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Délibérations du comité sénatorial permanent des
Langues officielles

Fascicule 7 - Témoignages - séance du matin


VANCOUVER, le mardi 14 novembre 2006

Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui à 9 heures pour étudier, afin d'en faire rapport de façon ponctuelle, l'application de la Loi sur les langues officielles, ainsi que des règlements et instructions en découlant, au sein des institutions assujetties à la Loi, ainsi que pour l'étude de l'ébauche d'un rapport.

Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.

[Français]

La présidente : Bonjour à tous et bienvenue à cette 12e réunion du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je m'appelle Maria Chaput, et je viens du Manitoba.

Nous sommes heureux d'être ici, à Vancouver, où nous comptons nous pencher principalement sur deux questions. D'abord, l'effet de la décentralisation de bureaux principaux d'institutions fédérales sur l'application de la Loi sur les langues officielles, puis, la prise en compte des langues officielles dans l'organisation des Jeux olympiques de 2010.

Avant de donner la parole aux témoins, permettez-moi de vous présenter les autres membres du comité présents aujourd'hui.

Le sénateur Gerald Comeau de la Nouvelle-Écosse, madame le sénateur Mobina Jaffer de la Colombie-Britannique, madame le sénateur Rose-Marie Losier-Cool du Nouveau-Brunswick, le sénateur Lowell Murray de l'Ontario, le sénateur Fernand Robichaud du Nouveau-Brunswick, et madame le sénateur Claudette Tardif de l'Alberta.

Les premiers témoins seront les représentants de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, Mme Rakotonaivo, présidente et la directrice générale, Mme Yseult Friolet.

La fédération regroupe une quarantaine d'organismes francophones de la province et a été désignée comme porte- parole auprès du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2010 à Vancouver.

Mesdames, la parole est à vous. Votre présentation sera suivie d'une période de questions de la part des sénateurs.

Michelle Rakotonaivo, présidente, Fédération des francophones de la Colombie-Britannique : Madame la présidente, je vous remercie de cette invitation. C'est un plaisir de partager avec vous notre réflexion sur la prise en compte des langues officielles dans l'Organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2010, à Vancouver-Whistler.

Votre comité fait preuve d'un leadership exceptionnel : ce dossier que vous avez choisi d'aborder, revêt, bien sûr, une grande importance pour toute la communauté francophone d'un bout à l'autre du pays. Il interpelle surtout notre communauté francophone, en Colombie-Britannique.

Je suis accompagnée aujourd'hui de Mme Yseult Friolet, directrice générale de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique. Vous le savez, la FFCB est l'organisme porte-parole de la communauté. Notre rôle est de promouvoir, de représenter et de défendre les intérêts des francophones et, bien sûr, de protéger le patrimoine linguistique et culturel de notre communauté.

L'histoire des francophones en Colombie-Britannique remonte au tout début, en 1793. Quand Alexandre Mackenzie a traversé les Montagnes Rocheuses, il était accompagné de six voyageurs canadiens-français.

De nos jours, la communauté francophone de la Colombie-Britannique représente 64 000 personnes, selon le recensement de 2001. Nous savons que les chiffres de 2006 vont démontrer que notre communauté est en pleine expansion. Il importe d'ajouter que si l'on tient compte des personnes bilingues, qui viennent agrandir l'espace francophone en Colombie-Britannique, il y a plus de 270 000 personnes qui peuvent communiquer en français, soit 7 p. 100 de la population de notre province.

La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique a été fondée en 1945. Elle regroupe et appuie une quarantaine d'associations qui représentent les francophones de différentes régions et qui œuvrent dans de nombreux secteurs; tel le développement économique, le développement social et culturel, la jeunesse, les aînés, la justice et l'éducation. Certaines de ces organisations vont d'ailleurs s'adresser à vous, un peu plus tard.

Si nous revenons aux Jeux de 2010, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique suit le dossier depuis le début. Pour nous, cet événement historique doit avoir, et va avoir un impact énorme sur notre communauté.

Le 2 juillet 2003, les membres de la communauté francophone de la Colombie-Britannique retenaient leur souffle au moment où le Comité olympique international annonçait le nom de la ville-hôte des XXIe Jeux d'hiver. Comme la grande majorité des Canadiennes et des Canadiens, les francophones de la Colombie-Britannique ont éprouvé une immense fierté en apprenant que Vancouver serait la ville-hôte des Jeux d'hiver de 2010.

Le Canada accueillira les Jeux olympiques pour la troisième fois de son histoire, et la collectivité francophone veut collaborer. Nous voulons contribuer à la réalisation de Jeux exceptionnels, qui démontreront que le bilinguisme au Canada est une composante essentielle de notre identité, une composante dont l'ensemble du pays peut être fier. En effet, pour nous, les Jeux olympiques de 2010 seront l'occasion d'illustrer la dualité linguistique, de la faire partager par des milliers d'athlètes, par des milliers de touristes qui viendront nous visiter, et par des millions de téléspectateurs qui suivront les Jeux.

Dès le début, nous savions que nous voulions être directement impliqués. En effet, l'octroi des Jeux constitue un magnifique tremplin pour le développement de notre communauté, tant dans le domaine économique, que social et, bien sûr, culturel et artistique.

Je tiens à affirmer que pour notre communauté, la tenue des Jeux et l'ensemble des activités les entourant constituent la plate-forme de rêve pour démontrer que le fait français en Colombie-Britannique et au Canada est une véritable valeur ajoutée.

C'est aussi, et c'est là-dessus que je voudrais d'abord insister, un moment inespéré qui donnera à notre communauté la chance d'augmenter sa visibilité et de prouver qu'elle contribue à la richesse et au développement de notre province et de notre pays.

Ce qui nous rassure, c'est que les XXIe Jeux d'hiver se tiendront dans un pays officiellement bilingue, avec une loi qui enchâsse cette réalité et que, parallèlement, le mouvement olympique lui-même a le français et l'anglais comme langues officielles. Les attentes en matière de bilinguisme seront élevées, avec raison, nous nous en réjouissons.

De plus, les intentions maintes fois réitérées par le gouvernement fédéral et par le COVAN de faire des Jeux olympiques de 2010 une manifestation pour toutes les Canadiennes et Canadiens nous font espérer que les différentes composantes qui enrichissent notre pays ne seront pas oubliées, mais qu'au contraire, elles seront mises de l'avant lors de la planification et de la réalisation des Jeux.

Il ne fait aucun doute dans notre esprit qu'à priori, l'ensemble des acteurs impliqués dans la préparation et la réalisation des Jeux sont conscients des responsabilités qui leur incombent vis-à-vis des deux langues officielles des Jeux et du pays. Le secrétariat des Jeux l'énonce sans ambiguïté et le COVAN s'est aussi engagé dans cette voie quand, en juin dernier, il a signé avec la FFCB et la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, un protocole de collaboration.

Le protocole que nous avons signé, au nom de toute la communauté francophone, est très clair :

La communauté francophone canadienne et plus particulièrement, la communauté francophone de la Colombie- Britannique désirent tirer profit des opportunités offertes par la tenue des Jeux pour continuer de développer leur communauté en général, de rehausser leur profil et leur visibilité, et aussi d'apporter leur appui au COVAN en ce qui a trait aux obligations en matière de langues officielles, entre autre, pour le recrutement des bénévoles et dans le cadre des programmes culturels et éducatifs.

Ce protocole traduit bien l'engagement du COVAN et le rôle que nous pourrons jouer. Il nous donne aussi le cadre à l'intérieur duquel nous pourrons travailler en étroite collaboration avec tous les joueurs, du COVAN au gouvernement du Québec, qui a, lui aussi, signé un accord-cadre avec le COVAN, en passant par la Fondation et par toutes les institutions et associations qui doivent, ou souhaitent contribuer au succès des Jeux.

La signature de ce protocole est en fait le résultat d'une série de démarches entreprises par la FFCB au nom de sa communauté. Nous avons participé aux démarches initiales pour que Vancouver soit choisie comme ville-hôte, nous avons même contribué à encourager la traduction de documents durant cette période d'attente fébrile.

Je dois vous dire que nous avons toujours senti un engagement vis-à-vis des langues officielles de la part des personnes et des institutions impliquées dans le dossier de la candidature. Cet engagement est d'ailleurs clairement défini dans l'entente multipartite pour les Jeux olympiques de 2010 signée dès le début, en novembre 2002.

Il est aussi évident pour nous que « la politique canadienne concernant l'accueil de manifestations sportives internationales » implique que la participation financière du gouvernement du Canada, dans l'organisation des Jeux, oblige le COVAN à respecter les normes et la législation fédérale en matière des langues officielles.

La clé du succès, bien sûr, réside dans la façon dont sera mise en application cette entente multipartite. Car, bien que ce que nous avons lu nous permet d'entrevoir positivement la place qui sera réservée aux langues officielles, c'est dans la pratique, et dans les détails, que nous serons en mesure de juger de l'engagement réel des parties impliquées dans l'organisation des Jeux.

Je n'ai pas à convaincre les membres de votre comité qu'il y a parfois un écart entre les engagements pris par le biais de lois, de règlements ou de diverses ententes administratives ou de collaboration, et la réalité vécue « sur le terrain », celle que nous allons vivre dans les mois qui suivent.

Pour nous préparer à assumer nos responsabilités, nous avons, à la FFCB, rassemblé notre communauté. Deux comités se sont mis au travail : Le comité porteur de flambeau pour regrouper les piliers les plus visibles de notre communauté et le comité ad hoc pour faire le travail de planification et de mise en oeuvre.

La communauté s'est aussi dotée d'une planification stratégique, encore à peaufiner. Nous avions aussi déterminé que pour gérer l'énormité du travail à accomplir, il nous fallait embaucher une personne pour coordonner l'ensemble des initiatives de notre communauté et assurer un lien constant entre les différents acteurs, local ou national. Ce poste vient de nous être accordé, la semaine dernière, grâce à Patrimoine canadien. Par contre, il nous faudra trouver un partenaire gouvernemental, une source de financement pour maintenir ce poste au-delà du 31 mars 2007. Patrimoine canadien n'a malheureusement pas pris d'engagement pluriannuel. Cette lacune est, bien sûr, au cœur du problème. Elle semble indiquer que la détermination manifestée en public et les engagements pris officiellement par le gouvernement fédéral ne se traduisent pas automatiquement par des gestes, des mesures positives, pourtant indispensables. J'utilise le terme « mesures positives » dans le contexte de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, telle qu'amendée il y a déjà quelques mois.

J'ai indiqué, il y a quelques instants, que nous avons toujours senti un engagement vis-à-vis des langues officielles de la part des personnes qui avaient le mandat d'assurer que les Jeux reflètent notre engagement national.

À titre d'exemple, j'aimerais souligner que nous avons été enchantés de voir que la communauté francophone de la province, soit la Société Maillarville-Uni a été invitée à participer à la Maison du Canada lors des Jeux de Turin.

Nous nous réjouissons aussi de la consultation que tiendra le COVAN le 16 novembre prochain auprès de notre communauté au sujet des olympiades culturelles. C'est une belle démonstration de la prise en compte des intérêts des francophones dans les démarches très visibles des organisateurs.

Ce sont de beaux exemples. Mais il y aura le quotidien à gérer. Le personnel du COVAN devra faire attention à toutes sortes de détails, soit : tout ce qui est écrit doit l'être dans les deux langues officielles, comme s'il s'agissait d'une annonce en provenance du gouvernement fédéral; tout ce qui est accueil et services au public doit être offert dans les deux langues officielles; tout ce qui touche les services aux athlètes et entraîneurs doit être accessible dans les deux langues officielles; tout ce qui est promotion à l'intérieur de nos frontières et à l'étranger doit se faire dans les deux langues officielles; tous les sites et les événements culturels et sportifs doivent être bilingues, et la liste est longue.

Un grand nombre de bénévoles doivent pouvoir communiquer en français. Il faudra chercher des gens de manière systématique. Notre communauté est prête à jouer le rôle qui lui incombe. En effet, par exemple, nos jeunes recevront la formation requise pour devenir bénévoles, grâce à un cours offert par le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique. En gros, il faudra que l'ensemble des acteurs accepte de faire un effort concerté.

Je vous donnerai quelques exemples impossibles à ignorer; nous avons remarqué que lors des célébrations de Whistler en septembre 2006, aucun artiste francophone n'était présent, il en est de même pour la cérémonie de clôture de Turin. Une autre lacune grave, à notre avis, lors de la présentation formelle des Canadiens à Prague, en juillet 2003, le français a été très peu utilisé par les membres de la délégation canadienne, qui, il faut le noter, comprenait pourtant des représentants des plus hauts échelons du gouvernement du Canada et du mouvement olympique de notre pays.

La culture francophone du Canada était aussi absente de la manifestation culturelle, qui a eu lieu le 4 mars 2003, à Vancouver à l'occasion du passage des membres du Comité d'évaluation du Comité olympique international.

Il n'est peut-être pas nécessaire, ni utile d'ailleurs, de revenir sur le passé. Ce qui nous intéresse dorénavant c'est l'avenir, les engagements pris et le respect de ces engagements dans le futur. Nous ne voulons que ni les athlètes, ni le personnel olympique, ni le public dans les estrades et devant leur écran, ni l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens n'aient l'ombre d'un doute que les Jeux d'hiver de 2010 ont lieu dans un pays bilingue et que le bilinguisme au Canada fait partie de notre identité.

Je l'ai mentionné au début de ma présentation, et je me permets de le rappeler, pour la communauté francophone de la Colombie-Britannique et, j'en suis certaine, pour les communautés francophones de l'ensemble du pays, la venue des Jeux olympiques à Vancouver, et les activités qui s'y rattachent, représentent une plate-forme inespérée pour la langue et la culture française de notre pays. Les francophones de la Colombie-Britannique se sont engagés à y travailler.

C'est pourquoi nous allons, par exemple, contribuer avec passion à faire en sorte que les activités qui se dérouleront durant l'Olympiade culturelle de 2006 à 2009, que les programmes culturels de 2010, et que les diverses cérémonies organisées avant et durant les Jeux, accordent une place de choix aux artistes de la francophonie.

Je suis optimiste. La consultation de novembre sur les Olympiades culturelles porte à croire que des artistes de la francophonie de la Colombie-Britannique et du Canada seront invités. Je dois préciser que nous souhaitons faire appel aux artistes de la francophonie hors Québec. Trop souvent, on associe la culture francophone qu'aux artistes du Québec, alors que nos communautés regorgent de talent.

En conclusion, je suis confiante que, de par ses engagements vis-à-vis des langues officielles du Canada et des olympiades, le COVAN verra à ce que les langues officielles et la culture francophone soient au cœur des décisions qui seront prises. Il sera impératif que tous les partenaires impliqués, notamment les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique appuient les initiatives de la communauté francophone qui se rattachent à la tenue des Jeux d'hiver 2010.

Il est important que Patrimoine canadien, le ministère qui coordonne l'effort fédéral pour les olympiques, nous assure qu'il prend son leadership au sérieux et que le gouvernement du Canada prendra les moyens nécessaires, notamment au niveau d'un engagement financier, pour que soient respectés les engagements pris vis-à-vis des langues officielles et de la participation de la communauté francophone de la province à l'effort collectif.

La communauté francophone veut, et peut, collaborer avec tous ses partenaires en ce qui concerne les questions touchant les langues officielles. Nous avons déjà recommandé au Patrimoine canadien qu'il y ait une représentation de la communauté francophone aux divers comités consultatifs ou de travail, qui seront constitués pour soutenir le COVAN dans ses travaux.

Nous croyons que si nous travaillons tous ensemble dès le début plutôt que lorsque les obstacles surgissent, nous pourrons ensemble, faire en sorte que les Jeux d'hiver de 2010 soient un modèle et un succès sur tous les plans, y compris sous la loupe critique du Grand Témoin.

Tous les ingrédients nécessaires pour s'assurer que les Jeux d'hiver de 2010 puissent refléter la dualité linguistique de notre pays sont là. Il ne faut plus hésiter à les utiliser à bon escient afin de démontrer clairement au monde entier l'attachement du Canada envers ce principe fondamental qui est au cœur de ce qui nous définit comme Canadiens et Canadiennes.

La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique va travailler avec son réseau de membres et de partenaires afin d'appuyer l'équipe du COVAN et ses partenaires pour faire des Jeux olympiques de 2010 un succès sur toute la ligne. Nous avons un réseau d'organismes qui œuvrent dans toutes les sphères de la société. Vous allez, d'ailleurs, les entendre un peu plus tard. Ils vous parleront de leurs inquiétudes, mais aussi de leurs succès. Je suis convaincue qu'après votre séjour ou d'ici demain après-midi vous aurez la certitude que la communauté francophone de la Colombie-Britannique est solide et bien vivante. Avec 270 000 personnes capables de communiquer en français en Colombie-Britannique, il ne fait pas de doute que nous pourrons collaborer avec le COVAN et la Fondation pour le dialogue des cultures afin que nous puissions tous ensemble respecter les engagements que nous avons tous pris en matière de langues officielles.

Permettez-moi maintenant de vous dire quelques mots pour répondre à la deuxième question sur la décentralisation des bureaux fédéraux et ensuite, j'aimerais pouvoir vous confirmer que la présentation, que fera demain l'Association des juristes d'expression française, revêt pour nous et pour toute la communauté une importance primordiale.

Je tiens à dire quelques mots sur la Commission canadienne du tourisme. Le déménagement de la Commission canadienne du tourisme avait fait les manchettes en Colombie-Britannique. Les articles et reportages parlaient de l'arrivée d'un grand nombre de fonctionnaires francophones et notre communauté se réjouissait.

En avril 2005, nous avions participé, à Ottawa, à une séance d'information organisée par la Commission canadienne du tourisme afin de faire connaître notre communauté et nos services. Notre capacité d'accueil n'est plus à démontrer, une famille peut vivre en français et fréquenter nos écoles.

Il est vrai que les conséquences de la décentralisation de bureaux fédéraux ne sont pas toujours immédiates. Peu de gens des institutions ou d'associations ont des relations avec la Commission canadienne du tourisme et nous n'avons appris à la fédération que tout dernièrement, que seulement 19 personnes avaient accepté de déménager. Malheureusement, à ce jour, aucune rencontre officielle n'a encore eu lieu entre la FFCB et le personnel de la commission. L'argument présenté pour expliquer ce retard tourne autour des difficultés reliées à des problèmes de personnel et d'installations physiques.

Je sais que, dans le cadre de la présentation de la Société de développement économique, vous entendrez parler des relations qui commencent à se développer grâce au travail de la SDE et sa collaboration étroite avec le Tourism BC. Le dossier du tourisme est en pleine expansion dans notre province et de nombreuses associations francophones y travaillent. Pour en citer quelques-unes, le Cercle des Canadiens-Français de Prince George vient de se joindre au Comité Spirit of BC. La ville de Nanaimo a maintenant fait traduire en français ses sites économiques et participe aux échanges culturels et commerciaux entre Québec et leur ville. Cet échange a été l'initiative de l'Association des francophones de Nanaimo, grâce au Festival du sucre d'érable de Nanaimo. La Francophonie a besoin de l'appui de la Commission canadienne du tourisme!

Les choses vont quand même changer : une rencontre officielle entre la Commission canadienne du tourisme et la FFCB est maintenant à l'horaire. Nous savons que 27 p. 100 des personnes, qui travaillent à la commission, sont francophones, et que 50 p. 100 d'entre elles ont un niveau de français reconnu en termes de compétences requises par le gouvernement fédéral. Ces nouveaux fonctionnaires sont les bienvenus évidemment.

Notre province a donc maintenant une capacité linguistique améliorée et plus de fonctionnaires fédéraux en mesure d'offrir des services en français. C'est très certainement une relation à construire, une invitation à lancer et des points à solidifier.

Nous espérons et nous attendons toujours qu'un représentant de la Commission canadienne du tourisme participe aux rencontres des fonctionnaires fédéraux, le groupe de l'article 41, de la concertation interministériel dont le mandat est de travailler avec la communauté francophone. Cette personne sera la bienvenue. Cette participation pourrait envoyer un message convaincant.

Les communautés francophones partout au pays ne peuvent que se réjouir de voir que le gouvernement fédéral considère que la décentralisation contribue au mieux-être de nos communautés.

Je suis confiante que le message sera entendu.

Le sénateur Tardif : Merci, je tiens à vous féliciter pour votre excellent mémoire. Il n'y a aucun doute que vous transmettez l'enthousiasme, la conviction et l'énergie nécessaires pour faire des Jeux olympiques, en français, un vrai succès. Votre mémoire touche tous les aspects; c'est bien réfléchi et bien pensé.

Ma première question porte d'abord sur le sport, et ensuite sur les olympiques. Vous avez indiqué que vous avez reçu du financement que pour une seule année, si je comprends bien, pour un coordonnateur pour vous aider à faire le lien et faciliter les rencontres et le recrutement des bénévoles.

Pouvez-vous me dire s'il y a aussi un lien avec le département des sports à l'intérieur de Patrimoine canadien? Y a-t- il un moyen de recevoir un financement de Patrimoine canadien par leur programme stratégique pour le sport?

Yseult Friolet, directrice générale, Fédération des francophones de la Colombie-Britannique : Madame la présidente, jusqu'à maintenant, nos démarches pour coordonner, et concerter tous les efforts, ont commencé, comme Mme Rakotonaivo le disait plus tôt, en mars 2005. Nous avons travaillé avec Patrimoine Canadien à Ottawa, en relation avec notre patrimoine régional, le bureau dirigé par M. Lussier, et l'on s'est adressé au Fonds stratégique. C'est un fonds assez mystérieux. On a fait des démarches depuis 2005. J'ai reçu une lettre à mon bureau cette semaine disant qu'il y aurait une subvention de 40 000 $ jusqu'à la fin mars. Ces fonds couvrent à peu près quatre à cinq mois pour coordonner un dossier où l'on doit travailler avec la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, avec la province et, naturellement, avec le COVAN. Comme on l'indiquait dans notre mémoire, ces fonds nous sont alloués seulement jusqu'aux 31 mars 2007. On n'a jamais dirigé nos démarches auprès d'un programme de sport parce que les activités que nous allons entreprendre touchent beaucoup plus à la coordination et la concertation des représentations, et à faire connaître les gens. Cela ne touche pas directement le sport. Peut-être qu'il y aurait une autre source que nous ne connaissons pas.

Le sénateur Tardif : Le 40 000$ que vous avez reçu vient de cette enveloppe qui vient du Fonds stratégique?

Mme Rakotonaivo : Le message que nous avons reçu durant tout le processus d'attente de ce financement était qu'il faudrait chercher un appui dans l'enveloppe locale. On est très déçu de ce message. Nous avons fait une planification stratégique, et le fonds pour cela ne vient pas de Patrimoine canadien. On a cherché nous-mêmes, avec l'aide de la Société de développement économique, avec l'aide d'Industrie Canada ou un autre. C'est un défi.

Le sénateur Tardif : Pouvez-vous préciser quels sont les liens que vous avez avec la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures? Je ne comprends pas exactement quelles sont leurs responsabilités par rapport aux vôtres. Quels sont les liens entre vos deux groupes en ce qui concerne les Jeux olympiques?

Mme Rakotonaivo : La Fondation canadienne pour le dialogue des cultures a été mandatée, en mars 2005, du dossier des Jeux olympiques de 2010, de la Francophonie canadienne au complet.

Ils sont supposés coordonner et voir à tout l'aspect francophone des Jeux olympiques. La Fédération des Francophones de la Colombie-Britannique travaille avec la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures pour arrimer les efforts. On s'occupe de tout ce qui se passe en Colombie-Britannique et on doit coordonner nos travaux. La fondation regarde tout ce qui est pancanadien et la Colombie-Britannique.

Le sénateur Tardif : Y a-t-il des sources de financement disponibles à la fondation pour vos activités?

Mme Rakotonaivo : La fondation a ses sources spécifiques pour la coordination de tout le projet au complet, le projet pancanadien, et la fondation veut que la Colombie-Britannique ait son propre fonds. D'ailleurs, Patrimoine canadien nous ont appuyés sur la demande de financement. Nous avons l'appui de la fondation pour aller chercher ces fonds qui est de s'occuper de la Colombie-Britannique et de la coordination du dossier.

Le sénateur Tardif : Quarante mille dollars semblent très peu.

Mme Rakotonaivo : C'est très peu pour tout le dossier et en plus, il n'y a pas de suite.

Le sénateur Tardif : C'est inacceptable.

Le sénateur Jaffer : J'aimerais souhaiter la bienvenue à mes collègues.

[Traduction]

Je voudrais remercier tous mes collègues d'être ici et dire aux gens de la Colombie-Britannique que notre comité s'intéresse beaucoup aux questions que vous avez soulevées.

[Français]

Rencontrez-vous régulièrement les partenaires impliqués dans l'organisation des Jeux olympiques, c'est-à-dire le COVAN, ou le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique ou le gouvernement municipal?

Mme Rakotonaivo : Oui, nous travaillons de très près avec COVAN. Nous avons une rencontre prévue en décembre et, un peu plus tard dans l'année, des suivis avec le secrétariat des Jeux de Patrimoine canadien. Nos organismes et nos associations travaillent avec les municipalités, et avec toutes les agences reliées aux Jeux olympiques de 2010.

[Traduction]

Dans votre mémoire très détaillé, vous avez mentionné les rencontres que vous avez eues et certains des résultats. Évidemment, nous sommes très découragés de voir les fonds qui ont été offerts afin de promouvoir le français dans le cadre des Jeux olympiques. Y a-t-il quelqu'un du COVAN qui participe régulièrement à ces réunions et qui vous informe par la suite de ce qui se passe dans le cadre des jeux?

[Français]

Mme Friolet : Nous avons signé un protocole d'entente, madame le sénateur Jaffer, en juin dernier avec le COVAN et la fondation, pour tenter de coordonner, concerter tous ces efforts, parce que c'est une très grosse machine.

Au COVAN, en ce moment, Mme Bolduc, est notre agent de liaison francophone. Depuis septembre dernier, les relations se sont intensifiées, parce que le travail se développe. Cette semaine nous avons une rencontre avec les représentants des olympiades culturelles. Il devrait y avoir bientôt du travail de fait pour organiser les bénévoles, qui graviteront autour de cette grande manifestation. On parle ici entre 20 000 et 30 000 personnes. C'est beaucoup de bénévoles que nous devons organiser. Les activités se passent bien.

Où cela se passe moins bien, c'est dans notre capacité organisationnelle, et notre capacité de répondre à toutes les questions au sujet des projets. Notre demande au gouvernement a été faite en décembre dernier. On a dû la diminuer pour toutes sortes de raisons et, en fin de compte, on a reçu 40 000 $. Nous allons utiliser ces fonds, toutefois, la semaine prochaine on se remet au travail pour s'assurer qu'il y ait vraiment un financement en place pour que la communauté francophone de la Colombie-Britannique puisse faire son travail. Ils s'attendent à beaucoup de notre part. Nous sommes leurs oreilles, nous sommes ceux qui travaillent sur le terrain et l'on doit être en mesure de répondre à leurs demandes. La tâche est assez grande pour vraiment aller chercher toute la francophonie canadienne. Sur le terrain, c'est un peu plus difficile.

Vous avez posé une question en ce qui concerne la ville, nous n'avons pas de lien direct encore avec la ville de Vancouver. Je pense que les associations, comme le Centre culturel francophone de Vancouver, devront développer des liens culturels et sociaux avec la ville. C'est un de nos membres qui le fera. Mais c'est énorme. Nous avons besoin d'un appui. Je suis d'accord avec vous, 40 000 $ c'est peu. Je suis une assez bonne gestionnaire, mais je pense que le travail que l'on peut faire avec ce montant est limité.

[Traduction]

Le sénateur Jaffer : Comme j'ai déjà travaillé avec vous auparavant, je peux me porter garante pour votre gestion. Avez-vous eu contact avec la municipalité de Whistler?

[Français]

Mme Friolet : Nous avons, encore une fois, des contacts avec eux, mais nous attendons qu'ils développent des listes de besoins. Nous savons, au moment où on se parle, qu'en ce qui a trait aux activités des olympiades culturelles, qui se tiendront de 2006 à 2009, qu'une consultation a lieu. Nous savons aussi que nous devons être impliqués dans l'organisation des cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux. Il faut bien se le dire, ce sont les athlètes qui travailleront. On souhaite participer et appuyer le COVAN dans la réalisation de ces Jeux. Par exemple, nous serons impliqués dans la fameuse course au flambeau qui doit passer à travers tout le pays, alors il faut une représentation de la Francophonie canadienne dans cette course. À la cérémonie de clôture, il faut qu'il y ait aussi une participation importante de la Francophonie canadienne.

Il faudrait que pour le Grand Témoin des Jeux de 2010, qu'on puisse faire la différence, surtout que nous vivons dans un pays officiellement bilingue. C'est ce que nous souhaitons faire avec le COVAN, les partenaires et les deux villes impliquées.

[Traduction]

Le sénateur Jaffer : Vous avez parlé de développement des capacités et vous avez expliqué très clairement ce que vous avez demandé. Est-ce que je me trompe ou vous avez jusqu'à présent reçu 40 000 $ pour vous aider? Pourriez-vous faire part au comité — non pas aujourd'hui, mais vous pourriez envoyer l'information à la présidente — de ce que vous avez demandé, de ce qu'était votre vision, de façon à ce que nous sachions exactement comment vous vouliez travailler avec le COVAN et quelle aide vous avez reçue jusqu'à présent?

Mme Friolet : À votre avis, quel genre d'informations vous serait utile? Voulez-vous que je réponde maintenant?

Le sénateur Jaffer : Ce n'est pas nécessaire. Manifestement, vous avez calculé l'aide et l'argent dont vous auriez besoin pour mobiliser tous les bénévoles et tout le reste. Si vous pouviez faire parvenir cette information à la présidente, nous aurions ensuite une idée de ce que vous avez demandé et de ce que vous avez reçu jusqu'à présent.

Mme Friolet : Nous ferons cela.

[Français]

Mme Rakotonaivo : Nous serons très heureux de vous envoyer notre planification stratégique et notre budget, ainsi de suite.

Le sénateur Comeau : Mesdames, c'est un grand plaisir de vous rencontrer en Colombie-Britannique, même si je suis arrivé à trois heures du matin.

J'aimerais revenir aux questions posées par madame le sénateur Tardif au sujet de la Fondation du dialogue et des cultures et la relation qui existe entre vous et la fondation, entre la fondation et le COVAN, et entre le COVAN et le gouvernement.

J'ai l'impression que le COVAN et le gouvernement s'entretiennent surtout avec la fondation en ce qui a trait à la Francophonie ou à la visibilité de la Francophonie aux Jeux olympiques.

La fondation a-t-elle reçu des fonds? En réalité, si c'est la fédération qui fait le travail sur le terrain pour trouver les bénévoles, c'est la fondation qui est le bénéficiaire des fonds du gouvernement, cela me paraît raisonnable.

Mme Rakotonaivo : En fait, le travail que l'on fait ensemble, c'est un travail de partenariat. Vous avez dit tout à l'heure qu'il y avait une relation avec le Patrimoine canadien et le Secrétariat des Jeux et le COVAN, nous avons aussi une relation. La fédération a une relation et la fondation également. Tout ce qui est pancanadien c'est avec la fondation, et tout ce qui est local c'est la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique. La fondation a un fonds pour coordonner tout ce qui est pancanadien. Ils ont formé des comités. Je leur laisse le soin de vous en parler demain. On doit arrimer le travail.

Le sénateur Comeau : Aurait-il pu y avoir de la confusion lors de la présentation aux gouvernements, quand les fonds ont été distribués ou quand la demande de fonds a été présentée à Patrimoine canadien? Est-ce qu'il y a eu, lors de cette présentation, un volet qui se chargeait du travail sur le terrain plutôt que d'examiner tout l'aspect national, qui est le rôle de la fondation. Je me demande s'ils avaient un volet qui s'occupait de vous?

Mme Friolet : Je pense que l'on ne peut pas se le cacher : il y a eu de la confusion au début. Nous avions avisé les gens à l'échelle nationale que le dossier olympique serait présenté. On le vivait. Comme on le disait dans notre mémoire, on a participé à la candidature des Jeux. On était en avance lorsque cela est arrivé. Quand nous avons commencé nos démarches avec le secrétariat des Jeux, via Patrimoine canadien, c'est évident qu'à l'échelle nationale on s'est dit que pour s'occuper de ce grand événement, cela prenait toute une infrastructure nationale. Je pense qu'on le comprend. Ya-t-il eu confusion, oui, lorsqu'on se questionnait sur le travail de notre fédération. Mais, nous sommes résilients et nous avons continué à leur dire que les Jeux se passaient ici et qu'il était important que notre communauté soit impliquée. Nous avons besoin d'outils et nous n'allons pas passer par Ottawa pour répondre à une demande de COVAN qui est sur le terrain.

La fondation, à qui l'on a confié le mandat pancanadien de rassembler la Francophonie canadienne, a aussi un autre mandat qui est de rallier le Québec. Ce n'est pas rien. On est donc en train d'établir des lignes de conduite, et à développer des processus de liaison. En fin de semaine, nous allons signer un protocole avec la fondation pour s'assurer que cette collaboration suit. Où le bât blesse, c'est l'argent. Car c'est la fondation qui a reçu les fonds. On a besoin de notre part et eux aussi.

Le sénateur Comeau : Est-ce qu'il y a eu confusion à Ottawa, à Patrimoine canadien, selon laquelle la fondation s'occupait de tout cela et qu'il y a peut-être eu un oubli, qu'il y avait des gens sur le terrain, en Colombie-Britannique, en train de faire le travail. La fondation doit s'occuper du Québec, car c'est un dossier national. Je comprends très bien cela. Mais par contre, je me demande s'il y a eu un oubli lors du dialogue avec Patrimoine canadien.

Mme Friolet : Vous pourriez peut-être poser la question aux gens de Patrimoine canadien.

Le sénateur Comeau : On va s'en occuper.

Mme Friolet : On a essayé de faire valoir auprès des représentants du gouvernement, surtout Patrimoine canadien, qu'il était aussi important de financer notre communauté et de nous appuyer. Si une décision a été prise quelque part de confier le mandat pour l'ensemble du pays à la fondation, très bien. Mais, il ne faut pas nous oublier.

Le sénateur Comeau : J'ai eu ma réponse. Le mystérieux Fonds stratégique, que vous avez mentionné, est un fonds qui était, dans le passé, discrétionnaire au ministre. Il pouvait dépenser ce fonds à sa discrétion. Ce mystérieux Fonds stratégique n'existe plus. Que ce soit bien ou mal, il y a eu un changement et le nouveau gouvernement a décidé qu'il n'y aurait plus de Fonds stratégique dans les poches des ministres. On devra essayer de se trouver un autre moyen pour trouver des fonds. Car il n'y a pas de ces fonds discrétionnaires pour les ministres. Il y a peut-être d'autres manières d'envisager la situation.

Mme Friolet : Peut-être qu'il faudrait aller voir, car je suis convaincue que sous votre gouvernement, les fonds sont restés là, alors si ce n'est pas le Fonds stratégique.

Le sénateur Comeau : Les fonds sont là, ils doivent maintenant être adoptés. Ils ont été votés par le Parlement pour être dans certaines enveloppes. Les enveloppes ne sont maintenant plus discrétionnaires au ministre. C'est cela la différence.

Vous avez mentionné dans votre présentation qu'une entente a été signée entre COVAN et le Québec. Avez-vous découvert si d'autres ententes seraient signées avec d'autres provinces? Par exemple, si le Québec a signé une entente avec le COVAN; le COVAN a-t-il l'intention de signer des ententes avec d'autres provinces, par exemple le Nouveau- Brunswick, une province officiellement bilingue?

Mme Friolet : Ils ont commencé avec le Québec, car il y a plus de francophones au Québec. C'est une société distincte. Je pense que le COVAN a envoyé un message très positif en leur disant vouloir travailler avec le Québec. Je me suis laissé dire qu'ils avaient l'intention de signer des ententes avec d'autres provinces ou d'autres grands secteurs d'activités pour faire de ces Jeux un franc succès.

La présidente : Sénateur Comeau, vous pourriez poser la même question lorsque nous recevrons les représentants de COVAN.

Le sénateur Comeau : C'est très important. Je pense que qu'il y a peut-être eu confusion à Ottawa.

Le sénateur Losier-Cool : À mon tour, je vous félicite pour cette très belle présentation. Il y a deux semaines, le comité a reçu Mme Lise Bissonnette, le Grand Témoin des Jeux de Turin. Votre présentation allait dans le sens de celle de Mme Bissonnette lorsqu'elle disait que le Canada avait une chance unique, avec les Jeux de Vancouver, de montrer et de revenir à la vraie valeur olympique. Elle parlait de la langue française, qui était la première aux Jeux olympiques. Vous allez, je crois, selon les souhaits de Mme Bissonnette.

J'aimerais des précisions sur votre fédération qui compte 64 000 membres. Vous mentionnez que 270 000 citoyens de la Colombie-Britannique parlent le français. Est-ce qu'il y a dans la province une assez forte concentration de francophones qui permettrait de se donner un certain pouvoir politique, soit au niveau municipal ou provincial? Je sais qu'une francophone de la Colombie-Britannique siège au parti NPD. Mais au niveau municipal, est-ce qu'il y a des francophones?

Mme Friolet : Au municipal, cela touche la province. En ce moment, Whisler serait un endroit où l'on pourrait, si l'on avait tous la même allégeance politique, faire élire des gens. Il y a à Whisler, une grande concentration de francophones et il y en aura beaucoup plus avec la venue des Jeux. Il y a quelques quartiers francophones, dans la ville de Vancouver, mais pas assez pour faire élire quelqu'un. On pourrait vous envoyer notre dernière analyse politique. Il y a certains comtés où l'on peut s'allier avec des gens et faire une différence de plus en plus. La grande région de Vancouver est aussi couverte ainsi que la région de Victoria.

Mais on a la difficulté avec la géographie. Nous nous développons dans une grande ville. La grande région du Vancouver métropolitain compte plus de 60 p. 100 de la population. Vous voyez l'étalement urbain qui est en train de se faire, les difficultés de transport, parce qu'on est entre les montagnes et la mer. Il y a une route et il y a de l'eau. C'est une grande difficulté. On sait qu'en termes démographiques, la démographie de la Colombie-Britannique va exploser. C'est prévu par les démographes.

Le problème de la communauté francophone, même si elle grandit, demeure entre 1,6 et 2 p. 100 de la population. Si l'on ne s'en tient qu'aux nombres, c'est très difficile. Mais il faut se poser la question sur ce que la communauté francophone peut faire. Nous sommes quand même 7 p. 100 de la population, ce n'est pas rien. Les Asiatiques représentent 10 p. 100 de la population. Nous, c'est 7 p. 100 de francophones. Il faut changer, il y a des mythes. Il faut que les visiteurs de la Colombie-Britannique, sachent qu'il y a 7 p. 100 de la population qui parle français. C'est l'endroit où il y a le plus de jeunes en immersion. Il faut que ces enfants, après la 12e année, sachent parler français. Il faut que cela se passe dans nos centres. Lors des Jeux olympiques, ces francophones doivent pouvoir dire qu'ils peuvent utiliser leur français. Il faut nous débarrasser des nombres pour que le Canada vive pleinement sa deuxième langue officielle, qui est le français.

Le sénateur Losier-Cool : J'ai une autre question très brève sur les bénévoles. On fait beaucoup de bénévolat quand on fait partie d'une minorité, quel que soit l'endroit au Canada. Souvent on s'aperçoit que c'est toujours les mêmes qui travaillent et on devient épuisé et fatigué. Faire du bénévolat pour les Jeux olympiques, ce n'est pas une mince tâche. C'est un bénévolat engagé. Sentez-vous cette volonté chez les francophones, cette motivation de s'engager s'ils avaient le nombre suffisant?

Mme Friolet : Oui, tout à fait.

Mme Rakotonaivo : D'ailleurs on travaille déjà là-dessus avec nos jeunes et l'on est prêt à accueillir d'autres bénévoles de partout au Canada. On a pas mal de gens francophones qui sont prêts à faire du bénévolat.

Le sénateur Losier-Cool : Si c'est la dernière occasion que nous avons de vous rencontrer, j'aimerais savoir ce que vous souhaitez voir dans le rapport que ce comité rédigera sur les Jeux olympiques de Vancouver? Que nous conseillez- vous?

Mme Friolet : On vous a exposé notre difficulté à poursuivre notre travail, j'aimerais que vous posiez des questions et que vous nous appuyez dans notre recherche de financement. On est prêt à faire du financement créatif. Cela pourrait se faire avec une ou deux sources de financement. C'est important pour la Colombie-Britannique et la communauté francophone que l'on ait accès à ces fonds. On a demandé 100 000 $. Ce n'est pas une somme énorme.

Le sénateur Murray : J'aimerais aussi vous poser plusieurs questions sur la communauté francophone de la Colombie-Britannique. Vous vous appelez des Franco-Colombiens non pas des Franco-Colombiens britanniques?

Mme Friolet : Des Britanno-Colombiens.

Le sénateur Murray : Notre service de recherche nous a fourni des chiffres démographiques sur la répartition des francophones entre les régions de Vancouver, de Victoria, de Kelowna et de Nelson. Vous avez mentionné le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique. Je présume que c'est cet organisme qui est responsable de la gestion de vos écoles françaises. Combien d'école française avez-vous en Colombie-Britannique? Où sont-elles situées et combien d'étudiants y sont inscrits? Quelle proportion de ce qu'on appelle les ayants droit fréquente vos écoles? Cette question nous intéresse, car il y a quelques années, on a entendu un témoignage assez troublant selon lequel que 50 ou 60 p. 100 des ayants droit exercent leur droit de fréquenter les écoles françaises? En vieille Acadie, en Nouvelle-Écosse, on a été confronté à ce problème et on a exploré un peu, dans notre rapport, des voies possibles de solution à ce problème.

Votre mémoire a également fait mention des relations avec le gouvernement provincial. Dans nos notes de breffage, il est question d'un office quelconque du gouvernement de la Colombie-Britannique, le Francophone Affairs Offices, sous la direction du ministre des relations intergouvernementales. On y décrit le mandat de cet office. Pourriez-vous nous parler des relations que vous entretenez avec cet organisme?

Mme Friolet : D'abord, je vais répondre à votre question concernant les statistiques. Nous avons environ 4 000 élèves inscrits à l'école française, le Conseil scolaire est en place depuis 1995, — nous célébrons son dixième anniversaire — il y a 19 écoles homogènes et à peu près 79 programmes à travers la province.

Le sénateur Murray : Vous dites bien 19 écoles homogènes à travers la province?

Mme Friolet : Oui. C'est ce qu'on retrouve aujourd'hui. La difficulté avec les ayants droit c'est que notre population est exogame. Je sais que le Conseil scolaire travaille, ainsi que la Fédération des parents francophones de la Colombie- Britannique, pour aller chercher les ayants droit. On l'a obtenu qu'en 1995. Si on avait obtenu ce résultat en 1982, avec la Charte des droits et libertés, je pense qu'on pourrait faire la différence. On va donner une autre dizaine d'années au Conseil scolaire. Le problème est que nous avons qu'un Conseil scolaire pour l'ensemble du territoire de la Colombie- Britannique.

Le sénateur Murray : Les membres sont choisis, je présume, de façon plus ou moins démocratique?

Mme Friolet : Ils sont élus.

Le sénateur Murray : Par les parents francophones?

Mme Friolet : Oui, tout à fait. Je sais qu'au cours des dernières années, il y a toujours eu un problème de financement. Je vais vous exposer qu'un seul problème pour vous aider à comprendre la situation : si un conseil scolaire couvre l'ensemble de la province et compte 4 000 élèves et on vous dit que l'étudiant doit payer tant pour le transport. Votre territoire, c'est la Colombie-Britannique. La plupart des territoires des Conseils scolaires sont de petits territoires. Vancouver n'a pas la même difficulté pour le transport des étudiants que notre conseil scolaire. Ce conseil scolaire a dû travailler depuis une dizaine d'années à faire valoir ces éléments auprès du ministère de l'Éducation.

Le sénateur Murray : Quelle proportion des ayants droit sont inscrits dans vos écoles?

Mme Rakotonaivo : Ce sont tous des ayants droit.

Le sénateur Murray : Je le sais, mais il y a des ayants droit qui ne fréquentent pas les écoles françaises.

Mme Friolet : Il y a des statistiques qui ont été données lorsqu'on a formé le conseil scolaire et on parlait de dix à 15 000 ayants droit, mais les démographes nous ont ramenés à l'ordre un peu. On m'avait dit entre 5 000 et 6 000. Au moment où on se parle, on a 4 000 étudiants inscrits. Cependant, la difficulté demeure le secondaire.

Pour les statistiques, voulez-vous que je vous parle de notre relation avec le gouvernement de la Colombie- Britannique?

Le sénateur Murray : Avec l'Office des affaires francophones.

Mme Friolet : Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Avec le gouvernement, nous avons obtenu la première entente fédérale-provinciale sur les services en français de gouvernement à gouvernement avec M. Dosanjh. Il avait signé cette entente. M. Campbell l'a reprise et a nommé un député provincial responsable de la liaison francophone — pour une première fois — et depuis 2003-2004, nous avons un ministre. En tant que premier ministre, M. Campbell a vraiment appuyé notre communauté et cette année, l'enveloppe a augmenté. On me dit qu'on est passé de 500 000 à 700 000 $ pour l'année. C'est une chance inouïe, pour notre communauté, de travailler avec le gouvernement provincial.

Le sénateur Robichaud : Parlez-moi un peu du protocole que vous avez signé avec le COVAN. Est-ce que la fondation et vous, avez tous les deux signés le même protocole?

Mme Friolet : Oui.

Le sénateur Robichaud : Vous parlez de l'appui au COVAN en ce qui concerne les obligations en matière de langue officielle, entre autres pour le recrutement des bénévoles. Cela va être toute une tâche, surtout avec le nombre que vous avez mentionné tout à l'heure. Est-ce que vous vous êtes entendu avec la fondation pour savoir qui va recruter les bénévoles?

Mme Rakotonaivo : La fondation a créé des comités — ils vont vous parler de tout cela demain — et la Colombie- Britannique siège sur chacun de ces comités. Il y a l'éducation, le sport, l'économie, le tourisme et tout ce qui concerne les bénévoles. C'est là que va se décider le fonctionnement.

Le sénateur Robichaud : Cela va être compliqué.

Mme Rakotonaivo : C'est une des raisons pour lesquelles on a besoin d'un coordonnateur. Vous avez soulevé seulement un exemple, mais les autres points sont aussi importants.

Mme Friolet : Le recrutement des bénévoles, c'est le mandat du COVAN. Nous, on ne va pas se substituer au COVAN qui a un mandat de livrer et de faire vivre les Jeux dans ce pays. On s'est engagé à être le lien avec la communauté francophone et aussi la communauté francophile. Nous allons travailler avec eux et ils doivent nous expliquer quels sont leurs besoins en matière de bénévoles — ils ont commencé d'ailleurs — et quel pourcentage de gens vont devoir être bilingues.

Est-ce que tous les bénévoles maîtriseront les deux langues officielles? Peut-être pas. Ce serait très bien, mais nous les aiderons à recruter des dans le 7 p. 100 de la population. C'est un travail d'appui que nous voulons faire, mais on ne peut pas se substituer aux engagements que le COVAN a pris envers le gouvernement du Canada pour livrer les Jeux.

Le sénateur Robichaud : Je comprends bien, mais lorsqu'il sera question d'avoir des bénévoles qui peuvent s'exprimer dans les deux langues officielles, à un moment donné, on n'arrivera plus à en trouver et l'on va certainement faire appel à vos services.

Mme Rakotonaivo : On veut leur donner notre appui.

Le sénateur Robichaud : Cela prend du monde pour faire cela.

Mme Friolet : Il y a 270 000 personnes qui parlent français en Colombie-Britannique.

Le sénateur Robichaud : J'ai bien compris.

Mme Friolet : Il y en a environ 150 000 dans la région de Vancouver. Il faut être libre pendant trois mois pour se faire former et y travailler. Il y a des gens qui vont s'inscrire — c'est déjà commencé —, mais c'est un défi pour tout le monde et c'est pour cela qu'on voulait être présent. C'est sûr qu'on ne peut pas faire venir tous les bénévoles d'un bout à l'autre du pays. Il y a des petites délégations qui vont venir, mais on s'attend à ce que les citoyens de la Colombie- Britannique s'impliquent. C'est ici que vont se vivre les Jeux. C'est un très bel exemple de décentralisation des pôles d'attraction. Cela ne se passe pas seulement dans la grande capitale. Le grand événement se passera ici à Vancouver. C'est extraordinaire pour tout le Canada.

La présidente : Mesdames, j'aimerais vous remercier très sincèrement. Vous avez bien livré votre message et vous l'avez vu d'après les questions que les honorables sénateurs vous ont posées. Vous allez nous tenir informés et envoyer l'information que nous avons demandée?

Mme Friolet : Oui, nous allons vous rappeler.

La présidente : Merci beaucoup et bon courage.

Nous recevons maintenant le directeur général de la Société de développement économique de la Colombie- Britannique, M. Donald Cyr.

J'aimerais que vous compreniez, honorables sénateurs, que lorsque le maire de Vancouver arrivera, il n'a que 30 minutes à nous consacrer, alors dès qu'il arrivera, nous procéderons avec monsieur le maire.

En attendant, monsieur Cyr, je vous remercie de votre disponibilité. La parole est à vous.

Donald Cyr, directeur général, Société de développement économique de la Colombie-Britannique : Merci beaucoup, madame la présidente, de me donner la possibilité de vous parler ce matin. Mme Rakotonaivo a dit à plusieurs occasions que la communauté voulait beaucoup s'impliquer. J'aimerais dire pourquoi on a besoin de votre collaboration et donner un exemple de ce qu'on peut faire avec quelques employés quand on soutient la communauté francophone. On le sait, les gouvernements, c'est vertical — on les appelle les silos —, mais les problèmes que l'on retrouve souvent dans une communauté ne sont pas verticaux, ils sont plutôt horizontaux. C'est pourquoi nous, les associations francophones, sommes dans la meilleure position pour régler ces problèmes parce que ce sont des problèmes horizontaux.

Cela nous permet d'avoir une approche horizontale adaptée au terrain et d'atteindre les masses critiques qui, souvent, peuvent être difficilement atteignables pour le gouvernement. La Société de développement économique de la Colombie-Britannique travaille avec le DEO, le ministère de la Diversification économique de l'Ouest, qui reconnaît cette approche-là et grâce à son appui, on peut prendre une approche un peu plus horizontale qu'une association normale. Cela nous permet de faire plusieurs choses que d'autres associations ne pourraient pas faire.

Je suis ici pour encourager ce genre de soutien pour la francophonie afin de pouvoir aller de l'avant. Notre mandat principal est relié à l'économie et sert à appuyer les entrepreneurs. Cependant, je ne vous parlerai pas de l'entreprise, on a plusieurs exemples de réussites. On crée des plans d'affaires pour les entreprises, on les aide à aller chercher du financement et à faire des études pour se prendre en main et quand on ne travaille pas, le fait français se perd.

Je vous parlerai de quelques projets. Par exemple, on s'implique souvent avec la province pour encourager l'investissement en Colombie-Britannique. Voilà un petit dossier qui dit pourquoi c'est important d'investir dans cette province et non pas seulement la visiter. On accompagne souvent les investisseurs de partout — du Québec ou de la France — pour les encourager à venir en Colombie-Britannique. On encourage aussi les gens pour l'immigration. On est à court de main-d'œuvre. On a écrit un bel article dans un cahier qui s'appelle Vivre à l'étranger, paru en France. Vous reconnaissez notre logo ici, pour encourager les gens à vivre et à travailler en Colombie-Britannique. On travaille souvent avec des associations francophones et on est spécialiste dans la planification. Il y a justement une association, à Comox, où il y a deux ans, il y avait 6 enfants à leur école, maintenant il y en a 176. On travaille aussi de très près avec nos homologues anglophones.

Je voudrais vous parler un peu plus des projets que l'on fait pour le tourisme. L'année dernière, on a publié 650 000 brochures au Québec et le tourisme a augmenté de 33 p. 100 en Colombie-Britannique. Cela montre une vitrine francophone en Colombie-Britannique. Cela aide les compagnies francophones en Colombie-Britannique et c'est important de pouvoir continuer à le faire.

On travaille de très près avec Industrie Canada pour donner un atelier à Montréal — on y va la semaine prochaine — aux chambres de commerce de Montréal, de Québec et de Trois-Rivières. Le CEO du COVAN sera à Montréal avec nous. On travaille de très près avec Industrie Canada pour monter des cahiers pour parler d'occasions olympiques. On travaille avec le COVAN, la province de Québec et toutes les autres provinces du Canada pour s'assurer qu'elles soient informées des occasions qui se passent aux olympiques.

On travaille de très près aussi avec la Commission canadienne du tourisme. Je travaille avec Gordon Goodman, qui est responsable de la stratégie 2010 pour les Jeux olympiques. Je faisais partie du comité de la candidature de Vancouver pour les Jeux olympiques. Cela n'a pas été facile de remporter Vancouver 2010. Il y avait des comités formés sur le plan économique pour s'assurer que les Jeux se tiennent à Vancouver et M. Goodman était la personne en charge de ces comités. C'est en partie grâce à lui si les Jeux auront lieu à Vancouver en 2010.

Présentement, on a une stratégie touristique pour encourager les francophones dans toutes les communautés du Canada à saisir les occasions qui s'offrent à eux. On travaille de très près avec le COVAN, avec les autres provinces et avec le Réseau de développement économique et d'employabilité, le RDÉE, pour s'assurer qu'on ait une présence à la grandeur du Canada. Grosso modo, c'est cela, mais ce ne sont que quelques petits projets.

Mon but aujourd'hui était de parler des projets réels liés au COVAN et au tourisme.

Le sénateur Tardif : Merci pour cette excellente présentation. Même si elle était courte, vous nous avez transmis votre enthousiasme et le succès de vos initiatives.

Vous avez parlé de votre relation avec la Commission canadienne du tourisme. Des gens ont dit qu'il n'y avait pas tellement de liens entre la Commission canadienne du tourisme et la Fédération des francophones de la Colombie- Britannique. Cependant, il semble qu'une relation s'est établie avec la Société de développement économique de la Colombie-Britannique. Pouvez-vous nous parler de cette relation? J'ai eu l'impression que le déménagement de la Commission canadienne du tourisme n'a pas eu d'impact positif sur la communauté francophone. Pouvez-vous nous indiquer si c'est le cas? Si c'est à venir, où en sommes-nous?

M. Cyr : À chaque fois qu'un siège social qui emploie plusieurs francophones déménage dans un centre tel que Vancouver, c'est un bénéfice pour la communauté francophone. Souvent, les francophones sont seulement connus pour les tartes au sucre. Je trouve que c'est beau d'avoir des francophones qui peuvent parler d'économie — c'est mon cas — et c'est également bien d'avoir des francophones qui peuvent parler avec les décideurs ou avec des personnes qui peuvent influencer les décisions. Le fait d'avoir des francophones à un niveau plus haut aide la communauté de langue française.

Je connaissais M. Goodman avant qu'il n'entre à la Commission canadienne du tourisme. C'est la raison pour laquelle j'ai été capable d'entrer en contact avec la commission. C'est aussi à cause de la relation que la Société de développement économique avait avec Tourism B.C. et Vancouver Tourism. La minute qu'ils sont arrivés ici, on s'est assuré de tout de suite les rencontrer pour leur parler de notre existence.

Deuxièmement, M. Campbell est allé à Paris il y a peu de temps et il voulait apporter de la publicité touristique en français. Il ne savait pas que cela existait. Deux jours avant qu'il ne parte, on lui a donné l'information en français qui provenait de la Société de développement économique pour s'assurer qu'il en apporte. Cela a poussé le processus un peu plus vite dans notre cas.

Le sénateur Tardif : C'est bon que vous soyez là. On a indiqué que 90 francophones auraient pu déménager lors du déplacement du siège social à Vancouver. Cependant, seulement neuf personnes sont venues et non pas 19. Est-ce qu'on a tenté de recruter des gens de la communauté francophone de la Colombie-Britannique pour augmenter le nombre de fonctionnaires qui parlent français? Est-ce que le français est utilisé comme langue de travail à la Commission canadienne du tourisme?

M. Cyr : Ils ont présentement jusqu'à 25 p. 100 des employés qui sont francophones. Je ne me rappelle pas avoir vu des annonces spécifiques dans nos réseaux. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu. À la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, des personnes étaient au courant des postes offerts à la Commission canadienne du tourisme. Encore là, je ne suis pas dans la meilleure position pour répondre à cette question parce qu'on est au courant de leurs activités à cause de notre implication dans le tourisme. Dans notre cas, on produit de 65 000 à 100 000 guides touristiques par année. On les distribue au Québec et en France. On est associé avec les quatre provinces de l'Ouest pour faire des guides en commun afin d'inciter les gens à visiter l'Ouest canadien. On se tient pas mal au courant de ce qui se passe sur le plan du tourisme.

Le sénateur Tardif : Lorsque vous vous rendez à la Commission canadienne du tourisme, est-ce qu'il y a des gens qui peuvent vous accueillir en français? Est-ce qu'il y a des brochures en français?

M. Cyr : Leur site Internet est dans les deux langues officielles. On parle surtout de ce que l'on peut faire ensemble pour encourager le tourisme de l'Europe à venir ici plutôt que de parler des employés. On parle de stratégies. Lorsque je parle avec M. Goodman, on parle de stratégie générale pour approcher la francophonie à la grandeur du Canada. Aussi, on parle souvent ce que l'on peut faire pour encourager les gens de l'Europe, que ce soit la France, la Suisse, la Belgique, la Hollande, à venir ici au Canada. On parle généralement de stratégies. Je communique directement avec les personnes parce que je les connais. Je les appelle. Je ne passe pas par la réceptionniste.

Le sénateur Tardif : Vous avez des liens privilégiés! Je comprends que vous cherchiez surtout à faire du marketing. Je suis aussi préoccupée par les gens parce que c'est une institution fédérale. Est-ce qu'on respecte la langue de travail des employés et des services au public et est-ce qu'il y a une possibilité de faire la promotion de la communauté francophone sur place?

M. Cyr : Cela ne fait qu'un an qu'ils sont là. Les personnes avec qui je travaille sont très sympathiques à la francophonie et je vois une culture très ouverte. Généralement, les gens du domaine du tourisme sont assez ouverts parce que sinon, ils auraient beaucoup de misère à s'impliquer.

Je ne suis pas au courant de l'aspect interne. Il y a eu beaucoup de changements à la Commission canadienne du tourisme. Seulement neuf employés sont venus à la commission, plusieurs personnes ont été embauchées, mais il y a un gros roulement présentement. Cependant, après un an, cela commence à se stabiliser. Il n'y a pas encore une culture à l'interne de ce que l'on fait, de qui fait quoi, mais c'est compréhensible; cela prend plus qu'un an pour établir une culture et des systèmes.

Le sénateur Comeau : M. Cyr et moi étions des collègues de classe à l'Université de Moncton dans les années 1970 pour le programme de MBA. Il y a un petit peu de républicain, de brayon dans son accent. Le programme de MBA, on travaille par équipe et Donald, Normand Dupuis de Frederiction et moi, faisions partie de la même équipe. C'est un très grand plaisir de se retrouver ici, Donald.

Je me suis impliqué un petit peu il y a quelques années dans le genre de travail que vous faites avec la Société de développement économique de la Colombie-Britannique. Je comprends que c'est très difficile d'être autofinancé. Vous faites beaucoup de travail pour la communauté et la province et c'est presque impossible d'avoir les fonds pour se soutenir. Cela étant dit, une de vos sources de financement, probablement, est la diversification de l'Ouest?

M. Cyr : Oui.

Le sénateur Comeau : Avez-vous de la difficulté à maintenir un fonds qui vous finance adéquatement?

M. Cyr : Avec le DEO, nous avons un fonds de soutien qui nous permet d'offrir le service en français pour les entreprises à la grandeur de la province. Nous travaillons très bien avec les gens du DEO. Ils vont toujours nous consulter avant établir un programme. Ensuite, on peut soumettre avec eux un plan qui n'est pas nécessairement obligé d'être détaillé ou ventilé, ce qui nous permet de modifier nos activités au fur et à mesure.

Le DEO nous permet de nous concentrer sur certains secteurs, pas nécessairement toujours les mêmes. Nous avons un fonds de garantie jusqu'à 2010, mais nous travaillons également avec Service Canada au niveau national dont on obtient des fonds. La moitié de mon personnel travaille à plein temps pour le service aux entreprises, pour le tourisme et pour l'investissement. Une partie de nos fonds pour le développement économique communautaire proviennent de Service Canada. Il y a de l'économie d'échelle ici.

Le sénateur Comeau : Vous étiez ami de M. Goodman, qui faisait partie de la Commission canadienne du tourisme et qui a été impliqué dans l'obtention des Jeux olympiques. Je présume que lorsque l'organisation des Jeux olympiques a débuté, tout de suite vous avez reçu un appel de M. Goodman et vous vous êtes impliqué directement?

M. Cyr : Je suis devenu ami avec lui lorsque j'ai fait partie du comité de candidature. J'ai été appelé pour deux raisons. La Fédération a fait beaucoup de travail pour s'assurer que la francophonie soit présente partout. Le domaine culturel était déjà présent dans le comité et DEO travaille très fort pour s'assurer que nous soyons impliqués dans plusieurs éléments. On travaille de très près avec tous les partenaires anglophones. Il y a des gens du « comité du futur » qui ont demandé à ce que je fasse partie de cela. Plusieurs personnes y travaillent. J'ai fait partie du comité qui était responsable d'emporter la troisième piste pour l'aéroport et c'était un projet de 350 millions de dollars. Ma réputation dans ce dossier et le genre de travail de recherche m'ont aidé à me faire accepter dans ces fonctions.

Le sénateur Comeau : Vous aviez déjà travaillé dans ce domaine?

M. Cyr : Oui.

[Traduction]

Le sénateur Jaffer : Merci beaucoup d'être venus ici aujourd'hui. Je suis très heureuse d'entendre que vous travaillez très activement afin d'encourager les francophones à venir travailler dans notre province.

Le défi pour nous c'est que lorsque des immigrants arrivent dans notre pays, nous leur offrons une formation en anglais pendant quelques années afin de les intégrer à notre province ou à notre pays. Cependant, il ne semble pas y avoir le même genre d'encouragements pour les francophones du Québec qui viennent s'installer ici. À ma connaissance, il n'existe aucun programme pour aider ces gens à devenir à l'aise en anglais ou du moins à avoir une connaissance de l'anglais qui leur permet de travailler, de trouver un emploi plus facilement. C'est la même chose pour les anglophones qui vont s'installer au Québec. Je pense que c'est un grand défi si nous voulons encourager les gens de la communauté francophone à venir travailler dans notre province.

Vous êtes-vous penché sur cette question? Quels sont à votre avis les défis à relever pour les gens qui veulent venir ici? Le principal défi, naturellement, est la langue. Que fait-on à cet égard?

M. Cyr : Vous avez tout à fait raison. Lorsque nous voyons les entrepreneurs, 60 p. 100 de nos clients sont du Québec. Les autres, soit 40 p. 100, sont de la France. Nous adoptons une approche pratique. Nous leur disons qu'à moins de faire des affaires en anglais, ils ne pourront survivre en Colombie-Britannique. C'est aussi simple que cela.

Michelle Rakotonaivo était responsable ici du dossier de l'immigration et elle pourrait vous en parler davantage. Dans notre cas, bon nombre de nos clients sont des immigrants. Nous sommes là en partie pour les aider. Bon nombre d'entre eux savent comment faire des affaires mais ne parlent pas très bien l'anglais, et ce sont des termes aussi simples que « cash flow » qu'ils ne connaissent pas.

[Français]

Ils vont dire « le trésorier ».

[Traduction]

Cependant, ils ne savent pas ce que signifie le terme « cash flow » et ils ont l'air un peu ridicule devant les banquiers qui disent : « Et bien, connaissez-vous quoi que ce soit dans le domaine des affaires? » C'est tout simplement qu'ils ne connaissent pas ce terme.

L'un de nos rôles consiste à les aider à bien se présenter afin qu'ils puissent se positionner sur le marché, à bien se présenter devant les banquiers. Nous offrons ce genre de services. Nous leur disons également : « Si vous voulez travailler ici ou si vous voulez avoir du succès en affaires, vous n'avez pas d'autre choix que de parler anglais. »

[Français]

Le sénateur Robichaud : Si vous voulez faire des affaires ici, vous devez d'abord commencer par comprendre et vous exprimer en anglais.

M. Cyr : C'est aussi mon opinion.

Le sénateur Robichaud : Combien de personnes travaillent dans votre boutique?

M. Cyr : Nous avons dix personnes à temps plein et de trois à cinq personnes à contrat. Pour un total de 13 à 15 personnes.

Le sénateur Robichaud : Est-ce que ces gens ont l'occasion de travailler en français dans votre boutique? Doivent-ils principalement s'exprimer en anglais à cause des clients avec qui ils font affaires?

M. Cyr : Chez nous, on parle en français 98 p. 100 du temps. Il arrive à l'occasion qu'on aide des anglophones, car on fait des échanges de clients entre les « business centers » et le « Committee futurs ».

Le sénateur Robichaud : Bravo! Vous n'avez donc pas eu de difficulté à recruter des gens pour travailler chez vous?

M. Cyr : Dans mon cas, je n'ai jamais eu ce problème, car j'ai le même personnel depuis quatre ans. Je n'ai pas eu à recruter personne. J'ai gardé tout le monde. Il n'y a eu aucun roulement.

Le sénateur Murray : Ma question a trait aux notes de breffage que nous a fournies notre service de recherche. On fait mention du Réseau canadien de développement économique et d'employabilité, dont vous êtes membre, je suppose. Qu'est-ce que ce réseau? Est-ce une agence gouvernementale?

M. Cyr : C'est une société de développement économique. Nous sommes une société à but non lucratif. Je me rapporte à un conseil d'administration, le Réseau de développement économique et d'employabilité, le RDÉE. C'est une société conjointe du gouvernement et du secteur privé. Ils ont des sous-comités juridiques comprenant huit personnes du gouvernement et huit personnes des autres provinces du Canada. Le but du RDÉE est d'encourager et de créer un espace économique pour la Francophonie, pour tous les francophones hors Québec.

Le sénateur Murray : Quel ministère du gouvernement fédéral le finance?

M. Cyr : C'est Service Canada.

Le sénateur Murray : Service Canada, c'est le ministère des Travaux publics et Services gouvernementaux.

M. Cyr : On voudrait encourager Industrie Canada à s'impliquer également. À travers Service Canada, on peut faire des projets qui visent davantage l'économie sociale. Avec Industrie Canada, ce serait des projets de nature plus économique. On aimerait donc que d'autres ministères s'impliquent. C'est comme lors de la création des conseils scolaires il y a plusieurs années. Ils étaient responsables du mandat de l'éducation et de la Francophonie hors Québec. On aimerait le même genre de rôle pour le RDÉE à travers le Canada.

La présidente : Lors de votre présentation, vous avez parlé de COVAN. Si je comprends bien, vous donnez des ateliers de formation à des bénévoles. Est-ce à la demande de COVAN? Avez-vous approché COVAN? Cela fait-il partie des services qui se développent pour les Jeux?

M. Cyr : Ce n'est pas COVAN. Ils font très attention de ne favoriser personne. C'est nous qui les avons approchés. Nous avons pris l'initiative et le secteur d'économie de l'Ouest nous a appuyés.

On a déjà des ateliers dans les quatre provinces de l'Ouest. En avril dernier, je me demandais s'il était possible d'aller plus loin avec les quatre provinces de l'Ouest. J'ai rencontré les Chambres de commerce de Montréal, de Québec et de plusieurs autres villes. On leur a demandé s'ils seraient intéressés à des occasions d'affaires en 2010. On voit là une occasion pour les gens du Québec de faire des affaires en Colombie-Britannique plutôt que d'aller en Californie. C'est un bel endroit. Ils ont démontré un grand intérêt. Ils nous ont dit avoir été souvent invités par les représentants de COVAN ou des ministères. Le fait que des francophones de la Colombie-Britannique viennent les voir chez eux, tout à coup ils y voyaient un intérêt.

Lorsque j'ai vu qu'ils étaient intéressés, j'ai approché DEO et Industrie Canada pour voir s'ils étaient prêts à nous financer. La province de Québec nous a proposé de nous financer afin d'offrir des ateliers au Québec. Présentement, les ateliers sont financés en partie par le Québec et Industrie Canada.

[Traduction]

Le sénateur Murray : Permettez-moi de mentionner que le sénateur Comeau et moi-même avons parlé ensemble. Nous sommes tous les deux d'accord pour dire que ce sera une bonne idée de convoquer le Réseau canadien de développement économique un de ces jours à Ottawa.

M. Cyr : Nous aimerions beaucoup cela.

Le sénateur Murray : Nous pourrions leur parler de ce qu'ils font.

[Français]

La présidente : C'est une très bonne suggestion.

M. Cyr : On y voit un potentiel présentement comme on le voyait pour les conseils scolaires. On se fait éduquer, mais là on ne se trouve plus de travail. On a investi 20 ans de notre vie et il serait important de travailler dans notre langue pour les 40 prochaines années. C'est, à notre avis, la responsabilité du réseau.

La présidente : Pouvez-vous répéter le nom du réseau s'il-vous-plaît?

M. Cyr : Le Réseau de développement économique et d'employabilité.

Le sénateur Murray : C'est inscrit dans les notes de breffage. C'est Service Canada.

Le sénateur Robichaud : Est-ce que d'autres provinces se sont montrées intéressées aux ateliers dans le but de faire des offres de service pour les Jeux de 2010?

M. Cyr : On attend de voir quel sera l'accueil reçu la semaine prochaine. Monsieur Charest attend de voir combien de personnes y seront présentes, s'il y a plus de 250 ou 300 personnes, il sera présent.

Le sénateur Robichaud : Tous les politiciens font cela.

M. Cyr : Notre réseau a déjà commencé les étapes pour les autres provinces, mais on attend de voir quel succès Québec connaîtra pour voir quel genre de publicité ils recevront afin de déterminer si cela en vaut la peine.

Le sénateur Robichaud : On essayera de mettre la puce à l'oreille aux gens du Nouveau-Brunswick, du moins dans mon cas.

M. Cyr : J'aimerais beaucoup parce que je suis originaire du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Robichaud : J'ai cru détecter un accent brayon.

M. Cyr : Oui, je suis originaire d'Edmunston.

La présidente : Monsieur Cyr, je vous remercie de votre témoignage.

[Traduction]

Nous avons maintenant l'honneur d'accueillir le maire de Vancouver, M. Sam Sullivan.

Bienvenue, monsieur le maire. Malheureusement, le maire de Whistler ne peut être avec nous aujourd'hui. Nous savons que vous avez un horaire très chargé, alors sans plus tarder, je vais vous demander de nous présenter votre exposé.

[Français]

Sam Sullivan, maire de Vancouver, à titre personnel : Madame la présidente, je vous remercie et bienvenue dans la ville de Vancouver. Je préfère m'adresser à vous en français même si j'ai quelques difficultés. J'espère que vous me pardonnerez.

Vancouver est une ville multiculturelle. La plupart de nos citoyens parlent une langue autre que l'anglais. Nos communautés multiculturelles sont très fières de notre pays et de nos politiques de langues officielles et de bilinguisme. Beaucoup de nos fonctionnaires de Vancouver parlent français. Nous allons encourager les fonctionnaires à devenir bénévoles pour les Jeux olympiques et paralympiques.

Nous sommes très fiers que les Jeux olympiques et paralympiques soient bilingues. Nous allons travailler très fort pour fournir des services en français. Nous avons offert aux fonctionnaires de suivre des cours de français.

Rien n'est définitif pour l'instant, mais mon objectif est d'avoir un système téléphonique 311 lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2010. Ce système fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et on peut utiliser plusieurs langues, dont le français. Une décision sera prise dans quelques semaines. Dans l'affirmative, lors de leur arrivée à Vancouver, les francophones pourront utiliser ce service pour obtenir les services et les informations en français. Nous avons un site Web à Vancouver et nous allons développer de l'information en français pour ce système.

Les communautés francophones de Vancouver sont très actives et participent beaucoup aux services de la ville. Nous aurons une réunion bientôt. J'ai invité quelques-unes de ces communautés à participer à une réunion dans le but de promouvoir la langue française dans notre ville.

La situation actuelle à Vancouver me préoccupe beaucoup. Nous devons promouvoir davantage la langue française à Vancouver. Il est très difficile d'attirer les compagnies à installer leur siège social à Vancouver. Nous n'avons pas assez de citoyens francophones. Il est donc très important pour nous, pour notre économie, de promouvoir la langue française à Vancouver.

Le sénateur Jaffer : Nous sommes très heureux de vous recevoir ici aujourd'hui. Je me trouve biaisée puisque vous êtes le maire de ma ville.

[Traduction]

Monsieur le maire, nous parlons des Jeux olympiques et de ce que nous faisons en prévision de ces jeux. Nous tous ici étions très fiers que vous nous ayez représentés à Turin. C'était un moment de fierté qui reflétait notre système de valeur.

Cependant, c'était un moment qui était aussi très triste. Nous étions fiers, mais la cérémonie de clôture ne reflétait pas nos deux langues officielles comme elle aurait dû le faire. Aujourd'hui, nous voulons entreprendre un dialogue avec vous et j'espère que nous pourrons avoir de nombreux autres entretiens officiels et même plus informels.

Notre pays a deux langues officielles et si les visiteurs partent d'ici après les Jeux olympiques avec l'impression que nous n'encourageons pas les deux langues, ce sera très mauvais pour nous. Par conséquent, vous et moi, qui sommes tous deux de la Colombie-Britannique, avons davantage de travail à faire que mes collègues afin de nous assurer de ne pas décevoir les gens.

Nous aimerions que vous jouiez un rôle très actif à certains égards. Entre autres, comme nous l'avons entendu ce matin, vous devriez peut-être nommer quelqu'un pour travailler avec la fédération. Nous avons déjà une bonne idée de ce dont nous avons besoin, et j'aimerais que vous nous disiez comment, à votre avis, nous et la fédération pouvons travailler avec vous afin que nous soyons vraiment perçus comme un pays bilingue.

[Français]

M. Sullivan : J'ai déjà mentionné que nos communautés multiculturelles soutenaient la politique de bilinguisme de notre pays. Il est très important pour eux d'avoir leur langue au Canada. Les citoyens appuient ces efforts de promotion de la langue française.

J'ai parlé avec M. John Ralston Saul et il a décidé de nous aider à développer un plan d'action pour la langue française. J'ai demandé à quelques-uns ici présents de participer à une réunion pour ce projet. Je veux bien faire ce que vous avez dit.

[Traduction]

Le sénateur Jaffer : Je sais que vous avez peu de temps aujourd'hui, monsieur le maire, alors je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de lire le rapport de Lise Bissonnette. Nous pouvons nous assurer que vous obtiendrez un exemplaire de ce rapport dans lequel elle explique les lacunes en ce qui a trait à la langue lors des cérémonies de Turin.

Par ailleurs, il serait très important de pouvoir vous assurer qu'au sein des comités qui existent, particulièrement à l'hôtel de ville, il y ait un nombre suffisant de francophones qui participent à ces comités afin que la langue soit toujours au premier rang pour tous.

[Français]

M. Sullivan : Nous avons maintenant cinq langues à Vancouver. Nous avons des traductions pour toutes ces langues, mais la traduction de la langue française n'en fait pas partie, et j'en suis embarrassé. Les Jeux olympiques et paralympiques vont nous aider à corriger cette situation.

Nous avons pour objectif de répondre à vos demandes et si nous pouvons avoir plus de francophones dans chaque comité cela nous aiderait.

[Traduction]

Le sénateur Jaffer : Enfin, je veux que mes collègues ici sachent que le maire est très engagé à l'égard des langues. Il parle même le panjabi. Je l'ai entendu dire cela, alors il est engagé.

Monsieur le maire, comme vous êtes engagé en ce qui concerne les langues, nous comptons sur vous pour vous assurer que le français est tout à fait en première ligne. Ce qui me dérange souvent, c'est que les gens disent : « Oui, mais Vancouver est une ville bilingue. Nous parlons le cantonais, nous parlons le panjabi. » Nos langues officielles sont cependant le français et l'anglais, et c'est à nous de nous assurer que les gens ne l'oublient pas.

[Français]

Le sénateur Comeau : Je vous remercie d'avoir pu prendre de votre précieux temps pour nous rencontrer.

Il est vrai qu'il y a beaucoup d'autres langues que le français en Colombie-Britannique. Toutefois, il est très important que l'on sache qu'il y a des francophones en Colombie-Britannique et que la dualité linguistique est un de nos grands atouts. Nous entendons souvent dire, et vous allez souvent l'entendre dans les médias, les journaux, qu'il y a un Canada anglais et le Québec.

Une des institutions qui mentionne ceci le plus souvent c'est Radio-Canada, le réseau de télévision nationale qui est censé rejoindre tous les Canadiens d'un bout à l'autre du Canada. Ils réfèrent souvent au Canada anglais et au Québec. Ceci est absolument frustrant pour des Canadiens français, qu'ils soient Acadiens ou Franco-colombiens, d'entendre ce commentaire. Je crois que ce commentaire est issu des souverainistes qui essaient de donner l'impression qu'il n'y a que des francophones au Québec et que le reste du Canada est anglophone.

Mais par contre, lorsqu'on sait qu'il y a au-delà de 270 000 Franco-colombiens, c'est un nombre assez considérable.

La Colombie-Britannique n'a pas encore de législation pour protéger ou pour faire avancer la cause des francophones en Colombie-Britannique. Je sais qu'il y a une entente signée avec le gouvernement fédéral, mais il n'y a pas encore de législation en Colombie-Britannique. Est-ce qu'en tant que maire, vous aimeriez avoir ce genre de législation?

M. Sullivan : D'abord, je veux répondre aux autres questions. Chaque jour, je regarde la chaîne CBC à la télévision, et cela m'aide beaucoup à comprendre le français. C'est à cette chaîne que j'écoute les actualités. Je suis très heureux que nous ayons un tel programme à Vancouver. Nous avons aussi beaucoup de parents, de citoyens qui veulent que leurs enfants aillent suivre les cours d'immersion en français. C'est très populaire à Vancouver. J'aimerais que nous ayons une entente pour promouvoir le français. Les Jeux olympiques et paralympiques de 2010 nous en offrent l'opportunité. Je sais bien que beaucoup de personnes résistent parce qu'ils ont peur des coûts. Mais j'espère que nous aurons cette entente en Colombie-Britannique.

Le sénateur Comeau : Si je comprends bien, dans tout le Canada, c'est en Colombie-Britannique que le niveau d'intérêt pour les programmes d'immersion est le plus élevé?

M. Sullivan : Oui.

Le sénateur Comeau : C'est certainement une indication du niveau d'appui qu'il y a de la part de la population. Je peux même vous dire qu'en Nouvelle-Écosse, il y a quelques années, on n'aurait jamais pensé que les anglophones auraient appuyé les programmes d'immersion et en ce moment, en Nouvelle-Écosse, il y a une demande beaucoup plus élevée que l'offre de programmes d'immersion.

Je pense que le niveau d'intérêt de la part de la population anglophone partout au Canada est en hausse et c'est le temps de prendre avantage de cet intérêt, pas seulement de la part des anglophones, mais des gens qui ne sont pas de souche anglophone. Il y a définitivement un intérêt.

M. Sullivan : Les adultes savent bien qu'il est très important pour leurs enfants de comprendre une autre langue et de devenir un meilleur Canadien.

Le sénateur Comeau : Bilingue et trilingue.

M. Sullivan : C'est bon pour la survie.

Le sénateur Tardif : Bonjour, monsieur le maire. Nous sommes très heureux de votre présence ici aujourd'hui. Je tiens à vous remercier de votre appui à la dualité linguistique de notre pays. J'ai été bien heureuse de vous entendre dire que vous vouliez faire la promotion de la langue française à Vancouver et que vous étiez intéressé à encourager davantage de sièges sociaux à déménager à Vancouver.

Par contre, j'ai été surprise de vous entendre dire que vous avez de la difficulté à trouver des employés qui pouvaient travailler en français à Vancouver. J'ai entendu aussi la Fédération franco-colombienne indiquer qu'il y avait beaucoup de personnes qui étaient prêtes à travailler en français. On a mentionné le nombre de 270 000 personnes parlant français. Avec les étudiants provenant des écoles francophones ainsi que des programmes d'immersion, cela fait tout un bassin de personnes pouvant utiliser la langue. Souvent, on oublie de faire appel à ces gens et on cherche ailleurs que dans nos communautés. On devrait faire davantage la promotion sur place des possibilités d'emplois bilingues. On ne valorise pas suffisamment le bilinguisme dans les marchés économiques et le potentiel de trouver des emplois.

Je trouve que l'événement des Jeux olympiques nous donne une belle occasion de faire appel à ce bassin de personnes capables d'utiliser la langue. J'aimerais connaître vos réactions à ce commentaire.

Est-ce que vous avez eu également l'occasion de parler avec les gens de Calgary qui, en 1988 — je ne sais pas s'il y a des gens présents qui ont été impliqués —, ont eu la chance d'organiser les Jeux olympiques à Calgary. Je sais qu'à Calgary, au niveau des langues officielles, il y avait eu un certain succès, cela avait été bien vu et les gens disaient souvent que Calgary avait réussi de belles choses au niveau des langues officielles. Il y a eu une image positive et des retombées positives pour le français en Alberta suite à ces Jeux olympiques.

M. Sullivan : J'ai rencontré M. Bronconnier, le maire, mais je n'ai pas parlé avec lui en ce qui concerne la promotion de la langue française. Mais c'est une bonne idée et la prochaine fois que nous allons discuter, je vais lui demander quelles ont été les retombées de ce projet.

Dans le passé, lorsque j'ai parlé avec les commerçants au sujet des sièges sociaux, ils m'ont dit qu'il était difficile de trouver les employés. J'espère que nous pourrons trouver de plus en plus facilement des gens qui pourront travailler à ces nouveaux postes. Je pense que la situation change peu à peu.

Le sénateur Tardif : Est-ce que vous avez des liens en ce sens avec la Commission canadienne du tourisme qui vient de déménager à Vancouver?

M. Sullivan : Oui, oui. Je leur ai posé la question et ils m'ont dit que cela devient de plus en plus facile de recruter des employés, même s'il reste quelques difficultés. Mais ils m'ont dit que la situation s'améliorait.

Le sénateur Losier-Cool : Merci monsieur le maire d'être avec nous aujourd'hui. J'apprécie le fait que vous voulez faire de la promotion francophone pour la ville de Vancouver. Je ne doute aucunement que vous réussirez à le faire. Je crois que l'événement des Jeux olympiques de 2010 sera une très belle opportunité, comme le sénateur Jaffer et Mme Lise Bissonnette l'ont déjà mentionné.

Vous avez certainement lu que c'était le réseau CTV qui avait reçu le contrat de télédiffusion des Jeux olympiques de 2010. Ce n'est ni CBC ni Radio-Canada.

La semaine dernière, CTV ont annoncé que les postes de câblodistribution, dont RDS et d'autres postes, pourront diffuser en français. M. Graham Fraser, le commissaire aux langues officielles, nous avait dit au comité que CTV était plutôt anglophone et les gens qui n'avaient pas le câble auraient des difficultés puisqu'ils n'auraient pas de postes francophones.

Je crois qu'il serait bien vu, dans votre programme de promotion, de dire que oui, CTV va l'offrir. Mais ce n'est pas tout de l'offrir : il faut que ce soit disponible aussi. Je prends un exemple : ici-même à l'hôtel — et il y aura des milliers de personnes dans plusieurs autres hôtels de Vancouver —, il y a une liste de postes francophones mais seulement un que l'on peut capter. On n'a pas RDI.

Ce sont de petits détails qui vont servir à faire la promotion du français et aideront vos relations avec les commanditaires, les hôtels, où l'on offre les services, afin de s'assurer que ces postes soient disponibles.

C'est simplement pour vous encourager fortement dans vos démarches avec les hôtels, les commerces, afin qu'ils puissent offrir les services en français et présenter cette image.

M. Sullivan : Dans cet hôtel?

[Traduction]

Le sénateur Losier-Cool : Où sera le public, où seront les athlètes? C'est très bien que CTV dise : « Oui, ce sera disponible sur le câble », mais si les lieux publics, comme un hôtel, n'offrent pas ces chaînes, nous devons également prendre des arrangements avec eux. Je parle surtout des hôtels, car c'est là où se trouveront les athlètes, leurs familles et leurs supporters.

Je ne sais pas si j'ai été claire, mais parfois c'est une question de détail.

[Français]

M. Sullivan : Vous avez dit que l'événement des Jeux olympiques et paralympiques de 2010 à Vancouver est une belle opportunité d'éveiller la conscience de nos citoyens. On doit fournir les services en français. Il est possible que nous puissions développer une liste de tous les hôtels afin qu'ils offrent des programmes en français. Tous les postes et tous les endroits doivent offrir des programmes et des services en français. Lors de notre prochaine réunion, on pourra développer une telle liste.

[Traduction]

Le sénateur Losier-Cool : Un petit détail, mais un détail qui est très important et qui touchera de nombreux gens.

[Français]

M. Sullivan : Grâce au système 311 et les autres services offerts dans les hôtels et les endroits touristiques, on peut vivre très facilement en français à Vancouver. Je préfère cette situation.

Le sénateur Murray : Juste avant notre séance, j'ai conseillé au maire de porter ce truc parce qu'il y aurait des questions probablement en français. Sa réponse était :

[Traduction]

« Je vais faire semblant de parler français de toute façon. » Il a fait beaucoup mieux que cela et je l'en félicite et je l'en remercie. Tout le monde ici autour de la table, à un moment donné de sa vie, a dû apprendre une deuxième langue, et pour ma part, et c'est sans doute le cas également du sénateur Jaffer, c'était le français, et pour d'autres membres du comité, c'était l'anglais. Nous avons donc une bonne idée de ce que cela représente, et c'est merveilleux. Nous remercions beaucoup le témoin qui a eu la courtoisie de venir ici témoigner dans nos deux langues officielles.

[Français]

J'ai besoin d'une petite précision. Le sénateur Jaffer a mentionné le rapport du Grand Témoin, Mme Lise Bissonnette. Mme Bissonnette a bien identifié des failles, de graves problèmes sur le plan linguistique à Turin, où le français a occupé une place inférieure à l'anglais et à l'italien, la langue du pays hôte. Mais il faut préciser que Mme Bissonnette a également donné une très bonne note au COVAN. Jusqu'à maintenant, elle dit que tout va bien sur le plan linguistique et dans les activités du COVAN et surtout dans ses communications. Tout cela se fait dans un respect intégral des langues officielles, du bilinguisme. Il faut que nous fassions bien mieux que les gens de Turin, étant donné que les langues officielles, des Jeux olympiques et du Canada, sont le français et l'anglais.

Monsieur le maire, j'aimerais savoir si vous avez l'intention, aux Jeux olympiques, d'offrir des services non seulement en anglais et en français, mais en d'autres langues. Est-ce que d'autres langues seront employées aux Jeux olympiques de 2010? Et le cas échéant, lesquelles?

M. Sullivan : Le programme n'est pas encore créé, mais nous avons un fonds pour les projets spéciaux pour les Jeux olympiques et paralympiques. J'aimerais que l'un de ces projets soit d'offrir des services dans les langues pour les athlètes et les touristes. Nous avons beaucoup de citoyens qui parlent d'autres langues et nous avons beaucoup de ressources à Vancouver. Nous allons encourager les citoyens à participer comme bénévoles ou à travailler pour les Jeux olympiques. Je pense que nous serons prêts à accueillir les gens de partout au monde.

Je dois dire que grâce à CBC et RDI ainsi que les autres postes à Vancouver, je peux regarder plusieurs émissions en français. À chaque samedi, je regarde les dessins animés, avec mon dictionnaire, et cela m'aide beaucoup.

Le sénateur Murray : C'est une façon d'apprendre non seulement une langue mais aussi une culture.

Le sénateur Robichaud : Monsieur le maire, vous écoutez certainement Cornemuse à l'occasion, émission que j'ai eu l'occasion d'écouter avec mes petits-enfants. Je trouve que c'est assez intéressant.

Il est réconfortant de vous entendre nous assurer que le fait français ne sera pas seulement respecté parce que c'est une obligation, mais que vous y voyez beaucoup plus parce que c'est vraiment un atout pour la ville et pour les citoyens de Vancouver d'apprendre cette langue. Un témoin qui vous a précédé disait sur le fait français que si plus de gens apprenaient le français, cela pourrait occasionner des déménagements de compagnies et de personnes qui peuvent contribuer à l'économie de la ville.

Cela me réconforte parce que je croyais qu'à un moment donné, on aurait essayé de convaincre beaucoup de gens que c'était bon et qu'il fallait le faire. Jusqu'à maintenant, on n'a pas eu à le faire. Vous êtes en train de nous convaincre que cela va se faire. Je vous encourage parce qu'à titre de maire d'une ville comme Vancouver, vous avez un rôle de leadership à jouer dans ce domaine et je vois que vous le faites bien. Je suis vraiment encouragé et je vous encourage à continuer et à ne pas lâcher.

M. Sullivan : C'est très gentil ce que vous dites. Nous devons travailler fort pour améliorer la situation qui n'est pas parfaite, à Vancouver. Nous avons encore beaucoup de choses à faire à Vancouver, beaucoup de travail afin de promouvoir la langue française. Mais je suis très engagé dans ce processus. C'est un atout pour nous, vous avez raison. Nous devons exprimer les possibilités et les opportunités. C'est bon pour l'économie et pour la culture; c'est bon pour le Canada. Nous avons les Jeux olympiques et paralympiques, les Jeux canadiens. C'est absolument important pour nous d'avoir les Jeux dans les deux langues officielles du Canada.

La présidente : Honorables sénateurs, en votre nom et en mon nom personnel j'aimerais remercier très sincèrement monsieur le maire Sullivan d'avoir pris le temps de nous rencontrer aujourd'hui. Il ne fait aucun doute que ce que vous nous avez dit nous a beaucoup encouragés.

[Traduction]

Nous comprenons par ailleurs pourquoi le sénateur Jaffer est aussi fière de vous en tant que maire de la ville de Vancouver.

[Français]

Merci beaucoup, monsieur le maire.

M. Sullivan : Plus les personnes sont loin de Vancouver, plus elles m'aiment.

Le sénateur Losier-Cool : Un de nos collègues au Sénat a été maire de Vancouver. Peut-être aurons-nous un jour la chance et le bonheur de vous avoir avec nous au Sénat du Canada.

La présidente : Notre dernier témoin cet avant-midi représente la Chambre de commerce franco-colombienne. Il s'agit de son président, M. Pierre Senay.

M. Senay, la parole est à vous. Si je comprends bien, vous avez une présentation d'environ une dizaine de minutes et elle sera suivie d'une période de questions par les sénateurs.

Pierre Senay, président, Chambre de commerce Franco-Colombienne : Merci, madame la présidente de m'avoir invité, en tant que président de la Chambre de commerce Franco-Colombienne, pour traiter des questions à l'ordre du jour. Vous m'avez invité de Vancouver.

La Chambre de commerce Franco-Colombienne a été fondée en 1983. C'est un organisme à but non lucratif dont le mandat est de développer et d'améliorer les rapports commerciaux entre gens d'affaires d'expression française en Colombie-Britannique. Cependant, ma présentation met également à profit mon expérience de fonctionnaire fédéral ayant occupé des postes bilingues au Québec, dans la région de la capitale nationale et à Vancouver, et également en tant que citoyen impliqué dans la communauté francophone de Colombie-Britannique.

En ce qui concerne le premier point à l'ordre du jour, ma présentation ne traitera pas spécifiquement des cas de la Commission canadienne du tourisme et d'Anciens combattants Canada. Je laisse à d'autres qui sont mieux informés que moi le soin de faire le point sur ces situations particulières.

Je me concentrerai sur le principe d'établissement des bureaux centraux hors de la région de la capitale nationale et de l'impact potentiel de ces mesures sur le développement des communautés minoritaires de langue officielle et la promotion de la dualité linguistique. Je commencerai par citer l'appui de la Chambre de commerce Franco- Colombienne de Vancouver à la venue de toute institution susceptible d'ajouter à l'activité économique dans la région et d'augmenter le nombre de personnes travaillant en français.

Ceci étant dit, nous réalisons que l'impact économique d'une telle mesure est tributaire des tailles respectives de l'organisme, de la région et de la communauté de langue officielle minoritaire d'accueil.

En ce qui concerne le principe d'application pour la langue de travail adopté par le gouvernement fédéral en juin 2005, est-il suffisant pour protéger les droits linguistiques des employés lors de futurs déménagements de bureaux principaux, d'institutions fédérales d'une région bilingue à une région unilingue? Je prétends que non et j'explique mon propos.

La Loi sur les langues officielles découle entre autres de l'objectif pour le gouvernement fédéral de favoriser l'épanouissement des minorités francophones et anglophones, d'appuyer leur développement et de promouvoir la pleine reconnaissance et l'usage du français et de l'anglais dans la société canadienne. Ces objectifs doivent être considérés par l'appareil gouvernemental tant du point de vue du gouvernement que du point de vue de l'impact sur la décision des employés de suivre ou non leurs emplois.

Je crois qu'examiner le strict cadre de la loi en matière des droits des employés, serait de manquer aux obligations réelles envers les minorités de langue officielle et que des mesures supplémentaires devraient être adoptées afin de rencontrer les attentes énoncées dans le préambule de la loi. Il faut se rappeler que les employés qui transfèrent font partie de la communauté.

En principe, les institutions centrales du gouvernement fédéral établies dans tout endroit devraient être assujetties aux mêmes obligations que si elles étaient situées dans la région de la capitale nationale. Il serait souhaitable que l'administrateur principal de l'institution soit lui-même champion des Langues officielles à l'intérieur de l'organisme, ce qui faciliterait la reconnaissance par leurs confrères de la valeur ajoutée apportée par les emplois bilingues et favoriserait le plein exercice de leurs droits en la matière.

Je propose également que le nombre et le pourcentage de postes bilingues dans un organisme déménagé en région devrait être maintenu, augmenté ou à tout le moins assujetti à un plancher afin de favoriser la notion de dualité linguistique à l'intérieur de l'institution et de continuer d'offrir aux employés œuvrant dans les deux langues officielles la possibilité de travailler dans la langue de leur choix.

Au niveau institutionnel, l'évaluation de la performance en matière de langues officielles devrait être faite de manière soutenue afin de permettre à ses dirigeants de bénéficier de l'avis d'évaluateurs indépendants quant à l'atteinte de ces objectifs importants pour la réalité canadienne, malgré l'isolement relatif. On peut voir les évaluations en ligne faites par le Bureau du commissaire aux langues officielles.

Enfin la disponibilité d'outils de travail en français est toujours d'actualité. Les capacités actuelles de stockage et de traitement des ordinateurs devraient permettre d'offrir l'amorçage sélectif en français ou en anglais permettant ainsi d'adapter les ordinateurs disponibles aux préférences des employés plutôt que de limiter la disponibilité des services. Je crois que l'adoption de telles mesures favoriserait la protection des droits linguistiques des employés lors de futurs déménagements de bureaux principaux et aiderait à les protéger également dans les milieux qui sont complètement bilingues pour certains.

En ce qui concerne le choix des employés de suivre l'institution qui les emploie lors d'un déménagement, ce choix est tributaire de divers facteurs.

L'employé dans un poste bilingue a déjà franchi la première de deux étapes menant à l'assimilation. En effet, la première étape consiste en l'apprentissage d'une deuxième langue alors que l'autre mène à l'abandon de la langue d'origine. En ce sens, il rejoint la presque totalité des membres de communautés de langue officielle minoritaire. Et là, j'apporte le sujet de l'assimilation qui est vraiment important ici. Les employés bilingues se retrouvent face au choix, linguistiquement parlant, de conserver ou de renoncer à leur langue. Parlant du renoncement à la langue, il est rare que ce phénomène se produise au cours de la vie d'une personne, car seule une minorité de gens en arrive à oublier une langue qu'ils maîtrisaient parfaitement jadis. Il est donc préférable de percevoir l'assimilation linguistique comme un processus se déroulant sur au moins deux générations.

Je postule que l'observation ou l'impression ressentie du pouvoir d'assimilation auquel est confrontée la communauté de langue officielle minoritaire d'accueil est un facteur important dans la décision d'un employé de suivre son emploi et d'envisager de s'intégrer à cette communauté.

La confiance dans la possibilité de la communauté de faire respecter ses droits est un autre facteur important dans la prise de décision. La volonté du législateur ne suffit pas toujours à garantir le respect des droits. L'appareil judiciaire a été mis en place pour veiller à résoudre les différends conformément à la loi, y compris ceux qui portent sur le mode d'exercice des pouvoirs exécutifs et législatifs. C'est précisément ce qui est arrivé en Colombie-Britannique lorsqu'est venu le temps pour les parents francophones de réclamer le droit de gestion et de contrôle à l'égard des établissements d'enseignement dans leur langue. Or, le programme de contestation judiciaire vient d'être aboli, ce qui affectera la capacité des communautés de faire valoir leurs droits et, par ricochet, la confiance d'un employé dans son habileté en milieu minoritaire à transmettre sa langue et sa culture à la génération suivante, à combattre l'assimilation ou la dérive linguistique.

Un autre facteur important pour les employés ayant ou contemplant d'avoir des enfants est la disponibilité de services à la petite enfance et d'éducation. Le soutien au développement de ces services est important dans l'établissement de la confiance des employés ayant ou envisageant d'avoir des enfants, dans la capacité d'accueil des communautés minoritaires.

Il est à remarquer que le sentiment de minorité n'est pas vécu de la même manière dans toutes les communautés du pays. En Colombie-Britannique, la communauté francophone est répartie sur tout le territoire, la rendant pratiquement invisible tant aux autres qu'aux membres de la communauté qui ne se connaissent pas, ce qui est le cas pour les nouveaux arrivants. Il y a pourtant des points de services du gouvernement fédéral desservant dans les deux langues officielles. De tels bureaux devraient être des points de rencontre et de constatation de la présence de commettants de la langue minoritaire. Cependant, les diverses institutions fédérales ont désigné des bureaux différents pour offrir ces services. Résultat : au lieu de regrouper les membres de la communauté minoritaire dans un lieu qui leur appartiendrait, l'utilisation des services dans la langue de la minorité les disperse, renforce le sentiment de minorité et ne favorise pas le développement de services connexes en français.

Ce sont là quelques exemples de l'état de la communauté à laquelle les nouveaux employés ont à s'intégrer et les pistes pour la prise de mesures supplémentaires qui favoriseraient l'atteinte des objectifs du gouvernement. Pour les employés eux-mêmes, nous notons que les gens adoptent des comportements valorisés ou qui n'attirent pas de conséquence négative. La conséquence insidieuse à long terme d'un tel choix dans le domaine de la langue de travail est une dérive linguistique, ce qui affectera leurs décisions de conserver leur emploi lors d'un déménagement ou de demeurer dans la région où ils sont.

Il s'ensuit que l'impact du déménagement d'une institution fédérale en milieu minoritaire ne saurait être évalué à court terme ou uniquement en fonction des dispositions de la Loi sur les langues officielles concernant l'employé lui- même. Il devrait prendre en compte les facteurs d'assimilation de la communauté d'accueil sur au moins deux générations.

Il est donc primordial pour l'atteinte des objectifs du gouvernement de contribuer à l'établissement d'un climat propice au développement de la dualité linguistique en milieu minoritaire.

Je rappelle que nous ne sommes pas contre l'établissement de poste bilingue d'institution central dans notre région, l'emploi nécessitant l'utilisation de la langue de la minorité contribuera à l'emploi dans la communauté et à l'apport de nouveaux arrivants pour la renforcer.

Cependant, je me dois de souligner l'importance des taux d'assimilation linguistique dans les milieux minoritaires et qu'il ne suffit pas d'envoyer des renforts et de considérer la situation au présent. L'avenir passe par la correction des facteurs d'influence à long terme et par la ténacité dans l'application des correctifs. Les résultats ne se concrétiseront et ne pourront être évalués qu'au fil des générations.

Passons à la seconde question à l'ordre du jour, la prise en compte des langues officielles dans les Jeux olympiques de 2010. La Chambre de commerce franco-colombienne de Vancouver appuie le projet de tenue des Jeux olympiques de 2010 dans la région du grand Vancouver et de Whisler. Les opportunités d'intérêt pour les membres de la communauté d'affaire franco-colombienne se situent présentement en sous-traitance pour les grands entrepreneurs qui réalisent les travaux d'infrastructure. Elles seront plus nombreuses dans les phases d'approvisionnement en biens et services au moment des Jeux. Nous apprécions les efforts faits et les intentions annoncées par les divers intervenants de prendre en compte, jusqu'à un certain point, la dualité linguistique canadienne dans le processus d'approvisionnement, même si nous souhaiterions voir un processus totalement bilingue.

De même, nous espérons que les membres de la communauté francophone d'ici auront l'occasion de mettre en valeur leur capacité linguistique dans l'organisation des Jeux par le biais de l'emploi direct et indirect, de préférence au recours à des personnes de l'extérieur.

Au nom du conseil d'administration de la société Maison de la francophonie de Vancouver, que je préside également, je tiens à citer notre appui à la tenue des Jeux et exprime le souhait que la Maison de la francophonie de Vancouver puisse contribuer activement à la visibilité de la dualité linguistique canadienne et de la communauté francophone d'ici à l'occasion des Jeux.

Le rôle central que joue la Maison comme lieu de synergie abritant une masse critique de francophones travaillant en français à Vancouver favorise le développement et l'intégration de la communauté francophone. Sa situation géographique, les grands axes routiers du secteur et la disponibilité du transport en commun contribuent à faire de la Maison une vitrine privilégiée de la présence francophone dans la ville de Vancouver. À cet effet, des activités spéciales auront lieu pour mettre en lumière les capacités et la vitalité de la communauté francophone d'ici et du Canada, et la Maison souhaite soutenir ses activités dans la limite de ses installations.

Nous espérons que la maison puisse servir de lieu de rassemblement et d'identification pour les francophones pendant les Jeux et continuer par après à servir non seulement les francophones d'ici, mais les francophones de partout qui auront connu Vancouver par le biais des Jeux.

En ce qui concerne les moyens de garantir la prise en compte des langues officielles dans l'organisation des Jeux olympiques de 2010, je me permettrai de dire que la dualité linguistique ne sera garantie que par l'appui des dirigeants à tous les niveaux. On en a déjà des preuves d'intention et d'implantation jusqu'à maintenant.

En ce qui concerne la documentation et la signalisation, les risques de dérapage n'apparaîtront que dans la réalité du quotidien, surtout face à des échéanciers et des budgets serrés. Avez-vous déjà voyagé en bateau à coque? Ce n'est là qu'un exemple réel de signalisation relevée dans la région de Vancouver et auquel le désabusement des francophones a longtemps permis de survivre. En passant, la version anglaise des bateaux à coque, c'est « floatplanes ».

Les ressources humaines et techniques pour assurer que la documentation et la signalisation soient impeccables dans les deux langues officielles sont disponibles au pays et j'oserais même dire, sont disponibles ici en Colombie- Britannique. Pour y arriver, il faudrait identifier et adopter des pratiques exemplaires du domaine, reconnaître l'importance de la tâche et surtout ne pas laisser aller les échéanciers et les ressources financières nécessaires pour rencontrer d'autres priorités.

En ce qui concerne l'accueil et les services, les défis sont grands. La Colombie-Britannique fait preuve d'ouverture en ce qui concerne les relations avec la communauté francophone et l'offre de services dans plusieurs langues d'origine de ses citoyens, et c'est très bien.

Le nombre de « parlant français » en Colombie-Britannique dépasse le quart de million d'individus et la province bénéficie du plus haut taux de participation à des programmes d'immersion. Le nombre de personnes disponibles pour l'emploi et les services bénévoles devrait donc être assez important pour assurer un certain niveau de service, mais leur mobilisation pourrait être un défi. La mise en place de procédures et d'outils de communication adaptés pourra faciliter la tâche d'offrir un service adéquat en langue française. La technologie sera nécessaire.

Du côté de la production de documents en temps réel, il est important de réaliser qu'on ne saurait dépendre uniquement des services de traduction. L'apport d'employés pouvant travailler dans les différentes langues dans lesquelles les babillards électroniques, certains documents, les sites Web et les communiqués de presse qui devront être produits sera essentiel pour en assurer la qualité.

L'atteinte de l'objectif de favoriser le développement de la communauté minoritaire de langue officielle passe par la réalisation de projets durables d'infrastructure permettant de mettre en valeur le patrimoine culturel et linguistique et la contribution des francophones à la société canadienne pendant les Jeux et par la suite.

Même si les installations sportives et autres mises en place pour les Jeux bénéficieront aux francophones comme aux autres citoyens de la région, leur développement ne s'en trouvera pas pour autant favorisé.

La communauté francophone doit bénéficier de projets favorisant les échanges et son image comme communauté vivante, contribuant pleinement à la richesse et à la dualité linguistique canadienne.

Cette image et ces échanges doivent viser les communautés d'ici, mais également les touristes qui visiteront la région en nombre grandissant dans les années à venir et en déduiront une impression du Canada. L'ajout de lieux favorisant les rencontres, la livraison de services et la vie culturelle en français à Vancouver constitueraient un héritage important des Jeux, une contribution significative à l'essor de la communauté franco-colombienne.

Madame la présidente, c'est sur ces propos que je termine mes observations et je serai heureux de répondre aux questions des sénateurs et des sénatrices.

Le sénateur Tardif : Je vous remercie de votre excellente présentation. Réellement, c'était très clair, très bien pensé et présenté. Bravo à vous et à votre équipe !

J'ai beaucoup aimé votre présentation sur les effets et l'impact du déménagement d'institutions fédérales sur le développement de la communauté francophone de la Colombie-Britannique. Je crois que vous avez abordé un élément qu'on n'avait pas entendu auparavant, à savoir la question du pouvoir d'assimilation en tant que facteur qui contribue à la décision des gens lorsqu'ils doivent décider de déménager ou non. Et ce facteur d'assimilation en est un pour la communauté d'accueil également. Je crois que c'est en effet un facteur très important.

Si je vous comprends bien — et j'aimerais que vous précisiez cela — vous dites que ce n'est pas mauvais en soi qu'il y ait davantage de déménagements de sièges sociaux à partir des régions bilingues vers des régions unilingues. Vous concluez que cela serait favorable à la vitalité de la communauté francophone d'accueil, que cela ouvrirait des postes potentiels de travail en français mais que, également, cela pourrait amener une assimilation pour les gens qui déménagent dans la région. Vous dites que si des francophones déménagent à Vancouver aujourd'hui, dans deux générations, ces gens et leurs enfants seront assimilés; cela aura contribué à l'assimilation de francophones plutôt que d'augmenter le bassin de francophones et d'améliorer la vitalité de la communauté.

Selon vous, il serait bénéfique d'offrir davantage de mesures pour renforcer la communauté. Vous insinuez qu'il faut non seulement agir sur la stricte présentation de l'article 5 de la Loi sur les langues officielles — que cela ne serait pas suffisant — mais qu'il faut tenir compte de l'article 4, les communications avec le public, l'article 5, langue de travail, et l'article 7, l'épanouissement de la communauté francophone minoritaire. Vous dites qu'il faut travailler ensemble à faire la promotion et qu'il faut en plus offrir des mesures supplémentaires pour s'assurer que cela fonctionne. Ai-je bien compris?

M. Senay : Je vous remercie. Absolument, vous avez bien compris. L'analogie que je ferai est celle-ci : on peut bien rajouter de l'eau dans la piscine, mais si elle coule, elle ne se remplira pas. En résumé, cela ne donne rien de rajouter de l'eau dans une piscine qui coule.

Je ne dis pas non plus que l'assimilation n'existe que dans les cas de déménagements de bureaux centraux ou quoi que ce soit. C'est une question de tous les jours ici. Tantôt, j'entendais différentes remarques, comme le fait qu'il y a cinq langues qui sont utilisées à l'hôtel de ville de Vancouver, mais que le français n'en fait pas partie. Quand je suis arrivé à Vancouver, je me souviens avoir reçu un avis en anglais — et la ville est unilingue, je suis prêt à l'accepter — mais à l'endos, il y avait une note écrite dans à peu près huit ou dix langues qui disait que si vous ne compreniez pas la langue utilisée à l'endos, qu'il était possible de faire une demande pour une traduction. Aujourd'hui, c'est traduit en français, on a fait au moins ce pas. Je ne sais pas si c'est la lettre que j'ai envoyée à l'hôtel de ville qui a fait une différence. Cela a dû contribuer un tout petit peu, mais pas seulement cela, j'en suis convaincu.

C'est l'état des lieux. La démocratie se joue au niveau le plus bas. Un exemple : Des gens paient le câble pour avoir le service de TV5, chaîne sur laquelle la télévision à l'entrée principale de leur complexe est syntonisée, et perdent ce service. Les conséquences sont moindres parce que les francophones, étant en minorité dans le complexe, sont moins dérangeants.

Il y a toutes sortes d'image comme cela lorsqu'on parle d'assimilation,

Par exemple, à Vancouver, la chaîne Musique Plus n'est plus disponible sur le câble présentement. Où vont les jeunes francophones? Il n'est même pas disponible pour un tarif supplémentaire. Lorsque Telus offrira son service de télévision par IP, Musique Plus sera rajouté dans les services payants et il y aura alors une possibilité d'aller chercher ce service. Mais présentement, ce n'est pas disponible. En plus de la pression de la rue, de la pression des amis, il y a très peu de moyens présentement, pour les jeunes, de s'identifier à la communauté francophone.

Avec la technologie, on pourra améliorer cela et je pense qu'on peut envisager cela de manière positive en prenant des mesures.

Le sénateur Tardif : Dans le cas de la Commission canadienne du tourisme, qu'est-ce que cet organisme devrait faire pour répondre davantage aux réalités et aux préoccupations que vous avez partagées avec nous?

M. Senay : Je n'ai pas une connaissance interne de la Commission canadienne du tourisme, mais je connais une employée qui y travaille; elle était membre de la Chambre de commerce avant d'aller à la Commission canadienne du tourisme. Ce n'est pas une employée qui est venue, mais plutôt, elle était ici et elle a pris le poste. Cette personne travaille pour amener les employés bilingues de la Commission à participer à la vie communautaire francophone.

La semaine dernière, on a eu un déjeuner conférence de la Chambre de commerce avec le directeur du réseau de l'information. Il y avait cinq personnes de la Commission canadienne du tourisme qui étaient présentes.

On commence donc à avoir une approche pour intégrer les employés, mais le niveau de service que fournit un bureau central ne s'adresse pas à la population en général; il fait affaire avec des organismes, il fait affaire avec des organismes hors de la province et même hors du pays. Ce type d'organisme est nécessaire, mais il a très peu d'influence directe sur le quotidien des gens.

La seule solution serait que les employés bilingues s'impliquent dans la communauté et cela relève de leur choix personnel.

Le sénateur Tardif : J'aurais bien d'autres questions, mais je vais céder mon tour à quelqu'un d'autre.

Le sénateur Jaffer : Je me permets d'inviter mes collègues à la Maison pour le souper. Pas aujourd'hui, mais un autre jour, je vous aviserai. C'est une fabuleuse maison pour souper.

Monsieur Senay, votre présentation m'inquiète. J'espère que vous utilisez le mot « assimilation » très prudemment.

[Traduction]

Pourquoi utilisez-vous le mot « assimilation » plutôt que le mot « intégration »? Je suis certaine que vous le faites après y avoir beaucoup réfléchi. C'est un document qui me trouble beaucoup. Je suis inquiète et je vais beaucoup réfléchir à ce que vous avez dit, mais pourquoi n'utilisez-vous pas le mot « intégration »?

M. Senay : Les gens peuvent s'intégrer à une collectivité et y travailler, y avoir des amis. Ils restent cependant eux- mêmes, des individus qui ont leur propre façon de penser, leur propre façon de s'exprimer. Habituellement, les francophones qui viennent ici s'intègrent bien à la collectivité — et je peux vous en donner de nombreux exemples dans différentes régions de la Colombie-Britannique — ce qui signifie qu'ils devront travailler en anglais, vivre en anglais et faire leur achat en anglais.

Ils s'intègrent très bien. Ils ne s'assimilent pas. C'est la prochaine génération qui verra l'influence des parents demeurée très forte jusqu'à ce que les enfants quittent la maison pour aller en garderie, à l'école, au travail.

Je vais vous donner un exemple très personnel. C'est l'histoire d'un garçon de neuf ans qui est parti non pas de la rue Berry mais d'un quartier dans le nord de la ville de Montréal pour s'installer dans une collectivité où sa famille était la seule famille francophone dans un rayon d'un mille. Il ne connaissait que trois mots en anglais à son arrivée — table, chaise et ketchup — mais lorsque le moment est venu d'aller à l'école secondaire, il a demandé à ses parents de l'envoyer dans une école anglaise, car cette école était plus proche. C'est l'école que fréquentaient ses amis et cette école offrait davantage d'options, etc. Or, je ne parle pas ici de quelqu'un qui ait déménagé en Colombie-Britannique. Je parle de mon cas personnel lorsque j'ai déménagé dans le West Island de Montréal.

La menace d'assimilation représente un Canada d'il y a de nombreuses années, mais notre pays a beaucoup changé grâce au multiculturalisme et à d'autres choses. Cependant, si la menace est si forte dans ce genre d'environnement, qu'est-elle ici? Je peux vous donner le nom de jeunes qui peuvent encore s'exprimer en français, mais qui le font à contrecœur et avec des constructions difficiles. Ils parlent anglais avec des mots français. C'est la deuxième génération.

À quoi ressemblera la troisième génération? Elle sera assimilée.

Lorsque je relate ces faits, je ne le fais pas de façon descendante. Nous faisons tout et nous avons du succès. Je relate ces faits de façon ascendante et je dis quelle est la réalité dans la rue? La réalité est la perception des gens lorsqu'ils décident par exemple de déménager à Vancouver, à Charlottetown, à Shediac ou ailleurs. Les gens au Nouveau- Brunswick ont eu beaucoup de difficulté, mais je pense que leur succès face à l'assimilation a été plus grand que le nôtre ici. Je pense que la Colombie-Britannique a l'un des pourcentages d'assimilation les plus élevés.

Le sénateur Jaffer : Je dois vous dire que votre exposé donne beaucoup à réfléchir et nous enlève tout l'optimisme en ce qui concerne nos langues. Cependant, la raison pour laquelle nous sommes ici, c'est que nous ne voulons pas déclarer forfait. Nous voulons nous assurer de garder nos deux langues, car ce n'est pas seulement une question de langue; c'est une question de patrimoine. C'est ce que nous sommes. Le multiculturalisme existe et il est accepté, mais nous avons nos deux langues officielles. Manifestement, il y a encore beaucoup de travail à faire.

En tant que président de la Chambre de commerce, que faites-vous pour sensibiliser les commanditaires aux faits que les deux langues officielles doivent être utilisées sur les produits? Est-ce là quelque chose que vous faites?

M. Senay : La Chambre de commerce Franco-Colombienne est une très petite organisation. À une certaine époque, elle était beaucoup plus vivante et elle comptait plus de 100 membres, puis il y a eu des priorités et on a créé une organisation qui s'appelle la Société de développement économique, qui a été une très bonne chose pour la collectivité. Par conséquent, une bonne partie de l'énergie qui était consacrée à la Chambre de commerce a été canalisée vers la Société. D'autres événements sont survenus et la Chambre de commerce a perdu des membres, mais ils commencent maintenant à revenir.

Il s'agit essentiellement d'une façon pour les francophones de maintenir leur lien et d'échanger des idées. Nous ne présentons pas de produits comme tels. Lorsque les gens nous appellent, nous leur disons : « Si vous venez en Colombie-Britannique, vous aurez des clients anglophones. Vous aurez des clients qui parlent l'anglais mais qui n'ont pas nécessairement des antécédents anglophones. Il sera difficile pour vous de garder votre propre langue et votre propre culture, alors joignez-vous à notre collectivité venez-nous trouver. »

Nous aimerions beaucoup travailler, par exemple avec le Board of Trade, mais nous n'en sommes pas encore là. Nous ne sommes pas prêts à retourner avec eux, mais nous le ferons.

Nous sommes membres de la British Columbia Chamber of Commerce et, en ce sens, nous avons des échanges à ce niveau et nous sommes membres de la fédération.

[Français]

Le sénateur Losier-Cool : Je comprends votre dernier commentaire sur la question de l'assimilation.

Qu'est-ce qui vous motive à continuer? J'aurais aimé poser la question aux représentants de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique. Est-ce l'affiliation qui incite les organismes, ou au contraire les organismes qui incitent l'affiliation?

M. Senay : Personnellement, ce qui me motive, c'est ce que je suis. Je suis francophone. Je n'ai jamais fréquenté l'école anglaise. Je suis allé à l'école secondaire Thomas, à Pointe-Claire, et tout s'est bien passé.

Lorsque je suis devenu contrôleur aérien, la formation était offerte en anglais seulement. J'étais au Centre de contrôle régional de Montréal au moment de la crise du français dans le secteur du transport aérien. J'ai donc vécu bien des choses à ce moment également.

C'est sans doute une suite d'événements qui ont fait que, pour demeurer moi-même, j'ai dû maintenir une certaine motivation. Le fait d'être en formation continue à l'université, ou ailleurs, m'a sûrement aidé à garder cette motivation.

Le sénateur Losier-Cool : Les conseils scolaires francophones existent depuis 10 ans. Depuis deux ou trois ans, l'Université Simon Fraser et l'Université de Vancouver offrent certains cours en français. Est-ce que vous avez remarqué une différence depuis dix ans?

Autrefois, certains parents n'auraient pas déménagé à Vancouver, ni en Colombie-Britannique, car leurs enfants n'auraient pas pu aller à une école francophone. Est-ce que depuis les dix dernières années ce phénomène s'est atténué?

M. Senay : Je vais laisser le soin aux représentants du conseil scolaire de vous éclairer sur cette question précise.

Dans la communauté, le fait que certains programmes de formation soient offerts en français aide à maintenir la langue et donne aussi un certain espoir, un sens d'avenir et d'appartenance.

En janvier prochain, l'Université Simon Fraser lancera son programme de doctorat en éducation en français. La clientèle cible de ce programme ne sera pas la population moyenne. Toutefois, cette initiative ouvre de nouvelles portes et donne espoir que nous réussirons à bâtir, un échelon à la fois, l'échelle qui nous mènera vers le sommet de nos objectifs.

Le sénateur Losier-Cool : Dans la partie VII de la Loi sur les langues officielles, on parle de favoriser l'épanouissement. Comment est financé la Maison de la Francophonie de Vancouver?

M. Senay : Au départ, la Maison de le francophonie avait reçu des subventions du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial — mais ce ne fut pas sans histoires. La Maison de la francophonie est la propriété des associations qui y habitent.

Le sénateur Losier-Cool : Ce sont toutes des associations francophones?

M. Senay : Il s'agit d'une société en commandite. Par conséquent, pour être membre de la Maison de la francophonie, il faut également répondre aux critères de la Fédération.

Les gens investissent un dollar et ne peuvent retirer la plus-value de la Maison. Cette somme doit demeurer dans l'œuvre de la Maison. Si jamais la Maison est vendue, le produit devra être utilisé pour remplacer la Maison ou retourner à une œuvre de charité.

Il n'est pas question de s'en aller. Il est plutôt question de garder cet endroit comme lieu de rassemblement. Ce centre est un des deux endroits, dans la région du grand Vancouver, où l'on a une masse critique de gens pouvant travailler en français — l'autre endroit étant situé Maillardville, à environ 40 minutes de Vancouver, loin des grands axes.

La Maison de la francophonie est un projet qui remonte à plus de 15 ans, et ce projet continu. Il a survécu contre vents et marées et ne demande qu'à jouer un plus grand rôle. La Maison a été conçue initialement pour abriter des bureaux et non comme lieu public. Aujourd'hui, la communauté est prête à avoir un lieu public, qui soit identifié comme francophone, pour afficher la culture et la langue maternelle française et pour attirer les gens.

On a parlé plus tôt du Café Salade de Fruits et le sénateur Jaffer vous a invités à aller y déguster les meilleurs moules-frites en ville. La clientèle de ce café n'est pas uniquement francophone. La majorité sont des résidents du quartier et sont soit asiatiques ou anglophones. Cet élan contribue à faire connaître la francophonie et à la faire croître. Nous avons de plus en plus d'occasions de ce genre.

Vous mentionniez la télévision. J'étais de passage à Whistler et dans l'hôtel on avait la télévision de Radio-Canada, toutefois la programmation est de Montréal. On n'a aucune idée qu'il existe une communauté francophone en Colombie-Britannique. On ne diffuse aucun téléjournal régional. De plus, nous avons un décalage horaire de trois heures. Par conséquent, les auditeurs désirant regarder notre programmation risqueraient de la manquer.

La situation est donc difficile pour le francophone d'ici, surtout s'il est dans un mariage exogame. C'est une réalité que plusieurs d'entre vous avez connue et vivez presque tous les jours.

La présidente : On parle des Jeux olympiques de 2010 comme étant l'occasion idéale de promouvoir les deux langues officielles, dont le français dans un contexte minoritaire. À la lumière de tous les partenaires, des ententes et des personnes impliquées, croyez-vous qu'il est juste de s'attendre à ce que concrètement ces Jeux puissent être l'occasion par excellence de faire la promotion des deux langues officielles? Dans l'affirmative, quelles seraient les points les plus importants sur lesquels on devrait se pencher immédiatement, comme demain matin?

M. Senay : Il peut sembler étrange de dire qu'il faudrait se pencher dès aujourd'hui sur l'héritage des Jeux. Les Jeux peuvent être vus sous différents aspects. Ce sera deux semaines de folie furieuse, et l'on ne peut changer cette réalité. Nous devrons franchir toutes les étapes de préparations. Ces étapes constitueront des occasions d'affaires mais également l'occasion de préparer l'après-Jeux.

Les gens se feront une image de Vancouver et plusieurs se feront une image du Canada à travers Vancouver.

Présentement, aucun visage francophone n'est identifié ici. Nous avons la Maison de la francophonie, la rue Cartier, la rue Montcalm, la rue Québec, certains restaurants et boutiques. Toutefois, on retrouve de tels points dans toutes les villes du monde. La situation n'est pas différente de celle qu'on retrouve ailleurs. Nous devons faire en sorte de pouvoir recevoir les gens dans une atmosphère francophone et de permettre aux Francophones d'avoir un endroit pour recevoir le monde. Cet endroit peut se construire aujourd'hui en prévision de demain.

Est-il possible d'y arriver à temps? Il est certes possible d'accomplir une partie du travail, mais j'ignore s'il serait possible de le compléter. Toutefois, c'est ce qui va permettre de montrer la dualité linguistique. Le strict minimum, soit de publier des communiqués en français, sera fait. À savoir si cette tâche sera bien remplie, il faudra faire confiance aux responsables. Nous sommes prêts à nous impliquer pleinement dans l'atteinte de cet objectif.

Le sénateur Robichaud : J'aimerais poursuivre sur les propos que vous venez d'énoncer. Dans les plans actuels, on ne retrouve pas ce que vous suggérez, c'est-à-dire d'avoir un endroit qui affiche vraiment la francophonie de Vancouver, n'est-ce pas? On le fera, bien sûr, de façon officielle dans les communiqués. Toutefois, on ne retrouve aucun endroit où il sera possible de se sentir à l'aise et communiquer en français ou parler, jaser, échanger?

M. Senay : Je ne suis pas au courant d'un tel plan présentement. M. Furlong, qui est le président-directeur général du comité organisateur, a visité la Maison de la Francophonie et elle lui avait d'ailleurs beaucoup plu. Il a affirmé être prêt à tenir des événements chez nous.

La Maison de la francophonie rêve de devenir un lieu public. Nous avons approché le maire Sullivan et lui avons soumis la possibilité de modifier la Maison afin de doter Vancouver d'un lieu public francophone — ou à saveur francophone. Il ne faut pas se leurrer, on reconnaitra sûrement ce secteur un jour comme le quartier français. D'ailleurs, nous aurions pu avoir un tel lieu avant que la Maison n'aménage sur la septième avenue. Toutefois, il s'est produit toutes sortes de complications qui ont fait que la Maison est située à l'endroit actuel.

Nous avons commencé à parler du projet avec le maire Sullivan et avec différentes instances qui pourraient nous aider, mais nous n'en sommes qu'aux balbutiements.

Le sénateur Robichaud : Vous avez confiance?

M. Senay : Nous avons au moins confiance.

Le sénateur Robichaud : Lorsqu'on se trouve en situation minoritaire, on ne peut pas se permettre de baisser pavillon. Il faut toujours continuer, frapper, être vigilant et profiter de toutes les occasions qui nous sont données pour faire avancer notre cause.

Les francophones de la région gardent-ils espoir que la francophonie survivra? Entendez-vous de certains que c'est une cause perdue, ou croit-on de plus en plus qu'il faut continuer et que les efforts mèneront à des résultats qui en valent la peine?

M. Senay : C'est une grande question.

Le sénateur Robichaud : Oui.

M. Senay : Vous me demandez de parler au nom de d'autres personnes?

Le sénateur Robichaud : Je ne vous demande pas de parler en leur nom. J'aimerais simplement savoir ce que vous avez entendu sur les sentiments qui règnent.

M. Senay : Un certains nombres de personnes croient et s'impliquent au sein de la Fédération, de la Société Maillardville Unie, de la Société de développement économique et de tous les organismes provinciaux et locaux. On en retrouve également ailleurs dans la province et les gens y croient. Plusieurs bénéficient des services que ces organismes procurent.

J'ai rencontré une personne francophone, vivant dans un mariage exogame, à qui l'on a appris qu'il existait du théâtre en français à Vancouver depuis 25 ans. Cette personne vit à Vancouver depuis 25 ans et elle ignorait ce fait!

Il faut trouver moyen de rallier ces gens. C'est avec des outils et des infrastructures que nous pourrons permettre à ces personnes de se rencontrer et de réveiller la fibre qui existe encore en elles.

Le sénateur Robichaud : Voyez-vous dans la venue des Jeux olympiques et paralympiques de 2010 à Vancouver cette occasion d'éveiller ce sentiment, qui est peut-être dormant, ce sentiment de fierté, afin que les gens puissent prendre certaines démarches pour s'affirmer?

M. Senay : Oui, c'est une occasion rêvée. Toutefois, en toute honnêteté, je crains que les gens ne s'essoufflent à faire des choses qui, après les Jeux, tomberont.

Une occasion comme celle des Jeux crée une augmentation fulgurante de l'activité économique. Toutefois, après les Jeux, les choses reprendront leur cours normal.

Il faut regarder la courbe à long terme et encourager les gens à s'insérer dans cette occasion, sans toutefois que leur bulle n'éclate après coup. Il faut qu'ils puissent se positionner dans ce qui suivra les Jeux, par exemple, dans l'industrie touristique et culturelle.

Mon désir le plus cher serait qu'on se positionne pour l'avenir plutôt que de s'épuiser dans un événement passager.

Les Jeux sont une occasion fabuleuse, à condition d'en tirer avantage comme il faut.

Le sénateur Losier-Cool : C'est ce que vous nous conseillez de mettre dans notre rapport?

M. Senay : Il faut s'assurer que la communauté francophone soit visible, présente et active, mais qu'elle sorte des Jeux bien positionnée, pour faire valoir la dualité linguistique d'ici et, par le fait même, aider à combattre l'assimilation et la dérive linguistique.

Le sénateur Comeau : A-t-on demandé à la Chambre de commerce Franco-Colombienne de s'impliquer dans les Jeux olympiques de 2010? Dans l'affirmative, qui vous a approché?

M. Senay : La Chambre de commerce franco-colombienne n'a pas été approchée, ce qui est compréhensible, compte tenue du fait qu'elle est en reconstruction après avoir traversé une période plutôt difficile. Cependant, la Chambre de commerce franco-colombienne est membre de la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, qui est active dans les secteurs de l'économie, du tourisme et au sein d'autres comités.

Donc, la réponse est non, mais ce n'est pas dramatique. En fait, c'est dans la limite de nos possibilités.

[Traduction]

Le sénateur Murray : Je ne sais pas quoi dire. Je refuse d'être tout à fait découragé comme certains de mes collègues semblent l'être, mais c'est peut-être une question de culture.

Si vous aviez passé les 20 dernières années ici à Ottawa, que vous n'étiez pas de la Colombie-Britannique et que vous écoutiez les représentations de la Colombie-Britannique au sujet des principales préoccupations dans cette province, quelles seraient-elles? Eh bien, il y a l'enseignement de l'anglais langue seconde aux immigrants qui sont arrivés ici en grand nombre, surtout en provenance d'Asie, et le gouvernement de la Colombie-Britannique et d'autres gens disent à Ottawa : » Vos politiques nous ont amené ces gens ici. Nous sommes heureux qu'ils soient ici, mais vous devez nous aider à enseigner l'anglais en tant que langue seconde. »

Ensuite, à Vancouver, il y a les problèmes socioéconomiques et juridiques causés par la drogue dans notre collectivité. Il y a eu et il y a toujours les revendications territoriales des Autochtones. Il y a eu le bardeau et maintenant le bois d'œuvre, et je pourrais continuer ainsi. Ce sont là de gros problèmes, et je ne pense pas — bien que je sois intéressé par les questions dont nous avons parlé autour de cette table — que le destin de la communauté francophone en Colombie-Britannique soit une question dont on ait beaucoup entendu parler. Il est difficile pour cette question de se faire entendre au beau milieu de toutes ces autres questions importantes qui ont attiré l'attention des gens à Ottawa.

Cela dit, je ne suis pas choqué ni surpris, comme l'est le sénateur Jaffer, par ce que vous avez dit et ce que d'autres ont dit. Je ne suis même pas découragé. Ce qui est surprenant, ce n'est pas la situation des francophones; c'est qu'ils se trouvent encore ici, étant donné les pressions démographiques, économiques, sociales et culturelles que nous connaissons tous.

[Français]

Cela témoigne de la ténacité et du leadership de la communauté francophone de la Colombie-Britannique, mais également du régime légal et constitutionnel de notre pays.

D'autres témoins ont mentionné, plus tôt ce matin, le nombre de cas répartis dans trois ou quatre régions de la province et le nombre d'élèves dans ces écoles. C'est au niveau du secondaire que le problème se pose. Vous avez également mentionné que la situation au niveau de la petite enfance laisse beaucoup à désirer.

En passant, je dirai tout simplement que les ententes sur la petite enfance et sur les garderies, signées par le gouvernement précédent, avaient toutes envisagé une attention particulière et un certain effort de concertation pour venir en aide aux minorités linguistiques officielles dans toutes les provinces. Malheureusement, ces ententes ont disparu.

Bien qu'il y ait parfois de telles choses qui donnent matière à découragement, il y a également de quoi se réjouir. La communauté est ici et il existe des moyens pour elle de s'épanouir.

[Traduction]

Nous étions en Nouvelle-Écosse il y a un an ou deux. Les francophones, les Acadiens là-bas, sont eux aussi dispersés dans toute la province. Ils ne sont pas si nombreux. La différence, c'est qu'on peut les trouver dans certaines régions. On peut les trouver dans certaines collectivités, et ils ont le même problème d'assimilation et de mariage. Ils ont un plan pour stopper, ralentir le rythme d'assimilation et pour s'assurer que ceux qui ont le droit de fréquenter les écoles françaises le font. L'une des solutions, naturellement, est la petite enfance, les maternelles, les garderies, etc. Il faut faire quelque chose avant qu'ils aillent à l'école et faire en sorte que les écoles soient des centres communautaires où la population francophone voudra aller se rencontrer, travailler ensemble et échanger des idées.

Par conséquent, je ne repars pas terriblement découragé, ni de la Nouvelle-Écosse, ni de la côte ouest.

[Français]

Les notes biographiques que vous nous avez fournies mentionnent que vous avez été membre du comité consultatif pour l'entente cadre entre le Canada et la Colombie-Britannique sur la promotion des langues officielles. Ce comité a remis son rapport en juin 2001.

[Traduction]

Quelles étaient les conclusions, les recommandations, et qu'est-ce qui a été fait depuis par rapport à ces recommandations? J'aimerais que vous nous en parliez un peu.

M. Senay : Le comité a été mis sur pied par le ministre de la province afin de déterminer les priorités de la communauté francophone et de voir comment les fonds provenant de l'entente Canada-Colombie-Britannique sur les langues officielles allaient être investis. Nous avons tenu des audiences et nous avons constaté que les gens étaient très raisonnables. Nous ne demandions pas la lune. Nous demandions que certaines choses soient offertes. Nous voulions notamment que le télécopieur sur demande soit offert; que le guide sur la santé soit disponible en français, ce qui est le cas.

[Français]

Le Guide Santé a été publié en Colombie-Britannique. Or, des visiteurs du Québec m'ont dit, à l'époque, qu'ils n'avaient pas un tel guide au Québec. Maintenant, je crois qu'ils en ont un. Alors je félicite la province et je dis bravo aux communautés pour s'être fixé des priorités. Le comité a fixé certaines priorités sur les services et la documentation qui devraient être disponibles. Le rapport est toujours disponible en ligne.

On a fait beaucoup de chemin sous M. Stewart, qui fut la première personne désignée pour s'occuper du secrétariat, et maintenant sous le ministre John van Dongen.

Le sénateur Murray : Vous parlez de Victoria?

M. Senay : En effet. Ces personnes sont très actives et nous jouissons d'une très bonne collaboration à ce niveau. Cette collaboration ne reflète pas nécessairement celle qui existe avec tout l'appareil provincial. Toutefois, les gens qui travaillent au bureau de M. van Dongen cherchent vraiment à déterminer ce qui pourra améliorer la situation des francophones.

Le sénateur Murray : Le bilan que vous tracez n'est pas pessimiste mais peut-être réaliste. N'êtes-vous pas un peu découragé?

M. Senay : Non. Je suis là pour rester.

La présidente : Au nom des membres du comité, M. Senay, je tiens à vous remercier d'être venu nous rencontrer et de nous avoir tracé le portrait de la situation. Votre présentation, vos informations, recommandations et suggestions nous seront utiles. Nous vous souhaitons bonne chance et vous prions de continuer à nous tenir au courant.

La séance est levée.


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