Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 9 - Témoignages du 8 avril 2008
OTTAWA, le mardi 8 avril 2008
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 19 h 7 pour examiner l'état actuel et les perspectives d'avenir de l'agriculture et des forêts au Canada.
Le sénateur Joyce Fairbairn (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Bonsoir et bienvenue à la réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Aujourd'hui, le comité entreprend l'examen de la question des prix des intrants agricoles au Canada. Les agriculteurs canadiens ont dû faire face à des hausses de prix importantes au cours des dernières années. Par exemple, l'Indice des prix des entrées dans l'agriculture de Statistique Canada fait état d'une augmentation du prix des engrais et des carburants de 7,6 et de 13,9 p. 100 en moyenne annuellement, entre 2002 et 2006.
Même si le prix des céréales est en hausse depuis l'an dernier, l'augmentation des prix des intrants a eu des conséquences directes sur les profits réalisés par les agriculteurs. En plus d'examiner les raisons expliquant cette augmentation, le comité prêtera une attention particulière au prix des intrants au Canada par rapport à ceux qui ont cours aux États-Unis.
Nous avons avec nous ce soir Roger Larson, président de l'Institut canadien des engrais, et Clyde Graham, vice- président. Nous avons également avec nous Lorne Hepworth, président de CropLife Canada, et Peter MacLeod, vice- président.
Nous sommes heureux de vous avoir avec nous. Le sujet est délicat, et il est important pour nous de comprendre votre point de vue.
Nous disposons de deux heures ce soir en compagnie de nos témoins pour traiter d'un large éventail de questions. Je vous encourage à poser des questions courtes afin de donner à nos témoins l'occasion de fournir une réponse complète et de permettre à tout le monde de prendre part à la discussion.
Bienvenue, messieurs.
Roger Larson, président, Institut canadien des engrais : J'aimerais remercier les membres du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts de leur invitation à parler de la situation que connaît l'industrie des engrais et de nos rapports à l'agriculture.
Nous sommes une association industrielle à but non lucratif. Nous représentons des fabricants canadiens d'engrais à base d'azote, de phosphore, de potasse et de soufre. Nos installations sont situées dans toutes les régions rurales du pays; nos membres produisent plus de 25 millions de tonnes métriques d'engrais par an et en exportent environ 20 millions. Nous constituons une importante industrie d'exportation au Canada et nous exportons dans 70 pays. Notre mission consiste à présenter une voix unifiée de l'industrie canadienne des engrais en faisant la promotion de la production, de la distribution et de l'utilisation responsable, durable et sécuritaire des engrais.
Je suis ici aujourd'hui pour parler de l'approvisionnement en engrais et de la demande d'engrais à l'échelle mondiale, de leurs conséquences sur les producteurs agricoles canadiens et de la façon dont nous pouvons exploiter, en partenariat, le plein potentiel de l'industrie des engrais au Canada et des agriculteurs canadiens.
Les engrais sont un groupe de produits faisant l'objet d'un commerce mondial. Les lieux de production se trouvent à proximité des matières brutes, des principaux réseaux de transport fluviaux, maritimes et, en Amérique du Nord, ferroviaires, et des principales régions de production d'aliments dans le monde.
L'engrais est le plus important intrant agricole. Les agriculteurs canadiens dépensent environ 2,7 milliards de dollars annuellement en engrais, selon les statistiques de 2006. De nos jours, la croissance économique mondiale dans les pays en développement alimente l'augmentation de la demande mondiale de céréales. Ce n'est pas tant l'accroissement de la population mondiale qui en est la cause que l'augmentation des attentes à l'égard de l'amélioration du régime alimentaire émanant d'une nouvelle classe moyenne en pleine expansion. Il faut trois livres de céréales pour produire une livre de poulet, cinq livres pour le porc et huit livres pour le bœuf.
Les autres utilisations des céréales, notamment pour les biocarburants, ont reçu une vive attention ces derniers temps, mais le véritable moteur du marché est la demande pour de meilleurs régimes alimentaires dans les pays en développement. Cette évolution fait augmenter la demande pour les engrais servant à produire ces céréales. Il en résulte actuellement une concurrence entre les agriculteurs partout dans le monde pour obtenir un approvisionnement en engrais.
Les engrais sont produits, expédiés et utilisés dans le monde entier. Il existe plus de 250 entreprises à l'échelle internationale qui produisent des engrais. La frontière canadienne est ouverte aux importations d'engrais. En fait, la plupart des engrais utilisés dans l'Est du Canada sont importés. Il n'y a pas de tarifs, de droits ou d'obstacles au commerce. Lorsque nous avons demandé à un de nos membres ce qui est exigé pour importer de l'engrais à base d'urée des États-Unis vers le Canada, la réponse a été très simple : un courtier en douane et un camion.
Bon nombre de nos 41 entreprises membres importent activement des engrais au Canada. Au pays, une douzaine d'entreprises fabriquent divers genres d'engrais à base d'azote. Trois grandes entreprises produisent de la potasse, surtout en Saskatchewan. Nous importons environ la moitié des engrais à base de phosphate dont nous avons besoin au Canada.
Le prix des engrais payé par les agriculteurs canadiens continue d'augmenter. Cependant, les prix des produits de base tels que le blé, l'orge, le maïs, le canola et le soya ont également atteint des sommets. Qui aurait pu s'imaginer que le boisseau de blé coûterait un jour 20 $?
Au fur et à mesure que j'entends les préoccupations grandissantes des agriculteurs au sujet du prix des engrais, je prends note du prix qu'ils reçoivent pour leurs céréales. Combien de boisseaux de blé faut-il pour payer la facture d'engrais aujourd'hui par rapport à 2002? C'est essentiellement une question d'économie, et l'économie de l'agriculture se porte beaucoup mieux aujourd'hui qu'en 2002. Un membre de l'ICE a calculé le rendement que rapporte l'investissement dans les engrais pour le canola aujourd'hui. Il est supérieur à 158 p. 100, ce qui est bien plus élevé qu'il ne l'a été depuis de nombreuses années.
Les agriculteurs utilisent des plans de gestion des éléments nutritifs pour être plus rentables et pour utiliser les engrais de manière plus efficace. Lors de nos discussions avec les agriculteurs, nous insistons sur l'utilisation des bons engrais à la bonne dose, au bon moment et au bon endroit.
Ce sont des messages clés de notre industrie qui semblent trouver un écho auprès des agriculteurs et du grand public. En tant qu'industrie, nous saisissons toutes les occasions pour expliquer que les engrais sont des produits stratégiques pour nos producteurs.
Depuis le début de 2008, nous rencontrons des groupes de producteurs qui se préoccupent de l'approvisionnement en engrais et des prix. Les agriculteurs veulent savoir pourquoi les engrais sont plus chers que jamais et s'il y en aura assez au printemps. Une chose qui a mis les agriculteurs en colère, ce sont les rapports selon lesquels les prix des engrais sont plus élevés dans l'Ouest canadien que dans les États américains voisins. Ces rapports sont souvent fondés sur des faits anecdotiques ou sur des petits échantillons prélevés juste avant l'ensemencement au printemps, lorsque les conditions de l'offre et de la demande peuvent être très perturbées.
Peu importe la journée, il y aura des différences dans les prix donnés par les divers détaillants dans le domaine agricole au Canada ou d'un ou de l'autre côté de la frontière. Les études gouvernementales ont démontré qu'au fil du temps, les prix sont équivalents. De fait, Agriculture et Agroalimentaire Canada a signalé en mars 2007 qu'il n'y a pas eu de différence marquée dans les prix des engrais canadiens et américains depuis plus de dix ans. J'aimerais vous citer ce rapport :
Le marché de l'engrais est un marché global et, en Amérique du Nord, il est entièrement ouvert et intégré. Par conséquent, le prix de l'engrais canadien est lié au marché américain. L'analyse statistique a permis de confirmer que les prix moyens de l'engrais au Canada et dans les zones américaines situées à proximité de la frontière canadienne étaient identiques sur le plan de la statistique dans le cas de l'urée, du phosphate de mono-ammonium et du chlorure de potassium entre 1993 et 2006.
Les agriculteurs du monde entier veulent davantage d'engrais. L'augmentation de la demande internationale pour les engrais a joué un rôle dans la hausse du coût des engrais. La demande mondiale d'azote a augmenté de 14 p. 100, celle du phosphate a grimpé de 13 p. 100 et celle de la potasse a progressé de 10 p. 100 entre l'exercice 2001 et l'exercice 2006. Cet essor est essentiellement attribuable à trois facteurs.
Premièrement, l'Inde, la Chine et le Brésil dominent en tant que principaux contributeurs à la croissance de la demande mondiale d'éléments nutritifs; en effet, 90 p. 100 de la croissance de la demande mondiale d'éléments nutritifs provient de pays en développement. Par exemple, une étude du ministère de l'Agriculture du Brésil indique que la demande d'engrais du pays devrait croître de 25 p. 100 pour atteindre 30,6 millions de tonnes d'ici 2016. En comparaison, l'utilisation totale d'engrais au Canada est d'environ cinq millions de tonnes par année.
Deuxièmement, la production et la consommation mondiales de céréales sont à la hausse, comme je l'ai mentionné plus tôt, ce qui se solde par un resserrement de l'approvisionnement alimentaire et des prix élevés pour les produits agricoles, et une augmentation de la superficie cultivée dans l'Union européenne et aux États-Unis.
Troisièmement, d'autres facteurs sont en cause, notamment la production d'éthanol à base de maïs aux États-Unis.
Je voudrais souligner que la demande d'engrais sur le plan international a augmenté et que, simultanément, la période de trois à cinq ans qui est nécessaire pour accroître les stocks d'engrais a contribué à la hausse des prix. D'ailleurs, l'Association internationale de l'industrie des engrais prévoit une hausse importante de la capacité de fabrication mondiale pour répondre à la demande croissante, soit de 22 p. 100 pour les engrais à base d'urée, 8 p. 100 pour les engrais phosphatés et 16 p. 100 pour les engrais potassiques, jusqu'en 2011. Les entreprises qui sont membres de notre association engagent d'importantes dépenses d'équipement au Canada, comme partout dans le monde, pour augmenter les stocks d'engrais.
Je voudrais demander à mon collègue, Clyde Graham, de nous parler de l'importance des engrais pour les agriculteurs canadiens.
Clyde Graham, vice-président, Institut canadien des engrais : À notre époque où la conjoncture économique ne cesse de changer, les agriculteurs devraient travailler étroitement avec les fournisseurs agricoles bien avant d'ensemencer les champs pour optimiser leurs investissements dans les engrais. En effet, les fournisseurs agricoles constituent la meilleure source d'information sur le marché des engrais, mais ils doivent obtenir des renseignements adéquats de la part de leurs clients pour pouvoir planifier leurs stocks.
Notre industrie s'est toujours enorgueillie de fournir un produit de base, un produit qui est indispensable pour maintenir la vie et sur lequel repose 40 p. 100 de l'approvisionnement alimentaire dans le monde.
Je veux donc profiter de ma présence pour souligner les efforts qu'accomplit notre industrie. Les pratiques exemplaires en matière de gestion des engrais permettent d'améliorer l'environnement et d'optimiser le rendement économique. Aujourd'hui, avec le coût élevé des engrais, il est plus important que jamais que les agriculteurs utilisent les engrais avec efficacité. C'est pourquoi, l'ICE a élaboré la formule « Right Product @ Right Rate, Right Time, Right Place TM » non seulement pour protéger l'environnement, mais aussi pour aider les agriculteurs à obtenir le meilleur rendement possible de leurs investissements dans les engrais.
Et que peuvent faire les gouvernements dans de telles situations? Il y a plusieurs pistes que le gouvernement devrait envisager pour aider les agriculteurs à acheter des engrais. L'expérience le prouve : si on attend la toute dernière minute pour acheter les engrais, on risque de faire augmenter les coûts. Est-ce que les agriculteurs disposent de l'information dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées concernant le marché? Est-ce que le Programme d'avances printanières qu'offre le gouvernement fédéral permet aux cultivateurs de prévoir les engrais dont ils ont besoin au moment où les fournisseurs peuvent faire les meilleurs plans en ce qui concerne leurs besoins globaux de produits et de services? Est-ce que les programmes de prêts offerts par Financement agricole Canada donnent aux agriculteurs la souplesse dont ils ont besoin pour profiter des occasions d'acheter des engrais bien avant l'ensemencement printanier? Voilà autant de questions que le comité devrait envisager.
De plus, la Canadian Association of Agri-Retailers, qui représente non seulement les grosses entreprises de détail mais aussi un grand nombre de fournisseurs indépendants partout au Canada, a demandé au gouvernement fédéral de fournir du financement à hauteur de 75 p. 100 des coûts d'immobilisations liés aux mesures de sécurité adoptées dans les points de vente d'engrais partout au pays. Le gouvernement est-il prêt à les aider à relever ce défi en matière de sécurité?
Je vous remercie de consulter les industries agricoles canadiennes en ce qui a trait aux coûts des intrants. C'est avec grand plaisir que nous répondrons à vos questions.
Lorne Hepworth, président, CropLife Canada : Je vous remercie de m'avoir invité à m'exprimer devant vous ce soir. Dans la trousse que nous vous avons fournie, vous trouverez un exemplaire de notre mémoire ainsi que de notre tout dernier rapport annuel. Je vous présenterai quelques extraits de notre mémoire.
Je suis accompagné ce soir de M. Peter MacLeod, vice-président de la Division chimie.
CropLife Canada est une association commerciale qui représente les concepteurs, les fabricants et les distributeurs de solutions phytoscientifiques pour l'agriculture, les milieux urbains et la santé publique. La phytologie englobe les pesticides ainsi que la biotechnologie végétale, ou ce que l'on appelle communément les cultures d'OGM.
Je voudrais d'abord situer la position du marché canadien dans le contexte mondial. Même si nous sommes un important pays agricole, nous ne représentons que de 3 à 3,5 p. 100 des ventes mondiales de pesticides. Bien que nous soyons un joueur important au Canada, nous sommes relativement petits à l'échelle de la planète avec cette proportion globale de 3 ou 4 p. 100 des ventes mondiales.
Sur le plan de la biotechnologie végétale, soit les cultures d'OGM, nous sommes beaucoup mieux implantés. Les surfaces arables consacrées aux cultures d'OGM au Canada nous placent environ au quatrième rang dans le monde. Pour ce qui est de la fabrication de produits chimiques, nos ventes représentent environ 1,3 milliard de dollars. Voilà qui vous donne une indication de qui nous sommes et de la taille de notre industrie.
Que soutenons-nous en tant qu'industrie? En quoi croyons-nous? À quelles valeurs de base nos membres ont-ils adhéré, si vous voulez? À la sécurité et à l'innovation. Du point de vue de la sécurité, bien que nos technologies procurent des avantages énormes, il va sans dire qu'il nous faut en même temps voir à éliminer les risques pour la santé humaine ou pour l'environnement.
Nos entreprises emploient des gens au Canada et dans le monde entier. Ces personnes ne diffèrent en rien des personnes assises autour de cette table. Nous avons tous des familles. Je me plais à penser que nous sommes tous des environnementalistes. Nos entreprises membres n'ont aucun intérêt à implanter sur le marché des produits qui poseraient un risque quelconque pour la santé humaine ou l'environnement.
Nous soutenons un système de réglementation à fondement scientifique, pour rassurer le public quant à la sécurité de ces produits. Les gens ne sont pas tenus de nous croire sur parole. Les systèmes de réglementation du gouvernement assurent au public que ces produits, une fois homologués, peuvent être utilisés de façon sécuritaire.
Du point de vue de la sécurité toujours, nous trouvons important que le public soit bien informé, afin que les gens comprennent comment fonctionnent nos produits ainsi que le rigoureux système de réglementation auquel souscrit le gouvernement du Canada.
Du point de vue de l'innovation, les technologies peuvent améliorer la qualité de vie grâce aux avantages qu'elles procurent. Nous soutenons la recherche continue de nouvelles technologies. Il vous intéressera peut-être d'apprendre que nos entreprises membres réinvestissent environ 10 p. 100 de leur chiffre d'affaires brut en R-D. Cela les classe parmi les quatre ou cinq plus grands secteurs mondiaux au niveau de leur réinvestissement en R-D. Typiquement, pour une entreprise ou pour la plupart de ces grandes entreprises, cela représente un réinvestissement de l'ordre de 800 millions de dollars par année, ou 2 millions de dollars par jour, en R-D.
Tout comme l'a indiqué mon collègue, nous soutenons l'utilisation appropriée et sécuritaire de ces produits. Lorsqu'il est question de pesticides, cela veut dire, lorsqu'il est impossible de prévenir le problème — ce que souhaitent faire la plupart des agriculteurs, et des propriétaires, d'ailleurs — qu'il faut recourir à la lutte antiparasitaire intégrée, ce qui implique de choisir le bon outil et de l'utiliser de la bonne façon, au bon endroit et au bon moment. Voilà comment profiter des avantages sans mettre en danger le public ou l'environnement.
Enfin, le principal but de l'innovation est de permettre à nos agriculteurs de profiter d'un avantage concurrentiel. Nos entreprises adhèrent essentiellement à une vision d'ensemble lorsqu'elles envisagent l'avenir de l'agriculture. Bon nombre d'entre vous ont entendu parler de l'avenir de la bioéconomie. Nous y voyons là, dans le futur, des possibilités de l'ordre de 500 milliards de dollars à l'échelle mondiale. Il s'agit de retombées très importantes.
Le Canada doit trouver le moyen de s'attirer la part de cet investissement qui lui revient, afin d'en faire profiter les agriculteurs canadiens et la population en général. Cette bioéconomie mondiale nous incitera non seulement à continuer de cultiver la terre pour nourrir les humains et les animaux, mais à la cultiver également aux fins de la production de biocombustibles ou de produits bioindustriels, de bioplastiques, de biomatériaux et de produits biopharmaceutiques. Tous ces éléments font partie de la nouvelle agriculture. De nos jours, il n'est plus seulement question de nourriture pour les humains et les animaux.
J'aimerais en revenir à l'importance que nous accordons à la sécurité et à la gérance responsable de nos produits et au travail effectué par nos entreprises membres à cet égard. J'aimerais préciser que, bien que je sois un lobbyiste, environ 60 p. 100 de tous les fonds mis de l'avant par nos entreprises membres ne sont destinés ni aux pressions politiques ni aux communications, mais à un éventail de programmes de gérance qui nous aident à adopter une approche holistique axée sur la gestion des produits tout au long de leur cycle de vie. L'industrie canadienne est un chef de file mondial en ce domaine. Voici quelques exemples.
Une fois qu'un agriculteur s'est servi d'un pesticide à sa ferme, il lui reste un contenant vide. L'élimination de ce contenant vide s'effectuera de façon bien différente que celle d'une canette de Coca-Cola. Les agriculteurs rincent ces contenants au moyen de nettoyeurs haute pression ou pratiquent le triple rinçage. Les contenants sont ensuite ramassés par nos associations industrielles par l'intermédiaire de contractuels, puis recyclés en des produits finaux utiles, comme des glissières de sécurité ou des tuyaux d'argile utilisés en milieu agricole.
Sans être parfait, notre taux de rendement est d'environ 73 p. 100, mais nous sommes un des chefs de file mondiaux en ce domaine. De même, nous sommes allés récupérer le vieux pesticide indésiré qui se trouvait encore chez l'agriculteur. Par exemple, un agriculteur peut nous contacter en disant : « Nous avons eu une pullulation de sauterelles en 1960, et j'ai encore une demi-bonbonne de pesticide dans le fond de la remise. Qu'est-ce que j'en fais? » Nous allons la chercher puis l'éliminons de façon sécuritaire par une incinération à haute température.
Au cours des dernières années, en collaboration avec les gouvernements du pays, nous avons procédé à la collecte d'environ 1,2 million de kilogrammes de produits, que nous avons par la suite détruits de façon sécuritaire. Nous offrons certains programmes semblables dans le domaine de la biotechnologie végétale. Le Canada est un chef de file reconnu pour ses programmes de gérance environnementale du cycle de vie.
Pour ce qui est des innovations, les agriculteurs du Canada et du monde entier nous indiquent par la bouche de leurs semoirs l'importance des semences biotechnologiques végétales génétiquement modifiées. Il s'agit peut-être, en dix ans ou un peu plus, de l'adoption la plus fervente d'une nouvelle technologie dans le domaine de l'agriculture. Dans le monde, au bout de dix ans, on trouve maintenant quelque 250 millions d'acres de cultures d'OGM dans 22 pays. Comme je l'ai indiqué précédemment, le Canada se classe au quatrième rang. Si on regarde nos cultures, on trouve des taux de pénétration élevés de 80 et 90 p. 100 de canola tolérant aux herbicides, ce qui facilite pour l'agriculteur la tâche de contrôle des plantes nuisibles. Cela se prête aux pratiques de conservation du sol et à la culture sans travail du sol.
Je me rappelle encore ma jeunesse passée dans le Sud de la Saskatchewan, pratiquant l'ensemencement en cette période de l'année. Comme le savent certains sénateurs, il survient des tempêtes de poussière absolument épouvantables. De nos jours, grâce aux pesticides modernes et aux technologies des OGM, je peux arpenter ma terre et sentir l'état d'ameublissement du sol, le contenu organique amélioré de cette terre, grâce à ces technologies.
Il en va de même pour ce qui est de l'emploi de gènes tolérants aux herbicides dans le soja et de maïs résistant aux insectes lorsque ces produits peuvent empêcher un agriculteur de recourir à un pesticide; la résistance aux insectes est intégrée dès le départ dans le plant de maïs.
Au chapitre des technologies futures des OGM, certaines que je trouve intéressantes et sur lesquelles se penchent actuellement nos entreprises sont celles qui, notamment, donneront lieu à des cultures résistantes aux sécheresses et à la chaleur, qui permettront dans l'avenir de composer avec les sécheresses parfois si dévastatrices dans une grande partie de l'Ouest canadien. Mon exploitation agricole se trouve au centre du triangle de Palliser, où il faut certainement une tolérance à la sécheresse. De nombreuses personnes se souviendront de la gelée du sol survenue au début du mois d'août il y a quelques années; la tolérance aux gelées est un autre domaine dans lequel ces entreprises cherchent à développer des technologies. Il en va de même pour ce qui est de l'augmentation du rendement et de la manipulation génétique visant à créer des cultures plus adaptées au contexte de la production de biocarburants. Voilà certaines des technologies futures à l'étude présentement.
Du côté chimique, inconnu de la plupart des gens, l'industrie est bien différente de nos jours de celle décrite par Rachel Carson il y a 40 ou 50 ans. Les technologies d'aujourd'hui sont très sophistiquées. Avec raison, les obstacles à l'approbation d'un produit avant son entrée sur le marché sont beaucoup plus imposants du point de vue de la santé et de l'environnement qu'ils ne l'étaient il y a 20 ans, alors qu'il suffisait de scruter peut-être 20 000 molécules pour en trouver une satisfaisante, c'est-à-dire une molécule sûre et en santé qui répondait aux besoins; aujourd'hui, il faut facilement scruter de 120 000 à 140 000 molécules pour en trouver une qui vaille.
Il n'est pas surprenant que la commercialisation mondiale d'un ingrédient actif coûte environ 200 millions de dollars, pour assurer la conformité à ces nouvelles exigences en matière de sécurité qui, à mon avis, ont tout à fait leur raison d'être. Maintenant, la majorité des produits introduits sur le marché sont des produits « à risques réduits ». Au cours des dix ou 12 dernières années, quelque 37 nouveaux ingrédients actifs pouvant être ainsi désignés ont été implantés sur le marché.
J'aborde maintenant la question de la justesse des prix et du mécanisme disciplinaire prévu dans les lois canadiennes pour faire en sorte que nos agriculteurs disposent d'un mécanisme disciplinaire en matière de prix.
Comme certains d'entre vous le savent peut-être, les fermiers ont accès à un programme d'importation de pesticides pour usage personnel depuis 1993. En 2005, les fermiers, l'industrie et les organismes gouvernementaux de réglementation ont entamé des discussions en vue d'apporter des améliorations à ce programme par suite des inquiétudes soulevées par de nombreux groupes.
En juin 2007, on lançait le nouveau Programme d'importation pour usage personnel à la demande des agriculteurs, ou PIUPDA, soit une version revue de l'ancien Programme d'importation pour usage personnel, ou PIUP.
Pour faire un bref historique, rappelons que le Programme d'importation pour usage personnel a d'abord été conçu comme mécanisme de fixation des prix à une époque où les revenus agricoles atteignaient un creux sans précédent et où les fermiers cherchaient naturellement à réduire le plus possible les coûts liés aux facteurs de production.
Bon nombre d'études sur la tarification ont été menées et le sont toujours, et elles montrent, de façon générale, que certains produits coûtent moins cher tantôt au Canada, tantôt aux États-Unis.
De 1993, année de la création du Programme d'importation pour usage personnel, à 2004, un seul produit a été approuvé dans le cadre de l'ancien PIUP.
En 2005, l'organisme chargé de réglementer l'administration des tests pour le compte de Santé Canada, l'ARLA, a autorisé des intermédiaires ou des agents à agir au nom des fermiers pour autant que la composition chimique du produit en cause soit équivalente à celle d'un produit homologué au Canada. En 2005, on a autorisé l'importation de plus de 5,7 millions de litres de pesticides non homologués, et le Programme d'importation pour usage personnel des fermiers avait désormais acquis une envergure on ne peut plus commerciale.
En 2005, d'aucuns ont soulevé des questions concernant l'impact d'un programme d'importation pour usage personnel à grande échelle sur le caractère innovateur et sécuritaire des nouveaux produits, du point de vue de l'équivalence et de la gestion responsable des produits.
L'essor qu'a connu le programme a amené certains intervenants, dont des associations professionnelles agricoles, des fabricants, des négociants, des ONG environnementales, les gouvernements provinciaux et les marchands de grains, à formuler des réserves. C'est pourquoi l'ARLA a constitué, en novembre 2005, un groupe de travail en vue d'examiner ces questions.
Le groupe de travail s'est vite rendu compte que les difficultés auxquelles se heurtaient les fermiers allaient bien au- delà de la nécessité d'établir un mécanisme de fixation des prix. Il y avait également l'accès aux technologies les plus récentes en même temps que leurs concurrents américains; l'importance d'harmoniser les réglementations en vue d'atteindre ce but; et la façon de combler le fossé technologique avec un plus grand nombre de produits à emploi limité comme ceux dont disposent, de façon générale, les fermiers aux États-Unis. Le groupe de travail devait se pencher sur la saine gestion de l'environnement, de même que sur la gestion, par exemple, des contenants vides. Il devait également se pencher sur la protection de la propriété intellectuelle et son rôle dans l'innovation et les nouveaux développements technologiques, de sorte que notre système demeure attrayant pour les produits les plus récents, les meilleurs et les plus sécuritaires. Enfin, il devait se pencher sur la question de l'amélioration de l'accès aux produits génériques.
CropLife Canada a appuyé le consensus auquel en est arrivé le groupe de travail parce qu'il reposait sur la perspective plus vaste des besoins à long terme des fermiers comme de l'industrie.
Tous les membres du Groupe de travail sur l'importation pour usage personnel ont signé le rapport, y compris la Fédération canadienne de l'agriculture, l'Association des producteurs de céréales du Canada, d'autres groupes agricoles, les Farmers of North America, de même que les représentants de l'industrie et des gouvernements.
Voilà qui en fait un document des plus convaincants quant au consensus atteint et aux recommandations formulées, à savoir : premièrement, création d'un programme pilote d'importation pour usage personnel à la demande des agriculteurs, soit un nouveau mécanisme de fixation des prix en vertu duquel les agriculteurs désignent les produits candidats à l'importation. L'accès à l'ancien programme d'importation pour usage personnel a été maintenu dans l'intervalle. Le document prévoyait également des programmes de saine gestion, notamment en ce qui a trait aux contenants vides. L'ARLA devait aller de l'avant avec un système d'homologation de produits génériques amélioré et modernisé, et Agriculture Canada devait exercer une surveillance sur les prix.
Où en sommes-nous aujourd'hui avec ce nouveau programme d'importation pour usage personnel? Le seul produit qui a été approuvé en vertu de l'ancien programme est maintenant homologué au Canada et figure sur la liste des produits visés par le PIUPDA. Il y a 11 produits déjà approuvés en vertu du PIUPDA et une demi-douzaine sont à l'étude. Alors qu'il n'y en a eu qu'un seul approuvé en 12 ou 13 ans en vertu de l'ancien programme d'importation pour usage personnel, nous en comptons aujourd'hui 11 sous le régime du nouveau programme.
Nous avons apporté des améliorations et nous disposons maintenant d'un système d'homologation de produits génériques modernisé. Les membres de CropLife Canada sont maintenant parties prenantes dans l'homologation de beaucoup de nouveaux produits en Amérique du Nord. Nous avons un programme de pesticides à usage limité qui englobe davantage de produits à usage restreint. Notre industrie s'est engagée à fournir les données à la fois détaillées et coûteuses requises par l'ARLA pour évaluer les applications du PIUPDA et assurer la collecte des contenants chez les agriculteurs. Nous appuyons même la prolongation du programme actuel d'importation pour usage personnel jusqu'à ce que le PIUPDA soit en place et fonctionne.
Cela s'est avéré, à tous points de vue, un énorme succès, en donnant aux fermiers accès aux produits dont ils ont besoin, en élargissant l'éventail des possibilités d'importation de produits, et en assurant le maintien des mesures de protection en matière de santé, de sécurité et d'environnement souhaitées par les Canadiens.
Permettez-moi de revenir un tant soit peu sur les progrès réalisés en ce qui a trait à l'emploi limité. « Emploi limité » est l'expression utilisée, mais nous voyons de plus en plus de cultures spécialisées et surspécialisées, certains des besoins sont si restreints et les cultures ont une telle valeur, qu'on a vu apparaître les micro-cultures.
Les cinq grandes cultures — le blé, l'orge, le colza et celles que les fermiers connaissent bien — sont d'une telle envergure qu'il est relativement facile pour les compagnies de justifier les dépenses associées à l'obtention des homologations requises au Canada.
Quand on pense aux nouvelles cultures — pas si nouvelles à maints égards de nos jours — comme la lentille, les légumineuses à grains, le petit pois, la graine à canaris, le tournesol et même les herbes et épices, on se rend compte que certaines d'entre elles sont destinées à un usage des plus restreints. En fait, une étude réalisée pour le compte d'Agriculture Canada il y a quelques années, montrait que si vous aviez la mainmise sur l'ensemble du marché pour un produit donné — je crois qu'il s'agissait des bleuets — vos ventes totales, et non les profits, auraient été de 25 000 $, alors que pour faire homologuer le produit, il vous aurait fallu débourser quelque chose comme 350 000 $. Et même si nos entreprises étaient prêtes à se montrer compréhensives, il est difficile de convaincre son conseil d'administration d'accepter qu'il faudra 212 ans avant que votre produit homologué n'atteigne son seuil de rentabilité. Voilà donc en quoi consistent les micro-cultures. Pour certains fermiers, elles sont importantes.
C'est pourquoi, il y a quatre ou cinq ans, le gouvernement du Canada a mis sur pied, en collaboration avec l'industrie, ce programme d'emploi limité, au Centre pour la lutte antiparasitaire. Nous avons connu d'énormes succès. Il reste encore beaucoup à faire, mais depuis son entrée en vigueur, il y a quatre ou cinq ans, 382 produits pour cultures en surfaces restreintes ont été approuvés.
De même, à la faveur de l'harmonisation de l'ALENA, nous avons fait un grand pas en avant pour ce qui est d'obtenir la reconnaissance de nos voisins d'outre-frontière.
Dans le marché mondial des denrées alimentaires, il n'est que logique de chercher à adopter une approche commune en matière de réglementation avec nos partenaires commerciaux de l'ALENA. Il existe, à cet égard, de nombreuses divergences entre le Canada et les États-Unis, lesquelles ont une incidence sur l'accès de l'industrie agricole aux nouvelles technologies. Comme Canadiens, nous ne pouvons pas permettre que nos politiques en matière de réglementation accusent un certain retard par rapport à nos principaux partenaires commerciaux en ce qui touche l'innovation et l'adoption de technologies.
Il y a eu beaucoup de progrès réalisés autant dans le domaine de la réglementation que dans celui des politiques touchant les pesticides; cependant, le moment est plus que propice pour accroître l'innovation en agriculture en opérant des changements stratégiques dans les pratiques réglementaires et en prenant l'engagement ferme de les mettre en œuvre sans tarder.
L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire a fait un grand pas en avant — je m'en voudrais de ne pas le reconnaître — sur le plan de l'harmonisation des exigences relatives aux données et des procédures en matière de réglementation, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. L'harmonisation à l'échelle internationale a pour objet d'éliminer les obstacles au commerce, d'accroître les économies et de réduire les coûts pour les organismes de réglementation et les détenteurs d'homologations. L'harmonisation des règlements sur les pesticides se fait sous l'égide du Groupe de travail technique sur les pesticides de l'Accord de libre-échange nord-américain, de même que dans le cadre du Forum sur les pesticides de l'OCDE.
Grâce à l'ALENA, l'industrie et les gouvernements ont fait d'énormes progrès à cet égard en unissant leurs efforts. Le but recherché est d'en arriver à un seul et unique train de mesures en matière de sécurité, à une seule et unique évaluation des données, de même qu'à une seule et unique homologation synchrone des deux côtés de la frontière. Cela se traduira par les délais d'homologation réduits et éliminera le dédoublements inutile dans l'évaluation d'un même produit.
Je suis heureux de vous signaler qu'une proportion de l'ordre de 50 p. 100 des nouvelles homologations de matières actives font désormais l'objet d'un examen conjoint avec les États-Unis ou dans le cadre d'ententes de coopération globale avec l'Union européenne ou les pays de l'OCDE, de sorte que nous faisons des progrès.
L'harmonisation des politiques et des procédures en matière de réglementation entre les pays assurera la sauvegarde de la santé et de la sécurité des Canadiens, de même qu'un environnement sain, et favorisera l'instauration de conditions qui permettront à notre économie d'être davantage innovatrice et concurrentielle. La poursuite de l'harmonisation de notre système de réglementation doit être une priorité, étant donné que la salubrité et l'abondance de notre approvisionnement alimentaire ainsi que l'accès des fermiers aux produits nouveaux et innovateurs en dépendent.
En résumé, notre industrie a tenu les promesses qu'elle avait faites aux agriculteurs en augmentant le nombre de produits pouvant être importés, en améliorant et en accélérant le système d'homologation des produits génériques et en offrant de plus en plus de produits de concert avec les États-Unis. L'engagement ainsi pris est ferme; il est fondé sur un régime de réglementation prévisible qui permet non seulement de protéger la santé et la sécurité des Canadiens, mais aussi de récompenser l'innovation.
La présidente : Merci. C'était formidable de vous entendre ce soir. Je sais que mes collègues voudront vous poser des questions.
Le sénateur Gustafson : Bienvenue. Votre visite tombe à point. Les agriculteurs s'attendent à avoir un printemps très inhabituel, comme vous le savez et comme vous l'avez mentionné, mais il y a d'autres préoccupations très graves.
D'abord, l'industrie bovine connaît de grandes difficultés. Les coûts des aliments pour animaux ne cessent de grimper. De nombreux agriculteurs réduisent la taille de leurs troupeaux et ne font pas beaucoup de profits. En outre, le prix des céréales est très élevé, et le bétail doit être nourri.
J'aimerais avoir une solution à ce problème. Peut-être en avez-vous une?
M. Larson : Sénateur, je n'ai pas de solution parce que je ne suis pas analyste de l'industrie des productions animales. Toutefois, même si le cycle des bovins est plus long que celui des porcins, je peux dire que les deux situations sont similaires. Lorsque l'industrie nord-américaine s'est réunie au début février, un conférencier a dit que le nombre de porcs matures à vendre aux États-Unis avait atteint un sommet inégalé à la fin janvier et au début février. Il a montré quelques graphiques qui indiquaient que le nombre de porcs d'élevage et la population en âge de reproduction diminueront. Il y aura un surplus de porc sur le marché, les prix chuteront et le surplus sera absorbé. Une fois les troupeaux réduits, la capacité d'approvisionner le marché diminuera à son tour et le prix du porc montera en flèche. Il a dit que tous ceux qui travaillent dans l'industrie porcine tentent de déterminer le meilleur moment pour reformer leur troupeau afin de profiter du prix astronomique auquel se vendra le porc.
Je sais que le cycle des bovins est beaucoup plus long et que l'industrie bovine a été ravagée par de nombreuses épreuves, dont une interdiction d'exportation aux États-Unis et la maladie de la vache folle. C'est un secteur qui connaît des difficultés particulières.
Je suppose également qu'en raison du prix élevé des céréales partout dans le monde, l'industrie bovine de tous les pays est aux prises avec les mêmes difficultés, et que la réaction des marchés s'intégrera à leur cycle.
Le sénateur Gustafson : Quel pourcentage des éleveurs bovins et des éleveurs porcins cesseront leurs activités pour de bon? Notre présidente vient juste de dire que certaines colonies huttériennes ne produisent plus de porcs, et elles représentent une grande partie de l'industrie.
Un autre problème est dû au fait que le prix des céréales est élevé et que les prix des intrants seront très élevés aussi. Les agriculteurs qui s'en ressentiront le plus sont ceux qui ont connu une sécheresse l'année dernière et qui n'ont pas de céréales dans leur silo ou qui n'ont pas été capables de vendre. Les intrants n'auront jamais coûté si cher, et les agriculteurs n'auront pas d'argent pour payer. Il y aura donc des gagnants et des perdants. Celui qui avait une culture de 40 boisseaux lorsque le prix des céréales était à 12 ou 13 $ s'en tirera bien. Celui qui n'a pas de céréales à vendre sera dans le pétrin, à moins que les gouvernements prennent des dispositions pour les agriculteurs comme lui. Certaines régions, en particulier en Saskatchewan et en Alberta, ont connu de graves sécheresses. Comment devrait-on s'attaquer à ce problème, selon vous?
M. Larson : M. Graham a parlé de la nécessité de regarder les prêts offerts par la Société du crédit agricole Canada aux agriculteurs qui font face à une telle situation, et on pourrait aussi penser aux contraintes de temps des programmes d'avances en espèces. Ce sont des facteurs importants.
Je ne travaille pas pour une banque de crédit agricole, mais le tableau qui figure à la page 5 du mémoire que nous vous avons présenté indique les gains qu'ont réalisés les agriculteurs pendant la période allant d'octobre 2007 au 25 janvier 2008, ce qui ne représente que quelques mois. On voit ce qui est arrivé à 50 boisseaux de blé ou à 40 boisseaux de canola à Norquay, en Saskatchewan. Les gains par acre des agriculteurs ont connu une augmentation spectaculaire. J'ose espérer qu'un bon agriculteur, qui est capable d'enregistrer des gains notables et qui a une expérience manifeste des affaires, aurait les moyens financiers nécessaires.
Je sais que les agriculteurs des Prairies ont connu une sécheresse pendant quelques années. De plus, ils n'avaient pas beaucoup d'argent pour financer leurs intrants l'an dernier, mais comme ils avaient une culture sur la plupart de leurs terres, leur situation devrait s'améliorer.
Les agriculteurs qui sont le plus affectés par les coûts actuels des intrants agricoles ne sont ni au Canada, ni en Amérique du Nord, ni dans l'Union européenne; ils se trouvent plutôt dans les régions pauvres du monde, où une propriété foncière peut ne couvrir que le tiers d'un hectare. Ces agriculteurs ne produisent pas d'aliments qui seront vendus à profit sur le marché, mais bien des aliments qui leur servent à nourrir leurs familles. Le coût de leurs intrants a augmenté du même pourcentage, mais leur revenu n'a pas connu d'augmentation.
En tant que société, nous devons tenir compte des avertissements lancés par les États-Unis, la FAO et les programmes d'aide alimentaire, selon lesquels il faut prendre des mesures pour que ces agriculteurs aient les moyens de payer leurs intrants.
Le sénateur Mercer : Vous avez indiqué que nous exportons 20 millions de tonnes d'engrais dans 70 pays. J'aimerais poser deux questions vu le mandat de deux comités dont je fais partie, soit le Comité de l'agriculture et le Comité des transports. Comment expédiez-vous l'engrais exporté et par quels ports passez-vous?
M. Larson : Environ 80 p. 100 du produit doit être expédié par train. Au Canada, c'est le seul moyen rentable de transporter nos produits sur de longues distances. Nous utilisons le port de Vancouver, et un port dans l'État de Washington pour exporter de la potasse sur la côte Ouest. Nous sommes aussi à Saint John, au Nouveau-Brunswick; nous avons une mine de potasse dans cette province. Bien des gens croient que les activités de notre entreprise se limitent à la Saskatchewan.
Le sénateur Mercer : Je sais où se trouve Sussex.
M. Larson : Nous faisons transiter environ 2 millions de tonnes de potasse par ce port aussi.
Le sénateur Mercer : Vous expédiez la potasse en vrac et non pas dans des conteneurs?
M. Larson : C'est un produit en vrac. Nous envoyons la moitié du produit aux États-Unis, en passant par Portal, en Saskatchewan, et les ports de l'Alberta.
Le sénateur Mercer : Et les 80 p. 100 qui sont expédiés par train sont destinés au marché américain?
M. Larson : La moitié va aux États-Unis, et l'autre moitié dans d'autres pays.
Le sénateur Mercer : Alors où sont expédiés ces produits par train? À Vancouver?
M. Larson : Non, on les envoie aux agriculteurs aux États-Unis.
Le sénateur Mercer : Vous avez dit que l'Inde, la Chine et le Brésil sont des marchés que vous ciblez en particulier. Je voulais simplement vous faire remarquer qu'Halifax est plus près de l'Inde et de la Chine, si on passe par le canal de Suez, que ne l'est Vancouver. Halifax se prête très bien à l'expédition en grande quantité, en vrac ou dans des conteneurs, selon ce que vous préférez.
Y a-t-il moyen d'augmenter notre capacité d'exportation? Vous avez dit que notre exportation était de 20 millions de tonnes d'engrais par an. Y a-t-il moyen de l'augmenter? Pouvons-nous extraire plus de potasse du sol de la Saskatchewan et du Nouveau-Brunswick ou ce ne serait pas rentable de le faire?
M. Larson : Au cours de la dernière année, on a annoncé des augmentations importantes de la production de potasse dans les mines de la Saskatchewan ainsi que l'agrandissement de ces mines. Pas plus tard qu'hier, une société membre a annoncé un agrandissement de 3,5 milliards de dollars en Saskatchewan, et des améliorations considérables doivent être apportées aux infrastructures ferroviaires pour nous permettre d'envoyer les marchandises aux ports. Nous utilisons les mêmes lignes de chemin de fer que l'industrie de l'exportation des céréales, et un investissement important est nécessaire pour améliorer les chemins de fer et les installations portuaires, tant pour le transport de céréales que d'engrais.
Le sénateur Mercer : Je crois, madame la présidente, que lorsque le Comité des transports présentera son rapport, une des recommandations portera sur les chemins de fer. Je demande aux membres de ce comité de se souvenir de ce point lorsque nous passerons au vote. Ce qui est bon pour l'exportation d'autres produits est aussi bon pour l'agriculture.
À la page 3 de votre document de présentation, vous avez soulevé trois questions. Est-ce que les agriculteurs disposent de l'information dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées au sujet du marché? C'est une bonne question.
Je trouve que les deux autres sont encore plus intéressantes. Est-ce que le Programme d'avances printanières du gouvernement fédéral permet aux agriculteurs de faire le nécessaire pour obtenir leur engrais au moment où leurs fournisseurs et eux peuvent le mieux planifier l'ensemble de leurs besoins en matière de produits et services?
La troisième question est la suivante : les principaux programmes offerts par Financement agricole Canada donnent-ils aux agriculteurs la latitude nécessaire pour que l'engrais soit fourni bien avant la venue du printemps? Vous avez posé les questions, mais vous n'y avez pas répondu.
M. Graham : Nous avons posé ces questions parce que, en ce que qui concerne la situation financière des agriculteurs, il y a un lien entre les associations professionnelles agricoles et le gouvernement dans ce dossier. Dans le cadre de nos discussions avec les associations professionnelles agricoles, on a exprimé des préoccupations à l'égard de ces programmes, qui ne permettent peut-être pas de faire face à une situation où le prix du grain et le prix de l'engrais sont élevés. Au fil des ans, il est devenu de plus en plus nécessaire pour les agriculteurs de prévoir la demande d'engrais et d'autres intrants à plus long terme.
Il faut garder à l'esprit que la chaîne d'approvisionnement de l'engrais est très longue et complexe. Le fait que les agriculteurs puissent obtenir de l'engrais dans toutes les régions rurales de la Saskatchewan, de l'Alberta, du Manitoba et de l'Ontario chaque printemps tient presque du miracle. Ces produits sont généralement transportés par train et doivent être entreposés puis préparés pour la livraison au printemps, étant donné que la période de temps entre l'hiver, lorsque de nombreuses routes rurales sont difficilement praticables, et les semences du printemps est très courte, et qu'il faut déplacer des millions de tonnes de produits pour y arriver.
En ce qui concerne l'Est du Canada, comme la majorité de la production se fait dans l'Ouest, ces produits sont importés par voie maritime. Ils doivent souvent être reçus en automne, être conservés quelque part puis distribués dans les endroits où les agriculteurs peuvent y avoir accès. Encore là, la chaîne d'approvisionnement est très longue.
Des régions comme le Québec et le Canada atlantique peuvent dépendre de l'importation d'urée de la Russie, par exemple. Comme il s'agit d'une chaîne d'approvisionnement extrêmement longue, il est important pour les détaillants en agriculture d'être informés suffisamment à l'avance pour être en mesure d'acheter ce produit, de planifier à long terme, d'obtenir le financement nécessaire et de rendre le produit accessible aux agriculteurs au printemps afin qu'ils puissent l'utiliser dans leurs cultures. Il est hautement souhaitable que l'industrie ait accès au maximum d'information le plus rapidement possible. Bien entendu, les agriculteurs doivent être capables de savoir s'ils pourront payer ce produit, et c'est là que des programmes comme le Programme d'avances printanières interviennent.
Le sénateur Mercer : Si je comprends bien, une partie de l'urée importée de Russie passe par le port d'Halifax.
M. Graham : C'est exact. L'Est du Canada a tendance à importer ses produits par bateau parce que le transport par chemin de fer est dispendieux. Il est toujours plus économique de transporter des marchandises en vrac par bateau.
Le sénateur Mercer : J'aimerais m'adresser un instant aux autres témoins. Vous avez abordé la question de la sécurité. L'un des points que vous avez présentés était l'importance d'informer le public. Je suis curieux de savoir comment vous informez la population. En quoi suis-je informé?
M. Hepworth : L'industrie peut contribuer à renseigner le public sur la sûreté des produits. Les produits sont mis à l'essai pendant dix ans, dans le cadre d'une série d'environ 160 essais, puis les données qui en découlent sont acheminées à l'organisme de réglementation concerné; ils n'ont pas à s'y fier aveuglément. Ensuite, ils procèdent généralement à l'évaluation des produits pendant un an ou deux et à leur homologation.
Nous avons l'obligation d'informer le public que ces produits homologués, s'ils sont utilisés conformément au mode d'emploi figurant sur l'étiquette, peuvent être employés en toute sécurité aux fins auxquelles ils ont été conçus, que ce soit l'élimination des ravageurs qui s'en prennent aux cultures, le contrôle des mauvaises herbes et des champignons présents sur les terrains de golf ou sur le gazon et les arbres dans votre cour, de même qu'aux fins de la santé publique, que ce soit l'entretien des piscines, la lutte contre les rongeurs ou autre chose. C'est notre devoir.
Cependant, comme vous vous en doutez sûrement, la population est grandement préoccupée — et c'est compréhensible — par la sûreté des pesticides. Généralement, plus on s'éloigne de la ferme, plus les craintes sont grandes. Nous constatons que la majorité de la population ignore que Santé Canada les réglemente et exige tous ces essais, et que ces nouveaux produits sont bien différents de ceux que nous avions il y a 50 ou 60 ans.
Nous reconnaissons que nous avons un rôle à jouer. Notre conseil se réunit habituellement avec Santé Canada chaque automne, et nous l'avons fait l'automne dernier. Nous nous sommes entretenus avec le directeur exécutif de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada et avec la sous-ministre adjointe de la Santé. La seule recommandation que nous avons formulée ne concernait pas la nécessité de mettre en place un système de réglementation plus efficace, d'accroître l'efficacité du système existant, d'accélérer le processus d'homologation ou quoi que ce soit d'autre. Nous avons plutôt simplement fait valoir qu'il était essentiel de mieux renseigner le public au sujet du système de réglementation rigoureux établi au Canada — pas pour mousser l'industrie ou défendre un produit en particulier, mais pour défendre ce système de réglementation, à défaut de quoi le public, dont les consommateurs, perdra confiance dans le système et il faudra accroître les garanties, ce qui serait très coûteux. Si le fondement scientifique est solide, personne n'y verra d'inconvénient, mais c'est l'ensemble du système qui en sera compromis. Oui, nous avons le devoir d'informer le public, mais j'ajouterais que les organismes de réglementation l'ont aussi.
Le sénateur Mercer : Ma dernière question fait suite à ce que vous venez de dire. Vous avez parlé d'innovation et proposé de réinvestir 10 p. 100 dans la R-D, ce qui est une excellente idée, à mon avis. Où sont réalisés les travaux de R- D? Est-ce au Canada? Si oui, dans quelles régions du pays?
M. Hepworth : Il y a des travaux en cours au Canada.
Le sénateur Mercer : Quel pourcentage cela représente-t-il?
M. Hepworth : Mon collègue voudrait peut-être se prononcer à ce sujet, mais la proportion de travail en R-D effectuée ici équivaut à peu près à notre part des ventes à l'échelle mondiale, soit de 3 à 4 p. 100.
La plupart des travaux de recherche fondamentale sur les ingrédients actifs ne sont probablement pas faits ici. Ils ont peut-être lieu dans les campus de recherche aux États-Unis ou en Europe. Compte tenu de notre environnement, il faut certainement faire des recherches sur des formulations individuelles, et ainsi de suite. Ces activités ont lieu au Canada. C'est également le cas des semences génétiquement modifiées.
Peter MacLeod, vice-président, CropLife Canada : Parmi les secteurs dans lesquels on investit beaucoup au Canada, il y a les cultures produites en grande partie au pays, comme celle du canola. Le Canada est devenu un centre mondial de R-D parce qu'il est chef de file pour ce qui est de la culture du canola. Nous exportons notre technologie en Europe et dans d'autres régions du globe qui le cultivent, en Australie par exemple. Généralement, si le Canada se démarque avec une certaine culture, il y a des centres d'excellence au pays. Je pense par exemple aux pois chiches, aux lentilles et à la moutarde.
Le sénateur Mercer : Où sont situés ces centres?
M. MacLeod : Il y a un grand centre de R-D en Saskatchewan. Un autre a été établi en Alberta pour l'une de nos sociétés membres. Ce sont les deux centres.
Le sénateur Mercer : Les écoles d'agriculture de l'Est du Canada ne mènent-elles pas des activités dans ce domaine, soit à Montréal, à Charlottetown ou à Truro?
M. MacLeod : Au Collège Macdonald ou au Collège d'agriculture de la Nouvelle-Écosse, certains travaux de recherche fondamentale sont effectués, surtout autour de l'étape préalable au développement du produit, en vue de l'optimiser compte tenu des conditions climatiques au Canada. Encore là, je ne parle pas des cultures qui nous démarquent. Je dirais qu'il s'agit d'obtenir des données précises sur les produits dans ces secteurs, à McGill et à Truro.
Le sénateur Callbeck : Monsieur Graham, la dernière partie du document que vous avez présenté traite des mesures pouvant être prises par le gouvernement. Je sais que le sénateur Mercer vous a posé des questions au sujet de certaines de vos suggestions. J'aimerais obtenir des précisions sur les deux autres.
Vous avez d'abord posé la question suivante : les agriculteurs ont-ils à leur disposition les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées relativement au marché? Entendez-vous par là que le gouvernement a un rôle à jouer à cet égard mais qu'il ne le joue pas? Quelle est la réponse à cette question?
M. Graham : Actuellement, Agriculture Canada finance deux programmes importants qui permettent d'avoir une vue d'ensemble des prix des engrais et du carburant diesel. C'est à ces programmes que M. Larson a fait référence. Il s'agit de programmes assez vastes, qui se concentrent d'abord sur la région du Manitoba et du Dakota du Nord, ainsi que sur l'Ontario et le comté de Kent. Il y a des programmes de surveillance intensive qui sont mis en œuvre pendant l'année. Des fonctionnaires provinciaux m'ont demandé si le ministère pouvait en augmenter la fréquence. Le gouvernement pourrait se pencher sur cette question, qui revient à se demander si les programmes en place sont suffisants. Nous croyons qu'ils le sont probablement. Nous attendons le prochain rapport pour nous prononcer là- dessus.
Il y a certainement de nombreuses sources d'information qui sont disponibles mais qui ne sont pas diffusées à grande échelle. M. Larson a une copie d'un rapport de Green Markets, un organisme de recherche américain qui surveille le marché des engrais. Ils sont indépendants de l'industrie et publient chaque semaine des données sur les prix des engrais.
Les agriculteurs ont-ils accès à ces informations? Nous avons envisagé de tenir au printemps, pour les représentants de notre industrie et les agriculteurs, une conférence sur les perspectives du marché des engrais pour l'année à venir. Cette formule permettrait de les renseigner plus rapidement.
Comme tous les autres consommateurs, les agriculteurs ont besoin d'autant d'information que possible. Le gouvernement a-t-il un rôle à jouer à cet égard? Je crois que nous avons déjà soulevé cette question.
Le sénateur Callbeck : Vous ne nous avez pas dit si le gouvernement a un rôle à jouer dans tout cela.
M. Graham : Le gouvernement joue déjà un rôle.
Le sénateur Callbeck : Estimez-vous qu'il devrait en faire plus?
M. Graham : C'est une question qu'il vous faudrait poser aux groupes d'agriculteurs. Il faudrait leur demander s'ils croient qu'ils ont déjà à leur disposition l'information dont ils ont besoin.
Le sénateur Callbeck : Vous avez parlé de la Canadian Association of Agri-Retailers, qui a demandé un financement à hauteur de 75 p. 100 pour les coûts en capital liés aux nouvelles mesures de sécurité pour les points de vente d'engrais. De quoi parlons-nous exactement ici? À combien se chiffrent ces coûts?
M. Graham : Nous avons un programme de gestion financé par l'industrie pour l'entreposage et la manutention sécuritaires de l'ammoniac, qui est un des principaux produits azotés. L'ammoniac est une matière dangereuse qu'il faut manipuler avec précaution, mais il est très rentable pour les agriculteurs. Un programme que nous avons élaboré contient un code de pratique qui indique aux détaillants de quelle façon ils sont censés manipuler ce produit. C'est un programme très strict. Nous avons fait en sorte que ce programme soit très souple, afin que les détaillants puissent prendre des mesures équivalentes. Les mesures en question sont, par exemple, des clôtures adéquates, des caméras de sécurité, des mécanismes de verrouillage appropriés et d'autres précautions de base. Cependant, il pourrait être difficile de respecter certaines de ces exigences pour des détaillants indépendants des régions rurales qui desservent de petits marchés.
Le gouvernement fédéral a fourni une assistance aux ports du Canada afin de les aider à resserrer leurs mesures de sécurité à l'échelle nationale. C'est de ce modèle que les détaillants de produits agricoles se sont inspirés.
En plus de l'ammoniac, on utilise, dans l'Est du Canada en particulier, le nitrate d'ammonium, qui présente également des problèmes de sécurité liés à des utilisations illégales. Les installations où ce produit est entreposé ont également un code de pratique, qui se fonde plutôt sur la connaissance du client et la tenue de dossiers pour décourager les utilisations illégales. Il y a des coûts associés à cela, et des mesures de sécurité sont prises.
Les détaillants de produits agricoles sont ceux qui travaillent dans les campagnes. Ce sont des employeurs importants dans les petites villes et les collectivités rurales de tout le Canada. Pour les agriculteurs, ils ne sont pas seulement des fournisseurs indispensables de produits; ils sont également une source essentielle de conseils en matière d'agronomie. Plusieurs provinces n'offrent plus de services de conseils agricoles, et nous croyons qu'il est raisonnable que les détaillants de produits agricoles demandent du soutien pour améliorer leurs installations afin de contribuer à la sécurité publique.
Le sénateur Callbeck : J'ai devant moi un tableau extrait du système d'information canadien sur les engrais. J'aimerais vous poser une question sur la colonne qui concerne la région de l'Atlantique, puisque c'est de là que je viens. Selon ce document, l'azote a connu une diminution de 17 p. 100 et le phosphate, une augmentation de 45 p. 100 entre 2005 et 2006. Comment cela s'explique-t-il?
M. Larson : Nous devons d'abord trouver le tableau.
M. Graham : Nous pourrions revenir sur cette question plus tard. C'est un petit marché, et ces statistiques proviennent de l'industrie. Dans un petit marché, il est plus difficile d'obtenir des données précises. Il faudrait que je revoie ces chiffres. Avez-vous dit que c'était le phosphore qui avait connu un déclin?
Le sénateur Callbeck : Non, le phosphate a connu une hausse de 45 p. 100.
M. Larson : Il faudrait que nous fassions la vérification auprès de l'industrie pour répondre à cette question.
Le sénateur Callbeck : J'ai une question sur le prix des pesticides. Il est indiqué que l'augmentation des prix des pesticides en 2007 a été inférieure à celle d'autres intrants comme les engrais et l'énergie. Qu'est-ce qui explique cette situation?
M. Hepworth : Notre industrie est tributaire de la bonne fortune des agriculteurs. Si l'on examine les données sur les ventes de pesticides sur une période d'environ cinq ans, soit les cinq années allant jusqu'à 2006 inclusivement — je crois que les données les plus récentes sont celles de notre rapport annuel, bien que nous n'ayons pas encore les données pour 2007, que nous recueillons en ce moment auprès de nos membres —, on constate qu'au cours de cette période, qui figure parmi les pires de l'histoire de l'agriculture canadienne pour ce qui est des revenus agricoles, les ventes réalisées par notre industrie ont fait du surplace, se chiffrant presque systématiquement à 1,3 milliard de dollars. Cela décrit la dure réalité qui a été celle du marché au cours de ces cinq années. Les agriculteurs étaient alors très consciencieux lorsqu'ils déterminaient leurs besoins en pesticides et qu'ils choisissaient ceux qu'ils utiliseraient. Je crois que dans certains cas, tout semble indiquer que lorsqu'ils pouvaient utiliser un pesticide moins coûteux, ils le faisaient, comme on peut s'y attendre.
Le sénateur Callbeck : La concurrence est-elle beaucoup plus vive dans le domaine des pesticides?
M. Hepworth : En résumé, il y a sept importants fabricants mondiaux et quelques entreprises nationales. La concurrence est donc très féroce.
Comme je l'ai dit dans mes observations et comme l'indique le mémoire, en ce qui concerne les prix des pesticides de part et d'autre de la frontière, la situation des agriculteurs est des plus avantageuses ici, au Canada, comparativement à ce qu'on observe dans de nombreux autres pays, à cause du mécanisme dont les agriculteurs canadiens peuvent bénéficier. Ainsi, s'il est vrai que les produits doivent, au Canada, satisfaire aux exigences des essais, de la réglementation, et cetera, et que notre processus réglementaire coûte habituellement plus cher que celui de bien d'autres pays, il reste que si un produit identique est offert à moindre coût aux États-Unis, il existe un mécanisme auquel les agriculteurs peuvent faire appel pour que ce produit soit introduit sur notre marché. Comme l'indique la législation, cela constitue un mécanisme disciplinaire pour l'établissement des prix.
Le sénateur Mahovlich : Vous parlez de la potasse dans votre mémoire. Quand j'entends « potasse », je pense à l'Ouest du Canada. Où nous situons-nous pour ce qui est de la potasse? Sommes-nous le plus important fournisseur au monde?
M. Larson : Oui, nous le sommes. Nous avons les plus grandes réserves au monde et nous détenons la plus importante part de marché. Environ 40 p. 100 de l'offre mondiale de potasse provient du Canada. La Russie et le Bélarus viennent ensuite.
Le sénateur Mahovlich : Je vois. Cela signifie-t-il que nos mines de potasse suffisent à la demande?
M. Larson : Il y en a assez pour environ mille ans. Le défi est de s'assurer que les mines ne soient pas inondées, ce qui occasionnerait une perte totalisant quelques milliards de dollars. Nos réserves se classent également au premier rang mondial pour ce qui est de la qualité.
Le sénateur Mahovlich : Vous avez mentionné tous ces pesticides et ces engrais. Y a-t-il eu des contaminations graves des eaux de puits dans l'Ouest?
M. Hepworth : M. MacLeod pourra répondre plus précisément à cette question. Cependant, les tests requis pour qu'un pesticide soit enregistré et approuvé par Santé Canada comprennent des essais environnementaux complets portant sur la terre, l'air et l'eau, ainsi qu'une étude des impacts sur ce qu'on appelle des espèces indicatrices. On utilise quelques espèces de poissons et de puces d'eau pour faire ces tests.
Le sénateur Mahovlich : Et en ce qui concerne les oies?
M. MacLeod : Les canards colverts et les oies sont deux des espèces que l'on étudie pour vérifier si certains pesticides ou résidus ont des impacts environnementaux. On effectue des tests approfondis sur ces espèces. C'est de cela que parlait mon collègue, M. Hepworth, lorsqu'il mentionnait les 150 millions de dollars nécessaires à l'étude de ces produits. Des examens approfondis sont effectués relativement aux problèmes de ce genre.
Le sénateur Mahovlich : Vous avez parlé de la sécheresse dans l'Ouest. A-t-on déjà pensé à construire des réservoirs lorsqu'un tel problème survient? En Éthiopie, la sécheresse est toujours un problème, et on y construit d'immenses réservoirs.
M. Hepworth : Comme l'un de vos collègues du Sénat le sait sans doute, un des grands projets qui, à mon avis, est très avantageux pour la communauté agricole, les grands éleveurs et les agriculteurs qui ont besoin d'un contrôle de l'eau ainsi que pour le tourisme et la pêche sportive, c'est le barrage Rafferty, dans sa circonscription en Saskatchewan.
Le sénateur Gustafson : Ça remonte à dix ans déjà.
M. Hepworth : Ça a fait l'objet d'un grand débat, mais d'où je viens dans le Sud de la Saskatchewan, où les terres sont desséchées, c'est le projet sentinelle. C'est juste un exemple. Il y a aussi le barrage Diefenbaker, sans oublier le bassin de la rivière Churchill, qui est aussi important.
M. Larson : Il y a également un projet de déviation de la rivière Bow dans le Sud de l'Alberta. Toute la zone agricole autour de Lethbridge serait dévastée par la sécheresse si ce n'était de l'irrigation. Nous sommes pourtant bien loin d'utiliser les réserves d'eau dans la même mesure qu'ils le font aux États-Unis. Cette solution a probablement beaucoup de potentiel.
Le sénateur Mahovlich : Y a-t-il encore plus de potentiel?
M. Hepworth : Vous avez mis le doigt sur un des gros enjeux de l'avenir, soit l'eau — la qualité de l'eau, la quantité de l'eau et les infrastructures. Comme je l'ai dit, certaines des entreprises membres de notre association font des études sur la résistance des récoltes à la sécheresse. C'est un gros projet pour eux, pas seulement pour le Canada, mais pour le monde entier, par exemple pour l'Afrique subsaharienne.
Le sénateur Mahovlich : Je crois que nous devrons également aider les États-Unis avec ce qui est survenu l'été dernier en Californie et en Georgie. Ils ont eu de gros problèmes là-bas. Nous devrons examiner cette situation.
La présidente : J'aimerais dire un mot à ce sujet. C'est un gros problème dans la région d'où je viens, Lethbridge. L'Université de Lethbridge est reconnue aujourd'hui comme étant l'un des plus importants centres d'études des questions liées aux sciences de l'eau. Les gens viennent de partout dans le monde pour y enseigner les sciences de l'eau et travailler dans le domaine.
L'une des choses qui m'inquiètent, c'est quand je regarde la belle ligne des montagnes que l'on peut voir de la ville. Au bout de cette partie de la chaîne de montagnes, il y a des glaciers qui remplissent les rivières d'eaux de ruissellement chaque année, eaux que nous utilisons pour nos systèmes d'irrigation. Sans ces glaciers, la région serait un désert semi- aride. On nous dit aujourd'hui que ces glaciers fondent rapidement, et que deux d'entre eux disparaîtront de mon vivant.
C'est un immense problème. Dans certains cas, toute la science du monde ne peut rien contre la force de la nature. Quand on entend dire que, dans certaines parties de l'Ouest canadien, des fermiers sont très inquiets, c'en est un. Nous avons visité cette région, et les villes où nous nous sommes arrêtés s'approvisionnent toutes grâce à des systèmes d'irrigation. Toutefois, une sécheresse est une sécheresse, et en certaines occasions, même ces systèmes n'ont été d'aucune utilité.
Le sénateur Gustafson : Je crois que M. Hepworth a probablement des commentaires au sujet des terres réservées à la monoculture. Il semble qu'il y ait des entreprises qui veulent maintenant consacrer des terres exclusivement à la culture du canola. Il y a également beaucoup d'agriculteurs qui passent à la culture du blé en raison de son rendement élevé. On s'attend à ce que le Canada ait des stocks pour les marchés auxquels ils ont vendu au cours des années. Il me semble que c'est tout un défi. C'est l'inconvénient.
Par contre, l'aspect positif, selon moi, c'est que l'agriculture au Canada connaîtra un essor. Pendant des années, nous, les acteurs de l'industrie agricole, avons été négligés. On accordait peu d'attention aux aliments puisqu'ils ne représentaient que 9 p. 100 de notre revenu. Aujourd'hui, cependant, les gens s'en préoccupent.
Nous avons atteint un point où les agriculteurs ont étiré leurs ressources au maximum. Une nouvelle moissonneuse- batteuse munie de deux organes de coupe que nous aurions payée, il y a un an, 250 000 $ en coûte aujourd'hui 400 000 $. Par ailleurs, nous savons ce qui est arrivé au prix de l'essence. Il a doublé. La situation est identique dans votre industrie. Les engrais ont suivi la même tendance, et l'industrie chimique aussi.
J'aimerais entendre vos préoccupations à ce sujet, et élargir la question pour traiter également de l'économie mondiale. Certains disent qu'ils ne peuvent rivaliser avec le Brésil. Est-ce que c'est vrai? Qu'en pensez-vous?
M. Hepworth : Je vais donner mon avis. Si je savais ce que l'avenir nous réserve, y compris ce que je vais ensemencer le mois prochain ou ce que les agriculteurs vont ensemencer, je serais riche et à la retraite.
Je suis d'accord avec vous. La plupart des observateurs dans l'industrie agricole reconnaîtraient aujourd'hui que la situation de l'agriculture a changé. Ce cycle a quelque chose de fondamentalement différent. Les représentants de notre industrie seraient du même avis. Vous avez parlé des décisions prises par les fermiers, de ce qu'ils feront et de la différence observée cette année. Il y a un an ou deux, rien ne se dessinait. Cette année, c'est pratiquement tout le contraire. Le Canada doit déterminer la façon de conserver ces marchés compte tenu de toutes les pressions exercées pour produire des récoltes destinées à la fabrication de carburant, à l'utilisation industrielle et à toutes les occasions qui s'offrent sur le marché.
Je vais utiliser un exemple qui, selon moi, a beaucoup d'intérêt et présente une approche logique. M. MacLeod a mentionné que l'industrie du canola était l'une de celles dans lesquelles le Canada était un chef de file. La situation est bonne pour l'industrie du canola pour deux raisons. D'une part, le canola est la meilleure huile pour le cœur. D'énormes marchés ont été développés partout dans le monde pour ce produit, notamment aux États-Unis, plus récemment en ce qui a trait à la position du marché là-bas. D'autre part, on reconnaît en même temps la valeur du canola dans la production de biodiesel et on veut l'exploiter à ce titre, surtout, par exemple, en Europe et au Canada. On veut s'emparer des deux marchés. On a judicieusement établi des plans jusqu'en 2015, selon une répartition par tiers. D'ici là, comment arriverons-nous à produire les 15 millions de tonnes nécessaires pour faire en sorte que nos clients japonais et les autres soient satisfaits de notre huile santé tout en répondant à la demande du marché du biodiesel quand nous produisons habituellement sept, huit ou neuf millions de tonnes? Les représentants de l'industrie ont dit qu'ils ne sacrifieraient aucun des deux marchés. Ce n'est pas une situation où on peut choisir l'un ou l'autre.
L'industrie augmentera sa production pour atteindre ce niveau. Un tiers de la solution consistera à augmenter le nombre d'acres, un autre tiers à augmenter la production par acre et le dernier tiers à augmenter la production d'huile par livre de graines. Aujourd'hui, par exemple, lorsqu'on presse du canola, environ 40 p. 100 de ce qu'on en retire est de l'huile. On veut faire passer cette production à 50 ou 52 p. 100 — pas du jour au lendemain, mais plutôt en quelques années. Certaines recherches effectuées en Chine ont permis d'obtenir jusqu'à 52 p. 100. Comment arriveront-ils à augmenter la production et à faire pousser le canola dans une région géographique plus large? C'est là que les entreprises membres de notre association interviennent avec des récoltes qui résistent à la sécheresse et au stress thermique et qui ont des aptitudes à fixer l'azote. Nos membres participent à certaines occasions d'augmenter la production. Ça nécessitera beaucoup d'engagement dans la R-D et, dans certains cas, une réglementation très souple. Il y a également la culture spécialisée du canola, à laquelle les agriculteurs réservent une surface de culture. Il faut alors s'assurer de verser une prime adéquate pour inciter les fermiers à cultiver ces surfaces.
Je terminerai en ajoutant que, pour en revenir au marché mondial, nous souscrivons à ce fait — mais pas uniquement pour ce qui est de la dernière année ou des deux dernières années — à la bioéconomie, à cette occasion qui vaut 500 milliards de dollars. J'espère que les décideurs comme vous, l'industrie et les acteurs dans le secteur agricole ainsi que toute la chaîne de valeur ne laisseront pas s'échapper ce marché au cours des quatre ou cinq prochaines années, ou peu importe sa durée, et qu'ils s'assureront de mettre en place tout ce qui est nécessaire pour s'emparer de cette nouvelle économie, cette agriculture transformée, de sorte que, à la fin du cycle des produits de base, nous ne nous retrouverons pas ici dans cinq ou six ans à dire : « Nous aurions dû trouver une solution parce que, aujourd'hui, le blé ne vaut plus que 2 $ le boisseau. »
Nous devons trouver les meilleures façons d'exploiter les nouvelles possibilités de culture associées au marché du carburant, des produits pharmaceutiques, des produits bioindustriels et des bioplastiques, et toutes les autres possibilités. Dans certaines régions du pays, nous ne sommes peut-être pas aussi concurrentiels que nous aimerions l'être. Je pense par exemple à la production de blé dans ma région, comparativement à la production de l'Europe de l'Est ou d'autres endroits. Nous devons saisir cette occasion. Je ne sais pas exactement en quoi consiste la nouvelle infrastructure. On parle entre autres de formation, de traçabilité et de fermes certifiées ISO. Je ne connais pas tous ces éléments en détail, mais nous devons y réfléchir ensemble et arriver au résultat voulu.
Agriculture et Agroalimentaire Canada a produit un document intitulé « Cultivons l'avenir », en collaboration avec les provinces. Il en ressort des conclusions semblables à celles du document que nous avons publié il y a quelques années pour exposer notre vision. Nous parlions d'une bioéconomie d'une valeur de 500 milliards de dollars. L'économie agricole transformée est une occasion qu'il ne faut pas laisser passer.
Comme l'a dit le président de notre conseil d'administration à notre dernière réunion annuelle, nous avons presque la responsabilité morale de veiller au développement sûr de ces technologies, parce que nous voyons tous les jours dans les journaux des articles sur le prix du riz et sur les répercussions de cette situation. Mon collègue a abordé les impacts de ce phénomène sur les économies en développement. Nous consacrons 10 p. 100 de notre revenu à l'alimentation, mais ces populations en consacrent de 30 à 35 p. 100, et l'augmentation se poursuit. C'est une proportion importante. Nous avons une obligation à assumer, et presque une responsabilité morale envers l'humanité.
Le sénateur Gustafson : La semaine dernière, nos agriculteurs ont reçu une lettre de la Commission canadienne du blé qui disait que beaucoup plus de céréales transiteraient par Thunder Bay. Thunder Bay n'était pas une plaque tournante importante pour les céréales. Il y a cinq ans, on se demandait même là-bas s'il fallait enlever le chemin de fer. Aujourd'hui, la situation s'est redressée, à cause des grandes possibilités qui existent à l'échelle mondiale. D'autres secteurs sont dans cette situation.
La présidente : Je vous remercie aussi, au nom du comité. Nous avons abordé indirectement cette question dans notre étude sur la pauvreté dans les régions rurales. Votre présence ici ce soir est très importante parce que cette question est du plus haut intérêt au Canada. On voit différents signaux d'avertissement à droite et à gauche. Ce qui ressort de votre exposé, c'est que nous devons surveiller tout particulièrement cette question, car elle est déterminante pour l'avenir.
Nous vous souhaitons de belles réussites. De toute évidence, vous consacrez beaucoup d'efforts à vos projets. Je suis convaincue que vous reviendrez devant ce comité un de ces jours pour nous tenir au courant. Nous vous souhaitons bonne chance. Si jamais vous voulez nous informer d'autres développements, vous êtes le bienvenu.
M. Hepworth : Je vous remercie.
La présidente : Merci aux témoins, et merci à vous, chers collègues.
La séance est levée.