Délibérations du comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 7 - Témoignages - séance de l'après-midi
VANCOUVER, le mardi 14 novembre 2006
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui à 13 h 30 pour l'étude, afin d'en faire rapport de façon ponctuelle, de l'application de la Loi sur les langues officielles, ainsi que des règlements et instructions en découlant, au sein des institutions assujetties à la Loi, ainsi que pour l'étude de l'ébauche d'un rapport.
Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : La séance du Comité sénatorial permanent des langues officielles est ouverte. Bonjour et bienvenue à tous. Je suis Maria Chaput, présidente du comité et je viens du Manitoba. Comme vous le savez maintenant, nous nous penchons principalement sur deux grandes questions lors de notre passage ici à Vancouver, soit l'effet de la décentralisation de bureaux principaux d'institutions fédérales sur l'application de la Loi sur les langues officielles et sur la prise en compte des langues officielles de l'organisation des Jeux olympiques de 2010.
Permettez-moi de vous présenter les membres du comité présents ici aujourd'hui. Madame le sénateur Mobina, de la Colombie-Britannique, le sénateur Gerald Comeau, de la Nouvelle-Écosse, madame le sénateur Tardif, de l'Alberta et le sénateur Fernand Robichaud, du Nouveau-Brunswick.
Nos premiers témoins cet après-midi sont des employés de la Commission canadienne du tourisme, qui ont déménagé d'Ottawa à Vancouver au printemps 2005.
Nous leur avons demandé de se présenter brièvement, ensuite, nous pourrons leur poser des questions. Les trois témoins représentant la Commission canadienne du tourisme sont Joanne Richard, gestionnaire, dossiers du conseil, Roger Laplante, gestionnaire, Études de marché et Frank Verschuren, Développement de produits de la Commission canadienne du tourisme. Je vous souhaite la bienvenue.
Joanne Richard, gestionnaire, Dossiers du conseil, Commission canadienne du tourisme : Madame la présidente, nous pensions faire une brève introduction de chaque personne. Je m'appelle Joanne Richard, gestionnaire, dossiers du conseil à la Commission canadienne du tourisme. J'y suis employée depuis les cinq ans, et cela fait maintenant près d'un an que j'ai déménagé avec la commission d'Ottawa à Vancouver. Parmi les maintes choses à évaluer dans ce déménagement, les considérations linguistiques n'ont pas été les plus importantes. Je suis bilingue et confortable dans les deux milieux, autant anglophone que francophone.
Roger Laplante, gestionnaire, Études de marché, Commission canadienne du tourisme : Madame la présidente, je m'appelle Roger Laplante, gestionnaire, Études de marché à la Commission canadienne du tourisme. J'y travaille depuis les 15 dernières années. Antérieurement, j'ai été à l'emploi de Statistique Canada pendant dix ans. J'ai donc 25 années de travail dans le domaine public et le bilinguisme.
Je suis né à Lachute. Je suis Québécois. J'ai déménagé avec la commission en novembre dernier. Cela fait déjà au- delà d'un an. Je dois avouer également, comme l'a dit ma collègue Mme Richard, que la situation du bilinguisme ne m'a pas occasionné de problème puisque je suis parfaitement bilingue. Ma décision de déménager à Vancouver n'a pas été influencée par cet aspect.
Je dois avouer que ma décision de déménager était facile, compte tenu que ma conjointe est également employée à la commission et que nos enfants sont partis de la maison. Pour nous, c'était quand même une aventure pour nos dernières années de carrière. Ce déménagement m'a offert une occasion d'avancement compte tenu du fait que j'étais le seul employé en recherche disponible.
[Traduction]
Frank Verschuren, spécialiste de produits, Commission canadienne du tourisme : Bonjour tout le monde. Je suis l'anglophone du groupe, un anglophone pur. Je m'appelle Frank Verschuren et je travaille à la Commission canadienne du tourisme depuis sa création en 1995. Avant de m'installer à Ottawa en 1996, j'ai occupé un poste d'agent du programme de tourisme à Toronto pendant 14 ans et je suis maintenant ici à Vancouver depuis près d'un an.
Je dois admettre que lorsqu'on a annoncé le déménagement de la commission à Vancouver, ni ma famille ni moi n'étions très enthousiastes à l'idée de venir nous installer ici. J'ai bien sûr pensé, entre autres, à chercher un nouvel emploi à Ottawa, mais en tant qu'anglophone dans une région désignée bilingue du Canada, l'exigence en matière de langues officielles a joué un rôle important dans ma demande. En fait, il y avait très peu de postes de catégorie linguistique « Anglais seulement » à Ottawa et tous les postes de niveau bilingue non impératif ou bilingue impératif pour lesquels j'avais posé ma candidature exigeaient une preuve de mes connaissances linguistiques. Malheureusement, comme on ne m'avait jamais demandé de subir l'examen de connaissances linguistiques de la Commission de la fonction publique et que je n'avais pas pris l'initiative de le faire, je ne possédais pas telles preuves. En fin de compte, il a été très difficile, sinon impossible, pour moi du moins, de tenter de réintégrer la fonction publique à Ottawa en raison de toutes les règles qui s'appliquent aux postes ouverts au gouvernement fédéral. Je suis maintenant heureux d'être ici à Vancouver.
Je le répète, je n'étais pas prêt à quitter la Commission canadienne du tourisme. Je suis heureux que la commission m'ait donné la possibilité de faire certains choix et qu'elle m'ait accordé suffisamment de temps pour le faire, et je suis également heureux d'avoir décidé de venir m'établir ici. Depuis mon arrivée ici, je n'ai jamais eu de problème en ce qui a trait à la politique en matière de langue officielle, du moins pas de la façon dont la commission l'applique à l'heure actuelle.
Je suis disposé à répondre à vos questions.
[Français]
Le sénateur Tardif : Merci de votre présence aujourd'hui. On apprécie énormément le fait que vous soyez ici. J'aurais une série de questions assez courtes et précises. Combien d'employés sont déménagés d'Ottawa pour venir à Vancouver lors du déménagement du siège social?
M. Laplante : À ma connaissance, 19.
Le sénateur Tardif : Le commissaire avait indiqué neuf lors d'une présentation à Ottawa la semaine dernière. C'est 19 sur 90?
M. Laplante : À peu près. Je crois qu'on était à peu près 85 pour une capacité de 99.
Le sénateur Tardif : Quels ont été les facteurs qui ont influencé la décision des gens de ne pas déménager?
M. Laplante : Je crois qu'il y a deux facteurs principaux, entre autres la position du conjoint ou de la conjointe au niveau d'emploi. Pour certains, ces conjoints étaient peut-être responsables du revenu principal du foyer. Deuxièmement, le coût de la vie plus élevé à cause du prix de l'immobilier ici a eu une grosse influence. Suite à des conversations entre collègues, on ne pouvait pas s'imaginer venir ici avec un même niveau de salaire et se permettre un immeuble comparable à celui qu'on avait à Ottawa. Dans mon cas, je suis en banlieue. Je suis presque à une distance d'une heure du bureau, mais j'étais dans la même situation à Ottawa.
Le sénateur Tardif : Je viens de recevoir une note de clarification qui indique que 19 employés sont déménagés et neuf d'entre eux étaient francophones. C'est Monsieur le commissaire qui me l'a indiqué.
M. Laplante : C'est possible.
Le sénateur Tardif : Donc à peu près 10 p. 100 était des francophones.
M. Laplante : Il y avait quand même, à l'intérieur de ces 19, des personnes bilingues.
Le sénateur Tardif : Combien d'employés êtes-vous présentement à la Commission canadienne du tourisme à Vancouver?
M. Laplante : Il y a encore des postes à combler. Je dirais qu'on est à peu près à 90 p. 100 de la capacité. Peut-être 70 à 75 employés travaillent présentement.
Le sénateur Tardif : Combien sont désignés bilingues sur ce nombre?
M. Laplante : Je n'ai aucune idée.
Le sénateur Tardif : Quelles sont vos impressions?
M. Laplante : Je serais porté à croire que dans l'ensemble, ils sont — je peux prendre un exemple typique. Présentement, je suis à combler deux postes dans ma section, dont deux positions bilingues.
Le sénateur Tardif : Faites-vous une évaluation des compétences linguistiques lorsque vous embauchez?
M. Laplante : Oui. C'est un critère à prendre en compte avant de faire une offre d'emploi.
Le sénateur Tardif : Travaillez-vous en français lorsque vous êtes là?
M. Laplante : Je dois avouer que non. Je pourrais dire qu'à près de 90 p. 100, mon travail se fait en anglais et ce n'est pas parce que c'est voulu, mais c'est la façon dont cela se déroule. On reçoit des appels — nous avons quand même une fonction de service vers l'industrie, et les appels que nous recevons sont en anglais.
Le sénateur Tardif : Et vous, madame Richard?
Mme Richard : Je travaille dans la section du Secrétaire général. La secrétaire générale est francophone. Dans notre groupe de quatre, nous travaillons surtout en français. Nous sommes tous bilingues. Nos appels peuvent être faits dans l'une ou l'autre des deux langues. Je travaille avec le conseil d'administration où il y a des anglophones et des francophones.
Le sénateur Tardif : Vos réunions de travail se déroulent dans quelle langue?
Mme Richard : Les réunions de travail dans notre section se font dans l'une ou l'autre des deux langues. Nous sommes confortables à passer d'une langue à l'autre.
Le sénateur Tardif : Et vos patrons? Vous êtes peut-être patron, pardon. La direction et l'orientation générale de la Commission canadienne du tourisme respecte-t-elle la partie V de la Loi sur les langues officielles, le respect du choix de la langue de travail?
Mme Richard : Dans ma section, on respecte le choix des langues.
Le sénateur Tardif : Avez-vous les outils techniques en français pour vous permettre de le faire? Vos ordinateurs sont-ils programmés en français?
M. Laplante : Oui.
Mme Richard : Oui, si on veut.
Le sénateur Tardif : Et les communications?
Mme Richard : Elles se font dans les deux langues.
Le sénateur Tardif : Des critiques qui ont été faites par le passé au sujet de la Commission canadienne du tourisme qui ne faisait pas ce qu'il fallait pour répondre aux exigences de la Loi sur les langues officielles, selon le dernier rapport de la commissaire aux langues officielles. Comment réagissez-vous à ces critiques?
Mme Richard : Je ne suis pas familière avec les critiques.
M. Laplante : Il faudrait peut-être avoir un aperçu des critères, car j'aimerais savoir qu'est-ce qui n'a pas été respecté. Par exemple, que ce soit au conseil d'administration ou avec les comités de travail sur le plan du marketing, toutes les présentations ne sont peut-être pas nécessairement faites dans les deux langues, mais les documents officiels sont produits dans les deux langues.
Le sénateur Tardif : Vous êtes tenu de préparer un plan d'action qui tient compte des langues officielles?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Tardif : Vous avez préparé ce plan d'action?
M. Laplante : Oui, la personne qui est en charge de ce dossier au bureau, c'est William Arkins. Cela fait partie des exigences.
[Traduction]
Le sénateur Jaffer : Travaillez-vous sur le dossier des Olympiques? Avez-vous commencé à travailler sur ce dossier?
M. Laplante : À l'heure actuelle, je dirais que ce dossier est plutôt fragmenté du point de vue de la recherche. Nous avons nommé une personne pour s'occuper de ce dossier. Mon patron et moi discutons au moins une fois par semaine de questions relatives aux Olympiques et de la façon dont nous pourrions maximiser la prochaine période olympique au profit du secteur touristique canadien en général. Nous avons des responsabilités au niveau national et nous représentons également toutes les régions du pays, pas seulement la Colombie-Britannique.
Le sénateur Jaffer : C'est une chance pour nous que vous ayez des responsabilités au niveau national à ce chapitre. L'Expo est le seul autre événement national que je connaisse pour lequel votre ministère pourrait transmettre, à partir d'Ottawa, des invitations à des gens du monde entier pour venir chez nous. Il serait intéressant d'évaluer ce que la Commission de l'expo a appris en rapport avec les langues officielles. Je comprends très bien que les langues officielles n'étaient pas au centre des préoccupations à ce moment-là, mais je suis certain que des leçons ont été tirées depuis. Avons-nous des renseignements à cet égard?
M. Laplante : Je ne peux pas vraiment répondre à votre question, parce qu'à ce moment là, je n'étais pas vraiment au courant de ce dossier à Tourisme Canada.
Le sénateur Jaffer : Puis-je vous demander de vous informer et de faire part des renseignements pertinents à notre président, le cas échéant?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Jaffer : Je sais que le dossier des langues officielles ne fait pas partie de vos principales responsabilités, mais je suis persuadé qu'il y a un service chargé de se pencher sur cette question dans chaque ministère. Travaillez-vous actuellement à la préparation d'un programme en vue d'assurer une représentation adéquate des deux langues officielles?
M. Laplante : Vous voulez dire en ce qui a trait aux Olympiques?
Le sénateur Jaffer : C'est exact.
M. Laplante : Je dirais que les plans stratégiques et les documents de recherche qui sont préparés sont généralement des documents de haut niveau qui sont toujours produits dans les deux langues officielles. C'est une exigence et ce sont là les directives qu'on m'a données et que je transmets à mes employés, c'est-à-dire que nous ne publions jamais un document tant qu'il n'a pas été préparé dans les deux langues officielles.
Le sénateur Jaffer : C'est très rassurant parce que je crois qu'au niveau du gouvernement du Canada au moins, nous avons le droit d'obtenir tous les documents officiels dans les deux langues.
Y a-t-il des pressions au sein de votre commission pour que les pays francophones fassent passer le message que ces jeux seront des jeux bilingues?
M. Laplante : Pas que je sache.
[Français]
La présidente : Avant de passer à la prochaine question du sénateur Murray, j'aimerais qu'on se rappelle que les trois témoins qui sont devant nous présentement sont venus à titre personnel et que la Commission canadienne du tourisme aura des représentants qui comparaîtront demain.
[Traduction]
Le sénateur Murray : C'est très intéressant.
Vous êtes-vous portés volontaires pour venir ici?
M. Laplante : On nous a appelés pour nous demander si nous serions prêts à nous porter volontaire pour venir ici.
Le sénateur Murray : Mais la commission elle-même sera officiellement représentée ici demain.
Le président : Oui.
Le sénateur Murray : D'après ce que je sais de l'implication du gouvernement fédéral dans le domaine touristique, et mes connaissances sont très limitées à cet égard, il semble que cela relevait d'une section du ministère de l'Industrie n'est-ce pas?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Murray : C'est toujours le ministre de l'Industrie qui vous représente. Pourquoi a-t-on décidé de créer la Commission canadienne du tourisme? À un certain moment, il y a quelques années, le gouvernement a accordé une certaine indépendance à Revenu Canada et aux parcs nationaux, et ces derniers ne relèvent pas directement de ministres. Votre commission jouit-elle du même genre d'autonomie?
M. Laplante : Revenons un peu en arrière, aux quelques dernières années avant que nous devenions un organisme de services spéciaux, avant que nous devenions une société...
Le sénateur Murray : Vous être considérés comme une société d'État, n'est-ce pas?
M. Laplante : Oui, nous sommes maintenant une société d'État.
Le sénateur Murray : Cela s'est-il fait par voie législative?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Murray : C'est la procédure normale. Quand cela s'est-il produit?
M. Laplante : En 2000. À ce moment-là, le secteur touristique fonctionnait au ralenti, c'est-à-dire que le taux de visiteurs étrangers au pays était très faible. Le déficit s'était accru et il frôlait les 6 milliards de dollars à ce moment-là.
Le sénateur Murray : Le déficit dans le secteur touristique?
M. Laplante : Le déficit de la balance touristique.
Le sénateur Murray : Mais les événements du 11 septembre ont entraîné des répercussions à cet égard en 2001 n'est- ce pas?
M. Laplante : Non, cela s'est produit longtemps après.
Les investissements visant à vendre le Canada en tant que destination touristique préférée étaient très faibles. Ils n'étaient que d'environ 15 millions de dollars, alors que la ville de Montréal disposait d'un budget d'environ 35 millions de dollars à cet égard.
On a alors créé un groupe de travail qui était dirigé par l'ancien président-directeur général des Hôtels du CP, maintenant les Hôtels Fairmont. Je crois que le groupe était coprésidé par Judd Buchanan qui est par la suite devenu le président de la CCT et qui a fait comprendre au gouvernement que nous devions absolument faire quelque chose pour le secteur canadien du tourisme. La commission devait adopter une approche axée sur les affaires qui inviterait l'industrie à participer au programme et à contribuer au programme d'information en matière d'investissement. C'est ce qui avait été prévu au moment de la création de la commission.
Le sénateur Murray : Le budget de la commission est de 76,5 millions de dollars pour 2006-2007. Quelle partie de ce budget est consacrée à la publicité?
M. Laplante : Environ 55 ou 56 millions de dollars.
Le sénateur Murray : Lesquels sont consacrés en grande partie aux États-Unis n'est-ce pas?
M. Laplante : Environ 22 millions sont consacrés aux États-Unis.
Le sénateur Murray : Quelle proportion de cette somme est consacrée aux pays francophones? S'il y a 22 millions de dollars pour les États-Unis, où va le reste? Combien y a-t-il d'argent à l'interne, pour le Canada?
M. Laplante : Sur le budget total de 75 millions de dollars, nous dépensons environ 3 millions au Canada. Nous ne devons pas oublier toutefois que nous avons le mandat de réduire le déficit dans le secteur touristique et que la meilleure façon de le faire est à la fois d'attirer un plus grand nombre de visiteurs au Canada et d'encourager les Canadiens à voyager davantage au pays.
Le sénateur Murray : Quelle proportion de ce budget est consacrée aux pays francophones comme la France et la Belgique?
M. Laplante : Nous y dépensons environ 2,2 millions de dollars.
Le sénateur Murray : Et où va le reste de l'argent?
M. Laplante : Il est réparti entre le reste de nos marchés cibles. En plus des États-Unis, il y a également le Japon. Nous investissons environ 7 millions de dollars au Japon.
Le sénateur Murray : Pour amener des gens visiter les sites d'Anne of Green Gables à l'Île-du-Prince-Édouard et jouer au golf en Alberta.
M. Laplante : Et aussi la Corée du Sud, la Chine et l'Australie. Pour ce qui est de l'Europe, nous investissons au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Des fonds sont également prévus pour le Mexique.
Le sénateur Murray : Faites-vous toujours des annonces co-op avec les provinces?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Murray : Avec quelles provinces?
M. Laplante : Toutes.
Le sénateur Murray : À l'étranger?
M. Laplante : Oui.
Je voudrais ajouter quelque chose en rapport avec le budget de 3 millions de dollars qui est consacré au Canada. Il ne faut pas oublier à cet égard qu'ensemble, les régions investissent près de 200 millions de dollars.
Le sénateur Murray : Vous voulez dire les provinces?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Murray : Les gouvernements provinciaux?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Murray : Je devrais peut-être attendre à demain pour poser cette question, mais je vais vous la poser tout de même. Selon les notes qui nous ont été fournies :
Un rapport de vérification publié par le Commissariat aux langues officielles en 2005 a établi que la CCT ne dispose d'aucune politique ou directive en matière de langues officielles. La plupart des gestionnaires et des employés ont été mal informés sur les obligations de la commission en matière de langues officielles. Entre autres, la commission ne dispose d'aucun mécanisme pour évaluer son rendement dans ce domaine. De plus, le Commissariat a jugé que le rendement de la commission était très faible en 2004-2005 et en 2005-2006, particulièrement en ce qui a trait à la gestion du programme de langues officielles au sein de cet organisme et à l'application des parties V et VII de la Loi sur les langues officielles.
On peut y lire également que :
La CCT n'a pas fait une évaluation des compétences linguistiques de tous les nouveaux employés qui ont été engagés après le déménagement de la commission à Vancouver. Les négociations sont en cours pour confier en sous-traitance à une institution francophone le soin d'effectuer une évaluation des compétences linguistiques et des services de formation linguistique. La politique en matière de langues officielles est actuellement en préparation à la CCT.
Avez-vous des commentaires à faire sur ces déclarations ou préféreriez-vous que nous posions la question à vos représentants demain? Avez-vous quelque renseignement à ce sujet?
M. Laplante : Non
Le sénateur Murray : Cela pourra vous paraître incroyable, mais je sais ce que sont les études de marché. Toutefois, je ne sais pas ce que fait un spécialiste des produits et je ne suis pas certain de quel conseil vous parlez? De quoi s'agit-il? Du conseil d'administration de la commission?
Mme Richard : C'est exact. Le conseil d'administration de la commission.
Le sénateur Murray : C'est Judd Buchanan qui le préside n'est-ce pas?
Mme Richard : Plus maintenant. C'est Charles Lapointe de Montréal qui est maintenant à la tête du conseil.
Le sénateur Murray : Combien de membres ce conseil regroupe-t-il?
Mme Richard : Vingt-six.
Le sénateur Murray : Qui relève directement du ministre ou du président du conseil d'administration? Qui est actuellement le grand manitou à la Commission canadienne du tourisme?
Mme Richard : Michele McKenzie en est la présidente et directrice générale.
Le sénateur Murray : Où travaille-t-elle?
Mme Richard : Elle travaille ici à Vancouver.
Le sénateur Murray : Viendra-t-elle demain?
Mme Richard : Je ne le crois pas.
M. Laplante : Elle est partie ce matin pour participer à une mission commerciale en Chine.
Le sénateur Murray : Qui la remplacera ici demain?
M. Laplante : Chantal Péan.
Le sénateur Murray : Est-ce la vice-présidente?
M. Laplante : C'est la vice-présidente principale.
Le sénateur Murray : Pour ce qui est des études de marché, je présume que vous en faites plusieurs à l'étranger, dans les pays où nous faisons de la publicité.
M. Laplante : Les études de marché ne sont qu'une des deux composantes du système. Nous faisons également un autre genre d'étude qui nous permet de mieux comprendre ce que le tourisme représente pour l'économie canadienne. De l'autre côté, les études de marché servent à compléter le programme de mise en marché et à mieux comprendre les besoins et les intérêts et à déterminer des cibles précises. Dans la même optique, nous effectuons également des études de la concurrence pour tenter de déterminer ce qui pousse les gens à choisir une autre destination que le Canada. Nous voulons savoir ce qui attire ces gens dans ces endroits et quelle est l'approche utilisée par ces autres pays pour attirer les visiteurs si elle est différente de la nôtre?
Nous effectuons également un grand nombre d'études exploratoires et d'études de conversion dans le cadre de nos propres programmes, afin de déterminer si la publicité permet de mieux sensibiliser les gens et nous utilisons nos publicités pour boucler la boucle. Nous effectuons également des conversions, puis nous évaluons l'efficacité de nos investissements.
Le sénateur Murray : Avons-nous posé les bonnes questions où y a-t-il d'autres sujets que vous voudriez aborder? Il y a certaines de ces questions que je devrais probablement poser à Chantal Péan demain. Si vous vous êtes portés volontaires pour venir ici, il y a peut-être des choses que vous voudriez nous dire et dont nous n'avons pas parlé.
[Français]
Le sénateur Robichaud : J'aimerais ouvrir la porte en vous posant une première question. Est-ce que le fait de déménager ici à Vancouver a changé votre façon de travailler? Sur le plan de la langue de travail et des rapports interpersonnels, quels ont été les changements?
M. Laplante : Présentement si je regarde la façon dont on opère, cela n'a pas changé. Par contre, je dois dire qu'on n'était pas à pleine capacité d'employés. Compte tenu que l'on était en nombre limité, on portait plusieurs chapeaux à la fois. Ici à Vancouver, je peux donner l'exemple d'une occasion où j'ai dû me rendre deux fois à Montréal pour faire des présentations en français sur des sujets de responsabilité indirecte. Il faut attribuer tout cela au fait que les personnes qui devaient occuper ces postes n'étaient pas encore employées. Plus tard, tout est redevenu normal, tout allait bien.
Le sénateur Robichaud : Au niveau de la langue de travail, est-ce que cela a changé des choses?
M. Laplante : Non.
Le sénateur Robichaud : Les gens que vous avez embauchés sur place pouvaient-ils s'exprimer dans les deux langues?
M. Laplante : Règle générale oui. Il a peut-être été difficile de trouver des candidats. On a ouvert des postes à la grandeur du pays. Des gens ont exprimé le désir de venir travailler à la Commission canadienne du tourisme et la question était de savoir s'ils étaient prêts à déménager à Vancouver. À chaque ouverture de poste, il y avait quand même un bon nombre de candidats bilingues dans le secteur du développement de produits. Règle générale, pour moi, c'est le même bouleau que d'habitude.
Le sénateur Robichaud : Vous n'hésiteriez pas à recommander à d'autres boutiques d'Ottawa de déménager dans les régions, même si ce sont des régions unilingues?
M. Laplante : Sans vouloir abaisser ma langue maternelle, j'avoue que notre travail s'effectue principalement en anglais. Si on fait notre travail à l'extérieur du pays, cela se passe en anglais. Pour moi, ce n'est pas une priorité de m'exprimer en français, je travaille constamment en anglais.
Certaines gens pourraient me dire qu'étant donné que je suis francophone, je devrais avoir plus de respect pour ma langue. Cela a commencé à l'Université d'Ottawa lorsque je suivais des cours dans les deux langues. Une grande partie des cours étaient offerts en anglais. Les livres de sciences pures que je devais utiliser étaient tous en anglais et à partir de ce moment, je me suis adapté au fait que je devais travailler en anglais.
Entre autres, à Statistique Canada, je répondais à des appels téléphoniques et des gens me félicitaient pour mon français, croyant que j'étais anglophone. On travaille davantage en anglais parce que la demande est plus forte en anglais.
Je ne sous-estime pas la demande du côté francophone, je crois qu'il y en a, mais dans une moins forte proportion.
Le sénateur Robichaud : Ce qui nous préoccupe dans le déménagement des employés, c'est le fait qu'ils puissent être mis de côté à cause de leur langue. C'est aussi le fait que peu de gens sont venus travailler ici à Vancouver.
M. Laplante : Ce n'était pas le facteur déterminant.
Le sénateur Robichaud : Non?
M. Laplante : Pas à ce que je sache. Peut-être était-ce le cas pour certaines personnes. Mais en grande partie, je crois que c'est davantage la situation familiale, la présence d'un conjoint ou d'une conjointe avec des enfants de niveau primaire. Les parents d'enfants d'âge scolaire hésitent à déménager. Je crois que ce sont là les raisons principales.
Mme Richard : Mes enfants fréquentaient l'école francophone à Ottawa. S'ils avaient été plus jeunes, la décision de déménager aurait été probablement plus difficile à prendre parce que le milieu est quand même très anglophone à Vancouver.
Mais les enfants sont adultes maintenant. Ma fille de 20 ans vit avec moi et elle est bilingue. Fréquenter un milieu majoritairement anglophone lorsqu'on est plutôt francophone, c'est quelque chose qui préoccupe davantage les jeunes familles.
Le sénateur Robichaud : Monsieur Verschuren, votre déménagement à Vancouver a-t-il été une occasion de travailler pour la Commission canadienne du tourisme?
[Traduction]
M. Verschuren : Ce n'était en fait qu'une option. Je n'étais pas obligé de rester à la CCT. J'avais d'autres possibilités à étudier. Toutefois, compte tenu de la situation économique, du bien-être de ma famille et notre situation financière, je devais prendre une décision qui me permettrait de maintenir et même d'améliorer mon niveau de vie. Étant un anglophone dans une région désignée bilingue à Ottawa, et compte tenu de ce que j'avais vécu lorsque j'ai tenté de trouver un emploi dans la fonction publique, encore une fois en raison de toutes les règles en vigueur à ce moment-là, la décision n'était pas très difficile à prendre. Je n'avais essentiellement pas d'autre choix que de venir ici.
Je ne cherchais pas à me soustraire aux exigences en matière de bilinguisme. Dans la situation actuelle à Ottawa, je suis en contact avec la langue française et cela me plaît bien. J'apprends le français. Je prends des mesures pour perfectionner mes connaissances du français, mais cela ne m'empêche pas de faire mon travail, si ce n'est quand je dois faire une présentation en français. Je fais ce que je peux. Si je dois correspondre avec quelqu'un en français, je demande l'aide de mes collègues francophones, des gens du Bureau de traduction et des gens de mon service.
Dans mon domaine de travail, nous étions autrefois six spécialistes des produits, dont la plupart étaient bilingues. Je suis le seul à avoir accepté de déménager ici. Personne d'autre n'est venu. J'occupe ce poste de spécialiste des produits depuis plus d'un an maintenant, dans une division qui est actuellement administrée par un anglophone, c'est-à-dire moi, avec l'aide de la directrice administrative, qui est entièrement bilingue et d'autres personnes de notre service qui relèvent de la directrice exécutive. Nous avons réussi à composer avec les exigences linguistiques sans aucun problème. Il faut simplement prévoir plus de temps parce que je dois rédiger mes réponses en anglais et les faire traduire par la suite. C'est ainsi que les choses se passent maintenant, mais cela changera bientôt.
Le sénateur Robichaud : Qu'est-ce qui changera?
M. Verschuren : Les choses changeront lorsque nous aurons le personnel supplémentaire dont nous avons besoin, c'est-à-dire trois personnes. Un des postes que l'on cherche à combler actuellement est un poste bilingue non impératif et l'autre est bilingue impératif. Nous ramènerons les compétences linguistiques de ce petit service de la Commission canadienne du tourisme à ce qu'elles étaient lorsque nous étions à Ottawa. Toutefois, d'ici là, c'est à moi qu'il incombe de répondre aux demandes de mes homologues et de mes collègues du Québec et des autres régions du Canada qui veulent travailler en français. Je leur réponds en général dans les 48 à 72 heures parce que nous avons la responsabilité de répondre le plus rapidement possible aux demandes qui nous sont transmises. Nous faisons ce que nous pouvons à cet égard.
[Français]
Le sénateur Comeau : J'aimerais qu'on examine les avantages et les inconvénients de la relocalisation d'un ministère ou de celle d'une société de la Couronne.
Dans votre cas, tout le siège social a été relocalisé à Vancouver. La même chose est arrivée dans le cas d'Anciens combattants Canada, qui a été déménagé d'Ottawa à l'Île-du-Prince-Édouard.
Dans le cas d'un déménagement total, a-t-on examiné l'impact sur les parents des employés et les ennuis que cela pourrait causer à la langue? Avec les moyens de communications dont nous disposons aujourd'hui, est-ce que c'est possible d'envisager une relocalisation partielle?
M. Laplante : Il est évident que cela n'a pas été une option. Avec un bureau-satellite qui se trouve maintenant à Ottawa, je crois que cette recommandation est viable. La Commission canadienne du tourisme a perdu ce qu'on appelle la «mémoire institutionnelle» et si on avait envisagé un déménagement partiel, on ne l'aurait peut-être pas perdue. À mon avis, le fait de perdre cette connaissance équivaut à une régression. Je ne sous-estime en rien les gens qui ont rempli ces fonctions, mais lorsqu'on perd des gens qui ont 20 ans et plus d'expérience dans le milieu, il devient très difficile de les remplacer.
Si on avait pensé à un déménagement partiel et qu'un bureau était nécessaire à Vancouver, on aurait pu se concentrer sur l'approche des Jeux olympiques. Ce que je veux dire, c'est que tout ce travail aurait pu être effectué d'Ottawa ou de Vancouver. Comme on l'a mentionné plus tôt, avec tous les moyens de communication qui sont disponibles de nos jours, on peut travailler de pratiquement n'importe où.
Le sénateur Comeau : Cela nous amène à penser que la Commission canadienne du tourisme pourrait revenir à Ottawa, que cela réconforterait les employés qui ont de jeunes enfants et qui sont préoccupés par leur éducation en milieu anglophone.
Plutôt que de perdre cette mémoire institutionnelle, il y a possiblement une deuxième option. Par exemple, lorsqu'on examine la possibilité de relocaliser Pêches et océans Canada, on s'aperçoit que la pêche se fait autant sur la côte ouest que la côte est, mais tous les bureaux sont situés à Ottawa, un endroit où il y a peu de poissons Il serait bon d'examiner un modèle autre que le déménagement du siège social en entier, ce serait certainement un avantage.
M. Laplante : Absolument.
Le sénateur Comeau : Vous avez répondu à une question d'un autre sénateur et vous avez dit qu'ici à Vancouver vous travaillez surtout en anglais?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Comeau : Est-ce que c'était aussi le cas à Ottawa?
M. Laplante : Oui. Je m'étais déjà fait féliciter pour mon français à Statistiques Canada.
Le sénateur Comeau : On me dit la même chose, que je parle bien français. Bienvenue au club.
Le sénateur Robichaud : Si le déménagement avait eu lieu dans une région désignée bilingue, auriez-vous perdu autant d'employés?
M. Laplante : Je crois que oui. Comme je l'ai mentionné tantôt, la majorité des gens qui n'ont pas déménagé ne l'on pas fait pour des raisons très claires. C'était la situation familiale, la question de l'emploi du conjoint ou de la conjointe et le changement de situation financière lié au fait de déménager à Vancouver. Cela a effrayé beaucoup de gens.
Le sénateur Robichaud : À cause du marché de l'immobilier?
M. Laplante : Principalement. Le coût de la vie n'est pas plus dispendieux, mais lorsqu'on commence à le briser en morceaux, on s'aperçoit que le marché immobilier est très élevé. L'assurance auto et l'électricité, par contre, coûtent moins cher.
Le sénateur Robichaud : Il faut des avantages en quelque part.
M. Laplante : La valeur de ma propriété a augmenté de 100 000 $ en un an.
Le sénateur Robichaud : C'est la raison pour laquelle vous avez déménagé. Non, je vous taquine.
Le sénateur Tardif : Mes questions concernent les générations futures. Sentez-vous bien à l'aise si vous ne pouvez ou ne voulez pas répondre aux prochaines questions. D'après vous, les employés de la Commission canadienne du tourisme sont-ils au courant de leurs droits et de leurs obligations quant à la Loi sur les langues officielles?
M. Laplante : Absolument.
Le sénateur Tardif : Ils sont au courant?
M. Laplante : Oui.
Le sénateur Tardif : Au niveau du service au public et de la possibilité de travailler dans la langue de son choix, savent-ils que les outils, l'infrastructure et la supervision sont disponibles en français?
M. Laplante : Nous avons reçu beaucoup de courriels à ce sujet.
Le sénateur Tardif : D'où proviennent ces courriels?
M. Laplante : Ils proviennent du département des communications responsable des langues officielles. Par exemple; si je rédige un rapport de recherche et que je l'achemine à la section des publications qui s'occupe de l'afficher sur le site Internet de la Commission, ce rapport devient disponible à l'industrie et au public. Si je ne fournis pas la version française de mon rapport, il ne sera jamais publié sur le site Internet. Les directives sont très claires et on doit les respecter.
Le sénateur Tardif : Est-ce que vous travaillez avec la communauté francophone? Rencontrez-vous périodiquement la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique?
M. Laplante : Non, mais peut-être que mon collègue du département des communications le fait.
Le sénateur Tardif : Pourquoi ne le faites-vous pas?
M. Laplante : Comme je l'ai dit plus tôt, c'est parce que le travail et la prise de décisions se font principalement en anglais.
Le sénateur Tardif : Une des parties de la Loi sur les langues officielles vise l'encouragement des communautés de langue officielle. Donc si la Commission canadienne du tourisme déménage dans des endroits où il y a des communautés francophones, elle a donc l'occasion de travailler avec la communauté francophone et de créer des partenariats.
M. Laplante : C'est qu'on ne le fait pas avec le milieu anglais. C'est le milieu anglais qui vient vers nous. C'est ma façon de voir les choses.
Mme Richard : Il y a des occasions où nous le faisons. Il y a quelques semaines, la Chambre de commerce franco- colombienne a tenu un déjeuner-causerie. RDI était là et nous étions quatre ou cinq représentants de la Commission canadienne du tourisme. Il y avait également le champion des langues officielles qui était là officiellement pour parler des olympiques et des possibilités de partenariat.
Le sénateur Tardif : Personnellement, avez-vous eu l'occasion de participer à des activités francophones à Vancouver?
Mme Richard : J'ai eu des invitations et il y aura probablement d'autres événements à venir, maintenant que j'ai rencontré des gens du groupe francophone ici à Vancouver. Mais ce serait surtout du côté personnel, non pas du côté affaire.
[Traduction]
Le sénateur Jaffer : J'aimerais poser une question à M. Verschuren. S'il ne veut pas y répondre, je respecterai sa décision.
Monsieur Verschuren, vous avez dit que lorsque vous êtes arrivé à ce poste, vous étiez entièrement unilingue. Toutefois, il semble que vous ayez amélioré vos connaissances de la langue française et que vous puissiez maintenant communiquer en français, mais à ce moment-là, vous aviez du mal à trouver un emploi à votre niveau à Ottawa. Croyez-vous que les gens qui se trouvent dans votre position sont irrités de voir que leur carrière piétine à Ottawa parce que leurs connaissances de la langue française ne sont pas suffisantes et qu'ils doivent trouver un emploi ailleurs?
M. Verschuren : Lorsqu'on occupe un poste dans un organisme ou un ministère du gouvernement fédéral, il est évident qu'il faut se soumettre à une politique sur la dualité linguistique. Je respecte cela. Ayant vécu la situation à titre d'anglophone à Ottawa, où les rôles sont en grande partie renversés pour les anglophones qui ont travaillé au sein de la fonction publique fédérale, dans une société d'État, je peux dire que c'est aussi difficile pour nous que cela peut l'être pour un francophone d'obtenir un emploi dans une région unilingue anglaise. Cela va dans les deux sens. Je crois qu'il faudrait faire une étude à ce sujet ou discuter de la question puisque la politique sur les langues officielles s'applique dans les deux sens et que nous ne devrions pas l'oublier lorsque nous traitons avec des anglophones dans les régions désignées bilingues.
Le sénateur Jaffer : Nous pourrions certainement tirer grand profit de votre expérience dans ce domaine. En rétrospective, qu'est-ce qui, selon vous, aurait pu vous rendre la vie plus facile à vos débuts? J'entends bon nombre de personnes ici au gouvernement fédéral dire qu'il est très difficile d'obtenir des cours de français en Colombie- Britannique. Dans votre cas, qu'est-ce qui aurait pu vous aider à apprendre le français?
M. Verschuren : Du point de vue d'un anglophone, je dirais qu'en vieillissant il est plus difficile d'apprendre une langue seconde. J'ai été en contact avec le français toute ma vie. Les employés de tous les ministères et organismes peuvent bien sûr obtenir une formation en langue française, mais je ne suis pas convaincu que la formation linguistique en cours d'emploi ou même après le travail peut rendre une personne bilingue.
Je suis actuellement quatre heures de cours de français par semaine, au travail, pour améliorer mes compétences linguistiques tant au niveau oral qu'écrit. Je comprends très bien ce qu'on me dit en français. Toutefois, je ne peux m'entretenir avec une personne en français dans le cadre de mes tâches habituelles ou d'une conversation ordinaire. À mon niveau, il est possible de participer à un programme d'immersion en langue française et de passer de six à huit mois à apprendre la langue au besoin, mais certains hésitent à le faire, de crainte de ne pas retrouver leur poste à leur retour. C'est une des préoccupations à cet égard. Compte tenu des besoins opérationnels au sein d'un ministère, ce n'est pas là une façon normale de fonctionner. Ce n'est pas du tout facile dans un organisme aussi petit que le nôtre de se passer des services d'une personne. Nous avons réellement besoin de tout le monde en tout temps. Il est donc très difficile de décider de s'absenter pour aller suivre une formation linguistique.
En ce qui me concerne — et il est toujours facile de porter un jugement après coup — si j'avais su dans quoi je m'embarquais, j'aurais probablement fait un effort supplémentaire pour devenir bilingue plus tôt au cours de ma carrière. Ce n'était pas un problème à Toronto, et ce n'en est certainement pas un ici à Vancouver, mais je me suis rapidement rendu compte à Ottawa que les possibilités sont réduites pour un unilingue, à tout le moins dans la fonction publique.
Le sénateur Jaffer : Je vous remercie.
[Français]
La présidente : Au nom des membres du Comité sénatorial permanent des langues officielles, je remercie les trois témoins d'avoir partagé leur expérience avec nous cet après-midi.
Nous recevons maintenant la directrice générale du Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie- Britannique, Mme Nicole Desjardins.
Nicole Desjardins, directrice générale, Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique : J'aimerais remercier madame le sénateur Maria Chaput de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui au sein de votre comité, suite à notre rencontre à Ottawa, il y a deux semaines, dans le cadre de l'Équipe francophonie. J'espère que mon humble témoignage pourra servir d'éclairage et, subséquemment, nourrir votre rapport.
Tout d'abord, le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique, CCAFCB, est l'organisme provincial porte-parole des arts et de la culture regroupant 15 associations francophones ayant une programmation culturelle et artistique.
Nos membres sont : l'Association des francophones de Nanaimo, l'Association des francophones de Kootenays Ouest, l'Association des francophones et francophiles du Nord-Ouest, l'Association francophone de Campbell River, l'Association francophone de Kamloops, l'Association francophone de la Vallée de Comox, le Centre culturel français de l'Okanagan, le Centre culturel francophone de Vancouver, le Cercle des Canadiens français de Prince-George, le Club Bon Accueil de Powell River, la Société francophone de Victoria, la Société Maillardville-Uni, le Théâtre la Seizième, la Troupe de danse traditionnelle Les Cornouillers et Vision Ouest Productions.
Comme vous pouvez le constater, il y a un étalement géographique servant à la représentativité du Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique.
Le CCAFCB contribue activement au développement du secteur des arts et de la culture francophone par son Réseau Pacifique, qui est un appui aux diffuseurs et aux artistes; par des présentations de vitrines culturelles également; par l'appui aux projets de tournées de ces artistes; la création d'opportunités de réseautage et d'offres de formation continue; la coordination de programmations culturelles concertées; le soutien à la participation d'événements contacts.
Le dossier de l'Intégration des arts en milieu scolaire est une autre réalisation qui sert à l'arrimage du secteur culturel et artistique et du milieu éducatif; une sensibilisation auprès des intervenants du milieu éducatif à l'importance de la présence des arts et de la culture dans les écoles comme moteur de développement identitaire; l'appui aux artistes, au personnel et aux associations de parents dans les écoles pour augmenter le nombre de représentations et de projets artistiques et culturels dans les écoles.
Nous venons de conclure récemment une entente avec le Conseil scolaire francophone pour intégrer à celui-ci les arts et la culture, en espérant qu'un jour, on aura un financement à cette entente.
Ensuite, nous avons le dossier des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010. Par ce dossier, on veut mobiliser les membres du CCAFCB et du secteur culturel et artistique en vue des Jeux olympiques de 2010. Nous sommes en train de réaliser une planification stratégique qui sera terminée en décembre. Nous avons une représentation au comité sectoriel de la culture auprès de la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures et la Fédération culturelle canadienne-française. Donc nous siégeons sur ce comité et nous avons aussi une représentation au Comité national de la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures.
Nous avons également une représentation du secteur Arts et culture au sein de la communauté par l'Entente FFCB- COVAN.
Le plan d'action est à venir, bien sûr, suite à notre planification stratégique.
Nous avons aussi le site Internet du CCAFCB. Nous sommes en train de l'actualiser pour en faire un portail interactif et rassembleur du secteur des arts et de la culture de la communauté britanno-colombienne, ce pour quoi nous avons été subventionnés par Industrie Canada dans le cadre du programme Francommunautés Virtuelles.
Notre avenir : en route vers un secteur culturel et artistique vibrant, dynamique et en constante évolution; une communauté jouissant d'expériences culturelles et artistiques diversifiées et nombreuses; une communauté artistique reconnue au sein de la Francophonie; un partenariat soutenu avec la communauté, peu importe sa provenance. Les gouvernements des différents paliers offrent un meilleur soutien financier aux organismes des arts et de la culture de la Francophonie canadienne.
Comme vous le constatez, le CCAFCB est un organisme essentiel à l'essor de la communauté francophone, et est partie prenante de la Colombie-Britannique donc de la vitalité de cette province et de l'épanouissement des gens qui y vivent.
J'attire votre attention sur un point. J'ai parlé précédemment de nos réalisations, mais je n'ai pas mentionné nos activités puisque le CCAFCB produit un certain nombre d'activités. Je vous invite à prendre connaissance de celles-ci sur le petit carton que je vous ai remis, qui est très coloré. Je vous invite tous à en prendre connaissance, vous pouvez également le faire en consultant le site Internet du CCAFCB et en y revenant régulièrement, d'autant qu'il aura un nouveau visage en avril 2007.
Comme ma comparution est liée aux Jeux olympiques de 2010, je reviendrai donc à ce dossier prioritaire de notre organisme. Actuellement en écriture d'une Planification stratégique qui mènera la communauté des arts et de la culture vers un plan d'action en vue des Jeux olympiques de 2010, le CCAFCB a pu colliger des informations très utiles dans le but de bâtir une présence francophone au sein des Jeux olympiques de 2010 et ainsi, pouvoir espérer être un acteur dynamique au sein des structures mêmes de l'organisation des Jeux par le COVAN. Nous aimerions les partager avec vous.
Nous avons quelques-unes des caractéristiques des Jeux de Vancouver-Whistler : Ce sont des Jeux canadiens, avec tout ce que cela comporte en termes de dualité linguistique. Les Premières Olympiades culturelles sont associées aux Jeux d'hiver. L'accent sera mis sur les Premières nations et les peuples autochtones, les jeunes, les partenariats, les nouvelles technologies et les legs.
C'est la première fois que les différentes cérémonies auront lieu à l'intérieur, de plus, il s'agit du dixième anniversaire des Jeux paralympiques.
Je voudrais faire un rappel des trois orientations stratégiques de la communauté francophone de la Colombie- Britannique pour les Jeux :
Les Jeux sont une vitrine pour la communauté francophone de la Colombie-Britannique. Les artistes et artisans francophones de la Colombie-Britannique sont représentés de façon équitable lors des événements liés aux Jeux. Les retombées des Jeux permettent le développement culturel, économique et l'épanouissement communautaire et éducatif de la communauté francophone de la Colombie-Britannique.
Vous avez ici un tableau qui vous donne un aperçu des programmes culturels liés aux Jeux. Dans la première colonne, vous avez les activités. Ici, ce sont des activités avant les Jeux. Vous avez les Olympiades culturelles, qui devaient être disponibles de 2006 à 2010; malheureusement, les activités ont été remises. On nous a dit qu'elles commenceront seulement en 2008. Normalement, cela aurait dû se dérouler de 2006 à 2007, à Vancouver et à Whistler. Ces activités mettaient en valeur la culture et les artistes locaux.
Ensuite, en 2007, 2008, nous avons Offensive Canada, pour la participation des collectivités aux institutions culturelles du pays. En 2008-2009, nous avons des tournées internationales, car on doit faire une espèce de vitrine culturelle amenant les gens à travers le monde, les Canadiens, les artistes et artisans. Les plus grands talents créatifs du Canada présentent leur œuvres, leur savoir-faire et invitent la planète à venir en Colombie-Britannique pour 2010. Cela se termine cinq semaines avant les Jeux.
On a une activité d'échange de contes via Internet, qui devrait se dérouler également de 2006 à 2010. C'est un outil de communication interactif visant à rapprocher les organismes artistiques. Il y aura des expositions olympiques en Suisse, au musée olympique de Lausanne, et à Vancouver au Vancouver Museum. C'est une exposition sur les arts et l'héritage culturel canadien; au Vancouver Museum, il y aura une exposition du musée olympique.
Ensuite, on a des programmes qui s'appellent 2010 Legacies Now ; ce sont des subventions en art et en culture pour les associations francophones de la Colombie-Britannique — et pour toute autre association d'ailleurs; j'ai fait un résumé des organismes qui bénéficient depuis 2006 de ces fonds pour se préparer aux Jeux olympiques de 2010.
Dans le programme Spirit of BC, on a eu la Chanson de guerre pour la paix, 16e Festival d'été francophone de Vancouver, par le Centre culturel francophone de Vancouver; Ma ville est mon amant, 12e Coup de cœur francophone de Vancouver 2006, par le Centre culturel francophone de Vancouver.
Dans le programme Arts Now 2005, on a eu une diversification du financement demandée par le Centre culturel francophone de Vancouver. Pour notre part, le CCAFBC, nous avons bénéficié de fonds pour notre planification stratégique pour les Jeux.
Dans le cadre de Arts Now 2006, on a eu Cinémania, par l'Association des francophones des Kootenays Ouest, et le festival AfroFest, financement qui a été demandé par le Centre d'intégration pour les immigrants africains; Femmes en chanson pour 2010, c'est le conseil culturel qui a demandé ce programme pour lequel nous attendons encore une réponse.
Nous avons les autres activités, sous la rubrique « divers et francophones ». Il ne faut pas oublier que nous allons avoir la fête de la commémoration du 150e anniversaire de la fondation de la Colombie-Britannique en 2008. Nous allons avoir en 2008 aussi, en Colombie-Britannique, les Jeux Autochtones Nord-Américains.
Nous avons aussi les célébrations et les anniversaires des associations francophones de la Colombie-Britannique : En 2007, nous aurons le 100e anniversaire des scouts du monde; les 20 ans de l'Association des francophones de Surrey. En 2008, nous avons les 30 ans de l'Association de Campbell River. En 2009, le 100e anniversaire de la fondation de Maillardville-Uni et les 20 ans du Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique. En 2010, le 50e anniversaire du Cercle des Canadiens-Français, les 20 ans de Réseau-femmes en Colombie-Britannique et le 10e anniversaire du Festival du sucre d'érable à Nanaimo, pour n'en citer que quelques-uns.
Parmi les festivals et autres événements des associations francophones de Colombie-Britannique qui coïncident avec la tenue des Jeux olympiques de 2010, nous avons le Festival du Sucre d'Érable de Nanaimo, le Festival du bois de Maillardville-Uni, le Festival de la francophonie de Victoria, le Festival Les Rendez-vous du cinéma québécois et francophone, le Festival d'hiver du Cercle des Canadiens-français de Prince George, les Cabanes à sucre de différentes associations, Kamloops, AFFNO et la journée du ski francophone de l'AFKO.
Précédant les Jeux et reliées au COVAN, bien sûr, nous aurons aussi les activités de relais de la flamme olympique à partir de l'automne 2009 pour 114 jours, de la Grèce vers le Canada. C'est un projet national, qui représente le relais du flambeau porté par plus de 7 000 Canadiens de tous les âges et toutes les cultures, à la course, en traîneau à chien, en motoneige, à cheval, en avion, soit les moyens de transport canadien. Nous aurons aussi le Festival olympique des arts, à partir du 22 janvier 2006, d'une durée de cinq semaines jusqu'au 27 février, dans plus de 25 sites existant à Vancouver et à Whistler, partout, sur les trottoirs, dans les rues et les espaces publics des deux villes ainsi que sur les sites d'épreuves sportives et les villages olympiques. Ce sera pour présenter les arts et la culture du Canada, mais également d'autres pays; c'est à dimension internationale.
[Traduction]
Le sénateur Jaffer : Comme nous venons tous les deux de la même région et que je vous connais bien, je vous propose de nous laisser prendre connaissance de votre mémoire plus tard. Si vous le désirez, vous pouvez certainement nous en présenter le contenu, mais ce que nous voulons surtout, c'est discuter avec vous et tirer profit de votre expérience.
Mme Desjardins : Je tiens à vous dire que les activités sont très importantes.
Le sénateur Jaffer : Nous l'avons vu et nous vous sommes reconnaissants de tous les renseignements que vous nous avez présentés dans votre mémoire. Nous en prendrons connaissance dès notre retour à Ottawa.
Mme Desjardins : Je vous remercie. Je comprends.
[Français]
Comme vous le constatez, une panoplie d'événements et d'activités auxquels nous pouvons nous associer est disponible à la communauté francophone de la Colombie-Britannique. Il ne suffit pas de croire que, même si l'entente de la FFCB-COVAN est signée, elle garantit automatiquement une participation de la communauté francophone associée aux Jeux et ce à toutes les occasions disponibles. Par contre, il est de notre devoir d'espérer y avoir une bonne part de participation, puisque nous faisons partie de la communauté hôte, mais également de l'une des deux langues officielles du pays.
De plus, nous savons tous que le français est la langue officielle des Jeux olympiques modernes. Je suis assez d'accord avec les constats de Mme Lise Bissonnette, dans son rapport de Grand Témoin de la Francophonie pour les Jeux olympiques d'hiver de Turin, lorsqu'elle mentionne que ``c'est bien joli la langue de la cérémonie, mais la langue d'usage est désormais l'anglais''. Je laisse la FFCB débattre de ce dossier auprès de votre comité mais il laisse quand même le secteur des arts et de la culture inquiet.
Nous aurons sûrement plus de communication à livrer lors de la planification stratégique du secteur des arts et de la culture du CCAFCB qui sera disponible en décembre 2006.
Le CCAFCB s'inquiète également de la présence unilingue au sein du personnel cadre en poste actuellement au COVAN dans le secteur de la culture, cérémonie et programmes culturels. Vous n'avez qu'à vous rendre sur le site Internet pour en faire le constat.
Le COVAN rencontrera la communauté francophone du secteur des arts et de la culture jeudi de cette semaine à la Maison de la francophonie, afin de nous exposer où ils en sont dans leur programme culturel. Ils nous feront une présentation en anglais, puisque les deux personnes s'occupant du secteur culturel sont unilingues anglais, mais peut- être aurons-nous le plaisir de les entendre dans les deux langues officielles du pays. Nous ne voulons pas être pessimistes, mais si les structures actuelles n'ont pas de personnel bilingue, il se pourrait fort bien que la majorité du futur personnel soit unilingue anglais et que la dualité linguistique du Canada ne soit pas respectée.
Comme la grande partie des Jeux sollicitera le secteur des arts et de la culture, nous sommes à même de nous inquiéter de la représentativité des artistes et artisans francophones dans des programmes culturels liées aux Jeux. Nous avons déjà constaté l'absence d'artistes francophones lors des événements qui ont déjà été présentés par le COVAN depuis un an.
Nous avons en Colombie-Britannique une quantité et une qualité d'artistes et d'artisans œuvrant dans les différentes disciplines du secteur des arts et de la culture, sans compter les autres artistes et artisans des communautés francophones et acadiennes établis ici et en provenance des autres provinces. Nous avons des réseaux de diffusion qui s'interpellent à travers le Canada et la francophonie pancanadienne des arts et de la culture est solidement organisée et possède des artistes et artisans de haut calibre qui, nous l'espérons, prendront part au programme culturel des Jeux. Nous formons le vœu que ce soit dans le plan de match du COVAN.
Nous nous inquiétons également de ce que les programmes culturels liés aux Jeux soient en retard dans le calendrier d'organisation de ces Jeux. Normalement, le programme des Olympiades culturelles aurait dû débuter immédiatement après Turin, et voilà qu'il ne débutera, semble-t-il, qu'à l'automne 2007 ou l'hiver 2008. Les conséquences de cette absence de deux ans sur la scène culturelle nous interpellent. Serons-nous trop près des Jeux pour engager la relève ainsi que les artistes et artisans de la francophonie canadienne pour nourrir le canevas des différents programmes liés aux Jeux? Il serait dommage de retrouver uniquement les grands noms déjà connus — sans les exclure, bien évidemment - ne laissant aucune place aux talents locaux à la grandeur du pays.
Il faut offrir à tous l'occasion de vivre une expérience olympique canadienne bilingue. La culture francophone en Colombie-Britannique est bien présente, dynamique et vibrante. Nous avons un patrimoine bien établi, une culture en constante évolution, un secteur culturel et artistique diversifié et présent dans l'ensemble de la province. De plus, plusieurs festivals bien établis coïncident avec la tenue des Jeux olympiques de 2010.
Le CCAFCB et ses membres, des ressources, des réalisations, des réussites et un réseau provincial, interprovincial, national et international avec des partenaires dans la communauté, pourrait aider le COVAN à la réussite des Jeux.
Le CCAFCB souhaite contribuer à l'organisation du volet culturel des Jeux olympiques de 2010 par les programmes culturels liés aux Jeux en mettant à contribution son expertise, son réseau et son expérience. Le CCAFCB est un partenaire clé pour les Jeux olympiques de 2010.
Tous ensembles culturellement en route vers les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010, mettant les valeurs de la dualité linguistique canadienne de l'avant.
Le sénateur Murray : Madame Desjardins, si vous étiez sénateur et membre de ce comité, sachant que demain, à 10 h 15, nous allons accueillir comme témoins Francine Bolduc, directrice de programmes, Ressources humaines et langues officielles, du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver et Mme Renée Smith Valade, vice-présidente des communications du COVAN, et que vous étiez en train de préparer vos questions, quelles questions songeriez-vous à poser à ces personnes? Ai-je raison de croire que les questions qui vous concernent le plus sont à la page 10 de votre mémoire d'aujourd'hui?
Premièrement, vous vous inquiétez de la présence unilingue au sein du personnel cadre en poste actuellement au COVAN dans le secteur de la culture, des cérémonies et des programmes culturels.
Deuxièmement, vous faites le constat de l'absence d'artistes francophones dans des événements qui ont déjà été présentés par le COVAN depuis un an.
Troisièmement, vous vous inquiétez de ce que les programmes culturels liés aux Jeux soient en retard dans le calendrier de l'organisation de ces Jeux.
Est-ce que ce sont là les trois questions que l'on devrait poser au COVAN demain matin? Aidez-nous à formuler nos questions pour qu'elles soient le plus efficaces possible.
Mme Desjardins : Bien sûr, l'absence des artistes lors des événements qui ont eu lieu, on l'a constatée au CCAFCB; mais ce sont surtout les gens sur le terrain qui m'ont fait des remarques. Chaque fois qu'ils me voyaient, ils me disaient : comment se fait-il qu'on ne voit jamais nos artistes d'ici, de Colombie-Britannique, lors des cérémonies du COVAN? Ces remarques viennent de la population, pas uniquement du Conseil culturel.
Le sénateur Murray : Est-ce qu'ils vous ont posé la question sur ce que vous faites de votre côté?
Mme Desjardins : Oui, tout à fait.
Le sénateur Murray : Et quelle est votre réponse?
Mme Desjardins : Cela ne fait pas longtemps que le directeur des programmes culturels a été embauché — depuis septembre dernier. Il est bien évident que, précédemment, s'il n'y avait personne à ce poste, j'imagine qu'ils ont dû organiser de bonne foi les prestations. Mais il est certain que la dualité linguistique existe au Canada. En Colombie- Britannique, la population francophone représente quand même au-delà de 65 000 personnes et près de 240 000 à 270 000 francophiles. C'est quand même une population dynamique.
Il me semble que c'eut été facile, je crois, car ce n'est pas comme si notre organisme n'existait pas. Cela fait dix ans que nous sommes présents sur la scène des arts et de la culture en Colombie-Britannique. Peut-être que, justement, il y a eu un manque de coordination ou de communication. Nous avons appris à la dernière minute que ces événements avaient lieu, comme une semaine avant. Évidemment, si on apprend qu'il y a un lancement une semaine avant, on ne peut rien organiser avec un artiste. Il ne peut pas se déplacer à une semaine ou trois jours d'avis. Cela demande une préparation. Peut-être un mois ou un mois et demi d'avance.
Le sénateur Murray : La question est de savoir si votre organisme est impliqué de près dans l'organisation ou dans les consultations faites par le COVAN?
Mme Desjardins : Cela fait un an que je suis ici en Colombie-Britannique. C'est sûr que j'ai été interpellée par la Fédération des francophones, par les divers comités dont je fais partie, mais actuellement, pas vraiment par le COVAN.
Le sénateur Murray : Vous parlez de la présence unilingue au sein du personnel actuellement en poste. Est-ce qu'ils sont en train de dresser un plan?
Mme Desjardins : J'espère qu'ils ont un plan d'action pour changer le tout. Je sais que Mme Bolduc sert actuellement de relais entre la communauté francophone.
Le sénateur Murray : Elle est directrice des ressources humaines et des langues officielles, ce n'est pas vraiment son rôle.
Mme Desjardins : Je suis d'accord avec vous, mais actuellement, c'est ce que l'on nous offre. Je ne veux pas être négative sur ce point. Je sais qu'ils sont en train de s'organiser, et j'imagine que si on a engagé un directeur de la programmation culturelle, toute une équipe suivra. Bien sûr, je ne crois pas que M. Robert Kerr fera cela tout seul. Mais tout ce que j'espère, c'est que l'on respecte la dualité linguistique à ce niveau. Le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique ainsi que d'autres personnes m'ont aussi demandé où était la francophonie.
Pour le calendrier, c'est sûr que je suis allée souvent à la pêche au COVAN depuis que je suis en poste, pour savoir où en était le programme d'olympiades culturelles en 2006. J'ai suivi les Jeux de Turin et normalement après la fermeture des Jeux de Turin, ils auraient dû commencer tout de suite à préparer les olympiades culturelles. La communauté francophone était prête. Nous, on a des choses à livrer et à donner au COVAN pour les aider pour une relation gagnant-gagnant. C'est cela que veut la communauté francophone. Par communauté, je parle de communauté francophone de toutes diversités ethnoculturelles, qui parle français et de tous les francophiles. Je suis agréablement surprise de constater, depuis l'année et quelques mois que je suis ici, qu'on adore les Français et la langue française. Elle est parlée par plusieurs anglophones, la communauté chinoise s'y intéresse actuellement, et il y a un engouement pour les écoles d'immersion en langue française. Le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie- Britannique servira ces communautés aussi.
Le sénateur Murray : Votre Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique est une sorte de fédération des différentes associations, un parapluie. Est-ce que le conseil est financé par les membres ou par le gouvernement?
Mme Desjardins : C'est une organisation à but non lucratif qui est majoritairement soutenue par l'entente communauté de DGPALO. Les maigres revenus que nous recevons de nos membres ne suffisent pas parce qu'ils nous donnent une cotisation annuelle de 100 $. Donc, vous pouvez dire que 1 500 $ ne servent pas à payer grand-chose au niveau du budget. Mais nous allons puiser aux déférentes sources de subventions données, comme j'ai mentionné tantôt pour le site Internet, communauté virtuelle d'industrie Canada. Nous avons la chance de déposer des demandes de subvention à la Société Legacies Now 2010, au Conseil des arts de la Colombie-Britannique, ainsi de suite.
Le sénateur Murray : Vous me permettez de vous demander d'où vous veniez avant de venir en Colombie- Britannique?
Mme Desjardins : Je viens de la région de Montréal, je suis Québécoise.
Le sénateur Murray : Vous travailliez dans ce secteur auparavant?
Mme Desjardins : Je travaillais à la Banque du Canada, dans les musées.
Le sénateur Losier-Cool : Mes questions font suite aux questions du sénateur Murray, et portent sur votre Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique. Dans une des réponses que vous avez donnée, vous avez ajouté que vous aviez certains liens avec la société culturelle de Vancouver. Est-ce que la province de la Colombie- Britannique a une politique culturelle? Vous savez sans doute qu'au Nouveau-Brunswick, c'est quelque chose que l'on aimerait bien avoir, et qu'à chaque élection, on nous en fait la promesse.
Mme Desjardins : Oui, vous êtes des militants.
Le sénateur Losier-Cool : Est-ce qu'il y a un conseil culturel au niveau provincial?
Mme Desjardins : Dans ma planification stratégique ou dans mon plan d'action à venir pour le legs des Jeux olympiques de 2010, ce serait probablement une recommandation que je ferais. Non, nous n'avons pas un conseil de la culture, nous avons un secteur de la culture, des sports et des loisirs. Il n'y a pas de politique culturelle et il n'y a pas d'argent pour le développement des arts et de la culture pour les communautés de la Colombie-Britannique.
Le sénateur Losier-Cool : J'ose croire que vous avez encore moins un comité culturel francophone.
Mme Desjardins : Nous y travaillons très fort.
[Traduction]
La semaine dernière, mon superviseur a transmis mon curriculum vitae au Conseil des arts de la Colombie- Britannique, proposant ma participation au jury...
[Français]
... ou sur les comités de sélection des organismes qui vont recevoir de l'argent, il n'y a aucun francophone.
Le sénateur Losier-Cool : Est-ce que vous avez un certain nombre d'artistes francophones qui vivent de leur art, soit du théâtre, de l'art visuel ou autre chose?
[Traduction]
Mme Desjardins : Ce n'est pas le cas pour la majorité d'entre eux. Ils ont un deuxième emploi, un véritable emploi.
[Français]
C'est cela que nous voudrions renverser. J'aimerais bien avoir la vitalité des gens de l'Acadie. Le pire, c'est qu'on l'a ici. Tous les artistes, que ce soit en théâtre, en cinéma, en arts visuels, en chanson, musique, on a vraiment de grands talents, mais on les épuise parce que l'on n'a pas d'argent, parce qu'ils ne sont pas soutenus.
Le sénateur Losier-Cool : Je reviens maintenant à la participation aux Jeux olympiques de 2010. Je peux comprendre que le COVAN aura des relations avec la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, que nous avons rencontrée ce matin. Lorsqu'on soulèvera le sujet ayant trait au côté culturel, ils vont demander à la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique d'aller voir le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie- Britannique pour cet événement.
Mme Desjardins : La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique a pris en charge cette entente avec le COVAN. Il est bien mentionné dans cette entente que c'est pour la communauté, ce n'est pas pour la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique. C'est pour la communauté. Il fallait bien que quelqu'un signe cette entente.
On a indiqué dans cette entente qu'il y avait trois secteurs : le secteur communautaire; le secteur économique, la Société de développement économique de la Colombie-Britannique se charge de ce secteur; le secteur des arts et de la culture, le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique s'occupe de l'expertise et du professionnalisme de ce secteur.
Le sénateur Losier-Cool : Je suis contente d'apprendre, comme vous avez répondu au sénateur Murray, qu'un directeur des programmes a été embauché.
Mme Desjardins : Oui, dernièrement au début septembre.
Le sénateur Losier-Cool : J'espère qu'il mettra sur pied une pièce de théâtre qui parlera des Premières olympiques, où le français était la langue officielle. Si vous avez quelque chose à leur offrir et que vous avez un directeur de programme qui fait du marketing, ils n'auront pas le choix, ils devront vous prendre.
Mme Desjardins : Il faudra une équipe soutenue à M. Kerr, parce que c'est un excellent gestionnaire et c'est lui qui était à la direction du Festival de jazz de Vancouver. Ils ont un bon élément.
Le sénateur Tardif : Le directeur de programme dont vous parlez, est-ce un directeur pour votre groupe ou est-ce pour le COVAN?
Mme Desjardins : Non, c'est pour le COVAN.
Le sénateur Losier-Cool : J'ai mal compris alors.
Mme Desjardins : Robert Kerr, c'est le directeur des programmes Olympiades culturelles pour le COVAN.
Le sénateur Losier-Cool : Je m'excuse, j'ai mal compris.
Le sénateur Tardif : C'est pourquoi j'ai voulu faire cette clarification.
[Traduction]
Le sénateur Jaffer : Je tiens à faire savoir à mes collègues que même si elle n'est pas là depuis longtemps, elle a travaillé très fort en notre nom à tous et nous sommes très heureux de l'avoir avec nous.
Je m'intéresse à ce que nous avons appris. Les cérémonies de fermeture à Turin ne donnaient pas une bonne idée de ce que nous sommes réellement. On y a peut-être représenté ce que nous étions il y a plusieurs centaines d'années, mais certainement pas ce que nous sommes devenus maintenant. Est-ce que quelqu'un a communiqué avec vous pour discuter de la façon dont les choses auraient dû être faites? Un membre du COVAN a-t-il communiqué avec vous à ce sujet?
[Français]
Mme Desjardins : Si je comprends bien la question, y a quelqu'un de VANA qui est venu vers moi?
[Traduction]
Le sénateur Jaffer : D'un point de vue artistique.
Mme Desjardins : Non, pas encore.
Le sénateur Jaffer : Compte tenu de ce que vous nous avez dit en réponse à certaines des questions qui vous ont déjà été posées, avez-vous proposé des noms d'artistes au comité d'organisation?
Mme Desjardins : Nous devons en discuter cette semaine. Nous avons organisé une présentation multimédia à leur intention. Nous ne leur fournirons pas de liste, mais nous leur disons dans cette présentation que nous aurons entre 50 et 75 artistes de plusieurs disciplines. Je crois que s'ils assistent à la présentation, ils seront très intéressés à travailler avec nous.
Le sénateur Jaffer : Nous voulons entre autres cette semaine dresser une liste de ce que nous considérons important pour les jeux au niveau linguistique, puisque cela fait partie de notre mandat. Nous avons très bien compris ce que vous nous avez dit au sujet des membres unilingues du comité, et c'est l'un des points que nous soulèverons. Leur précisez- vous le pourcentage de contenu français que vous voudriez voir dans les cérémonies d'ouverture et de fermeture? Si vous faisiez une liste, quelles seraient les choses que vous considéreriez comme importantes?
Mme Desjardins : Je sais que nous y travaillons. Nous ne sommes pas là pour leur dire quoi faire, mais nous avons tout de même certaines attentes.
[Français]
Nous aimerions voir un certain nombre d'artistes francophones acadiens, des groupes ethnoculturels parlant français présents sur ces scènes.
Comme je l'ai expliqué sur les tableaux, vous avez quand même un bon exemple de tous les endroits où il y aura des cérémonies. Ce sera époustouflant. C'est sûr qu'il faudra un pourcentage de spectacles francophones. Je ne sais pas comment on va y arriver, quel est le point de match du COVAN. Je crois qu'un dialogue devra avoir lieu avec la communauté francophone des arts et de la culture. Par le biais de nos comités, il y aura un dialogue avec la Fondation canadienne de la culture. Je suis membre du comité national et du comité du secteur des arts et de la culture. On prépare un plan d'action et comme ce sont eux qui répondent du COVAN au plan national, évidemment on aura sûrement un plan de match, nous aussi. Ce sera probablement lors de négociations.
[Traduction]
Le sénateur Jaffer : Lorsque cette liste sera finalisée, pourriez-vous en transmettre une copie au président de notre comité?
Mme Desjardins : Bien sûr.
Le sénateur Jaffer : Nous aimerions savoir sur quoi vous vous penchez pour avoir une idée de ce qui se prépare. Soit dit avec le plus grand respect, je suis d'avis que si l'on ne demande rien, on n'obtient rien. Nous serons très heureux de recevoir votre liste qui permettra de préparer un suivi.
Nous aimerions entre autres connaître votre avis sur la meilleure façon de présenter ces jeux. Les jeux devraient représenter la riche culture française provenant des diverses parties du Canada, pas uniquement au cours des cérémonies d'ouverture, mais tout au cours des jeux. Nous aimerions que vous nous donniez des conseils à cet égard en tant que spécialiste pour nous permettre de faire preuve de plus de vigilance.
Ms. Desjardins : D'accord.
[Français]
Le sénateur Tardif : J'ai un commentaire à faire et une question à vous poser. Je crois que vous avez raison d'être vigilante par rapport à la participation des artistes lors des cérémonies d'ouverture, de clôture et ce qui précède.
J'ai eu l'occasion de participer à deux événements internationaux qui ont eu lieu à Edmonton en Alberta, les championnats d'athlétisme en 2001 et les Jeux mondiaux des maîtres en 2005. On a eu énormément de difficulté à faire accepter des artistes francophones. On avait soumis des listes de personnes qualifiées. Lorsqu'est venu le temps, on a choisi d'autres groupes que des artistes francophones et lorsqu'on a soulevé cela au bureau de direction qui était un peu l'équivalent de COVAN, on nous a dit qu'on ne voulait pas faire d'interférence avec la liberté artistique de la personne responsable des cérémonies d'ouverture et de clôture. Il fallait respecter la liberté artistique et cela ne convenait pas dans le programme, et cetera. Donc, c'est cela, c'est un élément créatif. On respectait les langues officielles du fait qu'on chantait Ô Canada, en français et en anglais, aussi que le maître de cérémonie allait parler dans les deux langues officielles, mais il n'y pas eu de présence des artistes francophones. Cela a été un échec et une déception pour la communauté francophone de l'Alberta qui voulait aussi se rendre visible. On n'a donc pas réussi. On a réussi dans d'autres domaines mais pas dans ces domaines. Je suis contente de voir que vous êtes très vigilante dans ces aspects mais il faut être là dès le début, parce que c'est là que les décisions se font. Si on essaie d'y remédier par après, ils ne veulent pas y revenir. Alors je suis très d'accord avec vous.
Vous avez répondu en partie à la question que je voulais vous poser. Quel est le lien entre vous et la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures? Est-ce qu'ils ont une responsabilité dans le choix des artistes sur le plan national? Quel lien auront-ils avec votre organisme? Comment voyez-vous le protocole d'entente qui a été signé entre le COVAN et le gouvernement du Québec? Est-ce qu'ils vous appuient? Cette entente vous enlève-t-elle la possibilité d'avoir des artistes francophones de la province?
Mme Desjardins : On espère que non. D'après moi, l'entente qui a été signé avec le gouvernement du Québec en est une pour les services de traduction. Tout le monde avait peur de cela au début. Mais je ne crois pas que ce soit l'intention à l'heure actuelle.
Je ne sais pas de quoi il va en retourner, mais je sais que la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures avec laquelle je travaille, notamment au comité national et au comité du secteur des arts et de la culture, fera en sorte qu'il y ait une représentativité canadienne. Bien sûr, on ne peut pas exclure les autres provinces des Jeux, mais on fera en sorte que les francophones de toute origine à travers le Canada soient présents. La Fondation canadienne pour le dialogue des cultures est le premier interlocuteur du COVAN pour la francophonie. On est quand même des équipes présentes dans plusieurs provinces. J'ai ici la liste des gens.
Le sénateur Tardif : Est-ce que cela fonctionne bien jusqu'à maintenant? Vous êtes satisfait?
Mme Desjardins : Oui, à ce jour, cela va bien. J'ai déjà eu une réunion, j'en aurai une autre au début décembre. On arrive à bien s'entendre au niveau de la représentativité de chaque province. Quand même, on sait qu'il y a beaucoup d'artistes, notamment des Acadiens, ceux du Manitoba, de l'Alberta et de la Saskatchewan ainsi que de la Colombie- Britannique. Une grande représentativité d'artistes. On fait en sorte que tout se place dans l'échiquier pour arriver à une belle représentativité d'artistes et d'artisans. J'espère que l'on réussira car on y travaille très fort. On y met beaucoup d'énergie et de dynamisme. À ce jour, cela va très bien.
Le sénateur Comeau : Je voudrais poursuivre sur ces ententes. Si je comprends bien, il y a une entente entre le COVAN et la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique. Il y a une entente entre le COVAN et la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures et une entente entre COVAN et le Québec. Il y a trois groupes pour le moment qui sont privilégiés en ce qui concerne la francophonie. Mais d'après la présentation qu'on a eue ce matin, l'entente entre le COVAN et la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique donne très peu de fonds.
Si je comprends bien les 40 000 $ reçus vont bientôt s'épuiser. À toutes fins pratiques, d'ici à la fin de l'année, ils n'auront pas les moyens de payer la personne qui s'occuperait de cela. Disons que pour les prochains deux ou trois ans, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique ne pourra pas fonctionner de la manière que l'on voudrait. Il y a déjà l'entente entre le COVAN et la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures et l'entente entre COVAN et le Québec.
J'essaie de mettre de l'ordre dans tout cela. La Fondation canadienne pour le dialogue des cultures est mon porte- parole, comme Acadien, d'après ce que les fonctionnaires lors d'une présentation à Ottawa m'ont dit. Je ne me rappelle pas de leur avoir donné ce mandat.
Mme Desjardins : Moi non plus, mais bon.
Le sénateur Comeau : Est-ce que vous pouvez m'aider?
Mme Desjardins : Je vais essayer. Surtout je vais essayer de ne pas vous mêler davantage.
Pour ce qui est de l'entente du COVAN avec le Québec, j'ai compris qu'il y avait une volonté de la part de M. Furlong d'avoir des services de traduction en français. J'ai lu l'entente mais je ne me rappelle pas tout à fait les détails. Mais en gros, actuellement, cette entente est pour des services de traduction, peut-être de bénévolat mais, cela est une autre histoire. Comment on fera pour les faire venir, on ne sait pas qui va payer.
À la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, quelqu'un a demandé, je ne me rappelle plus qui, de nommer quelqu'un pour représenter les différentes communautés francophones à travers le Canada. Je crois que c'est M. Lussier de DGPALO qui a dit, de donner ce mandat à la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures de parler avec le COVAN, ainsi il y aura une personne pour répondre et chapeauter le reste. Je suis membre de deux comités, le Comité du secteur des arts et de la culture — le comité qui englobe la Fédération culturelle canadienne française et le Conseil culturel artistique francophone — et la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, appuyée par des gens de diverses provinces. Je ne suis pas là pour pousser mon secteur des arts de la Colombie- Britannique, mais pour regarder ce qui viendra d'ailleurs.
Je suis membre d'un comité national, parce que je suis de la province hôte et le porte-parole, en Colombie- Britannique des arts et de la culture francophone.
Les autres sont membres du comité national d'où viendra le plan d'action. On arrivera avec un plan d'action avec le COVAN, la présence francophone de différents milieux, et probablement avec un plan des projets à faire. On ne parle toujours pas d'argent, on est toujours dans l'hypothétique. Je le vois comme cela. Ce n'est pas une entente qui vient avec de l'argent, c'est sûr. La Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, c'est l'organisme qui chapeaute l'entente. Je le répète, c'est la communauté francophone, divisée en secteurs communautaires, économiques, arts et culture avec le COVAN. À l'époque il n'y avait pas encore de directeur de programme et n'y avait qu'une intention. On sait que les arts et la culture, seront quand même une grande part des activités après le sport. C'est quasiment égal, à mon avis. Je pense qu'au COVAN on a eu peur de tous ces organismes qui parlent des arts et de la culture, la coalition des arts canadiens, le CCA, ainsi de suite. On s'est dit qu'on fera cela et au fil du temps on verra comment cela fonctionnera. Mais d'après moi, j'espère qu'ils vont revenir et nous demander de participer. Le secteur économique, on le sait, a des pouvoirs d'achat, ils n'ont pas tellement de problèmes économiques. C'est l'économie, ils ont de l'argent. Les arts et la culture devraient être appuyés. Quand j'ai rencontré le secrétariat des Jeux, je leur ai dit qu'il nous fallait un chèque. Mais on ne le sait pas. On demande au COVAN, ils nous répondent qu'il n'y a pas d'argent. On ne nous dit nulle part qu'il y a de l'argent. Les seuls endroits où il y en a c'est à la Société Legacies Now 2010. Je ne sais pas si le COVAN ou le directeur des programmes a de l'argent. Quel directeur artistique engageront-ils? De ce côté-là, j'espère vous avoir éclairé un petit peu.
Le sénateur Comeau : Cela m'a aidé un peu.
Mme Desjardins : Mais j'aimerais vous aider encore plus.
Le sénateur Comeau : Vous avez dit que c'était probablement le directeur général des programmes des langues officielles qui avait demandé des fonds au COVAN.
Mme Desjardins : Hubert.
Le sénateur Comeau : Quel serait le groupe par excellence pour représenter les francophones et les Acadiens du Canada? Êtes-vous au courant s'il y a des fonds de disponibles à la Fondation?
Mme Desjardins : Je sais qu'ils n'en ont pas tellement. Ils en ont, mais c'est secret, ce n'est pas transparent.
Le sénateur Comeau : On peut s'informer davantage. On a découvert ce matin que la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, n'en avait pas.
Mme Desjardins : Nous non plus et Dieu sait que j'aurais besoin d'un coordonnateur.
Le sénateur Comeau : On a un autre groupe ici qui est sur le terrain en Colombie-Britannique, c'est là que vous allez essayer de trouver des bénévoles et des gens qui vont faire de cela un succès.
Mme Desjardins : Absolument. Parce que c'est une vitrine incroyable. Il ne faut pas rater cette occasion unique de faire cette démonstration simplement parce qu'il n'y a pas d'argent. Il y a de l'argent quelque part. Au Canada, il y a, je ne sais pas combien de milliards de profits. Il faudra faire quelque chose.
Le sénateur Comeau : On verra, parce j'ai entendu dire que le fédéral était impliqué dans toute la question des Jeux olympiques de 2010. Il doit y avoir de l'argent dépensé à quelque part. On ira voir.
Mme Desjardins : Ils sont timides à le dire.
Le sénateur Comeau : Lors de votre présentation vous avez parlé des gens que vous avez rencontrés au COVAN. Vous dites ceci dans votre document de présentation :
Ceux-ci vous feront une présentation en anglais, puisque les deux personnes s'occupant du secteur culturel sont unilingues, anglais, mais peut-être, aurons-nous le plaisir de les entendre dans les deux langues officielles du pays.
Qu'est-ce que vous voulez dire? Ils sont unilingues?
Mme Desjardins : J'aimerais penser que jeudi on ait un échange en anglais et en français. En ce moment, mes discussions passent toujours par Francine Bolduc parce que je n'ai pas encore rencontré cette personne.
M. Robert n'a pas été présenté à la communauté francophone. Il le sera jeudi. Je l'ai déjà rencontré lorsque je suis entrée en poste. Nous nous sommes salués et c'est tout. Mon propos n'est pas d'insulter personne. Je comprends très bien, car moi-même, quelquefois, je n'utilise pas les bons termes en anglais et j'en suis gênée. Cela dépend de l'audience. Cependant, j'aimerais voir une réciprocité ou un échange entre les hauts fonctionnaires et la population. Évidemment, nous vivons dans un pays bilingue.
Le sénateur Robichaud : J'ai beaucoup de difficulté à suivre, car il y a beaucoup d'organisations et plein de gens qui travaillent à essayer d'organiser cet événement. Ce qui m'inquiète le plus, c'est de voir tous ces gens impliqués dans cette organisation, mais qui n'ont pas l'argent pour le faire adéquatement. En tant que représentante des artistes et de la scène culturelle, si vous n'êtes pas satisfaite de ce que vous voyez ou s'il se passe des choses avec lesquelles vous n'êtes pas d'accord, comment le communiquez-vous à COVAN? Parce qu'avant de vous rendre jusque-là, vous allez être obligée de faire plusieurs sauts en avant.
Mme Desjardins : Oui, et cela m'inquiète. Le Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique a une expertise très forte. J'ai également une forte expérience après 15 ans en muséologie. J'ai fait partie de tonnes d'activités culturelles et paraculturelles entourant des expositions ou des spectacles de chant et de théâtre, et cetera. J'ai travaillé pour des institutions fort honorables comme le Musée de la monnaie, le Musée de la civilisation à Québec et le Cirque du Soleil, notamment. J'ai du mal à croire qu'ils vont ignorer l'expertise qui existe au sein même de nos organisations francophones, parce que je suis en train d'en faire la démonstration. Je suis en train de monter les C.V. de nos représentants de la communauté francophone qui dirigent les organisations que j'ai citées tantôt, des gens qui ont fait de grandes choses et qui seraient une aide fantastique pour le COVAN.
Plusieurs ententes sont signées. Peut-être aurons-nous des bâtons dans les roues, peut-être n'y arriverons-nous pas, peut-être y aura-t-il trop d'obstacles, je ne le sais pas, mais comme je vous dis, avec une personne en poste, une équipe qui serait montée... C'est sûr que nous avons perdu deux ans pour les arts et la culture, et c'est énorme! Donc, j'espère que les gens de COVAN seront capables de faire en sorte que tout se tienne de façon cohérente et dans le respect de la dualité linguistique. Je souhaite qu'ils travaillent sur le terrain avec des forces vives comme nous.
C'est la raison pour laquelle il serait bien de travailler avec des professionnels de la culture et des arts. Je ne dénigre pas la Fédération des francophones, elle a son rôle à jouer et nous en avons besoin, mais ce n'est pas un expert des arts et de la culture, comme ce n'est pas un expert en économie. C'est pour cela que la Société de développement économique existe. Nous sommes de niveau égal dans la province et nous chapeautons des forces vives. La tenue de festivals coïncide très bien avec les dates des Jeux. Nous savons même comment faire le pont entre les olympiques et les paralympiques. Je peux m'organiser avec mes festivals. J'ai même une expertise avec une organisation internationale qui se spécialise dans les activités artistiques pour les paralympiques. Voilà ce que je peux faire et ce que je vais tenter de leur démontrer. Je ne peux quand même pas taper sur le clou ni me mettre à faire des roulades comme les acrobates du Cirque du Soleil devant eux s'ils considèrent ne pas avoir besoin de nous. Ce serait malheureux.
La présidente : Surtout sans filet.
Mme Desjardins : Non, il faut le gros filet monétaire. Je suis rendue là. J'aurais besoin d'un employé à plein temps. À l'heure actuelle, j'ai à peine deux personnes et demie, trois personnes au bureau. J'aurais besoin de deux autres personnes à plein temps. Je passe beaucoup de temps dans des réunions ici et là. Je travaille entre 60 et 70 heures semaine, mais comme vous voyez, j'ai encore le sourire. J'ai du plaisir à faire ce travail, mais la réalité est là. Nous nous activons vers les Jeux. Nous avons déjà perdu deux ans. Nous sommes capables, mais nous avons besoin de fonds, de savoir d'où ils viennent et où nous pouvons aller le chercher. Nous l'avons déjà prouvé avec deux ou trois projets, mais c'est sûr que dans l'Entente communauté, nous n'avons pas de fonds.
Alors où faut-il aller? Nous sommes déjà en retard. Il faut qu'il y ait transparence, nous dire où aller et y aller.
Le sénateur Robichaud : Il faut partir de quelque part également. Vous dites que vous avez besoin d'argent, mais vous a-t-on donné des pistes à savoir où vous pourriez aller chercher les fonds?
Mme Desjardins : J'ai essayé de voir au Secrétariat des Jeux, mais personne ne m'a répondu. J'ai passé deux jours à Ottawa afin de rencontrer M. Lussier et Mme Toupin. Je leur ai exposé le fait que j'avais besoin d'un coordonnateur pour les Jeux et autres, mais personne ne répond. J'ai revu Madame Toupin dernièrement à la Fédération culturelle canadienne-française d'Ottawa. Elle y pense encore.
Le problème, c'est qu'il y a beaucoup à faire. Je ne doute pas de la réussite des Jeux ni de la motivation des gens pour y arriver, mais je doute que nous arriverons fatigués, parce que la situation n'est pas idéale.
La présidente : Alors madame Desjardins, au nom des membres du Comité sénatorial permanent des langues officielles, je vous remercie d'avoir partagé avec nous vos préoccupations, vos inquiétudes et aussi votre enthousiasme sur le fait que vous voulez réussir et bien représenter les artistes. S'il y a d'autres informations que vous jugez valables pour le comité, n'hésitez pas à nous les faire parvenir.
Mme Desjardins : Merci de votre accueil.
La séance est levée.