partis dans l'Ouest pour tenter de mieux gagner leur vie. Les pêcheurs d'ici font de très bonnes affaires. Ils ont une bonne saison. Ce qui me ramène encore une fois aux fameux cycles. Personne ne sait pourquoi cela arrive ainsi.
Le sénateur Gustafson : Nous entendions parler autrefois de ces gros chalutiers provenant de Russie et d'ailleurs qui draguaient le fond de l'océan. Est-ce que cela se produit toujours?
M. Casey : Il n'y a pas de Russes ou de Suédois, mais il y a eu des opérations de dragage ici dans la baie et tous les poissons de fond ont disparu. On a mis un terme à cette pêche jusqu'à une certaine distance de la côte et les poissons reviennent assez rapidement. C'est étonnant. J'espère qu'ils maintiendront cette restriction et même qu'ils l'augmenteront parce que cela a donné de bons résultats.
Nous avons vu pour la première fois l'été dernier un poisson être capturé à la ligne le long de la côte ici. Les gros poissons étaient disparus, mais ils reviennent maintenant. Je ne connais pas suffisamment la situation au niveau de la pêche ici, mais je connais celle-ci très très bien. Et la raison pour laquelle je la connais si bien c'est que je travaille dans ce domaine.
J'ai été à l'Île avec les ministres des Pêches de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard. Personne ne sait pourquoi les homards vont et viennent. Certaines théories ont été émises à cet égard, mais il faudra plus de recherches.
Le sénateur Mahovlich : J'aimerais parler d'énergie de remplacement. Je me suis rendu dans la région de Sydney, qui est celle de Roger Cuzner je crois, et là-bas on parlait de parcs éoliens. Il y a quelques personnes qui investissent dans les parcs éoliens là-bas. J'en ai vu en Irlande et en Californie. C'est une industrie très importante. Avez-vous entendu parler de quoi que ce soit pour cette région? Est-elle propice à l'installation d'éoliennes?
M. Casey : Il y a bon nombre de tours expérimentales et deux propositions ont été faites en vue de la construction d'importants parcs éoliens qui pourraient compter 20 unités chacun par exemple. Il faudra d'abord voir si la Nova Scotia Power Commission achètera l'énergie produite. Ils ont le contrôle dans ce domaine et ils se sont montrés plutôt hésitants. Je crois qu'au cours de la prochaine semaine environ, ils recevront un appel de propositions en vue de la mise sur pied d'un projet de 50 mégabytes d'énergie de source éolienne. Je ne suis pas certain de ce que cela représentera, mais je crois que nous nous attendons tous à en entendre parler bientôt.
Il y aura plusieurs propositions parce que la Nova Scotia Power est l'un des producteurs d'énergie les plus polluants au Canada. L'énergie provient presque uniquement du charbon qui est très salissant et nous devons trouver des moyens de régler ce problème si nous tenons à participer au programme d'assainissement de l'air et à trouver des solutions au réchauffement de la planète. La Nova Scotia Power devra y participer.
À l'heure actuelle, tout cela en est à l'étape expérimentale. Il faut un grand nombre de tours pour produire beaucoup d'électricité. Il vente beaucoup dans notre province. Le vent vient très souvent directement vers la baie et tous les sites de ce côté sont bons. Il y a également bon nombre de sites intéressants dans la région de Roger au Cap Breton.
Le sénateur Mahovlich : Je crois que nous étions dans ce secteur hier et nous avons senti les effets du vent.
M. Casey Je suis persuadé que vous les avez sentis.
Le sénateur Mahovlich : Sharon ou Anna, je sais que bon nombre d'écoles ont fermé leurs portes. Qu'en est-il des églises? Dans ma ville, Schumacher, où les églises ont fermé, les vieilles dames de la ville doivent maintenant se rendre jusqu'à Timmins, qui se trouve à un mille ou deux pour aller à l'église. Y a-t-il beaucoup d'églises qui ont fermé leurs portes ici?
Mme Murphy : Je suis catholique et à Amherst où je vis, il y avait toujours eu deux paroisses catholiques, depuis les années 1950, mais l'une d'entre elles a dû être fermée récemment. Cela a été très difficile pour tout le monde et nous avons passé un très mauvais moment lorsqu'il a fallu fermer l'église de la Nativité. Il nous reste maintenant la Holy Family Church. Nous avons dû intégrer la CWL et tous les divers comités et cela ne s'est pas fait sans heurt.
Le sénateur Mahovlich : C'est difficile pour tout le monde.
Mme Murphy : Tout à fait, bien sûr. L'African Methodist Episcopalian Church a également une très petite congrégation.
Mme Parks : Dans les régions rurales éloignées à l'extérieur de Truro, ce que nous constatons, particulièrement avec l'Église unie où nous devons entretenir quatre églises dans un même secteur, c'est que lorsqu'on ferme une église, il en ferme une autre par la suite. On en viendra probablement à n'avoir qu'une seule église et la congrégation sera très importante, mais il n'y aura tout de même qu'une seule église. L'autre chose qui se produit, c'est que bon nombre de nos églises rurales n'ont pas de ministres ordonnés. Ils doivent se contenter de ministres laïques. Soit qu'il n'y ait pas suffisamment de ministres ordonnés ou qu'on n'ait pas les moyens de les payer.
Le sénateur Mahovlich : Je suis catholique et nous avons les mêmes problèmes. Il n'y a pas suffisamment de prêtres. C'est une autre raison pour laquelle nous devons fermer des églises.
Mme Murphy : Les diacres assument un tout nouveau rôle et les laïcs ont également dû s'impliquer.
Le sénateur Mahovlich : Y a-t-il moins de gens qui fréquentent les églises?
Mme Murphy : Je dirais qu'il y a moins de jeunes. Il est très difficile d'amener les jeunes à fréquenter les églises.
La présidente : Pour ce qui est de l'énergie éolienne, il y a peut-être bien des choses que nous pouvons perdre dans le Sud de l'Alberta, mais quel vent nous vient des Rocheuses! Tout cela a commencé dans une petite ville appelée Pincher Creek. Il y avait un seul gros oiseau comme nous les appelons, et tout le monde avait peur qu'il fasse peur au bétail. Bien au contraire, les animaux l'ont beaucoup aimé. Tout le secteur du sud-ouest est maintenant couvert d'éoliennes.
Le sénateur Callbeck : Je crois que l'Alberta est la seule province qui accepte l'énergie éolienne dans le réseau de distribution électrique.
M. Casey : C'est là la clé.
La présidente : Ce qui compte, c'est que cela fonctionne.
Le sénateur Callbeck : Je viens de l'Île-du-Prince-Édouard et je peux vous assurer que nous investissons dans l'énergie éolienne. L'Île-du-Prince-Édouard est censée être l'un des meilleurs endroits en Amérique du Nord pour la production d'énergie éolienne et nous nous attendons donc à pouvoir nous alimenter de cette façon dans l'avenir.
Sharon, vous avez dit que plus de 4 000 personnes avaient recours aux banques alimentaires. Ce nombre augmente- t-il beaucoup d'année en année?
Mme Murphy : Ce sont les statistiques pour 2006 et je dois avouer que je les ai trouvées à la dernière minute. Je ne peux honnêtement pas répondre à cette question parce que je n'ai pas pu obtenir les statistiques pour les autres années. Je sais toutefois que les chiffres augmentent d'année en année et que la tendance est loin d'être renversée.
Le sénateur Callbeck : En ce qui a trait à l'aide sociale, vous avez mentionné que l'on faisait une retenue d'environ 70 p. 100 lorsqu'une personne travaille. Cette mesure s'applique-t-elle indifféremment du salaire gagné, que l'on parle de 100 ou de 2 000 $?
Mme Murphy : Je crois que oui. Je ne devrais toutefois pas répondre à cette question parce que je ne connais pas bien ce programme. Je me suis entretenue hier avec l'agent des communications des Services communautaires qui a vérifié dans la politique si ces renseignements étaient exacts.
Le sénateur Callbeck : Anna, vous avez parlé de ce projet original des communautés d'apprentissage pour le rattrapage scolaire et la mise à jour des qualifications acquises, ce qui est tellement important dans les régions rurales du Canada.
À l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, nous avons entendu parler du peu de respect accordé au secteur de l'éducation. Autrement dit, bon nombre de personnes des secteurs ruraux du Canada ne reconnaissent pas réellement la valeur de l'éducation. Cela ne fait rien pour motiver les gens à suivre ces cours. Avez-vous des problèmes dans ce domaine?
Mme Parks : C'est une question très pertinente. Dans les trois communautés d'apprentissage que nous avons mises sur pied dans les communautés rurales les plus éloignées, nous essayons d'établir des liens entre l'éducation et la population active. Nous mettons ces communautés d'apprentissage sur pied et chacune d'entre elles peut établir son propre plan d'attaque. On met l'accent sur l'apprentissage dans les communautés pour que les gens commencent à voir au-delà de l'apprentissage formel. Autrement dit, si vous suivez un cours de réanimation cardio-pulmonaire dans un poste de pompier, cela fait partie du programme d'apprentissage. On peut aussi penser à un jardin communautaire, à un club de jardinage ou à tout autre programme de ce genre. Chaque communauté mise sur les programmes d'apprentissage d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
Ces communautés tiendront dans les prochains mois des activités de lancement au cours desquelles tous les intervenants de la communauté prépareront des expositions sur les divers secteurs d'apprentissage, qu'il s'agisse de la Société d'histoire, des églises et ainsi de suite. Nous voulons donner un aspect plus positif à l'apprentissage.
Vous avez raison. C'est une attitude qui est partagée par bon nombre de personnes. Malheureusement, un grand nombre d'adultes ont vécu de mauvaises expériences dans le système scolaire et ils ont du mal à l'oublier. Nous devons trouver des moyens novateurs pour assurer la participation de ces gens.
Mme Murphy : Ce n'est pas ce que j'ai vécu avec les mères seules que je rencontre tous les jours. Ces dernières font tout ce qu'elles peuvent pour pouvoir retourner aux études, suivre des cours de rattrapage et s'occuper de leurs enfants le mieux possible. D'après mon expérience, il y a au contraire beaucoup de respect pour l'éducation et les gens sont prêts à faire de gros efforts pour le faire, surtout les mères seules. C est ce que j'ai constaté.
M. Casey : Je suis d'accord. Pour un grand nombre de gens, il est très difficile de retourner aux études parce qu'ils doivent payer leur loyer et nourrir leur famille. Il existe des programmes qui peuvent leur venir en aide dans le cadre de l'assurance-emploi, mais il n'est pas facile d'y avoir accès. Nous devrions voir à ce que ces programmes soient plus facilement accessibles pour les gens qui veulent s'améliorer et parfaire leur éducation. De plus, ils ne peuvent pas s'y inscrire s'ils ont un emploi. Je crois qu'il serait bon de leur permettre de le faire.
Le sénateur Callbeck : Je suis d'accord. Je crois que nous devons faire beaucoup plus dans les régions rurales afin de rendre les programmes d'éducation et de recyclage beaucoup plus accessibles.
Venant moi-même d'une région rurale, je suis tout à fait d'accord avec les commentaires que vous avez faits sur les agriculteurs et les handicapés. Je reconnais de tout cœur l'importance de pouvoir maintenir nos collectivités rurales. Votre participation nous a été très utile.
Je vous remercie de votre présence.
La présidente : Au nom de tous les membres du comité, je vous remercie d'être venus nous rencontrer. Le dernier commentaire qui portait sur l'acquisition des connaissances et le recyclage est un point essentiel et nous devons reconnaître que tous méritent qu'on leur donne une chance. La situation est la même dans une petite collectivité de la Nouvelle-Écosse que dans le Sud de l'Alberta ou dans les grandes villes. C'est un gros problème.
Encore une fois, merci à tous de vous être déplacés pour venir nous rencontrer aujourd'hui.
La séance est levée.