Aller au contenu
 

Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 23 - Témoignages du 17 avril 2007


OTTAWA, le mardi 17 avril 2007

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et de forêts se réunit ce jour à 19 h 2 afin d'examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada.

Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Bonsoir, chers collègues sénateurs, chers témoins et cher auditoire.

En mai dernier, le comité a été autorisé à examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada. À l'automne dernier, nous avons accueilli un certain nombre de témoins-experts qui nous ont donné un aperçu de la pauvreté rurale au Canada. À partir de ces témoignages, qui ont ébranlé tous les membres du Comité, nous avons rédigé un rapport provisoire qui a été publié en décembre 2006 et qui, à tous points de vue, a sans doute touché une corde sensible.

Nous sommes à mi-parcours de la deuxième phase de notre étude à l'occasion de laquelle nous rencontrons des Canadiennes et des Canadiens vivant en milieu rural. Jusqu'ici, notre comité a visité quatre provinces de l'Est et quatre autres de l'Ouest. À cette occasion, nous avons rencontré des groupes ruraux canadiens tout aussi merveilleux que diversifiés qui nous ont accueillis à bras ouverts dans leurs collectivités et parfois même dans leurs foyers.

Le comité a encore beaucoup de travail à faire et il visitera d'autres collectivités en Ontario et au Québec. Nous comptons entendre le plus grand nombre de témoins possible. Nous devons veiller à ne pas faire fausse route et à pleinement comprendre la réalité de la pauvreté rurale au Canada. Pour cela, nous allons continuer à inviter des témoins à venir nous rencontrer à Ottawa.

Ce soir, nous avons la chance d'accueillir des témoins de Powassan, en Ontario, soit Bob Young, maire de Powassan, et Roger George, président du Comité de développement économique. Monsieur Georges, je vous invite à commencer votre exposé.

Roger George, président, Comité du développement économique, municipalité de Powassan : Merci beaucoup de nous avoir accordé le privilège de venir vous rencontrer ce soir. Powassan est une petite ville où le hockey se porte bien, mais nous n'avons jamais eu l'occasion de rencontrer les Sénateurs jusqu'ici. Nous espérons que vous allez remporter cette série, parce que la tâche que vous avez entreprise est d'une grande importance.

La raison essentielle de ma présentation à cette audience du Sénat est d'abord de nature personnelle et elle est fondée sur les 35 années que j'ai passées au Canada, depuis que j'ai quitté l'Angleterre en 1972. Durant toutes ces années, j'ai vécu dans la région de Powassan où j'ai été agriculteur. J'ai possédé une entreprise dans la rue principale et j'ai eu l'honneur d'être l'un des chefs de file nationaux du secteur agricole, d'être lobbyiste rural, activiste et militant politique. J'ai tenu le discours des agriculteurs et j'ai participé aux affaires agricoles quotidiennes; j'ai eu le privilège de partager les victoires et les revers des agriculteurs et des familles rurales de ce grand pays.

En préparant cet exposé, j'ai constaté plus que jamais la très grande portée du problème auquel le Sénat s'attaque. J'ai donc coiffé l'une de mes nombreuses casquettes, celle de président du Comité du développement économique de la municipalité de Powassan que nous appelons fièrement le MoPED. J'ai invité le maire, Bob Young, ainsi que quelques-uns de ses collègues à profiter de cette occasion pour participer à votre rapport au nom des résidents de la municipalité ontarienne d'Almaguin qui s'étend de Huntsville jusqu'au sud de North Bay, soit sur quelque 120 kilomètres.

Aujourd'hui notre message est simple. Nous avons besoin d'une politique rurale à long terme, d'une reconnaissance de l'importance d'avoir une communauté rurale en bonne santé économique dans tout le Canada, d'une économie qui permet aux gens de créer leur propre richesse et d'une vision semblable à celle du rêve national qui a permis de construire un chemin de fer d'un océan à l'autre. Celui-là même qui a aidé des centaines de collectivités rurales à s'établir, collectivités dont la viabilité nous inquiète aujourd'hui.

Il est nécessaire de répondre aux changements de paradigmes et à notre incapacité apparente à gérer les changements démographiques et sociaux importants qui ont réduit la population rurale à devenir les cousins pauvres des citadins. La municipalité de Powassan ainsi que les villages et les collectivités du voisinage constituent un microcosme de l'évolution de notre pays au cours des cent dernières années.

Les petites villes de Powassan et de Trout Creek, qui constituent les centres urbains de la municipalité fusionnée, ont été construites lors de l'avènement du chemin de fer à la fin des années 1890. Les scieries, l'exploitation du bois d'œuvre et l'exploitation agricole ont suivi très rapidement, tandis que des flots de pionniers se sont déversés dans la région et ont déboisé le terrain, comme cela s'est fait dans des centaines d'autres petites municipalités de l'Ontario.

Jusque dans les années 1970, Powassan était une ville agricole prospère qui comptait des détaillants de matériel agricole, des quincailleries et des ateliers de soudage, moteurs de l'économie locale qui desservaient plus de 80 fermes laitières et de nombreuses autres exploitations agricoles de la région. Les taux d'intérêts élevés du début des années 1980, l'inflation galopante et les diverses crises financières agricoles ainsi que les changements des pratiques agricoles ont ébranlé l'économie locale dans son ensemble. Je laisse aux actuels chefs de file du secteur agricole le soin de formuler des options politiques en matière agricole.

Je me bornerai à dire que nos communautés rurales ne sont pas bien adaptées aux changements de paradigmes qui ont érodé la richesse de nos campagnes. Disons-le, nous avons l'impression que la transition a été lente, à peine remarquée par le simple observateur. Après tout, les fermes étaient toujours là et, pour les gens de la région, il s'agissait toujours d'une région agricole, mais aujourd'hui, il ne reste que huit des 80 exploitations laitières, les chevaux de promenade ont remplacé le bétail, les étables sont délabrées et les clôtures ne sont pas remplacées. De nombreuses fermes de familles pionnières sont aujourd'hui les maisons de campagne de banlieusards qui travaillent à North Bay, à quelque 20 milles de là par la nouvelle autoroute à quatre voies. Le vrai changement est perceptible dans la rue principale où l'on trouve des magasins aux devantures dénudées et de nombreuses places de stationnement vides.

La volonté de s'adapter aux changements et de saisir les chances offertes par le XXIe siècle constitue le défi de la population rurale. Votre rôle, ici à Ottawa, et celui du gouvernement consiste à nous fournir des outils et à développer une politique rurale solide à long terme.

Je dois communiquer mon expérience personnelle des dernières années pour faire passer notre message aujourd'hui. Quand je me suis retiré de la présidence de la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, j'ai acheté un hôtel centenaire sur la rue principale de Powassan. Nous avons rénové le vieil édifice pour finalement constater que les changements survenus dans les tendances sociales et sur le plan démographique, de même que la réglementation gouvernementale et bien d'autres facteurs l'ont rendu économiquement non viable à tel point qu'il a fallu fermer l'hôtel qui a maintenant de fortes chances de tomber sous la masse des démolisseurs.

Aujourd'hui, quand je m'adresse aux foules, je déclare que tout dirigeant agricole devrait avoir un magasin dans la rue principale de sa collectivité rurale afin de mieux comprendre les forces qui déchirent le tissu social et les économies locales.

Le rôle que j'ai joué en soutien à la création des conseils à l'adaptation agricole du Canada, en 1996, a représenté un chapitre plus heureux. J'ai été le président fondateur du Conseil de l'adaptation agricole de l'Ontario qui œuvre en partenariat avec le gouvernement fédéral. Celui-ci a financé plus de 2 000 projets qui ont aidé le secteur agroalimentaire à créer de nouveaux débouchés, de nouveaux produits et de nouvelles richesses en réponse aux changements et aux possibilités. En 1996, le gouvernement du Canada est sorti de ses limites bureaucratiques en donnant aux conseils et aux dirigeants agricoles la latitude nécessaire pour innover et être efficaces.

Aujourd'hui, j'ai de nouveau eu la chance de rencontrer l'ancien ministre Ralph Goodale avec qui j'avais négocié ces ententes. Je l'ai félicité pour la vision dont il avait fait preuve, parce que c'est précisément le genre de vision dont nous avons besoin aujourd'hui afin de nous libérer des contraintes bureaucratiques. Je recommande que ce principe de financement soit maintenu et élargi aux autres demandes, parce que c'est uniquement en associant le risque à une vision que de nouvelles richesses peuvent être créées.

Nos concurrents internationaux ont établi des plans stratégiques, leurs gouvernements se sont engagés à long terme et ils ont préparé des budgets qui leur permettront d'en récolter des fruits. Il est inacceptable que les politiques changent chaque fois que nous changeons de gouvernement ou de ministre. À tout le moins, nous devrions considérer l'engagement de l'Union européenne par rapport à ses problèmes agricoles et créer un secrétariat aux affaires agricoles qui disposerait d'un financement et d'une stratégie à long terme.

En 2001, les dirigeants agricoles de l'Ontario m'ont invité à présider un groupe de travail ouvert sur l'avenir que nous avons appelé le groupe Odyssée. Le rapport Odyssée de 2002, que je présenterai au greffier, aborde une série de problèmes que la région agricole et rurale de l'Ontario aura à résoudre, qu'elle le veuille ou non, au cours de la prochaine décennie. Nous avons proposé des options politiques qui s'appuient sur des recherches effectuées à l'échelle internationale et sur une recherche réalisée en Europe. Nous avons alors constaté que c'est la politique rurale qui a profondément influencé notre façon de penser et que celle-ci a également infléchi ma façon de voir les choses en tant qu'ancien dirigeant du mouvement agricole. J'espère que nous pourrons parler davantage de certains de ces aspects durant la période de questions. Je pourrai ainsi vous en dire plus au sujet de ces aspects fondamentaux.

Tous ces problèmes ont finalement des retombées sur nos petites municipalités. Le maire Young se trouve dans la position peu enviable de devoir taxer ses voisins et amis qu'il rencontre tous les jours dans la rue. La municipalité a dû faire preuve d'un acte de foi pour engager un agent de développement économique au nom de ses 3 200 contribuables. Nous faisons partie de ces petites communautés rurales minoritaires qui se trouvent dans cette situation. Le financement initial provenait d'une subvention partielle de la Fédération de développement économique du Nord de l'Ontario, la FedNor, que nous remercions, mais il arrive trop souvent que le gouvernement donne des subventions de démarrage qui sont gaspillées parce que les programmes sont ensuite supprimés et que l'argent versé ne porte pas fruit.

Aujourd'hui, je suis fier que notre agent de développement économique soit parmi nous, dans cette salle. Andrew Busch représente un investissement dans notre avenir, parce que nous sommes conscients du genre de travail qu'il peut faire pour nous. Les recherches de qualité professionnelle qu'il entreprendra nous permettront de renouer avec la croissance économique et de créer une nouvelle richesse rurale. Nous exhortons le gouvernement à offrir aux municipalités rurales un financement stable pour embaucher des agents de développement économique professionnels qu'elles pourront confirmer après des stages de 12 mois.

Avec tout le respect que je dois au maire, j'estime que les questions économiques auxquelles nous sommes actuellement confrontées sont trop importantes pour qu'on les laisse aux soins de conseillers municipaux à temps partiel et de bénévoles comme moi qui préside le Comité de développement économique ou encore de secrétaires municipaux déjà surchargés. Ce faisant, ce dossier passe au second rang.

Selon les résultats des recherches de David Douglas, professeur à l'Université de Guelph, il existe un lien entre une croissance économique rurale et l'accès à un agent en développement économique professionnel.

Je sais que vous avez eu des difficultés à définir la pauvreté rurale, mais les fardeaux financiers qui pèsent sur les municipalités ne font pas que nous laisser dans la pauvreté : ils épuisent les richesses de nos résidents. Ces fardeaux ne plongent pas simplement les municipalités dans la pauvreté, puisqu'ils viennent gruger leur actif net et leur capacité à dépenser pour d'autres choses.

Par exemple, Powassan doit effectuer des travaux d'amélioration des voies d'eau dont le coût de 2,5 millions de dollars doit être absorbé par moins de 500 foyers. Nous devons donc prendre notre mal en patience en ce qui a trait aux travaux d'amélioration des égouts, également dispendieux, sans oublier les routes et les ponts. Nous ne pouvons compter que sur les contribuables et sur l'assiette foncière d'une seule municipalité qui ne nous permettent pas d'absorber ces coûts croissants. À l'occasion de notre passage à Ottawa, aujourd'hui, nous en avons profité pour rencontrer des politiciens et des hauts fonctionnaires à qui nous avons exposé tous ces problèmes.

La municipalité rurale voisine, Chisholm, doit remplacer plusieurs ponts. Le coût du béton et de l'acier paraît minuscule à côté de celui des études techniques et des permis environnementaux. Comme le maire Young aime le dire, il en coûte désormais 400 000 $ pour franchir un ruisseau et remplacer un pont que des agriculteurs ont probablement aidé à construire en une semaine, il y a 50 ans, en guise et lieu de taxes. Comment en sommes-nous arrivés à imposer de tels coûts extraordinaires aux résidents des régions rurales, par le truchement du système fiscal, pour remplacer des infrastructures?

Le programme conjoint d'infrastructures rurales du FIMRCO s'est avéré une loterie décourageante pour de nombreuses petites municipalités. Les demandes en matière d'infrastructures des régions rurales, dont bon nombre sont prévues par la loi, vident nos coffres municipaux et épuisent les ressources financières de nos résidents.

En matière d'allocation de fonds, nous pourrions accuser les gouvernements de favoritisme politique, mais nous préférons demander que ces importants programmes d'infrastructures fassent partie d'une stratégie rurale globale. Sans parler des fonds qui ont été débloqués dans le récent budget, nous espérons que, dans les six prochains mois, avant que le financement prévu ne soit définitivement arrêté et qu'on ne s'engage de nouveau dans des jeux politiques, le gouvernement aura adopté des règles plus équitables.

À Powassan, nous avons dépensé des milliers de dollars en honoraires de consultants et de conseillers techniques pour faire remplir des formules de demande complexes en vue de réclamer une partie de ces subventions. Le financement s'apparente à une loterie dont les billets sont coûteux. J'ai d'ailleurs dit au maire Young que nous ferions peut-être mieux d'acheter de véritables billets de loterie plutôt que de concourir dans le cadre des programmes du FIRMCO; jusqu'ici, nous avons acheté trois billets pour participer à cette loterie, pour 20 000 $, et nous n'avons rien remporté.

Nous bénévoles constituent un atout précieux. Ce sont eux qui financent la banque alimentaire, organisent des festivals et des activités sportives, entre autres choses. Les bénévoles se font rares aujourd'hui. Cela s'explique en partie par les changements sociaux; il y a aussi un problème de frustration quand on constate que de simples financements de tombolas ou de bingos relèvent de dispositions du Code criminel du Canada.

Une partie du problème tient aux règlements du gouvernement de l'Ontario. Nos bénévoles, dont beaucoup sont des personnes âgées ou à la retraite, se demandent pourquoi il ne leur est plus possible d'organiser de simples tombolas sans devoir aller remplir des montagnes de formulaires auprès du secrétaire de la municipalité et sans avoir à payer des permis. Tout ce qu'ils veulent faire, c'est recueillir deux ou trois mille dollars pour envoyer une jeune fille dans un camp de guides. En ce moment, par exemple, nous essayons de recueillir des fonds pour un garçonnet qui risque de devenir paraplégique après avoir eu un accident à l'école. Nous nous sommes heurtés à toute une série de règles étranges qui nous empêchent de faire ce que nous avions l'habitude de faire par le passé.

Aujourd'hui, la menace de poursuites judiciaires futiles nous empêche d'organiser de nombreuses activités et d'utiliser nos biens ruraux pour le plus grand bénéfice de notre société. Le prix des polices d'assurances qui permettent de protéger nos municipalités a atteint des sommets sous l'effet des poursuites judiciaires parce que les municipalités sont signataires de polices importantes. Il va falloir modifier le droit relatif à la négligence pour mettre fin aux genres d'abus consistant à faire payer la totalité des sinistres à ceux qui ne sont responsables qu'à hauteur de 2 ou 3 p. 100, parce que cela contribue à l'augmentation des tarifs d'assurance que le contribuable doit assumer. Il faudrait, en collaboration avec le secteur de l'assurance, réviser la Loi sur le partage de la responsabilité que je trouve beaucoup trop compliquée à comprendre, mais qui est lourde de conséquences.

L'autre aspect important concerne les questions environnementales, puisque le gouvernement du Canada a maintenant l'occasion de récompenser les habitants des régions rurales pour leur protection de la faune. Le gouvernement devrait les payer pour l'utilisation publique de terres privées et récompenser ceux dont la terre agit comme tampon pour assurer des eaux non contaminées. Malheureusement, on fait plutôt face à une réalité bureaucratique caractérisée par le contrôle et qui consiste à légiférer au lieu d'avoir des partenaires.

Les plans environnementaux en agriculture de l'Ontario sont importants, innovateurs et efficaces et ils ont été préparés par des dirigeants agricoles pour éviter de se voir imposer des lois. Ces programmes sont de classe mondiale.

Certains propriétaires fonciers devraient comprendre que leurs terres pourraient servir à bien d'autres choses qu'à de l'agriculture directe. Au Danemark et en Europe, on a pu constater que l'observation des oiseaux est susceptible de rapporter davantage que la culture du maïs. Le manque d'imagination est ce qui limite les occasions pour le Canada rural de créer de nouvelles richesses à partir des énergies renouvelables et des biocarburants, et de mettre en place un développement durable de l'environnement.

En conclusion, je vous parlerai des questions financières. Le Canada est le mauvais élève de la classe en ce qui concerne le capital de risque. J'ai participé aux efforts entrepris en but de créer une distillerie de vodka à Cochrane, dans le nord de l'Ontario. Celle-ci pourrait constituer le satellite d'un projet de plusieurs millions de dollars. Le projet fait du surplace parce que nous ne parvenons pas à trouver 2 ou 3 millions de dollars de capital-risque privé.

Les créditeurs sont frileux et notre banque locale finance plus volontiers un VUS de 40 000 $ que l'inventaire d'une petite boutique de cadeaux sur la rue principale, ce qui pose problème.

Nous estimons que toute modification que le gouvernement du Canada pourrait apporter à la Loi sur les banques devrait être conditionnée au fait que ces banques — qui veulent faire concurrence à l'échelle mondiale à la Banque du Japon et à la Banque d'Amérique — consacrent une partie de leur portefeuille à des investissements dans les entrepreneurs et dans les collectivités rurales. Elles pourraient, par exemple, consentir des microcrédits ou administrer d'autres programmes destinés à aider le lancement de petites entreprises dans les collectivités rurales, puisqu'il s'agit essentiellement de petites entreprises.

Les problèmes posés dans votre analyse sont sans limite, mais l'accent doit être mis sur une approche spécifique, à long terme, de l'économie rurale et du tissu social canadiens. La ruralité, dans tous ses aspects, doit être une priorité pour le Canada. Les campagnes ont été crées à partir des forêts et des marécages par nos ancêtres. À l'heure ou nous honorons comme il se doit nos anciens combattants, nous devrions également poursuivre le rêve des pionniers fondateurs en réaffirmant notre engagement envers la population rurale.

Madame la présidente, c'est notre vision d'aujourd'hui qui déterminera la taille de notre porte-monnaie demain.

La présidente : Merci pour cette généreuse description de la situation actuelle qui était bien réelle et qui nous amène à nous réjouir de votre présence.

Le sénateur Segal : Merci à tous deux d'avoir répondu à notre invitation et de nous avoir fait part de vos avis et conseils.

L'administration des programmes destinés à financer des personnes ou des emplacements est l'un des grands défis du gouvernement. Le Canada a connu bien des batailles sur la façon de répartir l'argent disponible entre différents emplacements.

Dans certains pays, la bataille a plutôt porté sur la politique publique —qui, quoi, quand, où et pourquoi. Au Canada, le débat a toujours concerné le choix des lieux : Où allons nous construire cet avion? Où allons-nous construire ce navire? Où allons-nous invertir pour la construction de ce pipeline?

Ce débat soulève la question de la viabilité des collectivités. Notre comité a d'ailleurs visité de petites collectivités. Il n'y a pas si longtemps que cela, nous avons visité Athens, charmant village de 1 100 habitants. C'est là que ce trouve la loge Loyal Orange numéro 1. Je fais cette précision pour placer ce lieu dans son contexte historique.

Athens a survécu économiquement dans une certaine mesure parce qu'elle est située au centre du triangle Smiths Falls-Ottawa-Brockville. C'est une ville passante qui fait office de ville dortoir. La population de 1 200 habitants n'est pas suffisante pour permettre à la municipalité d'assurer les services que vous avez décrits dans votre exposé. Selon vous, est-ce que 3 300 habitants constituent une assiette fiscale suffisante pour faire face aux obligations légitimes que vous avez décrites en ce qui concerne les égouts et l'adduction d'eau?

Sinon, cela reviendrait-il à dire que le contribuable torontois ou vancouvérois devrait payer davantage d'impôts fonciers pour que vous puissiez bénéficier d'un nouveau système d'égout là où vous avez choisi de vivre? Je suis un peu provocant dans mes propos. Est-ce que le contribuable de Toronto ou d'Ottawa, par exemple, ne pourrait pas soutenir qu'il est allé vivre dans une ville et que ceux qui ont décidé de vivre à Powassan doivent maintenant prendre des décisions difficiles sur le plan économique?

Personnellement, je suis plutôt favorable à l'idée d'investir à Powassan. Nous devrions trouver une façon d'y installer un ministère fédéral offrant 300, 400 ou 500 bons emplois qui contribueraient à l'activité économique du village. Nous devrions nous assurer que les compagnies de téléphone installent l'Internet à haute vitesse à Powassan pour contribuer au développement commercial et technologique. Nous devrions faire tout ce que vous avez mentionné dans votre liste.

Cela dit, comment faire bouger le gouvernement par rapport à tout cela? Le Canada est le pays le plus urbanisé du monde, à l'exception de l'Australie. Il y a une raison à cela. Les Canadiens ont clairement indiqué là où ils veulent aller travailler. Dès lors, comment combler ce fossé?

Bob Young, maire, municipalité de Powassan : Dans votre question, j'ai l'impression que vous vous demandez qui devrait payer la note. Personnellement, j'estime que nous la payons tous, que ce soit par le truchement de l'impôt sur le revenu, par les taxes sur l'emploi ou d'autres taxes. Nous pouvons nous débrouiller avec un certain nombre de taxes. En qualité de contribuables nous sommes tenus de créer la richesse du Canada.

J'estime que tous les ordres de gouvernement devraient travailler en partenariat — le fédéral, le provincial et le municipal — tout comme nous l'avons fait dans le passé avec le commerce et bien d'autres activités. J'estime que tous les contribuables ont le devoir de contribuer à cet effort.

Le sénateur Segal : Dans son exposé, M. George a parlé du fardeau règlementaire. Si j'ai bien suivi ce que vous avez dit, je crois vous avoir entendu dire que les règles de la loterie, quelles qu'elles soient, devraient être moins strictes pour Powassan que pour le centre-ville de Toronto. Elles devraient être moins lourdes pour Powassan que n'importe où ailleurs dans le cas, par exemple, de la construction d'un pont au centre-ville. Faut-il raisonner ainsi parce que Powassan est une petite ville ou faut-il conclure que les résidents de Powassan ne peuvent pas prétendre à la même qualité de sécurité et de protection qu'ailleurs au Canada, justement parce qu'ils habitent une petite ville? J'aimerais que vous m'aidiez à pousser cette logique au bout.

M. George : Notre raisonnement concerne notamment les frais additionnels, comme ceux associés à la réalisation des études techniques et au traitement des demandes qui représentent une partie importante des coûts de construction d'un pont. Nous n'avons pas de problème à payer pour le béton et pour l'acier qui servent à construire un pont. Tous ces éléments ne représentent actuellement pas les coûts les plus importants de la construction d'un pont. En revanche, les coûts associés aux études environnementales et autres sont considérables. Si nous parvenions à trouver une façon de réduire cet élément du coût des infrastructures, ce serait tout aussi bon que de nous verser une subvention. Nous aimerions pouvoir économiser 100 000 $ dans les coûts accessoires. C'est cela que nous voulons.

Nous ne cherchons pas à abaisser les normes.

Le sénateur Segal : Les petites municipalités ont de la difficulté à faire face aux coûts administratifs. Quand la collecte des renseignements incombe uniquement aux petites municipalités, il est légitime que le gouvernement provincial ou fédéral subventionne les municipalités pour qu'elles puissent faire face aux coûts de ce genre sans pour autant qu'elles réduisent les normes de sécurité.

M. George : C'est vrai, parce que la Ville de Toronto peut compter sur une armée d'ingénieurs pour faire ce travail. Nous, nous devons engager les ingénieurs à 150 $ de l'heure ou au prix qu'ils demandent.

Sénateur Segal : C'est vrai.

Merci, madame la présidente.

Le sénateur St. Germain : Merci, messieurs, de vous être rendus à notre invitation et merci aussi pour votre excellent exposé.

Le sénateur Segal a un peu parlé de ce qui me préoccupe, c'est-à-dire des coûts administratifs liés aux questions environnementales ainsi qu'aux poursuites juridiques possibles. Je vis sur une exploitation agricole et les résidents des villes prétendent me dicter ce que je dois faire tandis qu'ils polluent allègrement notre environnement avec leurs trois voitures chacun. Ils ont tout goudronné et déversent leurs égouts dans la baie, à Victoria et ainsi de suite.

Il y a pourtant lieu d'assumer un ensemble de responsabilités, notamment sur le plan environnemental. Il y a bien des années de cela, quand j'étais petit dans une région rurale du Manitoba, les agricultures avaient construit un pont qui a résisté aux assauts du temps.

Je pense que le sénateur Segal vous a posé cette question. Je ne sais pas ce qui différencie effectivement les résidents des secteurs ruraux de ceux des secteurs urbains. Comme vous l'avez fait remarquer, la Ville de Toronto peut compter sur une armée d'ingénieurs pour réaliser des études techniques. Les petites municipalités, elles, doivent engager ces spécialistes à la demande, et je ne pense pas que vous le fassiez pour 150 $ de l'heure. Pensez-vous qu'il serait possible de faire cohabiter la norme des régions rurales et celle des régions urbaines?

M. Young : Prenons comme exemple de formule de financement le Fonds sur l'infrastructure municipale rurale Canada-Ontario. Nous ne sommes pas à égalité avec Mississauga ou avec Chatham. Nous avons 3 200 habitants, mais quand nous faisons une demande de financement à une échelle comparable à celle de ces deux villes, nous sommes soumis aux mêmes règles qu'elles. Nous pourrions effectivement coexister, mais il faudrait appliquer des formules de financement différentes pour les petites villes et pour les grandes. J'espère que cela répond à votre question.

Le sénateur St. Germain : D'où cet argent devrait-il venir, messieurs?

M. Young : De tous les ordres de gouvernement. Nous devons tous contribuer au financement des projets d'infrastructures, quels qu'ils soient. Je n'ai rien contre le fait que nous payions notre juste part. J'estime que la formule de financement d'un tiers chacun, qui était en vigueur dans le passé, était équitable.

Le sénateur St. Germain : Qu'avez-vous constaté en Europe? Les agriculteurs européens bénéficient de subventions plus importantes que les nôtres, n'est-ce pas? Dites-moi exactement, monsieur George, ce que vous avez vu là bas. Comment ces gens sont-ils arrivés à maintenir le mode de vie des campagnes?

M. George : La PAC actuelle représente environ 45 milliards d'euros par an. Il est possible que je me trompe. De toute façon, les subventions en Europe sont énormes. Or, les Européens sont en train de délaisser graduellement les subventions directes consenties au secteur agricole. On se rappellera les montagnes d'excédents de production qui avait été créées et les terribles distorsions que ce système a engendrées à l'échelle internationale au cours des 20 ou 30 dernières années.

La Communauté européenne a finalement retrouvé la raison et, plutôt que d'insister sur l'agriculture, elle met à présent l'accent sur la ruralité. L'UE mobilise les agriculteurs et toutes les entreprises rurales autour du thème de la protection des campagnes et du développement d'une économie rurale. Le financement n'a pas été réduit. En fait, l'UE a même augmenté son niveau global de financement qui, jusque-là, se présentait sous la forme de subventions directes consenties à l'agriculture. Désormais, l'engagement concerne l'Europe rurale.

C'est fantastique! C'est cela que nous devons faire. J'en suis persuadé. Au même titre que nous devons faire quelque chose de très sérieux pour l'environnement et pour lutter contre le changement climatique, nous devons mobiliser les propriétaires fonciers. Faisons donc participer les chefs d'entreprises rurales. Ce genre de mobilisation nous permettra de créer un centre de croissance, de bâtir une nouvelle économie qui bénéficiera de l'investissement de fonds publics. Ce genre d'investissement nous permettra de garder des collectivités rurales en santé.

Je pourrais vous donner de multiples exemples de ce genre de changements en Europe, comme le programme de plantation d'arbres. Les Européens avaient arraché toutes leurs haies et bien d'autres types de végétaux. Ils s'étaient ensuite demandés où les oiseaux étaient passés. Et bien, les oiseaux sont revenus et, en Europe seulement, on dénombre cinq millions d'ornithologues amateurs. C'est une activité énorme. Un agriculteur peut désormais faire de l'argent en louant une partie de son domaine. Au Danemark, un exploitant agricole a dépensé 30 000 $ pour construire une tour d'observation. C'est le meilleur investissement qu'il ait jamais fait.

Le sénateur St. Germain : J'ai une petite question supplémentaire à vous poser. Soit dit en passant, vous pouvez venir observer les oiseaux chez moi. Le Canada couvre un immense territoire par rapport à l'Europe. Croyez-vous que cette immensité soit un facteur susceptible de nous empêcher d'imiter les Européens?

M. George : Non, pas du tout. Rien n'est plus compliqué que d'administrer un système comme celui de la Communauté européenne qui regroupe une vingtaine de pays. Même si notre système de gouvernement est parfois compliqué, il ne sera jamais pire que celui de l'Union européenne. Je ne dirai pas que les Européens ont tout juste, mais je pense qu'ils sont en avance par rapport à nous dans leur planification stratégique. Le Danemark m'a impressionné quand le sous-ministre de l'Agriculture nous a déclaré que les politiques de ce pays, qui sont vieilles de 30 ou 40 ans transcendent tous les changements de gouvernement. Elles portent sur l'environnement et sur bien d'autres aspects. Regardez où en est le Danemark de nos jours, c'est un pays fantastique des points de vue de l'environnement et de l'agriculture.

Le sénateur Callbeck : Merci de vous être déplacé et merci pour votre exposé. Je viens de l'Île-du-Prince-Édouard. Quand je vous ai entendu décrire ce qui s'est passé dans votre région au cours des 30 ou 40 années, j'ai eu l'impression de reconnaître mon coin de pays. C'est précisément ce qui est arrivé dans bien des régions de ma province.

Je vais vous parler de fusion municipale. Des témoins nous ont parlé de petites régions qui ont fusionné, qui ont mis leurs ressources en commun et qui en ont tiré d'intéressants avantages. Vous avez vécu un tel regroupement et j'aimerais que vous nous disiez ce que vous en pensez. Est-ce que toute la région en a profité?

M. Young : De notre point de vue, je dirais que oui, que notre région en a profité. Avant, nous avions trois municipalités qui appartenaient à un seul et même canton, celui de Himsworth South. Il y avait deux municipalités urbaines dans ce seul canton. Nous sommes donc passés de trois administrations municipales à une seule, nous avons rationalisé nos administrations et avons ainsi réalisé d'importantes économies par la mise en commun du matériel d'entretien des ponts et chaussées et par la fusion de nos services administratifs. Aujourd'hui, notre administration locale est bien meilleure que ce qu'elle était il y a sept ans.

Le sénateur Callbeck : Direz-vous la même chose que des témoins qui vous ont précédé, c'est-à-dire que la fusion a été bénéfique pour les petites municipalités?

M. Young : Pour certaines régions sans doute, mais je n'irais pas jusqu'à dire que cela fonctionne dans tous les cas. Tout dépend de l'emplacement des collectivités et de ce qu'elles ont en commun. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Comme nous partagions déjà des services avant la fusion, cette formule a bien fonctionné pour nous, mais tout le monde ne sera pas forcément d'accord.

Le sénateur Callbeck : Avez-vous un agent de développement économique? Ce poste a-t-il été créé à la faveur de la fusion?

M. George : M. Andrew Busch, qui se trouve dans l'auditoire, est agent de développement économique depuis moins de deux ans chez nous, après avoir été en stage pendant un an. Je tire mon chapeau à notre municipalité d'avoir engagé un stagiaire parce que cela nous a permis de constater le genre d'avantages que pouvait nous procurer l'engagement à temps plein d'un professionnel comme lui. Il n'est ni facile, ni aisé de créer un tel poste. Ce n'est que récemment que le conseil a décidé de le transformer en poste à temps plein, ce qui a été très courageux étant donné le budget très serré qu'il se doit de respecter.

Nous considérons que le poste de M. Busch est un investissement à long terme, parce que nous savons que le fait de pouvoir compter sur un professionnel à temps plein permet d'alléger considérablement la tâche des bénévoles et des membres du conseil à temps partiel. M. Busch peut rencontrer les autres agents de développement économique et s'occuper des demandes des entreprises. Comme le maire vous le dira, d'importants investissements ont été réalisés dans notre municipalité au cours des deux dernières années. D'ailleurs, il pourrait peut-être vous en parler lui-même.

M. Young : C'est vrai. Un couple de North Bay est venu nous voir pour acheter une propriété de 100 acres sur laquelle se trouvait une ancienne écurie. Depuis cet achat, il a agrandi l'installation en y investissant plus de 1 million de dollars pour construire des annexes, des manèges et ainsi de suite. L'été dernier, il a organisé sur place un événement hippique du circuit Trillium, qui était une première pour le nord de l'Ontario. Le travail de ce couple a amené les résidents de la municipalité et tous les gens de la région à prendre conscience du potentiel que représentent les activités équestres dans le développement économique. On n'en avait jamais entendu parler dans le nord de l'Ontario jusque-là. Pour notre municipalité, c'est un bienfait inappréciable.

Le sénateur Callbeck : À quels autres projets l'agent de développement économique travaille-t-il?

M. George : Nous travaillons d'arrache-pied pour essayer d'attirer de petites entreprises. Il n'y a pas très longtemps, le comité que je préside a été invité à attirer des entreprises une à la fois pour créer deux emplois ici, trois emplois là. Au cours des 12 derniers mois, trois ou quatre nouvelles entreprises se sont installées dans des espaces commerciaux de la région. À notre échelle, cela représente une expansion fantastique. Dix emplois à Powassan équivalent en effet à quelque 500 ou 1 000 emplois à Toronto. On peut donc parler de très forte croissance économique.

C'est précisément grâce à notre agent de développement économique que nous avons atteint ce niveau de croissance et que nous sommes en train d'instiller aux dirigeants municipaux la culture du raisonnement à long terme. Récemment, nous avons préparé notre tout premier plan stratégique. Celui-ci nous permet déjà d'orienter notre planification et, si nous parvenons à financer les activités envisagées, nous en tirerons des dividendes.

Je dois vous avouer que nous essayons de séduire les personnes âgées parce que nous sommes conscients du profil démographique de la région qui est en outre située à trois heures au nord de Toronto. Nous serons bientôt reliés à la métropole par une autoroute à quatre voies. Nous avons appris que des résidents de Toronto envisagent de vendre leurs maisons de 600 000 $ pour s'acheter à Powassan un petit paradis de 10 acres avec tous les gadgets nécessaires. Dans les 20 prochaines années, si nous parvenons à élaborer un bon argumentaire, nous pourrions devenir la prochaine région de Muskoka.

Le sénateur Callbeck : Pour en revenir à ce que vous avez dit au sujet de la planification à long terme, je vais vous poser une question au sujet de l'immigration. Envisagez-vous d'attirer des immigrants chez vous? Là d'où je viens, dans la province de l'Île-du-Prince-Édouard, nous avons un problème de population que nous essayons de régler de différentes façons, notamment en incitant des gens à venir s'installer et à rester chez nous.

M. Young : Nous nous estimons chanceux que des Amish aient décidé de venir s'installer en périphérie d'une municipalité voisine. Nous ne savons pas combien de familles forment cette communauté, mais il doit y en avoir au moins 10 ou 12 et nous avons cru comprendre que plus encore devraient suivre. Ces gens-là sont des atouts fantastiques pour la collectivité, parce que ce sont des bâtisseurs et des agriculteurs.

Le sénateur Zimmer : Pour en venir à la question qu'a posée la sénatrice Callbeck au sujet des entreprises de votre région, j'ai constaté d'après les informations affichées sur votre site Internet que vous présentez un bon potentiel touristique, puisque vous avez des sentiers de ski et d'interprétation. Avez-vous fait la promotion de ce volet pour favoriser le développement de l'industrie touristique? Avez-vous pu capitaliser sur ce genre d'activité?

M. George : Nous n'avons pas été en mesure de faire le genre de promotion que nous aurions dû, parce qu'il est très coûteux de faire du marketing à l'extérieur des limites immédiates de nos municipalités. Cependant, avec 15 autres municipalités environ, situées au sud et au nord par rapport à nous, nous essayons de créer le « marché d'Almaguin » qui devrait nous permettre d'imprimer un effet de levier aux 10 000 $ de Powassan et de passer, grâce à un fonds auquel contribueront plusieurs municipalités, à environ 150 000 $ pour ce genre de programme de promotion. Nous avons commencé à travailler dans ce sens, mais nous n'en sommes qu'aux premières étapes. Il est toujours difficile de dégager un consensus dans ce genre d'opération.

Nous devons d'abord nous appuyer sur quelque chose de solide et c'est pour cela que nous travaillons à la formulation d'un plan. Nous envisageons de construire un observatoire public dans le sud de la municipalité qui pourrait servir d'attraction touristique. Au début, nous voulions nous doter d'une attraction qui s'inscrirait en complément de Science Nord, à Sudbury, et de l'observation des ours polaires à Cochrane. Si nous faisons quelque chose dans ce sens, nous offrirons toute une enfilade d'attractions touristiques espacées de 50 kilomètres le long de la route 11, de sorte qu'après être passé par notre observatoire public les touristes seront tentés de poursuivre la route pour s'arrêter à North Bay, avant de se rendre à Timmins afin de visiter la Shania Twain Place et de pousser jusqu'à Cochrane pour observer les ours polaires. Ainsi, cette route touristique deviendra un véritable corridor d'attractions touristiques. Toutefois, cela exige beaucoup de planification outre que la construction de ce genre d'attractions est une opération coûteuse. Certes, nous pouvons utilement nous faire conseiller dans ce genre de dossier par FedNor, qui est un organisme de développement régional en Ontario relevant d'Industrie Canada.

Le sénateur Zimmer : Je vous souhaite bonne chance.

Le sénateur Mahovlich : Merci, messieurs, de votre comparution devant le comité. J'ai été plusieurs fois en Europe et j'ai sillonné la France où j'ai pu admirer les exploitations agricoles ainsi que les régions rurales qui sont davantage peuplées que les nôtres. Lyon, en France, qui a une population de 500 000 habitants, est entourée de vieilles exploitations agricoles. Ne pensez-vous pas que nous sommes trop durs ou trop critiques envers nous? Je suis d'accord que nous devons planifier, mais nous sommes sur la bonne voie.

M. George : Vous dites que nous sommes sur la bonne voie en ce qui concerne l'agriculture ou en ce qui concerne la politique rurale?

Le sénateur Mahovlich : Notre pays est encore en train d'élaborer sa politique agricole et sa politique rurale. De nombreuses petites localités que nous avons visitées n'avaient que 1 000 ou 2 000 habitants. Ces gens-là ont travaillé très fort pour bâtir un centre communautaire ou lancer une école de hockey pour filles dans des petites localités de l'Ouest qui comptent peut-être 2 000 habitants. Tout le monde est emballé. Le Canada s'en sort très bien compte tenu de sa taille et de son jeune âge.

Nîmes, en France, se trouve juste au sud de Lyon. C'est une ville romaine. Elle a 2 000 ans d'histoire. Dans 2 000 ans d'ici, nombre de nos problèmes seront réglés.

M. George : Je ne peux pas attendre 2 000 ans, sénateur.

Le sénateur Mahovlich : Je dis que nous sommes très critiques envers nous parce que nous somme un jeune pays. Il faut du temps pour en arriver à ce genre de développement.

M. George : L'école secondaire dans laquelle j'ai étudié en Angleterre date de 1291. Elle a obtenu sa charte royale de la Reine Elizabeth I, en 1560, et elle est donc chargée d'histoire. Le Canada évolue dans un marché mondial. Le genre d'évolution dont vous parlez pouvait très bien convenir il y a cent ans, mais le monde a changé et ces peuples que vous venez de citer sont de farouches concurrents du Canada sur la scène internationale.

Ils ne feront qu'une bouchée de nous sur le marché rural. Si les anciens marchés traditionnels existaient encore, ceux de l'époque où nous pensions être le grenier du monde, il n'y aurait pas de problème, mais le monde a bien changé depuis 30 ans si ce n'est plus. La difficulté à laquelle nous sommes confrontés, quant à moi, c'est que nous n'évoluons pas assez rapidement pour nous adapter à ce nouvel univers. Je recommande que nous mettions en place, et assez rapidement, des politiques rurales à long terme qui nous permettent de nous retrouver à niveau avec les autres. Il n'est pas nécessaire de verser systématiquement des prêts d'urgence de plusieurs milliards de dollars à l'agriculture.

Le sénateur Gustafson et moi-même avons réfléchi à cette question à quelques reprises. Je ne crois pas que nous rendons un grand service à ce pays en ne revoyant pas nos politiques agricoles.

Le sénateur Mahovlich : J'ai été étonné de voir les ponts que les Portugais ont construit lorsque j'ai visité leur pays l'année dernière; ils attirent beaucoup de touristes. Il est très facile de sillonner ce pays. Certaines de leurs rivières sont enjambées par des ponts qui ressemblent au Golden Gate. Ils sont magnifiques. Comment se fait-il que le Portugal ait pu s'offrir de tels ponts?

M. George : Je n'ai pas aperçu de touristes en train d'admirer notre pont de 400 000 $ dollars à Trout Creek.

M. Young : De 4 millions de dollars.

Le sénateur Mahovlich : C'est une très belle autoroute à quatre voies que vous avez là-bas, celle qui a été construite par M. Harris et qui va jusqu'à North Bay.

M. George : Cependant, elle n'est pas terminée.

M. Young : La province n'a sans doute pas eu affaire avec Pêches et Océans comme c'est notre cas chaque fois que nous voulons franchir un cours d'eau.

M. George : On admire les magnifiques édifices du Parlement aujourd'hui, imaginez-vous ce qu'il faudrait pour construire la même chose de nos jours?

Vous vous demandiez comment tout cela s'est fait. C'est vrai qu'elles ont été construites à un moment donné. D'un autre côté, nous ne construirions certainement pas des cathédrales en Angleterre de nos jours. Tout cela nous vient d'une époque différente. Nous sommes dans une ère où les questions rurales doivent être abordées de façon tout à fait différente. Il n'est plus question de permettre aux paysans et aux maçons de construire ces ponts merveilleux.

Évidemment, si vous voulez donner aux agriculteurs le mandat de cultiver du maïs pour construire des ponts, je ne doute pas qu'ils le feront et pour beaucoup moins cher que ce que nous coûtent les ingénieurs pour leurs études techniques. Nous sommes dans une ère différente et nous avons besoin de politiques entièrement différentes.

Le sénateur Mahovlich : De plus de comités.

M. George : Des comités? Votre comité est fantastique, mais je ne dirais pas la même chose de tous les autres.

Le sénateur Gustafson : Je vais répéter ce que j'ai souvent dit : la réalité politique actuelle est différente — je ne parle pas ici d'un fait que le gouvernement est conservateur plutôt que libéral — parce que tout est centralisé au niveau des centres urbains. C'est un phénomène qui prend de l'ampleur.

Pourtant, dans le Canada rural, il y a les pêches et la forêt qui représentent beaucoup plus que les céréales, parce que ce sont de grosses industries. Il y a l'agriculture, les céréales, le pétrole et le gaz. Soit dit en passant, en lisant le journal aujourd'hui, j'ai appris que l'oléoduc d'Enbridge, qui transporte 400 000 barils par jour, a été fermé à cause d'une fuite qui a pollué notre campagne. La potasse, différents minerais, l'uranium, les diamants, l'environnement, l'élevage, et cetera, tout vient du Canada rural.

Or, nous ne donnons pas suffisamment aux régions rurales à cause de notre système politique et de la forte centralisation en vigueur de nos jours. Il nous faut trouver une formule différente pour faire face à ce genre de situation.

Les exploitations agricoles ne cessent de prendre de l'expansion et elles continueront de grandir à moins que nous trouvions une réponse à tous ces problèmes.

M. George : Vous avez tout à fait raison, sénateur. Il nous faut changer de paradigme politique tout comme nous avons changé dans les collectivités rurales. La lutte contre le réchauffement planétaire pourrait être la réponse à tout cela, à condition que nous nous y prenions de la bonne façon. Nous sommes face à un véritable problème. Le changement de paradigme est énorme dans la façon d'appréhender la météorologie et l'environnement.

La politique doit miser sur ces occasions. A priori, les choses ne semblent pas réjouissantes, mais nous pourrions capitaliser sur ce dossier, surtout dans les régions rurales. Nous sommes en présence de vastes étendues de terres qui permettent de filtrer l'eau et de produire des sources d'eau potable. Il y a également toutes les matières brutes et toutes les ressources que l'on connaît, comme les arbres et les céréales à partir desquels nous pourrions produire des biocarburants, et nous pourrions utiliser notre fumier pour faire du biogaz. Il y a toutes sortes de choses que nous pourrions faire si nous prenions cet engagement envers l'environnement, mais nous ne pourrons pas y parvenir à coups d'ententes portant sur trois ou quatre ans seulement. Il faut conclure des accords à long terme. J'attends donc que votre comité et un gouvernement décide de pérenniser les budgets consacrés au Canada rural, comme cela a été fait pour notre armée, notre santé ou notre éducation, le Canada rural qui est un élément essentiel de notre pays.

Le sénateur Gustafson : Ces deux ou trois dernières années, notre comité a recommandé d'adopter un projet de loi agricole qui permettrait de protéger l'avenir des secteurs ruraux à terme de 10 ou 15 ans, afin que nous ayons une idée de ce qui nous attend, plutôt que de recourir à des programmes spéciaux à courte vue.

M. George : Je suis tout à fait d'accord avec vous.

Le sénateur Mercer : J'ai été intéressé d'entendre ce que vous avez dit au sujet de votre agent de développement économique qui, si j'ai bien compris, était un stagiaire dont le salaire a été financé par FedNor.

Parlons donc un peu de FedNor. Le gouvernement actuel n'est pas fanatique des organismes de développement économique régionaux, comme FedNor, l'APECA ou Diversification de l'Ouest. En votre qualité d'administrateur et de politicien du nord de l'Ontario, estimez-vous que FedNor fait du bon travail? Vous aurez certainement des critiques à formuler à son endroit, mais je veux que nous parlions de façon générale.

M. Young : Powassan n'a rien à reprocher à FedNor qui a été un fantastique partenaire pour nous, non seulement pour le stage de l'agent de développement économique, mais aussi pour la préparation de nos plans stratégiques et pour d'autres projets. FedNor a toujours été là pour nous et nous a appuyés chaque fois que nous en avons fait la demande. FedNor a toujours été très, très bien pour nous.

Le sénateur Mercer : Excellent.

L'actuel gouvernement a mis en œuvre un programme de garde d'enfants qui consiste à verser 100 $ par mois et par enfant dans certaines conditions. Ce programme a-t-il donné des résultats dans votre région? A-t-il aidé à créer davantage de places de garderies?

M. Young : D'après ce que je connais de ce dossier, les garderies sont actuellement pleines; je ne pense pas que ce programme ait permis de créer plus de places. Il y en a qui existent et elles sont remplies à capacité.

Le sénateur Mercer : Les politiciens municipaux sont frustrés chaque fois qu'ils doivent demander à bénéficier de programmes; tous les ans, il leur faut renouveler leur demande, réviser tout ce qu'ils ont fait, et tous les ans ils doivent, par exemple, retenir les services d'un bureau d'études techniques pour revoir les mêmes documents qui avaient été soumis l'année précédente. Avez-vous constaté des améliorations sur ce chapitre en Ontario ces dernières années?

L'Ontario est sans doute un bon laboratoire du point de vue politique. Au cours des 15 dernières années, nous avons eu des gouvernements libéraux, des gouvernements conservateurs, des gouvernements néo-démocrates et nous voilà de nouveau avec un gouvernement libéral. La situation s'est-elle améliorée? J'essaie de dépolitiser le débat pour voir si l'un de nous sait ce qu'il fait.

M. Young : Je peux vous parler de la dernière série de négociations concernant le FIRMCO. Comme M. George vous l'a dit tout à l'heure, l'accès à ce fonds n'est rien d'autre qu'une vaste loterie. La procédure est beaucoup trop complexe et les formulaires de demande sont trop compliqués. Cela revient donc à acheter un billet de loterie — correspondant au coût de l'engagement d'un ingénieur ou d'un consultant pour remplir la demande —, puisque les chances d'obtenir le financement demandé sont plutôt minces.

Ces derniers mois, nous avons vu apparaître l'Initiative provinciale d'investissement dans les infrastructures rurales qui est beaucoup plus simple. Cette initiative permet de financer à hauteur de 100 p. 100 tout projet pour lequel les études techniques ont été réalisées. C'est le genre de financement que nous aimons — simple et facilement accessible — parce qu'il n'est pas nécessaire dans ce cas de recourir à un ingénieur ou à un consultant pour remplir la demande.

La procédure de demande de fonds ne devrait pas être différente de celle d'une demande de prêt hypothécaire. En général, celui ou celle qui a l'argent nécessaire pour faire la mise de fonds obtient le prêt hypothécaire demandé. Ça ne devrait pas être différent dans le cas du financement fédéral ou provincial. Si l'argent est là et que vous avez versé votre quote-part, il ne devrait y avoir que quelques restrictions à l'obtention des fonds.

Le sénateur Mercer : La situation semble s'améliorer si j'ai compris ce que vous dites.

M. Young : Oui, en ce qui concerne le provincial et notre toute dernière demande au titre de l'Initiative d'investissement dans les infrastructures rurales. En revanche, je ne m'étendrai pas sur le cas du FIRMCO, par ce que je ne l'aime pas particulièrement, sans aucun doute parce que nous avons été refusés à trois reprises.

Le sénateur St. Germain : Votre analogie aux prêts hypothécaires est bonne. C'est une excellente idée à laquelle les fonctionnaires devraient commencer à réfléchir, parce que le PCSRA et tous les autres programmes sont très complexes.

La présidente : Nous pourrions en prendre note pour notre prochain rapport.

Le sénateur Oliver : Monsieur George, vous avez dit qu'il y a eu 80 exploitations agricoles laitières dans votre collectivité et qu'il n'y en a plus que huit. J'aimerais savoir ce qui est arrivé aux 72 autres. Vous nous avez donné l'exemple d'un investissement réussi dans une écurie, mais qu'est-il advenu des 72 autres exploitations laitières, sous l'angle de l'activité économique? Ont-elles été laissées à l'abandon?

M. George : Les fermes existent encore, mais personne ne les exploite. Certaines exploitations familiales qui étaient rentables ont été transformées en résidences pour banlieusards. Dans d'autres cas, les exploitations ont été subdivisées. Au début, des exploitants de fermes laitières voulaient se lancer dans l'élevage du bœuf d'abattoir qui, comme nous le savons, n'a pas été particulièrement rentable ces 20 ou 30 dernières années, si ce genre d'opération l'a jamais été d'ailleurs.

Il ne reste plus de grosses exploitations agricoles, mais cela dit, nous comptons un grand nombre d'agriculteurs à temps partiel. Il est connu que le gros des revenus agricoles provient d'activités hors exploitation. Nous connaissons cette situation également.

Les exploitations existent encore, mais elles ont changé de vocation. Ce qui est important, c'est qu'elles sont occupées, que la terre est sous bonne garde. En Ontario, il y a 14 millions d'acres de terres agricoles, sous une forme ou une autre. Peu importe qui les occupe, que ce soit un agriculteur à temps plein, à temps partiel ou amateur, ou un banlieusard, quelqu'un qui est investi de la garde de la terre. La société a donc, à juste titre, confié la responsabilité de sauvegarder l'environnement à cette personne.

Nous pourrions donc solliciter ces propriétaires fonciers, peu importe le nom qu'ils se donnent, pour garantir l'avenir du climat, de l'économie et de l'environnement. C'est un énorme changement que nous devons effectuer.

Le sénateur Zimmer : Je suis né et j'ai été élevé dans une petite collectivité agricole de la Saskatchewan et je représente maintenant Winnipeg au Sénat. Il y a quelques semaines encore, je n'étais pas membre régulier de ce comité, mais j'ai eu l'occasion, à l'invitation de la présidence, de visiter Steinbach, municipalité florissante du Manitoba.

Nous y avons rencontré Robert Annis, directeur du développement rural à l'Université Brandon qui nous a recommandé que les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux travaillent ensemble. Il a également insisté sur le fait que la lutte contre la pauvreté dans les régions rurales et dans le Nord n'incombe pas à un seul gouvernement ou à un seul ministère. Le rapport Odyssée semble faire écho à cette position, puisqu'il souligne l'importance, pour le gouvernement, de réinvestir dans le secteur agroalimentaire.

Comment envisagez-vous la participation des gouvernements sur ce plan afin de relancer ce secteur et de tenir compte des changements climatiques dont vous avez parlé? Les deux aspects ne s'excluraient pas forcément l'un l'autre. L'augmentation des niveaux de dioxyde de carbone pourrait donner lieu à une relance des secteurs forestier et agricole. On pourrait mettre au point de nouvelles cultures et de nouvelles terres agricoles pourraient être ouvertes, plus au nord, ce qui n'était pas envisageable avant.

Pensez-vous que nous devrions nous préparer pour nous prévaloir de tous ces avantages? Comment pensez-vous que cela pourrait fonctionner dans votre collectivité si les trois ordres de gouvernement contribuaient?

M. George : Vous avez raison au sujet des partenariats. À l'heure d'aujourd'hui, nous devrions tout faire par le biais des partenariats. Je n'ai eu de cesse de rabâcher à mes anciens collègues dirigeants du mouvement agricole qu'ils avaient échoué dans leurs entreprises parce qu'ils n'étaient pas parvenus à travailler en partenariat avec l'industrie alimentaire. Nous avons tendance à exceller dans la culture de produits, mais nous sommes médiocres quand vient le temps de les commercialiser. J'ai l'impression que Loblaws et Sobeys en Ontario pèsent beaucoup plus dans l'univers de l'agroalimentaire que les organisations agricoles et les agriculteurs. Nous devons nous élever dans cette chaîne et instaurer des partenariats, notamment avec les transformateurs. Nous devrions peut-être conclure des contrats à long terme pour avoir la garantie d'obtenir une part équitable.

Si je fournissais des pièces à General Motors, je voudrais avoir la certitude que je réalise un bénéfice. Si je fournis des aliments de qualité à un transformateur ou à Loblaws, je veux avoir la certitude d'en tirer un juste prix. C'est un aspect du marketing où nous avons lamentablement échoué.

Comme je l'ai dit un jour à un vice-président de Loblaws, à l'époque où nous faisions des recherches pour la rédaction du rapport Odyssée : « Vous devriez être prêts à payer davantage les agriculteurs pour assurer la traçabilité des produits. Votre capacité d'accéder à une denrée obtenue grâce à l'application de normes qui sont les plus strictes au monde, sera la meilleure façon, pour vous, de protéger votre marque `Le choix du président' dans laquelle vous avez investi des centaines de millions de dollars. Plutôt que d'aller acheter un produit qui arrive par bateau de l'autre côté du Pacifique parce qu'il coût 10 ¢ de moins le boisseau, vous feriez mieux de l'acheter dans un pays comme le Canada parce que vous savez que nos produits poussent dans les meilleures conditions possibles. »

« Ne demandez cependant pas à mes agriculteurs de dépenser davantage pour produire des marchandises de qualité pour votre marque à moins que vous ne soyez prêts à les payer en conséquence. S'il est question de garantir la sécurité du consommateur, il faudra donc que celui-ci paye à un moment donné pour bénéficier d'un approvisionnement alimentaire de qualité. Cela représente beaucoup pour les Canadiens, à une époque où nous sommes prudents et conscients des questions de santé. »

La crise de l'ESB a eu cela de positif qu'elle a enseigné aux agriculteurs l'importance de la traçabilité. Si nous n'avions pas été en mesure de retracer les vaches concernées, toute l'industrie bovine aurait disparu. Nous devons donc être à la fine pointe de tout ce qui ce fait, que ce soit en agriculture, en environnement ou dans d'autre domaines. Nous devons être les meilleurs ou du moins être aussi bons que les meilleurs dans le monde. Sinon, nous n'irons nulle part. La politique sur le monde rural devra donc être l'une des meilleures au monde.

Le sénateur Gustafson : Je vais vous lire un petit poème, mais ce n'est pas moi qui l'ai écrit.

Les agriculteurs nous nourrissent tous

Pendant que des politiciens se perdent en palabres

Que des acteurs brûlent les planches

Que de rutilants soldats paradent

Que des orfèvres cent fois sur leur art remettent l'ouvrage

Que des scientifiques sur le très grand ou le très petit se penchent

Que des marins mènent leurs barques

L'agriculteur, lui, les nourrit tous!

L'ouvrier peut bien brandir son outil avec vantardise

Le commerçant exhiber sa belle marchandise

L'astronaute entreprendre un vertigineux ballet

Rien de la science ni du commerce ne demeurerait

Si l'agriculteur un jour cessait de récolter ce qu'il a semé

Car l'agriculteur nous nourrit tous!

La présidente : Merci beaucoup! Nous le reprendrons dans le rapport.

Le sénateur Segal : Nous avons les paroles, il ne nous manque plus que la musique.

Je vais inviter nos témoins à aller un peu plus au fond des choses, à aborder un aspect sur lequel notre comité s'est attardé. Quel pourcentage de la population de Powassan, soit 3 300 habitants, vit sous le seuil de la pauvreté? Nous savons que 11 p. 100 à 16 p. 100 de nos compatriotes canadiens vivent sous le seuil de la pauvreté. Dans les régions rurales du pays, la situation est pire. J'aimerais savoir ce qu'il en est dans votre coin de pays.

M. George : Je n'ai pas vu les statistiques du recensement de 2006, mais en 2001, le revenu net à Powassan était nettement inférieur à la moyenne de l'Ontario. Nous étions certainement même en dessous du revenu net moyen des municipalités voisines.

Le sénateur Segal : Dans certaines des recommandations du rapport Odyssée, vous parlez de la nécessité d'adopter une approche plus fiable en ce qui a trait à la production de denrées. J'ai posé cette question à nombre de nos témoins et j'aimerais recueillir votre avis à ce sujet. Nous offrons des programmes de prêts basés sur le prix des produits afin de limer l'effet des cycles d'expansion et de ralentissement. L'administration se charge d'acheminer rapidement les subventions à ceux qui sont en difficulté. Dans le cas de l'industrie de l'automobile, il existe un programme d'assurance-emploi très généreux qui est financé par les travailleurs de l'auto eux-mêmes, par leurs employeurs et par le gouvernement fédéral. Quand une usine d'assemblage ferme, les travailleurs touchés perçoivent des prestations relativement élevées parce qu'il est de l'intérêt stratégique de tous les acteurs de maintenir ces gens-là à proximité des usines pour les avoir sous la main au moment de la relance et de la reprise du cycle.

À Athens, en Ontario, le président de la FAO est venu nous dire qu'il n'appuyait pas l'idée d'un revenu de base pour les agriculteurs. Pour lui, c'est là une façon de consacrer l'échec. Plutôt que d'offrir un revenu minimal garanti que les gens percevraient, bon an mal an — parce que tout le monde peut prétendre à un minimum pour mener une vie décente et avoir accès à de la nourriture, à un logement chauffé et à des vêtements —, il était d'avis que nous devions maintenir nos programmes de soutien des produits plutôt que de verser une aide directe au secteur rurale et aux exploiteurs agricoles sous la forme d'un revenu minimum garanti, même si cela est envisagé par d'autres secteurs de la société. J'aimerais connaître votre point de vue à ce sujet, étant donné que vous connaissez bien votre milieu.

M. George : Si je remettais ma casquette de dirigeant agricole qui était à la tête de quelques 40 000 ou 50 000 agriculteurs de l'Ontario, je dirais que je suis favorable aux programmes de prêts basés sur le prix des produits agricoles. Cependant, depuis que j'ai pris ma retraite, et après avoir réfléchi à la question, je vois les choses différemment. On a vu ce que donnent les programmes de soutien direct des produits agricoles en Europe.

Pour vous répondre à propos de ce que vous avez dit sur les travailleurs du secteur de l'automobile qui sont largement compensés en cas de fermeture permanente ou temporaire d'une usine, il se trouve que rares sont les agriculteurs à avoir une assurance-emploi. Quand ils traversent une mauvaise passe avant même de se débarrasser de leur bétail, les agriculteurs et tous les membres de leurs familles vont chercher des emplois à temps partiel. Certaines statistiques indiquent que 80 p. 100 des revenus agricoles proviennent d'autres sources que l'exploitation elle-même.

En Ontario, étant donné qu'il est possible d'obtenir un emploi dans les centres urbains, nous sommes certainement mieux placés que dans la plupart des autres provinces. C'est certainement mieux que ce qui se passe dans la province du sénateur Gustafson, parce que nos gens trouvent des emplois dans les usines. Il est toujours possible d'aller à North Bay, à 25 milles d'ici, pour trouver un emploi. C'est ce que les gens font. Ils restent sur l'exploitation, mais celle-ci ne leur rapporte rien financièrement. Il demeure que ce sont des endroits où il est très agréable de vivre, et les agriculteurs sont prêts à faire ce sacrifice.

D'un autre côté, je me dois de revenir sur ce que je répète depuis le début de la soirée au sujet de toutes ces terres que possèdent ces gens-là et que nous pourrions mettre à contribution pour aider la société en général.

Le sénateur Segal : Monsieur George, quand nous disons que nous voulons appuyer la ruralité, cela revient à dire que nous voulons payer les agriculteurs et ceux qui résident dans les régions rurales pour nous aider à veiller sur les bassins hydrologiques, à protéger les terres et les forêts. La Police provinciale de l'Ontario pense qu'il pourrait y avoir jusqu'à 20 000 lieux de cultures illégales dans la province. Comme les régions agricoles sont en train de se dépeupler, il n'y a plus personne pour signaler la présence d'étrangers. C'est un problème. Quand vous alignez tous ces chiffres, n'êtes-vous pas en train de prêcher en faveur de l'adoption d'un revenu plancher grâce auquel les agriculteurs pourraient avoir un moyen de subsistance étant donné les choses très importantes que vous faites pour la collectivité? N'êtes-vous pas en train de dire que nous allons trouver toute une série de façons de garantir un revenu minimum sans égard au rendement de l'exploitation agricole? Nous préférerions que celle-ci soit rentable et nous nous réjouirions que tel soit le cas, mais si elle ne fait pas d'argent, nous ne voulons pas que vous descendiez en dessous d'un certain niveau de revenu parce que vous faites partie de la famille ontarienne et canadienne et que nous voulons qu'il y ait une place pour vous à la table familiale. Cela vous gêne-t-il?

M. George : Non, ça ne nous gêne pas et je suis même surpris que ça mette mal à l'aise le président de la Fédération des agriculteurs de l'Ontario. Comme je le disais, j'ai vu la façon dont les choses ont évolué en Europe. Un grand nombre de mes bons amis que j'ai laissés là-bas étaient d'importants agriculteurs commerciaux qui ont changé de cap. Même si l'agriculture demeure importante, elle n'est plus forcément l'activité qui rapporte le plus. Désormais, les agriculteurs font dans l'industrie touristique et mettent en œuvre leurs ressources pour travailler dans ce sens. Leurs terres peuvent être traversées par des cours d'eau dans lesquels il est possible d'aller pêcher, ils peuvent avoir des sentiers et le public paiera pour s'y rendre, que ce soit directement ou sous la forme de subventions publiques. En Europe, les autorités payent les agriculteurs pour qu'ils protègent la terre.

Honnêtement, je me soucis peu de l'origine de mes revenus à l'exploitation. Mon lopin de terre le long de la clôture peut me rapporter plus d'argent que ma culture de maïs, à moins que je ne possède une piste pour motoneige ou pour VTT. Peu importe, je prendrai l'argent d'où qu'il vienne.

Le sénateur Gustafson : Une petite question supplémentaire rapide. Apparemment, General Motors paye 2 700 $ sur chaque voiture produite uniquement pour alimenter la caisse de retraite de ses employés. Ceux-ci bénéficient d'une retraite et d'un revenu garanti, contrairement aux agriculteurs. L'agriculteur qui développe son exploitation peut arriver à prendre sa retraite grâce au produit de la vente de sa propriété, mais c'est tout. Cela a fonctionné pour General Motors, quoique... Il est possible que non, je ne le sais pas. Peu importe, c'est ainsi que les choses fonctionnent. Les employés peuvent espérer une retraite et ils ont un revenu garanti. Ils peuvent donc prendre leur retraite, et je n'ai rien contre, mais cela est impossible pour un agriculteur.

M. George : Comme vous l'avez dit, l'agriculteur a la possibilité de capitaliser sur la plus-value qu'il aura réalisée. Ce qui est triste, c'est que dans la plupart des cas la plus-value n'est pas attribuable à la vente de produits agricoles ou de bétail année après année. La plus-value est attribuable à l'inflation ou au prix des contingents. La majorité des 80 fermes laitières que nous avons perdues dans notre région à différentes époques représentent beaucoup d'argent à cause de la valeur des contingents et, dans certains cas, grâce à l'appréciation du terrain. Le terrain vaut beaucoup plus qu'à l'époque où ces agriculteurs se sont installés.

Le sénateur Gustafson : Vous laissez entendre que les agriculteurs s'en sortent grâce à des revenus non agricoles. Pour cela, ils doivent travailler 16 ou 18 heures par jour. Ils travaillent à l'exploitation, ils travaillent dans les champs pétroliers, puis ils rentrent à 17 heures pour s'occuper de la ferme jusqu'à minuit.

M. George : Non, ils ne sont pas obligés de le faire; n'oubliez pas qu'ils le font plus au moins volontairement. Par ailleurs, ils travaillent ainsi parce qu'ils sont absolument déterminés à vivre en région rurale et qu'ils ne voudraient pas qu'il en soit autrement. Ces gens-là ne voudraient pas aller vivre au centre-ville de Toronto et ils sont prêts à faire tout ce qu'il faut dans un magasin du coin pour arrondir leurs fins de mois. Ce que je veux dire, c'est que nous devons miser sur les atouts que représentent ces gens-là. Il appartient à notre pays de profiter de ces atouts et de les exploiter pour revitaliser ces régions.

Cela me ramène à la question du rêve national du chemin de fer qui a débuté par une vision fantastique. Les pères fondateurs se sont dits qu'il fallait construire un chemin de fer, ce qui a dû en amener plus d'un à affirmer que l'idée était folle. Pourtant, ce chemin de fer a été bâti parce qu'il correspondait à une certaine vision pour construire le pays. D'autres visions, nombreuses, ont suivi et nous devons continuer à miser sur ce genre de choses. Nous ne devons pas arrêter de faire preuve de vision. Le sénateur Mahovlich a parlé de la vision des Européens il y a des centaines d'années, quand les gens ont construit des ponts, ce qui a pu paraître fou à l'époque. Mais c'est maintenant un héritage fantastique. Il faudrait récompenser quelqu'un d'avoir construit tous ces ponts ou toutes ces cathédrales il y a 2 000 ans. Nous devons faire quelque chose de concret pour laisser un héritage, de sorte que, dans cent ans d'ici, nos arrières-petits-enfants remercierons les sénateurs canadiens qui, en 2007, ont produit le rapport qui a établi un cadre pour le renouveau rural. Il suffit de consulter les livres d'histoire pour voir que c'est ainsi que ça peut se passer. Quelque chose de nouveau s'enclenchera quand le Canada réinventera ses régions rurales.

La présidente : Nous n'en avons pas encore terminé.

Le sénateur Mahovlich : Nous n'avons pas parlé d'éducation. Je viens d'une petite ville qui s'appelle Schumacher. M. Schumacher, qui l'a créée, a eu une vision extraordinaire. Nous avions une école primaire et une école secondaire. Est-ce que Powassan a deux écoles comme ça?

M. Young : Nous avions une école primaire et une école secondaire, mais aujourd'hui, il ne nous reste plus que l'école primaire. Le gouvernement de l'Ontario a décidé de déménager l'école secondaire ailleurs, à la faveur des fusions.

Le sénateur Mahovlich : À North Bay?

M. Young : Non. Il y a déjà plusieurs écoles secondaires à North Bay. Il y en a une dans la région d'Almaguin, à 30 kilomètres au sud de Powassan, qui est desservie par des autocars scolaires. Nos élèves du secondaire doivent donc prendre l'autocar pour aller à North Bay ou ailleurs.

Le sénateur Mahovlich : Nous avons déménagé de Schumacher quand les enfants ont terminé leur scolarité. Est-ce qu'il y aura encore des agriculteurs pour exploiter les fermes de la région quand vos enfants auront terminé leur scolarité?

M. George : Nous sommes confrontés au même problème, celui du manque d'agriculteurs sur place pour conduire des activités commerciales. Je n'ai pas suivi la question, mais je crois que, d'après les statistiques, le nombre d'agriculteurs est en augmentation en Ontario parce que nous en comptons de plus en plus qui reprennent le collier à temps partiel. Des retraités reprennent des exploitations qui, sinon, auraient été abandonnées ou réduites de taille.

L'agriculture n'est pas morte, surtout pas en Ontario, même si elle est d'un genre différent. Il existe toutes sortes de niches. On nous a parlé de différentes petites exploitations dans le nord de l'Ontario dont les produits sont maintenant présentés à la Royal Winter Fair. La commercialisation de ces produits a été rendue possible grâce à des fonds du gouvernement fédéral. Il faut faire en sorte que ce genre de chose se poursuive, parce que nous évoluions dans un univers entièrement nouveau.

Le sénateur Zimmer : S'agissant des exploitations agricoles et des citadins qui font un retour à la terre, que pensez-vous des huttériens qui achètent de grosses exploitations pour s'installer en communauté? Cela se produit-il chez vous?

M. George : Comme vous l'a dit le maire Young, une communauté grandissante d'Amish s'est installée à proximité. J'ai personnellement vendu mon exploitation à des Amish. C'est quelque chose de très intéressant pour nous, parce que les Amish sont des bâtisseurs et des menuisiers, mais nous n'avons aucune famille d'Amish qui soit spécialisée dans la courtepointe. Quand une famille d'Amish sera prête à s'installer dans la rue principale, nous pourrons alors commencer à louer les magasins vides qui font le désespoir du maire Young. Il y a des gens qui viennent à 50 milles de Powassan pour acheter ce que font les Amish qui jouissent d'une extraordinaire réputation pour la qualité de leurs bâtiments et de leurs étables. Nous sommes emballés par leur présence et les choses ne vont pas s'arrêter là parce que les Amish ont de grosses familles. Ils ont acheté au moins 15 ou 20 propriétés en l'espace de quatre ou cinq ans. Ils sont de plus en plus nombreux à déménager dans le secteur et il y a en même qui viennent d'aussi loin que le Kentucky.

Cet avenir nous réjouit, mais nous ne pouvons pas miser sur ces gens-là, parce qu'ils ne participeront à l'économie locale que lorsqu'ils seront prêts à le faire. En qualité de président du Comité de développement économique, je ne suis certainement pas disposé à aller leur tordre le bras. J'attendrai qu'un groupe se décide. Ils le feront à leurs propres conditions, parce que ce sont des gens d'affaires avisés.

Mon fils, qui est venu avec moi ce soir, est en troisième année d'économie à l'Université d'Ottawa. Il ne s'intéresse certainement pas à l'exploitation agricole et je dois vous avouer qu'en qualité d'ancien dirigeant du mouvement agricole, je ne l'ai pas encouragé à marcher dans mes pas. Après qu'il a décroché un emploi d'été à l'Agence de revenu du Canada, je lui ai dit que je me réjouissais que ses employeurs n'aient pas su ce qu'a fait son père. Je trouve très bien cette situation, parce que mon fils n'est pas complètement coupé de la ferme. Il pourra aller faire ses millions de dollars là où il le veut et comme j'étais certain qu'il ne ferait pas fortune grâce à l'exploitation agricole, j'ai décidé de la vendre.

La présidente : Je suis impressionnée par tout ce que vous nous avez dit aujourd'hui et par le fait que vous êtes aussi frétillant qu'à 7 h 30 ce matin, quand nous nous sommes vus pour la première fois. Les membres du comité sont aussi fougueux que vous, comme vous aurez pu le constater. Nous avons de grands esprits autour de cette table. Ce que vous nous avez dit correspond tout à fait à ce que nous recherchons. Nous nous somme pas mal démenés autour de cette question au cours des 12 derniers mois, parce que nous voulons recueillir l'avis de gens comme vous et de collectivités comme celles où vous résidez. Comme vous le savez, cette réunion sera diffusée sur les ondes de CPAC et elle pourra être suivie par des résidents de régions rurales un peu partout au Canada, notamment dans mon coin de l'Alberta. Ces gens-là comprendront très bien ce que vous nous avez dit.

Ne perdez pas le moral, parce que nous allons faire de notre mieux. Nous sommes évidemment incités par le gouvernement à continuer de favoriser ce genre de discussions, puisque nous voulons trouver des réponses à tous ces problèmes.

Vos contributions ont été précieuses et nous vous en remercions. La ville de Powassan peut être fière de vous.

M. George : Nous sommes fiers de l'habiter. Quand je regarde autour de cette table et que je songe à toute la sagesse que vous représentez, je vois autant de meneurs, d'agriculteurs et de stratèges politiques. Moi qui suis un passionné, j'ai été emballé d'avoir pu tremper dans la politique agricole un peu partout au pays au cours des 20 ou 30 dernières années. Et je suis encore plus emballé par la mission que nous avons effectuée à Ottawa aujourd'hui que par bien des choses que j'ai pu faire en qualité de dirigeant du mouvement agricole. Je vous souhaite bonne chance dans vos entreprises.

Je remercie le maire Young de m'avoir donné la possibilité de prendre la parole devant vous ce soir au nom de la région d'Almaguin. Ce que nous vous avons dit au sujet de la municipalité de Powassan reflète tout à fait la situation des 15 ou 20 municipalités de la région immédiate.

M. Young : Merci de nous avoir accueillis ici et d'avoir pris le temps de nous écouter. Ce fut un honneur et un privilège et je remercie les sénateurs pour leur excellent travail.

Le sénateur Fairbairn : Nous vous souhaitons bonne chance dans votre mission. Nous espérons que d'autres vous écouterons et que l'avenir sera plus radieux pour vous-même et pour ceux et celles que vous représentez.

La séance est levée.


Haut de page