Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international
Fascicule 4 - Témoignages du 13 février 2008
OTTAWA, le mercredi 13 février 2008
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui à 16 h 5 pour examiner les questions qui pourraient survenir occasionnellement se rapportant aux relations étrangères en général.
Le sénateur Peter A. Stollery (vice-président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le vice-président : Honorables sénateurs, je vois que nous avons le quorum. Nous avons une réunion importante à tenir aujourd'hui, et le sénateur Di Nino m'a demandé de la présider en ma qualité de vice-président du comité.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tout le monde à cette séance du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international. Notre comité se penche actuellement sur l'influence nouvelle de la Chine, de l'Inde et de la Russie sur le plan économique et sur les politiques qu'adopte le Canada en réaction à cette influence.
Ce matin, j'ai capté notre comité à la télévision. Habituellement, nous avons un ordre de renvoi qui nous instruit de mener enquête. Pour l'instant — et je tiens à ce que ce soit bien clair — nous travaillons à notre ordre de renvoi. Cependant, dans l'intervalle, nous nous posons des questions sur le sujet que je viens de mentionner, c'est-à-dire la politique du Canada en réaction à l'influence nouvelle de la Chine, de l'Inde et de la Russie. On décrit le nouveau siècle en Asie comme l'événement le plus important depuis de nombreuses années, un événement qui devrait pousser le Canada à agir avec énergie, selon le comité.
J'aimerais vous présenter nos témoins. Nous recevons aujourd'hui devant le comité M. Stewart Beck, sous-ministre adjoint, Investissement, innovation et secteurs. Il est accompagné de M. Robert Ready, directeur, Direction de la politique commerciale sur l'investissement, ainsi que de M. Robert Clark, directeur général de l'analyse de la politique économique, Politique et consultations.
[Français]
Bienvenue au Sénat. J'invite M. Beck à faire quelques commentaires et nous passerons aux questions et réponses.
[Traduction]
Monsieur Beck, je vous prierais de bien vouloir commencer. Nous avons ratissé un peu large dans nos questions au cours des dernières semaines, parce que c'est un sujet très vaste, comme vous le savez, et nous voulons maintenant focaliser notre étude.
Stewart Beck, sous-ministre adjoint, Investissement, innovation et secteurs, Affaires étrangères et Commerce international Canada : Merci infiniment. Bonjour à tous. J'aimerais vous présenter quelques autres personnes qui sont avec nous aujourd'hui et qui prendront la parole si nous entrons dans les détails au sujet des différents pays que vous avez nommés.
Il y a Richard Bale, directeur des Relations commerciales avec l'Asie du Nord, Audri Mukhopadhyay, directeur des Relations commerciales en l'Asie du Sud, qui comprend l'Inde, et Louis Marcotte, directeur des Relations commerciales en l'Europe, qui comprend la Russie.
Si vous posez des questions pointues, ils pourront nous apprendre ce que nous faisons d'un point de vue commercial.
Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui pour discuter de la Stratégie mondiale du gouvernement sur le commerce, qui portera notamment sur les questions à l'étude ici. Il s'agit d'un cadre stratégique destiné à accroître le caractère concurrentiel du Canada à l'échelle internationale dans l'économie mondiale et intégrée d'aujourd'hui.
Comme vous le savez, le gouvernement du Canada estime que l'Afghanistan, les États-Unis, les Amériques et les marchés émergents comme ceux de la Chine et de l'Inde doivent occuper une place prépondérante dans sa politique étrangère et son programme de commerce international.
De plus, les membres du comité se rappellent sans doute qu'en 2006, le gouvernement a lancé un plan stratégique économique à long terme du nom d'Avantage Canada. Avantage Canada est un plan qui vise à la croissance économique du Canada grâce à des avantages concurrentiels qui stimuleront la croissance de notre productivité et nous donneront les outils nécessaires pour réussir dans l'économie mondiale en évolution. La Stratégie mondiale sur le commerce, qui est chapeautée par le ministre du Commerce international, M. Emerson, avec l'étroite collaboration et l'appui d'autres ministères et organismes, compose l'aspect international du plan Avantage Canada. L'objectif commun est d'établir des forces concurrentielles nationales et internationales qui s'appuieront mutuellement et se complèteront.
Dans la nouvelle économie mondiale, les sociétés rivalisent entre elles et les gouvernements rivalisent entre eux pour créer des conditions propices à l'investissement, à l'innovation et à la réussite mondiale de leurs secteurs privés. L'orientation et la cohérence que fournissent Avantage Canada et la Stratégie mondiale sur le commerce visent à permettre au Canada d'être à la hauteur de la concurrence internationale.
[Français]
La Stratégie commerciale mondiale cible trois objectifs prioritaires et un plan d'action qui sont étroitement liés : faire du Canada un partenaire de prédilection pour les affaires internationales en tirant profit de notre avantage nord- américain; négocier un accès accru aux marchés, au capital, aux technologies et à l'expertise dans le monde entier; faciliter l'exploration de débouchés mondiaux par les entreprises canadiennes en réalignant les réseaux commerciaux internationaux du Canada en fonction des besoins des entreprises modernes et actives sur le plan mondial.
[Traduction]
Dans le budget de 2007, le gouvernement a réservé 60 millions de dollars pour la mise en œuvre de la Stratégie mondiale sur le commerce pendant l'exercice en cours et le suivant.
Nous avons parlé des trois piliers : le premier consiste à renforcer l'avantage nord-américain du Canada en facilitant les échanges d'investissements directs étrangers, d'innovations et de talents entre le Canada et le reste du monde.
Pour cela, le Canada mènera diverses initiatives axées sur la recherche active d'investissements potentiels et de partenaires novateurs, particulièrement aux États-Unis, dans le but d'envoyer des messages forts et pertinents sur le plan économique, adaptés aux besoins et aux intérêts commerciaux des acteurs visés. Parmi ces initiatives, notons le Programme des champions de l'investissement; des services après-vente que je pourrai vous décrire si vous le voulez; des initiatives relatives aux chaînes de valeur mondiales; des missions sur l'innovation; l'amélioration du Fonds Horizon le monde en Science et technologie, un programme qui réunira les scientifiques et les technologues dans des ateliers; ainsi que le lancement d'Édu-Canada, qui vise à promouvoir le Canada comme destination d'études pour les étudiants internationaux.
Le second pilier consiste à élargir l'accès du Canada aux marchés et aux réseaux internationaux grâce à un nouveau plan de négociations internationales.
Pour ce faire, le gouvernement utilise de façon stratégique toute sa pléiade d'outils politiques internationaux, y compris les accords de libre-échange; les accords de promotion et de protection de l'investissement étranger (M. Ready est justement en train d'en négocier un avec la Chine); les accords de coopération en science et en technologie; les accords relatifs aux services aériens; les conventions fiscales et les mesures d'harmonisation réglementaire et de coopération, comme celles d'Exportation et développement Canada et de Corporation commerciale canadienne, qui sont autant de mesures pour assurer l'accès concurrentiel des sociétés et des investisseurs canadiens aux marchés du monde.
En marge du Forum économique mondial de Davos, en janvier dernier, le Canada a signé un accord de libre- échange avec l'Association européenne de libre-échange, l'AELE, en plus d'annoncer qu'il avait terminé ses négociations en vue d'un accord de libre-échange avec le Pérou.
Il s'agit là des premiers nouveaux accords conclus depuis plus de cinq ans. Il y a aussi des négociations en cours avec la Corée du Sud, Singapour, la République dominicaine, la Colombie, le Marché commun des Caraïbes (Caricom) et les quatre pays d'Amérique centrale qui forment le CA4, le Salvador, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua. Nous prévoyons également amorcer des pourparlers en vue d'un AELE avec la Jordanie en 2008.
Le Canada a conclu ses négociations en vue d'un APIE avec le Pérou — qui est dorénavant en vigueur — l'Inde et la Jordanie, et nous sommes en train d'en négocier un avec la Chine et le Koweït. D'autres négociations s'amorceront sous peu avec la Tanzanie, le Vietnam, l'Indonésie, la Mongolie et Madagascar. Nous sommes aussi en discussions exploratoires avec divers pays d'Asie et d'Afrique, dont la Malaisie et le Kazakhstan, et nous discutons avec la Russie de la possibilité de revoir l'APIE actuel entre le Canada et la Russie. Les négociations de révision des APIE actuels avec les six nouveaux pays de l'UE viennent toutes de se terminer, sauf celles avec la Hongrie.
Il y a des accords de coopération scientifique et technologique déjà en vigueur avec l'Inde et la Chine, et nous venons d'entamer des pourparlers avec le Brésil. Depuis janvier 2007, le Canada a négocié ou révisé des accords relatifs aux services aériens avec neuf pays et a entrepris des pourparlers avec l'Union européenne et ses États membres, en vue d'un accord qui nous ouvrira un marché de 27 pays lorsqu'il sera conclu.
Le troisième pilier associe des entreprises canadiennes à des débouchés internationaux. Il comprend l'élargissement du Service des délégués commerciaux du Canada et la prise de moyens afin d'appuyer les entreprises canadiennes là où elles ont besoin de réussir commercialement à l'étranger, au moment où elles en ont besoin et de la façon dont elles en ont besoin. Nous mettrons davantage l'accent sur la circulation dans les deux sens de l'investissement et de la technologie, nous continuerons de miser sur les États-Unis et nous intensifierons notre présence dans les marchés en évolution rapide comme ceux de la Chine, de l'Inde et du Brésil. Nous avons déjà réaffecté certains de nos postes actuels à l'étranger à des pays aux marchés émergents, comme la Chine et l'Inde, pour tirer profit des débouchés d'affaires dans ces régions.
Nous travaillons en étroite collaboration avec divers partenaires canadiens, des groupes de clients et des intervenants afin de concevoir des plans de développement des marchés qui visent les secteurs prioritaires et les principaux débouchés en fonction des atouts et des intérêts des sociétés canadiennes dans les différentes parties du monde. Cette planification des marchés intégrera toutes les composantes du commerce international et sera constamment revue en fonction des nouveaux développements commerciaux. Nous avons mis la dernière main aux plans pour les États-Unis, le Mexique, l'Inde, la Chine, le Brésil et l'Europe, et nous espérons terminer nos plans pour l'Amérique latine et les Caraïbes, la Russie, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est, l'ANASE et le Conseil de coopération du Golfe d'ici le 31 mars 2008.
Le réseau de commerce mondial du Canada verra le nombre de ses bureaux régionaux augmenter et leur mandat renforcé de manière à ce qu'ils soient en mesure de répondre à la myriade de besoins des sociétés canadiennes, étant donné qu'ils sont fréquemment le premier point de contact pour les entreprises canadiennes. Le partage d'information et la coopération entre les bureaux régionaux et les autres organismes fédéraux, comme Exportation et développement Canada et la Corporation commerciale canadienne nous aideront à optimiser notre valeur pour les entreprises canadiennes.
[Français]
Ceci était donc un résumé de la Stratégie commerciale mondiale. Cette stratégie d'Affaires étrangères et Commerce international Canada représente un programme ambitieux aux défis toujours changeants auxquels font face les entreprises canadiennes sur les marchés internationaux d'aujourd'hui.
Je vous remercie de m'avoir invité et j'anticipe avec intérêt notre discussion.
[Traduction]
Le vice-président : Pour le public qui nous regarde, je vais citer l'un de nos témoins, qui disait que les changements actuels dont nous parlons sont l'équivalent de ce qui s'est passé en Grande-Bretagne dans les années 1800 et de ce qui s'est passé aux États-Unis à la fin du XIXe siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale, pour dresser un parallèle historique. L'un de nos éminents témoins a émis l'opinion que l'objet de notre étude était d'encore plus grande envergure et que pour l'analogie historique, nous devrions plutôt prendre une autre grande puissance, les États-Unis, il y a une centaine d'années, quand elle est devenue l'atelier du monde.
Si l'architecture financière change, ce qui est inévitable, le Canada fera-t-il partie du G8? Serons-nous assez forts?
M. Beck : Je pense que oui, parce que compte tenu de notre niveau de développement, nous sommes au moins égaux aux autres membres du G8, encore aujourd'hui.
Le vice-président : Les membres du comité ne sont pas sans savoir que l'Australie, par exemple, qui est plus proche de la Chine que le Canada, semble s'être mieux équipée que le Canada pour accéder aux marchés qu'elle se voit en Chine. C'est très actuel. Quand la transition sera terminée, serons-nous toujours considérés comme une grande puissance industrielle?
M. Beck : Nous avons des problèmes importants à régler à court terme pour préserver notre compétitivité et notre productivité de manière à rester dans le coup. Nous devons y travailler fort. L'une des raisons d'être de la Stratégie mondiale sur le commerce, c'est de placer les Canadiens en meilleure position concurrentielle pour que nous puissions être toujours dans le coup dans dix ou quinze ans. Vous avez raison de dire qu'il va être difficile pour nous de rester dans cette catégorie, particulièrement à la lumière du fait, comme on pouvait le lire récemment dans la presse, que la Chine risque de nous surpasser comme principal exportateur aux États-Unis. Nous devons être bien conscients de notre concurrence. Comme je l'ai dit dans ma déclaration d'ouverture, les gouvernements rivalisent entre eux dans ce contexte, et nous devons être prêts à relever le défi.
Le sénateur Corbin : Je pense que le débat est loin d'être terminé sur la valeur réelle de toutes ces négociations commerciales avec divers pays. Les États-Unis y mettent beaucoup d'effort, tout comme l'Union européenne. Le Canada est en train de se réveiller. Je pense que c'est là le cœur du débat. Quel avantage positif net tirerons-nous d'un accord avec la Corée du Sud ou l'Inde si ces pays ont des accords séparés avec les États-Unis, l'Allemagne ou n'importe quel autre pays? Nous ferons peut-être quelques gains, mais en bout de ligne, nous sommes encore en concurrence les uns contre les autres. L'Inde pourrait accorder des avantages commerciaux aux États-Unis pour certains de ses produits et vice et versa, qu'il n'accorderait pas au Canada. Le scénario peut se répéter à l'infini.
Je ne suis pas convaincu que ce coup d'éclat de signer autant d'accords commerciaux que possible va nous conférer un avantage net sur le plan des exportations ou des importations. Vous allez devoir me convaincre.
M. Beck : Si le monde était parfait, nous pourrions espérer que l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, adopte une quelconque résolution de manière à ce que les règles du jeu soient les mêmes pour tous et à ce que nous puissions faire affaire avec d'autres pays sur un pied d'égalité. Nous espérons que quelque chose va ressortir des négociations de Doha. Aucune solution ne semble imminente. Nous allons être en désavantage si la Corée du Sud négocie un accord avec les États-Unis. Nous voulons pouvoir dire que nous avons autant accès au marché sud-coréen que les Américains.
Le sénateur Corbin : Est-ce ce que vous demandez?
M. Beck : Nous essayons de négocier des règles équitables pour avoir le même accès que les Américains dans certaines régions, pour que nos entreprises ne soient pas désavantagées comparativement aux entreprises américaines et qu'il en soit également de même sur d'autres marchés. Prenons la Colombie, par exemple, le fait de ne pas avoir d'accord avec la Colombie va désavantager certaines des entreprises du Canada.
Je travaille en étroite collaboration avec le ministre à son conseil consultatif sur les petites et moyennes entreprises, les PME. L'un des membres vient d'une assez grande société productrice de légumineuses de la Saskatchewan. Pour elle, l'avantage dont jouissent les Américains en Colombie, ou le tarif diffère de 15 p. 100 pour eux, a des conséquences. Elle doit se demander comment rivaliser avec les Américains dans ce contexte. Avant, c'était un grand marché pour cette entreprise. Aujourd'hui, elle n'y a pas autant accès que les entreprises américaines à ce taux. Il est important pour nous de pouvoir nous mesurer à la concurrence. Si nous n'avons pas l'OMC, nous devons trouver d'autres moyens d'équilibrer les règles du jeu. Il est important pour nous de signer des accords bilatéraux, particulièrement avec les pays dont les marchés sont importants pour nous.
Le sénateur Smith : Au sujet de la Corée, je connais le point de vue des Travailleurs et travailleuses canadiens de l'automobile, même si je ne suis pas toujours d'accord avec eux, mais la dernière fois que je les ai entendus, ils ont dit que Hyundai et Kia n'investissaient nulle part ici dans des usines, alors que Toyota et Honda le faisaient. Pourquoi laisserions-nous ces entreprises venir vendre leurs voitures 6 000 $ de moins qu'aujourd'hui et éroder encore davantage le marché de l'automobile canadien s'il est impossible pour nous d'envoyer nos produits là-bas. Pourquoi le ferions- nous? Qu'est-ce que nous allons en retirer?
Robert Ready, directeur, Direction de la politique commerciale sur l'investissement, Affaires étrangères et Commerce international Canada : Je pense bien m'exprimer au nom de Stewart Beck aussi. Le dossier de l'automobile dans les négociations entre le Canada et la Corée est complexe. Malheureusement, je ne pense pas qu'il y ait ici aujourd'hui un représentant du ministère capable de vous répondre en détail comme vous le voudriez. Nous allons devoir nous engager à vous répondre plus tard. C'est une question complexe.
Le sénateur Smith : L'industrie automobile canadienne souffre énormément en ce moment. Je me rappelle de M. Pattison, qui est concessionnaire pour pratiquement tous les fabricants et qui a dit qu'à dollar égal, nous ne pouvions pas battre Hyundai. Si Hyundai se met soudainement à vendre ses véhicules 6 0000 $ de moins qu'en ce moment, l'industrie canadienne va plonger encore plus bas. Je suis allé en Corée plus d'une dizaine de fois. Il me semble inconcevable de trouver une contrepartie.
M. Beck : Beaucoup de secteurs sont à l'étude, et il est clair que l'industrie automobile est un secteur très important pour le Canada. Notre négociateur en chef est très au courant des sensibilités de ce secteur. Nous en sommes à la treizième ou à la quatorzième ronde de négociations. C'est un processus très compliqué, dans lequel nous sommes très sensibles aux enjeux les plus cruciaux pour les Canadiens.
Si vous voulez de plus amples renseignements sur les négociations en cours et les questions abordées, je vous inciterais à en discuter avec les personnes qui y travaillent directement.
Le sénateur Smith : Cette question me semble plus fondamentale que particulière.
[Français]
Le sénateur Dawson : L'industrie de la construction marine qui est en train d'avoir une petite relance au Canada face à la compétence de la Corée, c'est une cause perdue.
Le vice-président l'a dit au début de la séance, nous cherchons à cibler, à prioriser. On ne peut pas être partout. On regarde l'Asie, la Russie, l'Inde et on se demande où on peut aider le gouvernement à simplifier les relations et la communication. Un des rôles des comités du Sénat est de débattre, de rendre les sujets intéressants. Il est certain que dans un gouvernement minoritaire, les affaires extérieures perdent un peu d'intérêt. Au cours des prochaines semaines, nous voulons étudier de quelle façon prioriser l'aide. Votre enveloppe contient 60 millions de dollars. De quelle façon ces sommes sont-elles dépensées entre la Chine, la Russie, les Indes et les autres parties? et de quelle façon peut-on vous aider?
Dans le passé, il y a eu des opérations d'Équipe Canada, le gouvernement avait ciblé certains pays, les mêmes pays d'ailleurs jusqu'à un certain point et posé des gestes concrets. De quelle façon peut-on, en tant que comité, étudier, entendre des témoignages pour aider à préciser l'endroit?
Si je comprends bien, dans le domaine de l'exportation, on a deux p. 100 d'exportations avec la Chine et 0,5 p. 100 avec les Indes. Nous voulons voir de quelle façon nous pouvons prioriser.
Je siège au Comité sénatorial permanent des transports et des communications. Nous sommes allés à Prince-Rupert la semaine dernière. Le développement est phénoménal pour aider jusqu'à un certain point l'importation vers le continent nord-américain, souvent peut-être un peu trop vers les États-Unis que vers le Canada. Mais de quelle façon peut-on poser des gestes dans l'infrastructure de transport pour aider nos exportations afin d'augmenter le pourcentage de notre part dans le marché global?
La semaine dernière, nous sommes allés à Halifax. Halifax semble être de plus en plus la porte d'entrée vers les Indes. Que pouvons-nous faire ensemble, vous et nous, pour prioriser les gestes que les gouvernements devraient faire au cours des prochaines années pour aller chercher une plus grosse part de ce marché et s'assurer que les conteneurs qui rentrent d'Asie et des Indes ne repartent pas vides, mais plutôt avec des produits d'exportation?
M. Beck : Je répondrai à la première question qui est celle de cibler les marchés de l'Inde et de la Chine.
[Traduction]
L'argent que nous amasserons grâce à la Stratégie mondiale sur le commerce nous permettra d'intensifier notre présence dans ces deux marchés. Nous avons déjà entrepris d'harmoniser nos règles avec celles de l'Europe et d'autres marchés comme la Chine et l'Inde et de réaffecter nos ressources pour accroître notre présence là-bas. Il s'agit en partie de créer le contact nécessaire pour créer un milieu propice aux affaires.
Nous avons une forte présence à l'étranger. J'ai été consul général à Shanghai, donc je comprends bien le marché de la Chine. Auparavant, j'étais à Taïwan. Ces deux marchés sont importants pour nous. Personnellement, je me demande où nous pouvons ajouter de la véritable valeur au processus. Nous allons vendre des produits de base. Nous en avons vendu jusqu'ici, nous en vendons toujours et nous allons en vendre encore. La façon dont le Canada, en tant que pays, construit ses industries du savoir et les utilise dans ces marchés importants est cruciale. Pour cela, nous accroissons notre présence dans les marchés en croissance. Quand j'étais à Taïwan et à Shanghai, le littoral est se développait rapidement, de même que le delta de la rivière des Perles, celui de la rivière Yangtze et Qingdao, jusqu'au nord. Les Chinois se rendent compte que tout coûte de plus en plus cher. Du coup, comme Taïwan s'en est rendu compte il y a 10 ans et a commencé à déplacer sa fabrication et ses activités génératrices de richesse vers le continent, le gouvernement chinois construit une infrastructure phénoménale pour déplacer sa fabrication et ses affaires vers l'intérieur de la Chine. Nous devons être présents dans d'autres parties de la Chine pour augmenter notre part du gâteau.
C'est la même chose en Inde. On voit déjà par les nouvelles qu'il n'y a plus seulement que New Delhi et Mumbai. D'autres parties de l'Inde connaissent un essor fulgurant. Il faut être présent partout et établir des contacts d'affaires.
Quand je suis devenu délégué commercial il y a 25 ans, mon travail consistait à aider les entreprises à vendre leurs produits. Nous cherchions des représentants et des distributeurs, nous étions là pour établir le contact dans cette perspective. De nos jours, nous essayons de présenter les débouchés internationaux aux entreprises canadiennes. Il ne s'agit plus seulement de vendre notre produit. Il faut comprendre comment nous intégrer à la chaîne de valeur mondiale. Nous pourrions devoir investir dans une manufacture en Chine pour que notre produit revienne au Canada à un prix inférieur, qu'il soit intégré ici puis qu'il soit vendu dans d'autres marchés du monde. Nous devons être en mesure de faire affaire avec des entreprises et de leur expliquer pourquoi elles doivent envisager un certain fabricant à Hangzhou, une petite ville située à deux heures de Shanghai. On y trouve les produits et la qualité nécessaires pour rivaliser avec les autres joueurs dans le monde. Par cette présence, nous changeons notre état d'esprit pour n'être plus seulement des facilitateurs de contact pour l'exportation, mais un intermédiaire dans le processus d'établissement de nos entreprises, pour bien comprendre les débouchés qui s'offrent à nous dans le monde.
Dans mon travail, j'ai la chance de m'occuper d'investissement et d'innovation. Beaucoup d'entreprises, pour être concurrentielles, doivent connaître et comprendre la technologie qu'elles peuvent adopter et intégrer à leurs produits pour en faciliter la vente.
Notre organisation évolue. Nous ne faisons plus strictement qu'aider les entreprises à vendre leurs produits, nous les aidons à croître dans le monde. En Chine et en Inde, nous sommes de plus en plus présents pour pouvoir prendre notre place sur un plus vaste territoire.
Concernant la Porte d'entrée de l'Asie-Pacifique, c'est moi qui en suis responsable dans notre ministère. Nous avons des fonds pour promouvoir la porte d'entrée sur les marchés internationaux. C'est notre valeur ajoutée. Nous sommes ceux qui présentent cette porte d'entrée aux clients potentiels en dehors de l'Asie. Je connais très bien la porte d'entrée de l'Asie-Pacifique et de mieux en mieux la porte d'entrée de l'Atlantique. Je pense aux possibilités de réacheminement, pour transporter des conteneurs vers l'Asie ou l'Inde. Nous allons travailler à ce dossier et effectuer diverses analyses de rentabilité, faute de meilleurs mots, afin que les gens comprennent qu'il y a là des possibilités.
Je vais vous donner un exemple. Prenons l'industrie du granulé de bois au Canada. Une immense partie de nos forêts est infestée par le longicorne asiatique. Au port de Prince Rupert, en Colombie-Britannique, à Ridley Terminals Inc., il y a une installation de manutention du granulé de bois. Si nous pensions un peu différemment, nous pourrions remplir des conteneurs de granulé de bois et les envoyer dans le Sud de la Chine. Le granulé de bois peut alimenter des centrales électriques au charbon. Ce pourrait être une solution de rechange. Cela fait partie de ce que nous faisons dans mon domaine. De quelle façon pouvons-nous profiter de la porte d'entrée pour créer de la richesse? Nous réfléchissons à différentes façons de faire.
Oui, il faut sortir des sentiers battus. Il faut peut-être réfléchir au potentiel économique de mettre du granulé de bois dans des conteneurs. L'avantage de Prince Rupert, c'est que les conteneurs sont débarqués, qu'ils sont mis sur des trains, puis qu'ils se rendent directement à Chicago. Il n'est pas dans l'intérêt économique du chemin de fer d'arrêter ces services. Si nous trouvions une raison économique d'arrêter ces conteneurs ou de les ralentir quelque part — peut- être à Prince George, en Alberta ou en Saskatchewan — plutôt que de les immobiliser pendant de longues périodes, nous pourrions créer de la richesse. C'est ce que nous essayons de faire. C'est la question qui nous occupe. Elle vaut la peine d'être posée.
Le sénateur Dawson : Vous avez parlé de la dynamique qui évoluait. Nos représentants commerciaux à l'étranger ont toujours travaillé d'entreprise à entreprise. Aux États-Unis, les gouvernements n'ont pas besoin d'intervenir. Nous représentons les entreprises canadiennes là-bas. Comme vous le savez, en Asie et en Russie, il faut travailler en partenariat avec le gouvernement. Nos délégués commerciaux doivent donc établir d'autres types de liens et avoir d'autres activités. Je ne suis pas certains que nous adaptions nécessairement notre système en conséquence. Qu'il s'agisse de granulé de bois ou d'autre chose, n'importe quel représentant va devoir, quelque part dans la chaîne, s'entretenir avec des représentants du gouvernement provincial du pays ou avec les acheteurs et il ne s'agira pas de simples transactions privées classiques de granulé. Ils vont obtenir quelque chose en échange.
Comment modifions-nous le rôle de nos représentants commerciaux compte tenu qu'ils ne font plus qu'aider deux entreprises à travailler ensemble mais qu'ils doivent aider une entreprise à établir un partenariat avec un gouvernement et une entreprise quelque part en Asie?
M. Beck : Dans certaines régions d'Asie, les relations entre gouvernements sont plus faciles qu'ailleurs. D'après ma propre expérience de la Chine, qui est une économie centralisée, faute de meilleurs mots pour la décrire, le gouvernement joue un très grand rôle. Que ce soit à Shanghai, une ville qui a statut de province au gouvernement central, ou dans n'importe quelle ville de la province, le titre de délégué commercial, de diplomate au service du gouvernement canadien nous ouvre la porte dont nous avons besoin pour réussir.
En Chine, le secteur privé croît à une vitesse fulgurante. Nul besoin de travailler pour le gouvernement pour prendre conscience des possibilités économiques qui existent dans une ville. J'ai passé la première moitié de ma carrière aux États-Unis. Le fait que je sois vice-consul ne voulait rien dire pour personne. Je pouvais cependant faire de bonnes propositions d'affaires. Pourquoi une entreprise comme Apple voudrait-elle venir au Canada créer un fonds d'investissement pour effectuer du développement logiciel? Tant qu'on a de bons arguments sur le plan de la rentabilité, les gens sont à l'écoute. Dans une certaine mesure, il était utile pour moi de pouvoir dire que je représentais le gouvernement canadien, mais en définitive, je devais surtout proposer une bonne analyse de rentabilité.
C'est la même chose en Chine. Les entreprises qui sont là en ce moment sont à la recherche de bonnes analyses de rentabilisation. Le titre de diplomate nous aide dans nos relations avec les gouvernements provinciaux et central, qui prennent beaucoup de décisions. C'est la même chose en Inde. Il y a des pays où le titre de diplomate fait une différence, donc il faut le garder. En même temps, les travailleurs sur le terrain doivent comprendre ce qu'il est important de vendre aux entreprises, les dirigeants d'entreprise doivent le comprendre.
Le vice-président : Nous en avons déjà discuté entre nous. Le sénateur Dawson a siégé à un comité qui s'est penché sur la situation à Prince Rupert. J'ai vu hier une carte dans le Globe and Mail, dans la section des affaires, sur nos installations de transport pour tout cela. J'ai également lu un article dimanche dans le Financial Times sur les installations d'exportation en Australie. Je pense qu'il s'agissait d'exportations de charbon et de fer en Chine. Nous sommes en concurrence pour ce marché, après tout, tout comme les Russes.
Je n'ai pas regardé les chiffres. Je sais que selon l'un de nos témoins, il y aurait 20 millions de conteneurs de 40 pieds ou 40 millions de conteneurs de 20 pieds.
J'ai regardé la carte. La modernisation du port de Prince Rupert va bon train, et les gens en parlent depuis l'histoire du terminal céréalier. Sommes-nous vraiment au diapason? Vancouver ne me semble pas très différent de la dernière fois.
M. Beck : Nous avons acquis beaucoup de capacité récemment à Prince Rupert.
Le vice-président : Comment nous comparons-nous à l'Australie?
M. Beck : C'est difficile à dire. Comme je n'ai pas de chiffres sous les yeux, je préfère ne pas faire de comparaison. Il est juste de dire, comme vous avez certainement entendu le ministre le dire — il le répète assez souvent —, que si nous voulons être concurrentiels à l'échelle mondiale, nous devons nous doter de l'infrastructure nécessaire pour réussir. Cela signifie qu'il nous faut des ports. Bien honnêtement, les ports et les ports de conteneurs sont importants, mais il nous faut aussi des aéroports et l'achalandage qu'il faut pour être concurrentiels mondialement. Les nombreuses améliorations que nous avons apportées aux accords relatifs aux services aériens et les accords que nous sommes en train de négocier sont cruciaux pour notre succès dans un contexte mondial.
Nous en avons fait énormément au cours des deux dernières années pour moderniser notre infrastructure et construire de nouvelles installations, dont les ports. Ces efforts vont nous aider à l'avenir à accroître notre présence à l'échelle internationale dans ce domaine.
Encore une fois, comme je ne sais pas exactement de quoi dispose l'Australie, il est difficile pour moi d'établir des comparaisons. Je suis assez confiant que nous nous dotons de bonnes nouvelles installations, et il est à espérer que notre capacité augmente encore dans un avenir rapproché.
[Français]
Le sénateur Nolin : Merci de vous être déplacés et d'avoir accepté notre invitation.
Il n'y a aucun doute que lorsque l'on examine notre histoire d'un peu plus près, on arrive vite à la conclusion que le commerce international a joué un rôle majeur dans l'évolution de notre capacité à nous adapter. On a créé le pays parce qu'il fallait, collectivement, faire du commerce. Et comme l'environnement commercial du continent et de l'Europe se modifiait, on s'est adapté.
Nous avons réussi à traverser des défis auxquels nous étions confrontés. Je pense qu'on peut facilement se convaincre de notre réussite.
Je vous écoute depuis le début et j'en arrive à la conclusion que nous avons de nouveaux défis à rencontrer.
Lors de vos remarques liminaires, monsieur Beck, vous avez parlé des défis nationaux. Il y a des choses que l'on doit maîtriser au Canada avant de pleinement jouir de la stratégie que vous mettez en place.
Ma première question est peut-être très complexe, très large — et, monsieur le président, vous me permettrez d'inviter nos témoins à nous écrire s'ils veulent compléter par une réponse plus élaborée — : quels sont ces défis nationaux auxquels vous faisiez référence dans vos remarques introductives? Je pense avoir entendu « amélioration de la productivité ». Je vous invite à élaborer un peu plus à ce sujet.
[Traduction]
M. Beck : C'est une excellente question. Elle vient à point.
Le sénateur Nolin : C'est pourquoi je vous invite à nous envoyer quelque chose par écrit si vous le voulez.
M. Beck : Nous pouvons vous fournir une réponse écrite un peu plus approfondie.
Le sénateur Nolin : Jetons les bases, si vous le voulez bien. Il est très bien de nous doter de toutes ces stratégies à l'extérieur. Que devrions-nous faire à l'intérieur pour jouir d'un plein accès et profiter au maximum de ces stratégies?
M. Beck : Je vais vous parler un peu de mon expérience dans le monde parce qu'il y a beaucoup de facteurs qui nous limitent, et ceci concerne beaucoup de ministères. D'abord et avant tout, regardons l'écart de productivité que nous avons avec les États-Unis. Nous devons nous demander comment le combler.
Grâce à nos investissements importants dans la recherche et le développement depuis 10 ans, nous avons vraiment l'une des meilleures façons du monde d'intégrer la recherche et le développement au secteur public. Nous tirons très bien notre épingle du jeu pour commercialiser le fruit de la recherche et du développement.
Du coup, l'un des défis auxquels nous sommes confrontés et l'un des défis qui se posent à moi, c'est de mieux mettre en application l'excellente recherche et tout le développement que nous avons générés, dans le secteur des sciences de la vie, de la technologie propre, du sans fil ou des médias numériques. Ce sont autant de secteurs du savoir dans lesquels les deux gouvernements ont investi énormément depuis quelque temps. Nous connaissons du succès. Nous ne réussissons toutefois pas à le traduire, donc nous devons nous améliorer à ce chapitre.
Nous sommes en train d'examiner différents programmes. Industrie Canada a échafaudé une stratégie des sciences et de la technologie. Le Sénat en a discuté il n'y a pas si longtemps. Nous envisageons une stratégie mondiale des innovations. Nous avons des accords de coopération scientifique et technologique avec la Chine et l'Inde et sommes en train d'en négocier un avec le Brésil. Ce sont d'excellents accords, mais notre avantage réel, c'est nos relations avec l'UE, les États-Unis et le Japon, où nous pouvons retirer quelque chose d'un point de vue de la commercialisation. Nous n'avons pas les outils en place pour cela, mais d'autres gouvernements en ont.
Les Néerlandais, par exemple, ont un fonds de 10 millions de dollars pour la commercialisation au Canada, qui permet à leurs entreprises de signer ce type d'accord. Nous avons besoin de fonds de contrepartie pour avancer, si nous voulons être concurrentiels dans 10 ou 15 ans. L'innovation est assez fondamentale dans la stratégie à adopter.
Il y a aussi un autre enjeu, d'envergure plus nationale. En tant que personne chargée d'attirer l'investissement étranger direct au Canada, je peux vous dire que les barrières commerciales qui existent ici constituent un grand problème. Les investisseurs étrangers se demandent pourquoi il est si difficile, s'ils investissent en Ontario, de faire affaire avec d'autres provinces du Canada. Nous avons des barrières artificielles comme celles-ci.
Concernant le Conseil consultatif sur les PME, on parle souvent de l'étanchéisation des frontières, un autre problème selon lequel une société albertaine peut avoir moins de difficulté à envoyer son produit au Montana qu'aux Territoires du Nord-Ouest. Elle doit passer par la Colombie-Britannique, où il y a une taxe et le reste, après quoi elle a besoin d'une escorte policière. Il y a différents règlements qui empêchent les entreprises de faire des affaires. Bien sûr, les États-Unis sont également un aspect clé de notre prospérité future. Nous devons donc travailler à nos différents accords pour avoir accès au marché.
On parle de l'étanchéisation de la frontière. Quand nous parlons avec les dirigeants d'entreprises, il est difficile de définir exactement ce qui crée le problème. C'est un problème dans l'industrie automobile, parce que les véhicules traversent la frontière à maintes reprises pour l'assemblage. Pour d'autres petites ou moyennes entreprises, comme une société terre-neuvienne qui exporte des guitares, l'étanchéisation de la frontière signifie qu'elle a dû acquérir un entrepôt à Plattsburgh afin de pouvoir livrer ses produits à temps pour réussir.
La frontière est un problème. L'innovation est un problème. Ce sont tous des problèmes qui concernent plus d'un ministère. Cependant, si nous voulons nous démarquer à l'avenir, nous devons nous démarquer comme pays contre les autres pays qui trouvent une solution aux problèmes qui nous affligent. Le défi est grand et complexe.
Le sénateur Nolin : Je pense qu'il serait bon que les témoins nous envoient collectivement des explications écrites détaillées. Je comprends que vous êtes très nombreux ici. Nous devons absolument comprendre ces fameux défis. On nous parle toujours de ces barrières provinciales.
[Français]
Je veux comprendre un peu plus; je veux aller plus loin que toujours la même question. J'ai en tête toute la question de la main-d'œuvre — main-d'œuvre qui vieillit, qu'on devra adapter. Je ne vais pas vous apprendre que l'on parle beaucoup d'adaptation manufacturière. Des milliards ont été investis par le gouvernement fédéral pour aider la transformation manufacturière.
J'aimerais que vous nous donniez de la matière pour nous aider à comprendre quels sont les défis domestiques pour pouvoir être en mesure d'utiliser ces brillantes stratégies de commerce international.
[Traduction]
Le vice-président : Je ne voudrais pas interrompre la conversation, mais j'aimerais souligner que les barrières internes, qui de toute évidence constituent un enjeu très grave, relèvent d'Industrie Canada et que M. Prentice, si je ne me trompe pas, qui représente Industrie Canada, comparaîtra sous peu devant le comité. Pour votre information, nous y prêtons attention, monsieur le sénateur Nolin.
Le sénateur Nolin : J'aimerais que ceux-là mêmes qui ont de la difficulté à vendre le Canada à l'étranger nous en parlent. Comment voient-ils ces défis?
Le vice-président : Tout à fait. Sans vouloir vous imposer trop de travail, si vous pouvez nous aider, ce serait très utile.
M. Beck : Comme vous le savez, le gouvernement a un groupe spécial sur la concurrence qui se penche sur toutes ces questions. Je pourrai remettre notre mémoire à ce groupe, de même que de la documentation de référence. De cette façon, vous pourrez comprendre exactement notre point de vue sur ces enjeux, sur la façon dont notre pays devient plus concurrentiel.
Le vice-président : Sénateur Nolin, nous allons faire un suivi.
[Français]
Le sénateur Nolin : J'aurais une deuxième question. Si le Canada a si bien réussi, c'est qu'il a construit une fédération. Nous avons des partenaires provinciaux.
Où s'insèrent ces partenaires provinciaux dans votre grande stratégie internationale?
M. Beck : Dans le monde de l'investissement en particulier...
Le sénateur Nolin : Vous pouvez me répondre en anglais.
[Traduction]
M. Beck : Pour que le Canada réussisse à attirer de l'investissement direct de l'étranger, notre organisme, la Direction générale de l'investissement au Canada, s'occupe de tout coordonner. Nous courons vers l'échec si nous n'entretenons pas des liens très étroits.
[Français]
Le sénateur Nolin : C'est exactement où je voulais en arriver.
[Traduction]
M. Beck : Dans un mois, je dois rencontrer mes collègues fédéraux, provinciaux et territoriaux, et il sera alors question d'arrimer nos stratégies. Il faut qu'ils sachent que nous avons une stratégie de l'investissement très bien définie, que nous avons ciblé 25 marchés cruciaux et qu'il y a neuf secteurs clés comprenant des sous-secteurs. Nous sommes en train de déployer notre réseau pour rejoindre, de manière proactive, les entreprises que nous savons être en expansion.
Nous pouvons persuader d'investir au Canada, donner la raison pour laquelle le Canada est un bon endroit où brasser des affaires, faire valoir la qualité de notre main-d'œuvre, notre base de connaissances et divers autres avantages. Nous avions l'habitude de faire la promotion du Canada auprès d'éventuels investisseurs en faisant valoir ses coûts avantageux, mais ce n'est plus possible; par conséquent, nous devons faire valoir d'autres avantages. En fin de compte, ce n'est pas nous qui concluons le marché, mais bien les provinces et les municipalités. Si nous n'entretenons pas ces liens étroits, cela devient difficile.
Dans le contexte de notre présence sur la scène internationale, plusieurs provinces cohabitent avec nous. Notre succès s'appuie en partie sur la contribution des provinces pour faire la promotion du Canada et faire connaître ce qu'elles font au sein de leurs propres économies.
De plus, M. Ready vient tout juste de me rappeler que nous rencontrons chaque trimestre, au sein d'un groupe qui s'appelle le Comité c-commerce, nos homologues provinciaux pour discuter de questions relevant de la politique commerciale. La semaine dernière, notre sous-ministre a rencontré ses homologues provinciaux et territoriaux. Je vais rencontrer le ministre à la fin du mois; nous nous réunirons avec ses homologues et, en mars, je rencontrerai les sous- ministres adjoints des provinces pour discuter d'investissement et de la façon de collaborer à nos programmes commerciaux respectifs sur la scène internationale.
Le sénateur Grafstein : Le comité des banques a étudié les barrières au commerce interprovincial pendant un an. Parlez-en à votre président, sénateur Angus. L'étude n'est pas encore achevée. Il faudra plusieurs autres réunions pour mettre le point final au rapport. Nous avons invité à témoigner tous les organismes gouvernementaux, et nous avons constaté qu'il n'y avait pas de coopération du tout de la part des provinces, même si elles s'apprêtaient à conclure des ententes en matière de main-d'œuvre spécialisée — soit la Colombie-Britannique, l'Alberta et, désormais, le Québec et l'Ontario. Le gouvernement fédéral accuse du retard par rapport aux initiatives provinciales à cet égard. Lisez le compte rendu des délibérations. Tout est là. Il serait peut-être utile que vous le lisiez également, parce que c'était une des questions que nous avons étudiées il y a plusieurs années. Rien n'est survenu au sein de ce comité depuis lors.
J'aimerais revenir sur plusieurs points. Je vais poser une série de questions pour vous faciliter la tâche.
Après avoir examiné l'approche australienne, je souscris à ce que vous avez dit. L'approche australienne regroupe de nombreuses choses que nous avons faites dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain, c'est-à-dire l'ALENA, et les négociations de la Zone de libre-échange, soit la ZLE : tout d'abord, une approche stratégique ciblant un certain pays du point de vue gouvernemental et engageant les diverses instances du gouvernement central, des États et des municipalités au sein d'un organisme quelconque; ensuite, l'élaboration d'accords précis par étapes, en commençant par des échanges, suivis d'accords de promotion de l'investissement étranger ou d'autres mesures du même genre. On est ensuite passé à des discussions préalables visant la Zone de libre-échange, ce dont Mulroney s'est fort bien acquitté. De plus, on a établi des Groupes de consultations sectoriels sur le commerce extérieur qui ont été très actifs.
De nombreux sénateurs y ont participé, et le sénateur Eyton, en particulier, a participé très activement aux négociations avec le Mexique. On avait recours à une combinaison de politiques gouvernementales, d'outils pour travailler avec les provinces et les municipalités, d'ententes, puis une participation très détaillée du monde des affaires. Les Australiens sont allés encore plus loin, y ajoutant des échanges d'étudiants, de la formation linguistique et le jumelage d'universités. C'était presque une trousse complète sur laquelle se concentrer, comme ils l'ont fait sur leurs marchés limitrophes.
Tout cela était attribuable au fait que l'Australie a perdu ses préférences au sein du Commonwealth et a dû se chercher d'autres marchés. Nous ne l'avons pas fait de manière aussi cohérente, mais le modèle de l'accord établissant la Zone de libre-échange et de l'ALENA est là, et il a connu du succès.
Lorsque vous répondrez à l'excellente question posée par le sénateur Nolin, j'aimerais que vous nous disiez quels outils vous estimez être nécessaires, du point de vue du gouvernement, pour mettre en œuvre la stratégie canadienne dans les trois pays dont nous discutons, soit la Chine, l'Inde et la Russie. À nouveau, si vous avez fait un peu vos devoirs en ce qui concerne l'Australie, vous avez constaté qu'elle est plus avancée que nous. C'est de sa part un acte de désespoir. Elle n'avait pas le marché des États-Unis à sa porte pour contrebalancer sa diversité, de sorte qu'elle a dû aller de l'avant beaucoup plus rapidement. Nous nous sommes tant fiés au marché états-unien que nous sommes devenus moins vigilants.
Dans la réponse envoyée à la question du sénateur Nolin, pourriez-vous nous préciser où nous nous situons par rapport aux divers accords que nous avons avec la Chine, la Russie et l'Inde? Plus particulièrement, j'aimerais savoir à quel stade en sont nos divers accords. Quelle en est la nature? Que prévoient-ils? Qu'espérez-vous accomplir? Avec qui au juste les avons-nous passés?
M. Beck : Quand vous parlez d'» accord », parlez-vous d'un processus quelconque d'accord de libre-échange?
Le sénateur Grafstein : Sa question n'est pas limitative, et je suis d'accord avec lui. Dites-nous ce que nous sommes en train de faire.
Le sénateur Nolin : Je parlais de la dimension nationale de l'équation et vous, de l'autre.
M. Beck : Oui, de l'aspect financier. Nous pouvons vous obtenir une mise à jour très rapidement.
Le sénateur Grafstein : Quelle est la position du ministère en ce qui concerne l'investissement des sociétés souveraines? Avons-nous une politique à cet égard? Je ne crois pas que ce soit le cas. Nous avons une politique d'examen de l'investissement étranger, mais nous n'avons pas de politique stratégique relatives aux sociétés étatiques qui souhaitent pénétrer notre marché et livrer concurrence à des Canadiens ou à l'entreprise privée. Je suis un peu perplexe et j'aimerais savoir quelle est notre politique réelle à ce sujet.
C'est vous qui avez abordé la question, monsieur le président, et le sénateur Corbin en a certes parlé dans le passé. Nous ne savons pas ce qu'est au juste la position du Canada à l'égard des sociétés étatiques et comment y réagir. Qu'est-ce qui est bien et qu'est-ce qui est mal? Nous avons tous notre petite idée de ce qui est bien ou mal, mais je serais curieux de connaître le point de vue du gouvernement.
Enfin, je vous exhorte à en parler avec les dirigeants de MaRS, en Ontario. Ils ont fait exactement ce que vous avez dit. Ils travaillent à la création d'un partenariat public-privé en vue d'intégrer l'innovation. Ils sont appuyés dans ces efforts par le gouvernement de l'Ontario. Les membres de notre caucus ont assisté aux réunions plusieurs fois. C'est un projet fascinant. J'ignore si le gouvernement fédéral l'imitera, mais cet organisme sert auprès de l'entreprise privée et de la petite entreprise d'incubateur à l'innovation et d'outil de mise en marché, exactement ce dont vous parlez. Si nous avons déjà inventé la roue, j'ignore pourquoi il faudrait en inventer une autre en parallèle. Cette formule est très efficace. On est en train d'exécuter un projet de 350 millions de dollars qui a pignon sur l'avenue Université, à Toronto. C'est vraiment super.
Enfin, il y a la chaîne mondiale. La semaine dernière, j'ai discuté avec nos gens de Chine. C'est la chaîne mondiale. Prenons l'exemple du iPod. Vous soutenez que, si nous souhaitons développer des entreprises canadiennes, une des meilleures façons de s'y prendre est de déterminer quelles composantes d'une technologie canadienne peuvent être produites à peu de frais, à quel endroit, et où elles peuvent être assemblées, à condition que le Canada en ait les droits de propriété. J'ai été étonné d'apprendre que, dans l'iPod, un produit très populaire d'Apple, à la surprise des Américains, deux des grandes composantes qui ajoutent de la valeur à la chaîne américaine sont les puces, qui sont fabriquées aux États-Unis. Il y a aussi les piles, qui sont faites ailleurs. L'assemblage se fait en Chine, après quoi l'importation du produit aux États-Unis est essentiellement approuvée pour la forme, et le produit se vend dans le monde entier. Voilà un exemple de la manière dont fonctionne la chaîne de valeurs mondiale.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la façon dont vous étudiez la question de manière à aider les entreprises canadiennes à améliorer leurs produits?
Le vice-président : Sénateur Grafstein, je vous remercie. Vous avez posé de nombreuses questions. Nous pourrions être ici assez longtemps.
Le sénateur Grafstein : C'est le sénateur Nolin qui m'a inspiré.
Le vice-président : J'aimerais donner aux témoins la chance de vous répondre de leur mieux.
M. Beck : Concernant l'accord, je prends note de ce que vous avez dit. Peut-être M. Ready peut-il vous fournir une mise à jour sur la Chine, la Russie et l'Inde, mais il existe peut-être d'autres accords dont nous pourrions parler.
En ce qui concerne les sociétés étatiques, vous avez raison; la Loi sur Investissement Canada s'y applique. Vous allez rencontrer le ministre Prentice. Je vous encourage à lui poser la question parce que c'est son ministère qui est responsable des sociétés étatiques, et il vient tout juste de publier des lignes directrices à ce sujet.
J'aborde la question sous l'angle de quelqu'un qui tente de promouvoir l'investissement au Canada. Quand j'étais au Koweït, à Abu Dhabi et à Dubaï, la question s'est posée : quelle était la position du Canada concernant les sociétés étatiques? Le fait que nous ayons des lignes directrices qui sont bien énoncées maintenant nous aide à expliquer le processus.
Je suis un chaud partisan de MaRS et de Mme Ilse Treurnicht, qui dirige l'entreprise. Nous voyons cette entreprise comme un modèle exemplaire de jumelage de la dimension intellectuelle et des dimensions universitaire, commerciale et gouvernementale. Actuellement, nous nous en servons comme exemple pour inciter d'autres pays à venir voir ce que nous faisons bien au Canada, soit la convergence en matière de technologie.
Soit dit en passant, une partie de l'écosystème qui assure une mise en marché réussie est l'argent ou le capital de risque. Pour notre part, nous estimons qu'il est important que les entreprises canadiennes en soient conscientes. Nous avons un peu de difficulté à attirer le capital de risque des États-Unis en raison de l'article 116. C'est un problème qui met en jeu l'Agence du revenu du Canada, et nous en avons discuté avec elle. Il s'agit plus d'un problème de perception, parce que c'est une question de la manière dont on peut monnayer. Il y a aussi d'autres dimensions à cette question. Si cela vous intéresse, nous pouvons en parler un peu plus.
L'essentiel à retenir, c'est qu'étant donné l'importance du capital de risque, j'ai inséré un énoncé de position de ma direction générale dans la participation de l'Association canadienne du capital de risque et d'investissement dans MaRS, de sorte que nous pourrons attirer plus de capitaux au Canada en vue de faire une partie de la commercialisation si importante.
En ce qui concerne la chaîne de valeur mondiale, le groupe de M. Ready a fait de l'excellent travail en vue d'essayer de comprendre ce phénomène et ses diverses dimensions. Nous pouvons en parler tout de suite, mais je préférerais vous envoyer de l'information, pour que vous sachiez où nous en sommes et où en est notre réflexion.
M. Ready : Je peux vous faire une mise à jour du stade où en sont les négociations de l'Accord de promotion et de protection de l'investissement étranger, autrement dit l'APIE, avec les trois pays que vous avez mentionnés.
Tout d'abord, il ne faut pas confondre ces accords avec des accords de libre-échange. Ils ont une portée beaucoup plus restreinte. Ils ciblent directement l'investissement à l'étranger. Ils offrent un certain niveau de stabilité et de protection pour, par exemple dans notre cas, l'investissement canadien dans des marchés étrangers.
Nous sommes en train de négocier plusieurs de ces accords, comme vous le savez peut-être. M. Beck vous en a donné la liste. Y figurent les trois pays que vous avez mentionnés, soit l'Inde, la Chine et la Russie. Nous avons récemment conclu la négociation d'un APIE avec l'Inde, l'an dernier pour être plus précis, et sommes en train de travailler le document juridique et de lui faire franchir les étapes de la ratification.
En ce qui concerne la Chine, nous négocions un APIE avec elle depuis probablement plus longtemps qu'avec la plupart des autres pays. La négociation avec la Chine est compliquée, mais je crois que nous commençons à voir la lumière au bout du tunnel. Seul un nombre relativement restreint de points reste à régler. Nous rencontrerons la délégation chinoise dans un mois ou deux pour poursuivre ces négociations.
La Russie est un cas intéressant. C'est le pays avec lequel nous avons probablement conclu notre premier APIE. En fait, il s'agissait à l'époque de l'ex-Union soviétique. C'est un des tout premiers modèles. Il ne comporte pas plusieurs caractéristiques incluses dans le modèle actuel.
Le premier ministre russe était ici il y a quelques mois et, durant cette série de rencontres, nous nous sommes entendus avec la délégation russe pour faire une mise à jour de l'APIE. Nous devrons rencontrer la délégation russe au cours des prochains mois pour amorcer le processus.
Le sénateur Downe : Je suis intrigué par ce que vous avez dit au sujet des négociations avec la Chine. Comme vous le savez, elle ne réagit pas favorablement à de nombreuses initiatives lancées par le Canada et ne semble pas disposée à contribuer à la plupart d'entre elles. Des discussions détaillées sont en cours dans une foule de dossiers, mais très peu aboutissent.
Notre comité a entendu des témoins selon lesquels la raison est la détérioration des relations entre les deux pays dans plusieurs grands dossiers.
Je suis intrigué par le chiffre que vous avez fourni concernant les exportations canadiennes en Chine. Moins de 2 p. 100 de toutes nos exportations sont destinées à la Chine; c'est juste? J'ai une note d'information ici de la Bibliothèque du Parlement selon laquelle elles représentent actuellement moins de 2 p. 100.
M. Beck : J'imagine que c'est de cet ordre. M. Bale connaît mieux ces questions que moi.
Le sénateur Downe : Ces données correspondent-elles à ce qui s'est fait dans le passé? Est-ce habituellement de cet ordre, ou y a-t-il eu une augmentation subite? Par exemple, sont-elles passées de 1 p. 100 à 2 p. 100? Ou ce taux de 2 p. 100 est-il constant?
Richard Bale, directeur, Relations commerciales en Asie du Nord, Affaires étrangères et Commerce international Canada : Les exportations canadiennes en Chine ont progressé de 27 p. 100 l'an dernier. C'est une croissance phénoménale. Nous nous attendons à ce que la croissance se maintienne, mais pas forcément à ce taux rapide. Tout de même, nous prévoyons une croissance pour les quelque cinq prochaines années.
Statistique Canada a publié en novembre une excellente étude sur l'impact du commerce avec la Chine dans laquelle elle souligne deux phénomènes : l'accroissement rapide de nos exportations en Chine et le fait que les effets secondaires, à mesure que la demande chinoise de ressources naturelles a fait grimper le prix de ces exportations, ont causé une hausse marquée de la valeur de nos exportations sur d'autres marchés, non pas en raison d'une hausse de volume, mais d'une hausse de prix.
Parallèlement, le pourcentage de nos exportations aux États-Unis a reculé. À nouveau, le phénomène est attribuable à cet effet secondaire, c'est-à-dire l'augmentation du prix de nos exportations dans tous les autres pays du monde. C'est un phénomène que nous n'avons pas observé depuis longtemps, mais nous avons constaté une baisse sur le marché américain de notre dépendance à l'égard des exportations, si on peut l'exprimer ainsi.
Le sénateur Downe : Je suppose qu'une partie de cette augmentation de 27 p. 100 vise presque uniquement des biens par opposition à la recherche dont vous avez parlé tout à l'heure dans votre déclaration, les investissements que nous avons faits dans la recherche.
M. Beck : Essentiellement, les données statistiques illustrent les activités reliées aux biens. Elles ne seraient probablement pas représentatives de la recherche et du développement.
Les accords de science et technologie et le traité que nous avons signé avec la Chine connaissent un certain succès. Nous avons fait un appel de propositions. Je peux vous fournir le nombre exact; il y a plus de 140 demandes de propositions pour l'exécution de projets auxquels participeraient des chercheurs canadiens et chinois. C'est un programme très actif dans sa première année. Donc, ces liens existent.
Le sénateur Downe : Quand avons-nous signé cet accord?
M. Beck : Il a été signé en janvier 2007, je crois.
Le sénateur Downe : Depuis lors, aucun marché n'a en réalité été conclu?
M. Beck : Il existe un processus appelé le Programme de partenariats internationaux en science et technologie. Il inclut un comité de direction pour la Chine qui a fait une demande de propositions. Les propositions ont été reçues il y a un mois environ. Je pourrai vous en dire davantage à ce sujet dans six mois probablement.
Le sénateur Downe : Vous avez indiqué également que vous mutez en Chine et en Inde du personnel affecté ailleurs. Combien de postes avions-nous dans ces pays avant que vous ne commenciez à le faire et quelle est l'importance de l'augmentation, en termes de pourcentage?
M. Beck : Depuis 2005, nous avons déplacé 17 postes vers la Chine et l'Inde.
Le sénateur Dawson : Comparativement à combien auparavant?
M. Beck : Nous n'avons pas créé de poste. Nous prenons des postes existants en Europe et ailleurs pour les déplacer en Chine et en Inde.
Le sénateur Dawson : Combien y en avait-il là-bas auparavant?
M. Bale : Je vais vous donner une approximation, mais en termes de professionnels, tant canadiens que locaux, nous serions passés de 50 à 60 environ en Chine.
Le sénateur Downe : Quels sont les chiffres en Inde, à peu près?
Le vice-président : Je vous demanderais de bien vouloir vous identifier officiellement.
Audri Mukhopadhyay, directeur, Relations commerciales en Asie du Sud, Affaires étrangères et Commerce international Canada : Je m'appelle Audri Mukhopadhyay et je suis directeur des Relations commerciales dans le Sud et le Sud-est de l'Asie à Affaires extérieures et Commerce international Canada.
Les employés travaillant au commerce en Inde totalisent moins de 50. J'évaluerais leur nombre à une trentaine. Nous sommes représentés dans six villes de l'Inde actuellement, où sont affectés des employés travaillant au commerce : Kolkata, Delhi, Mumbai, Chennai, Chandigarh et une autre dont le nom m'échappe pour l'instant.
Le sénateur Downe : Ce que je vous entends dire, c'est ce que nous n'avons pas augmenté le budget; nous ne faisons que déplacer les pions. D'où venaient ces employés?
M. Beck : Nous déplacions les pions sur l'échiquier. La Stratégie commerciale mondiale nous permettra d'en engager de nouveaux.
Le sénateur Downe : Ces personnes viennent de pays où, je le soupçonne, nos exportations sont plus importantes que nos exportations actuelles dans les deux pays ciblés. L'Inde représente moins de 0,5 p. 100 de nos exportations et la Chine, on vient tout de juste de me le confirmer, moins de 2 p. 100.
M. Beck : Ces employés viendraient de marchés traditionnels comme Tokyo, Berlin et Téhéran.
Le sénateur Downe : Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'injecte pas plus d'argent dans toute cette activité de manière à maintenir en place ceux qui travaillent sur des marchés établis, où nos exportations sont actuellement plus élevées, tout en mettant en place du personnel dans les marchés émergents. Je ne comprends pas pourquoi on déplace les pions.
M. Beck : Nous tentons de régler le problème et de profiter de l'occasion qui se présente. Dans les marchés plus traditionnels du G-8, comme Tokyo et Berlin, nous nous concentrons davantage sur l'investissement et l'innovation et moins sur le développement du commerce. Nous déplaçons donc ceux qui s'occupent du développement du commerce vers les marchés où nous croyons que ce travail aura un plus grand impact. C'est ce que nous observons en Chine et en Inde. Nous sommes à l'affût des meilleures possibilités et de la façon d'en profiter au maximum.
Le sénateur Downe : Actuellement, notre plus important partenaire commercial demeure les États-Unis, même si ce marché est en régression. Nous avons moins de représentants commerciaux aux États-Unis que le Mexique. Voilà que j'entends maintenant que nous retirons des personnes de marchés établis où nous exportons davantage et que nous les envoyons dans les marchés émergents. Je sais que ce n'est pas vous qui fixez le budget du ministère. Cependant, il me semble plus qu'étrange, si c'est si important pour le gouvernement, qu'on ne vous ait pas donné les ressources vous permettant de poursuivre ce que vous avez entamé et de répondre aux besoins de ces marchés émergents.
M. Beck : Nous faisons toujours bon accueil à plus de ressources parce que nous savons comment les déployer de manière efficace. La Stratégie commerciale mondiale contribue énormément à mieux définir notre mission en matière de commerce intégré et la manière d'utiliser avec efficacité et efficience les ressources dont nous disposons. Il est important de voir où nous sommes le plus efficaces. Si ce n'est pas le moyen le plus efficace de réaliser ce que nous souhaitons dans un endroit comme Berlin, ces ressources seraient peut-être mieux déployées en Chine.
Nous commençons par utiliser les ressources que nous avons déjà. Comme toute autre entreprise, nous cherchons à déterminer comment tirer le maximum de nos ressources. Les possibilités sont très étendues en Chine, en Russie et en Inde — ainsi qu'au Brésil, jusqu'à un certain point — à mesure que nous définissons nos accords et savons vers quoi nous nous dirigeons. Les possibilités sont énormes. En tant qu'entreprise en un certain sens, il faut que nous soyons capables de déplacer les ressources là où nous obtiendrons une efficacité maximale. Si nous en avions plus, je crois que nous ferions du bon travail.
Le sénateur Downe : Je crois que vous avez raison. Cependant, je tiens à être clair sur un point. Nous sommes dans des marchés établis. Ils absorbent un fort volume de nos exportations. Il faut bâtir sur ces fondements. Nous avons des relations. Nous avons des entreprises qui travaillent là-bas depuis plusieurs années, souvent des décennies. Nous nous dirigeons vers des marchés où nous estimons pouvoir mieux faire, ce qui pourrait bien être le cas.
Toutefois, si ce n'était pas le cas, un autre peut envahir le marché que nous avons délaissé, de sorte que nous nous trouvons à reculer, plutôt qu'à avancer. C'est une question d'investissement. Je n'insisterai pas trop là-dessus. Nous poserons la question au ministre.
Quant à ce que vous avez dit au sujet du regroupement des ressources, cela m'incite à vous poser une dernière question. Pourquoi une grande partie de ces fonds ne vient-elle pas d'Exportation et développement Canada? N'y a-t-il pas conjugaison de votre rôle et du sien quelque part?
M. Beck : Le ministre Emerson insiste énormément sur ce point à propos de son portefeuille — composé de nous- mêmes, d'EDC et de la Corporation commerciale canadienne —, soit qu'ils concentrent leur action sur le marché. Voilà qui rajoute au point que vous faisiez valoir. Quelle est la valeur ajoutée apportée par le Service des délégués commerciaux du Canada dans ce processus? Comme je le disais tout à l'heure, il fait connaître les possibilités aux entreprises.
Dans un marché traditionnel comme le Royaume-Uni, ce n'est pas que nous ne travaillons pas de concert avec les entreprises là-bas; nous le faisons. En termes de valeur ajoutée, du point de vue du développement des exportations, en tant que Service de délégués commerciaux, elle n'est peut-être pas aussi élevée qu'elle l'aurait été en Chine, parce que le marché y est plus compliqué. Comme nous en discutions tout à l'heure, de gouvernement à gouvernement, il y a un rôle pour le délégué commercial à cet égard. Le délégué commercial continue d'avoir un rôle à jouer à Londres. Cependant, il consiste peut-être davantage à informer les entreprises canadiennes de la technologie. Par conséquent, c'est un rôle différent dans ce nouveau modèle de commerce intégré.
Ensuite, du point de vue de l'EDC, elle fournit la trousse d'outils aux entreprises canadiennes qui se lancent à l'étranger. Pour bien rendre à César ce qui lui appartient, l'EDC est à la recherche de ce dont ont besoin les entreprises canadiennes pour livrer concurrence sur les marchés mondiaux. Elle produit différents outils qui aident les entreprises canadiennes à percer.
Un de ces outils qui a été présenté à la dernière réunion du conseil consultatif de la petite et moyenne entreprise est fort innovateur. Si les entreprises canadiennes établissent un entrepôt où elles gardent des stocks aux États-Unis et éprouvent des difficultés à la frontière, elles ne peuvent obtenir le financement de ces stocks de banques canadiennes. Par conséquent, l'EDC a concocté un programme qui permet de financer la moitié des stocks. C'est un programme très innovateur qui est très utile aux entreprises canadiennes qui se lancent sur ce marché.
De concert avec elle, j'aimerais dire que nous, en tant que Service des délégués commerciaux du Canada, offrons des services de consultation aux entreprises actives sur le marché international; l'EDC fournit les outils financiers.
Le sénateur Downe : J'en suis conscient. Les trois pourraient être regroupés en une seule société d'État ou organisme gouvernemental et travailler en étroite collaboration plutôt que d'avoir trois entités distinctes. Cependant, c'est une question que nous pourrons creuser à une réunion ultérieure.
Le vice-président : Cela me rappelle l'ancien ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Beck : Je tenais à ajouter que les dirigeants des trois organismes se réunissent maintenant tous les trimestres afin de favoriser une plus étroite intégration de leurs activités. Le genre de programmes dont nous avons parlé et la fertilisation croisée des idées ont été fort réussis. La formule nous réussit très bien.
Le sénateur Mahovlich : J'ai une question. Il y a quelques années, j'étais à Moscou. Mon épouse et moi sommes allés dîner dans un hôtel dirigé par des investisseurs canadiens. C'était un hôtel plutôt bien; le repas était bon. Je suis revenu au Canada, et les Russes l'avaient pris en charge. Cela a posé tout un problème.
Cela date de bien des années. Je suis sûr que le problème est réglé maintenant. Quand nous passons ce genre d'accords dont vous parlez, nos investisseurs sont-ils mis en confiance? Sont-ils suffisamment protégés?
M. Ready : Je connais plutôt bien le cas précis dont vous parlez.
Le sénateur Mahovlich : Je crois que les investisseurs étaient d'Halifax.
M. Ready : Les obligations de l'accord sont plutôt explicites et bien comprises internationalement. Il est question d'accorder aux investisseurs un traitement national et de leur offrir le traitement de la nation privilégiée pour faire en sorte qu'il n'y a pas de discrimination à l'égard des investisseurs étrangers. L'élément clé de la protection qui est offerte aux investisseurs en vertu de ces traités est la capacité de recourir à l'arbitrage pour régler un différend entre l'investisseur et l'État. C'est là l'élément central de ces traités. C'est un des problèmes que nous voudrons probablement examiner avec la délégation russe concernant l'APIE qui est en place.
C'est certes un élément central des accords que nous négocions actuellement et qui a tant d'importance pour les investisseurs canadiens.
Je n'ai pas les données à ma disposition aujourd'hui, mais c'est une caractéristique de plusieurs traités internationaux dont se sont prévalus les investisseurs canadiens.
Le sénateur Corbin : J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le premier paragraphe du document que voici qui décrit la stratégie globale de votre ministère, vos trois priorités.
Je vous cite le premier paragraphe.
Sans contredit, le partenariat continental nord-américain est un important avantage concurrentiel que le Canada doit alimenter et faire croître. Le renforcement des relations commerciales contribuera non seulement à accroître le rendement du Canada sur les marchés nord-américains mais également construire un tremplin continental plus concurrentiel qui permettra aux entreprises canadiennes d'exploiter des débouchés commerciaux dans le monde entier [...]
Je suis sûr que ce serait le cas. Cependant, si vous avez suivi les élections primaires aux États-Unis, comme je l'ai fait avec beaucoup d'intérêt, vous aurez remarqué que les divers candidats, y compris ceux qui demeurent dans la course, ont fait des déclarations troublantes concernant l'ALENA, par exemple. Nous les avons entendus dire qu'ils rapatrieront aux États-Unis les emplois créés à l'étranger; ils vont cesser d'emprunter leur propre argent de la Chine, mettre fin à l'enrichissement des princes et des cheiks arabes et ainsi de suite.
Je ne parle pas tant comme membre de la classe politique que comme personne réaliste parce que, même durant les campagnes électorales canadiennes, les programmes sont établis et les biens livrés par quiconque forme le gouvernement suivant. J'estime qu'il faut prendre très au sérieux certaines de ces déclarations.
Les États-Unis sont en train de subir un changement profond, ils sont frappés par une lame de fond, tel qu'en témoigne leur insatisfaction à l'égard du régime actuel. Chaque fois que j'entends des applaudissements, je ressens les vibrations.
Bien qu'il me plairait d'y souscrire aveuglément, je ne suis pas sûr que l'extrait que je vous ai lu demeurera valable sous le prochain régime, quel que soit le parti au pouvoir là-bas. J'estime que c'est votre travail de suivre la situation. Je suis sûr que vous obtenez des rapports quotidiens de Washington et d'ailleurs sur son évolution. Cela vous inquiète-t- il? Êtes-vous anxieux?
M. Beck : Bien sûr. En toute franchise, notre gagne-pain est de bien des façons fondé sur les relations que nous entretenons avec les États-Unis. Ils sont nos meilleurs amis en fin de compte et notre plus important débouché commercial.
Le sénateur Corbin : J'ai oublié de mentionner les tensions avec le Mexique et l'immigration illégale et ainsi de suite. Chaque jour, le cri se fait de plus en plus stridente.
M. Beck : Ce sont là toutes les questions qu'il faut maîtriser. Une des raisons pour lesquelles nous nous sommes lancés dans une initiative de représentation accrue aux États-Unis était de renforcer notre programme là-bas, d'avoir plus accès particulièrement à la partie sud des États-Unis où jusqu'ici nous n'avons pas assuré de présence parce que nous nous concentrions sur les États du Nord. Le cœur du pouvoir se déplace vers le sud des États-Unis. Il est très important d'y intensifier notre présence.
Il est essentiel d'avoir de l'influence à Washington. Cependant, la façon dont fonctionne actuellement le Congrès, il est fondamental de pouvoir nous rapprocher des représentants et de comprendre ce qui se passe là-bas; il est important d'avoir une représentation sur ce plan, d'aller rencontrer les membres du Congrès et de défendre le Canada. Nous devons maintenir cette base, ce fondement. Il est essentiel à notre réussite.
La seule façon de le faire, c'est essentiellement de laisser les personnes qui sont membres du Congrès savoir pourquoi le Canada a de l'importance pour eux de sorte que, lorsque vient le temps d'imposer ces barrières ou que l'on envisage de le faire, il y aura des voix rationnelles qui s'élèveront au Congrès pour dire que ce n'est pas une si bonne idée, qu'il n'est pas dans l'intérêt des États-Unis de le faire.
C'est essentiellement ce que notre ministère s'efforce vraiment de faire, que ce soit du côté commercial, pour maintenir la circulation des personnes et des biens entre les deux pays ou militer contre les politiques qui seront dommageables pour nous.
Oui, je suis d'accord avec vous. C'est fondamental. Le ministère est en train d'investir beaucoup de temps, d'énergie et de ressources humaines à entretenir les relations par tous les moyens possibles parce que, comme vous le savez, l'entretien de ces relations établies depuis tant d'années est rhétorique. Nous avons des intérêts communs depuis bien longtemps. C'est important. Il est dans notre intérêt collectif, sur le plan de la concurrence mondiale, d'entretenir ces relations.
[Français]
Le sénateur Nolin : À ce sujet, je crois qu'il est important que les Canadiens saisissent que le commerce entre le Canada et les États-Unis est fondamental pour les deux pays.
Rassurez-moi sur le fait que vous et vos collègues êtes respectés. Lorsque vous intervenez auprès de vos collègues américains, est-ce que vous avez droit au respect que vous accordez aux Américains lorsqu'eux interviennent auprès de vous? Est-ce que vous sentez que le terrain de jeu est équilibré?
[Traduction]
Nous sommes entre nous ici. Il est important de saisir ces nuances.
M. Beck : Il est juste de dire que les États-Unis représentent la plus grande puissance mondiale.
Le sénateur Nolin : Nous le savons tous.
M. Beck : Il est difficile pour n'importe quel pays de jouer sur un terrain où les règles sont les mêmes pour tous, de ce point de vue. Nous nous en sortons fort bien par rapport à de nombreux autres pays. Il est du moins bien compris qui nous sommes comme pays. J'ai travaillé pendant cinq ans en Californie. Pour être honnête avec vous, les Californiens ne savent rien des gens de Minneapolis ou du Minnesota. Ils sont ainsi dans cette partie du monde. Quand ils disaient : « Je ne sais rien du Canada », cela ne me dérangeait pas vraiment. Cependant, mon travail consistait, en partie, à leur expliquer ce qu'est le Canada et pourquoi il a tant d'importance pour eux.
Quand nous disons aux Californiens que toutes leurs importations d'essence viennent du Canada, il faut leur fournir un contexte qu'ils vont comprendre. Notre présence en Afghanistan a un impact majeur. À nouveau, peu de personnes le savent. Une partie du travail que nous faisons comme ministère est d'aller là-bas, d'informer ces Américains. Plus notre présence est grande — et, désormais, elle l'est encore plus —, plus nous rejoignons de gens pour leur expliquer à quel point notre pays joue un rôle important dans leur vie.
Il est difficile d'avoir un terrain de jeu équilibré aux États-Unis, mais je crois que nous faisons du bon travail.
Le sénateur Nolin : Ma question concernait davantage les échanges entre instances de réglementation, et je crois qu'il faut faire en sorte d'avoir une relation honnête et respectueuse avec nos collègues des États-Unis.
M. Beck : Selon notre organisme, il y a beaucoup de respect parce que nous sommes en liaison constante. Les relations ont été plus difficiles — je serais honnête dans ce contexte — avec le Département de la sécurité intérieure, par exemple.
Le sénateur Nolin : Le Département de la sécurité intérieure des États-Unis pose problème.
M. Beck : Justement. La semaine dernière, j'étais à Vancouver pour rencontrer des représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada, qui a une bonne relation avec le Département de la sécurité intérieure. Cela permet d'avoir une bonne communication. Il sera très important, à mesure que la date des Jeux olympiques approche, de ne pas gêner le mouvement de personnes et de biens à la frontière et de partager l'information. Nous avons une bonne relation. En fait, elle sert d'exemple pour d'autres points d'entrée à la frontière entre le Canada et les États-Unis.
Au niveau de travail, à tous les niveaux en réalité, il est important de maintenir cette communication et cette liaison. Je ne suis pas le SMA responsable de nos relations avec les États-Unis, mais s'il était ici, ce serait selon moi une partie vraiment fondamentale de son travail et du travail de ses fonctionnaires de garder ouvertes ces lignes de communication entre les deux pays.
Le vice-président : Si je me fie aux questions posées, nous avons eu une séance fort intéressante.
Avant de lever la séance, le comité a étudié l'Accord de libre-échange en profondeur il y a quelques années et fait rapport. Nous sommes très conscients que le principal élément du commerce avec les États-Unis est le taux de change. Les États-Unis, bien sûr, sont notre plus important client, même si nos exportations là-bas ont chuté de 10 p. 100 environ. Je crois qu'on nous a dit, il y a quelques semaines, que nos échanges avec les États-Unis avaient reculé de 10 p. 100 environ, mais le facteur principal demeure le taux de change. Celui-ci, quand l'Accord de libre-échange a été signé, si je ne m'abuse, était de 0,82 $ environ, et nos exportations ont augmenté sensiblement à mesure que le taux de change a reculé à 0,62 $. Actuellement, il est au pair.
Nous sommes tous capables de lire les journaux et les revues financières, et nous savons qu'on s'attend à ce que le dollar américain recule encore plus. Voilà qui affectera nos exportations aux États-Unis. C'est pourquoi le comité s'est lancé dans ce que bon nombre d'entre nous estiment être une étude très intéressante et importante de nos relations et de nos perspectives commerciales avec ce nouveau géant émergeant de l'autre côté du Pacifique. La question du sénateur Grafstein au sujet de la comparaison de notre situation avec celle de l'Australie était très pertinente.
Au nom des membres du comité, je tiens à vous remercier d'être venus nous faire un exposé aussi instructif.
La séance est levée.