Aller au contenu
 

Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 28 - Témoignages du 29 mai 2007


OTTAWA, le mardi 29 mai 2007

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 19 h 17 pour examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada.

Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Bonsoir mesdames et messieurs. Je salue également toutes les personnes qui suivent cette séance du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.

Au mois de mai 2006, notre comité a été autorisé à examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada. L'automne dernier, plusieurs experts nous ont donné un aperçu de la pauvreté rurale au Canada. En nous basant sur ces témoignages, nous avons rédigé un rapport intérimaire qui est paru en décembre et qui, à tous les égards, a vraiment fait impression. Nous sommes actuellement dans la deuxième phase de notre étude, au cours de laquelle nous allons à la rencontre des résidents des régions rurales. Nous avons le plaisir de signaler que nous sommes allés dans toutes les provinces. Au cours de nos déplacements, nous avons rencontré des groupes de Canadiens vraiment intéressants et très différents, qui nous ont accueillis à bras ouverts dans leurs collectivités et, parfois même, dans leurs foyers.

Toutefois, le comité a encore du pain sur la planche. Il nous reste à aller visiter des collectivités rurales du nord de l'Ontario et du Québec. Le comité tiendra des réunions à Kapuskasing, en Ontario, vendredi. Nous voulons encore entendre le plus grand nombre possible de témoignages. Nous irons dans le nord, dans les trois territoires. Il s'agit d'une étude rurale, et pas seulement d'une étude agricole. En bref, nous devons nous assurer que nous faisons bien notre travail et que nous comprenons les racines mêmes de la pauvreté rurale. C'est pourquoi nous invitons encore des personnes à venir témoigner à Ottawa.

Ce soir, notre premier témoin est Raymond Pong, directeur de recherche du Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord. Sociologue de formation, M. Pong a travaillé pendant de nombreuses années à la fonction publique et il a une expérience universitaire en matière de recherche, de planification et de politiques dans les services de santé.

Raymond Pong, directeur de recherche, Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du Nord, Université Laurentienne, à titre personnel : Honorables sénateurs, avant de commencer mon exposé, j'aimerais dire combien je suis heureux d'avoir été invité. Vous faites un travail important et difficile, et j'en suis conscient.

Je voudrais d'abord me présenter brièvement. Je suis directeur de recherche du Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord à l'Université Laurentienne. C'est l'un des rares centres de recherche au Canada qui se consacre à la recherche en santé. Le nôtre est probablement un des trois ou quatre centres de cette nature. Ce soir, je présente mes opinions personnelles et pas nécessairement celles du centre de recherche. Je ferai toutefois de nombreux commentaires fondés sur ma propre recherche et sur celle de mes collègues.

Cette présentation met l'accent sur un aspect : la santé. J'ai lu attentivement votre rapport intérimaire, et je comprends que votre comité a la responsabilité d'examiner la pauvreté rurale sous tous ses aspects. Je ne suis pas capable de faire des commentaires sur tous les aspects et, par conséquent, les miens seront principalement axés sur un thème, la santé rurale, domaine qui m'intéresse et dans lequel je m'y connais assez bien. Je suis également conscient que la santé est une question importante pour les habitants des régions rurales, surtout pour ceux qui vivent dans la pauvreté.

J'ai remis un mémoire écrit et, par conséquent, je ne ferai pas un exposé très détaillé. J'examinerai quelques diapositives avec vous, puis je vous laisserai le temps de poser des questions auxquelles j'espère être en mesure de répondre.

Premièrement, j'aimerais faire des observations sur ce que nous savons sur la pauvreté rurale et la santé. En tant que chercheur, je veux m'en tenir à ce que la recherche nous dit au lieu de me baser uniquement sur mes opinions personnelles. Je me rends compte qu'il est parfois nécessaire d'aller au-delà des preuves scientifiques parce que, dans certains domaines, elles sont très rares. Je vous dirai de quoi il s'agit.

Sur cette diapositive, j'utilise trois cercles. Le cercle vert représente les connaissances sur la vie rurale, le cercle rouge les connaissances sur la pauvreté et le cercle bleu les connaissances sur la santé. Il est probable que des dizaines de millions d'études ont été faites sur la santé; nos connaissances sont donc assez nombreuses dans ce domaine.

Vous remarquerez qu'il y a des intersections des trois cercles. On constate par exemple une intersection du cercle concernant la vie rurale et de celui concernant la pauvreté. Les zones d'intersection de deux cercles sont marquées « A », « B » et « C ». « A » représente les connaissances sur la vie rurale et la pauvreté; « B » représente les connaissances sur la pauvreté et sur la santé; « C » représente les connaissances sur la vie rurale et sur la santé. Comme vous le savez probablement maintenant, nous avons certaines connaissances sur la vie rurale et sur la pauvreté. Nous en avons également sur la pauvreté et sur la santé. J'espère pouvoir faire ce soir davantage de commentaires sur la vie rurale et sur la santé.

La zone de chevauchement des trois cercles est un domaine qu'on connaît très peu jusqu'à présent. Un examen de la documentation existante pour trouver ce que nous savons au sujet de la pauvreté rurale et de la santé au Canada ne m'a permis de trouver que quelques articles dans ce domaine. C'est pourquoi c'est un domaine sur lequel je voudrais faire des commentaires.

Compte tenu du fait que rien n'a été publié sur la pauvreté rurale et sur la santé, que pourrais-je vous dire à ce sujet? Je signalerai les connaissances que nous avons sur la vie rurale et la pauvreté, sur la pauvreté et la santé, puis sur la vie rurale et la santé. Je ferai ensuite quelques extrapolations sur la base des connaissances que nous avons. C'est pourquoi vous voyez les trois flèches. Elles représentent des hypothèses ou des extrapolations fondées sur les connaissances acquises jusqu'à présent. Je parle d'hypothèses car il s'agit de suppositions et non pas de preuves scientifiques. Ces suppositions pourraient être traitées comme des hypothèses pour pouvoir trouver des preuves qui les confirment ou les réfutent.

Premièrement, il y a la vie rurale et la pauvreté. Vous avez déjà fait beaucoup de travail dans ce domaine et, par conséquent, il n'est pas nécessaire que je fasse de nombreux commentaires à ce sujet. J'ai lu votre rapport intérimaire. Les informations que je donne dans cette section sont déjà connues de vous.

Nous savons tous que les revenu ont tendance à être moins élevés dans les régions rurales que dans les autres régions du Canada. De nombreuses études l'ont révélé. C'est un fait connu. L'écart entre les régions rurales et les régions urbaines du Canada en matière de revenus s'est toutefois accentué au cours des deux dernières décennies. Comme je l'ai signalé, la plupart des études citées sont mentionnées dans mon mémoire et, par conséquent, je ne les examinerai pas individuellement.

Selon la définition de la pauvreté choisie, la proportion de pauvres est plus élevée ou moins élevée en milieu rural que dans les autres régions. Si on applique par exemple la définition basée sur le seuil de faible revenu, le pourcentage de pauvres est moins élevé en milieu rural qu'en milieu urbain. Cependant, si l'on se base sur la MFR ou mesure du faible revenu, la proportion de pauvres est un peu plus élevée au Canada rural que dans les régions urbaines. Ce qui est toutefois important et intéressant, c'est que, bien que le pourcentage de pauvres soit plus élevé au Canada rural, les revenus sont répartis de façon plus uniforme, quoiqu'ils soient moins élevés. Ce sont là tous les commentaires que je voulais faire au sujet de la vie rurale et de la pauvreté.

Deuxièmement, je voudrais faire quelques observations sur la pauvreté et sur la santé. Il y a deux points de vue principaux sur l'incidence que peut avoir un faible revenu sur la santé. L'un est ce que les chercheurs appellent généralement l'hypothèse du manque absolu, selon laquelle le fait d'avoir un très faible revenu entraîne une mauvaise santé. L'autre est l'hypothèse de la position relative qui indique que même si l'on ne vit pas dans un état de pauvreté extrême, la position à un échelon très bas de la hiérarchie socioéconomique entraînera probablement une mauvaise santé. Dans mon exposé, je ne tenterai pas de confirmer ou de réfuter ces arguments. Je me contente de les signaler à titre d'information. De nombreuses études indiquent que les personnes ayant un faible revenu ou ayant une position inférieure dans la hiérarchie économique sont en moins bonne santé.

La pauvreté existe rarement seule. Elle fait partie le plus souvent d'un syndrome de difficultés comme l'itinérance, l'analphabétisme, un faible niveau d'instruction, l'insécurité alimentaire, et cetera. La santé est associée à toute une série de facteurs qui contribuent à la mauvaise santé sous une forme ou une autre.

Je voudrais faire quelques commentaires au sujet des régions rurales et de la santé. Nous savons tous que l'état de santé des Canadiens vivant en milieu rural est moins bon que celui des autres Canadiens et qu'ils ont un fardeau pathologique plus lourd. J'ai emprunté sans permission un tableau du rapport Romanow qui a été publié en 2002. Dans le chapitre sur la santé rurale se trouve un tableau qui contient plusieurs indicateurs de l'état de santé, notamment l'espérance de vie à la naissance, le taux de mortalité infantile et la mortalité totale. On y examine la situation dans les régions sanitaires du Canada qui sont réparties en régions à prédominance urbaine, en régions intermédiaires et en régions à prédominance rurale. Les résultats qui figurent dans ce tableau indiquent que, peu importe la définition utilisée, les personnes vivant dans les régions rurales ont tendance à être en moins bonne santé que les autres personnes.

Notre Centre de recherche a fait une étude intitulée Comment se portent les Canadiens vivant en milieu rural? Une évaluation de leur état de santé et des déterminants de la santé. L'étude a été faite par notre centre de recherche avec l'Agence de la santé publique du Canada et plusieurs autres centres de recherche du pays; elle a été publiée à la fin de l'année dernière par l'Institut canadien d'information sur la santé, l'ICIS. Au début du mois, le Dr David Butler-Jones a également fait référence à cette étude, car son agence et notre centre de recherche l'ont menée conjointement.

À la suite de notre étude, nous savons que chez les résidents ruraux, les taux de morbidité sont plus élevés, l'espérance de vie est plus courte et les taux de mortalité sont plus hauts à la suite de maladies cardiovasculaires, du diabète, de blessures, de suicides, et cetera. Ce qui est le plus troublant, c'est que l'état de santé se dégrade d'autant plus que le caractère rural de la région est prononcé. En d'autres termes, l'état de santé est inversement proportionnel à la ruralité.

Je voudrais utiliser deux graphiques de l'étude pour montrer de quoi il s'agit. Dans cette figure, il est question de l'espérance de vie à la naissance selon le sexe. Il n'y a aucune différence en ce qui concerne les femmes, peu importe la région. Qu'il s'agisse de régions métropolitaines ou des régions les plus rurales, l'espérance de vie des femmes est plus ou moins semblable. Elle diminue cependant en ce qui concerne les hommes. Fait intéressant, l'espérance de vie est un peu plus grande dans les régions à caractère rural prononcé que dans les régions urbaines mais, après cela, elle ne cesse de diminuer.

Cette figure-ci donne plusieurs autres indications comme les taux de mortalité pour toutes les causes de décès, la mortalité associée aux maladies circulatoires et la mortalité associée à des blessures et à l'empoisonnement. Dans ce cas également, à quelques exceptions près, l'état de santé est d'autant plus mauvais que le caractère rural de la région est prononcé. En ce qui concerne les blessures et l'empoisonnement, par exemple, dans les grandes régions métropolitaines, le taux de mortalité par 100 000 personnes est de 43 alors que dans les régions les plus rurales ou les plus éloignées, il est plus du double, soit 97,1.

Non seulement les habitants des régions rurales ont-ils un état de santé différent de celui de leurs compatriotes urbains, mais ils utilisent en outre les services de santé de façon différente. Toujours d'après les résultats de notre étude, nous savons que les résidents ruraux ont des habitudes différentes en ce qui concerne l'utilisation des services de santé. Un plus grand nombre de résidents ruraux que de résidents urbains n'ont pas vu de médecin de famille depuis 12 mois. Les résidents ruraux voient également moins souvent des spécialistes. Ils sont cependant davantage susceptibles de voir une infirmière. C'est parce que, dans les régions très éloignées, les infirmières sont probablement les seuls professionnels de la santé disponibles localement.

Fait étonnant, les taux d'hospitalisation sont beaucoup plus élevés chez les Canadiens vivant en milieu rural; en outre, ces taux augmentent avec la ruralité. Autrement dit, plus le caractère rural de la région dans laquelle on vit est prononcé et plus on a de chances d'être hospitalisé. Cependant, les séjours à l'hôpital des résidents ruraux sont de plus courte durée. S'ils sont hospitalisés, ils sortent de l'hôpital plus rapidement que leurs concitoyens des centres urbains. Par ailleurs, les Canadiens ruraux sont davantage susceptibles de recevoir des soins dans les services des urgences des hôpitaux ou dans des services de consultations externes.

Le mémoire contient quelques informations indiquant que les Canadiens vivant en milieu rural utilisent les services de santé d'une autre façon que leurs concitoyens des régions urbaines. Nous savons tous que cette utilisation différente est associée dans une large mesure à la mauvaise répartition des ressources de soins de santé, y compris des ressources humaines. Une étude que j'ai faite, intitulée Geographic Distribution of Physicians in Canada : Beyond How Many and Where, qui a été publiée il y a deux ans seulement, a révélé qu'en 2004, moins de 10 p. 100 des médecins étaient établis en milieu rural alors qu'environ 22 p. 100 des Canadiens y vivent; 16 p. 100 des médecins de famille mais environ seulement 2,6 p. 100 des spécialistes étaient établis dans des régions rurales du Canada.

Nous constatons la même répartition inégale en ce qui concerne les autres professionnels en soins de santé. Les infirmières auxiliaires autorisées représentent probablement la seule exception; leur pourcentage est plus élevé au Canada rural que dans les autres régions. Les autres professionnels, depuis les infirmières autorisées et les techniciens de laboratoire médical jusqu'aux physiothérapeutes et ergothérapeutes, sont représentés dans des proportions moindres dans la population rurale que dans la population urbaine.

Après avoir donné quelques informations sur les régions rurales et la pauvreté, sur la pauvreté et la santé et sur les régions rurales et la santé, quels types de commentaires pourrais-je faire au sujet de la pauvreté rurale et la santé? Comme je l'ai déjà signalé, les observations qui suivent sont fondées sur des hypothèses ou des suppositions qui devront encore être confirmées par les chercheurs.

Bien que le fait de vivre dans la pauvreté ne favorise pas la santé, quel que soit le lieu de résidence, j'estime que les pauvres qui vivent en milieu rural au Canada sont très désavantagés par rapport aux autres, ne fût-ce qu'en raison de la mauvaise répartition des services de santé et des longues distances à parcourir pour avoir accès aux soins.

Le Canada a adopté un système universel en matière de soins de santé, l'assurance-maladie. Nous savons tous que l'assurance-maladie devrait s'assurer que tous les Canadiens aient accès aux services médicaux et hospitaliers dont ils ont besoin, qu'ils aient ou non les moyens de payer. Cependant, si certains services ne sont pas disponibles localement ou s'ils sont situés dans un lieu éloigné, les Canadiens ruraux, surtout ceux qui vivent dans la pauvreté, seront désavantagés. J'émettrais en outre l'hypothèse que l'accès aux services non couverts par notre régime d'assurance- maladie — en d'autres termes, ceux qui ne sont pas considérés comme des services hospitaliers et médicaux essentiels — sera encore plus difficile pour les résidents des régions rurales, en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté, pour la simple raison qu'ils ne sont pas disponibles localement ou qu'ils sont offerts dans un lieu éloigné et qu'en outre l'accès en est trop coûteux pour de nombreux pauvres.

J'estime en outre qu'il serait peut-être nécessaire d'établir des programmes spéciaux pour les pauvres des régions rurales. Dans presque toutes les provinces et tous les territoires, les services de santé ont établi des programmes et stratégies spéciaux pour que les résidents ruraux aient accès aux soins médicaux hospitaliers fondamentaux et essentiels. En Ontario, on a établi le Programme de services aux régions insuffisamment desservies. Cependant, la plupart des programmes de ce type sont de nature générique, car ils ciblent la population des régions rurales en général et pas spécifiquement les pauvres. Il sera peut-être nécessaire, dans certains cas, que le gouvernement et le pays élaborent des programmes spéciaux axés sur les pauvres des régions rurales.

Bien qu'il y ait beaucoup plus de pauvres dans les régions urbaines, ceux-ci sont plus concentrés géographiquement alors que dans les régions rurales, comme vous l'avez d'ailleurs fait remarquer dans votre rapport intérimaire, les pauvres sont à peu près invisibles. Leurs problèmes ne recevront peut-être pas toute l'attention qu'il faudrait de la part des fonctionnaires et des politiciens. Des programmes spéciaux seraient peut-être nécessaires pour les pauvres des régions rurales, mais il serait peut-être encore plus difficile d'en élaborer pour ceux qui ont des problèmes de santé.

Je ne veux pas être trop pessimiste, mais je dois être honnête. Nous estimons que les difficultés sont grandes pour les habitants des régions rurales et en particulier les pauvres, mais le pire reste à venir. Le Canada s'urbanise de façon constante. Au cours des dernières décennies, les régions rurales se sont dépeuplées, et cette tendance devrait se poursuivre, à moins qu'on apporte des changements majeurs sur le plan des politiques. Actuellement, 21 p. 100 de la population du Canada est rurale. Je présume que, dans une dizaine d'années, la population rurale ne représentera plus que 19 ou 18 p. 100 de la population totale. Quand le nombre d'habitants diminue dans les régions rurales et que la population est plus dispersée, les soins de santé et les autres services sont encore plus difficiles à fournir. Quand le Canada rural aura encore moins d'influence politique, le nombre de personnes prêtes à défendre ses intérêts diminuera. C'est la raison pour laquelle le pire reste à venir.

Il n'existe pas de remède magique qui permettrait de régler le problème de la pauvreté rurale ou du mauvais état de santé des pauvres des régions rurales. Il est essentiel d'adopter plusieurs approches. L'étude que nous avons faite avec l'Agence de la santé publique du Canada a révélé que le mauvais état de santé est dû à de nombreux facteurs. Il n'est pas dû uniquement au fait de vivre en milieu rural, à un degré d'instruction inférieur ou à un faible revenu; il est plutôt associé à toute une série de facteurs. Il est essentiel de s'attaquer au problème en adoptant un point de vue multidimensionnel.

La présidente : Merci beaucoup. Nous apprécions votre présence, monsieur Pong. Nous devrons examiner la question pendant que nous poursuivons nos déplacements. Il est important d'entendre les commentaires d'une personne qui a consacré tout ce temps à ce sujet, avec les compétences et les connaissances que vous avez dans ce domaine.

Les sénateurs Gustafson et Peterson sont originaires de la Saskatchewan et le sénateur Mahovlich est originaire de l'Ontario. Mon autre collègue est du Manitoba. Je suis certaine qu'ils sont impatients de discuter avec vous ce soir.

Le sénateur Peterson : Votre recherche a-t-elle été faite intégralement dans la région de Sudbury?

M. Pong : Non. Le Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord est situé à Sudbury, mais notre recherche ne se limite pas à Sudbury ou au nord de l'Ontario. L'étude à laquelle j'ai fait référence est de portée nationale.

Le sénateur Peterson : Elle est donc pertinente pour l'ensemble du pays.

M. Pong : Oui.

Le sénateur Peterson : Ça représente beaucoup d'informations; vous avez en outre identifié les problèmes. Les pauvres des régions rurales ne sont pas en bonne santé; ils ne mangent pas bien et n'ont pas tendance à voir un médecin avant d'avoir de très gros problèmes, étant donné qu'aucun médecin n'est disponible localement. Ils doivent parcourir de longues distances. Lorsqu'une personne qui a parcouru une centaine de kilomètres pour se faire faire une opération au genou apprend, en arrivant à l'hôpital, qu'on ne peut pas l'opérer parce qu'un cas plus grave s'est présenté entre- temps, on peut dire, après deux ou trois tentatives semblables, que cette personne n'a pas accès à ce type d'opération.

Qu'advient-il? Qui obtient cette information? Comment réagissons-nous à ce genre de situation? Quelle serait votre recommandation?

M. Pong : Comme je l'ai déjà signalé, c'est un des problèmes auxquels il n'y a pas de solution simple. En fait, il n'y en a pas pour la plupart des problèmes de santé. Il est essentiel d'agir au niveau des déterminants sociaux, économiques et écologiques de la santé et au niveau des coûts. La pauvreté est un de ces déterminants. C'est ce que les chercheurs appellent les causes en amont de la bonne santé. La question du mauvais état de santé des habitants des régions rurales ne sera pas réglée si l'on ne s'attaque pas à certains de ces problèmes. Je me rends toutefois compte que c'est plus facile à dire qu'à faire. Même si nous trouvons les solutions appropriées, il faudra des années, voire des décennies, pour régler ces problèmes.

Entre-temps, il est également essentiel de porter une certaine attention à une répartition plus équitable des services et des ressources de santé. Certaines études révèlent qu'une intervention médicale à temps peut faire baisser la mortalité due à des maladies graves comme les maladies cardiovasculaires. Il est essentiel d'aborder le problème des deux côtés à la fois et de points de vue multiples.

Le sénateur Gustafson : Vous n'avez pas abordé le problème de la toxicomanie et de la consommation abusive de substances psychoactives. Y a-t-il un écart prononcé entre les résidents ruraux et urbains dans ce domaine ou est-ce la même chose?

M. Pong : Pour être honnête, sénateur, c'est une question à laquelle je suis incapable de répondre, car je n'ai pas fait de recherche du tout dans ce domaine. Je ne sais pas si la toxicomanie est plus grave ou moins grave dans les régions rurales. Nous savons que la consommation d'alcool y est plus élevée que dans les régions urbaines et que c'est également le cas en matière de tabagisme. Nous ne sommes toutefois pas en mesure de vous donner cette information en ce qui concerne les drogues dures.

Le sénateur Gustafson : Vous avez dit que le pire restait à venir. Est-ce parce que les populations rurales sont en baisse et que les résidents ruraux doivent faire de plus longs déplacements pour recevoir des soins et des services?

M. Pong : Mon hypothèse à cet égard est surtout basée sur des prévisions démographiques. La population rurale continuera de diminuer; nous ne savons pas si la baisse sera plus rapide ou plus lente que maintenant, mais nous savons que la tendance se poursuivra. Quand il y aura moins d'habitants dans les régions rurales, les services seront naturellement encore plus rares et l'accès plus difficile. On fermera encore certainement des hôpitaux. Les services seront de plus en plus situés dans les grands centres régionaux; l'accès sera donc encore plus problématique.

D'après les prévisions concernant les effectifs de la santé, le problème s'aggrave encore. Vous avez probablement entendu parler de la pénurie actuelle de médecins. La façon de déterminer qu'il y a pénurie est discutable, mais la plupart des personnes vous diront qu'il y a pénurie de médecins et que les chances que ça s'arrange au cours des prochaines années sont minces. La pénurie ne touche pas uniquement les médecins, mais aussi les infirmières, dont un grand nombre prendront leur retraite et ne seront pas remplacées. On prévoit une diminution du nombre de dispensateurs de soins de santé — médecins, infirmières, physiothérapeutes, et cetera. L'accès aux soins en souffrira. C'est une autre raison pour laquelle je pense que le pire reste à venir.

Le sénateur Gustafson : Le problème ne se situe apparemment pas au niveau financier. Un pourcentage élevé de gouvernements, aux deux paliers, financent les soins de santé, mais il semblerait que ça ne règle pas le problème.

M. Pong : Je pense également qu'au Canada, nous faisons des dépenses assez considérables dans le domaine des soins de santé; nous y consacrons 9,5 p. 100 de notre PIB. Nous nous appliquons à former davantage de médecins et d'infirmières mais, comme nous le savons tous, la plupart des médecins ont tendance à préférer travailler dans les grands centres urbains. On a de la difficulté à attirer des médecins dans les petites collectivités rurales. Je devrais dire cependant que malgré ça, la situation n'est pas totalement désespérée. Nous savons qu'il existe des façons plus efficaces d'encourager les médecins à aller travailler dans les régions rurales. Une des méthodes les plus efficaces, à en juger d'après les études qui ont été faites à ce sujet, consiste à former des médecins dans les petites collectivités rurales et du Nord. Je suis heureux de signaler qu'il y a deux ans, l'Université Laurentienne et l'Université Lakehead ont ouvert une toute nouvelle école de médecine appelée l'École de médecine du Nord de l'Ontario. C'est la première école de médecine construite au Canada depuis environ 35 ans. C'est une école relativement petite qui n'accueille que 56 étudiants par an, mais elle est entièrement axée sur la formation de médecins au travail dans des régions rurales du Nord et des régions isolées. Il reste encore à voir si les diplômés de cette école s'établiront effectivement dans ce type d'endroits, car personne ne peut les contraindre à aller s'établir dans des endroits précis. Le principe est que, si l'on forme des médecins, des infirmières et d'autres travailleurs en soins de santé dans des régions rurales et du Nord, les chances qu'ils travaillent dans ces régions seront plus grandes. C'est ce que révèle constamment la recherche.

Le sénateur Gustafson : Notre appui socioéconomique en matière de santé est parfois mis en doute. J'habite exactement sur la frontière entre les États-Unis et le Canada et certaines personnes de ma région doivent se rendre à Minot, au Dakota du Nord, pour obtenir des services rapides. Je ne sais pas pourquoi, mais prend-on les choses à la légère dans notre système de soins de santé?

M. Pong : Je ne dirais pas ça. En fait, le système de santé du Canada est probablement un des meilleurs au monde. Il est toutefois indéniable qu'il y a des listes d'attente, ce qui pose un problème que tous les gouvernements et tous les ministères de la santé tentent de régler. Comme tout le reste, les soins de santé sont une ressource rare et la rareté d'une ressource génère un problème de répartition. Celle-ci est faite selon les moyens financiers ou l'ordre d'arrivée. D'une façon générale, le Canada a décidé de se baser sur la gravité du cas. Si vous avez une crise cardiaque, vous aurez la priorité sur une personne qui a besoin d'une arthroplastie totale du genou : une faiblesse au genou est douloureuse et malcommode, mais on n'en meurt pas. Le Canada a décidé d'affecter ses ressources selon les besoins, dans une certaine mesure, plutôt qu'en fonction du revenu ou de la capacité de payer. Des listes d'attente sont inévitables. Nous espérons toutefois qu'elles seront aussi courtes que possible.

Le sénateur Gustafson : Cet exemple n'est peut-être pas équitable, mais nous avons eu deux jeunes joueurs de hockey qui se sont cassé le bras. Le garçon de Minot, au Dakota du Nord, a été traité rapidement à l'hôpital et renvoyé chez lui. Le garçon de Regina a dû attendre toute la fin de semaine pour se faire soigner le bras, bien que Regina soit une plus grosse ville que Minot. C'est un cas, mais peut-être pas si isolé que cela.

M. Pong : Je suis d'accord avec ce que vous dites.

Le sénateur Mahovlich : Je suis né à Timmins, en Ontario; nous étions pauvres, mais nous ne nous en rendions pas compte. Nous avions des visites de médecins à domicile et, par conséquent, aucun problème d'attente ne se posait. Je ne pense pas que la population de la ville ait beaucoup diminué, car les mines ont été remplacées par d'autres entreprises. À la fermeture des mines, la ville a attiré d'autres types d'industries et, par conséquent, l'activité n'a pas cessé. On a toutefois fermé l'école secondaire à Schumacher, près de Timmins; de ce fait, cette localité n'est pas un endroit où les perspectives d'un déménagement soient très intéressantes pour une famille. Si une famille allait s'établir à Schumacher, les enfants devraient prendre l'autobus pour venir à l'école à Timmins. Ferme-t-on également des écoles et des hôpitaux dans d'autres villes rurales?

M. Pong : J'ai effectivement entendu parler de fermetures d'écoles non seulement dans de petites, mais aussi dans de grandes villes, y compris à Sudbury. Plusieurs hôpitaux ont été fermés également. Les fermetures d'hôpitaux diffèrent d'une province à l'autre. En Saskatchewan, de nombreux hôpitaux ruraux ont été fermés alors qu'en Ontario, très peu l'ont été, quoique certains hôpitaux aient été fusionnés. Le Nord de l'Ontario abrite 8 p. 100 de la population de la province, mais 25 p. 100 du nombre d'hôpitaux, quoique la plupart d'entre eux soient très petits. Les fermetures d'hôpitaux dépendent des politiques provinciales.

À Timmins, bien que certaines écoles aient pu être fermées, il y a le Shania Twain Centre.

Le sénateur Mahovlich : Ça aide également.

Le sénateur Chaput : On pensait autrefois que la vie était plus saine dans les régions rurales que dans les régions urbaines. Comment se fait-il que cela ait changé? Les habitants des régions rurales ne sont plus en aussi bonne santé, par exemple. Quand avons-nous fait fausse route? Les salaires plus bas ne sont peut-être pas le problème capital, si le coût de la vie y est moins élevé.

Je suis originaire d'une région rurale. Il est essentiel de maintenir les services de santé, quoique à un niveau différent. Vous avez signalé que le nombre d'infirmières auxiliaires autorisées avait augmenté. Elles permettent de maintenir les cliniques ouvertes. Les services de santé peuvent être fournis d'une façon différente.

Après avoir entendu les commentaires du sénateur Mahovlich au sujet des écoles, n'est-ce peut-être pas dû à un manque d'infrastructures? Au Canada, on devrait peut-être envisager des modes différents de prestation des services dans les régions rurales. Qu'en pensez-vous?

M. Pong : Vous avez posé une question très importante. En fait, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé indique que vous avez raison. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les Européens vivant dans les régions rurales, surtout en Angleterre ou en Scandinavie, étaient en meilleure santé que les habitants des centres urbains. Vous trouverez de l'information sur la santé urbaine de l'époque dans les romans de Charles Dickens.

La situation a changé au XXe siècle. Je ne connais pas les causes de ce changement. Il est possible que les populations rurales soient victimes de leur propre réussite. Autrefois, un grand nombre de travailleurs étaient nécessaires dans les exploitations agricoles, dans les exploitations minières, dans l'exploitation forestière et dans la pêche. Maintenant, tout est mécanisé.

Sudbury est une ville minière. On m'a dit qu'il y a 30 ou 40 ans, une très forte proportion de la main-d'œuvre étaient employée par deux sociétés, Inco et Falconbridge. Ces sociétés sont maintenant beaucoup plus productives. Elles produisent davantage de nickel mais engagent moins de personnel. La situation est semblable en foresterie et en agriculture.

La productivité de l'industrie de l'exploitation des ressources naturelles a atteint un niveau tel qu'elle n'a plus besoin de travailleurs. Le nombre d'agriculteurs, d'ouvriers forestiers et de mineurs a diminué. Des collectivités comme Timmins et Sudbury peuvent diversifier leurs activités et prospérer.

Elliot Lake, dont l'économie était entièrement fondée sur l'extraction de l'uranium, a pratiquement disparu du jour au lendemain lorsqu'une société minière d'uranium a décidé que ce type d'exploitation n'était plus rentable dans la région. Hydro Ontario a plutôt acheté de l'uranium à la Saskatchewan parce que sa production y est beaucoup moins coûteuse. Elliot Lake a toutefois refusé de disparaître. De nombreuses maisons ont été abandonnées par les sociétés minières. Les habitants ont décidé de les transformer en maisons de retraite et ont fait de la promotion basée sur l'attrait d'Elliot Lake en tant que collectivité idéale pour les retraités. Elliot Lake existe toujours. Cette ville n'est probablement pas aussi prospère que lorsque c'était une ville minière, mais elle n'est pas devenue une ville fantôme.

L'évolution économique et technologique est responsable en grande partie de la transformation de l'économie rurale. Que ce soit bénéfique ou non dépend du point de vue qu'on adopte.

Le sénateur Mahovlich : Dans les environs de Kitchener, il y a des Shakers qui conservent leurs traditions. Ils gardent leurs chevaux au lieu d'acheter des automobiles et fabriquent leurs meubles eux-mêmes.

M. Pong : Je ne pense pas que beaucoup de Canadiens soient encore disposés à se déplacer en buggy.

Le sénateur Chaput : Comment la situation peut-elle encore empirer?

M. Pong : Mon hypothèse selon laquelle le pire reste à venir est surtout fondée sur la tendance démographique au Canada rural. Comme je l'ai signalé, quand la population diminue, l'influence politique diminue également. La fourniture des services est plus complexe dans un pays très étendu comme le Canada, où la population est dispersée.

Dans le nord de l'Ontario, certaines localités ne sont pas reliées au réseau routier. Il faut prendre l'avion pour y avoir accès ou attendre l'hiver, que tout gèle, pour que les camions puissent rouler sur les lacs ou sur les cours d'eau. La fourniture de services à ces localités est très complexe et très coûteuse. Quand la population diminuera au Canada rural, ce problème sera amplifié.

Le sénateur Peterson : Pensez-vous que nous serions mieux servis s'il y avait dans les régions rurales davantage d'infirmières autorisées pour seconder un médecin? Elles permettraient certainement de s'occuper d'un plus grand nombre de patients. De nombreux patients n'ont pas besoin d'un chirurgien.

M. Pong : C'est en fait la tendance actuelle. La plupart des provinces font des essais de réforme des soins primaires. Le but est d'encourager les dispensateurs de soins de santé à travailler en équipe avec des médecins, des infirmières autorisées, des infirmières auxiliaires et, parfois, des diététiciens et des travailleurs sociaux.

Il est exact que certaines des tâches que les médecins accomplissent peuvent probablement être faites par des infirmières. Nous avons certainement besoin d'un plus grand nombre d'infirmières au Canada rural.

Le sénateur Gustafson : Il me semble que la principale différence entre les centres urbains et les régions rurales est que les centres urbains ont accès aux technologies scientifiques de pointe. On n'y a pas accès dans les régions rurales. Ces technologies peuvent être à une centaine de kilomètres de l'endroit où l'on se trouve; les déplacements posent par conséquent des problèmes.

M. Pong : Cela dépend de ce que vous entendez par technologies de pointe. Les régions rurales peuvent vaincre certaines de ces difficultés grâce aux progrès de l'informatique. Nous savons tous que le Canada a été créé grâce au chemin de fer. Nous avons édifié le CN et le CP pour relier les différentes localités du Canada, et nous avons construit la Transcanadienne et de nombreuses autres routes pour relier entre elles les différentes régions de notre immense pays.

Je pense que l'autoroute de l'information pourrait aider le Canada rural à l'avenir. On peut faire beaucoup de tâches très techniques en étant installé à Kapuskasing, par exemple. J'ai travaillé pour l'Organisation mondiale de la santé, mais je ne suis jamais allé à Genève. L'OMS m'a envoyé un courriel dans lequel elle me demandait de faire un certain travail et je travaille de chez moi, à Sudbury, et envoie les résultats à Genève.

Si c'est possible, je ne vois pas pourquoi une grande partie du travail de col blanc de haut niveau ne pourrait pas être fait dans les régions rurales. Il n'est pas indispensable que nous soyons tous établis dans le centre de Toronto, de Montréal ou de Vancouver pour faire ce travail. Dans le passé, on habitait en région rurale parce que c'était là qu'on gagnait sa vie. À l'avenir, on vivra dans des régions rurales par choix, et non pas par nécessité.

Certaines personnes préfèrent un milieu rural parce qu'on y est plus proche de la nature, que c'est plus tranquille, que la vie y est moins agitée et qu'on n'a pas à perdre une heure et demie par jour en déplacement. C'est possible grâce à l'informatique. Je suggère que le Canada utilise l'autoroute de l'information pour relier le Canada urbain et le Canada rural, comme nous avons relié tout le pays avec le chemin de fer et le réseau routier.

Le sénateur Gustafson : Le Canadien Pacifique a fait, il y a quelques années, une étude sur les employés de bureau et sur les ouvriers travaillant sur le réseau ferroviaire. On a constaté que les ouvriers travaillant sur le réseau ferroviaire vivaient en moyenne sept années de plus que les employés de bureau. Actuellement, la tendance est inversée. Les exploitations agricoles deviennent plus grosses, mais l'agriculteur reste assis sur un tracteur 16 heures par jour et il ne fait pas beaucoup d'exercice. Il reste là sans bouger toute la sainte journée et est épuisé le soir. Je parle par expérience.

Mon voisin a dix ans de moins que moi et il dit que ses genoux lui jouent des tours. Il est resté assis sur son tracteur pendant un mois. On reste assis sans bouger.

M. Pong : Je suis certain que vous savez déjà que certaines des professions les plus dangereuses au pays sont des professions typiquement rurales, à savoir l'agriculture, l'exploitation forestière, l'exploitation minière et la pêche. Non seulement un plus grand nombre de personnes perdent la vie accidentellement parce qu'elles font de l'exploitation agricole, de l'exploitation forestière ou de l'exploitation minière, mais elles sont en outre exposées à des risques pour la santé dans leur travail.

Comme vous l'avez signalé tout à l'heure, les gens continuent malheureusement de considérer les régions rurales comme des régions idylliques et vierges. Même à ce chapitre, les régions rurales sont confrontées à de très grands défis. Il n'est pas nécessaire que je vous rappelle qu'au cours des dernières années, les deux grandes catastrophes publiques pour la santé au Canada sont survenues dans des régions rurales, à Walkerton, dans le sud de l'Ontario, et à North Battleford, en Saskatchewan. Le Canada rural n'est pas aussi vierge que nous le pensons. Il est essentiel de s'attaquer à ces problèmes.

Le sénateur Gustafson : C'est en quelque sorte une question politique. Il n'y a pas beaucoup de voix à récolter aux élections dans les régions rurales et, par conséquent, pourquoi se soucierait-on d'elles? On essaie plutôt d'obtenir les voix nécessaires dans les centres urbains. C'est une réalité actuelle. À cause de cette situation, les régions rurales reçoivent peu d'appui du Trésor pour régler ces situations.

M. Pong : Je dois approuver ce que vous dites. Il faudra que le Canada décide quel type de pays il veut devenir. Je sais, après avoir lu des livres d'histoire, que, vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, le Canada a recruté des centaines de milliers, voire des millions d'immigrants de nombreux pays du monde, surtout de pays d'Europe, pour coloniser l'arrière-pays et transformer des aires sauvages en exploitations agricoles.

Si le Canada veut devenir un pays dans lequel il n'y aurait plus que six à huit grands centres urbains et où on laisserait le reste retourner à l'état sauvage, c'est une façon de voir les choses, mais je pense que ce serait un triste scénario.

Le sénateur Gustafson : Le compte à rebours a-t-il déjà commencé à cet égard?

M. Pong : Non, je ne le pense pas. Je ne suis pas aussi pessimiste qu'on pourrait le croire à m'entendre parler, sinon, je ne ferais pas de recherche sur la santé rurale.

La présidente : Le sénateur Gustafson est resté sur son tracteur pendant tout un temps et il nous revient plus en forme que jamais. Une vie à l'abri des villes couvertes de smog présente définitivement des avantages. Le comité veut que les régions rurales prospèrent et qu'elles continuent à faire ce qu'elles font pour le Canada depuis tant d'années. Elles ont été un fondement, et nous voulons qu'elles le restent.

Merci beaucoup pour vos commentaires, monsieur Pong. Nous n'avions pas encore eu de discussion semblable sur des questions de santé et nous l'apprécions beaucoup.

Le deuxième témoin ce soir est M. Paul Carson, directeur du Développement, de Hockey Canada. C'est le bon moment pour lui de se présenter, car tout le pays suit présentement la question avec beaucoup d'intérêt.

Hockey Canada est l'organisme dirigeant national en ce qui concerne le hockey à l'échelle locale. Au cours de nos déplacement à travers le pays, nous avons entendu des commentaires sur l'importance des sports et du hockey, en particulier pour les collectivités rurales.

Nous sommes heureux que M. Carson puisse être avec nous ce soir pour faire des commentaires sur les questions concernant le hockey au Canada rural. Je le dis en toute amitié et en toute fierté : nous sommes également heureux d'avoir parmi nous le sénateur Mahovlich, qui a été non seulement un des plus grands joueurs de hockey du Canada, mais qui a également des racines rurales, dans le nord de l'Ontario. Nous sommes très heureux que vous soyez parmi nous.

Nous disposons d'une heure pour discuter de nombreux sujets avec M. Carson. J'invite mes collègues à poser des questions aussi brèves que possible pour permettre à M. Carson de donner des réponses complètes et pour permettre à toutes les personnes assises autour de cette table de participer à la discussion.

Paul Carson, directeur, Développement, Hockey Canada : Merci beaucoup. J'apprécie l'occasion qui m'est donnée de faire un exposé. Je suis honoré d'avoir la possibilité de présenter, au nom de Hockey Canada, un aperçu des activités sportives pour les jeunes au Canada, et pas seulement le hockey; nous aurons toutefois tendance à faire davantage de commentaires sur le sport qui nous passionne dans le cadre de cet exposé.

Je ne prétends pas représenter toutes les organisations sportives nationales, mais je pense que le message de la plupart de celles qui doivent compter sur des installations serait semblable à celui que je voudrais communiquer aujourd'hui.

Pour toute ma présentation de diapositives concernant la jeunesse dans notre sport, j'ai choisi un arrière-plan qui représente, au centre, des jeunes qui sont allés dans un centre européen pour soutenir leur père qui représentait le Canada à un tournoi, ainsi que des jeunes qui ont participé au tournage d'une vidéo que nous avons produite il y a quelques années; Hockey Canada se considère en effet comme un chef de file en matière de production de documents très appréciés à travers le pays et dans tout le milieu du hockey.

Mon exposé débutera par une brève introduction. Je parlerai de la structure de notre sport, du facteur démographique, dans une certaine mesure, et des installations en général. J'aimerais ensuite examiner certains problèmes que nous avons découverts au cours de nos enquêtes sur les installations, puis faire des commentaires sur les défis qui se posent dans le hockey local. Je pense que cette discussion aboutira d'elle-même aux défis qui se posent en milieu rural au Canada.

Je ferai ensuite des observations sur les orientations futures et sur les stratégies auxquelles participe Hockey Canada en continuant d'élargir la portée de ce sport et tout au moins en s'assurant qu'il sera pour les jeunes de notre pays une plate-forme les incitant à participer à des activités sportives.

La mission de Hockey Canada est de diriger, développer et promouvoir des expériences enrichissantes au hockey. L'opportunité sous-jacente au hockey et dans les sports locaux en général est de développer l'activité physique chez les Canadiens. Il est essentiel de considérer ça comme une priorité et comme un engagement ayant pour objet d'encourager un mode de vie sain et actif chez tous les Canadiens et Canadiennes.

J'ai été professeur d'éducation physique et, avant cela, j'ai participé à ce sport à titre de joueur; par conséquent, je crois fermement qu'un mode de vie actif me permet d'apprécier beaucoup la vie que je mène. J'encourage ce mode de vie dans ma propre famille et dans mon entourage.

Je ne suis pas du genre à dire que le hockey est la voie à suivre, mais je pense qu'étant donné que nous, Canadiens, considérons ce sport comme un aspect très important de notre culture, la plupart des gens ont tendance à l'adopter. Ce ne devrait toutefois pas être la seule occasion. En ce qui me concerne, l'occasion de s'adonner à des activités physiques dans des milieux différents est primordiale.

Hockey Canada croit à une expérience enrichissante au hockey pour tous les participants, dans un milieu sécuritaire où règne l'esprit sportif. En notre qualité d'organisme dirigeant national, nous avons de nombreux rôles.

Notre rôle est de superviser les programmes de haut niveau destinés aux hommes et aux femmes et, même en ce qui concerne les adolescents, nous avons notre programme pour jeunes gens de moins de 17 ans, notre programme national de hockey junior et notre programme pour jeunes filles de moins de 18 ans.

Sur la scène internationale, notre rôle est de soutenir l'évolution du jeu dans de nombreux pays participants. Quelque 64 pays sont membres de la Fédération internationale de hockey sur glace.

En outre, Hockey Canada crée, livre, et, dans certains cas, exporte certains des meilleurs programmes de perfectionnement du monde sportif. C'est en soi un des grands défis de notre sport et certains de nos programmes ont d'ailleurs une meilleure pénétration du marché dans les pays européens qu'au Canada.

M. Pong a mentionné l'autoroute de l'information et nous sommes convaincus qu'il faut y avoir recours, car les ressources et les messages pour soutenir les collectivités rurales doivent être diffusés par toutes les voies disponibles pour nous assurer une pénétration du marché en ce qui concerne les programmes et les ressources destinés à soutenir les collectivités.

Hockey Canada fournit en outre différents autres services à ses membres, y compris la structure qui permet une régie solide, mais surtout un programme d'assurance qui est probablement le meilleur qu'un organisme sportif puisse offrir à ses membres à l'échelle nationale, avec la sécurité nécessaire en cas de blessures ou de difficultés résultant de leur participation au jeu. Ce programme est applicable à tous les niveaux, non seulement à celui du jeu comme tel, mais aussi à celui de l'entraînement, de la supervision et de l'administration du jeu.

Hockey Canada travaille en étroite collaboration avec des organismes sportifs provinciaux et appuie des événements nationaux et régionaux comme la Coupe Allan au niveau senior, la Coupe RBC Banque Royale au niveau Junior et la Coupe TELUS, au niveau midget.

Ces événements sont importants, car ce sont des événements canadiens qui se déroulent dans de petites collectivités où leur réussite est très tributaire de la population rurale. Je vous expliquerai dans quelques minutes à quoi ressemble cette réussite.

En ce qui concerne la passion du hockey, j'ai noté quelques points, mais il y a d'abord le lieu de naissance d'un sport. Le lieu de naissance du hockey fait l'objet de nombreuses discussions au Canada. Certaines personnes prétendent que c'est Windsor, en Nouvelle-Écosse, et que ce pourrait être Montréal ou Halifax, ou encore Kingston. Nous savons que la controverse se poursuivra. Nous arriverons peut-être à régler la question ce soir.

Le hockey fait partie intégrante de la culture canadienne. La passion intense qu'il suscite chez une grosse majorité de Canadiens, jeunes et vieux, est une passion pour un sport auquel nous pouvons participer en qualité de joueurs, d'entraîneurs, d'officiels et d'administrateurs, à tous les niveaux, mais aussi à titre d'amateurs. J'ai constaté que où que j'aille, lorsqu'ils remarquent l'épinglette que je porte à mon revers, les gens veulent parler de leurs équipes favorites. Je dois être politiquement correct et dire que ce soir mon équipe favorite, c'est les Sénateurs d'Ottawa.

L'évolution du système de développement du hockey au Canada a été très particulière en comparaison de plupart des systèmes nord-américains. La grande majorité des systèmes sportifs nord-américains ont pris de l'expansion par le biais du système scolaire. Au Canada, le système du hockey a pris de l'ampleur en toute indépendance du système scolaire. Dans certaines régions, le système scolaire joue un rôle important et je mentionnerai brièvement, dans deux ou trois minutes, les partenariats émergents qui devraient augmenter les possibilités pour le hockey au Canada rural.

En ce qui concerne la structure de Hockey Canada, il est important que vous sachiez que Hockey Canada est dirigé par un conseil d'administration. Ce conseil d'administration est composé de huit dirigeants, à savoir un président du conseil, cinq vice-présidents, un président sortant et le président de Hockey Canada, Bob Nicholson. Avec ce conseil d'administration, tous les organismes sportifs provinciaux sont représentés également. Nous les appelons des divisions membres mais, en Ontario, par exemple, il y en a trois : Hockey Northern Ontario, l'Ottawa and District Hockey Association et la Ontario Hockey Federation. La Ontario Hockey Federation est un organisme important et a, par conséquent, de nombreux partenaires.

Quand nous participons à une assemblée générale annuelle pour Hockey Canada, nous pouvons constater la diversité et la richesse de la culture du hockey à travers le pays, dans les régions rurales et dans les régions urbaines. C'est une expérience très intéressante de discuter du hockey sous sa forme la plus courante. Quoiqu'il puisse y avoir des discussions sur les différences entre le hockey au Canada rural et au Canada urbain, c'est à la base un sport pour lequel les Canadiens se passionnent.

Hockey Canada a en outre quatre bureaux. Je me suis fait accompagner aujourd'hui d'un collègue qui travaille au Centre Air Canada de Toronto. Il représente ce que nous appelons le bureau central régional de Hockey Canada pour l'Ontario. Il est probablement plus proche du hockey rural au Canada que je ne le serai jamais, mais nous avons quatre bureaux de cette nature et nous avons des possibilités de sensibilisation dans le nord du Canada, où nous offrons des programmes aux Autochtones dans toutes ces collectivités du Nord, ainsi que dans le cœur de la plupart des grandes villes canadiennes. Le hockey a eu la chance d'avoir l'appui de Sport Canada par le biais d'un financement ciblé ayant pour objet d'aider les jeunes qui veulent avoir accès au sport, dans des collectivités rurales ou dans des collectivités interurbaines où les ressources financières sont limitées. C'est notre tâche de découvrir ces jeunes et de leur offrir ces possibilités.

Les membres au Canada sont 552 000 joueurs inscrits, hommes et femmes, 103 000 entraîneurs inscrits et 33 000 officiels inscrits. Ces membres sont tous au niveau local. Les diapositives montrent que le hockey est profondément ancré dans la culture de notre société. Vingt pour cent des foyers canadiens, ce qui représente 4,5 millions de Canadiens, participent d'une façon ou d'une autre. Lorsqu'on examine les chiffres annuels au niveau local, près de 1,5 million de parties sont jouées en hockey mineur à travers le pays et il y a 2 millions de séances d'entraînement. De nombreuses personnes sont donc actives dans ce sport.

Environ 400 000 amateurs de hockey ont assisté à des événements de Hockey Canada en 2006-2007, au niveau régional, national et international. Hockey Canada continue de proposer au niveau international des événements qui atteignent des records de participation. La Fédération internationale de hockey sur glace est très heureuse d'organiser annuellement un type d'événement quelconque au Canada, sachant que le hockey est tellement ancré dans notre culture que ce type d'événement est une garantie de réussite. Au niveau régional et national, ces événements se déroulent dans de petites villes canadiennes et appuient les collectivités rurales.

Dans une certaine mesure, la conséquence est que les personnes ont accès à ces événements; cet accès et la motivation que donnent ces événements encouragent les jeunes Canadiens à participer. Notre défi est de nous assurer que nous avons les ressources et les installations nécessaires pour soutenir ces jeunes si nous voulons promouvoir un mode de vie actif.

En ce qui concerne les installations, les arénas continuent d'être le centre d'activité des communautés rurales du Canada, et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ces lieux de rassemblement. Certains défis se posent à différents niveaux en ce qui concerne ces installations, mais je me contenterai d'en citer deux ou trois. Je sais que la conférence des ministres qui doit bientôt se dérouler examinera la question de l'infrastructure associée aux installations récréatives au Canada.

Les coûts de fonctionnement de ces installations, notamment en ce qui concerne l'énergie, sont plus élevés dans les régions rurales. D'une façon générale, le coût de l'énergie diminue à mesure que la taille de la collectivité augmente, notamment en raison de la plus grande efficacité énergétique dans les installations plus récentes. Par conséquent, les coûts de fonctionnement des vieilles installations sont plus élevés. Au Canada, la plupart de nos installations datent de 30 à 35 ans. Les installations qui ont été construites vers la fin des années 1960 avaient une durée de vie prévue de 32 ans et, par conséquent, la durée de vie des installations utilisées dans la plupart de ces communautés est déjà dépassée.

Il est souvent plus rentable sur le plan financier de fermer l'installation que d'envisager de la moderniser pour s'assurer qu'elle soutienne la collectivité. En fin de compte, la fermeture de l'installation désavantage les populations rurales qui doivent faire de plus grands déplacements jusqu'à la périphérie des centres urbains pour avoir accès à des installations pour les programmes et les ressources.

Je ne dis pas qu'il existe une solution facile, mais il faut avoir une vue d'ensemble des installations à l'échelle du pays et décider où doivent aller nos priorités en termes d'installations polyvalentes qui pourraient répondre à plusieurs types de besoins, l'un étant l'occasion pour les jeunes de participer au beau sport qu'est le hockey.

La population du Canada continue de se déplacer vers les centres urbains, ce qui met l'infrastructure urbaine à rude épreuve, tout en réduisant la demande en ce qui concerne l'infrastructure rurale, ce qui, dans une certaine mesure, en fait un investissement moins attrayant pour les tierces parties qui examinent la possibilité d'établir des installations dans les collectivités. Je rappelle que la capacité des petites villes ou des régions rurales du Canada de conserver le soutien des entreprises est restreinte.

J'ai fait des commentaires sur les installations au Canada : j'ai signalé les coûts opérationnels plus élevés en milieu rural et mentionné le fait que les installations rurales ont 30 ans ou plus alors que leur durée de vie est de 32 ans. On estime que le nombre d'arénas au Canada est de 2 800 à 3 000 et qu'environ 86 p. 100 de ces arénas appartiennent à des municipalités. Nous le savons parce qu'il y a trois ans, nous avons réalisé un projet de recherche avec la collaboration du Canadian Recreation Facilities Council. Nous avons donc examiné toutes les installations au Canada. Un aréna est une installation qui peut être équipée d'une seule surface de glace, d'une double surface de glace ou même de six patinoires, mais nous considérons toujours ça comme une seule installation.

On prévoit qu'au cours des dix prochaines années, les coûts de rénovation des arénas s'élèveront à 3,5 milliards de dollars pour ceux qui ont de 25 à 30 ans. Soixante-quinze pour cent des arénas sont équipés de systèmes de chauffage, de ventilation et de réfrigération vétustes et, par conséquent, les frais de fonctionnement sont élevés. De nouvelles technologies permettent de rendre ces systèmes plus efficaces et moins volumineux, mais ça fait partie de l'état d'une infrastructure. Environ 45 p. 100 des patinoires canadiennes, soit environ 1 350, ont déjà dépassé leur durée de vie normale.

Je terminerai en donnant des informations plus précises sur les installations : 594 arénas, soit 20 p. 100, ont été construits avant 1960; 756 arénas, soit 25 p. 100, ont été construits au début des années 1970; par conséquent, 45 p. 100 des arénas ont déjà dépassé leur durée de vie prévue, qui est de 32 ans.

Actuellement, nous rencontrons nos partenaires des divisions membres des diverses régions du pays. Nous avons un graphique comme celui-ci sur l'écran. En rouge sont indiqués les arénas qui ont été construits il y a plus de 25 ans et, en vert, les arénas les plus récents. Vous verrez que 3 p. 100 seulement des arénas au Canada ont été construits depuis 2001; par conséquent, 97 p. 100 de ces installations ont été construites avant 2000.

Nous avons fait une coupe transversale province par province. Quand nous présentons notre stratégie de sensibilisation aux installations au niveau provincial, cette figure permet de voir la situation de la province concernée par rapport aux moyennes nationales. Elles sont toutes dans une situation semblable. Chaque province est incluse dans les moyennes nationales.

Notre plan stratégique en ce qui concerne les installations doit être mis en œuvre pour recueillir et analyser des données qui permettront d'avoir une vue d'ensemble plus claire de tous ces problèmes et d'établir des plans à long terme en vue de régler la question du vieillissement de l'infrastructure et de la pénurie d'arénas au Canada. Il est essentiel que nous élaborions une stratégie de communications efficace assurant la participation du gouvernement, du public et du secteur privé pour appuyer cette mission.

Il est également impératif de terminer les projets pilotes afin de démontrer que les arénas peuvent être rentables et érigés en temps opportun. Dans les petites collectivités, nous envisageons la construction d'installations ne coûtant que de 800 000 à 1 million de dollars qui seraient davantage des patinoires extérieures couvertes appropriées pour les joueurs en milieu rural. Il semble qu'on ait cessé de construire des arénas extérieurs comme ceux dans lesquels j'ai joué autrefois dans ma jeunesse, à Calgary, mais, grâce aux merveilles de notre climat, nous pouvons toujours tirer parti de la glace naturelle en hiver.

Les préoccupations locales incluent une population bénévole décroissante, une augmentation des coûts de participation aux parties ou des coûts des installations et de gestion de ces installations et les règlements. En raison de la diminution de la population rurale au Canada, ces communautés ont des difficultés à former des équipes. À une certaine époque, Timmins avait son équipe et Schumaker avait la sienne et, maintenant, toutes les collectivités de cette région rurale forment une équipe pour chaque groupe d'âge. Le défi concerne la façon d'éliminer les obstacles que posent les règlements pour permettre aux joueurs de jouer ensemble dans la même équipe en dépit des délimitations régionales.

Dans le sud de l'Alberta, à l'occasion de certaines rencontres avec les représentants de plusieurs des communautés rurales de hockey mineur, ceux-ci nous signalent parfois qu'ils aimeraient pouvoir se déplacer d'une collectivité à une autre avec un noyau de huit joueurs et pouvoir prélever trois ou quatre joueurs dans la localité qui les accueille pour jouer contre l'équipe locale. En réalité, il est possible qu'après avoir fait un déplacement de deux heures, la partie soit annulée parce que l'équipe n'a pas assez de joueurs pour la compétition. Dans les conditions hivernales dans lesquelles les équipes se déplacent, il est primordial de trouver des façons de s'assurer que les enfants auront l'occasion de jouer.

En ce qui concerne les orientations futures de Hockey Canada, au cours des 12 derniers mois, nous avons mis en œuvre un projet appelé Sommets à l'échelle locale. Nous avons demandé à nos divisions membres de faire un sondage auprès de leurs membres et des autres personnes qui ont l'intention de se joindre à une équipe de hockey pour leur demander l'orientation à donner au hockey en ce début de XXIe siècle et quelles possibilités il est nécessaire de mettre à la disposition des jeunes qui pratiquent ce sport. Nous voulons mettre en place des stratégies pour les installations.

En ce qui concerne les événements internationaux, nous sommes très heureux d'avoir l'occasion au niveau de Hockey Canada de tenir certains de ces événements au Canada, car leur succès nous permet de générer des revenus qui nous donneront la possibilité de financer des programmes dans les collectivités qui ont terriblement besoin de notre aide.

Enfin, j'aimerais faire quelques commentaires au sujet de nos partenariats au niveau de la Ligue nationale de hockey, au niveau de la Ligue canadienne de hockey, à celui des installations de loisir canadiennes; le système scolaire offre en outre d'excellentes occasions. Dans le sud de l'Ontario, les étudiants de la localité de Norwood, située à proximité de Peterborough, ont migré vers Peterborough pour faire leurs études secondaires. Quand l'école de Norwood a adopté le programme pour les écoles de Hockey Canada dans son édifice, de nombreux enfants qui s'en étaient allés à Peterborough l'année précédente sont revenus dans leur école pour une seule raison : avoir l'occasion de jouer au hockey. Ça leur a permis de jouer au hockey pendant les heures d'école. Le cours faisait partie du programme scolaire. Il ne s'agissait pas d'équipes. C'était une occasion de jouer au hockey dans le cadre des activités scolaires et d'obtenir des crédits. Nous avons constaté que de nombreuses collectivités rurales canadiennes se mettent à participer à ce projet et le prennent sous leur aile, car c'est une occasion d'appuyer leurs élèves, de les retenir dans leur localité et de les faire rester en milieu rural pour leurs études. Les partenariats jouent un rôle clé et nous sommes enthousiastes au sujet de cette occasion.

Je vous remercie pour cette occasion de faire un exposé.

La présidente : Je sais que tous les membres voudront poser une question. À propos du dernier commentaire que vous avez fait concernant les partenariats et les organismes avec lesquels vous collaborez, je me demandais si vous avez des partenariats avec notre équipe de hockey paralympique. J'ai le privilège d'être membre honoraire à vie de cette équipe épatante qui a remporté la médaille d'or à Turin. C'est une équipe extraordinaire. Ce domaine a une influence sur les joueurs dont un grand nombre jouent depuis qu'ils sont jeunes. Est-ce que votre organisme fait de la sensibilisation dans les collectivités pour encourager et soutenir cet aspect de ce beau sport?

M. Carson : Oui. Sur le plan positif, nous avons très bien réussi avec le programme de hockey sur traîneau et avec nos athlètes paralympiques. Ce sont d'abord et avant tout de formidables athlètes et d'excellents ambassadeurs du hockey. Nous avons eu l'occasion d'engager un coordonnateur qui supervise ce programme, grâce aux généreux crédits octroyés par Sport Canada. Sa tâche consiste à s'assurer que l'équipe voyage et que le programme comme tel a une certaine visibilité, non seulement dans les centres urbains du Canada, mais aussi dans les centres ruraux. Un document a été publié par l'intermédiaire de Sport Canada, il s'agit d'un document sur le développement à long terme de l'athlète. En outre, un document consacré spécifiquement aux athlètes handicapés, intitulé No Accidental Champions, a également été publié. Hockey Canada prépare actuellement des documents axés sur ce sport dans trois domaines : le développement des athlètes masculins, le développement des athlètes féminins et le développement des athlètes handicapés.

Dans une certaine mesure, nous mettons l'accent sur les besoins de développement des athlètes dans ces trois catégories. L'occasion que nous avons de servir les personnes handicapées par le biais du programme de hockey sur traîneau est formidable. Le processus de recrutement en ce qui concerne les sports pour les personnes handicapées est intéressant. Nous estimons que nos athlètes démontrent non seulement par leur esprit de compétition, mais aussi par leur désir de mener une vie normale, que beaucoup de jeunes ayant un handicap peuvent trouver d'excellents modèles de comportement et d'excellentes possibilités dans le sport.

La présidente : Comme vous avez peut-être pu le voir hier soir à la télévision, ces possibilités sont maintenant élargies. De nouvelles relations sont établies avec le ministère de la Défense nationale pour utiliser ce type de loisir en vue d'aider les militaires qui rentrent d'Afghanistan et qui ont certaines difficultés ou d'autres problèmes. Les athlètes s'aident déjà eux-mêmes grâce à ce programme. Il démarre sur les chapeaux de roue et c'est un bon programme.

M. Carson : Hockey Canada a pris la responsabilité de superviser le hockey sur traîneau il y a trois ans. Notre objectif ultime était de s'assurer de la réussite au niveau olympique, de s'assurer que l'équipe avait exactement les mêmes ressources que nos équipes d'hommes et de femmes lorsqu'elles voyagent aux Jeux olympiques mais aussi de s'assurer que les athlètes aient l'occasion de promouvoir le sport à l'échelle locale. C'est encourageant de voir que le gouvernement fédéral considère le programme comme une méthode d'intégration thérapeutique. C'est important.

Le sénateur Mahovlich : Merci, monsieur Carson, d'avoir accepté notre invitation. Crosby, Lemieux et Gretzky — la liste est longue, mais les meilleurs joueurs sont originaires d'un milieu rural.

M. Carson : Je dirais même qu'ils sont originaires des régions rurales de la Saskatchewan et de l'Ontario.

Le sénateur Mahovlich : Gordie Howe est originaire d'une région rurale de la Saskatchewan. Tous les grands joueurs de hockey sont originaires du Canada rural. J'ai quelques cicatrices qui le démontrent. Comment cela s'explique-t-il? Un médecin vous dira ceci : prenez soin de votre enfant à un jeune âge car c'est la période la plus importante. Le principe est le même en ce qui concerne les joueurs de hockey. Wayne Gretzky avait sa patinoire dans l'arrière-cour quand il avait quatre ans. C'est important. Notre gouvernement doit être conscient du fait qu'il est important pour le Canada rural que les patinoires soient en bon état pour les jeunes des collectivités rurales.

M. Carson : J'ai été encouragé dans mes déplacements par certaines des installations que j'ai visitées. Il y a trois semaines, j'ai eu l'occasion de travailler à un tournoi féminin, l'Alberta Challenge, qui est un programme féminin pour joueuses d'élite de moins de 15 ans. C'était à Lloydminster, à la frontière de l'Alberta et de la Saskatchewan. L'installation de Lloydminster est très belle. C'est une superbe installation. Et, surtout, je n'ai pas emprunté la Queen Elizabeth II Highway en direction d'Edmonton et de l'Est pour me rendre de Calgary à Lloydminster. J'ai traversé toutes les petites localités de l'Alberta : Ponoka, Wetaskiwin, et cetera.

J'ai passé mon enfance à Calgary et j'ai joué dans une assez bonne équipe faisant partie de la Ligue cadette de hockey; j'ai joué aussi du très bon hockey bantam et midget, mais je n'aimais pas devoir me rendre dans les régions rurales pour jouer. C'étaient des parties rudes. Le plus souvent, chez les jeunes aujourd'hui, je constate une gamme de niveaux de jeu plus étendue entre joueurs d'élite et joueurs de bas niveau dans les collectivités rurales, mais le joueur d'élite est le meilleur joueur sur la glace.

Dans les collectivités urbaines, les groupes de joueurs sont plus homogènes, mais leur niveau est situé quelque part entre ces deux extrêmes. Les résultats sont toujours intéressants, mais dans le hockey junior B à Calgary, par exemple, les meilleures équipes sont à Cochrane, Airdrie, Canmore et dans les petites localités situées dans la périphérie de Calgary. C'est dans ces localités que se trouvent les joueurs qui incarnent l'endurance et la persévérance du mode de vie stimulant au Canada rural.

Le sénateur Mahovlich : L'entraînement est-il bon? Est-il en majorité bénévole?

M. Carson : Il est entièrement bénévole. Notre difficulté est de nous assurer que les ressources dont nous disposons pour soutenir les entraîneurs dans l'exécution de leurs programmes atteignent les plus petits recoins du pays. Nous pensons que nous faisons du bon travail en organisant un bon programme de formation d'entraîneurs, mais ce n'est pas juste pour les entraîneurs des régions rurales qui doivent faire des trajets de deux heures et demie pour se rendre dans un centre urbain pour suivre le cours. Quelles sont certaines des stratégies envisagées pour aider les entraîneurs à obtenir l'information dont ils ont besoin pour soutenir leurs joueurs? Il est plus important de leur offrir les services dans leur collectivité.

Le sénateur Mahovlich : Je vis en ville actuellement et je vais souvent voir jouer les enfants de mes voisins. Leur entraîneur touche un salaire très élevé et ça coûte actuellement une fortune aux parents à Toronto pour qu'un jeune garçon puisse jouer. Le hockey est très bien organisé. Ils ont des uniformes. On penserait qu'il s'agit d'une équipe de la Ligue nationale de hockey alors qu'ils sont âgés de 10 ans. Faites-vous le même constat dans des régions plus vastes?

M. Carson : C'est ainsi dans le sud de l'Ontario. Je dirais que ce n'est dans la plupart des cas pas la norme à l'échelle canadienne, quoique au niveau des joueurs d'élite, au niveau bantam triple A et midget triple A, où les joueurs sont âgés de 14 à 17 ans et où des perspectives d'avenir se présentent, les parents exigent un degré de spécialisation plus élevé de leurs entraîneurs et des possibilités pour leurs jeunes. Un des défis du sport est de maintenir un niveau où il reste abordable pour tous les enfants. Dans notre sport, de bons joueurs n'y ont pas accès à ce niveau à cause du poids financier imposé à leur famille.

Le choix que font les familles de permettre à leurs jeunes de participer à ce niveau les oblige probablement à renoncer à l'achat d'une voiture neuve, à de belles vacances, voire à une belle maison. Les familles investissent beaucoup pour que leurs jeunes puissent réaliser leurs rêves, mais ce n'est pas possible dans toutes les collectivités du Canada.

Le sénateur Mahovlich : Vous avez signalé que les arénas vieillissaient. L'aréna de MacIntyre, où Earl Young et moi- même avons passé notre enfance, a été construite en 1938, l'année de notre naissance. Cet aréna est toujours là. On a repeint les planches, réparé le toit, puis ont l'a entretenu aussi bien que l'est la route de Timmins. Il n'y a pas un seul nid-de-poule sur cette route. On en prend bien soin. Il faut entretenir les arénas. Au Canada rural, si un bâtiment n'est plus en état quand il a 30 ans, c'est que la ville ne l'a pas entretenu et, alors, ça coûtera davantage pour construire. Dès qu'un aréna est construit, il faut l'entretenir.

M. Carson : Ça va de soi. Il faut tenir compte de la durée de vie d'une installation si on veut ne pas l'entretenir. Par contre, quand on met en place un programme d'entretien et de suivi, comme on devrait tous le faire pour son véhicule, le bâtiment devrait durer longtemps.

L'aréna de Cominco à Trail est l'aréna même où les Smoke Eaters ont joué dans les années 1950 et dans les années 1960, avant de participer aux championnats mondiaux. Cette installation est superbe. J'y ai vu installer un Jumbotron l'année dernière. Ce n'est pas le même type de Jumbotron que dans les arénas de la LNH, mais c'en est un tout de même, pour l'équipe junior A de cette localité. Cette installation est dans un état impeccable, et la collectivité en est très fière. Il est certain que ce type d'installations peuvent durer 60 ou 70 ans.

Le sénateur Mahovlich : L'aréna d'Edmonton est désuet et il n'a que 30 ans. On pense à remplacer la patinoire à Edmonton. Les patinoires ont besoin de nouvelles bandes, j'en suis sûr, et les temps ont changé.

M. Carson : Au niveau professionnel, les exigences sont très différentes de celles qui sont applicables aux patinoires communautaires dont nous avons besoin.

Le sénateur Mahovlich : Nous avons visité une école pour filles où il y a un programme de hockey à Warner, près de Lethbridge. Vous avez signalé que vous avez assisté à un tournoi l'autre jour. Était-ce là?

M. Carson : Non.

Le sénateur Mahovlich : Ces jeunes filles sont tellement bonnes qu'elles ne sont pas autorisées à jouer contre les autres équipes scolaires pour le moment.

M. Carson : Elles sont bonnes. Elles sont aussi bonnes que l'équipe de St. Michael's et celle de Notre Dame. J'ai attiré l'attention tout à l'heure sur le fait qu'il était essentiel de revoir les règlements. Comment peut-on s'assurer que les collectivités rurales qui ont une occasion d'établir des programmes ne soient pas considérées comme des groupes qui veulent miner les règlements dans un organisme sportif?

J'ai fait des commentaires sur les partenariats scolaires et sur le Skills Academy Program. Warner en a un également. Cet établissement travaille en étroite collaboration avec Hockey Canada. Son professeur retourne à Halifax, mais il a un nouveau dirigeant du hockey, qui vient de Lethbridge et qui a travaillé avec les Hurricanes. Nous sommes enchantés de cette relation. Je pense que la Warner Academy continuera d'exploiter l'occasion qu'elle a de jouer au hockey dans la structure actuelle.

La présidente : J'aimerais faire un commentaire. C'est une des raisons pour lesquelles nous tenons ces réunions. À la suite de tous les problèmes de la communauté agricole et de tous les événements qui ont perturbé les habitants de cette région, la ville commençait à dépérir. Les habitants de la région ont eu le courage, la volonté et l'audace de se poser la question suivante : qu'est-ce que les autres ont que nous ne sommes peut-être pas capables d'avoir? Ils ont eu l'idée de cette école. Nous l'avons tous visitée. Le sénateur Mahovlich y a été très bien accueilli. Quand nous étudions un sujet comme la pauvreté rurale, c'est le genre d'initiative qui nous frappe et qui démontre, même si ce n'est qu'un début, qu'il y a de l'espoir et des chances de réussite. Nous avons trouvé ce type d'initiative à Warner, en Alberta.

M. Carson : L'exemple que j'ai cité, celui de Norwood, en Ontario, localité située dans la périphérie immédiate de Peterborough, est exactement le même. Ce qui est encourageant dans le cas de Norwood, c'est que le projet est dû à l'initiative d'une étudiante de 12e année. C'est elle qui a eu l'idée d'examiner la possibilité pour son école d'instaurer ce programme. L'exemple de Warner est pertinent. Ça permet de redonner vie à la collectivité par le biais du hockey, et les résultats sont étonnants.

Le sénateur Mahovlich : En 1972, nous avons eu une formidable série avec les Russes. Ils étaient alors nos principaux concurrents. Est-ce que le programme russe a changé par rapport à ce qu'il était sous le régime communiste? Les Russes ont-ils des patinoires récentes? Construisent-ils des patinoires ou ont-ils toujours les mêmes vieilles patinoires et suivent-ils toujours le même programme qu'à l'époque où nous jouions contre eux?

M. Carson : C'est difficile pour moi d'avoir de l'information précise sur l'infrastructure du système russe. D'une façon générale, je pense que le système est encore semblable. Les pays d'Europe de l'Est n'ont pas un nombre aussi élevé de participants à ce sport que les pays occidentaux. Notre système est en quelque sorte une pyramide dont le sommet est plat, avec une large base qui exerce une influence sur le sommet. Dans les pays d'Europe de l'Est, le nombre de participants est plus petit à la base et il diminue encore lorsque les joueurs vieillissent. C'est un système coûteux. Les attentes à l'égard des joueurs en matière de performance sont énormes. Dans de nombreux cas, le système est financé par l'État.

Le sénateur Mahovlich : Les installations sont-elles aussi bonnes?

M. Carson : Les installations posent un défi.

Le sénateur Mahovlich : L'aréna de Luzhniki, où Paul Henderson a marqué son but vainqueur, est fermé.

M. Carson : Cette année, John Gardner et Rick Vaive ont amené une équipe en Russie pour participer à un tournoi. Cette activité s'inscrivait dans le cadre de la stratégie de Vladimir Tretiak ayant pour objet de relancer le hockey chez les jeunes en Russie. Dans le cadre de cet échange, nous chercherons des possibilités pour les équipes de jeunes joueurs russes de venir au Canada afin de participer à des tournois internationaux au cours des 12 prochains mois.

Le Canada a l'occasion de jouer un rôle de chef de file sur la scène mondiale dans le développement du sport, mais il est essentiel de mettre l'accent également sur ce qui se passe chez nous. Il est tout aussi important de maintenir des endroits sécuritaires pour permettre à nos jeunes de jouer au hockey au niveau récréatif que de développer le sport masculin et féminin à l'échelle internationale.

Le sénateur Peterson : Votre passion pour le hockey et votre engagement sont manifestes. Que fait Hockey Canada pour promouvoir le hockey pour les personnes à faible revenu, qui sont au bas de l'échelle socioéconomique?

Je suis originaire de Regina et je suis actif dans une organisation appelée Ranch Ehrlo Society qui s'occupe d'enfants aux prises avec des difficultés. Elle a une organisation sœur qui est appelée Ehrlo Community Services. Cette société a eu un programme appelé Dress-a-Champion, au cours des cinq dernières années, dans le cadre duquel elle équipe complètement 200 jeunes et organise des parties de hockey pendant toute l'année. La seule exigence est de remettre l'équipement à la fin de l'année. Tout cet équipement provient de dons de l'Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey. Participez-vous à ce programme ou avez-vous des initiatives semblables?

M. Carson : Oui. J'ai même quelque chose à ajouter. L'année dernière, la Ligue nationale de hockey a accru son appui à des programmes de cette nature et a accordé une subvention importante à Hockey Canada, non seulement pour pénétrer le marché avec des programmes de cette nature, mais pour laisser l'équipement en place et accorder de l'aide financière aux jeunes afin qu'ils s'inscrivent au hockey l'année suivante.

Il faut régler trois obstacles essentiels à la participation des jeunes. L'un est associé à l'équipement. C'est la partie coûteuse de la participation. Le deuxième concerne l'inscription et le maintien de ces droits au cours de l'année. Le troisième concerne les déplacements.

Dans les quartiers centraux des villes, nous donnons aux jeunes l'accès à de l'aide financière pour payer le taxi et l'autobus pour se rendre de chez eux à l'aréna. Nous mettons actuellement un programme à l'essai à Toronto. Nous en aurons un autre à Victoria dans un avenir assez rapproché. Nous voulons vérifier si le programme est au point pour veiller non seulement à ce que les jeunes aient accès à l'équipement et, en fin de compte, aux ressources financières nécessaires pour les soutenir pendant l'année suivante, mais aussi pour faire un suivi afin d'être certains que nous faisons ce qu'il faut pour les faire débuter puis les conserver.

Une des difficultés consiste à augmenter le nombre de jeunes qui participent s'ils ont déjà des difficultés en ce qui concerne les installations et si nous ne pouvons pas recruter des jeunes dans l'Association du hockey mineur. Il est essentiel de s'attaquer à une série de problèmes multiniveau; il faut veiller en outre à ce que les jeunes aient des possibilités de jouer et à ce que toutes les ressources nécessaires pour les y aider soient disponibles.

Dans le cas de la Saskatchewan, notre tâche est de nous assurer que nous collaborons avec la division membre qui est la Saskatchewan Hockey Association. Hockey Canada ne marche sur les plates-bandes d'aucun autre organisme. Nous nous assurons que l'approche est axée sur la collaboration et que nous offrons ces possibilités par le biais de l'appui de la division membre concernée.

Le sénateur Peterson : Vous avez fait des commentaires au sujet des installations et mentionné que la restauration ou la réparation d'un aréna coûtait entre 800 000 et 1 million de dollars. Dans de nombreuses petites localités, ça correspond au coût d'un bassin de stabilisation des eaux usées qui occupe une place plus élevée dans les priorités qu'un aréna. Dans de nombreuses villes, les arénas sont dans un état satisfaisant. Le problème est que ces municipalités n'ont pas les moyens d'installer la patinoire et de l'entretenir tout l'hiver à cause du prix de l'essence. Vous pourriez peut-être porter votre attention sur ce problème ou nous aider à le faire. Ça représente un coût moins élevé.

M. Carson : Le coût de 800 000 à 1 million de dollars que j'ai cité était pour un aréna extérieur, si je peux m'exprimer ainsi; c'est une occasion d'établir une installation dans une collectivité en tirant parti de la glace naturelle. Je ne voulais pas dire que c'est tout ce que ça coûterait pour moderniser une installation en mauvais état.

Je suis conscient des défis qui se posent aux petites collectivités, aux gouvernements provinciaux et au gouvernement fédéral lorsqu'il s'agit d'établir un ordre de priorités. Le commentaire suivant de Andrew Pipe, de l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa, donne un aperçu général du problème :

Il est essentiel de remédier aux lacunes de notre infrastructure actuelle en ce qui concerne les sports, les activités physiques et les loisirs si nous voulons avoir un espoir d'enrayer la vague de problèmes de santé qui déferlera sur notre société si nous ne devenons pas plus actifs.

En fin de compte, nous devons décider si c'est un plaidoyer suffisamment convaincant en faveur d'un mode de vie actif, pour encourager les Canadiens à être plus actifs et en meilleure forme physique. Quel rôle joue cette installation lorsqu'il s'agit de répondre aux besoins du système de santé?

Le sénateur Peterson : En fin de compte, le coût serait plus élevé que le coût de construction de quelques arénas.

M. Carson : Beaucoup plus.

Le sénateur Gustafson : Je suis un peu déçu que vous n'ayez pas mentionné la coupe Mémorial qui a été gagnée par Medicine Hat, il y a deux jours, à Vancouver. C'était une très bonne partie. J'ai suivi la partie du début à la fin.

M. Carson : En réalité, sénateur Gustafson, c'est la propriété de la Ligue centrale de hockey et je ne voulais pas m'en glorifier. Cette ligue fait de l'excellent travail en ce qui concerne cet événement. Je pense que c'est un bel exemple de hockey au Canada, à son niveau amateur supérieur.

Le sénateur Gustafson : Ce qui est intéressant, c'est que les garçons, qui avaient des liens avec Macoun, en Saskatchewan, ont été photographiés à la remise de la coupe. Ce ne sont pas des joueurs, mais ils étaient sur la photo parce qu'ils font partie de l'organisation.

Le hockey devient une activité extrêmement lucrative pour les joueurs de calibre international. Le sénateur Mahovlich peut confirmer que, lorsqu'il jouait au hockey en 1972, il ne gagnait pas des millions de dollars comme les joueurs actuels. Il y a quelques joueurs vedettes. Vous avez mentionné que les ligues recrutaient des joueurs en Europe, en Russie, en Suède, en Norvège et dans le monde entier. Ce qui les attire, c'est l'argent, et en partie le sport.

Je sais que le grand public se pose quelques questions à ce sujet. L'autre question est que les enfants exceptionnels réussiront. Il faut toutefois qu'ils soient vraiment exceptionnels pour faire partie de cette ligue. De nombreux autres jeunes essaient d'y entrer, mais renoncent du même coup à leurs études. Ils en paient les conséquences pendant le reste de leur vie.

Ma question est la suivante : que pourrait-on ou que devrait-on faire? Devrait-on mettre davantage l'accent sur le hockey universitaire? J'aimerais que vous fassiez des commentaires à ce sujet.

M. Carson : J'ai quelques commentaires à faire. Le premier concerne ma passion, qui est le hockey à l'échelle locale. Je ne m'occupe pas de nos équipes nationales. Je ne m'occupe pas de nos équipes juniors. Je travaille avec un groupe de personnes dévouées qui se consacrent uniquement au hockey local; nous allons dans les localités pour travailler avec des jeunes qui ne sont pas des athlètes exceptionnels. J'ai eu la chance d'être entraîneur au niveau universitaire. Pendant neuf ans, j'ai été entraîneur de hockey à l'Université de la Colombie-Britannique. J'ai même joué à ce niveau- là. Ça me passionne, mais j'ai l'aptitude de me dissocier de ce hockey pour dire que notre objectif est de créer dans ce sport le plus grand nombre possible d'expériences intéressantes et de l'utiliser comme outil de préparation à la vie active.

Le plus gros défi est de prendre conscience des effets bénéfiques du jeu professionnel pour nous ainsi que du fait que l'attention dont la Ligue nationale de hockey et les championnats mondiaux font l'objet est importante pour la visibilité et la stabilité financière de ce sport. L'attention est ce qui génère un gros pourcentage des recettes qui me donnent l'occasion d'élaborer des programmes pour les jeunes. Je dois faire attention pour réaliser un équilibre entre les deux, mais je dois aussi reconnaître que je peux encore mettre toute ma passion et toute mon énergie dans le hockey à l'échelle locale sans faire de compromis.

Je répondrai maintenant à votre question sur le hockey universitaire. Le défi qui se pose dans le système canadien est qu'il faut des jeunes qui croient dans les possibilités qu'on a au Canada. Nous avons préparé dernièrement un livre intitulé The Canadian Development Model ou modèle de développement canadien. Nous l'avons distribué il y a trois semaines à notre assemblée générale annuelle. Dans ce manuel, nous donnons aux parents de l'information sur les possibilités qu'offre le hockey. Cela dit, j'ai été entraîneur au niveau de Sport interuniversitaire canadien pendant neuf ans et un de mes bons amis est entraîneur des Huskies à Saskatoon. J'ai très confiance dans le système canadien et dans les possibilités pour les jeunes, dans le hockey post-junior. Il est important que la Western Hockey League, la Ligue de hockey de l'Ontario et la Ligue de hockey junior majeur du Québec continuent de faire évoluer leurs programmes de bourses pour les joueurs qui n'ont pas tout à fait ce qu'il faut pour attirer l'attention de la Ligue nationale de hockey et pour des possibilités de gagner sa vie dans le domaine du hockey, afin de leur permettre d'avoir les fonds nécessaires pour faire leurs études. Ma tâche consiste à veiller à ce qu'ils soient dans la meilleure situation possible pour tirer parti de ces possibilités quand leurs ambitions au hockey ne peuvent pas se réaliser.

En ce qui me concerne, quand je jouais au hockey junior et que je cherchais à gauche et à droite, j'ai joué à l'époque des Bruins de New Westminster. J'avais des compagnons qui étaient d'excellents joueurs. Je pensais qu'ils réussiraient dans ce domaine et moi pas. Ils devaient s'assurer que leur chemin soit tracé et d'avoir de l'aide et je devais m'assurer que je traçais ma voie également. C'est un des thèmes de ce livre, à savoir qu'il met en évidence les détails auxquels les parents doivent porter attention, car ils font partie de l'aventure.

Le sénateur Gustafson : Il me semble qu'aux États-Unis, on met davantage l'accent sur le hockey à l'université ou au collège. En Saskatchewan, nous avons eu le père Murray et Notre Dame, et divers autres endroits semblables, mais il semblerait qu'on ne mette pas autant l'accent là-dessus qu'aux États-Unis. Les Américains attireront un grand nombre de nos garçons en leur offrant notamment un traitement spécial.

M. Carson : Je signale que nous veillons maintenant à offrir ces possibilités de jouer au Canada aux jeunes, par le biais des programmes mis en place par la Ligue canadienne de hockey. Il y a aussi les possibilités offertes grâce au grand nombre de supporters qui donnent des fonds.

Nous avons annoncé dernièrement un programme de bourses pour les officiels. Le premier grand gagnant est un jeune de Saskatoon, qui s'appelle Reagan Vetter. Il a 30 ans, mais il est arbitre dans la Western Hockey League. Il est en voie d'obtenir son diplôme de l'Université de la Saskatchewan. Il a reçu une bourse qui a été financée par Project 75, le groupe qui est propriétaire des Flames de Calgary. Nous sommes maintenant en mesure d'offrir des bourses d'étude aux officiels pour le hockey masculin et le hockey féminin. Ces types d'innovations donnent aux jeunes l'occasion de poursuivre leurs études et de pratiquer le hockey au niveau le plus élevé possible, sans faire de compromis.

Je suis d'accord avec ce que vous dites. Lorsque je jouais au hockey junior, je pensais qu'une possibilité de faire des études payées aux États-Unis était une excellente solution. Je n'étais pas loin de chez moi. J'avais l'occasion de jouer dans un milieu où se trouvait le père Bauer — non pas qu'il avait beaucoup d'influence sur l'équipe lorsque j'étais étudiant à l'université, mais il était au collège de théologie à l'Université de la Colombie-Britannique. C'était un excellent milieu. Des joueurs comme moi pouvaient obtenir des fonds pour poursuivre leurs études tout en jouant au hockey au niveau universitaire canadien. Le hockey au niveau universitaire mérite actuellement plus d'attention qu'il n'en reçoit au Canada.

Le sénateur Gustafson : Un des facteurs qui a produit des joueurs comme Frank Mahovlich, Gordie Howe et Bobby Hull — Bobby Hull venait d'une localité proche de ma ville natale — est qu'ils avaient l'occasion de passer plus de temps sur la patinoire en milieu rural. Ils pouvaient patiner toute la nuit s'ils le voulaient, mais en ville, les enfants devaient attendre leur tour pour avoir accès à la ou aux deux patinoires qu'ils avaient à leur disposition. Ils n'avaient pas les mêmes chances. Vous dites que ça change. Lorsque j'ai été élu en 1979, on accordait des subventions pour les patinoires de hockey et ce type d'infrastructures. Je trouve que c'était un excellent programme. Ensuite, à un certain moment, les localités ne pouvaient plus payer les coûts d'électricité pour maintenir certaines de ces patinoires en activité. Ce qu'il faudrait probablement faire en milieu rural à l'heure actuelle, c'est choisir un centre et aménager une meilleure patinoire où pourraient jouer les jeunes de quatre ou cinq localités. L'ancien système était efficace, mais les gouvernements octroyaient des subventions pour l'électricité — SaskPower le faisait, du moins; ces subventions ont toutefois été supprimées car les municipalités n'avaient plus les moyens de payer la note d'électricité pour maintenir la patinoire en activité.

M. Carson : J'ai entendu parler de nombreux jeunes en milieu rural qui avaient la clé de la patinoire de leur localité. Ils pouvaient aller patiner le matin, avant d'aller à l'école.

Il va de soi que l'accès aux installations est important. Dans les centres urbains, l'accès est non seulement limité, mais les options sont trop nombreuses. De nombreuses autres activités sont à la disposition des jeunes.

D'un point de vue sportif, il faut revenir au fait qu'un mode de vie actif favorise un mode de vie sain. Il faut faire renoncer les jeunes à l'idée qu'un mode de vie sédentaire est acceptable. Ce sont des questions d'une portée plus vaste que le sport comme tel. J'espère que ce point de vue démontre de façon modeste que ces installations et centres communautaires jouent un rôle vital.

Je fais des commentaires sur l'installation de Lloydminster parce que c'est un centre communautaire. Elle est équipée de deux patinoires polyvalentes sur lesquelles on peut jouer à toutes sortes de sports — de la crosse au basket- ball ou au badminton —, d'une piste de course à l'étage, d'une salle d'exercice reliée à un hôtel, ce qui en fait un centre très intéressant pour les tournois, et d'un restaurant. Elle offre toutes les facilités et correspond au type d'installation régionale que vous avez mentionnée. C'est une idée géniale.

Le sénateur Chaput : Je voudrais en revenir aux familles à faible revenu. Certaines sont établies dans des régions rurales alors que d'autres vivent dans des centres urbains. J'estime qu'on ne peut pas en demander plus à ces volontaires et à ces parents. Comme vous le savez, ils jouent le rôle d'entraîneurs, travaillent à la cantine, recueillent des fonds et vendent des souvenirs; ils font tout ce travail bénévolement pour permettre aux enfants de faire partie d'une équipe. Ils mettent leur argent dans une sorte de cagnotte et ça fait diminuer les frais d'inscription; tous les enfants peuvent jouer. J'ai vu ça dans de nombreuses villes du Manitoba.

Que pourrait faire le gouvernement fédéral pour aider, ou bien y a-t-il quelque chose qu'il devrait ou qu'il pourrait faire pour aider ces familles? À ce propos, je signale que j'apprécie l'association que l'on fait entre les sports et une vie saine. J'estime qu'il faudrait mettre beaucoup plus l'accent sur cet aspect, mais que pourrait faire le gouvernement fédéral pour aider ces familles?

M. Carson : L'année dernière, j'ai témoigné devant la commission qui s'est déplacée à travers le pays pour faire enquête sur le crédit d'impôt pour enfants pour la participation à des activités sportives. Je pense que c'est une excellente initiative qui permet aux familles d'avoir accès à un crédit d'impôt pour faire inscrire leurs enfants à un sport. C'est un début.

Je le répète, je suis un passionné du hockey, mais je suis également un passionné de sport en général. Je voudrais que les jeunes participent à des activités sportives. S'ils choisissent le hockey, j'en suis très heureux, car je sais ce que leur offre ce milieu.

Le gouvernement fédéral examine des initiatives comme un crédit d'impôt pour enfants. Il est primordial que les gouvernements fédéral et provinciaux examinent des possibilités de faire diminuer le coût des installations publiques. S'ils gèrent une installation qui les oblige à demander 300 $ de l'heure pour l'utilisation de la patinoire, contrairement aux installations que l'on trouve dans de petites localités où le coût de location n'est peut-être que de 55 $ l'heure, ces coûts sont payés par les participants. Les frais d'inscription et le coût de maintien d'une équipe au cours de l'année augmentent considérablement.

Est-ce parce que l'entrepreneur veut faire de gros profits ou qu'il veut s'assurer une certaine rentabilité? Quelle que soit la raison, c'est son droit le plus strict en sa qualité d'homme d'affaires qui construit une installation; par contre, lorsque l'installation est publique, nous avons la responsabilité de veiller à obtenir le meilleur rapport qualité-coût et à en faire profiter les participants. Il est essentiel de veiller à ce que les installations soient bien entretenues et modernisées pour qu'elles soient efficientes et que les coûts d'exploitation soient raisonnables, ce qui permet de fixer des tarifs raisonnables.

Si nous avons l'occasion de nous déplacer dans tout le pays en profitant des subventions accordées par l'intermédiaire d'organismes comme la Ligue nationale de hockey, la Ligue canadienne de hockey et d'autres bailleurs de fonds importants qui sont nos partenaires — nous pourrions envisager quelques commanditaires importants comme Chevrolet et la Banque Royale —, ça nous permet d'avoir les ressources nécessaires pour fournir ces programmes à un prix raisonnable. Nous sommes allés dans des localités rurales qui, bien qu'elles aient des difficultés en matière de financement, veulent malgré tout demander une participation aux frais aux jeunes. Même s'il s'agit d'un montant minime, elles veulent qu'on attribue une certaine valeur à l'expérience.

Je suis allé à Whitehorse il y a quelques années. Nous avons participé à un camp de perfectionnement de deux jours sur une patinoire extérieure dans une localité située à environ 25 milles de Whitehorse. Les jeunes voyageaient la nuit, parcourant une distance de 800 kilomètres, pour assister à cet événement. Ils ne logeaient pas sur place. Leurs parents se relayaient pour conduire pendant la nuit pour qu'ils puissent participer à l'événement.

La communauté s'était resserrée autour de cet événement. C'était une occasion de jouer pour ses jeunes. Des repas étaient servis dans le centre communautaire. L'installation était une patinoire extérieure de glace naturelle. C'est probablement une des occasions où nous avons joué dans les conditions les plus glaciales. Quand la resurfaceuse inondait la glace, l'eau n'était déjà plus liquide à peine sortie de la machine. Les entraîneurs ne restaient sur la glace que pour des tours de trois minutes à la fois.

Ça montre à quel point le sport attire les gens. Notre travail est de nous assurer que la participation soit abordable. Peu importe l'expérience que nous donnons aux jeunes, qu'il s'agisse de faire partie de l'équipe pendant la saison et d'aider à compenser certains de leurs coûts ou de leur offrir de petites occasions — des expériences pendant la partie au cours d'une fin de semaine, plusieurs semaines par année ou pendant plusieurs années au cours de leur jeunesse — il faut le faire.

La présidente : Chers collègues, la discussion a été passionnante et c'était une excellente façon de terminer cette partie de notre séance. Nous vous remercions d'avoir accepté notre invitation, monsieur Carson. C'est une coïncidence que nous soyons extrêmement enthousiastes au sujet de ce qui se passe. On repense toujours à la localité où l'on a grandi. Quand je pense à Chris Phillips, qui jouait avec les Hurricanes de Lethbridge avant de faire partie des Sénateurs, je retrouve cet esprit communautaire, malgré mon âge.

C'est fantastique de comprendre ce que vous faites. On se demande souvent autour de cette table combien des questions que nous examinons se rapportent à l'échelle locale, où elles sont nécessaires. Bonne chance à vous et à vos collègues dans vos activités. Poursuivez la lutte.

M. Carson : Merci, madame la présidente, pour cette excellente occasion. Je remercie également les sénateurs.

La présidente : Je remercie également mes collègues; ils ont été formidables ce soir.

La séance est levée.


Haut de page