Délibérations du Comité sénatorial permanent de la
Sécurité nationale et de la défense
Fascicule 9 - Témoignages du 29 janvier 2007
VANCOUVER, le lundi 29 janvier 2007
Le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui à 13 h 30 afin d'examiner la politique de sécurité nationale du Canada et en faire rapport.
Le sénateur Colin Kenny (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Je déclare ouverte la séance du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense. Je m'appelle Colin Kenny et je préside ce comité.
Avant de commencer, j'aimerais rapidement présenter les membres du comité. À ma droite se trouve le sénateur Michael Meighen, qui est le vice-président du comité. Le sénateur Meighen a eu une brillante carrière en tant qu'avocat. Il est membre du Barreau du Québec et de celui de l'Ontario. Le sénateur Meighen est chancelier de l'Université de King's College et a été président du Festival de Stratford. Il préside le sous-comité des anciens combattants et est membre du Comité permanent des banques ainsi que celui des pêches.
À sa droite se trouve le sénateur Gerry St. Germain, de la Colombie-Britannique. Le sénateur St. Germain siège au Parlement depuis 1983. Il était d'abord député à la Chambre des communes et est maintenant sénateur. Il préside le Comité permanent des peuples autochtones et siège au Comité permanent mixte du Sénat et de la Chambre des communes, qui se penche sur les questions de régie interne.
Au bout de la table se trouve le sénateur Wilfred Moore, qui vient de Halifax en Nouvelle-Écosse. Il est avocat et s'est beaucoup impliqué auprès des collectivités. Il a siégé 10 ans au conseil des gouverneurs de l'Université Saint Mary's. Il siège également au Comité permanent des banques et du commerce ainsi qu'au comité mixte de la régie interne.
À ma gauche se trouve le sénateur Norm Atkins de l'Ontario. Le sénateur Atkins a travaillé 27 ans dans le domaine des communications et a été conseiller principal pour Robert Stanfield, ancien leader fédéral conservateur, pour William Davis, ancien premier ministre de l'Ontario, et Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada.
Au bout de la table, assis à côté du sénateur Atkins, se trouve le sénateur Joseph Day du Nouveau-Brunswick. Il préside le Comité sénatorial permanent des finances nationales. Il est membre du Barreau du Nouveau-Brunswick et de ceux de l'Ontario et du Québec. Le sénateur Joseph Day est un des membres de l'Institut de la propriété intellectuelle du Canada. C'est a également déjà été le PDG de l'Association des produits forestiers du Nouveau-Brunswick.
Mes chers collègues, le contre-amiral Roger Girouard, commandant des forces maritimes du Pacifique, FMAR(P), comparaît aujourd'hui. Le contre-amiral est le commandant des forces maritimes du Pacifique. Il a amorcé sa carrière dans la marine comme manœuvrier réserviste aux NCSN Carlton à Ottawa avant de joindre les rangs de la force régulière en 1974. Au cours de sa carrière, il a occupé plusieurs postes opérationnels et d'état-major. Il a servi dans première guerre du Golfe et a été déployé au cours des premières phases de la guerre contre le terrorisme lorsqu'il était affecté à l'Opération Apollo. Lors d'une de ses affectations au poste d'état-major, le contre-amiral a travaillé à la réserve navale de Québec. Il a également occupé des postes supérieurs dans les forces maritimes à Halifax et à Ottawa. Avant de devenir commandant des fmar(p), le contre-amiral était commandant de la Flotte canadienne du Pacifique. Le comité l'a entendu témoigner pour la dernière fois le 28 février 2005, à l'occasion d'une visite à la BFC Esquimalt, où il occupait le poste de commandant de la Flotte canadienne du Pacifique. Le capitaine de vaisseau James Heath et le colonel John Crosman l'accompagnent aujourd'hui.
Amiral, je vous souhaite la bienvenue. La parole est à vous. Veuillez nous lire votre brève déclaration liminaire.
[Français]
Contre-amiral Roger Girouard, OMM, CD, commandant des Forces maritimes du Pacifique (fmar(p)), Défense nationale : Monsieur le président, je vous souhaite à nouveau la bienvenue en Colombie-Britannique.
Je vous remercie de l'occasion que vous nous offrez aujourd'hui de discuter de questions de défense en général et, en particulier, de la façon dont ces questions touchent mon secteur de responsabilité à l'entrée Ouest du pays.
[Traduction]
Honorables sénateurs, je me présente aujourd'hui porteur de trois titres différents. À titre de commandant des Forces maritimes du Pacifique, je sers en tant que praticien de la Marine et responsable de la mise sur pied de la force au nom du Chef d'état-major de la Force maritime. À titre de commandant de la Force opérationnelle interarmées du Pacifique, je suis potentiellement un commandant opérationnel, responsable des questions liées à la sécurité intérieure et à la gestion et des catastrophes en Colombie-Britannique au nom du commandant du Commandement Canada. Relevant encore du Commandement Canada, mais dans un autre domaine, je suis aussi le commandant de l'organisation de recherche et de sauvetage en Colombie-Britannique et au Yukon; à ce titre, je suis responsable des ressources aériennes et navales des FC ainsi que du recours aux capacités pertinentes de la Garde côtière en appui aux efforts de recherche et de sauvetage.
[Français]
En tout, les effectifs des Forces canadiennes et de la Défense nationale en Colombie-Britannique comptent environ 5 700 membres de la Force régulière, 3 000 membres du personnel de la milice et de la réserve, ainsi que près de 2 300 employés civils, dont des scientifiques, des ingénieurs, des gestionnaires et des cols bleus travaillant dans les chantiers navals de la marine et les hangars de la force aérienne.
Monsieur le président, vous m'avez demandé de traiter de quatre points précis dans mon préambule, et je vais tenter de le faire afin de vous informer et de stimuler notre discussion.
[Traduction]
Permettez-moi de commencer par le Commandement des Forces maritimes du Pacifique, le rôle le plus traditionnel et le plus reconnu publiquement que nous sommes appelés à servir. Nos activités ici consistent en une combinaison de mise sur pied de la force et d'appui direct aux opérations, ce dernier rôle étant lié au maintien de la vigilance dans le secteur maritime sur la côte du Pacifique et, dans une certaine mesure, en Arctique, et bien sûr aussi aux opérations déployées en appui au Commandement de la force expéditionnaire du Canada, notamment par le déploiement du NCSM Ottawa au Moyen-Orient, toujours en cours à l'heure actuelle.
Parmi les activités récentes de mise sur pied de la force de grande envergure, je mentionnerais notre propre exercice Trident Fury, mené au large de l'île de Vancouver avec toute une pléiade d'acteurs internationaux et de ressources de guerre interarmées, de même que l'exercice RIMPAC — abréviation de RIM ou ceinture du Pacifique — tenu par la U.S. Navy au large d'Hawaï, et auquel ont participé les marines de la Corée du Sud, de l'Australie et du Chili. C'est là où le contre-amiral Bruce Donaldson a servi avec distinction et c'est là que nous mettons sur pied les capacités individuelles, des sections et des unités qui nous permettent de faire face à tout scénario dans lequel la population du Canada pourrait nous demander d'intervenir, et c'est là aussi que nous développons les capacités d'état-major, intellectuelles et de leadership nécessaires pour diriger les forces dans de tels scénarios et faire en sorte que les résultats escomptés soient obtenus.
Les fmar(p) travaillent à la mise en œuvre de huit nouveaux navires de servitude portuaire et patrouilleurs de classe Orca, un bateau petit mais souple, idéal pour l'environnement de la côte ouest. Nous travaillons aussi encore à mettre notre premier sous-marin en service intégral sur la côte ouest, et l'annonce récente des travaux liés à la classe Victoria dans le cas d'un contrat de soutien en services donnera certainement lieu à un dialogue énergique sur la distribution finale de ces quatre bâtiments.
J'aborde brièvement la question des capacités en matière de sécurité portuaire, une force mise sur pied en grande partie grâce à des unités et à des ensembles de compétences se trouvant dans la flotte du Pacifique, notamment au sein du Groupe d'opérations maritimes 4, qui se spécialise dans la guerre côtière, y compris la plongée et la guerre des mines. Un régime 24/7 a aussi été instauré à la section de la sécurité portuaire d'Esquimalt dans le but de protéger les milliards de dollars d'infrastructures et de ressources maritimes uniques en leur genre qui se trouvent dans le port. L'équipement, les tactiques et l'entraînement adaptable mis au point au cours des deux dernières décennies ont servi à bon escient durant les inondations à Winnipeg, le sommet de l'APEC à Vancouver et les opérations de récupération qui ont suivi l'écrasement d'un avion de la Swissair. Ces équipes offrent une capacité de défense de calibre international tant au pays qu'à l'étranger.
Je passe maintenant à la Force opérationnelle interarmées (Pacifique) et à notre place au sein de la transformation des Forces canadiennes. Le 1er février marquera le premier anniversaire de la mise sur pied de la FOIP, et je peux dire honnêtement que je suis très fier de ce que mon équipe a accompli au sein de l'établissement de cette nouvelle entité. Nous avons pris des relations très solides qui existaient déjà sous la bannière des fmar(p) et renouvelé et revigoré nos associations aux fins de ce nouveau mandat, ce qui a donné lieu à des liens encore plus forts avec d'autres organismes fédéraux ici en Colombie-Britannique tels que SPPCC, avec les autorités provinciales, y compris le solliciteur général et son personnel, ainsi que les services de protection civile de la Colombie-Britannique. Ces efforts, qui s'étendent jusqu'au niveau des collectivités, y compris dans le nord de la Colombie-Britannique, par l'entremise « d'opérations de présence » lors desquelles des navires et des unités viennent hisser le pavillon dans des collectivités isolées, sont soutenues par des officiers de liaison et aussi par ce qui deviendra, je l'espère, une relation améliorée avec les 460 Rangers de la province.
Même si nous avons réalisé des progrès, je peux vous dire que nous n'avons pas encore terminé, que des questions de processus, d'autorité légale, de ressources, d'organisation et de structure de la force restent à régler ou sont apparues au cours des 12 derniers mois. Les changements considérables apportés aux Forces canadiennes ne devraient pas avoir de répercussions sur ce qu'il nous reste à faire. À cause de la réalité de la composition des forces dans la province, mon quartier général est par nécessité hybride, dirigeant essentiellement sur deux plans un effectif considérable alors que nous recevons près de deux douzaines de nouvelles demandes, ce que l'on appelle AP dans le monde des affaires, voulant que nous accroissions nos activités intérieures et que nous assumions ce qui me semble être de nouvelles responsabilités d'envergure.
Le Quartier général de la Défense nationale est bien conscient du fait que nous sommes toujours au milieu de changements considérables. Mais ce qui est encore plus important, et malgré les ambigüités de la gestion du changement, mon quartier général comprend cette province beaucoup mieux aujourd'hui qu'à l'époque où nous n'étions concentrés que sur des activités maritimes. Notre connaissance de longue date du contexte indo-pacifique renforce notre sensibilisation aux questions de nature mondiale dont les échos se rendent jusqu'aux côtes de notre province, et le fait que nous en sommes rapidement venus à inclure l'intérieur des terres dans notre sphère d'intérêt et que nous avons mis les inondations, les feux, les tremblements de terre et les avalanches au premier plan de nos préoccupations, est vraiment essentiel.
[Français]
En ce qui concerne les Jeux olympiques, il est, bien entendu, important de comprendre le contexte de l'appui des Forces canadiennes à cet événement d'envergure internationale.
Nous avons établi un concept, qui décrit une force opérationnelle interarmées des Jeux, en cours de formation, qui sera une unité des Forces canadiennes qui appuiera directement les efforts liés aux Olympiques de 2010 à Vancouver. C'est maintenant et cela demeurera toujours un élément de soutien auprès des organisations telles que la Sécurité publique et la Protection civile Canada, la Gendarmerie royale du Canada et les autorités provinciales qui sont les organismes responsables.
Nous en sommes encore à l'aube de la formulation des calculs détaillés qui permettront de déterminer la composition et la combinaison des forces à déployer et les endroits où elles le seront. Toutefois, les relations avec les organismes principaux m'apparaissent déjà extrêmement productives et marquées par une grande confiance. Les discussions sont fructueuses et avancent assez rapidement pour que nous puissions respecter l'échéancier qui nous attend.
[Traduction]
En fait, le ministère n'a reçu aucune demande officielle d'assistance. Cela est dû au fait que les évaluations et les calculs sont en train d'être faits en ce moment-même. Bien que nous en soyons encore au début de la formulation des calculs détaillés par les FC, qui permettront de déterminer la combinaison des forces à déployer et les endroits où elles seront, les relations avec les organismes principaux m'apparaissent déjà extrêmement productives et marquées par une grande confiance. Je pense que les discussions avancent assez rapidement pour que nous puissions respecter l'échéancier qui nous attend. Je me dois d'indiquer qu'il est encore tôt, mais avec la date de l'événement qui approche, une grande partie de nos discussions et de nos calculs porte sur des questions de sécurité opérationnelle. Bien entendu, je ne suis pas en mesure actuellement de vous donner de chiffres. Je ne puis pas non plus faire d'observations sur de possibles estimations. Nous sommes en train de faire la demande de ces capacités qui seront utilisées en appui des Forces canadiennes et de l'Unité des services de sécurité intégrés de 2010. Tous les efforts de planification pour 2010 déployés actuellement sont sur la bonne voie.
[Français]
Monsieur le président, voici ce qui conclut mon allocution d'ouverture, qui, je l'espère, aura permis de préparer le terrain pour nos discussions. Merci encore de l'occasion que vous nous donnée de témoigner devant le comité. Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
[Traduction]
Le président : Amiral, je souhaite vous remercier au nom du comité de l'aide que vous nous avez fournie. Vous nous avez non seulement aidés à organiser la comparution de certains des témoins samedi, vous avez également apporté votre appui à la démonstration de recherche et sauvetage, qui était, et je le dis au nom du comité, tout à fait impressionnante. Cette démonstration a permis d'illustrer le rôle important que joue cette excellente équipe dans la région du Pacifique.
[Français]
Le sénateur Meighen : Contre-amiral, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue devant le comité et de vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour nous au cours de la fin de semaine. Je réitère les commentaires du président du comité en disant ce que nous avons pu voir au port de Vancouver était spectaculaire. Vous devez être très fiers de vos effectifs. Je vous demanderais de transmettre nos plus sincères remerciements.
[Traduction]
Les Forces canadiennes ont connu une transformation radicale de leur structure organisationnelle. Dans quelle mesure cette nouvelle structure de commandement organisationnelle a-t-elle modifié vos responsabilités et les activités des forces maritimes du Pacifique? Comment les relations hiérarchiques ont-elles évolué depuis la création de Commandement des Forces canadiennes et de Commandement Canada, et quelles sont les tâches que ces commandements ont assignées à vos forces?
Cam Girouard : Merci, sénateur, je transmettrai vos compliments. Je suis très fier de mon équipe, et je suis toujours heureux de leur transmettre des compliments en votre nom.
Sénateur, la transformation des Forces canadiennes a été amorcée par le nouveau chef d'état-major de la Défense. En Colombie-Britannique, cette transformation a débuté avec la création de la Force opérationnelle interarmées du Pacifique. Cela n'a nullement affaibli la présence ou le rôle de la Marine ici. D'un côté, la transformation a modifié la structure de commandement et de contrôle, les rapports hiérarchiques. De l'autre, elle est à l'origine de nouvelles responsabilités ici en Colombie-Britannique dans le cadre de la Force opérationnelle interarmées Pacifique. Dans le cadre de la nouvelle structure de commandement et de contrôle, je suis désormais sous les ordres d'un nouveau chef d'état-major de la force maritime, mais j'ai également un nouveau patron pour ce qui est du domaine de la sécurité et de la gestion des catastrophes nationales, c'est lui qui est à la tête de Commandement Canada. J'ai donc deux responsabilités, l'une relative à la mise sur pied d'une force, ce qui relève de la Marine, et l'autre, qui consiste à assumer des opérations nationales aux ordres de Commandement Canada. Je suis l'employeur potentiel d'une force. Au quotidien, nous n'employons pas une grande force; nous ne gérons pas des catastrophes. Lorsque la force opérationnelle a été créée le 1er février de l'année dernière, le soleil s'est levé de la même façon que tous les autres jours de l'année, ce qui veut dire qu'en Colombie-Britannique, mes amis du 39e Groupe-brigade de Comox qui travaillent pour l'Armée de terre ou mes amis d'Esquimalt on fait plus ou moins les mêmes activités que par le passé. Ce qui est différent, ce sont les liens que nous établissons avec les chefs d'état-major à Ottawa et au sein de Commandement Canada, bien que nous sommes encore en train de les développer, et les relations plus solides que nous avons pu établir ici en Colombie-Britannique. Cependant, pour le soldat moyen, qu'il s'agisse d'un ouvrier qui travaille dans l'atelier ou d'un marin à bord d'un navire, ou encore d'une personne qui s'occupe des pistes d'atterrissage à Comox, il n'y a pas eu de grands changements dans leur quotidien. Ces personnes ont leur propre patron sur place et elles continuent de faire ce qu'elles ont toujours fait en tant qu'ouvriers, opérateurs, aviateurs ou marins. En fait, j'ai fait mon possible pour les protéger de ce changement organisationnel. C'est dans mon quartier général que le gros de la transition s'est effectué. Nous avons transformé le QG de la marine en QG interarmées, ou violet comme on dit chez nous, et certaines personnes se retrouvent désormais avec une double responsabilité. Elles ont dû assumer des tâches en matière de sécurité nationale et de supervision qu'elles n'avaient pas auparavant. Notre quartier général s'est un peu agrandi, mais notre rôle maritime n'a pas changé. La Marine a toujours été chargée de la vigilance maritime. Simplement, cette vigilance ne s'effectuait pas sous l'égide de Commandement Canada et ne se faisait qu'à des fins de défense nationale.
La chaîne de commandement est encore en cours d'évolution. Le processus de transformation dans son ensemble n'en est qu'à la moitié. C'est un point très important, et il me semble que même le vice-amiral a indiqué que nous n'en étions qu'au premier cycle de la transformation et qu'il restait encore beaucoup à faire. Nos relations sont solides. J'ai toujours étroitement collaboré avec la Marine. Notre relation avec Commandement Canada et le général Dumais est très productive et efficace.
Au cours de la dernière année, nous avons établi comment réagir en cas d'urgence, comme par exemple pour un feu ou une inondation. Nous avons identifié qui devait être averti au sein de Commandement Canada et de l'état-major, et comment obtenir une approbation de dépenses et aussi d'affectation des forces. Notre première intervention l'année dernière lorsqu'il y a eu des inondations en Colombie-Britannique a été difficile. Nous sommes encore en train d'apprendre, et je pense que cela va encore durer un certain temps.
Le sénateur Meighen : Il me semble que vous avez au moins une nouvelle responsabilité, ce qui veut certainement dire de nouvelles obligations et plus de dépenses. Assumez-vous plus de tâches avec les mêmes fonds?
Cam Girouard : Oui, j'ai plus de responsabilités et ma tâche principale a été d'apprendre à connaître la province. Nous nous sommes beaucoup penchés sur la connaissance de la situation. Nous sommes des spécialistes maritimes. C'est une compétence qui nous vient de la structure précédente, et auparavant, c'était des unités et des entités d'Edmonton qui étaient chargées de la Colombie-Britannique. C'est à nous qu'incombe désormais cette responsabilité, mais nous avons incorporé certains effectifs d'Edmonton qui étaient détachés ici. C'est pour cela que je parle d'officiers de liaison, cela a été la première étape, et c'est à cette fin que nous avons reçu des années-personne et des ressources supplémentaires.
Commandement Canada nous a également chargé de la vigilance. Nos activités n'ont pas changé, nous en faisons peut-être simplement un peu plus. En fait, nous sommes devenus plus polyvalents. Lorsqu'un navire se trouve dans les eaux du Nord à des fins de formation, il fait également de la surveillance et de la vigilance.
Vous constaterez que mes deux rôles, celui en tant que responsable de la mise sur pied d'une force et celui d'utilisateur de la force, sont très liés et, à mon niveau, parfois même indissociables. Cependant, je sais qui est censé obtenir quels renseignements, et au fil du temps, nous clarifierons également les responsabilités en matière de financement.
Un aspect qui n'a pas changé en Colombie-Britannique, c'est le fait que les forces existantes au 1er février avaient certaines limites. Plus précisément, nous n'avons pas de capacité de forces terrestres régulière dans la province, nous dépendons donc d'autrui pour ce qui est du génie et même des hommes qui sont nécessaires en cas de catastrophe nationale. Mais cela a toujours été le cas, donc ce n'est pas un inconvénient pour moi. Notre relation avec Commandement Canada est telle qu'à partir d'un certain niveau d'urgence, nous sommes assurés d'obtenir les éléments de soutien nécessaires.
Nous avons donc examiné la situation en Colombie-Britannique de près et identifié certaines vulnérabilités. Notre présence dans le Nord me préoccupe. Nous avons formulé certaines observations et recommandations concernant les unités appropriées, la taille appropriée ainsi que les atouts potentiels qui devraient se trouver dans la province. Cela s'inscrit dans les efforts d'accroissement des effectifs des Forces armées et au fur et à mesure que les Forces canadiennes se développeront, il faudra se demander si une partie de ces effectifs ne devrait pas être affectée en Colombie- Britannique. J'essaie de me montrer pragmatique sur ce point. J'envisage tout d'abord quelques unités de réservistes. Je pense qu'il serait bon de commencer avec une unité de la réserve navale à Prince Rupert et une unité de milice à Prince George, tout en continuant à clarifier la situation. Nous avons fait connaître notre position, et j'espère qu'on en tiendra compte dans l'affectation des ressources.
Le sénateur Meighen : Cela me rassure au moins un peu sur le fait que vous n'essayez pas d'assumer trop de tâches avec des ressources insuffisantes. Toujours est-il que nous avons tous vu des informations de presse ces derniers temps expliquant que la Marine était sans-le-sou et que des navires étaient bloqués à quai et dans l'incapacité de s'acquitter de leurs responsabilités opérationnelles d'ici la fin de l'exercice financier. Nous avons lu que le ministre de la Défense nationale a dû, exceptionnellement, débloquer 3,5 millions de dollars pour que les patrouilles de pêche puissent continuer sur la côte est. Au cours de notre dernière visite ici, je ne sais pas quel est le terme technique dans la marine, mais on nous a expliqué que Pierre volait chez Paul, c'est-à-dire qu'on prenait des membres d'équipage d'un navire afin de compléter l'équipage d'un autre navire qui allait être envoyé, par exemple, dans le golfe. On nous a même dit qu'il y avait des vols d'équipement entre navires pour s'assurer que le navire qui devait prendre la mer possède l'équipement nécessaire. La situation s'est-elle améliorée ou dégradée? Pouvez-vous nous donner votre avis sur la situation financière de la Marine dans son ensemble?
Cam Girouard : Sénateur, je vais m'en tenir à ma région, et je vais commencer avec une réponse qui peut paraître spécieuse, mais qui est vraie. La marine n'est pas sans-le-sou. Nous faisons simplement face à certains défis en matière de ressources actuellement. Nous commençons forcément l'année avec un budget qui est toujours inférieur à celui espéré, c'est vrai pour les Forces canadiennes dans leur ensemble, et cela a toujours été le cas ici dans l'Ouest et pour les Forces maritimes du Pacifique. Cela est dû au fait que le budget n'est pas illimité. Mon état-major et moi-même examinons ce dont nous avons besoin, qu'il s'agisse des journées en mer, de l'embauche de nouveaux apprentis, de la réparation de bâtiments, de toutes sortes de choses, parfois minimes mais extrêmement importantes; nous commençons donc l'exercice financier en établissant tout ce que nous souhaitons réaliser ainsi qu'une estimation des coûts. Nous recevons toujours un montant inférieur. C'est le cas pour tous les ministères gouvernementaux, à l'exception peut-être de quelques projets spéciaux protégés. Nous obtenons moins que nos souhaits initiaux, et nous prévoyons trop.
Nous sommes dans le quatrième trimestre de cet exercice, et nous devons annuler certaines de nos activités prévues, car contrairement aux années précédentes, nous n'avons pas reçu de ressources supplémentaires. Étant donné les responsabilités actuelles du ministère, ce n'est pas étonnant. Puisque nous devons éliminer certaines activités, nous devons également établir nos priorités de nouveau. Ici, dans l'Ouest, nous avons décidé de maintenir certaines de nos journées en mer. Nous en avons annulé d'autres qui étaient moins importantes. Néanmoins, ce matin, nous avons envoyé deux navires à Hawaii pour un exercice de guerre anti-sous-marins important qui, à mon avis, représente un bon investissement puisque les compétences acquises dans le cadre de cet exercice se développeront et nous seront utiles au cours des cinq années à venir.
J'ai également décidé de donner la priorité à l'emploi. Nous aurions pu nous défaire de quelques jeunes apprentis, car ils étaient employés à contrat, et c'eut été chose facile. Mais cela aurait nui à notre bassin de connaissances pour les dix prochaines années. Notre approche est de protéger les investissements à long terme et annuler les activités ayant des résultats à court terme. Je pense que c'est la meilleure approche en matière de gestion des ressources.
[Français]
Le sénateur Meighen : Merci, contre-amiral Girouard. Le temps qui m'était alloué est écoulé. J'aurais peut-être une autre question sur l'état de vos sous-marins.
Le sénateur St. Germain : Contre-amiral Girouard, bienvenue en Colombie-Britannique. Vous demeurez ici et il est vraiment important que l'on fasse un travail dans la belle province de la Colombie-Britannique.
Vous avez répondu aux questions relatives aux Jeux Olympiques de 2010. Ce sujet est très important pour le peuple de la Colombie-Britannique et pour le Canada.
[Traduction]
Vous avez indiqué que vous travailliez avec la GRC et d'autres organismes pour maîtriser la situation en matière de sécurité. Participerez-vous à un déploiement en cas d'urgence ou à toute situation d'urgence? Quel est le rôle exact que jouera la Force opérationnelle interarmées en coopération avec la GRC, la police de la Ville de Vancouver et d'autres services municipaux?
Cam Girouard : Il va sans dire que les Forces canadiennes seront à Vancouver pour apporter leur contribution aux Jeux. On élabore en ce moment le cadre dans lequel se fera cette participation. Il est toutefois certain que nous appuierons Sécurité publique et Protection civile Canada et plus particulièrement la GRC qui s'occupe des détails. Déjà, certains membres de mon personnel et moi contribuons aux premières étapes de la planification. Plus précisément, un des mes colonels est l'officier supérieur d'état-major pour 2010. Nous comptons aussi un membre à temps plein au sein de l'unité intégrée de sécurité. Sous peu, un officier de la Marine se joindra à cet officier de l'armée pour se charger du volet maritime. Parce qu'il s'agit de la Force opérationnelle interarmées (Pacifique), parce que c'est la région voisine, je m'y intéresse. Il reste encore à définir et à annoncer la forme que prendra la structure de commande et de contrôle des Forces canadiennes. Cette annonce est imminente, et je m'attends à ce que le ministre la fasse très bientôt. On annoncera alors quel officier général sera le responsable de la Force opérationnelle interarmées des Jeux et comment cette force s'inscrira dans le cadre de Commandement Canada.
Le président : Voulez-vous dire que cela ne fait pas partie de Commandement Canada? Cela ne relève pas de vous?
Cam Girouard : Je ne peux vous le dire.
Le président : Êtes-vous évasif pour ne pas couper l'herbe sous le pied du ministre?
Cam Girouard : Un peu, en effet. Ce qui est certain, c'est que la structure qui sera mise en place aura des liens avec Commandement Canada, car elle s'occupera de sécurité nationale. La forme précise que prendra cette structure et l'équipe qui en fera partie n'ont pas encore été déterminées.
Le sénateur St. Germain : Ce matin, nous avons rencontré certains des collègues avec lesquels vous travaillerez. On parle toujours d'argent, car c'est ce qui garantit le succès de la plupart des projets. L'argent est important, nul doute, mais une bonne part de notre succès est attribuable à la grande compétence de militaires canadiens dont j'ai moi-même eu la fierté d'en être à une certaine époque. On a cité un chiffre de 176 millions de dollars; je crois que les Jeux de Salt Lake City de 2002 ont coûté 340 millions de dollars et les seules installations de Kananaskis ont coûté 140 millions de dollars. Comment planifierez-vous cet événement dans votre budget?
Notre comité n'a pas été en mesure de déterminer sur quoi vous baserez votre budget. Se fondera-t-il sur un risque faible, moyen ou élevé? C'est un petit budget compte tenu de l'envergure de l'événement. Je n'ai pas à vous rappeler que le territoire où se dérouleront les épreuves est vaste, qu'il va de Whistler jusqu'à la vallée du bas Fraser et englobe la vaste étendue d'eau du détroit de Georgie.
Vous savez tout cela mieux que moi et votre pensée stratégique est plus développée que la nôtre, mais cela nous préoccupe. L'argent est une préoccupation constante et les Britanno-Colombiens craignent un dépassement des coûts. Les habitants de la Colombie-Britannique connaissent l'histoire des Jeux olympiques et n'ont pas oublié que la dette que le Québec a contractée il y a 30 ans vient à peine d'être remboursée. Calgary a été un succès retentissant, et nous espérons pouvoir répéter ce succès, sinon faire mieux. Aurez-vous un budget suffisant pour remplir les obligations qui vous sont confiées?
Cam Girouard : J'ai entendu parler de plusieurs modèles pour ces Jeux. Il y a le modèle des Olympiques de Montréal, que je rejette d'emblée parce que les Forces canadiennes y ont été envoyées pour tout faire, même faire la cuisine et conduire des camions, des tâches que nous ne pourrions assumer avec la main-d'œuvre dont nous disposons. Ce n'est pas ce que nous ferons cette fois-ci. Selon notre approche, les Forces canadiennes serviront à assurer la sécurité, à contribuer à la sécurité publique en général et à remplir des fonctions spécialisées grâce à de l'équipement spécialisé ou à des compétences de spécialistes. Nous pouvons contribuer des forces spéciales, des spécialistes en matières dangereuses, et cetera. Il ne devrait pas être très coûteux pour nous d'assumer ces fonctions spécialisées.
Le modèle de Calgary est intéressant, car la facture pour les Forces canadiennes n'a pas été exorbitante. J'ai aussi entendu parler du modèle de Kananaskis. Bien sûr, je rappelle que Kananaskis était un événement particulier où nous étions chargés d'isoler les participants du reste du monde. Les Jeux olympiques sont, au contraire, un événement sportif auquel nous invitons le monde à assister et, par conséquent, le modèle de Kananaskis ne me semble pas indiqué.
Je dois tenir compte du territoire que nous desservirons. C'est un territoire très varié et très complexe avec des montagnes et une grande ville, et il reste aussi à savoir si ce sera seulement la Force interarmées du Pacifique ou les Forces armées dans leur ensemble qui seront mises à contribution; nous devons déterminer si nous offrirons des services spécialisés ou nos services en général. Nous en avons déjà discuté avec la GRC.
Il ne fait aucun doute que les Jeux olympiques sont déjà prévus dans les opérations des Forces armées de 2010. En ce qui concerne les coûts, nous sommes encore à trois ans des Jeux et nous n'avons encore fait qu'une évaluation approximative; par conséquent, le chiffre que je pourrais vous donner serait une approximation très grossière et je ne vous le donnerai pas, car son exactitude serait douteuse. Il est certain que nous allons tenter de limiter les coûts le plus possible et que nous ferons en sorte de laisser une empreinte bien délimitée. Afin de limiter les coûts, nous allons mettre à contribution le personnel et le matériel déjà sur place ou le plus près possible du territoire que nous devrons desservir. D'ici les Olympiques de 2010, par exemple, nous tiendrons de nombreux exercices qui auraient été menés de toute façon. Le fait d'y inclure cet élément supplémentaire, celui des Olympiques de 2010, n'entraînera pas de dépenses supplémentaires.
Déjà, la Colombie-Britannique envisageait de tenir un exercice nucléaire et biologique, un exercice interagences auquel d'autres organismes que les Forces canadiennes devaient participer. Nous avions déjà prévu cela et il est tout à fait logique de tenir un tel exercice au Canada dans un avenir rapproché. Il ne faut pas non plus oublier que la sécurité qui devra être assurée entraînera des coûts, mais, au bout du compte, il en restera quelque chose. Ce sera l'occasion pour Commandement Canada et pour nous, en Colombie-Britannique, de faire la preuve de notre valeur très peu de temps après notre création. En Colombie-Britannique, cela renforcera la compréhension et la collaboration entre les diverses agences, et cela instaurera des liens de confiance durables. Oui, il y aura des coûts, mais j'estime que c'est un bon investissement. Je ne peux vous donner une idée de ce que seront ces coûts pour l'instant, mais une fois certains détails réglés, je crois que la GRC pourra vous donner un chiffre avant la fin de l'année.
Le sénateur St. Germain : Je comprends ce que vous dites et, comme vous, j'espère qu'il en restera un véritable succès, une véritable intégration des agences engagées dans les Jeux.
Avez-vous été consulté sur les questions d'argent? Manifestement, il y a des attentes à votre égard, mais nous savons qu'on a déjà beaucoup exigé de vous sans pour autant toujours vous fournir les ressources financières qu'il vous fallait pour combler ces attentes. Je ne veux pas faire d'intimidation, mais j'aimerais savoir si les Forces armées ont été consultées, si l'on vous a demandé ce que pourrait coûter les opérations que vous devez assumer, avant d'en arriver à ce chiffre de 176 millions de dollars.
Cam Girouard : Sénateur, ni moi ni mes collaborateurs ici, dans l'Ouest, n'avons été consultés sur ce chiffre. Cela ne signifie pas que la GRC au niveau national n'a pas consulté ses partenaires au niveau national; si c'est cela qui a été fait, je ne suis pas au courant.
Nos approximations actuelles se fondent sur ce que l'on nous demandera de faire selon nous. Comme je l'ai dit dans mes remarques liminaires, la GRC ne nous a pas encore remis officiellement la liste de ce qu'elle voudra que l'on fasse. Voilà pourquoi nous discutons avec l'unité intégrée de sécurité; cela aidera la GRC à faire des demandes précises. Par conséquent, pour l'instant, je ne pourrais que vous donner un chiffre très approximatif, ce qui ne vous serait pas utile, ni à vous, ni aux Canadiens.
[Français]
Le sénateur Day : Amiral, on a reçu une carte, est-ce une carte de votre organisation?
Cam Girouard : Oui, la carte décrit notre région de responsabilités, la province, les approches et notre domaine d'intérêt et vous voyez que cela touche presque jusqu'à Hawaï.
Le sénateur Day : Les domaines d'intérêt m'intéressent.
[Traduction]
Je constate que cela va jusqu'aux États-Unis où je présume que vous partagez la responsabilité avec l'USNORTHCOM. L'Arctique de l'Ouest relève-t-il de la Force opérationnelle interarmées du Pacifique? Est-ce que cela fait aussi partie de votre champ de responsabilité?
Cam Girouard : Vous savez sans doute qu'il y a aussi une Force opérationnelle interarmées du Nord. Mais comme cette force en est encore à ses premiers pas, elle fera l'objet d'améliorations et d'investissements importants, notamment au quartier général, ce qui lui permettra d'accroître sa capacité en matière de vigilance dans le secteur arctique. Comme cette capacité n'est pas encore suffisante, le chef de Commandement Canada nous a demandé à nous dans l'Ouest et à mes collègues dans l'Est de continuer à assurer la vigilance dans le secteur arctique. Nous le ferons jusqu'à ce que l'on puisse constituer une équipe et jusqu'à ce que, d'ici quelques années, des ressources accrues permettent à la Force opérationnelle interarmées du Nord d'assurer la surveillance de l'Arctique. Qu'est-ce que cela signifie précisément pour une année donnée? À partir d'ici, des aéronefs mèneront des patrouilles maritimes non pas régulièrement, mais à un rythme intermédiaire. Nous prévoyons déjà pour l'an prochain la possibilité d'une patrouille maritime qui partirait de Victoria et ferait le tour de l'Alaska, ce qui, bien sûr, dépendrait des conditions météorologiques et de la glace. C'est là toutefois le genre de contributions que nous envisageons.
Le sénateur Day : Ces informations sont utiles, merci. Vos remarques liminaires ont aussi été très utiles, surtout parce qu'elles nous ont décrit les différents champs de responsabilité. Vous avez dit que vous portez trois titres, et j'aimerais maintenant parler de l'un de ces titres. Nous qui suivons les forces armées depuis un certain temps connaissons surtout le rôle que les Forces maritimes du Pacifiques jouent pour la Marine sur la côte ouest. Étant donné que la transformation vient à peine de s'amorcer, je présume que votre budget vient en très grande partie des Forces maritimes du Pacifique, n'est-ce pas?
Cam Girouard : C'est exact. La très grande partie de l'argent dont je dispose provient du chef d'état-major de la force maritime.
Le sénateur Day : Pourriez-vous nous donner un pourcentage?
Cam Girouard : À l'heure actuelle, c'est environ 95 p. 100 de tout mon budget. Quand ces nouvelles structures ont été créées, il a été entendu que les dépenses seraient recensées et classées et que, au fil des ans, on envisagerait un transfert de ressources financières à Commandement Canada.
Le sénateur Day : Maintenant, à titre de représentant de la Force opérationnelle interarmées du Pacifique, pourriez- vous me donner plus de détails sur votre travail en matière de protection civile et de secours en cas de catastrophe. J'aimerais savoir si vous estimez avoir les ressources et les actifs dont vous avez besoin. Avez-vous les ressources qu'il vous faut pour faire la planification et la planification conjointe avec d'autres agences? J'aimerais en savoir un peu plus sur le rôle des Forces armées. Attendez-vous d'être invités, fait-on appel à vous en dernier recours ou faites-vous partie de l'équipe des premiers intervenants?
Cam Girouard : Le commandant régional appuie la province, car c'est la province qui a la responsabilité première en matière de secours en cas de catastrophe. Mais quand certains incidents se produisent, nous continuons à exercer notre fonction de recherche et de sauvetage; cela n'a pas changé. Ce qui n'a pas changé non plus, c'est que les divers éléments de la Marine qui patrouillent les eaux continuent, conformément à la loi, de répondre aux appels de détresse, tout en se conformant à nos directives. Nous avons hérité du Secteur de l'Ouest de la Force terrestre d'importantes nouvelles responsabilités sur terre. Quand la Force opérationnelle interarmées du Pacifique a été créée, on nous a confié la responsabilité de la Colombie-Britannique. Nous avons sans tarder entrepris de mieux connaître la Colombie- Britannique et, pour ce faire, avons fait appel à des agents de liaison. Nous sommes aussi allés rencontrer les représentants de la collectivité, nous sommes allés à Kitimat, nous avons rencontré les dirigeants de l'hôpital, du service d'incendie et du service de gestion des urgences.
Nous voulons aussi nouer des liens étroits avec les responsables de la protection civile en Colombie-Britannique, des relations qui existaient déjà mais qui sont rehaussées par le fait qu'ils comprennent bien notre responsabilité et reconnaissent notre valeur comme nouveau partenaire. La principale amélioration, c'est que maintenant, on peut faire un appel local pour avoir de l'aide plutôt que d'appeler à Edmonton, comme c'était le cas auparavant.
La question est donc de savoir avec quelles ressources suis-je en mesure d'intervenir. Sur terre, nous n'avons toujours pas de nouvelles capacités. Dans le passé, la province a généralement été en mesure de faire face à une inondation de temps à autre, à une urgence de niveau moyen. Il y a trois ans, nous avons dû accroître notre présence pour faire face aux incendies dans la région intérieure. En l'occurrence, des forces importantes sont venues d'Edmonton, mais la Marine a aussi apporté une contribution de plus de 200 personnes. Nous savons nous débrouiller. Ce que nous n'avons pas encore, c'est une unité d'intervention immédiate, sauf le bâtiment de garde, ce qui n'est pas très utile dans les montagnes de la Colombie-Britannique. L'unité d'intervention immédiate la plus proche, l'unité d'armée régulière, est à Edmonton et, selon la situation, Commandement Canada peut vouloir affecter des ressources de n'importe quelle région du pays et prendre les mesures pour le transport jusqu'ici. Nous assurons la liaison, nous sommes les yeux et les oreilles de la collectivité, nous gérons la crise et les ressources militaires qui sont disponibles.
Je n'attendrai pas que la croissance de nos unités en Colombie-Britannique soit parachevée. Déjà, nous avons mis sur pied une unité spéciale d'intervention immédiate constituée de ressources provenant de la base et des navires. Les membres de cette équipe seront appelés à jouer un rôle différent de celui qu'ils assument habituellement à bord d'un navire, et nous les avons donc déjà identifiés pour les envoyer sur terre au besoin. Nous sommes aussi à déterminer le genre d'interventions que cette équipe pourrait faire et le genre de formation qu'il faudra aux membres de cette équipe. Parmi nos forces en Colombie-Britannique, nous avons des équipes spécialisées en matière dangereuse, en recherche et sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd et d'autres. Ces équipes sont là pour répondre à nos propres besoins, mais s'il le fallait, moi et les commandants des bases sommes prêts à les dépêcher là où les autorités civiles auraient besoin d'aide. Nous avons commencé à faire de la gestion du risque. Ces calculs nous ont permis de faire une analyse de nos lacunes. Je continue d'examiner les divers enjeux existants en Colombie-Britannique pour déterminer tous nos besoins. Je transmets ces informations à Ottawa qui en tiendra compte dans ses plans futurs.
Le sénateur Day : L'unité de réserve des Seaforth Highlanders joue-t-elle un rôle dans la planification? Cette unité est-elle en formation?
Cam Girouard : Il ne fait aucun doute que le 39e Groupe-brigade, la milice de la Colombie-Britannique, ainsi que les unités de réserve de Discovery et de Malahat jouent un rôle au sein de l'ensemble de mes forces. Leur niveau de formation est très élevé. L'an dernier, le programme Cougar Salvo a mis l'accent sur l'Afghanistan parce qu'un nombre assez important de réservistes ont été déployés dans cette région. Cette année, l'approche sera différente. Dans le cadre de Cougar Salvo, on assurera la formation d'équipes pouvant intervenir dans les situations d'urgence. L'an dernier, à Kelowna, un des éléments de Cougar Salvo a été une simulation d'accident grave impliquant un autobus. Cela a permis de former les adjoints médicaux et les équipes de triage, mais aussi d'établir de bonnes relations avec l'hôpital local.
Tout ce que nous faisons mise sur la participation de la collectivité et vise une plus grande compréhension et connaissance de la collectivité. Le 39e Groupe-brigade est très important quant au support d'evénéments; ces mouvements sont limités, car je dois pouvoir compter sur un nombre donné de réservistes à une courte distance. Selon les événements, nous nous adaptons. Ainsi, le printemps dernier, lors des inondations, nous avons décidé que, sans demander à 100 soldats de se tourner les pouces, nous pouvions prépositionner 10 camions bien équipés. Nous avons trouvé des recrues, nous avons mis sur pied une équipe qui était prête à intervenir à très court préavis. Nous n'avons pas eu à faire appel à eux, mais c'est là de genre de gestion du risque adaptative et d'utilisation des ressources que nous avons adoptées.
Le sénateur Day : Nous avons rencontré des réservistes des Seaforth Highlanders. Notre président nous a rappelé que bien des réservistes sont aussi policiers, pompiers, et cetera. Comptez-vous sur les réservistes comme membres de la composante militaire alors qu'ils pourraient être appelés à intervenir dans le cadre de leurs fonctions?
Cam Girouard : Vous soulevez là un important dilemme, à savoir si les réservistes, la milice ou même mes forces régulières seraient les premiers intervenants en cas de catastrophe grave. Dans une importante situation d'urgence, puis-je être certain qu'ils seront prêts à tout quitter pour se rendre sur les lieux? Comme vous le dites, ils ont une certaine loyauté à l'égard de leur unité de milice, mais aussi une certaine loyauté à l'égard de leur hôpital, par exemple; alors, quel choix doivent-ils faire?
Je comprends qu'il y a des limites à ce que je peux m'attendre du personnel dont je dispose. Bien sûr, le fait que les membres de la milice exercent aussi ces autres fonctions est un outil formidable pour moi. Ces personnes ont des compétences et des talents qui font profiter leurs coéquipiers et leur présence au sein de ces autres organisations qui les emploient nous permet d'établir des liens de confiance avec ces organisations. Il y a encore de fausses idées qui persistent sur les militaires et les membres de la milice permettent de dissiper ces fausses impressions. Mais je dois être conscient du fait qu'en cas d'urgence locale ou de grande envergure, je ne pourrai peut-être pas compter sur toutes ces personnes. Cela me force donc à trouver d'autres solutions, et c'est ce que nous sommes entrain de faire en Colombie- Britannique. Si une grande catastrophe se produit, nous aurons besoin de beaucoup d'aide de l'extérieur de la province, et pas seulement de la part des Forces armées. Il nous faudra des ambulances, des services hospitaliers et des policiers. Je sais que je peux compter sur toutes ces personnes et que, même si le caporal untel ne quitte pas son quartier, il apportera une contribution dans son quartier et que je n'aurai peut-être pas à envoyer mes propres soldats dans son quartier dans l'immédiat. Il s'agit de trouver l'équilibre.
Le sénateur Day : Ma dernière question porte sur ce qui s'est produit ici en Colombie-Britannique récemment et nous renseignera sur votre niveau de préparation et votre capacité à intervenir en cas d'urgence. Récemment, des wagons transportant des produits chimiques dangereux ont déraillé et ont dégringolé dans le fond d'un ravin; heureusement, ces substances chimiques ne se sont pas déversées dans la rivière ou dans le réseau hydrographique. Par ailleurs, pendant la période des fêtes, les grands vents ont provoqué une importante panne d'électricité. Cela aurait pu être bien pire, parce qu'il y a aussi eu des glissements de terrain.
Étiez-vous à un haut niveau de préparation? A-t-on fait appel à vos services? Avez-vous pris des mesures pour une participation militaire?
Cam Girouard : Pour être bien informé sur ces urgences, nous comptons sur l'organisation de protection civile de la Colombie-Britannique. Nous entretenons d'excellentes relations avec cette organisation. Nous avons des contacts quotidiens et, quand des événements comme ceux que vous avez décrits se produisent, nous avons des contacts au besoin. Surtout, les autorités de la protection civile connaissent notre numéro de téléphone.
Avons-nous suivi la situation de près? Oui. A-t-on fait appel à nous? Non. On nous a demandé d'envisager d'intervenir dans une situation, et nous avons improvisé un plan d'intervention, mais ni pendant les tempêtes de neige, les fortes pluies ou les grands vents ne nous a-t-on demandé d'intervenir. C'est probablement parce que toutes ces situations ont présenté un risque modéré pour la vie et la santé. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de pertes de vie, mais nous n'aurions pu intervenir à temps. Nous n'aurions pu être les premiers intervenants même si on nous l'avait demandé et la province disposait des ressources nécessaires pour faire ce qui devait être fait. Mais si on avait fait appel à nous, nous serions intervenus.
J'ai déjà parlé des inondations du printemps dernier. L'été dernier, en raison des incendies de forêts, nous étions à un haut niveau de préparation. Nous avons demandé à certains de nos soldats d'être prêts à intervenir quand les conditions météorologiques ont changé et ont rendu notre intervention inutile. Dans bon nombre de ces cas, nous ne sommes pas les premiers intervenants, mais nous ne sommes pas loin derrière. Ce que j'ai dit à mes commandants dans toutes les régions de la province, c'est que nous vivons ici, que les habitants de cette province sont nos voisins et que leurs problèmes sont aussi les nôtres. Si on a besoin de nous, nous interviendrons et mettrons à la disposition des autorités toutes nos ressources.
Le sénateur Day : Croyez-vous que les plans que vous dresserez en vue des Olympiques de 2010 vous permettront de rehausser votre niveau de préparation en général?
Cam Girouard : C'est déjà le cas. Cela nous a certainement donné une meilleure visibilité au sein de la communauté des intervenants en situation d'urgence en Colombie-Britannique. Cela nous a donné un bon motif pour être présents à de nombreux événements. À cette époque l'an dernier, j'ai invoqué la création de la Force opérationnelle interarmées du Pacifique pour aller rencontrer mes voisins, et maintenant j'invoque les Olympiques de 2010 pour justifier notre participation aux différents exercices qui nous permettent de collaborer avec les autres agences, mais nous n'attendons pas que cette collaboration se concrétise d'elle-même. De plus, les planificateurs ont des plans d'urgence génériques pour faire face à différentes situations mettant en cause un traversier, la grippe aviaire, et cetera.
Tout cela est à notre programme et nos plans sont constamment actualisés; c'est nous qui le faisons et non par l'Armée de la région de l'Ouest. Avec le nombre limité d'employés dont nous disposons, je crois que nous avons réalisé d'importants progrès dans l'élaboration de ces documents et dans la conduite de ces exercices. En décembre, nous avons simulé un accident de traversier et, la semaine dernière, nous avons simulé un écrasement d'avion à Albert Head.
Toutes ces mesures se fondent sur la collaboration entre agences et sont liées aux Olympiques de 2010. Elles permettent aussi de rehausser nos relations de travail. Certaines de ces relations existent depuis longtemps. J'ai déjà parlé de notre équipe RSMUEN, à notre base, et cette équipe a des liens de longue date avec l'équipe RSMUEL de Vancouver. Cette équipe vient régulièrement à notre établissement de formation et nous allons au sien. Les deux équipes échangent leur connaissance et leurs expériences et ont déjà une relation symbiotique.
Le policiers, les ambulanciers et mes réservistes contribuent leur connaissance spécialisée et en font profiter leur unité; ils font aussi profiter la population civile de ce qu'ils apprennent dans le cadre de leur fonction militaire. Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche, mais je suis convaincu que tous ceux qui travaillent pour moi comprennent mon intention.
Le président : J'aimerais préciser que les miliciens ne sont nullement tenus de se rendre sur les lieux d'urgence. Ils ont déjà un emploi.
Cam Girouard : L'appel des réservistes s'accompagne de règles juridiques bien précises et il n'y a pas eu d'appel national depuis très longtemps. J'ai moi-même commencé ma carrière comme réserviste et je comprends la réserve. J'ai travaillé avec les ministres en bien des occasions. J'étais commandant adjoint de la réserve navale que j'ai déployée lors de l'accident de l'avion de Swissair. Ce que je peux vous dire, c'est que si cela en vaut le coût, la réserve et la milice interviendront. Les réservistes et les miliciens n'aiment pas qu'on leur fasse perdre leur temps et n'aiment pas qu'on prévoit un exercice qui est ensuite annulé à la dernière minute. Je comprends la frustration qu'ils ressentent parfois devant la façon dont ils sont employés. Non, en effet, leur présence n'est pas garantie.
Le président : C'est là où je voulais en venir. J'aimerais avoir une autre précision : quand nous avons reçu un breffage sur COM Canada, ou Commandement Canada, on nous a dit que cela simplifiait les choses. Ainsi, il n'est plus nécessaire de s'adresser au commandant de l'armée pour obtenir de l'aide. Si vous avez besoin d'aide de l'extérieur de votre zone, il faut vous adresser à quelqu'un d'autre, négocier avec lui, s'il faut par exemple faire venir des gens d'Edmonton. Le problème est donc toujours le même, à certains égards, n'est-ce pas?
Cam Girouard : Monsieur le président, nous avons parlé de manière générale de la question des ressources. En vérité, aucune région n'a sous la main tout ce qui lui faut et on pourrait donc dire de nous que nous avons besoin d'appuyer et que nous donnons de l'appui, d'une manière dynamique.
Le président : Ce que je veux dire, c'est qu'on a vanté le fait qu'il s'agisse d'un guichet unique, permettant à l'amiral d'appeler des gens des trois armes, d'une façon assez simple. Mais s'il faut aller au-delà de votre zone géographique, vous devez faire une demande. Vous ne pouvez pas faire appel directement à des gens d'Edmonton, sans traiter avec votre homologue de la région des Prairies, n'est-ce pas?
Cam Girouard : Monsieur le président, voici comment ça se passe : au sein même de la Colombie-Britannique, je peux demander ce que je veux, en respectant certaines limites. S'il y a des forces à l'extérieur de la province qui ont des éléments qui me manquent, je m'adresse à Commandement Canada, qui les trouvera et établira le contact. L'idée de Commandement Canada comporte un élément de simplicité. Je n'ai pas à téléphoner moi-même à Winnipeg pour des forces aériennes, et ensuite à Edmonton, ou en Ontario, s'il y a là ce dont j'ai besoin. J'appelle le personnel de Commandement Canada, je décris mes besoins, nous les décrivons en détails, en termes de matériel et d'unités, puis ils les trouvent pour moi ailleurs au pays.
Le sénateur Moore : Amiral, parlez-nous de l'incident gênant impliquant un navire de la côte Est qui n'a pu participer à une activité faute d'argent pour payer le carburant. Après un certain temps, on a trouvé les fonds nécessaires, mais dans un cas, le navire a été empêché de participer à une activité.
Je suis originaire de Halifax et je suis très fier de la Marine. Quelques semaines après cet incident, nous avons appris que la Marine ne pouvait participer à un exercice de l'OTAN parce qu'il lui manquait 25 millions de dollars. Je ne vous demande pas de répondre au nom de votre homologue de la côte est.
Pour les besoins du compte rendu, j'aimerais qu'on me décrive le mode de réflexion. C'est une question très délicate : on a trouvé l'argent la première fois où on en a manqué, mais pas dans le deuxième cas. La publicité entourant cet événement était bien embêtante.
D'une part, nous disons que l'OTAN doit renforcer sa présence en Afghanistan, mais nous ne pouvions pas faire de même, de notre côté, pour cet exercice de l'OTAN. Comment se prend ce genre de décisions? Je le répète, je ne vous demande pas de répondre au nom de votre homologue de la côte est.
Pourriez-vous donner au public et à nos auditeurs une réponse à cette question?
Cam Girouard : Sénateur, c'est que nous nous retrouvons en quatrième trimestre avec des cas de surprogrammation sur nos deux côtes. Pendant cette période, comme on ne s'attendait pas à des entrées d'argent, nous avons dû procéder à un délestage, pour éliminer certaines dépenses. Cette procédure a été suivie sur les deux côtes, en fonction d'une liste de priorités. Chaque côte est différente et a sa propre dynamique et nous avons trouvé des solutions différentes. L'objectif est simplement de respecter le budget, comme l'exige la loi, en optant pour les dépenses prioritaires et en supprimant celles qu'on croit pouvoir se permettre d'éliminer.
Dans le cas de la patrouille de souveraineté, la côte est espérait reporter cette activité au premier trimestre de l'année suivante de manière à en réduire l'incidence. Je ne peux pas parler de l'exercice de l'OTAN, mais au nom de mes collègues, avec qui j'ai échangé des renseignements, je vous prie de comprendre que le mois de février n'est pas le plus occupé à Halifax. L'exercice était conçu en fonction du fait que l'escadron était à Halifax pour la passation de commandement; le Canada cédait le commandement à l'escadron de l'OTAN. Le groupe de navires devait sortir ensemble en quittant le port. Ce n'était pas censé être un exercice très compliqué. En raison des risques associés aux conditions météorologiques, il n'y avait pas de matériel important pour en faire un exercice de réaction contre des menaces multiples, par exemple. Il s'agissait d'un exercice de passation, très simple, et mon homologue a décidé, compte tenu du prix du carburant et des leçons que pourraient en tirer nos marins, que le jeu n'en valait pas la chandelle et il a décidé de passer outre. Ils ont assuré la protection pour d'autres jours de mer, comme nous l'avons fait ici. Nous venons de terminer une patrouille de souveraineté. Comme je l'ai dit plus tôt, nous enverrons deux navires à un très important exercice de guerre sous-marine. Dans notre cas, nous avons encore de la surprogrammation. Nous avons choisi de couper ailleurs, à la base et dans l'infrastructure, par des méthodes tout simplement différentes. Nous avons aussi supprimé certains jours de mer, mais qui n'étaient pas à mon avis les plus importants.
Le sénateur Moore : Je vous remercie pour cette réponse. Vous pouvez comprendre que ces deux semaines ont été assez difficiles à vivre pour les gradés de la côte est.
On a parlé de l'idée que la Marine envisage la création d'un commando naval qui serait basé ici, en Colombie- Britannique. On a parlé de Comox. Pourriez-vous nous décrire ce concept, nous dire où en est cette idée et si c'est quelque chose que vous souhaitez faire? Cela respecterait-il le budget? Combien cela coûterait-il?
Cam Girouard : Sénateur, ce concept n'en est encore qu'à ses balbutiements.
J'ai réfléchi aux risques que des navires de croisière ou des navires pétroliers soient pris pour cible par les scélérats de ce monde. Nous avons une solide capacité d'arraisonnement, nous avons des forces spéciales, mais l'arraisonnement d'un pétrolier serait tout de même très difficile. Dans l'Ouest, nous avons tenu compte de certaines mesures d'urgence que nous pourrions avoir à prendre. Nous pourrions envisager ce que les Britanniques appellent des unités d'embarcations spéciales. Par ailleurs, le Régiment d'opérations spéciales du Canada ou ROSC est en pleine croissance et doit tenir compte de certaines nouvelles idées. Nous essayons de voir s'il n'y a pas un lien naturel à faire entre ces deux concepts. Comment cela fonctionnerait-il? Il faudrait prendre nos éléments les plus brillants, les plus forts et les plus rapides, dans les équipes d'arraisonnement, et les intégrer dans le milieu des opérations spéciales. Nous construirions une cellule. On ne sait toujours pas où elle serait située, mais il faudrait que cette cellule soit facile d'accès pour les besoins intérieurs. Nous pourrions avoir une cellule sur la côte ouest, pour des déploiements dans notre zone. Je le répète, cette idée n'est pas encore achevée. Notre supérieur s'y intéresse, je le sais, et nous verrons au cours des prochains mois si on ne pourrait pas étoffer un peu cette idée.
Le sénateur Moore : Il y a un mois ou deux, il y a eu sur la côte Est un exercice auquel participait des commandos et des sous-marins. S'agissait-il d'effectif de l'armée?
Cam Girouard : Oui, monsieur. L'exercice Pathfinders visait à associer des forces spéciales avec la furtivité de nos sous-marins. On veut pouvoir amener les forces spéciales sur une plage à des fins de reconnaissance, de destruction ou toute autre chose que vous pouvez imaginer.
Le sénateur Moore : Est-ce que cette unité pourrait correspondre au concept de commando naval? Elle travaille dans le domaine naval et devrait donc bien cadrer avec vos opérations.
Cam Girouard : Le concept de Pathfinders, c'est qu'un navire livre une capacité terrestre à un point donné. L'unité arrive furtivement, dans un navire rapide, sur la plage mais l'effet est terrestre. De notre côté, nous pensons à la capacité d'arraisonnement et de lutte contre le terrorisme. Nous y avons travaillé, nous avons fait des essais pour développer cette capacité avec les forces spéciales, mais cela ne s'est fait que très partiellement et vous comprendrez que les compétences navales peuvent s'éroder rapidement, si on ne les entretient pas. Avec nos équipes d'arraisonnement, nous avons compris que c'était plus spécialisé. En évaluant la menace, il m'a semblé que c'était une capacité à développer sous peu.
Le sénateur Atkins : Pourriez-vous nous décrire la Force opérationnelle permanente de contingence et son application au Commandement maritime?
Cam Girouard : La Force opérationnelle permanente de contingence est la contribution de la Marine aux opérations de déploiement. Nous y contribuons un navire, le navire de garde. Le meilleur exemple, c'est celui du NCSM Ottawa qui est allé à l'étranger en solo. L'option la plus puissante, la plus adaptable, qui comprend plus d'options, est celle du déploiement de flottille. C'est là qu'intervient la Force opérationnelle permanente de contingence. Le groupe, d'une côte ou des deux côtes, forme un groupe. Ce groupe possèderait un destroyer porte-étendard commandé par un commodore, avec l'appui d'hélicoptères. Il y aurait aussi un ravitailleur, un destroyer, une ou deux frégates et cette force serait déployable pour des opérations à l'étranger comme on l'a vu dans les deux guerres du Golfe. L'escadre pourrait aussi comprendre un sous-marin et une capacité de guerre côtière, et des bâtiments pour la guerre des mines, puisqu'elle serait taillée sur mesure.
Notre nouveau bâtiment d'appui conjoint ajouterait à ces capacités et possibilités puisque la force opérationnelle aurait ainsi la capacité d'emporter davantage d'aéronefs et de déplacer des effectifs pour un théâtre littoral.
D'autres aspects sont envisagés, notamment le concept d'augmenter la capacité amphibie des Forces canadiennes, mais nous y songeront plus sérieusement plus tard. La FOPC est une force qui donnerait aux Canadiens des possibilités nouvelles dans le cadre d'une force internationale robuste.
Le sénateur Atkins : Quelles sont les trois ou quatre questions qui vous préoccupent le plus?
Cam Girouard : Voilà une question intéressante, sénateur. La bonne nouvelle c'est qu'en effet, je dis souvent que telle ou telle chose m'empêche de dormir. Il y a d'abord le personnel, les effectifs, les ressources humaines de mon commandement et, je crois, de l'ensemble des Forces canadiennes. À une certaine époque, le budget était la question la plus importante dont on discutait. Ce qui me préoccupe, ce sont les effectifs. Nous perdrons toute une génération quand les baby-boomers prendront leur retraite. Nous avons besoin de compétence très précise, des compétences techniques. En passant, les recrues que nous formons selon nos normes deviennent de solides leaders et sont très en demande à l'extérieur des Forces armées; c'est aussi un problème. Ce qui m'empêche le plus de dormir, c'est sans doute le recrutement, la formation et la rétention des effectifs.
Je suis un officier de marine mais dans la Marine, c'est le matériel qui est censé nous préoccuper. Mais le matériel sans le cœur et l'intelligence, cela ne vaut pas grand-chose. C'est ma principale préoccupation.
La deuxième, c'est pour mon commandement : c'est quand je pense à la zone de l'Asie-Pacifique. C'est une région qui est très fragile, avec des risques considérables, qu'il s'agisse du terrorisme ou de nationalisme délirant. Nous avons vécu une période de stabilité relative, dans un monde assez instable, mais il reste que nous n'avons pas eu de conflagration régionale ou majeure depuis longtemps. Je crains ce qui pourrait arriver en Corée du Nord et ailleurs en Asie. Je me demande si nous sommes prêts à réagir devant ce genre de choses, compte tenu des relations que nous avons dans la région mais aussi compte tenu de notre capacité de répondre rapidement aux attentes des Canadiens. Cela aussi m'empêche de dormir et c'est une question très grande et complexe.
Je suppose que la troisième question, et là, je vous ramène aux côtes nationales de nouveau, se rapporte à ma nouvelle responsabilité au sein de la Force opérationnelle interarmées du Pacifique, et aux nouvelles attentes qui s'y rattachent, ces nouvelles, j'aime à utiliser l'expression « obligations » qui sont les miennes dans la province et dans la région en général. Tout cela est mesurable. Il se peut très bien que l'événement du siècle ne survienne pas à court terme, n'empêche qu'il y a bien d'autres choses qui se déroulent dans la province, et je veux vraiment être en mesure d'y parer. C'est pour cette raison que les cellules de planification et de formation sont aussi actives, c'est qu'elles veulent parer à toute éventualité. Nous sommes en rapport avec Santé Canada concernant des flambées de grippe aviaire afin de comprendre les risques potentiels et savoir comment nous préparer. J'ai besoin de connaître ces risques pour pouvoir mobiliser toutes les forces en cas de crise. Bien entendu, ce n'est pas le cas maintenant, et cela prendra du temps. Cela étant, la connaissance des risques potentiels a donné lieu à la conversation que j'ai eue avec le Commandement Canada quant à la préparation préalable des ressources de support qu'on me donnera, de sorte que quand je vous appellerai, vous saurez exactement de quoi il retourne.
Le sénateur Atkins : Si vous aviez deux souhaits, lesquels seraient-ils?
Cam Girouard : Je m'attaquerais aux RH d'abord. Qu'on me garantisse l'accès à chaque école secondaire et collège de la province, et je serai alors en mesure de régler mes propres problèmes. Nous y travaillons, et c'est pourquoi nous avons forgé des partenariats avec l'industrie et que nous sommes en pourparlers avec le ministère provincial de l'Éducation et le collège Camosun et ainsi de suite, mais si l'on pouvait améliorer l'accès, je serai d'attaque.
À mon avis, l'autre aspect consiste à comprendre les enjeux financiers. Nous prenons au sérieux nos responsabilités financières. En effet, il va de soi que nous établissons des priorités sachant que les fonds sont limités. J'aimerais bien que l'on comprenne les conséquences des pressions que nous avons subies au cours des vingt dernières années et ce dont nous avons besoin pour composer avec les nouvelles exigences. Je crois que nous avons abordé certains de ces aspects aujourd'hui, sénateur.
Le sénateur Atkins : Votre souhait serait donc d'obtenir des ressources humaines et financières supplémentaires.
Le président : Amiral, vous avez évoqué le nouveau navire de soutien interarmées (NSI). Que je sache, ces navires ne seront opérationnels qu'à compter de 2016 environ. Nous allons devoir composer avec un risque ou un vide pendant quatre ou six ans. Pouvez-vous nous expliquer comment vous comptez composer avec cette situation?
Cam Girouard : Vous avez tout à fait raison, sénateur. Le navire de soutien interarmées en est encore à ses premiers balbutiements, et il faudra attendre un certain temps avant de recevoir des vrais navires en acier. Peut-être savez-vous que nous venons de terminer une remise à niveau du NCSM Protecteur, notre pétrolier de la côte ouest.
Le président : Oui, amiral, mais dans dix ou douze ans, il ne sera plus utile.
Cam Girouard : Il s'agit alors d'étaler la confiture sur une plus grande surface. Pour vous dire la vérité, la marine est passée maître en la matière. Nos destroyers DDH 280 en résine de polyuréthane commencent à vieillir, mais ils continuent d'être fantastiques. Le fait est que ces navires ne cessent pas d'être opérationnels du jour au lendemain; ils se détériorent graduellement. Nous envisageons de garder opérationnels des navires détériorés pour une plus longue période. Nous étudions toutes les options. Est-ce l'approche idéale? Non, ce n'est pas idéal. Allons-nous compter sur nos amis et nos alliés? Avons-nous les moyens d'assumer les coûts portuaires quand nous devons aller nous ravitailler? Je n'ai pas de réponse parfaite. Par contre, je sais que nous trouverons un moyen de tirer le maximum de ce que nous permet la situation au moment voulu.
Le président : Merci beaucoup. Au nom du comité, je voudrais vous remercier aussi. Nous avons trouvé cette heure et demie fort instructive. Nous nous réjouissons également de l'occasion que nous avons eue de nous entretenir avec vous plus tôt. Comme ce fut le cas après votre dernière comparution devant le comité, nous terminons la rencontre plus sages et avec une meilleure compréhension des défis auxquels vous faites face. Nous vous souhaitons à vos collaborateurs et à vous plein de réussites. Nous voudrions envoyer un message à ceux qui relèvent de votre commandement : nous sommes extrêmement fiers du travail que vous faites. Votre travail est extrêmement important pour le Canada, et nous vous en sommes très reconnaissants.
Chers collègues, nous allons maintenant entendre le témoignage d'un groupe des premiers intervenants de la ville de Vancouver. M. David Stevens, coordonnateur de la gestion des urgences, Gestion du risque et des urgences, sera le principal porte-parole du groupe.
M. Stevens occupe le poste de coordonnateur de la planification d'urgence à la ville de Vancouver depuis mai 2006. Il est responsable du Centre des opérations d'urgence de la ville, y compris les systèmes d'information géographique d'urgence, la cartographie et les systèmes de communication. Jusqu'à la fin de 2006, M. Stevens était également coordonnateur du Programme de protection civile des quartiers de Vancouver.
M. Stevens est accompagné de Mme Patricia Doge, directrice, Gestion du risque et des urgences; de M. Brian Inglis, directeur général/chef du groupe de travail, Services des incendies et de sauvetage de Vancouver, RSMU/Opérations spéciales; de M. Tim Armstrong, chef adjoint, Opérations spéciales, Services des incendies et de sauvetage de Vancouver; du surintendant Steve Sweeney, Service de police de Vancouver, et de Mme Jackie Kloosterboer, coordonnatrice de la gestion des urgences, Gestion du risque et des urgences.
Daniel Stevens, coordonnateur de la gestion des urgences, Gestion du risque et des urgences, ville de Vancouver : Honorables sénateurs, vous avez un exemplaire de ma courte allocution, qui vous renseignera quelque peu sur la gestion des urgences et les interventions d'urgence dans la ville de Vancouver. Nous allons aborder quatre axes : le rôle des autorités locales dans la gestion des sinistres, la capacité d'intervention, les relations entre les ordres de gouvernement et certaines préoccupations et défis auxquels nous faisons face.
Le rôle des autorités locales en Colombie-Britannique en matière d'intervention en cas de sinistres consiste à fournir une orientation stratégique globale et à assurer une intervention d'urgence au sein des limites provinciales. Si l'ampleur du sinistre dépasse les capacités de la ville à intervenir efficacement, nous sollicitons alors l'aide d'autres ordres de gouvernement. Dans une telle éventualité, notre première source est le Programme d'urgence provincial ici en Colombie-Britannique.
Le District régional de la région métropolitaine de Vancouver comprend de nombreuses municipalités, dont les autorités locales font partie du Comité conjoint de liaison d'urgence.
Le conseil de ville de Vancouver a approuvé un certain nombre d'initiatives de protection civile, et nous en sommes à la huitième année d'un plan de dix ans. Je vous ai fourni des détails concernant les diverses initiatives, que vous trouverez dans la feuille d'information que nous avons distribuée en même temps que notre allocution.
Le modèle de gouvernance du Comité conjoint de liaison d'urgence renforce la capacité de la ville à intervenir en consolidant les liens entre les autorités locales. Quand la ville a besoin de l'aide d'autres autorités locales, et vice versa, l'intervention peut alors être coordonnée de façon plus efficace.
Par ailleurs, la ville abrite la seule équipe de recherche et sauvetage en milieu urbain (RSMU) agréée par les Nations Unies, que l'on appelle également Force opérationnelle canadienne 1, une équipe locale mais que l'on peut déployer à l'échelon provincial, national ou international. Bien qu'elle soit sise à Vancouver, l'équipe peut néanmoins intervenir partout dans le monde.
Quand il faut intervenir à la suite d'un sinistre, il y a des interactions strictement définies entre les différents ordres de gouvernement. Ainsi, les autorités locales se mettent en rapport avec d'autres autorités locales ou avec le gouvernement provincial, et c'est nous qui assurons l'administration du Programme d'urgence provincial de la Colombie-Britannique. La province collabore directement avec d'autres gouvernements provinciaux et avec l'État fédéral et, bien entendu, les autorités locales. L'État fédéral fournit une assistance aux provinces et à la communauté internationale. Les demandes de ressources et d'assistance doivent suivre une hiérarchie stricte.
Le Comité conjoint de liaison d'urgence mis au point ici dans la vallée du bas Fraser sert de modèle de coopération aux autorités locales et au gouvernement provincial, leur permettant de s'attaquer à des questions régionales par l'entremise d'un certain nombre de groupes de travail chargés de tâches en particulier. C'est une façon pour toutes les collectivités de la vallée du bas Fraser de se mettre ensemble pour s'attaquer à des problèmes liés aux interventions d'urgence ou à la protection civile contre les sinistres qui débordent les frontières. Le comité est présidé par le chef des services municipaux de la ville de Vancouver, le sous-ministre, le ministre de la Sécurité publique et le solliciteur général de la Colombie-Britannique.
Nous avons d'excellentes relations de travail entre les villes, les autorités locales et la province grâce au programme d'urgence provincial. Cette relation comprend notamment des échanges, des discussions et de l'aide dans les deux sens. Certains exemples de cette relation sont illustrés par le Programme des services sociaux d'urgence offerts dans l'ensemble de la Colombie-Britannique, lequel programme est financé, pour partie, par le gouvernement provincial mais qui est doté aussi par des employés municipaux. Ces employés s'occupent de la dimension humaine des sinistres. Ainsi, nous pouvons demander de l'aide aux autorités locales par l'entremise du Centre d'opération régional provincial, qui est le centre d'urgence local relevant du programme d'urgence provincial dans la vallée du bas Fraser.
Un exemple illustrant l'approche contraire, c'est quand la ville fournit par exemple une assistance à la province et à d'autres municipalités, comme ce fut le cas quand le parc de la montagne Okanagan a été ravagé par un feu en 2003 lors des grands feux de forêt. Par ailleurs, nous pouvons obtenir un concours financier de la province et de l'État fédéral par le truchement d'un programme de financement comme les Programmes conjoints de protection civile et d'autres mécanismes du genre. Un récent exemple d'une approche de partage des coûts qui s'est avéré une réussite est l'achat d'un spectrophotomètre à infrarouges qui a été utilisé dans le cadre de nombre d'incidents impliquant de la poudre blanche. Ainsi, nous avons été en mesure de déterminer rapidement la nature de la substance, et le temps d'intervention a été réduit considérablement. Le coût du spectrophotomètre a été compensé par la réduction du temps- personnel. Dans ce cas-là, l'aide financière a été fournie par le gouvernement provincial et par la ville.
À l'échelon fédéral, la relation entre les autorités locales et le gouvernement fédéral est généralement facilitée par le Programme d'urgence provincial. Cela dit, nous avons de nombreuses ressources fédérales à notre disposition à Vancouver, de même qu'il existe des liens naturels entre les représentants locaux du gouvernement fédéral comme Transports Canada, la Division des exercices nationaux de Sécurité publique et Protection civile Canada, Postes Canada, et cetera.
Je vais maintenant aborder trois préoccupations ou difficultés avec lesquelles nous sommes aux prises et proposer quelques recommandations. La première difficulté concerne la formation des premiers intervenants. La formation des intervenants à grande échelle dépasse les capacités financières de la ville. En effet, il faut également tenir compte des coûts très élevés associés aux centres de formation destinés aux premiers intervenants, lesquels sont situés dans l'est ou le centre du Canada, notamment les centres de formation CBRN, chimique, biologique, radiologique ou nucléaire.
Nous avons en outre accru nos capacités en prévision des Jeux olympiques d'hiver de 2010. À titre d'exemple, une équipe supplémentaire d'intervention en cas d'incident mettant en cause des matières dangereuses a été mise sur pied, ce qui a coûté environ 2,2 millions de dollars.
Nous recommandons la formation à l'échelon local. En effet, nous recommandons au gouvernement d'engager des fonds et d'assurer un soutien permanent à la formation des premiers intervenants. La recommandation s'applique à toutes les hautes sphères du gouvernement. La formation CBRN des agents de police coûte quelque 750 000 $ par année, et celle des services d'incendie, environ 1,1 million de dollars par année.
Notre deuxième difficulté tient au fait que la ville a des moyens limités pour que son équipe de recherche et sauvetage en milieu urbain demeure capable d'être déployée à l'échelon national ou international. L'équipe RSMU est une ressource fédérale et provinciale, mais à l'heure actuelle, seule la ville contribue financièrement à son entretien, sa gestion et sa formation de façon continue. Nous recommandons, par conséquent, une enveloppe annuelle d'environ 564 000 $ par année. Nous recommandons également que soient reconnues les ressources humaines considérables que la ville affecte à l'équipe RSMU.
D'autre part, nous nous heurtons à une difficulté relative au Programme conjoint de protection civile, notamment le processus d'octroi de subvention. En effet, le processus actuel est assez contraignant et exige un investissement financier de 50 p. 100 de la part des autorités locales. C'est pourquoi nous recommandons la rationalisation du processus d'acquisition des fonds, la détente des restrictions au titre du financement, ainsi que des modalités d'utilisation et la reconnaissance de la contribution considérable des autorités locales sous forme d'affectation de personnel.
Le président : Merci infiniment. Jusqu'ici, nous avons parlé de l'équipe de recherche et sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd RSMUEL, et c'est pourquoi nous sommes un peu perplexes quand vous faites allusion à l'équipe RSMU, qui comprend peut-être tout le monde.
Le sénateur Meighen : Est-ce qu'elle englobe plus de monde?
Brian Inglis, directeur général/chef du groupe de travail, Services des incendies et de sauvetage de Vancouver : Oui, il s'agit de la même équipe. Dans un premier temps, nous l'avons appelée RSMU pour nous conformer à la terminologie américaine et internationale. Quelqu'un a dû décider à un moment donné de parler de recherche et sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd au Canada.
Le sénateur St. Germain : Merci, monsieur Stevens, de votre exposé. Nous représentons le gouvernement et nous sommes ici pour vous aider. Les questions que j'aimerais vous poser concernent le Programme conjoint de protection civile. Quelle est la procédure à suivre pour faire une demande de fonds? Est-ce que vous sollicitez Ottawa ou la province?
M. Inglis : Toutes les demandes de la ville de Vancouver relatives au Programme conjoint de protection civile sont acheminées par la province. Ainsi, toutes les demandes, qu'elles proviennent de la police, des services d'incendie ou des services d'urgence, sont présentées par la province. Celle-ci détermine si la demande respecte les critères du Programme conjoint de protection civile, et le cas échéant, elle achemine la demande au bureau régional de SPPCC ainsi qu'à l'administration centrale à Ottawa.
Le sénateur St. Germain : Vous n'envoyez pas de demande directement à Ottawa.
M. Inglis : Non.
Le sénateur St. Germain : L'accès direct vous est interdit? Estimez-vous que le processus répond à vos besoins dans le district régional de Vancouver?
M. Inglis : Jusqu'ici, nous n'avons pas eu à nous en plaindre dans la province. Le processus marche très bien. On a appuyé la plupart de nos demandes, voire toutes les demandes que j'ai présentées. Là encore, il y a une chaîne de commandement au sein de l'appareil gouvernemental, et c'est pourquoi le processus me semble approprié. Les difficultés ne tiennent pas forcément aux interlocuteurs, mais aux critères d'admissibilité et ce qu'on peut demander et, inversement, ce qu'on ne peut pas demander.
Le sénateur St. Germain : Pensez-vous que les lignes directrices sont trop rigides et pas suffisamment souples pour s'adapter à la nouvelle réalité du terrorisme?
M. Inglis : Je pense que le Programme conjoint de protection civile marche très bien tel qu'il est conçu. En effet, il a été conçu pour aider les centres de planification d'urgence et d'opérations d'urgence. La police, les services d'incendie et les services de sauvetage ne veulent pas simplement de l'infrastructure, mais des véhicules, de l'équipement de communication, et ces exigences vont au-delà de la portée du cadre original du PCPC. Je crois que le programme répond très bien aux attentes originales, mais celles-ci ont vite été dépassées.
Le sénateur St. Germain : Il n'y a pas si longtemps, à Burnaby, nous avons eu un incident : de la fumée sortait de bouches d'égout, et cela aurait pu être un sinistre de taille. Les critères du PCPC auraient-ils pu vous fournir ce dont vous auriez eu besoin pour combattre ce type de crime?
Il existe un problème de taille dans l'ensemble de la vallée du bas Fraser. Je ne pense pas que le problème soit spécifique à la Colombie-Britannique, ni à Vancouver, ni même au District régional de la région métropolitaine de Vancouver.
Tim Armstrong, chef adjoint, Opérations spéciales, Services des incendies et de sauvetage de Vancouver : Oui, sénateur. Je connais bien l'incident de Burnaby; il s'agissait en fait d'un laboratoire de méthamphétamine. Les premiers intervenants semblent être des agneaux de sacrifice dans ce genre de situation. Ils ne sont pas toujours très conscients de la gravité de la situation, qu'il s'agisse d'un incident impliquant des terroristes ou simplement, comme je l'ai dit, d'un laboratoire de méthamphétamine ou d'une culture de marijuana. Ces intervenants ont besoin d'être mieux formés afin de reconnaître ces situations et ne pas mettre leur vie en péril.
J'aimerais ajouter au sujet du processus du PCPC que la fin de l'exercice de la ville et celui du gouvernement fédéral ne sont pas les mêmes. Du point de vue de la planification, avant de lancer un projet, nous devons planifier les choses bien à l'avance, et s'agissant du PCPC, nous ne savons jamais si nous allons obtenir ce que nous avons demandé ou non. Le créneau est très court et, parfois, nous ne pouvons pas utiliser l'argent qui nous est octroyé car nous ne pouvons pas respecter les échéances. Souvent, nos fournisseurs ne peuvent tout simplement pas nous fournir ce dont nous avons besoin en un court laps de temps, et nous perdons donc les fonds, lesquels sont retournés au Trésor. C'est une des restrictions qu'impose le processus du PCPC.
Le sénateur St. Germain : Les Jeux olympiques d'hiver de 2010 seront un événement de grande importance pour le District régional de la région métropolitaine de Vancouver, comme vous le savez bien. Je ne vous apprends rien de nouveau.
Monsieur Stevens, vous avez indiqué que les préparatifs ne sont pas suffisamment financés. Est-ce la province la pierre d'achoppement? Est-ce le PCPC? Ou les deux?
À mesure que nous nous rapprocherons de l'échéance, je pense qu'il sera crucial que nous accordions l'attention voulue à ce genre de choses pour assurer la sécurité de notre belle ville dont nous avons fait la promotion. Vancouver est probablement la plus belle ville du monde.
M. Armstrong : Sénateur, je suis membre du Comité consultatif des services d'incendie pour les Jeux olympiques de 2010. Toutes les municipalités avoisinantes ont discuté des ressources supplémentaires qu'il faudrait allouer aux Jeux. Lors de notre rencontre, nous avons discuté des matières dangereuses. Nous avons déterminé que la lacune ne se situait pas au niveau de la ville de Vancouver, mais plutôt au niveau des autres localités, lesquelles n'ont pas suffisamment de capacités. Ainsi, le corridor Sea to Sky, la localité de Whistler et le North Shore ont besoin d'un renforcement des capacités.
Nous avons entamé des discussions avec les autres chefs des pompiers du North Shore et du corridor Sea to Sky, afin de voir comment nous pourrions augmenter le service existant tout en travaillant avec les autres municipalités pour améliorer leurs capacités d'intervention pour les matières dangereuses et les opérations spéciales.
Le sénateur St. Germain : Pourriez-vous mieux expliquer en quoi consiste la RSMU? À ce que je comprends, l'équipe de Vancouver était à la Nouvelle-Orléans pour aider les survivants de Katrina.
M. Armstrong : Oui.
Le sénateur St. Germain : En ville et sur le terrain, vous êtes les premiers intervenants. Êtes-vous suffisamment financés par la province et le gouvernement fédéral? Sans vouloir parler pour ou contre la province, je dirais que la province a manifestement un rôle à jouer dans l'accès à ces fonds. Pourriez-vous nous dire où nous en sommes, vu l'énorme crédibilité que l'envoi de gens à la Nouvelle-Orléans nous a apportée?
Je suis très fier de tous les services à Vancouver et j'ai été profondément ému par la présence de la RSMU à la Nouvelle-Orléans. Pourriez-vous nous dire quelques mots, conséquemment, sur le financement dont vous disposez? Est-il suffisant?
M. Inglis : Le plus gros obstacle est constitué par le coût permanent de fonctionnement et d'entretien. Le PCPC nous a financés pour certains de nos achats d'équipement de départ, et même pour une partie de notre formation initiale, dans les années 90. Nous puisons dans ce pot autant que possible à chaque année; n'empêche que le financement de l'équipe coûte chaque année environ 560 000 $ à la ville de Vancouver, montant qui n'inclut pas la totalité des coûts de déplacement des membres de l'équipe pour l'exercice, la pratique ou le déploiement. C'est une dépense considérable pour la ville.
Nous travaillons avec SPPCC, à Ottawa, pour essayer de parvenir à une solution, parce que quatre autres équipes canadiennes sont en cours de constitution, à différentes étapes, à Calgary, au Manitoba, à Toronto et à Halifax. Or, nous voulons nous assurer d'une constance dans la formation, la cache d'équipement et la capacité d'intervention. Malgré le succès rencontré, nous avons des difficultés à maintenir l'équipe, vu la petitesse du budget. Pour être francs, nous avons besoin du financement fédéral.
La province a beaucoup évolué, ces dernières années. Sans elle, nous n'aurions pas pu nous rendre en Louisiane. C'était un déploiement unique en son genre, dans la mesure où nous avons quitté le territoire canadien. Il résultait d'une entente entre la province de la Colombie-Britannique et l'État de la Louisiane. Nos liens avec la province se sont beaucoup resserrés.
Le sénateur St. Germain : Il devrait y avoir de bonnes relations. C'est l'ancien maire, le premier ministre de la province, et il y avait le premier ministre Harcourt, avant lui. Monsieur le président, je vous remercie. Merci de cette occasion de poser des questions.
Le sénateur Atkins : Pourriez-vous nous dire comment fonctionne votre système de communication d'urgence? Comment communiquez-vous au sein de votre propre système au cours d'un désastre? N'importe qui peut-il se raccorder au système? Avez-vous des rapports spécifiques avec les médias, afin de tenir la population au courant?
M. Stevens : Ce qui vous intéresse, ce sont les communications entre les premiers intervenants?
Le sénateur Atkins : Oui, ainsi que la liaison avec la population.
Patricia Doge, directrice, Gestion du risque et des urgences, ville de Vancouver : La ville dispose d'un système informatique qui enregistre tout ce qui se passe. Notre centre de fonctionnement en cas d'urgence se situe dans les locaux de communication d'urgence, E-Comm. Certains sénateurs ont d'ailleurs visité les installations, il y a quelques années. Nous avons un réseau radio longue distance qui couvre les communications jusqu'à Boston Bar, ainsi qu'assez loin vers l'est. Ce système nous permet de communiquer avec les autres premiers intervenants et nous en sommes très fiers. Nous l'avons mis en place après les émeutes de la Coupe Stanley, au cours desquelles les différentes forces de police ont été incapables de communiquer entre elles.
Notre service des communications reste constamment en contact avec les différents organes de presse. Il faut encore resserrer ces liens, mais nous avons eu des entretiens préliminaires avec différents organes de presse et nous sommes en passe d'établir des protocoles.
Le sénateur Atkins : Votre ville a-t-elle été consultée pour le système CANALERT envisagé par le CRTC?
Mme Doge : Pas à ma connaissance, non.
Le sénateur Atkins : En matière de formation, combien de premiers intervenants envoyez-vous dans l'Est pour leur formation, chaque année?
M. Armstrong : Le nouveau programme de CBRN date de deux ans seulement. Au départ, nous voulions y envoyer le personnel des casernes de pompiers, ainsi que les membres de la police et les ambulanciers, afin qu'ils s'entraînent ensemble, comme une espèce de force conjointe, et reviennent en mesure de travailler en équipe. Mais c'est un concept qui s'est effrité, dans la mesure où les inscriptions arrivent ici et là, dans différentes collectivités. Du coup, nous avons un peu perdu de vue notre concept de départ d'avoir une équipe fonctionnelle à la fin de la formation. Il y a beaucoup de gens qui ont besoin de formation et peut-être serait-il plus rentable d'effectuer la formation ici plutôt qu'à Ottawa. Plusieurs de nos membres ont suivi la formation pour devenir instructeurs au Collège canadien de gestion des urgences d'Ottawa. Nous préférerions que le collège assure la formation sur place, plutôt que de devoir faire voyager notre personnel.
Le sénateur Atkins : C'est pourquoi je vous posais une question sur les chiffres. Je voulais savoir si la formation était limitée par le budget.
M. Armstrong : Jusqu'à un certain point, oui, elle est limitée par le budget. Ils paient quand même une partie des coûts. Comme je l'ai déjà dit, nous avons des besoins de remplacement du personnel.
Le sénateur Atkins : Vous dites « ils », de qui s'agit-il?
M. Armstrong : Du gouvernement fédéral. Nous envisageons de former quelque 124 membres.
Le sénateur Atkins : Est-ce à dire que vous formez 124 membres chaque année?
M. Armstrong : Nous formons 124 personnes au départ, puis de 40 à 50 personnes chaque année. Il faut former tous les premiers intervenants et les amener à un stade de sensibilisation qui les prépare à ces types d'événements.
Le sénateur Atkins : Si vous aviez un centre de formation ici, vous pourriez consacrer une partie de l'argent que coûte la formation à ce centre.
M. Armstrong : Tout à fait. Toute formation exigeant des déplacements et des absences prolongées augmente les coûts.
Steve Sweeney, surintendant, Service de police de Vancouver : Au départ, les critères de sélection pour former les policiers étaient très étroits. Seuls les techniciens pour les bombes et les gens spécialisés dans l'identification judiciaire étaient visés. Il n'existait pas d'élément de sécurité pour l'équipe, comme dans une équipe d'intervention en cas d'urgence, si bien que les policiers n'étaient pas admissibles à la formation. Seuls 12 de nos membres ont été formés dans le cadre du programme, ce qui est loin d'être suffisant. Nous avons récemment obtenu gain de cause et fait inclure l'élément d'équipe d'intervention en cas d'urgence dans la formation. Mais les places étaient déjà prises, si bien que nous devrons attendre 2008 avant de même commencer à former les gens qui en auraient besoin.
Le sénateur Atkins : Dans votre exposé, vous parlez de vos efforts de protection au cas où il se passerait quoi que ce soit durant les Jeux olympiques. Y a-t-il eu une planification ou des réflexions en vue de l'événement du siècle, pour reprendre l'expression de l'amiral?
Mme Doge : Parlez-vous de tremblements de terre?
Le sénateur Atkins : Oui, c'est de tremblements de terre que je parle.
Mme Doge : La ville de Vancouver vise tous les risques, dans sa formation. Nous avons mis à niveau les vieux ponts, pour qu'ils satisfassent aux normes actuelles de résilience. Nous avons aussi implanté, partout dans la ville, de gros conteneurs d'équipement d'urgence qui nous permettront de déclencher rapidement une intervention, s'il se produisait un désastre de ce genre. De cette façon, dans les premières heures suivant un tremblement de terre, avant l'intervention d'autres gouvernements ou d'autres types d'aide, nous avons des ressources prêtes à être utilisées. Nous avons une formation continue de ce type dans notre centre E-Comm.
Nous avons aussi mis en place un système spécifique de protection en cas de feu, système coûteux, pour répondre aux incendies qui pourraient se déclencher dans le centre-ville ou à Kitsilano, parce que, en cas de tremblement de terre, il y aura des feux de gaz et d'autres problèmes. Ce sont des initiatives que vous pouvez trouver, avec d'autres, sur notre feuillet d'information.
Le sénateur Atkins : Avez-vous votre mot à dire à la municipalité quant aux règlements qui s'appliquent aux nouvelles constructions à Vancouver?
Mme Doge : L'inspecteur en chef de la construction est membre de notre comité de planification en cas d'urgence. Vancouver est une ville décidément proactive, où les normes sont supérieures aux normes nationales.
Le sénateur Atkins : Supérieures aux normes nationales?
Mme Doge : Dans bien des domaines, oui, effectivement.
Le président : Le comité se préoccupe particulièrement des communications directes avec les particuliers. Dans le cas d'un tsunami, par exemple — Vancouver n'est peut-être pas vulnérable, à cause des îles qui la protègent — ou alors dans le cas d'un tremblement de terre, y a-t-il possibilité de communiquer avec les gens une fois que les systèmes habituels sont en panne? S'il y a une panne d'électricité, si les tours des téléphones cellulaires fonctionnent mal, le meilleur système dont nous disposons est celui des mégaphones montés sur les voitures de police. Vous êtes-vous penchés sur la question des communications avec les particuliers, dans le cas d'une panne d'électricité? Y a-t-il un programme pour que chacun soit muni d'un transistor? Existe-t-il un système de communication qui résisterait à une panne d'électricité?
Nous avons conscience des problèmes auxquels se heurtent les habitants de la péninsule de la Floride durant les ouragans. Ils disposent d'une série de tours à énergie solaire, ainsi que de leur propre batterie qui fournit au moins un avertissement par sirène, ce qui est déjà ça. Nous sommes également conscients de l'existence d'un système de 9-1-1 à l'envers, qui permet, aussi longtemps que les téléphones fonctionnent, de recommander à différentes personnes de rester chez elles, ou de fermer leurs fenêtres, en cas de fuite de gaz, ou quoi que ce soit.
Pourriez-vous dire au comité ce que vous pensez faire quand la situation est difficile et que l'électricité ne fonctionne pas? Comment comptez-vous parler aux citoyens et leur donner des conseils et des renseignements sur les ponts qui restent accessibles ou sur les points où ils peuvent se procurer de l'eau, et cetera?
M. Armstrong : Je peux dire deux mots, sénateur, de ce que j'ai vécu lors de mon déploiement pour Katrina avec la RSMU. Comme vous le savez parfaitement, les communications sont devenues un élément clé, communications non seulement à l'intérieur de l'État mais aussi avec un maillon arrière. Nous avons tiré les leçons de l'expérience : mettre tous ses œufs dans un même panier, dans un système de communication unique, n'est pas une bonne idée. Il faut de multiples systèmes, comportant une certaine redondance. Avec des commutateurs interreliés, par exemple, il existe des technologies permettant aux premiers intervenants provenant de plusieurs points d'être reliés ensemble en un réseau de communication commun, sur une plate-forme commune, dans une zone donnée. Les communications par satellite ont augmenté la capacité à communiquer de cette façon, par le biais de liaisons satellitaires. Leur système est tombé en panne; les communications ont été interrompues dans tout l'État, et cela a créé des risques majeurs, non seulement pour les collectivités, mais pour les premiers intervenants qui étaient incapables de communiquer les uns avec les autres. Par conséquent, ils travaillaient indépendamment, dans plusieurs zones différentes, ce qui rendait la coordination des interventions très épineuse.
Le président : Il nous semble que la communication des premiers intervenants entre eux constitue un défi, mais une question que l'on peut résoudre. Les communications avec la population sont un problème d'une plus grande ampleur, et c'est ce que je vous demandais d'aborder. Après avoir réfléchi à la question, à quelles conclusions êtes-vous parvenus? Comment allez-vous dire à M. ou Mme Tout-le-Monde qui vit à Kitsilano comment faire face à l'urgence?
M. Stevens : Actuellement, la ville entend travailler en partenariat avec les médias.
Le président : Je pars du principe qu'il n'y a plus de médias.
M. Stevens : Vous partez du principe qu'il n'y a plus du tout de médias?
Le président : Tous les médias ont disparu. Le Sun ne paraît plus et la station de télévision ne fonctionne pas. La tour s'est écroulée.
M. Stevens : Même les médias de la vallée du bas Fraser, la CBC incluse, ont récemment entamé un processus d'acquisition d'un émetteur radio portable qui peut s'installer n'importe où. Ces émetteurs peuvent être transportés en haut d'une colline, mis sur la tour et diffuser alors grâce à des générateurs indépendants fonctionnant à l'essence.
Le président : À qui s'adresserait cette diffusion?
M. Stevens : Dans nos campagnes de sensibilisation de la population, notre Programme de protection civile des quartiers, par exemple, nous encourageons tous nos citoyens à se doter de radios fonctionnant à piles, avec manivelle ou grâce à l'énergie solaire, ainsi que d'une provision de piles. Nous leurs disons d'écouter n'importe quelle station de radio, parce que nous transmettrons sur toutes les stations qui diffusent encore. Radio-Canada et CKNW nous ont fait savoir qu'ils disposaient d'installations durcies pour les communications en cas de désastre.
Le président : Comme c'est toujours le cas pour des plans de ce genre, on prend véritablement la mesure des choses seulement quand on commence à faire des exercices, à éliminer plusieurs éléments, et à voir comment on s'en tire.
Avez-vous des exercices prévus dans les quartiers? Est-ce que vous vous entraînez effectivement, pour mieux comprendre les difficultés inhérentes à ce type de situations?
Mme Doge : Nos plans en cas d'urgence comportent un élément de radio amateur important. Des individus sont en place dans tous les centres de réception; ils diffusent vers nous et nous diffusons vers eux à partir du centre E-Comm. Ce n'est pas l'idéal, mais c'est là où nous en sommes. Nous avons aussi effectué des tests par le passé, avec certains de ces systèmes téléphoniques qui envoient des messages partout dans le système; mais ils sont extraordinairement coûteux.
Le président : Avez-vous fait un sondage dans la collectivité pour savoir qui disposait effectivement de transistors ou de radios fonctionnant avec manivelle ou à piles? Savez-vous combien de citoyens disposent de ces radios?
M. Stevens : Je l'ignore.
Le président : Il me semble qu'il serait important de connaître la réponse.
M. Sweeney : Sénateur, les pannes de communication lors de Katrina et leurs conséquences cataclysmiques nous ont instruits et nous avons un plan en cours de réalisation. Il n'est pas achevé, mais nous avons repéré des endroits de rassemblement dans tous nos districts de police; nos agents seraient tenus de s'y rendre, en cas de panne de communication de ce genre. Ils se réuniraient tous en un lieu prédéterminé. Un opérateur de radio amateur de la Vancouver Emergency Communications Telecommunications Organization, VECTOR, se rendrait aussi à cet endroit. Nous aurions également une présence de radio amateur dans notre quartier général et dans notre centre de fonctionnement. Chacun saurait à l'avance où se rendre afin d'établir une ligne de communication. Au bout du compte, on risque d'en venir à des messagers qui courront d'un point à l'autre, qui se rendront, par exemple, à notre quartier général ou à notre centre de fonctionnement en cas d'urgence. Nous sommes également conscients du fait que certaines personnes relevant de notre responsabilité n'ont pas de radios. Certaines de ces personnes n'auront pas accès aux médias. Nous pourrions alors compter sur le système des voitures de police. Nous serions préparés à nous rendre dans l'est de la ville, où nous devrions nous assurer que le message a bien été reçu et où nous devrions être prêts à effectuer des recherches. Nous mesurons bien l'importance des communications en cas de désastre.
Le président : Avez-vous une liste des personnes qui ne peuvent pas quitter leur appartement ou un endroit où elles peuvent s'inscrire? Y a-t-il une façon pour ces personnes de vous faire savoir qu'en cas d'urgence, elles auraient besoin d'aide?
Mme Doge : Grâce au Programme de protection civile des quartiers, nous créons des équipes de quartier qui peuvent repérer les personnes ayant des besoins spéciaux. Ces équipes mettent sur pied des groupes qui travaillent en collaboration et en coopération et identifient les personnes ayant besoin d'assistance.
Le sénateur St. Germain : Les opérateurs de radio amateur ne sont-ils pas une chose du passé?
Mme Doge : Nous comptons de nombreux membres et, plus ça va, plus il y en a. Plusieurs inspecteurs du Service de police de Vancouver ont créé le groupe. Ce sont des gens hautement professionnels, voués à la tâche et consciencieux. Nous avons énormément de chance.
Le sénateur Meighen : Monsieur Inglis, je commencerai par vous, avec des questions sur la fameuse RSMU/ RSMUEL. Vancouver dispose de l'unique unité de RSMU agréée par les Nations Unies; est-ce bien le cas?
M. Inglis : C'est exact.
Le président : Je crois vous avoir entendu dire que l'on prévoyait de créer quatre autres unités ou qu'elles existaient déjà?
M. Inglis : Au pays, il y en a quatre à différents stades d'évolution.
Le sénateur Meighen : Vous avez parlé de Calgary, du Manitoba, de Toronto et de Halifax. S'agira-t-il également d'unités agréées par les Nations Unies?
M. Inglis : Je doute qu'elles le soient, mais elles auront certainement le même niveau de formation que l'équipe de Vancouver. Je ne suis pas sûr si un groupe autre que l'équipe de Toronto est intéressé à un déploiement à l'échelle internationale. Les chances sont assez minces pour commencer et lorsque l'on commence à envisager un déploiement à l'extérieur de l'Amérique du Nord, cela suppose beaucoup plus de travail. Je ne suis pas sûr qu'il soit vraiment nécessaire que plus de deux équipes au Canada assument ce rôle.
Le sénateur Meighen : Vous avez indiqué au gouvernement fédéral que si l'on prévoit un rôle international, il serait logique que le gouvernement fédéral offre une aide financière à cet égard.
M. Inglis : Tout à fait.
Le sénateur Meighen : Vous êtes en pleines négociations à cet égard?
M. Inglis : Oui, sénateur.
Le sénateur Meighen : Il sera intéressant de voir ce qu'il en résultera.
La prochaine question concerne la participation ou l'absence de participation des Forces canadiennes à votre planification. Est-ce que les forces participent à votre planification? Par le passé ont-elles participé à votre planification et quel a été le niveau d'intégration?
M. Armstrong : Sénateur, j'ai rencontré l'amiral Girouard et la RSMU à plusieurs occasions. Nous entretenons de très bonnes relations avec l'amiral Girouard et sa base de même qu'avec les membres de la troupe de construction navale de la base. Nous exécutons régulièrement des exercices à la base et la troupe vient à Vancouver s'y entraîner également. Nous avons eu une bonne expérience de travail avec eux.
M. Sweeney : En ce qui concerne les services de police, nous effectuons régulièrement des exercices avec les Forces canadiennes. Le 39e Groupe-brigade s'entraîne chaque année à Cougar Salvo et nous envoyons une vingtaine de nos membres participer à cet exercice. Au cours des trois dernières années, il s'est tenu à Kamloops; cette année, il se tiendra dans la région de Comox. Cette expérience nous donne l'occasion de développer notre interopérabilité, nos communications et de comprendre leurs capacités. Elle permet également d'apprendre à nous connaître de façon à ce qu'au moment voulu, nous sachions avec qui communiquer. Je suis au courant du processus officiel, mais nous sommes également au courant du processus non officiel qui, parfois, est encore plus rapide. Nous avons travaillé en collaboration avec les forces pour développer ce genre de relations.
Le sénateur Meighen : S'agit-il des membres de la force régulière?
M. Sweeney : Non, les participants proviennent de la milice.
Le sénateur Meighen : Dans quelle mesure vos services coopèrent-ils et établissent-ils des plans avec l'Agence de santé publique du Canada pour parer au risque d'une pandémie?
M. Armstrong : Les services policiers, d'incendie et les services ambulanciers de la Colombie-Britannique de même que les administrations locales de la santé ont tous travaillé en collaboration à cette question. Nous avons tenu un certain nombre de réunions de planification en cas de pandémie pour nous pencher sur les nombreux problèmes que pourrait entraîner une telle catastrophe. Autrement dit, la pénurie de premiers intervenants risquerait-elle de compromettre la sécurité publique? Nous participons à la planification continue, mais nous n'avons pas de solutions définitives, comme c'est probablement le cas dans l'ensemble du pays.
Le sénateur Meighen : Dans les collectivités et dans la province, existe-t-il des réserves de couvertures, de lits, d'équipement et de fournitures médicales?
Jackie Kloosterboer, coordonnatrice de la gestion des urgences, Gestion du risque et des urgences, ville de Vancouver : Nous avons 27 refuges installés à des endroits stratégiques dans l'ensemble de la ville où on trouve des lits de camp, des couvertures, des trousses de premiers soins, et cetera. Ils seraient disponibles en cas de besoin. De façon générale, ils servent à mettre sur pied des centres de réception, que nos équipes de services sociaux d'urgence ouvriraient en cas d'urgence ou de catastrophe.
Le sénateur Meighen : Ces réserves appartiennent-elles à la ville de Vancouver ou au gouvernement?
Mme Doge : Elles appartiennent à la ville de Vancouver.
Le sénateur Meighen : Eh bien, c'est une bonne chose, parce qu'en Ontario nous avons constaté qu'il existait certaines réserves dont le gouvernement fédéral est propriétaire, mais le problème, c'est que personne ne savait où elles se trouvaient.
Mme Doge : Il y a certaines réserves de fournitures médicales et de couvertures qui ont été conservées dans certaines stations de pompiers, mais elles se sont tellement détériorées avec le temps qu'elles sont devenues hors d'usage.
Le Vancouver Coastal Health Authority a des représentants au sein de nos deux comités, soit le Comité de planification des mesures d'urgence et le Comité de gestion des urgences. Nous travaillons très étroitement avec cet organisme.
Le sénateur Meighen : Je me rappelle très bien de notre visite à l'édifice E-Comm.
Il est évident que Vancouver a pris cette question très au sérieux et vous devez être l'une des villes les plus avancées et les mieux préparées au pays. Je suppose qu'il y a lieu d'être bien préparé. Comme mon collègue le sénateur St. Germain n'arrête pas de nous le dire, il y a vraiment lieu d'admirer Vancouver. Merci beaucoup et félicitations pour vos nombreuses réalisations.
M. Armstrong : Par l'intermédiaire de notre programme de recherche et sauvetage en milieu urbain, nous nous sommes également entretenus avec Santé Canada, et le ministère est en train d'essayer de constituer des équipes d'intervention en cas d'urgences sanitaires, et l'un des endroits envisagés est Vancouver. Santé Canada a acheté une importante cache de matériel médical, mais malheureusement ne possède pas l'effectif pour gérer ce matériel. Nous avons parlé de la possibilité d'établir un partenariat et peut-être de partager un entrepôt ici à Vancouver et de leur offrir un soutien logistique dans le cadre de notre programme de recherche et sauvetage en milieu urbain.
Le sénateur Meighen : Avez-vous conclu une entente avec Seattle?
M. Armstrong : Il y a l'entente concernant le corridor de l'autoroute I-5 qui nous donne la possibilité de nous rendre dans l'État de Washington en cas d'urgence.
Le sénateur Meighen : Et vice versa?
M. Armstrong : Et vice versa.
Le sénateur Moore : J'ai deux brèves questions concernant les opérateurs de radio amateur. Vous avez indiqué qu'il s'agit d'un groupe très solide. Combien compte-t-il de membres?
M. Stevens : Il y a environ 500 radios amateurs dans la ville de Vancouver. Il s'agit surtout de personnes qui ont des licences de radio amateur. Environ 120 membres actifs de VECTOR qui assureraient la liaison et la coordination avec les centres communautaires et les centres d'intervention d'urgence.
Le sénateur Moore : Combien de personnes font partie d'une équipe d'intervention en matières dangereuses?
M. Armstrong : Sénateur, nous avons deux équipes spéciales qui fonctionnent 24 heures par jour, sept jours par semaine. Ce groupe comprend trois casernes de pompiers, dont une est située sur les terrains de dotation foncière de l'Université de la Colombie-Britannique, l'une de chaque côté de l'Hôpital général de Vancouver, l'une à l'intersection de la 10e Avenue et de la rue Granville, l'autre à l'intersection de la 12e Avenue et de la rue Quebec. Une équipe spéciale compte environ 12 membres et quatre pièces d'équipement.
Le sénateur Moore : Est-ce que cela comprend les techniciens et les chauffeurs?
M. Armstrong : Ce groupe comporte un technicien opérationnel.
Le sénateur Day : Je tiens simplement à avoir une idée claire de la planification et de la façon dont elle est coordonnée. D'après ce que je crois comprendre, la ville de Vancouver a un plan sur dix ans et a presque terminé la planification de huit de ces dix années. La ville de Vancouver va-t-elle alors confier l'ensemble de cette planification à la municipalité régionale du Grand Vancouver ou la ville de Vancouver continuera-t-elle à assurer sa propre planification?
Mme Doge : Le plan de dix ans comporte des initiatives particulières, entre autres la protection des conteneurs. Nous partagerons avec toute municipalité la planification, la recherche, tout ce que nous avons. Nous partagerons systématiquement toutes les informations que nous avons avec les autres municipalités. Le nouveau modèle de gouvernance qui vient d'être mis au point par le Comité mixte de liaison en cas d'urgence a été approuvé par le District régional du Grand Vancouver et examine des questions comme la création d'un bureau régional de planification des mesures d'urgence qui serait chargé de coordonner, dans la région, des systèmes similaires ou généraux, et de fournir de l'information, afin que nous puissions tous communiquer les uns avec les autres. À l'heure actuelle, les systèmes d'intervention en cas d'urgence diffèrent et il s'agirait d'intégrer l'ensemble de ces systèmes en un seul système fonctionnel de façon à ce qu'il existe partout dans la région une norme minimale de planification et de ressources.
Le sénateur Day : Il s'agit du Comité mixte de liaison en cas d'urgence qui s'occupe de cette question pour la région du Grand Vancouver?
Mme Doge : Oui, c'est un groupe qui a été constitué pour s'occuper de questions interorganisationnelles. Les communications, la distribution de l'eau et les itinéraires des équipes d'intervention en cas de catastrophe figurent entre autres sur cette liste. Il est impossible et illogique de limiter ces initiatives à une seule zone juridictionnelle. Elles doivent viser l'ensemble de la région. C'est donc le genre d'initiatives dont s'occupe un groupe qui travaille avec d'autres groupes provenant de différentes municipalités et qui met en commun les initiatives élaborées dans ces plans pour l'ensemble du district.
Le sénateur Day : La planification se poursuit-elle dans chacune des municipalités? Est-ce que Langley a son propre plan? A-t-elle ses propres équipes et s'occupe-t-elle de ses propres choses? Et Vancouver-Ouest s'occupe de sa région. Ensuite, il y a le groupe cadre qui met les idées en commun.
Mme Doge : Oui. Chaque municipalité aurait son propre plan, mais nous partageons un grand nombre d'initiatives dans la région. Prenons par exemple le Programme de protection civile des quartiers. Nous partageons nos documents, nos ressources. Nous serions disposés à partager toutes nos ressources et toute notre information avec les autres municipalités qui décideraient de mettre sur pied un programme. Par exemple, nous venons de lancer un programme d'annonces télévisées. Nous en avons terminé une et nous allons en faire une série que nous pourrons présenter afin d'essayer d'attirer un plus grand auditoire et lui transmettre le message qu'au cours des 72 premières heures, dans la mesure du possible, chacun devra pouvoir se débrouiller seul. C'est le genre d'initiatives que nous partagerions systématiquement avec les autres municipalités de notre région.
Le sénateur Day : Pour ce qui est d'intervenir en cas d'urgence et par conséquent de planifier une intervention en cas d'urgence, s'il s'agit d'une situation d'urgence ou d'une catastrophe qui touche plusieurs municipalités, qui assume le contrôle de l'intervention?
Mme Doge : Habituellement, ce serait la province, à moins qu'il s'agisse simplement de quelques municipalités et d'un problème qui touche un nombre restreint de municipalités. Nous avons établi des plans pour intervenir dans des situations qui touchent plusieurs municipalités.
Le sénateur Day : Que faites-vous si vous avez besoin des services de la police, des services de pompiers et d'ambulanciers et que la province a assumé le contrôle mais ne dispose pas de ces ressources?
M. Armstrong : C'est ce qui s'est produit lorsqu'il y a eu le glissement de terrain à North Vancouver. Le chef des pompiers qui a géré l'incident dans le district de North Vancouver avait demandé qu'une entente mutuelle soit conclue entre les services d'incendie et le service de recherche et sauvetage en milieu urbain. Je crois que des policiers de Vancouver lui ont prêté main-forte de même que la GRC. Le chef des pompiers avait simplement présenté une demande d'entente mutuelle.
Le sénateur Day : Êtes-vous en train de dire que lorsque la municipalité indique qu'en raison de la gravité de l'incident, elle ne peut pas le gérer seule, les municipalités environnantes lui viennent en aide?
M. Armstrong : Oui, et nous avons reçu un numéro d'assignation des tâches du Programme d'urgence provincial et les coûts ont été remboursés à la municipalité.
Le sénateur Day : Ce programme encourage-t-il des interventions et une formation qui débordent les frontières de la municipalité?
M. Armstrong : Je pense que depuis les feux de forêt dans l'intérieur et les glissements de terrain à North Vancouver, la province a décidé de prendre les devants afin d'encourager une aide mutuelle et d'aider à coordonner l'intervention en cas d'incidents qui touchent plusieurs municipalités.
Le sénateur Day : L'usage veut que chaque municipalité prépare son propre plan, mais il existe une certaine planification dont les municipalités s'occupent ensemble pour aider à coordonner une intervention à l'échelle de toute une région au cas où un incident toucherait plus d'une municipalité? C'est généralement la façon dont cela fonctionne dans la province?
Pouvez-vous m'expliquer comment l'équipe d'intervention s'est mobilisée lors de la crise la plus récente que vous avez connue? Il y a eu des glissements de terrain sur l'autoroute Sea to Sky et beaucoup de pluie. Il y a eu des pannes de courant pendant un certain temps. L'eau a été contaminée.
M. Armstrong : J'ai récemment répondu à un appel à propos d'une personne en difficulté au Parc Stanley. Notre structure de commandement des interventions, qui est proactive, a mis sur pied une structure de commandement unifié. Le service de police de Vancouver a assumé la direction de la recherche dans le parc, et nous avons fait appel à l'équipe de recherche et de sauvetage de North Shore ainsi qu'au service de pompiers de Vancouver. La formation continue que nous suivons a montré que nous travaillons très bien ensemble dans le cadre d'une structure de commandement unifié.
Le sénateur Day : Vous a-t-on demandé d'aller prêter main-forte à Tofino, plus loin sur l'autoroute au-delà de Vancouver-Ouest?
M. Armstrong : Non.
Le sénateur Day : Votre processus de planification prévoit-il des interventions en cas de catastrophes causées par l'homme, en cas d'actes terroristes? Cela relève de la compétence du gouvernement fédéral. Votre municipalité s'entraîne-t-elle avec les équipes fédérales pour se préparer à des situations comme celles-là?
M. Armstrong : Oui, nous le faisons par l'entremise de Sécurité publique et Protection civile Canada. L'année dernière, nous avons effectué un exercice conjoint à Calgary; il s'agissait d'une intervention nationale de recherche et sauvetage en milieu urbain où nous avons réuni toutes les villes à Calgary et avons simulé un acte terroriste. Nous avons suivi la logistique de notification par l'intermédiaire du Centre d'opérations gouvernementales, par l'entremise des provinces, et avons réuni tous les gestionnaires régionaux des provinces de SPPCC. Nous nous sommes mobilisés et nous avons effectué un exercice de deux jours à Calgary, qui s'est avéré dans l'ensemble un succès. Nous avons tiré de nombreuses leçons de cet exercice et nous avons constaté que notre plus importante lacune se situait au niveau du déplacement de personnel en temps voulu.
M. Stevens : Je suis allé à Ottawa il n'y a pas longtemps pour participer à une réunion avec SPPCC précisément sur cette question. Nous avons parlé d'effectuer des exercices régionaux intégrés pour les réseaux de transport urbain avec les municipalités voisines, les opérateurs de véhicules de transport en commun et divers paliers de gouvernement.
Le sénateur Day : Êtes-vous en train de dire que Sécurité publique et Protection civile Canada est en train de prendre la tête des efforts visant à coordonner une intervention plus importante dans ce genre de situation?
M. Stevens : Dans le cas de la sécurité du transport urbain, c'est l'orientation qu'ils ont prise et il semble que c'est une initiative qu'ils encouragent.
Le sénateur Day : Est-ce que toutes les villes canadiennes ont participé à la réunion de Calgary?
M. Armstrong : Les villes qui ont mis sur pied des équipes de recherche et sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd étaient présentes : Calgary, la province du Manitoba, Toronto et la région de Halifax. Le Manitoba est structuré un peu différemment en ce sens que c'est la province qui dirige cette organisation. Nous nous sommes tous mobilisés pour cet exercice. Nous travaillons à un autre exercice prévu pour février 2008. Il aura lieu ici à Vancouver et il s'agira d'une simulation d'un incident de radiation nucléaire. Cet exercice se fera en collaboration avec SPPCC.
Le sénateur Day : Je ne savais pas que les équipes de recherche et de sauvetage en milieu urbain à l'aide d'équipement lourd n'existait que dans quatre ou cinq villes. Que se passe-t-il dans le reste des régions urbaines qui n'ont pas d'équipes comme celles-là?
M. Armstrong : Au départ, SPPCC avait accepté trois équipes : des équipes légères, moyennes et lourdes. Les cinq équipes ont utilisé la majeure partie des fonds, ce qui a défavorisé les petites municipalités. Je considère que de plus petites équipes régionales sont nécessaires.
Le président : Pourriez-vous indiquer au comité si vous avez un système de vérification et une façon d'évaluer votre capacité d'assurer la continuité du gouvernement en cas de catastrophe?
Mme Doge : Nous n'avons pas de système de vérification officiel, mais nous pouvons constater les secteurs qui présentent des lacunes dans le cadre des exercices que nous effectuons. Nous tenons deux importants exercices entièrement fonctionnels chaque année et chaque fois, nous constatons de nouveaux aspects qui nécessitent notre attention.
Le président : Les résultats sont-ils rendus publics, à savoir les aspects satisfaisants et les aspects moins satisfaisants?
Mme Doge : Je ne crois pas qu'ils sont rendus publics. Nous avons des évaluateurs de l'extérieur provenant d'autres paliers de gouvernement ou d'entreprises privées, qui nous fournissent aussi des commentaires.
Le président : Vous ne mettez pas ces résultats à la disposition des médias pour qu'ils puissent comprendre vos besoins ou vos lacunes.
Mme Doge : Non, sénateur.
Le président : Est-ce que chacun d'entre vous pourrait indiquer au comité à quel niveau l'aide du gouvernement fédéral pourrait vous être le plus utile?
Mme Kloosterboer : Je mets principalement l'accent sur la préparation des Canadiens en cas de crise.
M. Sweeney : C'est la ville qui au départ assume la plus importante responsabilité en cas d'intervention et dont la capacité financière à cet égard est la plus faible. Cinquante pour cent du financement du Programme conjoint de planification d'urgence dépend de la ville. Notre cycle budgétaire ne nous permet pas de planifier en temps voulu et si nous n'obtenons pas le financement du Programme conjoint de planification d'urgence, tout s'écroule. Il ne s'agit pas d'un financement permanent. Ce financement nous permet d'acheter de l'équipement et du matériel, mais ne nous permet pas de maintenir un programme à long terme. Nous n'avons pas la capacité nous permettant de former et d'équiper nos gens en prévision de catastrophes qui heureusement ne se produisent jamais, mais si elles se produisent, nous devons intervenir et pourtant nous n'avons pas l'équipement ni la formation pour le faire. Je comprends que si la catastrophe résultait d'un acte terroriste, la GRC prendrait le contrôle des opérations, mais nous devrions quand même continuer à tenir le fort au cours des 48 premières heures en partant du principe qu'il s'agit d'un acte terroriste. Il pourrait s'agir d'un acte criminel et ce serait alors à nous de nous en occuper.
Le président : Étant donné qu'il existe de très nombreuses municipalités — et c'est un problème dont on nous a parlé dans un certain nombre d'endroits — le gouvernement fédéral ne peut pas modifier son exercice financier pour répondre aux besoins de chaque municipalité. Quelles sont les contraintes dont font l'objet les municipalités pour s'adapter à l'exercice financier du gouvernement fédéral?
M. Sweeney : Je suis désolé. Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question.
Le président : Le conseil municipal y a-t-il été saisi de cette question?
M. Armstrong : Je ne peux pas répondre non plus à cette question.
Le président : C'était simplement une réflexion.
Monsieur le chef de police, il doit certainement exister une forme quelconque de cofinancement pour assurer une certaine discipline. Que proposez-vous, mis à part le modèle de financement 50/50? Préféreriez-vous que quelqu'un s'occupe d'une plus forte proportion du capital et d'une plus petite proportion des coûts de fonctionnement? Comment procéderiez-vous pour que tous les ordres de gouvernement — je n'aime pas l'expression « palier de gouvernement » parce qu'en fait il s'agit simplement de différents ordres de gouvernement — participent sans qu'un ordre en particulier ne devienne la vache à lait? Comment pouvons-nous administrer le système afin que la part de chacun soit équitable?
M. Sweeney : Je comprends ce que vous dites et je pense qu'il faut entre autres que l'on tienne compte des ressources humaines. La ville se trouve à financer le salaire de toutes ces personnes, mais ce coût n'est pas inclus dans la formule. La ville a pris ses responsabilités en assurant la présence de professionnels formés dans une discipline, mais la formation supplémentaire de ces personnes n'est pas prise en compte dans le budget. Les fonds ne comprennent que la valeur monétaire permettant d'acheter l'équipement. Je propose qu'on en tienne compte et la réduction du pourcentage et une diminution de la proportion financée par la ville seraient certainement utiles.
M. Armstrong : De toute évidence, l'argent est un facteur clé en ce qui concerne l'équipement et la formation, mais la meilleure ressource dont nous disposons, ce sont les gens, les premiers intervenants que nous avons formés. J'ai tiré une leçon très importante des événements du 11 septembre à New York de même que de l'ouragan Katrina, où j'ai été appelé à intervenir : les premiers intervenants travailleront 24 heures par jour si vous ne les arrêtez pas et les répercussions, sur le plan psychologique, de ces événements sur les premiers intervenants dureront des jours et des jours. Il est donc essentiel dans une catastrophe d'une telle ampleur de renouveler les effectifs. Il faut aussi assurer le soutien des membres de la famille. Si un premier intervenant sait que l'on s'occupe de sa famille, il ne ménagera pas ses efforts.
Le président : Je suppose qu'avec un peu de chance, un premier intervenant pourrait travailler 72 heures d'affilée.
M. Armstrong : S'ils ont participé à l'intervention dès le départ, je dirais qu'après 72 heures, il faut les libérer.
Le président : Quels plans avez-vous prévus pour soutenir les effectifs?
M. Armstrong : Dans ce genre de situation, on espère pouvoir dépêcher sur les lieux du personnel par rappel et par rotation, mais cela est plus facile à dire qu'à faire. Selon l'ampleur de l'incident, serons-nous en mesure de les rappeler? Y aura-t-il des employés qui ne se présenteront pas au travail parce qu'ils sont trop occupés à prendre soin de leur famille?
Le président : Existe-t-il une interopérabilité suffisante entre les services d'incendie de la province pour que les pompiers d'une autre municipalité puissent se servir de l'équipement que vous avez ici? Est-ce qu'ils connaissent assez bien le fonctionnement de l'équipement pour venir soutenir vos effectifs?
M. Armstrong : Le Programme conjoint de planification d'urgence est en train d'envisager l'installation de stations pour les premiers intervenants et différentes façons de déplacer le personnel vers les zones de crise. Vancouver, à titre d'exemple, est entouré d'eau sur trois côtés, comme un grand nombre d'autres municipalités. Nous sommes en train d'envisager l'accès par voie navigable et déterminer des lieux qui sont à proximité de voies de transport multiples. Nous prévoyons mobiliser notre personnel et le transporter jusqu'à la zone critique collectivement plutôt qu'individuellement.
Le président : Un pompier de Kelowna sait-il comment faire fonctionner une autopompe à Vancouver?
M. Armstrong : Mis à part l'équipement, il y aura peut-être une certaine courbe d'apprentissage, mais de façon générale, les principes et la formation sont similaires. C'est un peu comme conduire la voiture de quelqu'un d'autre. Au début il faut un peu d'adaptation, mais je suis sûr qu'ils seraient en mesure de s'adapter à un élément d'équipement différent.
M. Stevens : Le sénateur Atkins a posé une question à propos du système CANALERT et notre participation à ce système. Je me suis tenu au courant de ce qui s'est fait et de ce qui ne s'est pas fait et il me semble que le processus a été long. Je suis sûr qu'on y est favorable, mais il n'existe pas de système véritablement opérationnel au gouvernement fédéral même si certains ministères comme Environnement Canada ont des services de radiométéo, qui font appel à la technologie d'alerte en cas d'urgence utilisée au sud de la frontière. Ce serait formidable d'assurer l'intégration de ces multiples initiatives en un système opérationnel même rudimentaire qui permettrait d'alerter le public.
Le président : Nous avons bien précisé que nous tenons à ce système et que nous tenons à ce qu'il soit l'une des conditions de l'octroi de licences. Tous ceux qui veulent une licence de radiodiffusion doivent faire partie du système et il faut qu'il existe une capacité centrale d'interrompre la programmation. Nous voulons que la municipalité, la région ou une partie de la ville ait le pouvoir d'utiliser le système pour s'adresser au public.
M. Stevens : Ce système en est encore à l'étape préparatoire.
Mme Doge : J'aimerais que nous adoptions une approche globale pour ce qui est de la formation des premiers intervenants. Je considère qu'il est important de former les répartiteurs parce qu'il s'agit de poser les bonnes questions et non de diriger. Nous utilisons l'expression « canari bleu » parce qu'on utilisait des canaris dans les mines et aujourd'hui on met nos agents en uniforme dans des situations auxquelles ils ne sont pas préparés parce que les gens ne posent même pas les bonnes questions. Les gens ne prennent pas les précautions voulues et la formation serait très utile à cet égard.
Le président : Et quelle devrait être selon vous la participation du gouvernement fédéral?
Mme Doge : Nous avons besoin de financement pour la formation des premiers intervenants. Je pense que tous les premiers intervenants devraient avoir un niveau élémentaire de formation CBRN, même les répartiteurs et ceux qui répondent aux appels, parce qu'il est extrêmement important qu'ils posent les bonnes questions.
M. Inglis : Il est important de les utiliser, particulièrement en ce qui concerne mon groupe, l'équipe de recherche et de sauvetage en milieu urbain. Nous consacrons plus de 6 500 heures-personne à la formation chaque année pour cette équipe. Si ces équipes ne sont pas reconnues ni utilisées, elles finiront par se désintéresser de ce travail et s'en iront. Si nous sommes une ressource provinciale et fédérale, il faut que l'on reconnaisse nos compétences et nos aptitudes et qu'on nous utilise aussi souvent que possible. Pour être utilisés, il nous faut le financement qui nous permettra de nous déployer 24 heures sur 24, mais vous savez, nous nous débrouillons depuis dix ans maintenant avec les maigres ressources dont nous disposons. Nous poursuivrons nos activités si on nous utilise, mais il faut qu'on nous utilise.
Le président : Il n'est pas nécessaire que vous le fassiez maintenant, mais pourriez-vous nous fournir une liste des endroits où vous auriez pu être utiles, mais où vous n'avez pas pu vous rendre?
M. Inglis : Bien sûr.
Le président : Veuillez inclure les privations endurées par les gens. Cette information pourrait nous être utile et nous donner des exemples concrets que nous pourrions utiliser dans un prochain rapport.
M. Inglis : Tout à fait.
Le président : Au nom du comité, je tiens à remercier chacun d'entre vous d'avoir pris le temps cet après-midi de venir s'entretenir avec nous. Nous apprenons beaucoup de choses grâce à ce genre de rencontres. Nous avons l'intention de poursuivre nos enquêtes où nous recueillons de l'information d'une façon plus normative et générale, mais cela ne remplace jamais les témoignages que nous entendons au cours de nos réunions. Nos témoins nous permettent d'étoffer le contenu des études que nous publions.
Nous vous sommes très reconnaissants de nous décrire les difficultés auxquelles vous faites face. Enfin, nous vous sommes reconnaissants du travail que vous faites. C'est un travail extrêmement important. La plupart des citoyens ne s'en rendent pas compte jusqu'à ce qu'ils en aient vraiment besoin, et il est bon de savoir qu'il y a des gens comme vous qui travaillent jour après jour pour se préparer en prévision d'une catastrophe éventuelle. Je tiens à ce que vous sachiez que le comité apprécie beaucoup le travail que vous faites.
La séance est levée.