Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 30 - Témoignages du 7 juin 2007
OTTAWA, le jeudi 7 juin 2007
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 9 h 4, pour examiner, en vue d'en faire rapport, la pauvreté rurale au Canada.
Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Bonjour, honorables sénateurs, et bonjour à nos témoins. Je souhaite la bienvenue aux personnes qui suivent à l'écran les débats du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts sur la pauvreté rurale.
Au cours de nos déplacements, les Canadiennes et Canadiens des régions rurales nous ont parlé à maintes reprises du rôle crucial joué par les communautés religieuses dans les régions rurales du Canada. Ces communautés ont contribué à la fois à unir les collectivités rurales par leurs enseignements, et ont souvent été à l'avant-garde dans la lutte contre la pauvreté rurale. J'ai le grand plaisir d'accueillir aujourd'hui la révérende Christine O'Reilly, ministre du culte de l'Église presbytérienne Knox à Thedford et Watford, deux localités du comté de Lambton, en Ontario, une région rurale située près de la rive sud du lac Huron.
Nous disposons d'une heure pour couvrir un vaste domaine en compagnie de la révérende O'Reilly. Je vais donc demander à mes collègues de poser les questions les plus brèves possible afin de lui donner suffisamment de temps pour bien répondre aux questions et pour donner à tous la possibilité de prendre part à la discussion.
La révérende Christine O'Reilly, ministre du culte, Église presbytérienne Knox, Thedford et Watford (Ontario), à titre personnel : Je tiens à vous remercier de m'accorder le privilège de venir témoigner et de prendre au sérieux le rôle que les communautés religieuses et groupes confessionnels jouent dans les régions rurales du Canada.
Je vous félicite d'avoir examiné et compris les problèmes et d'avoir fourni des informations et des recommandations utiles sur ce vaste sujet qu'est la pauvreté dans les régions rurales du Canada. Jusqu'à présent, vos travaux se sont avérés perspicaces et intéressants et il est encourageant de constater que vous vous donnez la peine de vous intéresser aux groupes confessionnels et religieux des régions rurales du Canada.
Aujourd'hui, j'ai l'intention de vous parler, en m'appuyant sur mon expérience et mes connaissances, du rôle des églises rurales dans la lutte contre la pauvreté parmi leurs fidèles et dans les localités qu'elles desservent. Par ailleurs, il est important de signaler de quelle manière les églises rurales sont touchées par la pauvreté et quelles en sont les conséquences pour les collectivités rurales.
Depuis 1988, je suis ministre du culte dans deux congrégations rurales du Sud-Ouest de l'Ontario. L'église Knox de Thedford et l'église St. Andrew's de Watford sont toutes deux connues pour avoir les clochers les plus hauts de leur localité, des clochers que l'on peut voir de très loin. L'église de Thedford a été construite en 1877 et celle de Watford en 1873. Elles ont une longue tradition de culte et de soutien à la communauté et à leurs fidèles, dans la joie comme dans la peine. Elles enseignent et pratiquent les valeurs riches d'honnêteté et d'intégrité, de courage, de compassion, de douceur, de sacrifice personnel, de préservation de la création et d'amour, une tradition qui se perpétue jusqu'à nos jours.
Thedford est un petit village d'environ 800 habitants. Nous nous situons à environ cinq minutes d'Ipperwash dont on a beaucoup parlé ces dernières années. Notre communauté attire les agriculteurs des fermes du voisinage, ainsi que les habitants des petites localités situées dans un rayon de 30 kilomètres.
En 1988, lorsque je suis arrivée à Thedford, une vingtaine de personnes assistaient aux offices et, depuis quelques années, nous accueillons le dimanche de 60 à 80 personnes. Cette augmentation de la pratique religieuse n'est pas caractéristique des régions rurales, mais je pense qu'elle est le résultat à la fois d'un renouveau spirituel et d'un engagement renouvelé de notre congrégation à servir sa collectivité.
La congrégation a joué un rôle clé dans le soutien et l'assistance aux familles nécessiteuses par l'intermédiaire de la caisse de bienfaisance de notre église. Des familles n'ayant aucun lien avec notre congrégation ont sollicité et obtenu de l'aide pour payer aussi bien leurs factures d'électricité que leurs notes d'épicerie et pour couvrir les frais de transport encourus pour consulter des médecins à London et Sarnia, les centres urbains les plus proches. Des voyageurs dans le besoin ont également reçu de l'aide.
Notre congrégation est présente en période de crise, par exemple lorsqu'un incendie ravage la résidence ou le commerce de certains de nos habitants, lorsqu'il est arrivé que la mère d'une famille nombreuse décède en couches et lorsqu'une famille a dû faire face à la divulgation de sévices sexuels à l'endroit d'un enfant et à l'incarcération subséquente du principal soutien financier de la famille. Les funérailles et la réunion de famille qui s'ensuit ne coûtent rien aux familles dans le besoin. Sans le soutien de notre congrégation et d'autres membres de la collectivité, ces familles auraient été beaucoup plus éprouvées, étant donné que les services sociaux sont loin et que leur personnel et leurs ressources financières sont déjà extrêmement sollicités.
L'église Knox est très engagée dans notre école élémentaire locale, Bosanquet Central. Huit adultes de notre congrégation servent de mentors à des élèves qui ont besoin d'une assistance supplémentaire pour acquérir des aptitudes personnelles et sociales; les mentors et les élèves se rencontrent au moins une heure chaque semaine. Ces adultes établissent des liens d'amitié avec les jeunes; ils leur servent de modèles et encouragent l'estime de soi et une bonne éthique du travail et les aident à acquérir des aptitudes sociales et interpersonnelles. Pour la plupart de ces élèves, la pauvreté est une réalité quotidienne et leur mentor leur offre une présence adulte stable qui représente souvent le seul soutien social qu'ils reçoivent.
L'église Knox est également un pilier du programme de collation mis sur pied dans notre école. Un nombre assez élevé d'élèves de notre école comptent sur le programme de collation pour le petit déjeuner et/ou le repas de midi. Les enfants n'ont aucun contrôle sur la quantité ou l'approvisionnement de la nourriture chez eux et certains d'entre eux arrivent régulièrement à l'école sans rien à manger pour le repas de midi et sans avoir pris leur petit-déjeuner. Certains de leurs camarades viennent à l'école avec de la nourriture qui ne contient pas les éléments nutritifs nécessaires à une croissance saine et un bon apprentissage. Les élèves qui ont l'estomac vide ont parfois un comportement négatif, ce qui rend l'enseignement et l'apprentissage difficiles.
Étant donné que tous nos élèves viennent à l'école en autobus, il n'est pas possible de mettre en place un programme de petit déjeuner à temps plein, mais grâce à l'aide que nous recevons de la Fondation Canadian Living par l'entremise du programme Pour apprendre sans faim et du ministère de la Santé de l'Ontario, nous sommes en mesure d'acheter des produits alimentaires. Cependant, ce financement ne suffit pas à couvrir toutes nos dépenses.
Par l'intermédiaire de la caisse de bienfaisance de notre église, nous récoltons de l'argent en vue d'acheter des nourritures saines comme des céréales et du lait, des fruits frais dont certains nous sont donnés par les agriculteurs de la région, ainsi que du fromage et des jus de fruits qui sont distribués tous les jours par des élèves bénévoles dans chacune des classes. La banque d'alimentation installée dans un sous-sol d'église à Forest (Ontario), la ville voisine, nous a approvisionnés en céréales l'année dernière.
Des membres de notre église ont subvenu aux besoins de certains élèves par l'intermédiaire d'autres organisations et groupes auxquels ils appartiennent. Un club de personnes âgées de la région fait régulièrement des dons et plusieurs de nos membres ont organisé un programme de jamboree musical hebdomadaire qui a permis de recueillir près de 1 000 $ au cours de l'année scolaire au profit du programme de collation.
Mon autre congrégation est celle de St. Andrew's à Watford qui accueille environ 45 personnes le dimanche matin. Watford se situe juste à l'Est de London, le long de la route 402. Notre congrégation joue un rôle actif dans cette collectivité de 1 000 habitants, par l'intermédiaire de notre ministère local et des divers événements interconfessionnels. St. Andrew's contribue à une caisse de secours qui permet d'aider les familles et les personnes dans le besoin. La congrégation est venue en aide à certaines familles, sans faire appel à cette caisse, afin de répondre à certaines demandes d'aide à court terme. Nous accordons souvent et régulièrement de l'aide à un programme de Noël qui dessert l'ensemble du comté et à une banque d'alimentation dans la ville de Sarnia.
Les dirigeants de notre église proposent aussi, une fois par semaine après l'école, un programme gratuit destiné aux enfants. Dans le cadre de ce programme, nous transmettons aux futurs citoyens les valeurs religieuses qui les inciteront plus tard à contribuer à leur collectivité et au-delà. Nous avons également offert gratuitement un lieu de réunion à un comité local qui a pour mission de mettre sur pied un nouveau centre médical pour le canton et d'inviter des médecins à venir s'installer dans le village.
Les changements que je constate dans la population de chacune des collectivités où je travaille présentent des défis et des possibilités particuliers, tant pour les congrégations que pour le clergé.
Les exploitations agricoles devenant de plus en plus grandes, il y a de nombreuses maisons vides dans la localité. Les agriculteurs louent souvent ces maisons pour compléter leurs revenus. Dans des petites villes comme Thedford et Watford, on trouve beaucoup de maisons à vendre ou à louer à des prix nettement inférieurs à ceux qui se pratiquent dans les villes.
Attirés par les coûts peu élevés du logement, des locataires viennent souvent de villes plus grandes comme Sarnia ou London. Cependant, d'après ce que j'ai pu constater, ce sont des personnes qui connaissent déjà la pauvreté dans leur famille et qui viennent s'installer dans des localités devant déjà faire face à leurs propres problèmes de pauvreté. L'aide dont ces familles ou ces personnes ont besoin est souvent inexistante ou difficilement accessible. Il s'agit par exemple de soins de santé mentale à long terme, d'aide à la gestion du comportement pour les jeunes dans les écoles, de débouchés d'emplois stables et d'installations et de programmes de loisirs gratuits ou à coût modique.
Le rôle joué par les congrégations rurales fait partie intégrante de la vie de la collectivité. Les églises offrent des locaux pour les réunions, des abris en cas de crise et accueillent les fidèles pour marquer les différentes étapes de la vie. Les membres de l'église apportent une aide extrêmement précieuse aux collectivités rurales. C'est pour eux, une façon de vivre leur foi.
Au cours d'une entrevue réalisée par Sheila Rogers pour CBC Radio, sur le thème du bénévolat au Canada, j'ai noté avec intérêt qu'environ 75 p. 100 des bénévoles appartiennent à des groupes religieux et confessionnels. Ce sont les valeurs proclamées et vécues dans la foi qui inspirent et motivent les bénévoles à œuvrer au bien-être de leur collectivité et à se préoccuper de leur prochain.
Les membres de ma congrégation sont des gens qui n'hésitent pas à donner de leur personne et de leur temps. Certains adoptent plusieurs causes, d'autres une ou deux. Les membres de chacune de mes congrégations vivent leur foi en offrant de conduire bénévolement des malades atteints du cancer, de rendre visite aux personnes recluses chez elles ou en foyer de personnes âgées, de livrer les repas de la popote roulante. Ces personnes sont membres des groupes de fabrication de courtepointes, ce sont des animateurs de programmes parascolaires pour les enfants, des représentants des conseils scolaires, des pompiers bénévoles, des animateurs d'activités pour venir en aide aux enfants autistes, des bénévoles qui rendent visite aux personnes âgées seules qui vivent encore chez elles, des personnes qui offrent des services aux victimes, des animateurs d'activités de financement pour la lutte contre le cancer, des entraîneurs de hockey et de soccer, des bénévoles de Municipalités en fleurs qui se chargent de nettoyer un tronçon de voie publique et d'en éliminer les détritus. Les diverses églises s'unissent souvent pour offrir un programme de vacances aux enfants, là où de telles activités sont rares et espacées ou essentiellement orientées vers le sport, des activités sportives qui nécessitent des dépenses et qui exigent un certain intérêt et des aptitudes athlétiques.
Je partage le point de vue du comité sénatorial, à savoir que les collectivités rurales doivent être en première ligne afin de trouver des moyens de lutter contre la pauvreté rurale, mais je me permets de souligner aux sénateurs et aux autres organismes que beaucoup d'habitants des régions rurales supportent déjà un lourd fardeau de responsabilités et soutiennent de nombreux organismes bénévoles.
Le clergé des régions rurales est souvent très occupé par les besoins de ses collectivités et congrégations. Étant donné que les services sociaux sont centralisés dans des villes plus grandes qui font face à des compressions de personnel et de ressources financières, les membres du clergé sont souvent sollicités comme premiers intervenants ou pour offrir un soutien à long terme. La plupart des ministres du culte et des prêtres ne reçoivent pas la formation appropriée en matière de counselling et de services sociaux. Pourtant, ils sont souvent placés dans des situations où ils doivent répondre à des demandes d'aide importantes et ils n'ont personne vers qui se tourner. En région rurale, le clergé doit souvent faire de longs déplacements pour offrir une aide spirituelle aux paroissiens et autres personnes hospitalisées, ou placées dans des établissements de soins à long terme ou des établissements correctionnels. La distance par rapport aux établissements d'enseignement et la diminution des ressources rendent parfois difficile tout apprentissage. Dans les régions rurales, le clergé ne dispose généralement pas de personnel et doit effectuer lui-même toutes les tâches. D'autre part, les églises rurales sont généralement considérées comme des postes de débutants, peu prestigieux et mal rémunérés. En conséquence, beaucoup d'églises rurales sont animées par des ministres nouvellement ordonnés, qui se succèdent rapidement et qui font face à des situations pour lesquelles ils n'ont pas été professionnellement, personnellement ni spirituellement préparés.
Toute démarche visant à prendre des mesures pratiques pour lutter contre la pauvreté rurale doit reconnaître l'extraordinaire contribution des laïcs et des clercs ordonnés. Une telle démarche doit s'assurer que la mise en œuvre de programmes supplémentaires ne contribue pas à accroître leur fardeau de responsabilités.
Les dirigeants locaux ont besoin de soutien, d'encouragement et d'assistance pour pouvoir lutter contre la pauvreté rurale. Il faut les inclure dans les décisions, les programmes et les stratégies de mise en œuvre, étant donné qu'ils possèdent une connaissance intime des besoins locaux et qu'ils ont également la confiance des habitants de la région.
Les églises rurales sont elles-mêmes touchées par la pauvreté qu'elles cherchent à éliminer. En raison de l'exode rural, les paroissiens sont de moins en moins nombreux, forçant les églises à fermer ou à fusionner. La conséquence est que les églises ont moins les moyens de venir en aide à la collectivité, laissant des lacunes que les services sociaux ne comblent pas ou ne peuvent pas combler.
Les valeurs de la foi qui inspirent les personnes et les collectivités tendent à disparaître, laissant une culture pauvre en expressions visibles et personnelles, vertus sur lesquelles notre pays a été bâti.
Étant donné que je fréquente les écoles, je sais que les valeurs que les élèves véhiculent engendrent souvent le mépris des autres, la violence, le racisme, le harcèlement et l'égocentrisme. Beaucoup de nos élèves n'ont pas été élevés dans la foi. Leurs attitudes et leurs opinions sont souvent influencées par la télévision, les jeux vidéos et informatiques où les valeurs qui rendent une école et une société plaisantes et prospères ne sont pas régulièrement reflétées ou mises en relief. Selon un commentaire que m'a fait un membre du personnel scolaire, la participation de l'église dans les écoles aide les élèves à prendre conscience du monde qui les entoure et à leur transmettre des valeurs comme la compassion.
L'église Knox a grandement contribué à faire participer les élèves à une campagne de financement et à des activités d'information concernant des initiatives au Soudan du Sud et l'équipe missionnaire qui s'est rendue au Mississippi pour offrir de l'aide après l'ouragan Katrina. Les élèves ont pu rencontrer les personnes qui ont travaillé à la fois au Soudan et au Mississippi et ils ont compris que leur aide a eu un impact positif sur les autres. Beaucoup de ces enfants n'auront jamais la chance de voyager très loin ou de rencontrer des gens d'ailleurs. Sans la présence et l'intervention de l'Église, ces élèves n'auraient jamais eu la possibilité de rencontrer de telles personnes.
Dans la localité de Watford, les églises connaissent de grandes difficultés, tout comme les résidences, les commerces et autres établissements. À cause du déclin et du vieillissement de la population, cette localité a perdu son école secondaire et a assisté à la fusion de deux écoles élémentaires. Malgré de nombreuses réunions, des recherches et l'appui des dirigeants locaux, la décision du conseil scolaire nous a été présentée comme un fait accompli. Les habitants se sont sentis trahis. Tout au long de cette période de tension, le clergé a régulièrement rencontré les directeurs d'école afin de leur offrir appui et assistance et a assisté aux réunions communautaires. Après l'annonce de la décision, les églises et le clergé ont redoublé d'efforts pour encourager la guérison et l'espoir au cours de la période de transition.
Watford fait face actuellement à une situation encore plus difficile qui aura des conséquences à long terme sur la viabilité de la collectivité. Au printemps dernier, le gouvernement provincial a approuvé la création du plus grand site d'enfouissement de la province et peut-être même du pays, à la limite du village. Depuis plus d'une décennie, notre collectivité s'est opposée en vain à la création de cette décharge. Sur le plan politique, il est plus facile de faire face à la colère de 1 000 électeurs à Watford qu'à celle d'un million ou plus de personnes dans la région de Brampton. On procède actuellement à la transformation de plus de 600 acres de terres agricoles en site d'enfouissement.
Toutes les six minutes, jour et nuit, un camion de poubelle de 50 pieds de long passera pour aller vider son chargement. Toutes les inquiétudes concernant les effets des fumées et des matières toxiques qui pénétreront dans l'atmosphère et dans la nappe phréatique ne semblent émouvoir personne. L'avenir de notre collectivité est menacé.
Les petites entreprises qui étaient les soutiens principaux de la collectivité ont disparu. La valeur des propriétés est à la baisse. Comment une ville peut-elle se présenter comme un endroit où il fait bon vivre et travailler alors qu'un dépotoir risque un jour de faire de l'ombre au cimetière et de dépasser en hauteur le clocher de l'église qui mesure 80 pieds de haut? Un jour, les montagnes de détritus seront aussi hautes que le pont Blue Water qui relie Sarnia à Port Huron.
On préférerait une entreprise employant 150 personnes, plutôt qu'un dépotoir qui en emploiera 15. Les gens sont fatigués de lutter contre les grandes entreprises et le gouvernement provincial. Ils ont l'impression de perdre le contrôle dans leur collectivité, de ne pas pouvoir être entendus ni respectés et sont mécontents de constater que des terres qui étaient autrefois très prisées pour la production agricole servent maintenant à accueillir des déchets. Les gens ont peur de devenir pauvres financièrement, mais il y a un autre type de pauvreté qui s'installe; une pauvreté de l'espoir, du respect, de la fierté de sa ville, une pauvreté qui touche la valeur de la terre et les responsabilités en matière de gestion des terres. La colère gronde chez les habitants de notre collectivité qui sont scandalisés, eux qui, pour la plupart, participent à des programmes de recyclage et à un système de collecte des déchets financé par l'usager, alors que la région métropolitaine de Toronto qui produit la plus grande partie des déchets qu'il faudra enfouir ici, continue à refuser d'appliquer un programme même modeste de réduction des déchets.
Les églises de Watford sont confrontées à la fois à des difficultés financières et à une diminution de la fréquentation. L'avenir ne paraît pas prometteur et d'ici 10 à 15 ans, il ne restera plus qu'une seule église protestante en ville, alors que nous en avons actuellement quatre. L'Église catholique fait face à ses propres défis, les paroisses ferment une à une et les prêtres doivent se partager entre plusieurs paroisses. Le résultat, ce n'est pas uniquement la pauvreté rurale, c'est aussi une pauvreté de l'esprit, la disparition de services sociaux et une perte des valeurs qui ont fait la force et le dynamisme des collectivités. L'histoire de Watford n'est pas unique. Les églises de Thedford font face aux mêmes difficultés que les autres églises rurales du Canada. Les congrégations et le clergé des régions rurales font face à de graves problèmes, mais ils ont également des défis extraordinaires à relever afin de promouvoir le bien commun au nom d'un Dieu aimant pour les populations et les collectivités rurales. La force spirituelle qui caractérise les congrégations rurales m'inspire et m'impressionne. Elle me pousse également à affirmer que nous ne devons pas, en tant qu'institutions de l'Église et de l'État, abandonner, rejeter ou amoindrir les populations et les collectivités rurales qui font partie intégrante de notre pays. Elles ont beaucoup à offrir au Canada. Elles donnent également au Canada l'occasion d'apprendre, de respecter et de soutenir la population et les collectivités rurales. Sans nos églises rurales, sans les valeurs qu'elles expriment et les croyances qui les guident dans la vie quotidienne, le Canada serait un endroit plus pauvre.
La présidente : C'est la première fois que nous entendons ce type d'exposé. C'était courageux et émouvant. Je vous remercie d'être venue ici aujourd'hui.
Le sénateur Gustafson : Le tableau inquiétant que vous avez brossé correspond à de nombreuses régions rurales du Canada. Je vous félicite pour le travail que vous accomplissez en appliquant les enseignements de notre Seigneur : Donnez du pain aux affamés et ouvrez votre porte aux étrangers. Au Canada, nous avons tendance à tenir beaucoup de choses pour acquises. Je vous félicite pour votre excellent exposé. Dans un pays comme le Canada, on ne devrait pas avoir besoin de banques d'alimentation. Pouvez-vous nous parler un peu plus des banques d'alimentation et du nombre de personnes qui les fréquentent?
La révérende O'Reilly : Notre église à Thedford et d'autres églises de localités plus petites appuient la banque d'alimentation Contact House de Forest. Je ne connais pas exactement les chiffres, mais d'après notre participation, je sais que la fréquentation des banques d'alimentation est à la hausse et qu'elles desservent aussi bien la population autochtone que les pauvres de nos collectivités rurales. Il m'est arrivé d'aller apporter des produits alimentaires à l'église anglicane de Forest et j'ai pu constater que la banque d'alimentation occupe la totalité du sous-sol. Cet espace n'est pas beaucoup plus petit que la salle où nous nous trouvons actuellement. Les étagères sont pleines. J'ai vu les passagers d'une dizaine de voitures attendre leurs provisions hebdomadaires.
Le sénateur Gustafson : La cause de cette pauvreté est-elle liée à l'alcoolisme?
La révérende O'Reilly : Oui, une partie de la pauvreté est due à l'alcoolisme et à d'autres problèmes. Il y a plusieurs familles monoparentales. Nous savons que le revenu agricole diminue considérablement dans nos collectivités. Certaines de nos petites entreprises ont de la difficulté à subsister. Les grands magasins de Sarnia, London et Strathroy font une terrible concurrence à nos détaillants locaux. Les petites entreprises et les emplois qu'elles offraient disparaissent aussi. Les possibilités d'emploi sont beaucoup moins nombreuses. Bien sûr, il y a des emplois saisonniers dans les camps et les parcs de caravanes, près du lac Huron, mais ce sont en général des emplois payés au salaire minimum avec lesquels il est difficile de faire vivre une famille.
Mais c'est surtout dans le cadre de nos interventions dans les écoles que je constate la pauvreté. Je connais des enfants qui viennent à l'école avec rien d'autre que du Jell-O dans un sac. Sans les collations que nous distribuons dans chaque classe, ces enfants n'auraient pas assez à manger de toute la journée. Il est difficile dans de telles conditions d'apprendre et de demeurer en bonne santé. Les enfants n'ont pas de pouvoir d'achat et n'ont pas leur mot à dire quant à la quantité ou à la qualité de la nourriture qu'achètent leurs parents. Certains enfants n'ont pas la possibilité de suivre des cours de musique.
Thedford et Watford sont de grandes villes de hockey. Le hockey est un sport coûteux qui n'est pas à la portée de nombreuses familles. Les jeunes traînent dans les rues, regardent la télévision ou jouent à des jeux vidéo. Je doute que de telles activités favorisent une bonne santé, des valeurs ou une éthique du travail.
Le sénateur Gustafson : Il n'y a pas de solution rapide. Que feriez-vous si vous étiez à la place du gouvernement et que vous pouviez prendre une seule mesure?
La révérende O'Reilly : C'est une question difficile et je réalise que c'est celle à laquelle vous êtes confrontés.
Le sénateur Gustafson : Nous allons y être confrontés. Nous avons entendu tellement de témoignages qu'il est presque impossible de régler tous les problèmes. Il ne sert à rien de poursuivre l'exercice si l'on ne peut pas faire quelque chose.
La révérende O'Reilly : Le gouvernement peut peut-être faire quelque chose, ne serait-ce que d'accorder plus de respect aux habitants des collectivités rurales, afin de trouver une solution aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Je reconnais que les électeurs des régions rurales sont beaucoup moins nombreux que ceux des zones urbaines.
Si l'on veut favoriser l'énergie, le respect et l'encouragement, il faut que les habitants des régions rurales aient l'impression d'être entendus et pris en considération. Ce sont des gens qui ont énormément de ressources; ce sont des survivants. Leur existence même le prouve. C'est fatigant d'avoir toujours l'impression de ne pas pouvoir se faire entendre et de constater que les choses qui vous paraissent importantes passent inaperçues dans la course aux votes ou sont victimes de ce qui semble être des expédients politiques ou financiers.
Il y a des choses comme la qualité de la vie, qui n'ont pas de prix. Ces choses-là sont importantes pour tous les Canadiens, quelle que soit la région où ils vivent. N'importe quelle mesure visant à encourager le respect et donner aux habitants des régions rurales l'impression que l'on prend leur situation au sérieux, serait utile.
Il est sans aucun doute important d'appuyer les personnes qui, comme je l'ai dit, font déjà beaucoup de bénévolat. Peter Bush a joué un rôle déterminant dans sa ville de Mitchell pour trouver les fonds nécessaires pour créer un centre des jeunes, et cetera. Parfois, les formalités administratives pour avoir accès à certains avantages ou pour s'informer à leur sujet, peuvent être décourageantes. Pour une personne qui a déjà beaucoup de travail, qui doit en plus élever sa famille et faire du bénévolat, c'est parfois une tâche insurmontable que d'avoir à se débattre avec toute une paperasserie.
Je sais que le gouvernement a décidé il y a quelques années de relocaliser certains services comme les bureaux des passeports et de Revenu Canada à l'extérieur des grands centres urbains du Canada. Il est important d'offrir ce type de débouché même dans les petites localités, afin que leurs habitants bénéficient d'emplois stables. La plupart des gens veulent travailler et élever leur famille; ils ne veulent pas être au chômage; ils ne veulent pas attendre l'aide du gouvernement ni faire la queue aux banques d'alimentation, ni décrocher le téléphone pour dire : « Je ne peux pas payer ma note d'électricité ce mois-ci. Pouvez-vous m'aider? »
Je pense qu'il serait important de créer de bons emplois dans les petites localités du pays et n'importe quelle mesure visant à soutenir nos produits agricoles serait extraordinaire.
Pour ce qui est des écoles, je sais que l'éducation est une compétence provinciale, mais les compressions dont les écoles ont été victimes me brisent le cœur. Nous n'avons plus de programmes de musique dans la plupart de nos écoles ontariennes. Les programmes d'art ont été victimes des compressions budgétaires et c'est maintenant à l'enseignant de se débrouiller pour offrir un programme de musique. Tous les enseignants ne sont pas doués en musique ou n'ont pas reçu la formation nécessaire, mais les professeurs de musique qui passaient d'école en école n'existent plus.
Quant à l'équipement sportif, il coûte très cher. Il aurait fallu dépenser plusieurs milliers de dollars pour installer de nouveaux paniers de basket pour nos jeunes élèves. Je siège au conseil scolaire local et nous ne disposons pas de milliers de dollars pour installer des paniers de basket. On ne peut pas constamment solliciter l'aide de la collectivité pour financer ce genre de choses.
Comme je l'ai dit, les budgets des sociétés d'aide à l'enfance sont étirés au maximum et, d'après mon expérience, je crois que ces services sont concentrés dans les villes. Dans les petites villes rurales, les services d'aide à l'enfance ne reçoivent pas la même attention que dans les grandes villes. Les travailleurs doivent s'occuper de beaucoup de dossiers et sont très peu nombreux. Les services réguliers de conseil, de soutien et de soins de santé mentale ne sont pas facilement disponibles et les écoles doivent affronter elles-mêmes des problèmes de comportement qui dépassent leurs compétences. Les spécialistes de gestion du comportement ou les éducateurs adjoints sont moins nombreux dans les écoles. Certains élèves traînent avec eux un lourd bagage et ont de la difficulté à fonctionner dans un cadre scolaire. Pourtant, il n'y a pas plus de personnel pour leur offrir de l'aide. C'est là que certains de nos mentors ou des personnes comme moi peuvent intervenir, mais il y a une limite à ce que nous pouvons faire. Je ne peux pas être à l'école en permanence; j'ai d'autres responsabilités.
Je m'inquiète pour l'avenir de ces élèves. Il est important sur le plan moral et financièrement responsable d'intervenir le plus tôt possible pour aider ces jeunes. Chaque dollar investi chez un enfant est un dollar économisé pour ces futurs adultes qui, faute d'avoir été soutenus dans leur jeunesse, risquent de commettre des infractions ou de ne pas pouvoir obtenir l'emploi ou les compétences sociales indispensables pour bien fonctionner dans la vie.
Le sénateur Callbeck : Je tiens à vous féliciter, vous et vos congrégations, pour les services que vous offrez. Ce que vous faites est vraiment remarquable.
Vous avez dit que lorsque vous êtes arrivée à Thedford, il y avait 20 personnes dans votre congrégation et que maintenant, vous en comptez 60 à 80. Est-ce que votre autre congrégation a elle aussi augmenté?
La révérende O'Reilly : Non, la fréquentation de l'église a diminué dans l'autre collectivité.
Le sénateur Callbeck : Est-ce que les gens ont déménagé?
La révérende O'Reilly : Oui, les jeunes ont tendance à s'en aller. Quand je suis arrivée pour la première fois à Watford, il y avait quatre générations de fidèles à l'église, le dimanche, ce qui est plutôt rare. Les gens meurent. Nous avons eu beaucoup de funérailles depuis que j'exerce mon ministère à Watford. Les fidèles qui étaient les piliers de l'église sont partis pour le repos éternel, comme nous le ferons tous un jour. Malheureusement, leurs petits-enfants et leurs arrière-petits-enfants ne peuvent plus revenir travailler à la ferme ou dans une petite entreprise, parce qu'il n'y a plus d'emplois. Je suis certaine que les témoins que vous avez entendus dans les autres villes rurales vous ont décrit le même genre de situation. Les jeunes vont à l'école, font leurs études et s'en vont. Certains d'entre eux sont installés à Ottawa; d'autres à Toronto, London ou ailleurs en Ontario, ou même dans d'autres provinces, parce qu'ils vont là où ils trouvent du travail. Dans notre congrégation, nous avons plusieurs familles de trois, quatre, six enfants et peut-être un seul enfant de chaque famille va rester à Watford; les autres s'en iront.
Le sénateur Callbeck : Vous devez avoir beaucoup de merveilleux bénévoles et de grandes capacités de leader. Quel est le pourcentage de bénévoles dans vos congrégations?
La révérende O'Reilly : Je dirais que facilement les deux tiers de ma congrégation font du bénévolat.
Le sénateur Callbeck : Quelle est la moyenne d'âge de vos bénévoles?
La révérende O'Reilly : L'âge varie, mais en particulier dans la congrégation de Thedford, nous avons la chance d'avoir plusieurs bénévoles pas très âgés et en bonne santé; ce sont de jeunes retraités qui se sont installés dans la région pour profiter de la beauté du lac Huron. Ces bénévoles sont très précieux, surtout pour notre programme de mentors. À part moi, tous ces bénévoles sont de jeunes retraités en bonne santé qui interviennent à l'école. Bien entendu, ceux qui travaillent dans la journée ne peuvent pas faire du bénévolat à l'école.
Les bénévoles sont un peu plus âgés; ils ont certainement plus de 50 ans. C'est aussi une question de valeurs. Ce sont des gens qui sont naturellement portés à venir en aide à leur prochain.
Le gouvernement de l'Ontario a décidé d'imposer aux élèves du secondaire d'effectuer 40 heures de service communautaire pour pouvoir obtenir leur diplôme de fin d'études. C'est une mesure positive, mais je ne suis pas certaine que ce soit suffisant pour engendrer un engagement permanent en faveur du bénévolat.
Le sénateur Callbeck : Vous avez parlé du programme de mentorat, une initiative merveilleuse.
Au cours de nos déplacements, on nous a dit que beaucoup de bénévoles s'épuisent. J'imagine que vous avez rencontré ce genre de problème. Est-ce difficile de trouver des bénévoles? Est-ce que les bénévoles sont plus ou moins nombreux?
La révérende O'Reilly : Je suis contente que le nombre de nos bénévoles soit resté stable. Il faut dire que nous prenons le temps et nous faisons l'effort de remercier et d'encourager nos bénévoles et de reconnaître le travail qu'ils font. En tant que ministre du culte, ce qui m'intéresse, c'est que les fidèles de ma congrégation mettent en pratique les principes de la foi et deviennent ainsi des agents de changement dans la collectivité, plutôt que d'organiser des réunions tous les soirs à l'église. Nous manifestons notre appréciation. Nous soutenons le programme de bénévoles et le programme SNAP, parce qu'ils font tous deux partie de la vie et du tissu de l'église. De temps à autre, les gens veulent prendre une pause ou, à mesure qu'ils vieillissent, ils trouvent peut-être plus difficile de côtoyer les jeunes plein d'énergie à l'école publique et préfèrent être bénévoles dans un foyer pour personnes âgées ou dans un autre contexte semblable. Généralement, ils ne cessent pas de faire du bénévolat, mais ils passent à un autre secteur qui correspond mieux à l'énergie qu'ils peuvent lui consacrer à ce moment-là.
Le sénateur Callbeck : Les autres églises de la région offrent-elles le même type de services?
La révérende O'Reilly : Certaines le font. D'autres ne le font pas, parce qu'elles font face à des problèmes financiers ou parfois de direction. Parfois, lorsque l'assemblée des fidèles est réduite, il est plus difficile pour eux d'assurer la maintien de leur église et donc d'offrir tous ces services communautaires.
Comme je l'ai dit, le roulement du clergé rural y est pour quelque chose. En moyenne, un ministre du culte reste de trois à cinq ans dans une église rurale. Les recherches théologiques ont prouvé qu'un ministre du culte doit être en poste pendant cinq à sept ans dans une collectivité rurale pour commencer à exercer une certaine influence, car cela prend toutes ces années pour connaître l'endroit et les fidèles et pour mériter leur confiance et leur respect. Quand on traite avec des familles qui vivent dans des fermes centenaires, peut-on s'attendre à ce qu'elles nous accordent leur confiance quand elles savent que nous serons partis au bout de trois ans? L'engagement à l'égard de la collectivité, lorsque le clergé rural peut rester au même endroit et s'engager à rester — dans la mesure où c'est un ministère sain — contribue beaucoup à stimuler la croissance et à encourager les fidèles à s'engager à l'égard de leur église et de leur collectivité.
Le sénateur St. Germain : Je vous remercie d'être venue témoigner aujourd'hui, révérende O'Reilly.
Lorsque le sénateur Gustafson vous a demandé ce que le gouvernement pouvait faire, vous avez mentionné le respect des habitants ruraux et vous avez parlé ensuite du réseau de bénévoles. Pensez-vous que le gouvernement devrait encourager le bénévolat financièrement ou par certaines marques de reconnaissance?
La révérende O'Reilly : J'aimerais que le gouvernement fasse les deux. La plupart des bénévoles ne veulent pas être rémunérés pour le travail qu'ils font. Ils considèrent qu'ils rendent service à la communauté. Toutefois, il est difficile de maintenir ou d'étendre les programmes pour répondre aux besoins de la collectivité. Dans une collectivité, il n'y a pas 36 sources de financement. À certains moments, il y a des activités de collecte de fonds pour l'école, d'autres pour le hockey, et d'autres encore pour le patinage artistique. De plus, les écoles récoltent régulièrement de l'argent pour organiser un voyage ou pour acheter du matériel et nous souhaitons également que les donateurs continuent à soutenir leur église. Parfois, les donateurs sont fatigués.
Je ne parle pas ici de soutenir financièrement les bénévoles, mais les organismes, afin qu'ils puissent poursuivre leur mission sans avoir à faire tant de collectes de fonds. Je comprends qu'un système de poids et de contrepoids est indispensable pour s'assurer que les fonds sont répartis de manière responsable, mais ce serait très appréciable pour les organismes de pouvoir obtenir le financement dont ils ont besoin sans avoir à remplir des tonnes de formulaires.
Il est important de reconnaître le travail et le dévouement des bénévoles. Nous devons tout mettre en œuvre pour reconnaître le travail que font les bénévoles et remercier les gens qui donnent de leur temps plutôt que de déposer quelques dollars dans un panier. Il en coûte beaucoup plus aux bénévoles qui offrent leur temps, leur énergie et leurs compétences. Tout ce que nous pouvons faire pour encourager, stimuler et reconnaître nos bénévoles et leur rendre hommage, c'est du temps, des efforts et de l'argent bien dépensé.
Le sénateur Mahovlich : Merci d'être venue témoigner aujourd'hui, révérende O'Reilly.
Je suis originaire du petit village de Schumacher où notre prêtre était le père Les Costello. Il a beaucoup fait pour la collectivité. Après avoir grandi à Schumacher, il a quitté la ville et est revenu comme prêtre. C'était un joueur de hockey professionnel qui avait remporté la Coupe Stanley en 1949 avec les Maple Leafs de Toronto.
La révérende O'Reilly : C'était longtemps avant moi.
Le sénateur Mahovlich : Oui, et longtemps avant mon époque aussi.
Le père Costello organisait beaucoup de choses pour aider les pauvres et il avait beaucoup d'œuvres sociales. Maintenant qu'il est mort, l'église va fermer. Les vieilles dames de la ville sont très déçues, car maintenant, elles devront se rendre à Timmins pour aller à l'église.
Je vois que Lambton Shores est la ville la plus proche.
La révérende O'Reilly : Lambton Shores est le résultat de la fusion imposée par le gouvernement provincial. Thedford fait partie de Lambton Shores, tout comme Port Franks; c'est comme un canton. Sur le site web de Statistique Canada, on peut lire « Village de Thedford dissous ». Il fait maintenant partie de Lambton Shores, mais les gens de là-bas continuent à dire Thedford, Forest et Arkona.
Le sénateur Mahovlich : C'est un peu la même chose à Schumacher.
Avec une population de 11 000 habitants, est-ce qu'il y a beaucoup de clubs Lions dans cette collectivité?
La révérende O'Reilly : Il y a quelques clubs Lions ainsi qu'un club Optimiste dans plusieurs collectivités.
Le sénateur Mahovlich : Est-ce qu'ils commanditent les équipes de hockey?
La révérende O'Reilly : Oui, ils font tout leur possible pour commanditer le hockey. Certaines entreprises de la région commanditent elles aussi les équipes de hockey.
Le sénateur Mahovlich : Est-ce qu'il y a des transports publics d'une petite ville à l'autre?
La révérende O'Reilly : Généralement, ce sont les parents qui accompagnent leurs enfants au hockey.
Le sénateur Mahovlich : Il n'y a pas de transport public pour permettre aux jeunes de se rendre d'une patinoire à l'autre?
La révérende O'Reilly : Non, ce sont les parents qui se chargent de transporter leurs enfants.
Le sénateur Mahovlich : Le gouvernement pourrait peut-être faire quelque chose dans ce domaine.
La révérende O'Reilly : À Lambton Shores, le hockey mineur a lui aussi fusionné, parce qu'il n'y a pas suffisamment de joueurs pour faire des équipes dans chaque petite ville. Désormais, toutes les équipes seront basées à Forest.
Le sénateur Mahovlich : Vous avez parlé de création d'emplois. Pouvez-vous nous dire ce que le gouvernement pourrait faire dans ce domaine?
La révérende O'Reilly : Même certains organismes du gouvernement ont déménagé, y compris le Bureau des passeports.
Le sénateur Mahovlich : Les bureaux de Citoyenneté et Immigration se sont installés en Alberta. Cela m'a paru étrange, car quand on parle d'immigration, on pense immédiatement à Ottawa.
La révérende O'Reilly : Peut-être, mais à l'ère de l'électronique, on peut faire beaucoup de choses en ligne.
Le sénateur Mahovlich : Il faut quand même tout vérifier.
La révérende O'Reilly : Oui, le gouvernement pourrait fournir des capitaux d'amorçage aux personnes qui veulent créer leur propre petite entreprise. C'est difficile pour les petites entreprises de faire concurrence aux grandes chaînes de magasins à prix réduits. Beaucoup d'agriculteurs vendent encore des produits frais à l'entrée de leur exploitation, mais c'est un travail saisonnier. J'ai l'impression que la plupart des habitants des petites villes souhaitent dans la mesure du possible appuyer leurs propres collectivités, mais certaines réalités financières sont incontournables. Si le panier d'épicerie coûte un tiers de plus dans une petite ville que dans les grands magasins, les habitants de la région, surtout ceux qui ont une famille à nourrir, n'hésiteront pas à prendre leur voiture pour aller faire leur marché ailleurs, afin d'économiser de l'argent. Les magasins locaux finissent par fermer.
Le sénateur Mahovlich : L'emplacement est très important pour les commerces. Ce serait idéal pour Lambton Shores de se trouver à proximité de Port Huron.
La révérende O'Reilly : Oui, Port Huron attire beaucoup de touristes. Mais évidemment, le cours du dollar canadien est si élevé par rapport au dollar américain, que même pour la fin de semaine de Memorial Day, les parcs de la région ont accueilli moins de visiteurs que les années précédentes, car c'est moins intéressant sur le plan financier pour les Américains de traverser la frontière.
Le sénateur Mahovlich : Il faut avoir des incitatifs.
La révérende O'Reilly : Exactement et ce sera plus difficile encore lorsque le nouveau règlement de sécurité concernant les passeports entrera en vigueur et s'appliquera aux gens qui empruntent le pont Blue Water.
Le sénateur Gustafson : Je ne sais pas si je devrais soulever cette question, mais je vais le faire quand même. Il est de bon ton d'appuyer la séparation de l'Église et de l'État. C'est-à-dire d'empêcher l'Église de s'ingérer dans les affaires du gouvernement, et cetera. Certains réfléchissent à cette situation et pensent que nous sommes peut-être allés trop loin.
La révérende O'Reilly : Pour commencer, la notion de séparation de l'Église et de l'État était une tradition américaine et pas nécessairement canadienne, mais il faut dire qu'elle semble devenir plus courante dans la société canadienne.
La séparation de l'Église et de l'État signifie essentiellement que l'Église ne devrait pas être sous le contrôle de l'État et réciproquement. Cela ne veut pas dire que les deux institutions ne peuvent pas collaborer. Il est tout à fait possible pour des communautés religieuses, chrétiennes ou autres, de collaborer avec l'État pour le bien-être de la population. Cela ne signifie pas que l'Église va nécessairement utiliser toutes les occasions possibles pour faire du prosélytisme. Cela ne signifie pas que l'État appuie certains points de vue religieux, mais qu'il tient compte de l'ensemble des données relatives à la santé et au bien-être de ses citoyens et de ses électeurs. Prenons par exemple les interventions que les fidèles de mes deux paroisses font dans les écoles. Nos mentors ne vont pas dans les écoles pour essayer de convaincre les enfants de suivre une certaine idéologie religieuse. Leur but est de transmettre des valeurs positives d'honnêteté, d'intégrité, d'éthique du travail, de compassion et d'abnégation — des notions sur lesquelles notre pays a été fondé et que nous continuons à épouser.
Le sénateur Gustafson : Il faut rappeler par ailleurs que des groupes religieux sont à l'origine de 75 p. 100 ou plus des activités d'aide aux populations pauvres du monde.
La révérende O'Reilly : Tout à fait et c'est tout simplement parce que cela correspond à notre motivation, notre morale et notre mode de vie. C'est ce que nous voulons faire de notre vie.
Le sénateur Gustafson : C'est vrai. Lorsque le gouvernement intervient dans beaucoup de ces secteurs, les choses ne semblent pas aller très bien. Par exemple, ce sont les églises mennonites qui ont créé la Banque de céréales vivrières du Canada en 1925, après que leurs fidèles eurent été victimes de la famine. Cette merveilleuse organisation continue à approvisionner les populations du monde entier. Je me souviens que la ville de Lampman avait demandé deux chargements de wagons de blé. Un chargement de blé représente environ 3 000 boisseaux. On leur a envoyé 12 chargements de blé. Un homme qui était venu avec un petit camion chargé de blé, un immigrant originaire d'Allemagne avait déclaré : « Pendant un an, nous n'avons mangé que des rutabagas, lorsque nous étions en Allemagne. C'est tout ce que nous avions à manger. C'est de bon cœur que je donne un chargement de blé pour aider. » De telles organisations ont joué un rôle dans la société et pourtant, de manière générale, on me dit que dans la région métropolitaine de Vancouver, moins de 5 p. 100 de la population fréquente une église. Nous avons peut-être perdu quelque chose.
La révérende O'Reilly : Je pense que les gens qui se portent volontaires pour des causes qui ne sont pas nécessairement les plus glorieuses — par exemple il n'y a rien de particulièrement exaltant à conduire une fois par semaine un malade qui doit recevoir un traitement pour le cancer — ces bénévoles agissent par compassion et se préoccupent de leur prochain.
Dans les petites villes et les régions rurales, les gens se connaissent encore. Ils connaissent leurs voisins et ils savent ce qui est important.
Les services de soins de santé et les services sociaux ne sont pas toujours disponibles dans les petites villes. Ma belle- mère et mes parents s'étaient installés dans la ville où je vis. Les gens de la ville leur rendaient visite régulièrement et se préoccupaient d'eux, même s'ils n'étaient pas originaires de l'endroit, tout simplement parce que dans une petite ville, les gens s'entraident, connaissent encore leurs voisins et se préoccupent d'eux.
J'ai grandi dans le secteur ouest de Toronto, un quartier où on ne connaissait pas toujours ses voisins. On ne savait pas qui ils étaient, où ils travaillaient, ni ce qu'ils faisaient. Dans les petites villes et les régions rurales, on connaît encore ses voisins. Les gens qui connaissent leurs voisins de nom ou de vue, sont plus prêts à les aider. Les gens remarquent si la lumière ne s'est pas allumée à l'heure habituelle chez le voisin et sont prêts à aller vérifier si la personne a besoin d'aide. Les gens savent si une ambulance ou une voiture de police est venue à la maison et ils appellent pour vérifier si tout va bien. Ce sont ces petits gestes et ces attitudes de bons voisins qui disparaissent peu à peu.
Comme je l'ai dit, je suis fière que cet esprit-là demeure vivant, non seulement parmi mes fidèles, mais également dans les autres congrégations rurales dans lesquelles j'ai travaillé ou que j'ai visitées, d'est en ouest. Les gens sont déterminés à s'entraider et ont leur collectivité à cœur et ils s'efforcent de faire le bien. Tout ce que nous pouvons faire pour renforcer, appuyer et respecter ce type d'attitude contribuera grandement à préserver le type de pays que nous voulons.
Le sénateur Peterson : Merci, révérende O'Reilly, pour votre exposé émouvant et concis. À quel pourcentage des besoins pensez-vous répondre grâce à l'excellent travail que vous faites avec vos bénévoles et d'autres groupes dans vos secteurs?
La révérende O'Reilly : Nous répondons à moins de la moitié des besoins. Par exemple, je n'aurais aucun problème à trouver des élèves pour trois fois plus de mentors qui font du bénévolat dans les écoles. Parmi les programmes de visite et de sensibilisation et les autres activités auxquelles nous souhaiterions nous consacrer, j'aimerais beaucoup pouvoir offrir un programme aux couples divorcés, afin d'accorder aux familles monoparentales l'aide dont elles ont besoin. Mais c'est toujours une question de temps. Malgré toutes les activités qu'entreprennent les fidèles de mes deux églises, nous ne pouvons répondre à la moitié des besoins de notre collectivité. Je pense que le constat est le même pour la plupart des autres églises.
Le sénateur Peterson : Vous savez certainement que la pauvreté existe aussi en milieu urbain.
La révérende O'Reilly : Évidemment.
Le sénateur Peterson : Mais dans les régions rurales, il y a en plus le problème du transport, pas seulement pour le sport et pour les enfants, mais également dans le cas des personnes âgées qui ont besoin d'obtenir des soins. Avez-vous réfléchi à une solution possible? Le manque de transport est un grand problème que l'on nous signale régulièrement.
La révérende O'Reilly : Oui, le gouvernement pourrait peut-être subventionner les frais de déplacement. Je ne suis pas certaine que la mise en place d'un service d'autobus serait utile, étant donné que les besoins varient selon les individus et dépendent de l'heure du rendez-vous des malades à certains hôpitaux, mais on pourrait peut-être accorder une subvention aux chauffeurs bénévoles. On pourrait peut-être dédommager les familles qui assument le fardeau des soins et dont un des membres doit prendre un congé de son travail pour s'occuper d'un parent âgé, d'un frère ou d'un enfant atteint d'une maladie chronique ou grave.
Le sénateur Peterson : Serait-il déraisonnable pour le gouvernement d'envisager d'accorder un dégrèvement fiscal à ces personnes afin qu'elles n'aient pas tout au moins à assumer ces frais?
La révérende O'Reilly : Exactement, d'autant plus que le prix de l'essence ne cesse d'augmenter, ce qui représente une dépense énorme pour les familles. Je travaille actuellement avec une famille qui est aux prises avec des démêlés juridiques. Ils doivent se rendre à Sarnia et chaque fois, les coûts de transport ajoutent une autre difficulté financière ou une contrainte à cette famille.
Le sénateur Peterson : Pour régler le problème de la pauvreté à plus grande échelle, que penseriez-vous d'un revenu annuel garanti qui permettrait de répartir le fardeau de la pauvreté rurale sur l'ensemble de la population canadienne?
La révérende O'Reilly : C'est un concept intéressant qui mérite d'être examiné. Je sais qu'il y a parfois des abus dans la société et que certains ne respectent pas l'éthique du travail. Certaines personnes ne pourront jamais, pour des raisons mentales, physiques ou émotionnelles, exercer un emploi à temps plein, le type d'emploi auquel la plupart des Canadiens aspirent. Dans une société guidée par l'entraide et la compassion, nous devons nous occuper de ces gens-là. Je n'hésite pas à encourager les gens à travailler. Je ne pense pas qu'il soit sain pour une société de continuer à assister des personnes qui sont aptes au travail, mais je pense que le travail doit être intéressant et pas dérisoire. C'est tout un défi en soi. Il est certain qu'une sorte de revenu garanti contribuerait grandement à aider les gens à subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, mais je reconnais que c'est une question complexe.
Le sénateur St. Germain : Révérende, comme le sénateur Mahovlich, j'ai grandi moi aussi dans une petite ville. De la première à la huitième année, j'ai fréquenté une école qui n'avait qu'une seule classe. En 1949, j'avais déjà 12 ans et, à l'époque, il y avait une grande solidarité dans le village. Lorsque quelqu'un était blessé ou mourait, tout le monde était atterré. Comment réagir face à cette société sécularisée où le respect n'existe plus dans bien des cas, surtout dans les centres urbains, mais de plus en plus aussi dans les secteurs ruraux? Notre société est marquée par la décadence morale et la violence. Il n'y en a que pour l'individu, le matérialisme et la gratification instantanée. Voilà la situation à laquelle nous faisons face. D'après vous, comment l'Église réagit-elle à cette situation? Je vais à l'église toutes les semaines, mais je ne pense pas que les pratiquants s'attaquent à cet aspect de la société qui contribuera à aggraver la situation des victimes de la pauvreté dans nos collectivités rurales. Cela ne fait qu'aggraver leur situation. Comment réagissez-vous à cela? Je suis certain que vous devez y penser. C'est une situation que vous connaissez bien dans votre profession.
La révérende O'Reilly : Tout à fait. J'ai deux commentaires à présenter à ce sujet. Premièrement, comme je l'ai dit dans mon exposé, le clergé rural a besoin de soutien et d'encouragement et il doit pouvoir continuer à apprendre et rester plus longtemps dans les mêmes collectivités. Cela devient presque un fait culturel. La culture actuelle valorise tout ce qui est grand. Par conséquent, être titulaire d'une plus grande église est considéré comme une promotion. Je lutte contre cette tendance, puisque j'ai toujours exercé mon ministère, par choix, dans des régions rurales. Ces pasteurs parviennent à s'intégrer dans la collectivité, un peu comme le prêtre dont parlait le sénateur Mahovlich. Ces gens-là peuvent transmettre les valeurs du bien et de la justice, de la compassion et de la bonté. Leur vie est un exemple et une source d'inspiration pour les habitants de leurs collectivités. Je pense que les églises doivent faire preuve d'audace pour aborder ces problèmes, en parler ouvertement et encourager les gens à mettre en application les principes de leur foi. Il est indispensable que l'Église ne s'enferme pas dans sa propre sphère et se contente d'aborder ces questions au cours de l'assemblée du dimanche matin. Notre vie doit être imprégnée de nos valeurs et nous devons donner l'exemple en nous impliquant dans nos collectivités et en collaborant avec des personnes qui ne mettent jamais les pieds à l'église. Il faut faire preuve d'intégrité et vivre ce en quoi nous croyons. Les églises ne doivent pas se contenter de dénoncer les choses qu'elles n'approuvent pas. Je pense que les églises doivent se lever et dire : « Voilà ce que nous voulons. Voilà ce que nous tenons pour vrai et nos fidèles en donnent l'exemple dans leur vie et dans la façon dont ils se dévouent pour leur collectivité. » C'est beaucoup plus utile que les déclarations faites du haut de la chaire ou les commentaires négatifs ponctués par le martèlement du poing. Nous sommes favorables à beaucoup de choses, mais parfois tout cela se perd dans le concert strident des voix manifestant la désapprobation.
Le sénateur Mahovlich : J'ai un ami qui vient de prendre sa retraite. Il vit à Bracebridge, une ville d'assez grande importance. Il a pris contact avec la Croix-Rouge et il fait beaucoup de bénévolat, conduisant des malades qui ont rendez-vous à l'hôpital, à Toronto. Est-ce qu'il y a une succursale de la Croix-Rouge à Lambton Shores?
La révérende O'Reilly : Non.
Le sénateur Mahovlich : Est-ce qu'il y a d'autres organismes comme la Croix-Rouge qui offrent leur assistance?
La révérende O'Reilly : VON Canada, l'Ordre des infirmières de Victoria, est implanté dans notre collectivité et recherche des bénévoles. Il y a aussi les bénévoles de la Société du cancer qui collectent des fonds et transportent les malades, et cetera. Il y a aussi les services aux victimes qui offrent leurs services aux personnes victimes d'actes criminels ou qui ont subi une perte tragique. Nous avons des bénévoles qui travaillent pour ces organismes. Il ne se passe pas un mois sans que je reçoive une lettre d'un de ces organismes me demandant de faire savoir qu'ils ont besoin de bénévoles. Les organismes savent que les églises sont sans doute le meilleur endroit pour recruter des bénévoles.
Le sénateur Mahovlich : C'est intéressant. Je sais que mon ami est occupé trois jours par semaine.
La révérende O'Reilly : La plupart des retraités que je connais se demandent comment ils avaient le temps de travailler auparavant, tant ils sont occupés par toutes ces activités pour lesquelles ils se dévouent avec plaisir.
La présidente : Merci beaucoup d'être venue. Vous avez présenté un exposé extrêmement important. Nous voulons vraiment éliminer la pauvreté rurale au Canada. Nous avons parcouru toutes les provinces de l'Est du Canada, les provinces de l'Atlantique, toutes les provinces de l'Ouest et nous avons fait plusieurs visites en Ontario et au Québec. Ce ne fut pas vraiment une découverte, mais quand on s'intéresse à un aspect particulier, il y a un problème plus grand qui surgit tout à coup. Face au déclin de l'agriculture et des collectivités agricoles, qu'adviendra-t-il des petites collectivités qui sont vraiment à la base du Canada rural? Si le secteur agricole disparaît, qu'adviendra-t-il de ces villes? Cela s'est déjà produit dans certaines régions du Canada.
Les sujets que vous avez abordés aujourd'hui sont intéressants. Il est extrêmement important de souligner que divers organismes religieux ont fait un travail terriblement utile qui a contribué à maintenir l'intégrité de bon nombre de structures rurales plus petites.
Je suis originaire du Sud-Ouest de l'Alberta, une région qui a accueilli, à diverses époques de son histoire, de grands groupes de personnes venant de l'autre côté de la frontière, de l'État de l'Utah; les pionniers mormons. Les villes qui se sont construites à cette époque-là sont toujours dynamiques. Quoi qu'il arrive, les principes fondamentaux sont toujours là et personne n'est laissé pour compte; les habitants qui traversent des difficultés ont toujours un endroit où aller et trouvent quelqu'un pour les aider.
Le travail que vous faites doit parfois être extrêmement décourageant, à cause du manque de contribution de l'extérieur, mais il est incroyablement important et je tiens à vous remercier d'être venue ici pour nous parler aussi ouvertement de vos préoccupations et nous dire comment vous réagissez face aux difficultés et à la tristesse dans votre collectivité.
C'était très important pour nous d'entendre votre témoignage et j'espère que les téléspectateurs ont suivi cette transmission. Je vous souhaite une bonne continuation.
La révérende O'Reilly : Merci beaucoup.
Le comité poursuit ses travaux à huis clos.