Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères
Fascicule 1 - Témoignages du 16 mai 2006
OTTAWA, le mardi 16 mai 2006
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères se réunit aujourd'hui à 17 h 1 pour étudier les défis en matière de développement et de sécurité auxquels fait face l'Afrique; la réponse de la communauté internationale en vue de promouvoir le développement et la stabilité politique de ce continent; et la politique étrangère du Canada envers l'Afrique.
Le sénateur Hugh Segal (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Honorables sénateurs et monsieur le ministre, soyez les bienvenus à cette réunion du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères. La réunion d'aujourd'hui est spéciale, non seulement parce qu'il s'agit de notre première réunion au cours de cette nouvelle législature, mais également parce qu'elle marque la relance de l'étude sur l'Afrique.
[Français]
C'est en effet en décembre 2004 que le ministre des Affaires étrangères de l'époque, l'honorable Pierre Pettigrew, a donné le coup d'envoi à cette étude sur l'Afrique qui, au fil des mois, est devenue une étude des plus intéressantes et stimulante, le tout sous la remarquable direction de mon collègue et ami, l'honorable sénateur Peter Stollery.
[Traduction]
Je pense qu'il est important de souligner la somme de travail incroyable que le comité a investi dans cette étude. Au cours de la dernière législature, le comité a toujours fait un effort conscient pour entendre des sources de première main sur l'Afrique, que ce soit des agriculteurs ou des chefs d'État. Dans ce contexte, le comité a entendu plus de 100 témoins, y compris de nombreux Africains qui ont visité Ottawa.
Le comité a également entrepris une mission d'information longue et difficile mais extrêmement touchante en Éthiopie, en République démocratique du Congo, au Nigéria et au Mali, ne s'arrêtant pas uniquement dans les capitales, mais se rendant dans les campagnes pour entendre les gens « ordinaires ».
[Français]
Ce faisant, le comité a réussi, parfois dans des conditions fort difficiles, à rencontrer plus de 150 personnes. Finalement, le comité a également visité trois organisations internationales de première importance pour l'Afrique, à savoir les Nations Unies, la Banque mondiale et le FMI, allant y chercher une fois de plus des renseignements cruciaux à notre étude.
[Traduction]
Pour relancer cette importante étude, nous avons l'honneur et le plaisir d'accueillir le nouveau ministre des Affaires étrangères et du Commerce international, l'honorable Peter MacKay, pour qui la réunion d'aujourd'hui est certainement spéciale, puisqu'il s'agit de la première fois que M. MacKay comparaît devant un comité parlementaire en sa nouvelle qualité de ministre. Il est accompagné de M. Ian Ferguson, directeur général, Direction générale de l'Afrique, et de M. Tim Martin, Secrétariat du Groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction (GTSR).
Je suis également enchanté que Mme Wendy Gilmour, directrice, Groupe des opérations de maintien de la paix et de paix et Groupe de travail sur le Soudan, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, ait également pu se joindre à nous.
Le ministre a accepté de faire une déclaration d'ouverture d'environ 10 minutes. Il répondra ensuite à vos questions, pendant la période de temps qu'il nous reste, jusqu'à environ 18 heures.
L'honorable Peter MacKay, C.P., député, ministre des Affaires étrangères : Honorables sénateurs, c'est un honneur pour moi que d'être avec vous au début de cette nouvelle législature. Comme on l'a indiqué, il s'agit de la première occasion que j'aie de prendre la parole devant un comité parlementaire, alors je suis très heureux qu'il s'agisse d'un comité du Sénat et d'un comité qui a fait preuve d'un intérêt de longue date, constant et admirable pour la question de l'Afrique.
En prévision de certaines de vos questions, j'ai concentré et adapté certaines de mes observations sur la question du Soudan et du Darfour, mais je sais que le présent comité a une vue beaucoup plus large du rôle du Canada en Afrique. J'attends avec impatience vos questions sur la politique étrangère canadienne à l'égard de l'Afrique.
[Français]
Je félicite le comité d'avoir décidé de poursuivre son travail sur l'Afrique pour donner suite à la visite très opportune que certains de ses membres ont faite, en octobre dernier, en Éthiopie, en République démocratique du Congo, au Mali et au Nigeria. Je suis aussi sensible au fait que les démarches du comité transcendent les oppositions entre partis, car nous convenons tous que l'Afrique est une région dont les besoins sont considérables et où nous devons tous collaborer.
Monsieur le président, l'objectif fondamental du Canada en Afrique est d'aider à inverser la tendance à la marginalisation sociale et économique de la région, qui a de graves conséquences pour le développement humain, les droits de la personne et la bonne gestion des affaires publiques et risque d'aggraver les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité dans cette région et le reste du monde.
[Traduction]
Monsieur le président, je veux également vous dire que j'ai eu l'occasion en fin de semaine dernière de participer au sommet de la Francophonie réunissant les ministres des Affaires étrangères, qui a eu lieu au Manitoba. Peut-être qu'au cours de nos conversations ici, nous aurons l'occasion de parler de certaines des discussions qui ont eu lieu à ce sommet. Un grand nombre de pays que vous avez visités, et qui font l'objet de la présente discussion, étaient représentés au sommet. Leurs représentants et leur personnel en matière d'Affaires étrangères étaient présents. Ce fut un débat très instructif sur le rôle du Canada. Ces gens se sont dits très heureux que le Canada ait pris l'initiative d'accueillir cette importante discussion de la Francophonie à Saint-Boniface, au Manitoba.
Je souhaite maintenant parler de la situation au Soudan et dans le Nord de l'Ouganda, où il reste d'importantes difficultés à surmonter. Il s'agit en outre des pires crises humanitaires que connaît le monde actuel. En fait, dans un article publié cette semaine dans The New York Times, le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a employé ces mots pour parler du Soudan.
Je peux vous assurer que le Canada continuera à tout mettre en oeuvre pour instaurer la paix au Soudan, étant entendu que la situation qui y règne nuit non seulement à ce pays, mais aussi à l'ensemble de la région. Cette question figure en tête des priorités stratégiques du Canada et je suis profondément préoccupé par la poursuite des violences au Darfour, notamment par les attaques perpétrées contre des civils. Les rapports concernant la brutalité et le caractère délibéré de ces attaques — le démembrement, le viol et le meurtre de personnes innocentes — sont particulièrement troublants pour quiconque a une conscience.
Par conséquent, nous nous réjouissons qu'avec la conclusion, à Abuja, de l'Accord de paix concernant le Darfour, un semblant de paix ait été déclaré. Malheureusement, deux des participants à ces discussions n'ont pas signé l'accord. Malgré cela, il y a les indications que cela a permis de réaliser un semblant de stabilité qui nécessitera d'autres efforts.
Le Canada a joué un rôle important dans ces efforts et nous estimons qu'il s'agit là d'une étape cruciale vers l'instauration d'une paix durable, au bénéfice de la population du Darfour. Notre ambassadeur auprès des Nations Unies, M. Alan Rock, et notre haut-commissaire au Nigeria, M. David Angell, ont apporté une contribution indispensable à la conclusion de cet accord. Ils ont participé aux discussions et ont signé comme témoins, ce qui témoigne de leur rôle au nom du Canada.
À ce moment-là, j'ai pris contact avec toutes les parties au conflit, par téléphone, pour les amener à adhérer au projet d'accord présenté par les médiateurs de l'Union africaine.
Concernant maintenant la mise en oeuvre de l'accord et la réconciliation qui doivent suivre, je suggérerais qu'elles doivent se faire avec promptitude et efficacité. Le Canada apportera son soutien à ces efforts continus.
[Français]
Au Darfour, même par son soutien à la mission de maintien de la paix de l'Union africaine, le Canada joue un rôle d'impulsion reconnu internationalement. Cette contribution s'inscrit dans le prolongement d'un objectif canadien de portée plus générale, voire la nécessité de mieux protéger les civils, y compris dans la ligne des principes qui sous- tendent la «Responsabilité de protéger».
Outre l'aide humanitaire et au développement, nous avons consacré 170 millions de dollars au soutien logistique, financier et matériel ainsi qu'au déploiement de conseils militaires et civils.
En dépit de circonstances extrêmement difficiles, la mission de paix de l'Union africaine compte de nombreuses réalisations à son actif. Toutefois, il faut que la communauté internationale renforce dès maintenant son action au Darfour.
[Traduction]
Le Canada souhaite que le passage d'une mission de l'UA à une mission des Nations Unies se réalise dans les meilleurs délais possibles et il appelle également les parties à mieux garantir l'accès de l'aide humanitaire, auparavant entravé indûment pour des raisons de sécurité et par la bureaucratie. Comme vous le savez, il existe maintenant une résolution du Conseil de sécurité en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui porte expressément sur cette situation.
Dans le Nord de l'Ouganda, environ 1,7 million de personnes déplacées vivent dans des camps, dans des conditions sordides et dans l'insécurité. L'Armée de Résistance du Seigneur (ARS) a enlevé 20 000 enfants au cours des 20 dernières années, forcés de participer au conflit armé et réduits à l'esclavage sexuel; chaque semaine, la guerre tue un millier de civils dans ce pays.
La communauté internationale et les États parties au Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale doivent veiller à l'exécution des mandats d'arrêt délivrés par cette même instance. Le Canada participera, et a participé, activement aux efforts déployés en ce sens. Au cours des prochains mois, nous allons intensifier l'action diplomatique du Canada auprès de pays partenaires face à cette crise humanitaire; nous espérons que ces efforts contribueront également à améliorer la situation au Soudan et en République démocratique du Congo. Comme vous le savez, les activités qui se déroulent dans ces pays sont fortement reliées.
Le gouvernement accorde la priorité aux besoins de l'Afrique. Depuis notre accession au pouvoir, nous avons pris des mesures concrètes. Le premier ministre a reconduit l'ambassadeur Robert Fowler dans ses fonctions de représentant personnel du premier ministre pour l'Afrique dans le cadre du G8. Les dirigeants du G8 recevront un rapport provisoire à la réunion qui aura lieu en Russie et le sommet du G8 aura lieu dans quelques mois seulement.
Le budget a confirmé que les fonds nécessaires pour honorer l'engagement du Canada à doubler son aide au développement international entre 2001-2002et 2010-2011 seraient débloqués; l'aide du Canada passera ainsi à 4,1 milliards de dollars en 2007-2008. L'Afrique sera l'un des principaux bénéficiaires de cette augmentation.
Le gouvernement respecte l'engagement que le Canada a pris à l'égard de l'Initiative du G8 relative aux opérations de paix internationales lancée au Sommet du G8 de Sea Island pour renforcer les capacités de maintien de la paix, initiative axée sur l'Union africaine et les organisations infrarégionales africaines.
Le gouvernement débloquera aussi un montant supplémentaire qui pourrait atteindre 320 millions de dollars, notamment pour le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme et le programme d'éradication de la poliomyélite. De plus, il poursuivra le travail entrepris par le Canada en vue de freiner l'exploitation illicite des ressources naturelles en Afrique, qui peut être une source de conflits. Nous allons collaborer avec les organisations régionales, les États et la société civile de l'Afrique ainsi qu'avec les organisations internationales pour promouvoir la protection juridique et physique des civils.
Nous avons conservé notre rôle de premier plan à la coprésidence du « Groupe des amis » à la Conférence internationale de la région des Grands Lacs. Je peux vous dire, après avoir rencontré de nombreux représentants et ministres des Affaires étrangères de pays africains, qui ces derniers louaient le leadership du Canada dans ce domaine.
Notre envoyé spécial se trouve maintenant dans la région, où il cherche les moyens d'assurer un suivi jusqu'au sommet qui doit avoir lieu cette année, après les élections en République démocratiques du Congo. J'ai parlé directement au ministre des Affaires étrangères de la RDC qui est confiant que les élections auront lieu au moment prévu. Comme vous le savez, le Canada participe, en ce sens qu'il a envoyé des observateurs sur place; nous appuyons ce processus électoral, comme nous l'avons fait dans d'autres régions.
Nous poursuivons activement notre contribution au Processus de Kimberley, qui vise à empêcher que des diamants de la guerre soient vendus sur les marchés légitimes. Il s'agit également d'une source de financement pour certaines des violences qui ont lieu.
Depuis que j'ai pris mes fonctions aux Affaires étrangères, l'ex-président du Libéria, Charles Taylor, a été transféré au Tribunal spécial pour la Sierra Leone, ce dont je me suis félicité. Compte tenu des inquiétudes soulevées par les États de la région en matière de sécurité, le Canada a appuyé le déplacement du procès de Charles Taylor à La Haye.
Devant les crises et les difficultés actuelles, nous ne devons pas oublier qu'il y a eu des progrès. Grâce à l'Union africaine, les dirigeants politiques de l'Afrique sont de plus en plus déterminés à promouvoir le développement et l'intégration socio-économique, la paix, la sécurité et la saine gestion des affaires publiques sur le continent.
Des pays en proie à la guerre pendant des années, comme le Burundi, l'Angola, la Sierra Leone et le Libéria, sont entrés dans une phase de consolidation de la paix et de reconstruction, et quelques 980 000 réfugiés ont pu rentrer chez eux. Les armées africaines font désormais une contribution appréciable à la paix, car près de 30 p. 100 des soldats de la paix de l'ONU, dans le monde entier, sont des Africains.
La démocratie et les élections, malgré des imperfections dans certains cas, sont maintenant une réalité dans un plus grand nombre de pays; les parlementaires africains s'expriment sur des sujets comme la corruption, les droits de la personne et l'égalité pour les femmes. De plus, preuve d'une meilleure performance économique, 16 pays connaissent depuis le milieu des années 1990 une croissance annuelle de leur PIB supérieure à 4,5 p. 100.
L'économie de l'Afrique a enregistré une croissance de près de 5 p. 100 en 2005 et elle devrait progresser de 5,9 p. 100 en 2006. En 2007, les engagements annuels en matière d'aide pris envers l'Afrique sub-saharienne seront probablement supérieurs de 10 à 13 milliards de dollars à ceux de 2004. La Banque mondiale juge très crédible l'engagement du G8 à doubler l'aide à l'Afrique d'ici 2010. En ce qui concerne la dette des pays africains, le Canada a fait des remises de plus de 2 milliards de dollars sur ce que lui devaient les pays en développement, dont quelque 700 millions de dollars que lui devaient des pays africains. Il a également radié toutes les dettes de dix pays africains, et il ne perçoit plus de paiements sur les dettes de pays d'Afrique engagés dans des réformes.
En conclusion, il y a près de cinq ans, les dirigeants africains ont appuyé le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD). L'Afrique a proposé un partenariat; elle s'engageait à améliorer la gestion des affaires publiques par des réformes politiques et économiques dans l'espoir et l'attente d'investissements et les pays industrialisés aideraient l'Afrique en accroissant leur aide, en réduisant la dette et en améliorant le régime du commerce international.
[Français]
Des progrès ont été accomplis depuis, mais il en reste beaucoup à faire. Le Canada fera ce pacte pour que la question africaine reste à l'ordre du jour internationale. Pour offrir un soutien financier et politique, les donateurs et les gouvernements africains ont pris des engagements financiers et politiques à long terme.
[Traduction]
Aujourd'hui plus que jamais dans le passé, il existe une convergence des conceptions, de la volonté politique et des ressources financières au sein de la communauté internationale pour réaliser des progrès et abattre les principaux obstacles qui gênent les progrès de l'Afrique. Nous serons ouverts aux moyens d'améliorer l'efficacité de nos programmes et de notre diplomatie.
Je me ferai maintenant un plaisir d'écouter les réflexions des membres du comité et de répondre à leurs questions.
Le président : Merci beaucoup, ministre MacKay.
[Français]
Le sénateur Dawson : Monsieur le président, je me permets de féliciter le nouveau ministre pour son poste, étant moi- même un nouveau joueur dans cette équipe. Je laisserai d'ailleurs mes collègues aller en profondeur sur les dossiers de l'Afrique parce qu'ils ont une plus grande expérience.
J'ai été un peu déçu, monsieur le ministre, lorsque j'ai constaté que vous avez ignoré la Francophonie dans votre document. Je trouve qu'avec la fin de semaine qu'on vient de passer, ignorer le sujet est peut-être un peu surprenant. D'autant plus que les faux pas protocolaires et les incidents diplomatiques qui sont survenus ont malheureusement détourné l'attention des gens. Une conférence très importante avait lieu, où le Darfour et la sécurité étaient à l'ordre du jour. Je ne veux pas y revenir — et j'espère que ce dossier est clos —, mais que fera votre ministère sur le plan protocolaire pour s'assurer que ce genre d'incident ne se reproduise plus?
M. MacKay : Je suis d'accord avec le concept. Cet incident est très regrettable, mais la ministre Verner et moi-même avons parlé directement avec le secrétaire général, M. Diouf. Il a accepté les regrets du Canada. Selon moi, c'est terminé. L'enquête a continué pour s'assurer que cela n'arrive plus.
[Traduction]
Je peux vous assurer que le secrétaire général était très sincère dans ses éloges de l'accueil qu'il a reçu à Saint- Boniface. Il a dit en particulier qu'il avait aimé les efforts qui ont été déployés pour répondre à ses besoins et pour rendre sa visite agréable et productive.
Bien que je reconnaisse qu'il s'agissait d'un incident que nous aurions préféré éviter, il est plus important d'éviter qu'un tel incident se reproduise dans l'avenir.
[Français]
Le sénateur Dawson : Je suis content de savoir que sur le plan protocolaire, on va éviter qu'un tel incident ne se reproduise. Un de mes amis m'a envoyé un courriel tout à l'heure me disant qu'il avait été « dioufed » à l'aéroport de Toronto. Cela est devenu un verbe.
[Traduction]
Il a fait l'objet d'une fouille corporelle à son arrivée à l'aéroport. Cela deviendra maintenant un verbe dans le langage quotidien en anglais en français.
Vous avez certains engagements à envisager à la suite du sommet. Puisqu'ils n'ont pas eu la couverture souhaitée à la conférence, pouvez-vous nous en dire davantage sur les mesures à prendre à la suite de la conférence?
M. MacKay : Il serait préférable que vous posiez cette question à Mme Verner en ce qui concerne le processus de la Francophonie. Cette conférence particulière a été parrainée par les ministres des Affaires étrangères et a été le fruit d'une initiative canadienne.
Comme vous le savez, le sommet de la Francophonie aura lieu d'ici six mois, je crois, et Québec sera la ville hôte.
Les discussions qui ont eu lieu au sommet ont donné lieu à une résolution, dont je me ferais un plaisir de faire parvenir une copie au comité sénatorial s'il n'en a pas déjà reçu une.
Il y a eu des discussions importantes sur des questions que vous connaissez tous très bien, y compris les enfants- soldats, le maintien de la paix et la mise en oeuvre des règlements existants — tous des efforts humanitaires centrés sur la façon dont nous pouvons faire le plus de différence, particulièrement dans le cas des femmes et des enfants. Ce thème a été repris constamment. Ils semblent être les principales cibles de la violence.
On s'entendait généralement à cette conférence pour dire que la communauté internationale devait en faire davantage et cela se manifeste par un certain nombre d'étapes. Les efforts humanitaires ne peuvent réussir que si les ressources sont appropriées et si la sécurité est assurée sur le terrain. Les efforts entourant la transition qui ont lieu à l'heure actuelle au Darfour, en particulier, en sont rendus à un point de bascule. Ils doivent faire cette tradition aussi rapidement que possible pour en faire une mission de l'ONU. Une bonne partie des discussions, tant à la conférence que dans les coulisses, portaient sur la question de savoir avec quelle rapidité cela pouvait se faire.
Le sénateur De Bané : Monsieur le ministre, j'aimerais vous dire que je suis des plus heureux que vous soyez le ministre responsable de la politique étrangère de notre pays. J'ai toutes les raisons de croire que vous allez projeter dans le monde les valeurs qui nous sont chères à tous. Je vous souhaite bonne chance.
Dans l'incident malheureux de Toronto, je conclus que c'est arrivé parce qu'un autre ministère, le ministère des Transports, est responsable des inspections de sécurité. On m'a dit que l'ACSTA, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, a l'autorité absolue en matière d'inspection et que les seules personnes exemptées de ce processus sont les chefs d'État.
Ce serait une bonne idée, monsieur le ministre, que vous examiniez la question avec vos collègues du ministère des Transports pour vous assurer que les personnes invitées par votre ministère relèvent, dans une grande mesure, de votre ministère plutôt que de l'ACSTA, qui n'est pas spécialiste des questions protocolaires.
Sur la question qui est au coeur de votre témoignage aujourd'hui, j'ai participé récemment à une réunion avec le président de la Banque mondiale, réunion qui a été organisée par cette institution à l'intention des parlementaires. Ce dernier nous a dit qu'en tant que nouveau président de la Banque mondiale, le continent africain constitue sa priorité absolue. Il va concentrer tous les efforts de son institution sur ce continent qui souffre. Il a dit que la Banque mondiale investira davantage d'argent dans l'infrastructure en Afrique, à cause du manque d'infrastructure. Il a également dit que les Africains devront mériter notre aide.
Il a dit que là où la corruption est généralisée, nous devons résolument exiger qu'ils améliorent leur gouvernance.
Je sais que depuis des années, le Canada, et l'ambassadeur Fowler, mettent de l'avant le programme NEPAD, dans le cadre duquel les chefs africains doivent eux-mêmes porter un jugement sur l'éthique et la gouvernance de leurs collègues. J'ai l'impression qu'ils sont réticents à juger le comportement de leurs collègues.
Pouvez-vous nous dire ce que le Canada a l'intention de faire pour insister sur le fait que, même si nous allons doubler notre budget, nous allons tout de même vouloir qu'ils gouvernent de manière appropriée?
[Français]
Mr. MacKay : Je vous remercie, honorable sénateur. J'apprécie beaucoup votre confiance et la gentillesse de vos propos.
[Traduction]
Je vais également répondre brièvement à votre suggestion concernant des discussions plus poussées avec le ministre des Transports et la ministre de l'ACDI pour nous assurer qu'un tel incident ne se reproduise plus.
J'ai beaucoup voyagé au cours des deux ou trois derniers mois et je ne veux pas excuser l'incident ou le minimiser de quelque façon que ce soit, mais j'ai pu constater qu'il y avait divers degrés de sécurité dans le monde, selon les pays. À titre de ministre de notre pays, je suis allé dans des endroits où l'on m'a demandé de retirer mon manteau et d'accepter d'être fouillé. Personnellement, j'accepte la réalité que la sécurité est devenue la nouvelle norme et le Canada est un pays qui prend très au sérieux les préoccupations en matière de sécurité. Nous savons que l'une des principales armes de destruction massive a été de lancer des avions contre des immeubles, c'est pourquoi les Canadiens et, je pense, la communauté internationale, acceptent l'idée qu'il est nécessaire d'être particulièrement attentif et vigilant dans nos efforts concernant la sécurité dans les transports aériens. C'est tout ce que je dirai sur la question, à part le fait que nous allons essayer de faire tout ce qui est possible pour en arriver à un équilibre approprié et que lorsque des diplomates sont en cause, il y a des protocoles particuliers qui devraient être respectés et qui le seront.
Pour répondre à votre question, je suis certainement d'accord qu'un certain nombre de Canadiens se disent très préoccupés par l'idée que les fonds se rendent effectivement au destinataire prévu ou désigné. Dans de nombreux cas, l'argent donné par les citoyens ou les entreprises ou attribué par les gouvernements ne parvient pas toujours au destinataire prévu parce que l'argent est détourné et, parfois, utilisé délibérément par les gouvernements à d'autres fins. Dans certains cas, cela a ébranlé la confiance des donateurs à tous les niveaux. Il faudra que le Canada et d'autres pays qui travaillent avec l'ONU, les ONG et certains des mécanismes actuels, y compris les banques dans certains cas, fassent plus d'efforts pour s'assurer que l'argent non seulement parvient au destinataire prévu, mais également qu'il est utilisé aux fins prévues. Je dirais que la reddition de comptes a été et continuera d'être un thème qui sera constamment repris par le présent gouvernement. Nous voulons nous assurer que l'argent est manipulé et reçu de manière appropriée et qu'il y a un suivi. Peut-être que je parle de manière trop générale ici, mais un des points sur lesquels nous pouvons tous nous entendre ici, c'est qu'il doit y avoir un meilleur suivi pour voir si les programmes ont été administrés et si les résultats obtenus sont ceux que nous voulions tous voir, à savoir, s'ils servent à construire la paix, à construire la démocratie et, dans certains cas, uniquement à combler des besoin fondamentaux — approvisionnement en eau et construction de routes.
Vous avez fait allusion dans vos observations à la nécessité pour de nombreux pays d'avoir des moyens de transport de base. Si ces routes permettent d'apporter les marchandises au marché, cela devient un service vital. Je reviens tout juste d'Afghanistan et lorsque vous survolez ce pays, il est évident qu'il n'y a pas de routes élémentaires qui relient les villes et les villages ou qui permettent de se déplacer librement d'un endroit à l'autre. Il y a tant à faire, mais c'est vraiment une question, comme vous l'avez si justement dit, de faire un suivi et de s'assurer que l'argent est utilisé aux fins prévues; et le Canada peut faire davantage et le fera.
Ian Ferguson, directeur général, Direction générale de l'Afrique, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international : J'ajouterais que la Banque mondiale a fait des travaux de recherche intéressants sur le lien entre la corruption et la croissance économique. Vous pouvez savoir combien cela coûte. Puisque cela peut être traduit en termes économiques, la Banque mondiale peut maintenant en tenir compte dans ses politiques de prêt et un travail assez intéressant se fait dans ce domaine.
J'ajouterais également en ce qui concerne le Mécanisme africain d'examen par les pairs que 26 pays ont maintenant signé cette entente. Des pays qui ne satisfont pas aux normes minimales ont été refusés. C'est toujours quelque chose qui est distinct de l'Union africaine. L'examen du Ghana est terminé. Ce pays a fait une grande place au secteur privé et à la société civile. Un grand débat interne a eu lieu lorsqu'ils ont rédigé leur rapport. Ils se sont présentés devant leurs pairs. Le Rwanda aussi a terminé son rapport, mais parce que le chef de l'État ne s'est pas rendu au sommet de Khartoum, on a refusé de tenir l'audience. Ils veulent que le chef d'État soit présent. Les débuts ont été lents, mais je pense que le processus commence à être prometteur.
Le sénateur Andreychuk : Monsieur le ministre, soyez le bienvenu devant le comité. Je suis heureuse que vous ayez choisi de comparaître d'abord devant le présent comité et que vous ayez choisi de parler de l'Afrique. C'est un bon signe, étant donné que nous nous intéressons souvent aux questions touchant l'Afrique, mais uniquement lorsque qu'il y a une crise. Je suis confiante que nous pourrons le faire d'une manière plus constante.
Vous avez parlé du Soudan et du Nord de l'Ouganda. L'exploitation des enfants dans le Nord de l'Ouganda et au Soudan n'est pas nouvelle. Je suis heureuse de voir qu'il y a maintenant une volonté internationale plus importante et que le Canada est pleinement engagé dans ce processus. La question du Darfour aurait dû avoir été traitée il y a trois ans, mais nous ne faisons que commencer à nous y intéresser; c'est un génocide; c'est un crime et un crime pour lequel la communauté internationale doit rendre des comptes.
Je ne vous poserai pas de questions sur ce sujet. Je veux vous demander pourquoi dans votre exposé vous n'avez pas parlé du Zimbabwe, qui est un désastre qui n'en finit plus, une économie qui a mal tourné et un peuple qui souffre. Les violations des droits de la personne y sont à la hausse et je veux savoir quelle est votre position sur ce sujet.
Vous avez parlé du NEPAD et du rôle de surveillance. Il faudrait féliciter les gens du NEPAD pour le mécanisme d'examen par les pairs, mais il est indéniable qu'il y a un manque de surveillance. Votre gouvernement insiste beaucoup sur la reddition de comptes et sur la participation parlementaire. Quelles sont vos orientations futures pour aider et appuyer les parlements en Afrique, étant donné que je crois qu'ils ont été laissés pour compte dans tout cela? Nous, au Parlement, devrions tenir compte de votre suggestion sur la façon d'aborder cette question.
M. MacKay : Vous avez donné une partie de la réponse à votre question concernant la raison pour laquelle je n'ai pas nécessairement insisté sur le Zimbabwe. Il y a un certain nombre de pays que je n'ai pas énumérés ou nommés explicitement dans ma déclaration d'ouverture. Cela ne veut pas dire que certains pays sont plus méritants que d'autres, mais cela veut dire que, peut-être, certains pays ont un besoin plus grand d'attention en ce moment.
Il est clair que si nous avions la capacité et la possibilité d'en faire davantage dans tous les cas, nous le ferions.
Une chose que j'ai découverte tôt au début de mon mandat à titre de titulaire de ce portefeuille, après des échanges avec une partie de la communauté internationale qui fait de son mieux pour améliorer la situation en Afrique, c'est qu'il n'y a pas de limites pour ce qui est de la compassion et du désir de faire quelque chose de significatif. Dans le cas du Canada, je dirais que le défi est de nous concentrer sur les endroits où nous pouvons faire la plus grande différence, plutôt que de, et je le dis avec respect, saupoudrer nos efforts si finement qu'on ne verra aucune différence substantielle.
C'est un danger qui nous guette et, dans le passé, peut-être que nous avons eu tendance à en dire trop et à en faire trop peu, à élever les attentes et à donner à la communauté internationale — encore une fois, je choisis mes mots soigneusement — de faux espoirs que le Canada porterait une plus grande part du fardeau dans un plus grand nombre de pays, et ensuite, ne pas le faire. J'aimerais beaucoup plus, et c'est là un thème général dans l'approche du présent gouvernement, promettre peu et livrer beaucoup, et mettre davantage l'accent sur la réalisation de choses, plutôt que de parler des accomplissements avant qu'ils soient réalisés.
Sans trop généraliser, voilà l'approche que nous entendons prendre, non seulement en Afrique, mais également dans nos contributions à Haïti, en Afghanistan ou, plus précisément, au Soudan qui, selon Kofi Annan et d'autres, est la question la plus urgente à l'heure actuelle. C'est pourquoi nous concentrons peut-être davantage notre attention sur des régions précises.
Quant à l'interaction parlementaire, je reviendrai au début de la présente réunion et à l'observation concernant nos propres comités parlementaires, qui ont fait preuve de beaucoup d'initiative et de leadership dans leurs discussions avec les parlementaires. Tous nous savons et comprenons que l'une des choses les plus importantes que nous puissions faire pour apporter la stabilité, après l'arrêt des massacres, est de permettre aux gouvernements en Afrique de commencer à assumer la responsabilité pour ce qui est de créer un système judiciaire efficace, d'obliger les gens à rendre des comptes en vertu de ce système judiciaire, de mettre sur pied des forces policières dans de nombreux cas. Cependant, tout cela se fait dans le cadre d'un gouvernement qui fonctionne de manière démocratique, qui possède des mécanismes intrinsèques de reddition de comptes, qui permet la participation des femmes et qui veille à ce que les régions aient une représentation au sein du Parlement. Par conséquent, je suis d'accord que nous devons souligner la capacité de bâtir, non seulement dans le domaine humanitaire et, évidemment, de la sécurité, mais également dans celui de l'appui et du renforcement des démocraties naissantes.
Si vous le permettez, je vais terminer par l'observation suivante : parfois, le danger qui nous guette, c'est de soutenir ces démocraties jusqu'à un point où elles commencent à fonctionner, puis, nous disparaissons, les laissant sombrer de nouveau dans le chaos. Il y a un centre parlementaire au Soudan dont vous entendrez parler, et il y a d'autres fondements et une tribune qui aident à élaborer des structures autour de la gouvernance. Le Canada a travaillé et continuera de travailler, en concentrant ses efforts en particulier sur la construction de démocraties qui fonctionnent en Afrique.
Le sénateur Di Nino : C'est là une question différente. C'est une question sur laquelle certains d'entre nous travaillent depuis un certain nombre de mois, et je ne suis pas certain si nous sommes plus avancés aujourd'hui que lorsque nous avons commencé. Le trou est tellement profond que j'ignore jusqu'où nous pouvons aller. Il y a deux points précis que j'aimerais porter à votre attention et sur lesquels je vous demanderais de vous prononcer.
Dans votre déclaration, vous avez parlé du transfert de responsabilités, du passage d'une mission de l'UA à une mission de l'ONU. Une chose dont on nous a beaucoup parlé en République démocratique du Congo lorsque nous étions là-bas, c'est qu'il est bien d'avoir un mandat de l'ONU, mais un mandat de l'ONU qui n'a pas de dents ne mène pas au succès.
En fait, le général responsable d'une partie de la République démocratique du Congo nous a dit que s'il avait le mandat nécessaire, il pourrait régler le problème. Je crois que vous comprenez ce qu'il essayait de nous dire en termes très directs. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Deuxièmement, nous avons tous découvert qu'après plus de 40 ans d'aide, nous semblons n'avoir rien accompli ou si peu, surtout qu'il y a 40 ou 45 ans, l'Afrique était autonome en matière de production alimentaire. Aujourd'hui, si les Africains n'importaient pas d'aliments, ce serait la famine. J'estime que cette aide n'a pas été utile. Nous devons examiner un modèle différent de la façon dont nous pouvons participer avec les pays africains à la résolution de certains de ces affreux problèmes. J'aimerais que vous commentiez ces deux points, s'il vous plaît.
M. MacKay : Merci beaucoup, sénateur. Vous êtes très perspicace. Pour ce qui est de savoir si l'Afrique est un défi à long terme, je vous dirai que même si le terrorisme domine dans l'actualité, l'Afrique sera le défi le plus important de ma génération et de celle qui suivra.
Ceci dit, nous devons concentrer nos efforts exactement sur ce que vous avez dit, à savoir donner à ces pays africains la capacité — et cela semble presque une banalité — de s'aider eux-mêmes. Une partie de l'équation, qui est comme le cube de Rubik, du fait qu'elle change constamment, est de produire des cultures de remplacement, dans certains cas, au lieu des cultures actuelles. Dans certains pays, évidemment, presque tout est axés sur la subsistance.
Un domaine qui m'intéresse particulièrement, parce qu'il est lié à mes antécédents, est le reboisement de l'Afrique. Le Canada ayant un secteur forestier prospère, voilà un domaine où il pourrait en faire davantage. Il est clairement nécessaire de partager la formation et les techniques agricoles, ce qui est une autre contribution tangible que nous pourrions faire.
Vous avez raison de suggérer, si je ne vais pas trop loin dans mon interprétation, qu'il ne s'agit pas seulement d'espèces sonnantes et trébuchantes et de dire : « Voici l'argent » parce que l'argent se dépense. Il faut avoir suffisamment de ressources humaines et d'investissement dans la formation et le renforcement des capacités. Les ONG font un travail considérable à ce niveau, bien plus que les gouvernements, et elles méritent certainement d'être félicitées.
Un autre domaine dans lequel le gouvernement pourrait élargir sa participation est le partenariat avec le secteur privé, avec les ONG, et dans certain cas, verser une contribution équivalente à celle du secteur privé et des ONG. Il pourrait aussi encourager et appuyer les initiatives prises par d'autres parties.
Pour l'application de la loi, je ne dirai que ceci : je comprends beaucoup mieux le besoin de l'intervention d'une force internationale sous l'égide de l'ONU. Il semble que ce soit les casque bleus qui aient le plus de crédibilité dans les pays où il y a une certaine crainte et quelquefois même une grande appréhension au sujet des intérêts directs ou des instruments cachés. Je pense que les casques bleus sont les mieux placés pour le type d'intervention que vous mentionnez en raison de la réputation qu'ils se sont taillés en matière d'équité et d'objectivité et le Canada n'y est pas pour rien.
Les résolutions du chapitre 7 semblent indiquer la voie par laquelle les Nations Unies peuvent débattre au Conseil de sécurité puis légitimer les futures interventions. Sans entrer dans les détails, nous le ferons bientôt, le rôle que peut jouer le Canada dans le déploiement des forces se situe, dans beaucoup de cas, au niveau de la formation et du soutien logistique; par exemple, la capacité de transport de matériel lourd nécessaire aujourd'hui dans le cadre d'une intervention de l'ONU en Afrique.
Le sénateur Stollery : J'ai deux questions qui ne sont pas longues.
Monsieur le ministre, étant donné que c'est un portefeuille nouveau pour vous et que le gouvernement est nouveau, je comprends que certaines questions sont liées à des situations antérieures et je n'attends pas de vous que vous puissiez y répondre, toutefois, il me semble qu'elles méritent d'être prises en note.
Lorsque l'on mentionne la corruption en Afrique, je ne peux m'empêcher de penser au rapport du Conseil de sécurité d'octobre 2002 mentionné par Raymond Baker dont le livre Capitalism's Achilles Heel a fait l'objet d'une critique dans London Review of Books et qui est passible de poursuites, dans de nombreux cas, si les faits qu'il présente au sujet de la corruption ne sont pas fondés. C'est par ce livre que j'ai découvert ce rapport qui mentionne, dans l'annexe III les « entreprises commerciales qui selon le groupe sont en violation des lignes directrices de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales. » Je vois la Barclay's Bank, Bayer, l'entreprise pharmaceutique qui fabrique de l'aspirine; je vois plusieurs sociétés canadiennes — Harambee Mining Corp., First Quantum Minerals Ltd., Melkior Resources et plusieurs autres. Je ne m'attends pas ce que vous soyez au courant de cela, mais certains collaborateurs peuvent l'être. Quelle a été la réaction du gouvernement du Canada à cet incroyable rapport très bien accueilli par tous ceux intéressés par la corruption en Afrique? Y a-t-il eu une réponse? C'est ma première question.
M. Mackay : Merci pour votre question, sénateur. Permettez-moi de commencer par dire qu'il est inacceptable que des sociétés canadiennes participent au genre de corruption que vous décrivez et qui est mentionnée dans ce rapport. Pour être honnête avec vous, je ne l'ai pas lu. Cependant, je vais demander à mes collaborateurs si le Canada a répondu officiellement.
Le sénateur Stollery : L'un des auteurs est canadien.
Le président : Vous pourriez peut-être demander au ministère de nous communiquer la réponse.
M. MacKay : Je serais heureux de le faire et de voir s'il y a eu une réponse officielle.
Le sénateur Stollery : Je sais que l'on parle actuellement du Darfour. Je comprends pourquoi. Toute tragédie est un malheur. Nous nous rejoignons tous là-dessus. Toutefois, le comité a eu une expérience directe avec l'ancien Congo belge, où mille personnes ont trouvé la mort aujourd'hui; où selon la revue médicale The Lancet, 38 000 personnes on péri en janvier; où l'on dit qu'entre le Katanga et le Congo, 4 millions de personnes sont mortes en une période de temps assez courte. C'est la plus grande force onusienne de l'histoire des Nations Unies — environ 16 500 soldats, mais un effectif de troupe de 5 500 à 6 000 soldats composés principalement de Pakistanais et d'Indiens, même si nous avons vu d'autres nationalités. Ceux qui sont intéressés peuvent consulter ces renseignements dans le site web de l'ONU.
Une demande a été faite au gouvernement du Canada — pas au gouvernement actuel — d'envoyer quatre personnes pour aider à la formation des troupes congolaise assez disparates, mais cette demande a été rejetée par la Défense nationale pour des raisons de sécurité.
Ces quatre personnes étaient supposées être des soldats. En octobre, une demi-douzaine de sénateurs âgés comme moi ont visité la région et la Défense nationale n'a pas pu trouver quatre agents de formation. J'ai une copie de la correspondance pour le prouver. Le Darfour fait l'actualité alors tout le monde est d'accord pour envoyer du personnel qui aiderait à normaliser la situation et nous savons très bien que l'Union africaine a demandé l'aide de l'ONU; alors pourquoi sommes-nous si sélectifs et pourquoi attendons-nous que la situation prenne une dimension internationale? Si la situation est difficile et la population, composée de paysans africains noirs dans ce cas, est pauvre, personne ne s'y intéresse. Est-ce seulement parce qu'il s'agit de paysans africains noirs que la Défense nationale ne s'en soucie guère?
M. MacKay : J'espère que bien que ce n'est pas le cas. J'ose espérer qu'aucune décision n'est prise en se fondant sur l'origine nationale.
Je ne peux pas me prononcer sur la décision prise par le gouvernement précédent. Je crois comprendre qu'elle entrait dans le cadre d'une demande faite avec la Belgique et d'autres pays et que, pour des raisons que j'ignore, le Canada n'a pas dépêché ces quatre personnes.
Je sais que le Congo reçoit une aide financière et un agent de la GRC y a été envoyé. Vous avez raison, on avait demandé au Canada d'envoyer un plus grand nombre de personnel. Je ne peux pas vous dire où en sont les demandes aujourd'hui. Autant que je sache, aucune demande d'envoi de personnel dans la région n'a été faite récemment.
Je sais que l'ambassade collabore étroitement avec d'autres représentants, notamment de l'Union européenne et du comité international pour soutenir les efforts entrepris dans cette région. Je suis, toutefois, d'avis que dans la majorité des cas les Canadiens font leur possible pour aider où ils le peuvent. Le Congo, le Zimbabwe, le Soudan et tous les pays de cette région demandent plus d'aide et il est parfois difficile pour le Canada de décider du montant de son aide et de la répartition de cette aide dans un continent qui en a besoin et qui la mérite.
Mais vous avez raison, une demande de quatre personnes est une requête vraiment minime à mon avis.
Le sénateur Stollery : Je pourrais peut-être poser la question à Mme Gilmour qui est au courant.
Le président : Comme je l'ai dit tout à l'heure, les sénateurs Corbin, Downe et St. Germain sont dans ma liste. Nous allons peut-être être encore ici après 18 heures si le ministre n'y voit pas d'inconvénient.
M. MacKay : Je resterai.
Le président : C'est très aimable.
Wendy Gilmour, directrice, Groupe des opérations de maintien de la paix et de paix et Groupe de travail sur le Soudan, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international : Nous vous donnerons de plus amples renseignements sur ce sujet si vous voulez. Il est, cependant, important de noter que ce qui compte avant tout dans ce genre de situation, comme dans d'autres situations où on nous demande de l'aide, c'est la sécurité du personnel canadien, que ce soit des militaires, des diplomates ou du personnel responsable du développement. Ce projet comportait le déploiement de nos agents dans une région très isolée et éloignée de centres de soins médicaux, de protection et de soutien logistique appropriés.
Je suis sûre que durant votre visite au Congo, vous avez remarqué que l'insuffisance du soutien logistique. Les besoins en logistique d'un petit groupe de personnes dans une région isolée sont nettement supérieurs à ceux d'un soutien logistique pour une délégation de passage. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas pu réaliser ce projet, mais des officiers des Forces canadiennes se trouvent encore au Congo dans le cadre de la mission des Nations Unies et l'un de nos agents de police fait partie de la mission de l'Union européenne. Nous avons offert d'envoyer d'autres policiers si la situation s'y prête.
Le sénateur Stollery : Je dois ajouter que le connais bien le Congo et que j'ai visité toutes sortes de régions isolées. Si j'étais membre des Forces canadiennes, je n'aurai aucune crainte à me rendre dans n'importe quelle région du Congo.
[Français]
Le sénateur Corbin : En vertu de leurs politiques d'imposition sur les administrations nationales, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, ont créé des désastres en Afrique. Je parle peut-être au passé dans un certain sens, mais l'effet de ces politiques perdure encore aujourd'hui.
Le Canada a des représentants au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. Je ne sais pas s'ils opèrent sur le terrain ou non. Le ministre des Finances assiste certainement à des réunions annuelles ou semi-annuelles de ces institutions qui ont généralement lieu à Washington.
Nous avons entendu des histoires qui bordent l'horreur au cours de témoignages reçus devant ce comité et au cours de nos pérégrinations en Afrique. Je voudrais demander au ministre de porter une attention toute particulière aux opérations et aux politiques de ces deux institutions financières. Elles ont créé, dans le passé, des situations insoutenables au nom de grands principes démocratiques de l'Ouest.
Ce n'est généralement pas la façon africaine de traiter de problèmes fondamentaux et de problèmes près du peuple. Le ministre voudrait-il nous donner l'assurance aujourd'hui que lui-même, les ministres associés à ces dossiers ainsi que le ministre des Finances du Canada, porteront une attention particulière sur la façon dont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale opèrent dans ces pays africains?
M. MacKay : Je remercie le sénateur pour sa question.
[Traduction]
Je ne vais pas prétendre être au courant des politiques internes du FMI ou de la Banque mondiale. Jamais je ne dirais que c'est un domaine que je connais très bien. Toutefois, je parlerai au ministre des Finances pour voir quelles enquêtes ont été faites, le cas échéant, par son ministère et ses collaborateurs. Je me ferai un plaisir de donner une réponse détaillée au sénateur parce cette question est très précise et mérite une réponse appropriée. Si le sénateur veut bien patienter, je serai heureux de lui fournir des renseignements précis sur la surveillance et les mécanismes en place que le Canada surveillerait. Le sénateur a soulevé une question importante en termes de la nécessité pour le Canada d'être « indépendant » pour prendre certaines décisions, mais le Canada doit s'assurer que le FMI et la Banque mondiale se conforment aux normes et codes internationaux en ce qui concerne ces sommes importantes considérables pour aider l'Afrique.
Le sénateur Downe : J'aimerais des précisions sur deux ou trois observations faites par le ministre dans son exposé au comité.
Au haut de la page 3, le ministre mentionne que le gouvernement a reconfirmé son engagement à doubler l'aide au développement international. Je comprends que le ministre vient d'occuper son poste et qu'il peut ne pas avoir les réponses ce soir, mais nous aimerions qu'il les communique au comité, si possible.
Quel pourcentage du doublement du financement serait versé à l'Afrique? Il est indiqué que l'Afrique sera l'un des principaux bénéficiaires, mais le pourcentage ou le montant de l'aide financière ne sont pas indiqués. Pourriez-vous nous les communiquer?
M. MacKay : Je serais heureux de le faire, rappelons que le montant versé à l'Afrique variera, évidemment, avec le temps. Nous pourrons indiquer un montant précis pour une année budgétaire, mais le pourcentage du budget annuel peut changer. Cependant, je communiquerai avec plaisir au sénateur les détails pour l'an prochain.
Le sénateur Downe : Je remercie le ministre de sa réponse. J'ai posé cette question pour une bonne raison. La ministre de l'ACDI du précédent gouvernement a mentionné ici dans son exposé l'importance de l'Afrique et comment la priorité était accordée à ce continent. En examinant le financement, nous avons découvert qu'en fait l'Afghanistan recevait plus d'argent, ce qui était acceptable, puisque l'argent servait principalement à aider les femmes et les enfants. Comment expliquez-vous que le plus gros du financement était versé à l'Afghanistan alors que l'Afrique avait la priorité?
M. MacKay : Comme vous pouvez l'imaginer, après une centaine de jours à ce ministère, nous procédons à l'examen des engagements et de la politique du Canada en matière d'aide internationale. Nous nous préoccupons plus de remplir des engagements spécifiques que de faire de vagues promesses comme nous l'avons vu dans le passé. Nous voulons que le Canada joue un rôle de premier plan au Soudan et que l'argent soit utilisé dans les régions en crise.
Nous voulons que l'aide financière à l'Afrique soit versé à ceux qui en ont vraiment besoin. Nous vous communiquerons les montants globaux disponibles dans les prochains jours.
Le sénateur Downe : À la page 4 de votre mémoire, vous indiquez que le Canada a fait des remises sur les sommes que lui devaient des pays et vous indiquez aussi « qu'il ne perçoit plus de paiements sur les dettes de pays d'Afrique engagés dans des réformes ».
Est-ce que des pays africains effectuent des paiements pour nous rembourser leurs dettes?
M. MacKay : Je ne peux pas répondre à cette question. Je vais demander à mes collaborateurs le pourcentage d'intérêt reçu.
M. Ferguson : Nous nous renseignerons auprès de nos collègues des Finances.
Le sénateur St. Germain : Je suis nouveau au comité. Je faisais partie d'un comité chargé d'examiner de vrais problèmes qui, souvent, étaient des histoires d'horreur — je parle de notre comité des peuples autochtones. Ce dossier m'intéresse et j'ai posé de nombreuses questions au Sénat.
Pour continuer sur les propos du sénateur Stollery, je sais que vous êtes nouveau à votre poste; je vous présente mes félicitations. Je sais que vous allez être à la hauteur de votre tâche. Cependant, nous l'avons déjà vu, chaque fois que quelque chose se passe en Afrique, il y a deux poids deux mesures. On dirait que tout s'arrête et tout le monde accuse l'ONU. Néanmoins, pour la Serbie et Milosevic, le monde libre a été en mesure d'intervenir. Il y a eu des rumeurs de génocide et nous nous sommes servis de l'OTAN. Nous sommes intervenus et avons rétabli un semblant d'ordre. Or, en Afrique, les incidents ne cessent de se succéder, c'est pratiquement une répétition d'événements. Il est tout à fait insensé que nous ne faisions rien alors que des enfants sont violés et tués.
Si Dieu existe — comme je le crois — quelle idée se fait-Il d'un monde libre, riche et plein de ressources qui ne fait rien pour ces gens, pour ces enfants. Nous pourrions au moins envoyer une force de l'OTAN. Personne ne se dressera devant nous. Aucune armée africaine ne va nous affronter. Pourquoi ne pas le faire, ne serait-ce que pour ces enfants, pour envoyer un message clair et offrir une certaine protection?
Cela peut paraître naïf, mais j'ai posé plusieurs fois cette question à l'ancienne administration du Sénat. Monsieur le ministre, nous serons jugés sur la façon dont nous nous conduisons envers notre prochain quelle que soit la couleur de sa peau ou ce qu'il est. On dirait que nous nous croisons les bras et que nous sommes tombés dans la complaisance. Pour revenir à la remarque du sénateur Stollery, je me demande parfois si le problème n'est pas lié à la protection des sociétés et leurs présumés complots avec ces gouvernements corrompus.
Je sais qu'il est difficile de répondre à cette question. Je n'essaie pas de vous embarrasser; j'ai travaillé avec vous pendant de nombreuses années et j'ai le plus grand respect pour vos capacités, mais je crois que nous pouvons aujourd'hui changer le cours des choses et si nous n'y arrivons pas, ce sera un échec pour l'humanité et pour nous.
M. MacKay : Sénateur, je partage entièrement vos préoccupations. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la question concernant la façon dont on pourrait mettre fin aux horreurs qui continuent, au massacre de l'humanité, est essentiellement philosophique et pratique. Nous sommes perturbés par les témoignages et les images. Au travers de vos propos et pour vous avoir déjà parlé, je sais à quel point vous êtes sincère.
Des organisations telles que les Nations Unies, même dans leur imperfection, restent à mon avis les meilleurs mécanismes dont nous disposons pour modifier les choses. Il arrive que nous ne puissions rien faire de plus à moins que le pays concerné invite les Nations Unies ou du moins s'il respecte les décisions de l'ONU. Ce qui n'a pas toujours été le cas. Dans les exemples notoires que vous avez cités, les forces de l'ONU ont intervenus non pas pour maintenir la paix mais pour l'instaurer.
Au Darfour, en dépit du processus de paix, il y a encore beaucoup d'efforts à faire pour arrêter le massacre qui y sévit.
Non seulement des pays comme le nôtre sont de plus en plus sensibilisés, mais ils s'engagent aussi de plus en plus. Tout ce que je peux dire c'est que le gouvernement veut apporter sa juste part et encourager d'autres pays à suivre le pas et, dans certains cas, à ce qu'ils contribuent davantage. Cela va demander des efforts considérables et la participation d'une multitude de ressources au Canada, y compris le Parlement et nos citoyens. Nous voulons que d'autres pays bénéficient des valeurs qui nous sont chères, notamment la démocratie et les droits de la personne, que les Canadiens tiennent pour acquis. Nous devons redoubler d'efforts pour que les populations africaines aient accès à ces valeurs.
Le sénateur Mahovlich : Monsieur le ministre, j'ai visité la région centrale du Congo. J'ai été surtout frappé par le manque d'infrastructure. L'état des routes était lamentable. Serait-il possible d'envoyer des constructeurs de routes en Afrique? Le Canada et les États-Unis sont connus pour leurs excellents réseaux routiers. Là-bas, les nids de poule pullulent dans les routes. Heureusement, nous utilisions un véhicule à quatre roues motrices.
Je ne sais pas si une aide financière et un soutien politique à ces pays serviraient à quelque chose. Le milieu politique est tellement corrompu que les routes ne seront jamais remises en état.
Les femmes doivent parfois marcher 20 milles pour chercher un seau d'eau. La situation est tragique. Il y a beaucoup de problèmes. On dirait qu'ils arrêtent de construire au beau milieu. Il semble que tout soit fait à moitié.
Est-ce que des pays africains ont réussi à se développer et donc servir de modèles à d'autres pays? Est-ce qu'un pays a remboursé ses dettes et connaît une ère de prospérité ou sommes-nous engagés dans une voie sans issue?
M. MacKay : Certains pays africains ont obtenu de bons résultats dans des secteurs comme celui de l'infrastructure, pour d'autres la situation est plus difficile. Vous avez mentionné la construction de routes et de bâtiments. Vous avez raison de souligner que certains besoins essentiels comme le logement et les moyens de transport pour chercher de l'eau et de la nourriture font cruellement défaut. Je pense que c'est un dossier sur lequel il faut se pencher plus sérieusement.
La majeure partie des décisions concernant ce genre d'infrastructure sont prises par les gouvernements de ces pays et, le cas échéant, par les ministres concernés. J'ai beaucoup entendu parler des besoins en matière de voies de communication. Nous devrions axer nos efforts sur la circulation des produits et des services.
Pouvez-me rappeler votre question sur les dettes?
Le sénateur Mahovlich : Je voulais savoir si des pays africains avaient remboursé leurs dettes et dans ce cas ils serviraient de modèles.
M. MacKay : À ma connaissance, aucun pays n'a remboursé entièrement sa dette. Les dettes de beaucoup de pays ont été effacées suite aux efforts d'un certain nombre de personnes.
Le sénateur Mahovlich : Nous avons effacé les dettes parce que les pays ne pouvaient pas les rembourser.
M. MacKay : C'est juste ou parce que les intérêts se sont accumulés à un tel point que la dette augmentait.
M. Ferguson : La semaine dernière, le Nigéria a conclu avec le Club de Paris et des institutions multilatérales un important accord qui efface près de la moitié de sa dette. Cela s'est fait en allégeant la dette de différentes façons et en la réduisant à un montant commensurable à l'économie du Nigéria.
Vous pourriez peut-être parler des pays qui ont obtenu des succès avec la ministre de la Coopération internationale quand elle se présentera devant vous. La Tanzanie, le Ghana, le Botswana et le Mozambique ont enregistré des succès et permettent d'espérer. Le nouveau gouvernement attache plus d'importance à l'efficacité de l'aide. Des leçons ont été tirées de la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide relativement à des questions telles que l'appropriation des pays partenaires et l'harmonisation de l'aide des donateurs.
Le sénateur Mahovlich : Pourquoi le Congo ne nous demande-t-il pas de leur envoyer du personnel qui leur apprendrait à construire des routes au lieu de nous demander de l'argent?
M. MacKay : C'est une question qu'il faudrait poser au gouvernement du Congo et voir quelles sont ses priorités?
Le sénateur Mahovlich : Nous lui demanderons.
M. MacKay : Il est sûr qu'il y a des gens dans notre pays qui savent construire des routes.
Le sénateur Mahovlich : Nous avons les meilleures routes au monde.
M. MacKay : Je ne sais si j'irais jusque là. J'ai roulé sur des routes canadiennes qui ont besoin d'être remises en état. Mais elles sont peut-être en meilleur état dans votre circonscription, monsieur le sénateur.
Le sénateur Mahovlich : En Ontario, vous pouvez rouler jusqu'à Timmins sans heurter de nids de poule.
M. MacKay : Je rapporterai vos propos au premier ministre.
Le président : Pas si vous passez par Kingston, sénateur.
Monsieur le ministre, permettez-moi de vous remercier de nous avoir consacré autant de temps et pour la franchise et la précision de vos réponses. Vous comprenez bien le degré d'expertise sur la question africaine et l'engagement ferme de mes collègues ici présents. Le Canada, quelle que soit la couleur politique de ses gouvernements, participe depuis longtemps au maintien de la paix au Congo, au développement de la démocratie au Ghana et au Biafra, s'est opposé à l'apartheid en Afrique du Sud, a soutenu les pays sur la ligne de front, a participé à des travaux en Afrique du Nord et a appuyé la réémergence de la démocratie au Nigéria. Tout cela indique que l'engagement du Canada en Afrique, que le financement ait été suffisant ou non, a été intergénérationnel et respecté par tous les partis.
Nous vous remercions d'avoir répondu à nos questions. Vos réponses aideront le comité dans l'élaboration de son rapport final et des recommandations au gouvernement et au pays sur les étapes suivantes concernant l'Afrique.
La séance est levée.