Délibérations du comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 5 - Témoignages du 28 avril 2008
OTTAWA, le lundi 28 avril 2008
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui à 17 h 5 pour étudier, afin d'en faire rapport de façon ponctuelle, l'application de la Loi sur les langues officielles, ainsi que des règlements et instructions en découlant, au sein des institutions assujetties à la Loi.
Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Chers témoins, j'ai l'honneur de vous accueillir au Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je suis le sénateur Maria Chaput du Manitoba et je préside ce comité. J'aimerais tout d'abord vous présenter les membres du comité présents aujourd'hui.
À ma gauche se trouvent les sénateurs Pierrette Ringuette du Nouveau-Brunswick, Andrée Champagne, notre vice- présidente, du Québec et Gerald Comeau de la Nouvelle-Écosse. À ma droite, les sénateurs Lowell Murray de l'Ontario et Rose-Marie Losier-Cool du Nouveau-Brunswick.
J'aimerais présenter nos cinq témoins invités à prendre part notre table ronde. À ma gauche, Annie Laflamme, directrice des Politiques et demandes relatives à la Télévision de langue française au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes; Deborah Drisdell, directrice de la planification stratégique et des relations gouvernementales à l'Office national du film du Canada; Jules Chiasson, chef aux Relations francophonie et affiliées de Radio-Canada; André Courchesne, directeur de la Division des initiatives stratégiques du Conseil des Arts du Canada et Anne Tanguay, gestionnaire des Services de traduction et championne des langues officielles au Centre national des Arts. Soyez les bienvenus à notre comité.
La table ronde d'aujourd'hui a pour objectif d'étudier l'état de la culture francophone au Canada et plus particulièrement dans les communautés francophones en situation minoritaire. L'ensemble des témoins représente des organismes gouvernementaux. Nous avons déjà rencontré les associations communautaires de l'Ouest et du Nord du Canada et nous planifions rencontrer les représentants des autres communautés à une date ultérieure ainsi que les associations nationales du secteur des arts et de la culture.
Chers témoins, le comité vous remercie d'avoir accepté notre invitation et de vous être déplacés pour comparaître aujourd'hui. Je vous invite maintenant à prendre la parole. À la fin de vos présentations, nous passerons aux questions des sénateurs.
Annie Laflamme, directrice, Politiques et demandes relatives à la Télévision de langue française, Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes : Madame la présidente, je suis la directrice des Politiques et demandes relatives à la Télévision de langue française au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, qui est mieux connu sous le nom de son acronyme CRTC. Je vous remercie de cette invitation à venir discuter de la mise en œuvre de la partie VII de la Loi sur les langues officielles depuis les modifications apportées en 2005.
D'abord, il importe de bien définir le rôle et le mandat du conseil. Contrairement au ministère et aux autres agences gouvernementales, le CRTC ne livre pas et ne gère pas de programmes ou de services et ne finance aucune activité. Son rôle consiste plutôt à attribuer, renouveler et modifier des licences de radiodiffusion, à élaborer de nouvelles politiques ou à examiner des politiques existantes et à réglementer et surveiller tous les aspects du système canadien de radiodiffusion. Le CRTC est un organisme quasi judiciaire et il travaille dans le cadre de la Loi sur la radiodiffusion et de la Loi sur les télécommunications.
[Traduction]
Je vous rappelle que la Loi sur la radiodiffusion précise notamment, que le système canadien de radiodiffusion doit offrir progressivement à tous les Canadiens, au fur et à mesure de la disponibilité des moyens, une gamme de services de radiodiffusion en français et en anglais. Il doit aussi refléter la dualité linguistique canadienne.
Cela ne veut pas dire que le CRTC n'a aucune obligation à l'endroit des communautés de langue officielle. Bien au contraire, la Loi sur les langues officielles, plus particulièrement la partie VII, exerce une influence sur notre travail.
Depuis 2003, le CRTC est au nombre des institutions désignées par le gouvernement fédéral qui ont la responsabilité particulière d'élaborer et de transmettre au ministère du Patrimoine canadien un plan d'action sur la mise en œuvre de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles, de même qu'un rapport sur les résultats obtenus.
[Français]
Comme vous le savez, la partie VII de la Loi sur les langues officielles a été bonifiée en novembre 2005. Les institutions fédérales ont désormais le devoir de prendre des mesures positives afin de promouvoir la dualité linguistique et d'appuyer le développement des communautés de langues officielles en situation minoritaire.
Il n'existait pas de définition dans la loi de ce que l'on entend par mesures positives. Dans son dernier rapport annuel, le commissaire aux langues officielles a proposé la définition suivante : une action du gouvernement ou de ses institutions en vue de produire un effet réel. Inspiré par les bons conseils et les réflexions du commissaire aux langues officielles, notamment par son rapport de vérification de la mise en œuvre de l'article 41 par le CRTC, nous avons élaboré un plan d'action qui tient compte de cette nouvelle obligation contenue dans la loi.
[Traduction]
Nous sommes fiers d'avoir mis sur pied un groupe de discussion avec des représentants des communautés de langue officielle. Le mandat du groupe est d'offrir un lieu où le CRTC et les communautés peuvent identifier des moyens qui maximisent la participation des communautés aux processus publics du CRTC et facilitent la prise en compte de leurs réalités dans les décisions du conseil.
Ces rencontres permettent de discuter des tendances dans le domaine de la radiodiffusion et des télécommunications, d'informer les communautés sur les processus publics du conseil d'intérêt pour les communautés et de discuter d'outils et de moyens pour améliorer leurs interventions publiques lors des audiences.
Nous avons tenu jusqu'ici deux rencontres qui ont suscité beaucoup d'intérêt et de discussion de la part des organismes présents.
[Français]
La participation de représentants des communautés à ces rencontres rejoint, à notre avis, le principe de la participation active des citoyens qui a été identifié par le commissaire aux langues officielles comme l'un des principes devant assurer la mise en œuvre de la nouvelle partie 7.
Le plan d'action du CRTC pour les années 2008 à 2011 prévoit également des activités de sensibilisation et de formation auprès des employés et de la haute direction sur l'article 41 de la Loi sur les langues officielles. Je précise que ces activités se déroulent depuis déjà deux ans. Ainsi, nous organisons un certain nombre d'activités à l'interne qui permettent aux employés et à la haute direction d'avoir une meilleure connaissance des communautés linguistiques en situation minoritaire. Nous avons l'intention de poursuivre dans cette veine.
Nous sommes d'avis que plus les dirigeants du CRTC seront informés des réalités, des besoins et des préoccupations des communautés linguistiques en situation minoritaire, meilleures seront les décisions qu'ils prendront dans le domaine de la radiodiffusion.
[Traduction]
À titre d'exemple, le CRTC a pris la décision en juillet dernier de rendre obligatoire la distribution, au service numérique de base, du signal de RDI dans tous les marchés anglophones au pays. Il en va de même pour la distribution de Newsworld dans tous les marchés francophones.
Cette décision permettra aux communautés de langue française dans les marchés anglophones, et aux communautés de langue anglaise dans les marchés francophones, de recevoir des nouvelles de qualité dans leur langue.
Le CRTC a aussi octroyé l'année dernière trois nouvelles licences de radio communautaire en langue française : à Ottawa, au Nouveau-Brunswick, et en Nouvelle-Écosse.
[Français]
Des audiences publiques terminées jeudi dernier à Gatineau portaient sur la distribution des canaux de télévision au Canada. Les médias ont beaucoup insisté sur les redevances réclamées par les chaînes généralistes, mais la réflexion est beaucoup plus large et les enjeux plus grands.
Nous procéderons ici à un examen complet des politiques de distribution, dont la distribution des canaux en milieu minoritaire de langue officielle. Même si les communautés linguistiques en situation minoritaire ont choisi de ne pas participer à ces audiences, elles peuvent compter sur le travail de sensibilisation aux réalités de la francophonie canadienne qui a déjà été effectué auprès des dirigeants du Conseil.
En conclusion, sensibiliser, communiquer, consulter, coordonner et rendre des comptes, voilà en quelques mots comment le CRTC entend se conformer à l'article 41 de la Loi sur les langues officielles.
La présidente : Merci, Madame Laflamme. Passons maintenant à Mme Deborah Drisdell.
[Traduction]
Deborah Drisdell, directrice, Planification stratégique et relations gouvernementales, Office national du film du Canada : Je vous remercie de votre invitation à comparaître devant vous ce soir. En plus d'être directrice de la planification stratégique et des relations gouvernementales, je suis également championne des langues officielles à l'Office national du film du Canada.
Notre commissaire du gouvernement à la cinématographie et président, Tom Perlmutter, vous prie de l'excuser. Malheureusement, il devait se rendre à Québec aujourd'hui.
[Français]
L'Office National du Film du Canada a pour mission de produire et distribuer des œuvres audiovisuelles distinctes, originales et innovatrices de manière à faire connaître et comprendre aux Canadiens et aux autres nations la valeur et les points de vue canadiens ainsi que les questions d'intérêt pour la population.
Pour accomplir cette mission, il importe à l'ONF de continuellement découvrir, perfectionner et encadrer les talents et la créativité chez les cinéastes issus de toutes les régions du pays et des diverses communautés, qu'ils soient linguistiques, ethnoculturels et autochtones, de même qu'au sein de la relève.
[Traduction]
L'Office national du film du Canada s'occupe depuis longtemps de dualité linguistique et a intégré ce principe au cœur même de son organisation. Depuis 40 ans, nos directions de la programmation sont réparties en fonction des langues officielles et les deux directions œuvrent également à faire connaître le point de vue des Autochtones de tout le pays.
L'ONF est la seule organisation qui accorde une place importante aux collectivités autochtones francophones dans ses programmes et dans des initiatives comme le Wapikoni Mobile, un centre de production mobile qui visite les diverses communautés.
Permettez-moi de vous expliquer brièvement la structure de l'Office national du film ainsi que son fonctionnement, surtout dans la communauté francophone.
[Français]
Le bureau principal du programme français est à Montréal, sous la responsabilité d'un directeur général. Nous avons trois producteurs exécutifs, un responsable de la production québécoise, un responsable de la production francophone en animation qui est pancanadienne, et un responsable de la production francophone à l'extérieur du Québec, donc en situation minoritaire pour la majorité des cas.
Pour ce faire, nous avons le bureau central de Québec et deux studios de production à l'extérieur du Québec. Le studio Acadie est responsable de toute la production francophone dans l'est du pays. Ce bureau situé à Moncton a été mis sur pied en 1974 avec l'apport important d'un cinéaste acadien, Léonard Forest.
Depuis sa création, le studio Acadie a produit plus de 70 films et en a coproduit plus de 20 avec des producteurs de la région, majoritairement des documentaires. Plus d'une trentaine de cinéastes ont laissé leur marque et ont fait connaître leurs espoirs et leurs craintes, leur histoire et leur littérature, leurs appartenances et leurs différences. Le bureau d'Ontario et de l'Ouest, basé à Toronto, compte un studio pour la production francophone des provinces de l'Ontario vers l'Ouest. Le studio assiste des réalisateurs et producteurs francophones hors Québec en provenance de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, sans oublier le Nord, soit le Yukon, le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest.
Autant de provinces et de territoires, autant de diversité d'histoires. Nos studios produisent, organisent des séances, des projections, et lancent différents concours pancanadiens tels le concours du court-métrage documentaire « Tremplin », le tout dernier concours de vidéo en nouvelle plate-forme « Engage-toi », ou encore un concours d'animation « Anime ton univers francophone », pour n'en citer que quelques-uns.
Pour ce faire, ils collaborent avec de nombreux partenaires, que ce soit producteurs, cinéastes, associations et collèges francophones à travers le pays. Ils soutiennent la communauté médiatique par le biais de divers projets entreprenant plusieurs ateliers de formation pour la relève et pour des cinéastes confirmés au niveau de la scénarisation, la production, la postproduction, et particulièrement maintenant pour la production haute définition.
En 2006-2007, 40 p. 100 des productions de l'ONF ont été produites en français, dont 52 des 127 productions complétées dans l'année. De ces films, 27 p. 100 ont été produits à l'extérieur du Québec. Des productions comme le film Junior primé le week-end dernier à Toronto, témoignent de la vie dans une petite communauté à Québec. Dans le cadre du programme Tremplin, il y a « Un dimanche à 105 ans », premier court-métrage réalisé par Daniel Léger, un jeune Acadien.
En plus des studios de production, l'ONF est très actif dans la dissémination des œuvres aux communautés mal servies par l'offre culturelle au Canada. L'ONF est actif dans les communautés par voie de partenariat avec les bibliothèques, une offre enrichie pour le milieu éducatif, et particulièrement le milieu éducatif en situation minoritaire, sa participation à des regroupements et des festivals culturels comme la Semaine de la Francophonie.
Le plan stratégique quinquennal de l'ONF a été dévoilé la semaine dernière après une consultation pancanadienne des intervenants francophones et anglophones de notre industrie à travers le pays. Aujourd'hui, l'ONF a la possibilité de rejoindre tous les Canadiens et les Canadiennes par l'entremise des canaux qui, jusqu'à très récemment, n'étaient pas à leur disposition.
La pierre angulaire du nouveau plan stratégique est l'accessibilité en tout temps des films de l'ONF et sa collection unique d'œuvres au service de l'intérêt national et à l'ensemble de la population canadienne. D'ailleurs, on est particulièrement préoccupés par le service Internet, où 70 p. 100 du contenu est en anglais.
Au cours des cinq prochaines années, l'ONF verra à accroître sa présence dans la vie des Canadiens et Canadiennes par toutes les technologies à sa disposition, soit l'Internet, le téléchargement et le E-Cinéma. Nous sommes particulièrement fiers de notre projet-pilote de E-Cinéma présentement en Acadie. En janvier 2008, nous avons inauguré un des premiers réseaux canadiens de cinéma dans le cadre d'un projet-pilote reliant cinq communautés francophones de l'Acadie.
À cette fin, nous avons fourni des projecteurs et des serveurs HD hauts de gamme. La programmation hebdomadaire de l'ONF est transmise du jour au lendemain par liaison Internet haute vitesse. Ainsi, pour la première fois, les communautés mal desservies profitent d'une riche expérience culturelle cinématographique dans leur propre langue. Les premiers résultats sont fort probants, le public se présente nombreux et satisfait.
Je vous laisse aujourd'hui des dépliants sur la programmation si cela vous intéresse. L'ONF se propose d'établir un plan de financement et de déploiement pour un réseau national de cinéma, grâce auquel ses films et d'autres productions culturelles du pays seraient présentés dans les communautés mal desservies à travers le pays. Cet ambitieux projet, cependant, exige une collaboration et un soutien de plusieurs partenariats du côté public ainsi que privé.
Le projet E-Cinéma ainsi que plusieurs initiatives des studios de production en région ont été réalisés grâce à un soutien précieux du Programme de partenariat interministériel avec les communautés de langue officielle, qu'on appelle tous le PICLO, et qui tire malheureusement à sa fin cette année.
L'engagement de l'ONF envers les communautés linguistiques en situation minoritaire se poursuivra, mais la perte des ressources de ce programme sur un budget déjà très restreint causera certainement un préjudice à nos activités. Il y a quand même de bonnes nouvelles.
[Traduction]
Nous sommes encouragés par la publication récente du rapport rédigé par Bernard Lord à la suite de consultations sur la dualité linguistique et les langues officielles, pour le compte du gouvernement du Canada. Dans son rapport, M. Lord souligne l'importance de la culture pour la pérennité des communautés minoritaires de langue officielle.
M. Lord a écrit ce qui suit :
[Français]
L'importance de la culture est indéniable, non seulement pour la vitalité des communautés, mais aussi comme source de développement économique et d'ouverture sur les autres.
L'ONF soutient la recommandation no 5 du rapport de M. Lord qui dit que la prochaine étape du Plan d'action pour les langues officielles devrait donner une place aux arts et à la culture.
[Traduction]
Pour conclure, l'ONF est persuadé que la vitalité d'une communauté, sinon celle du pays, dépend de l'expression et de l'épanouissement culturels. L'ONF travaille sans relâche pour créer et distribuer des produits culturels à tous les Canadiens. Nous voulons inspirer et rassembler les Canadiens de tout le pays. Je vous remercie de m'avoir écoutée et je suis prête à répondre à vos questions.
[Français]
La présidente : Merci beaucoup, Madame Drisdell. Nous allons maintenant passer à M. Chiasson, de Radio- Canada.
Jules Chiasson, chef, Relations francophonie et affiliées, Radio-Canada : Madame la présidente, chers membres du comité, je voudrais vous remercier de me donner l'occasion de m'entretenir aujourd'hui avec vous sur la culture francophone au Canada. À titre d'Acadien de la Nouvelle-Écosse, c'est un sujet pour lequel j'ai beaucoup d'intérêt autant sur le plan personnel que professionnel.
J'ai fait partie de la Fédération culturelle canadienne-française en tant que premier président ainsi que de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse en tant que coordonnateur culturel provincial dans les années 1970.
Pendant mes 30 années de service à CBC/Radio-Canada, j'ai occupé diverses fonctions à la radio, essentiellement dans les provinces de l'Atlantique. Cela fait maintenant deux ans que je suis coordonnateur national chargé de la mise en œuvre de la partie VII de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles. Dans le cadre de mes fonctions, je prépare les plans d'action annuels ainsi que les rapports d'étape de CBC/Radio-Canada en ce qui concerne la mise en œuvre de l'article 41 de cette loi.
Comme vous le voyez, le dossier des langues officielles fait partie de mon quotidien.
[Traduction]
Je crois que CBC/Radio-Canada joue un rôle crucial pour protéger la souveraineté culturelle du Canada et favoriser le développement d'une identité nationale dans notre pays.
Nous contribuons à l'essor et à l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire grâce à notre présence au sein de ces communautés, mais également grâce à notre programmation et aux partenariats que nous établissons. Étant donné le thème de l'étude du comité, je voudrais vous parler des réalisations de Radio- Canada dans ce domaine.
[Français]
L'intégration réussie de la radio, de la télévision et d'Internet au sein des services français en 2005 a permis de mieux ancrer les services dans les régions. En mettant nos ressources en commun, nous sommes maintenant en mesure d'offrir des émissions régionales au contenu plus riche et plus approfondi aux Canadiens des régions où nous sommes présents. Ce qui est plus important encore, cette intégration a permis de donner plus de visibilité aux communautés francophones et acadienne sur toutes nos plates-formes : à la radio, à la télévision et sur Internet.
[Traduction]
Radio-Canada contribue de façon importante au développement culturel des communautés francophones et acadiennes. Nous cherchons véritablement à retransmettre des centaines de concerts, de festivals et d'événements locaux dans le reste du pays.
[Français]
En 2006-2007, nous avons fait tourner plus de 300 chansons d'artistes francophones et acadiens à chaque semaine; cela représente plus de 16 000 chansons diffusées en une seule année sur nos ondes! Nous avons lancé le Prix des lecteurs de Radio-Canada sur la scène nationale qui a permis de faire connaître des auteurs francophones hors Québec partout au pays.
Pendant cette même période, à la télévision, nous avons produit 70 émissions spéciales et 258 émissions culturelles parmi lesquelles figurent Zigzag, Oniva, la Fête nationale de l'Acadie, la dramatique Francœur et tout dernièrement, on vient de lancer la série dramatique, Belle-Baie, pour n'en citer que quelques-unes.
[Traduction]
Mais notre contribution ne s'arrête pas là. Nos partenariats avec 300 organisations et des événements comme Dialogue Canada, FrancoFête en Acadie, Coup de Cœur Francophone, ainsi que le Festival du Voyageur sont la preuve de notre engagement incessant dans les collectivités que nous servons. Notre entente multilatérale des arts et de la culture signée avec la FCCF et d'autres institutions culturelles fédérales comme l'Office national du film, le Conseil des Arts du Canada, le Centre national des Arts et Patrimoine canadien, fait en sorte que nous sommes davantage en mesure d'agir comme porte-parole des arts et de la culture dans les communautés de langue officielle du pays et de faire découvrir ces communautés les unes aux autres.
[Français]
Jeter des ponts entre les communautés francophones et anglophones du Canada, voilà une des principales obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de son mandat. CBC et Radio-Canada ont constamment des projets de coproduction comme : Hockey : A People's History, La fierté d'un peuple, Trudeau, René Lévesque, ainsi que l'émission coproduite pour les Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène. Au cours des deux dernières années, CBC et Radio-Canada ont coproduit plus de 200 émissions spéciales. Nous aimerions en faire davantage, mais comme vous le savez, notre mandat est large et nos ressources sont limitées.
Je vous remercie de votre attention et de l'occasion qui m'est donnée de vous expliquer pourquoi j'estime que non seulement CBC/Radio-Canada favorise le développement d'une identité nationale dans notre pays, mais qu'elle contribue également à l'essor et à l'épanouissement des communautés de langues officielles en situation minoritaire au Canada.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
La présidente : Merci, monsieur Chiasson.
André Courchesne, directeur, Division des initiatives stratégiques, Conseil des Arts du Canada : Merci, madame la présidente. Chers membres du comité, je suis très heureux d'être ici aujourd'hui au nom du Conseil des Arts du Canada, où je suis le directeur des initiatives stratégiques.
Je vous remercie d'avoir invité le Conseil des Arts à participer à ces discussions. Je voudrais vous présenter Katherine Berg, qui est la conseillère spéciale pour la Commission canadienne pour l'UNESCO qui, comme vous le savez, a été un facteur très important dans la promotion du concept de la diversité culturelle, non seulement au Canada, mais aussi à l'étranger.
[Traduction]
Comme vous le savez, le Conseil des Arts du Canada a été fondé en 1957 grâce à une loi du Parlement, sur la recommandation de la Commission royale sur l'évolution des arts, des lettres et des sciences au Canada, mieux connue sous le nom de Commission Massey-Lévesque.
Le Conseil des Arts du Canada décrit son mandat comme étant de favoriser et de promouvoir l'étude et la diffusion des arts ainsi que la production d'œuvres d'art. Ce mandat demeure inchangé plus de 50 ans plus tard.
[Français]
Nous avons effectivement fêté notre 50e anniversaire l'année dernière. Tout au long de notre histoire, on a travaillé à refléter la dualité linguistique du Canada.
Je vous donnerai quelques faits qui concernent autant nos activités que nos programmes. Par exemple, 93 p. 100 de notre personnel, majoritairement situé à Ottawa, est bilingue et fonctionne dans les deux langues officielles. Nous savons que les arts jouent un rôle important dans le développement et le maintien de l'identité culturelle, ce qui renforce l'importance de veiller à ce que les artistes et les organismes artistiques des communautés en situation minoritaire vivent dans leur communauté et reflètent la vitalité de leur communauté.
Si l'on remonte à la création du conseil, en 1957, on trouve de nombreux exemples des appuis qu'on a donnés aux artistes et aux organismes en situation minoritaire.
Par exemple, en 1958, on a donné l'une de nos premières subventions au Cercle Molière, une compagnie de théâtre établie à Saint-Boniface au Manitoba. Le projet de la compagnie était de tourner la pièce de Molière Médecin malgré lui dans huit villes dans l'ouest du Canada. La première subvention leur a permis de faire cette tournée dans l'ouest du pays.
C'est l'année suivante, en 1959, que le conseil a commencé à administrer les Prix littéraires du Gouverneur général dans les deux langues officielles et non plus seulement en anglais. Aujourd'hui, nous distribuons 14 Prix littéraires chaque année, soit sept en français et sept en anglais.
Parmi les lauréats de ces Prix littéraires, beaucoup de francophones viennent du Québec, mais beaucoup aussi d'autres provinces canadiennes hors Québec. Prenez des Acadiens, tels Antonine Maillet, Herménégilde Chiasson ou Emma Haché, jeune auteure du Nouveau-Brunswick. C'est le cas pour des Franco-Ontariens tels que Jean-Marc Dalpé et le regretté Robert Dixon.
Au fil des ans, le conseil a appuyé de nombreux artistes et organismes francophones en situation minoritaire comme le sculpteur Joe Fafard, dont les oeuvres sont actuellement exposées au Musée des beaux-arts, les artistes céramistes Paul Mathieu et Léopold Foulem, l'ensemble Barachois, groupe musical de l'Ile-du-Prince-Édouard, la troupe de danse Corpus de Toronto et des compagnies de théâtre comme l'UniThéatre à Edmonton, la Troupe du jour à Saskatoon, le Théâtre de la Vieille 17 à Ottawa, le Théâtre populaire d'Acadie, à Caraquet, qui sont toutes des compagnies que nous soutenons dans leur fonctionnement depuis de nombreuses années. Nous soutenons également des maisons d'édition comme Bouton d'or Acadie à Moncton et les Éditions Prise de parole, à Sudbury, les Éditions du Blé à Saint-Boniface. En 2007-2008, le conseil a attribué plus de trois millions de dollars aux artistes et organisations artistiques en situation minoritaire hors Québec.
Comme nos autres partenaires, nous avons signé l'entente multipartite pour le développement des arts et de la culture de la francophonie canadienne en 1998. Nous avons été les premiers à signer une entente PICLO avec le ministère Patrimoine canadien et plus récemment, dans notre plan d'action que nous avons lancé en février dernier, nous avons fait spécifiquement référence à l'équité linguistique comme un élément clef de notre stratégie globale d'équité qui, entre autres, engage le conseil à maintenir le soutien que l'on donne actuellement à travers le PICLO.
Alors au cours des années, nous avons mis en œuvre plusieurs mesures positives pour implanter notre engagement envers l'article 41 de la Loi sur les langues officielles. Par exemple, nous sélectionnons chaque année des membres de la communauté artistique pour faire partie des comités d'évaluation, c'est-à-dire ceux qui décident des subventions. En 2007-2008, 762 artistes et administrateurs des arts ont fait partie de notre comité d'évaluation et, sur ce total, 6,2 p. 100 d'entre eux provenaient des minorités francophones hors Québec, soit deux fois la représentation de la population.
Nous avons aussi fourni à tous nos comités des feuillets d'information appelés « fiche de contexte » qui explique comment se vit en situation minoritaire, le contexte de la pratique artistique en théâtre, par exemple, en musique ou en danse. Tous les membres du comité peuvent être informés du contexte suivant lequel les artistes appliquent sur nos programmes. Nous organisons également des sessions d'information et des simulations de comité d'évaluation qui se déroulent un peu partout à travers le Canada, et ce, dans les deux langues officielles. Les artistes sont invités à participer à nos comités d'évaluation fictifs qui évaluent des demandes fictives. Cela leur permet de comprendre les critères que nous utilisons, de trouver les meilleurs arguments et de savoir comment présenter leurs demandes. Notre but est d'augmenter le nombre de demandes provenant des minorités linguistiques.
En terminant, tout au long des 50 ans de son histoire, le Conseil des Arts du Canada s'est révélé un outil important dans l'essor et la viabilité d'une culture francophone forte et présente partout au pays. À l'aube de son deuxième demi- siècle, le conseil est fermement décidé à continuer d'agir ainsi. Je serai heureux de répondre à vos questions et de participer à la discussion.
La présidente : Merci, monsieur Courchesne. Je cède maintenant la parole à Mme Tanguay.
Anne Tanguay, gestionnaire, Services de traduction et championne des langues officielles, Centre national des Arts : Madame la présidente, merci de l'invitation faite au CNA de vous parler aujourd'hui d'un sujet qui nous intéresse au plus haut point — le rayonnement de la culture francophone au Canada. En 2001, le CNA a pris l'engagement ferme de renouer véritablement avec la dimension nationale de son mandat. Notre plan stratégique 2001-2006 avait d'ailleurs pour titre Rétablir la vision. Ce plan comportait notamment deux grands objectifs : la revalorisation de notre rôle national et l'engagement accru envers les jeunes et l'éducation.
Depuis 2001, beaucoup a été fait dans chacune de nos disciplines pour assurer le rayonnement de la culture francophone. Une place importante est accordée à la francophonie dans la planification même de tous nos programmes. Chaque fois que nous mettons sur pied une nouvelle initiative, qu'il s'agisse d'une causerie publique avant concert ou de visites dans les écoles primaires ou secondaires, par exemple, nous nous assurons toujours d'avoir une très importante composante francophone.
Il est important d'ajouter que lorsque vient le temps de déterminer la composante francophone, le CNA ne se contente pas de s'appuyer sur le poids démographique de la population francophone. Nous allons toujours au-delà et bien souvent largement au-delà de ce qu'on appelle les ratios. Le document que nous vous avons remis donne plusieurs exemples avec statistiques à l'appui.
Je vais vous citer un exemple seulement pour illustrer le propos. Dans l'Ouest en Saskatchewan et en Alberta, nous avons un programme qui s'appelle Programme des musiciens ambassadeurs. En gros, ce sont des musiciens des deux provinces qui se promènent dans les écoles. Cette année, pour donner un exemple très concret, sur les 100 écoles visitées, 21 étaient des écoles francophones ou d'immersion française.
Le CNA vient de terminer un processus exhaustif de consultations à l'échelle nationale en vue de l'élaboration de son prochain plan stratégique 2008-2013. Beaucoup de nos initiatives ont été saluées unanimement par les participants à ces consultations. C'est le cas des festivals Scènes, des festivals biennaux mettant en relief les talents des artistes d'une région donnée.
Puisqu'il est question de la culture francophone, on peut préciser que la dernière édition s'appelait Scène Québec, au printemps 2007. Le CNA a accueilli, à divers endroits de la région de la capitale nationale, des deux côtés de la rivière, 700 artistes. Il s'agit de la plus importante manifestation d'un rassemblement d'artistes québécois à l'extérieur de la province. Ce fut une première. On a accueilli aussi au-delà de 80 diffuseurs nationaux et internationaux. Le but de ces festivals est de permettre à des artistes qui sont connus dans leur province, mais qui ne le sont pas nécessairement à l'extérieur de leur province, de se faire un nom à l'échelle nationale. Cela permet aussi à des artistes de s'illustrer à l'échelle internationale. C'est un tremplin. Cela permet à des artistes d'échanger entre eux et à toute la population de voir la démonstration des richesses de la culture francophone, anglophone et amérindienne. Le prochain festival sera le festival de la Colombie-Britannique en 2009. Nous collaborons déjà avec la Fédération culturelle canadienne française et divers regroupements d'artistes francophones de la Colombie-Britannique afin d'assurer une belle présence des artistes francophones à ce festival.
[Traduction]
Permettez-moi maintenant de dire quelques mots au sujet de nos programmes d'enseignement de la musique, qui sont un élément important du mandat du Conseil des Arts du Canada. Vous savez sans doute que l'orchestre du CNA fait régulièrement des tournées dans différentes parties du pays. La dernière tournée s'est déroulée au Québec, en novembre 2006. En plus des concerts ouverts au grand public, elle a offert au moins 65 activités éducatives dans des salles de concert et des écoles de toute la province.
[Français]
La prochaine tournée aura lieu au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique en octobre et novembre de cette année. Encore une fois, comme ce fut le cas pour la tournée en Alberta en 2005, plusieurs écoles francophones seront visitées par les ensembles de musiciens de l'orchestre.
En terminant, j'aimerais préciser qu'au moment où je vous parle, le directeur artistique du Théâtre français Wajdi Mouawad lance la programmation de la prochaine saison. Parallèlement au document, dans le rapport que vient d'émettre à la fin mars le Commissariat aux langues officielles, intitulé « Soutien des institutions fédérales aux arts et à la culture dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire », on remarque que beaucoup d'organisations artistiques s'inquiètent de la marginalisation des efforts qui sont faits.
Nous sommes très fiers de ce que le directeur artistique annonce ce soir. Le Théâtre français concrétisera trois nouvelles initiatives pour les artistes de la francophonie hors Québec : une résidence en dramaturgie, une coproduction avec une compagnie de théâtre, d'une région incluse dans la saison régulière. Cela va contrer l'effet de marginalisation. Il y aura aussi la commande d'une œuvre à un dramaturge ou à un acteur aux fins de création au CNA.
Le CNA reconnaît la culture comme étant un axe privilégié par lequel les francophones expriment leur identité. Le CNA est déterminé à favoriser l'épanouissement de la culture francophone à l'échelle du pays, à continuer sans relâche à faire en sorte que ses initiatives et ses programmes fassent une belle place aux artistes, aux auditoires francophones et aux jeunes, qui sont l'avenir de notre pays et qui sont l'avenir du CNA.
Le sénateur Champagne : Merci à vous tous d'avoir répondu à notre invitation. Je dois admettre que l'actualité m'a fait dévier quelque peu des questions que j'avais au départ préparées pour vous.
Un des sujets sur lesquels notre comité s'est penché avec beaucoup de sérieux au cours de la dernière année, c'est la place réservée au français et à la culture francophone lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver et à Whistler.
Nous nous sommes inquiétés de ce qui se passera au sein des villes et au sujet de la transmission des Jeux pour un auditoire francophone. Vous savez comme moi que le CIO a octroyé les droits de diffusion à Globe Media pour 2010. Nous nous sommes informés à savoir quel serait le contenu de la diffusion en français et s'il y aurait diffusion d'émissions en direct en français.
Lorsqu'ils ont comparu devant le comité, les représentants de Globe Media ont dit accorder beaucoup d'importance sur ce que leur fournirait TQS pour compléter ce que leur donnerait RDS, une chaîne qu'on ne capte que via le câble et qui n'est pas directement disponible.
Les difficultés financières de TQS ne sont pas chose nouvelle. Nous avons appris il y a quelques semaines qu'un acquéreur potentiel rencontrait les exigences des propriétaires détenteurs de la licence. Or, ce nouvel acquéreur potentiel a annoncé jeudi dernier que TQS n'aurait plus de Service de l'information, ni à Montréal, ni dans les coins de la province où existait le service, qu'il s'agisse de Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières ou Chicoutimi.
Nous nous faisons beaucoup de souci pour les 270 employés du monde de l'information qui perdront leur emploi le 30 mai prochain. Il fallait entendre Esther Bégin qui disait avoir laissé son emploi pour aller au Service de l'information de TQS. On me dit que pour que le transfert de la licence se fasse du propriétaire actuel aux acquéreurs potentiels, ils devront se présenter au CRTC. Seuls peuvent se présenter le détenteur actuel de la licence et celui à qui il voudrait bien vendre.
J'aimerais que Mme Laflamme nous explique comment se fait un transfert de licence. TQS est un réseau de télévision généraliste qui s'est fait un devoir d'offrir des nouvelles régionales depuis qu'il est en ondes. Et si soudainement le propriétaire nous dit qu'il n'offre plus le service des nouvelles, la licence peut-elle quand même être transférée? Le CRTC peut-il refuser le transfert?
Je suis bien consciente que vous ne pouvez pas me dire ce que décidera le CRTC, mais j'aimerais que pour nous tous et pour les gens qui nous écoutent, vous nous expliquiez quelles sont les options qui s'offrent au CRTC dans un tel cas, afin que nous soyons tous renseignés au milieu de notre chagrin.
Mme Laflamme : Je peux expliquer le processus que le CRTC suivra pour étudier les demandes qui sont actuellement devant lui, demandes qui ont été publiées vendredi le 25 avril. Nous avons devant nous un transfert de contrôle effectif de la société ainsi que les demandes de renouvellement de toutes les licences détenues par TQS, que ce soit le réseau, les stations de Montréal et les stations régionales.
Actuellement, la façon dont le CRTC procède, c'est qu'il a devant lui ces demandes, il mènera un processus public comme on en mènerait un dans toute circonstance. D'ici le 15 mai, les parties intéressées à intervenir doivent déposer leurs interventions et doivent signifier leur intention de comparaître ou non devant le comité d'audition.
Les audiences publiques auront lieu à Montréal le 2 juin et à Québec le 3 juin. Et comme ce fut annoncé dans l'avis d'audience publique publié vendredi, le CRTC a clairement expliqué qu'il allait étudier les demandes et les propositions ayant trait à la programmation, incluant la programmation locale et la couverture de l'information. Donc il est certain que le Conseil examinera ce qui lui est proposé et à partir de là, prendra les décisions qui s'imposent, basées sur les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion ainsi que sur les interventions qui seront déposées, ce qui formera le dossier public et éclairera le comité d'audition dans ses décisions.
Le sénateur Champagne : Est-ce qu'une licence de télévision généraliste peut être donnée, changée ou repassée, même s'il n'y a aucun service de l'information, aucune salle de nouvelles nulle part dans la province?
Mme Laflamme : C'est une bonne question. C'est exactement ce sur quoi le conseil devra se pencher. Dans sa politique 99, le conseil avait déjà énoncé certains types de programmations qui sont importantes pour les chaînes généralistes et cela comprenait l'information. Je ne peux pas préjuger de ce que le comité d'audition décidera dans les mois à venir.
Le sénateur Champagne : Bien des gens qui n'ont pas le câble seront plutôt ennuyés si, en plus, ils n'ont pas accès aux Jeux olympiques en français.
Le sénateur Losier-Cool : Bonjour à vous cinq et merci d'être là.
J'aurais trois questions, c'est-à-dire une question spécifique à trois différents témoins, et j'aimerais ensuite recevoir une opinion générale des cinq témoins.
Ma première question est brève. Madame Laflamme, vous avez parlé de zones francophones, lors de votre témoignage à RDI sur l'obligation du câble numérique. Qu'entendez-vous par une zone francophone?
Mme Laflamme : En fait, le règlement sur la distribution détermine les marchés francophones et anglophones. Donc, en majorité, les marchés francophones se situent au Québec et les marchés anglophones sont situés à l'extérieur du Québec. Dans le cas de cette décision, le CRTC a décidé que ce sont les câblodistributeurs et les entreprises de distribution par satellite qui devaient distribuer RDI dans les marchés qu'ils desservent identifiés comme étant anglophones et Newsworld dans les marchés francophones.
Le sénateur Losier-Cool : Je veux rappeler que le but de cette étude et de notre comité, est vraiment de faire connaître les enjeux des francophones en situation minoritaire.
J'en arrive à vous, Monsieur Chiasson. Est-ce que Radio-Canada a, pour sa programmation, des objectifs spécifiques, comme un certain pourcentage d'artistes francophones en situation minoritaire? Est-ce que vous avez des politiques à cet égard ou bien c'est choisi? Vous avez mentionné l'émission Belle-Baie. Lorsque vous avez produit Belle- Baie, est-ce qu'il devait y avoir un certain pourcentage d'artistes acadiens? Et le cas échéant, est-ce que cette politique existe? Je pense que le comité aurait avantage à connaître ces politiques de Radio-Canada.
M. Chiasson : À votre question, madame le sénateur, je répondrais qu'on n'a pas de politique comme telle, on n'a pas de quota qui existe pour dire que nous devrions avoir X nombres de productions en provenance des régions francophones hors Québec par rapport à ce qui vient du Québec. Par contre, depuis deux ou trois ans, on a mis en place une direction générale des services régionaux, ce qui fait que tout ce qui touche la production, la programmation en région est amenée à la plus haute instance de Radio-Canada. On a maintenant un directeur général qui siège à la table de la haute direction et qui amène une sensibilité par rapport à la production et la programmation qui se fait en région.
On remarque aussi, depuis deux ans, qu'il y a quand même une visibilité accrue venant des régions hors Québec.
J'ai un exemple très concret. L'émission La Petite séduction à la télévision, qui existe depuis trois ans, a repris sur nos ondes. La première année que cette émission a été télédiffusée, il n'y avait absolument aucun village de l'extérieur du Québec. La deuxième année, on venait juste d'arriver avec la direction générale des services régionaux. On a sensibilisé les gens de la production au réseau pour dire qu'il faudrait peut-être aller visiter des villages à l'extérieur du Québec. L'année dernière, on avait deux villages du Nouveau-Brunswick et deux villages de l'Ontario. On arrive cette année avec la troisième série et là on a un village de la Saskatchewan, un du Manitoba, un de l'Ontario, un du Nouveau-Brunswick et on a un artiste acadien qui va être reçu dans un village du Québec.
Autre exemple : il y une nouvelle émission quotidienne, diffusée à 14 heures, appelée C'est ça la vie, qui a débuté cet automne et qui prend à contribution toutes les stations régionales. On s'était donné comme objectif de parler des régions à l'extérieur du Québec, mais aussi des dossiers du Québec. On a vraiment une émission qui est pancanadienne. On s'était donné comme objectif 10 p. 100 du marché; on a atteint 18 p. 100. Cela marche très bien. On est en train d'augmenter la production.
J'ai produit un rapport cette semaine qui compare le positionnement de la francophonie canadienne au sein de Radio-Canada au cours des dernières années, et où je compare 2004 à 2006. Du côté de la radio, la couverture des événements culturels en région est passée de 369 à 612; l'investissement est passé de 1,3 million de dollars à 2,1 millions de dollars en deux ans, depuis qu'on a la direction générale.
Le même phénomène se fait du côté de la télévision. On a augmenté les couvertures des chroniques culturelles de 2 249 à 2 534, le nombre d'heures de couvertures de chroniques culturelles est passé de 94 heures à 195 heures, et on a même augmenté les acquisitions de producteurs indépendants qui vivent à l'extérieur du Québec, qui sont passées de 15 à 37 productions. Il y a une augmentation qui se fait graduellement.
Le sénateur Losier-Cool : Si vous n'avez pas de politique, est-ce que cette augmentation est due à la bonne volonté, à la conscientisation du chef des relations en francophonie?
M. Chiasson : C'est dû, je pense, à la haute direction qui a décidé qu'il allait y avoir une direction générale.
Le sénateur Losier-Cool : Monsieur Chiasson, je connais un peu votre vécu et je sais de quelle façon vous êtes conscientisé. Quand vous parlez des relations Radio-Canada avec la francophonie et ses affiliés, est-ce que c'est ...
M. Chiasson : Quand je parle de mon deuxième chapeau des affiliés, c'est au Québec. Les affiliés, que vous connaissez très bien, qui font partie de l'actualité, ce sont les stations de Trois-Rivières, du Saguenay, de Sherbrooke, ce sont nos affiliés avec COGECO. Et nous avons deux autres affiliés à Rouyn-Noranda et à Rivière-du-Loup.
Le sénateur Losier-Cool : Madame Tanguay, j'ai beaucoup apprécié les programmes d'initiative du CNA que vous nous avez envoyés. Est-ce qu'on peut obtenir les trousses pédagogiques en musique sur demande? Ce sont les écoles qui en font la demande? C'est la première fois que j'entendais parler de cela.
Mme Tanguay : La façon dont cela fonctionne, la distribution des trousses est arrimée avec une tournée ou un événement. En 2007, puisqu'il y avait la Scène Québec, on a distribué au Québec. À cause d'une question de budget, on ne peut pas distribuer à toutes les écoles primaires du pays la même année. Et on utilise aussi des fonds PICLO pour la distribution de ces trousses.
Pendant une année donnée, on cible une province ou plusieurs provinces.
À l'automne, une tournée est prévue dans les quatre provinces de l'Ouest. Toutes les écoles y auront accès systématiquement. Le Centre national des Arts est en contact avec les institutions scolaires et s'assure que les écoles francophones n'ont pas à sonner une cloche pour obtenir quoi que ce soit, cela arrive automatiquement. Nous avons des listes et les écoles choisissent la langue qu'ils préfèrent.
Le sénateur Losier-Cool : Pour ma dernière question, j'aimerais avoir l'opinion personnelle de nos cinq experts. Seriez-vous en mesure de nous dire quel secteur de la culture est le mieux nanti? le cinéma? la musique? le théâtre?
Je pose la même question à tous les témoins qui se présentent devant nous pour que le comité puisse potentiellement cibler la situation de chaque secteur.
M. Courchesne : Historiquement, les secteurs qu'on dit linguistiques soit le théâtre et la littérature ont toujours été les plus forts; avec le Cercle Molière qui existe depuis plus de 75 ans et d'autres organismes créés il y a 20 ou 30 ans. Beaucoup de maisons d'édition et de compagnies de théâtre, par exemple, sont soutenues au fonctionnement chez nous, donc elles ont de très longues carrières, elles sont bien établies parce que leur spécificité est linguistique. Elles publient ou jouent des œuvres en français. Les autres secteurs sont plus récents.
Concernant le secteur de la danse, on ne soutient qu'une seule compagnie francophone hors Québec; c'est la compagnie Corpus de Toronto.
En musique, c'est rattaché beaucoup à la chanson je vais me tourner vers mes collègues pour vous donner plus de contenu à ce niveau , mais c'est en progression constante, je vous dirais, depuis les 10 ou 15 dernières années.
En arts visuels et cela a été noté dans le rapport du commissaire aux langues officielles , c'est là où on a constaté également un retard par rapport aux disciplines linguistiques.
Mme Tanguay : Dans le rapport Le soutien aux institutions fédérales, à la page 47, je crois, on disait justement que dans le domaine du théâtre, c'était peut-être plus facile. J'ajouterais que c'est sûr que la bonification, comme disait Madame Laflamme, ou du moins le renforcement de la partie VII, l'incitation avec des mesures positives a certainement joué dans le cas des disciplines qui sont orales comme le théâtre. C'est certain.
Au niveau du CNA, on remarque un apport intéressant au niveau de la chanson depuis quelques années avec la Quatrième Salle qui offre une programmation régionale. On voit une effervescence avec, également, les Vendredis de la chanson francophone et les Contes Nomades. Mais encore là, on parle d'un média, d'un domaine artistique plus verbal.
M. Chiasson : Chez Radio-Canada, en Acadie, du côté de la chanson, on a beaucoup d'auteurs-compositeurs et plusieurs productions se font depuis 1994. Depuis le premier congrès acadien, on constate une prolifération dans la production musicale. Du côté du théâtre aussi, c'est assez vivant, ainsi que dans l'Ouest et en Acadie.
Concernant la littérature, c'est la même chose, mais du côté de Radio-Canada, c'est peut-être plus la production du septième art qui prime, avec les séries dramatiques. C'est la première qu'on fait avec Belle Baie, vraiment. Il y a eu Francoeur aussi.
On a des projets avec l'Office national du film du Canada pour développer les cinéastes, les dramaturges et les auteurs pour faire des séries dramatiques. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, par contre. C'est un médium qui évolue très vite du point de vue technologique. Cela coûte cher, puis sur le plan de l'investissement de part et d'autre, ce n'est pas facile d'arriver à des produits pour l'artiste lui-même, les producteurs et aussi pour les diffuseurs qui cherchent ces produits.
Mme Drisdell : Pour les arts médiatiques, je suis d'accord avec M. Chiasson, c'est coûteux, mais on l'envisage aussi une grande possibilité d'augmentation parce que c'est un médium qui se transporte très bien avec les nouvelles technologies, Internet, et cetera. Le potentiel de diffusion est plus large et à moindre coût. D'un autre côté, l'engouement des jeunes envers ce médium est très présent et il y a énormément de potentiel à permettre à une culture francophone de jeunes de trouver des talents et de donner leurs voix.
Avec Wapikoni Mobile, une roulotte équipée d'outils très légers pour la vidéo, on va dans les territoires autochtones, et la créativité de ces jeunes est impressionnante ainsi que la fierté qu'ils ont de leur culture. Je pense donc qu'il y a des coûts et des défis au niveau des médias, mais énormément de potentiels aussi.
Le sénateur Losier-Cool : Merci.
Le sénateur Comeau : Merci à tous d'avoir accepté notre invitation ce soir. Votre discours est très intéressant.
Monsieur Chiasson, vous êtes un grand défenseur des communautés en situation minoritaire de l'Acadie et partout au Canada. Je vous connais depuis assez longtemps pour le savoir. À votre avis, n'est-il pas trop tard pour que le volet francophone de Radio-Canada soit considéré nationalement et non seulement au niveau de la province de Québec? Je me pose la question, parfois, bien qu'on apprécie les efforts qui sont faits. J'ai bien regardé vos statistiques. La réalité, c'est que dans les régions, les émissions d'informations diffusent les nouvelles qui proviennent de Montréal, les accidents sur l'autoroute Décarie, et cetera, alors que CBC a un impact plus national. Peut-être est-ce une réalité qu'il faudrait accepter? Si c'est le cas, est-ce qu'on devrait examiner une autre option pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire pour le reste du Canada? C'est un défi.
M. Chiasson : C'est tout un défi. Je dirais quand même qu'il ne faut pas négliger le volet de refléter la région à la région. Là-dessus, je pense que l'ensemble des communautés est quand même assez fier des productions régionales. En ce qui concerne l'infrastructure de Radio-Canada, on a 20 stations dont 11 sont à l'extérieur du Québec, et l'on a 27 bureaux journalistiques dont 19 sont à l'extérieur du Québec. Le volet « refléter la région à la région » est bien reçu et perçu.
De plus, on est partenaire avec plus de 300 organismes, festivals et événements. Plusieurs de ces événements n'auraient peut-être même pas lieu si Radio-Canada n'était pas là pour participer financièrement à la production et à la diffusion. Nous contribuons aussi, par exemple, au gala Chant'Ouest, au gala francophone du Manitoba, et cetera.
Maintenant, la visibilité des régions au réseau, je pense qu'on a fait quand même énormément de progrès. J'ai mentionné quelques émissions tout à l'heure. Et même maintenant, au niveau de l'information, à RDI, on a été très critiqués lorsqu'on a aboli les émissions Atlantique en direct, Ontario en direct, Ouest en direct. Par contre, elles ont été abolies parce que les statistiques démontraient que quand, par exemple, l'émission Atlantique en direct venait en onde, tout le reste du pays arrêtait de regarder.
Les statistiques nous le montraient. C'est la même chose pour l'Ouest en direct et l'Ontario en direct. On s'est dit qu'on allait essayer de diffuser autant d'information pour chacune des régions sauf qu'on allait les mêler, les intégrer à nos bulletins de nouvelles. Nous avons la revue de presse de l'Acadie Nouvelle le matin et c'est Ricky Landry qui vient nous en faire la présentation. C'est la même chose pour l'Ontario et l'Ouest. Dès qu'il y a une nouvelle de dernière heure qui arrive de l'Ouest, comme lors de l'écrasement d'avion à Calgary, un journaliste de l'Alberta a pu immédiatement être dépêché en direct. Il y a deux ans, il aurait fallu attendre la diffusion de l'Ouest en direct pour en parler. Les Canadiens sont informés dès le moment où cela se passe, peu importe l'événement. Même la population québécoise est mieux informée de ce qui se passe ailleurs au pays.
Le sénateur Comeau : Vous êtes donc toujours optimiste?
M. Chiasson : Très optimiste.
Le sénateur Comeau : Merci. Madame Laflamme, vous avez mentionné au début de votre présentation que vous aviez mis sur pied un groupe de discussion. Est-ce que vous voudriez donner un peu plus d'informations sur ce groupe et en ce qui concerne l'application de l'article 41? Qui sont-ils et à quelle fréquence se rencontrent-ils?
Mme Laflamme : Nous sommes très fiers d'avoir créé ce groupe de discussion avec les communautés. J'ai justement ma petite liste de participants ici, entre 20 et 25 tout de même, qui se présentent selon leur disponibilité. On essaie d'accommoder tout le monde. Nous avons les partenaires clés autour de la table, dont la FCFA, la FCCF, l'ANIM, l'ARC du Canada, FRIC, l'APFC et l'Alliance des producteurs francophones. On a aussi voulu avoir des représentants d'associations qui n'étaient pas nécessairement sectorielles, mais qui pouvaient représenter les communautés vivant en région éloignée qui pouvaient recevoir des services de radiodiffusion et de télécommunications. La première rencontre du groupe a eu lieu en septembre 2007 et cela s'est vraiment très bien passé. Les communautés étaient très satisfaites du travail fait avec eux. On vient d'avoir une autre rencontre en mars dernier. Comme on est au début de nos travaux et qu'il y a beaucoup de débroussaillage à faire, on entend pour les premières années tenir au moins deux rencontres annuelles et, selon la façon dont se dérouleront les travaux, on verra ce qui sera nécessaire après discussion et en collaboration avec la communauté.
Ce que l'on fait comporte vraiment trois volets. La structure des rencontres a été décidée en collaboration avec les communautés. Lors de la première rencontre, on apprend à se connaître et à connaître les réalités des communautés. Eux apprennent comment fonctionne le CRTC. Certaines des organisations nous connaissent bien pour avoir participé à nos processus publics, mais ce n'était pas le cas de l'ensemble des participants. Ils ont exprimé la volonté d'avoir des présentations sur les enjeux actuels de la radiodiffusion et des télécommunications auxquels les entreprises font face. On a eu une présentation sur les technologies les plus récentes qui sont souvent très complexes à saisir. Un expert est venu faire une présentation lors de la deuxième rencontre. Ensuite, on s'est donné un plan de travail qui coïncide finalement avec les processus du CRTC. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes publie annuellement un plan triennal où il annonce à l'avance les grands processus qu'il va mener. C'est toujours sujet à changement selon les circonstances, mais déjà, en ayant cet outil entre les mains, on arrive à identifier à l'avance les processus publics qui vont interpeller les communautés, parce que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes mène plusieurs processus publics au cours d'une année. Cependant, notre rôle est d'identifier les groupes dont on veut encourager la participation.
Le troisième volet est d'essayer de voir avec eux comment développer des outils qui pourraient faciliter leur participation à notre processus. On aura bientôt, par exemple, une page web dédiée exclusivement aux communautés et qui expliquera le B.A.- Ba sur la façon d'intervenir auprès du CRTC. Les communautés ne sont pas les seules à ne pas toujours bien comprendre comment le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes fonctionne et elles peuvent être jusqu'à un certain point intimidées par nos processus. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes fait un travail pour améliorer la participation. On a vu des exemples d'associations qui se sont regroupées. On essaie de voir, selon les enjeux et les processus, quelle serait la meilleure façon pour eux d'intervenir.
Le sénateur Comeau : Merci.
La présidente : Ma question s'adresse à tous les témoins et elle concerne l'espace culturel francophone, surtout des francophones en milieu minoritaire. Certains d'entre vous avez des programmes qui appuient les artistes professionnels, d'autres des artistes en herbe ou émergeant. Il faut commencer par le début si on veut arriver à un niveau professionnel.
Dans un premier temps, comment composez-vous avec les programmes qui appuient les artistes émergents par rapport à ceux qui appuient les artistes professionnels? Dans un deuxième temps, comment vous assurez-vous qu'il y ait un certain équilibre puisque pour se rendre au point trois il a fallu commencer au point un? Y a-t-il des politiques en place? Donnez-vous un certain montant du budget aux artistes émergents et ensuite aux artistes professionnels? Comment composez-vous avec ce facteur de l'appui du début jusqu'à la fin?
Mme Tanguay : Dans le cas du Centre national des Arts, il y a deux volets distincts dans nos objectifs. Évidemment, soutenir l'excellence artistique est l'objectif numéro un. C'est sûr qu'alors cela se fait indépendamment de la langue. Par exemple, notre Institut estival de musique, qui a lieu à Ottawa tous les étés, recrute la crème de la crème, non seulement chez les artistes du Canada, mais de l'étranger, car on en accepte aussi quelques-uns de l'étranger dans le Programme des jeunes artistes. C'est sur le plan de l'éducation musicale et aussi de l'éducation dans les autres disciplines que c'est sûr qu'on va à la base, au point un comme vous dites. C'est par des mesures comme celles qu'annonce ce soir Wajdi Mouawad qu'on va forcer les choses pour qu'un artiste professionnel qui n'est pas nécessairement connu et qui ne rayonne pas nécessairement beaucoup obtienne un tremplin pour se faire connaître.
La présidente : Ce n'est pas nécessairement pour son développement, mais pour le faire connaître une fois rendu à ce point?
Mme Tanguay : Il y a des choses dans le développement dramaturgique qui amèneront un artiste à passer à un niveau supérieur. Mais c'est un défi parce que le Centre national des Arts, même dans ses Scènes, par exemple, a pour défi d'amener des artistes à se faire connaître à l'échelle nationale. Nous considérons qu'il faut prendre les meilleurs de chaque province pour les amener à Ottawa.
La présidente : Monsieur Courchesne, au Conseil des Arts du Canada vous aviez auparavant des programmes qui aidaient justement des initiatives plus communautaires pour aider les artistes à se développer?
M. Courchesne : Effectivement, nous offrons par le biais de nos programmes un appui aux artistes professionnels, et cela inclut les artistes professionnels en début de carrière.
Comme vous le savez, toutes les décisions sont prises par des comités et nous nous assurons que les artistes en début de carrière soient reflétés aussi dans le comité, c'est-à-dire qu'une partie des membres du comité soient eux aussi en début de carrière. Les demandes sont catégorisées selon qu'il s'agisse de gens au début de leur carrière, à la moitié de leur carrière ou encore des artistes établis, ceci pour nous assurer que la proportion des sommes attribuées représente les demandes qui nous sont faites.
En d'autres mots, c'est pour s'assurer que les artistes moins connus puissent avoir accès à un soutien alors qu'ils sont peut-être comparés à Robert Lepage sur un comité, et pour que l'argent n'aille pas seulement à des artistes très reconnus.
Au cours des dernières années, nous avons créé un nouveau programme : « Artistes dans la communauté », qui a pour but de soutenir des démarches dans lesquelles des artistes travaillent avec un groupe communautaire. Cela peut être un groupe de théâtre, un groupe social, ou un groupe de n'importe quelle profession. Cela peut être un groupe qui s'intéresse à un sujet particulier et qui décide de travailler avec un artiste. On aura donc un artiste professionnel qui travaillera avec un milieu communautaire où il y a souvent beaucoup de gens qui sont intéressés à la pratique artistique, sans en faire leur vie.
Nous avons remarqué que dans les communautés francophones hors Québec, cet appui est essentiel à la survie des organismes. Les troupes de théâtre qui font des productions professionnelles ne peuvent pas survivre si elles ne possèdent pas un bassin d'amateurs de théâtre, mais qui sont aussi des non professionnels qui s'y intéressent.
La majorité des compagnies dont j'ai parlé ont aussi des productions communautaires. Nous soutenons indirectement ces productions communautaires en les incluant dans nos demandes de subventions parce qu'on sait que c'est important non seulement pour la préparation du public de demain, mais aussi pour toutes les questions de succession.
Comme j'en ai parlé plut tôt, vous êtes sans doute conscients des problèmes de succession pour nos institutions majeures. Je parle surtout des compagnies de théâtre et des maisons d'édition établies partout au Canada. Ces gens atteindront bientôt l'âge de la retraite. Ce sont souvent des baby-boomers et il faut préparer la prochaine génération. On est très conscient de cette problématique et on veut travailler avec la FCCF à trouver des solutions à cet égard.
Le sénateur Ringuette : Je trouve très intéressant le programme de soutien aux communautés et aux artistes dans la communauté, des « artistes en herbe », si vous voulez, qui dans quelques années pourraient se produire au Centre national des Arts en tant que professionnels. Serait-il possible de nous fournir les documents par rapport à ce programme?
Mme Tanguay : Oui.
La présidente : Vous pouvez les faire parvenir au greffier du comité qui verra à les distribuer. M. Chiasson, avez- vous quelque chose à ajouter?
M. Chiasson : Oui. Pour le développement des artistes, nous avons à Radio-Canada quelques émissions qui pourraient être mentionnées, par exemple tous les galas de la chanson qu'on retrouve en région et qui font partie du développement des artistes de la relève. Nous contribuons énormément à la production, à la captation et également à la diffusion.
Depuis maintenant cinq ou six ans, nous avons mis en place un programme pour essayer de développer des artistes qui commencent, qui ne sont pas encore vraiment rendus au niveau professionnel, mais qui ont un cheminement déjà établi. Ce programme s'appelle Sacré talent! et nous le retrouvons à Espace musique. Un comité est mis en place avec des réalisateurs d'un peu partout au pays. Ce comité choisit les artistes qu'il croit avoir le plus de potentiel. Cette année, parmi les huit artistes choisis de partout, deux sont du Nouveau-Brunswick, donc de l'extérieur du Québec — quoique Frédric Gary Comeau vit maintenant à Montréal bien qu'il soit natif de la Baie-des-Chaleurs et également Mathieu D'Astous qui a un pied-à-terre à Moncton et un pied-à-terre ailleurs.
Ce sont deux artistes qui font partie cette année du programme Sacré talent! Le programme consiste à mettre l'artiste en vitrine pendant un mois sur Internet, à la radio et à la télévision. L'artiste est invité à l'émission L'Heure de gloire avec René Simard...
Le sénateur Champagne : Émission qui est annulée...
M. Chiasson : Mais on aura d'autres émissions de variétés. Ils participent également aux émissions de radio avec Monique Giroux puis sur Internet.
Le sénateur Champagne : Et une fois qu'ils sont rendus en haut et que ce sont de grands artistes et qu'on leur fait l'honneur de les introniser au temple de la renommée des auteurs et compositeurs — CBC fait de la captation, mais quand on arrive au fait qu'il y ait quelques francophones à qui par hasard on rend hommage, les francophones on les coupe! Parce que dans le reste du Canada, on perdrait des cotes d'écoute. Où était-il cette journée-là, le chef des relations avec la francophonie?
M. Chiasson : Il faut dire que je n'ai pas vraiment le pouvoir de m'ingérer au niveau du choix éditorial des émissions.
Le sénateur Champagne : Mais avouez que c'est quand même un peu insultant! Claude Dubois avait bien raison.
M. Chiasson : Le président a répondu à cet incident et cela a paru dans La Presse et aussi dans quelques journaux. Il faut souligner quand même que cela a été diffusé dans son intégralité à CBC Radio 2. Il ne faut pas non plus prendre un seul incident pour démontrer le portrait global de tout ce qui est fait au niveau de la production et de la coproduction de Radio-Canada et de CBC. Il y a quand même plusieurs émissions...
Le sénateur Champagne : Je ne vais pas blâmer...
M. Chiasson : ...René Lévesque, Trudeau, Rumeurs; enfin, il y a eu beaucoup de coproductions entre Radio-Canada et CBC pour faire valoir la culture française aux anglophones.
Le sénateur Champagne : Je suis d'accord avec cela. Mais je trouve extrêmement triste qu'on ait choisi un moment aussi important, parce que ce n'est pas tous les jours de la semaine que des francophones sont intronisés au temple de la renommée, qu'on ait choisi le moment où l'on rendait hommage à quelqu'un qui quand même fait une carrière assez importante; et oui le président de la Société Radio-Canada a fait des excuses et j'ai lu tout ce qui a été publié dans la presse. Mais il reste que lorsque c'est le réalisateur qui a dû répondre et dire : « Oui, mais mes cotes d'écoute auraient baissé... » Il aurait peut-être pu trouver une façon un peu plus délicate, comme de dire qu'on manquait de temps, qu'on va les mettre ensemble et que ce sera Radio-Canada qui va présenter ces moments où c'était des francophones... Mais qu'on mette les francophones de côté à Radio-Canada, à la CBC...
Et lorsqu'il nous dit que les cotes d'écoute allaient baisser, la CBC que je sache, n'est pas un poste privé, mais un poste qui reçoit de gros sous du gouvernement du Canada, donc de tout le monde. Alors si à un moment donné la cote d'écoute avait baissé un petit peu, voilà pourquoi le gouvernement donne des sommes faramineuses à Radio-Canada. Vous serez d'accord avec moi que c'est bien dommage qu'on ait choisi de mettre tous les francophones à part.
M. Chiasson : Je pense que le vice-président de la télévision anglaise et la haute direction en ont pris bonne note parce qu'il y a eu plusieurs remarques et commentaires de part et d'autre. On souhaite que l'année prochaine...
Le sénateur Champagne : Qu'ils fassent des mea-culpa. Allez, mais ne péchez plus. Voilà.
La présidente : Madame Drisdell, aviez-vous quelque chose à ajouter à la question initiale?
Mme Drisdell : Oui, concernant la relève et la suite de la relève. À l'Office national du film du Canada, nous nous préoccupons beaucoup de la relève et c'est un de nos mandats. C'est souvent les cinéastes qui sortent de l'école qui ont besoin d'une première chance. Nous nous préoccupons pour notre prochain plan stratégique de la relève aussi parce que plusieurs nous disent que le premier film est relativement facile à faire, mais que le deuxième est très, très difficile à faire. Nous avons donc beaucoup de projets qui sont faits au niveau du court-métrage pour essayer de développer des cinéastes à travers les programmes de l'ONF.
On a plusieurs initiatives permettant à la relève de développer son art. Il y a de la programmation qui se fait à travers le pays pour faire grandir cette relève. Éventuellement, certains artistes seront prêts à produire un documentaire long- métrage. Par exemple, le documentaire Les épouses de l'armée a été produit en collaboration avec Radio-Canada l'an passé. Il s'agissait d'un premier long-métrage de 90 minutes. On fait donc une progression de carrière pour les cinéastes.
Mme Laflamme : Lorsque le CRTC a revu sa politique sur la radio, la question des artistes émergents est survenue. Le Conseil va mener des consultations pour définir ce qu'est un artiste émergent. Il verra par la suite s'il y a des mécanismes et des moyens à prévoir pour valoriser leur diffusion sur les ondes de la radio.
Mme Tanguay : En entendant le nom de Mathieu D'Astous, il y a une petite cloche qui a sonné. Le CNA parle beaucoup du mandat national, mais il a quand même un mandat régional parce qu'il croit que les gens de la région ont aussi droit à l'expression artistique.
La plus petite salle du CNA, la Quatrième Salle, joue le rôle de tremplin pour les artistes qui ne sont vraiment pas connus. Le CNA s'associe à Radio-Canada pour faire connaître des Franco-Ontariens et des Anglo-Québécois qui se produisent à la Quatrième Salle.
La présidente : Monsieur Chiasson, voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Chiasson : Je voudrais parler du développement des cinéastes et des auteurs pour les courts et longs-métrages. Les activités avec l'ONF visent le développement de jeunes cinéastes qu'on essaie de suivre. C'est la même chose pour le concours Tremplin qui se fait en association avec l'ONF et pour PICLO, un programme qui a duré plusieurs années en collaboration avec l'ONF et Téléfilm Canada.
Le sénateur Champagne : J'entends M. Chiasson parler de la relève et de ce qui se passe sur le plan de la vie culturelle. Est-ce qu'on pourrait espérer voir renaître à Radio-Canada des émissions comme Banc d'essai et Jeunes Artistes?
Grâce à ces émissions, les jeunes élèves issus des conservatoires ou de l'Université McGill avaient l'occasion de jouer et d'être entendus. Après les avoir entendus, on leur permettait peut-être de donner des concerts ailleurs au pays. Lorsque vous dites que vous allez faire des choses pour la relève, est-ce que cela pourrait faire partie des rêves qu'on peut espérer se réaliser?
M. Chiasson : Sans vouloir me compromettre, je pourrais dire oui. Justement, cette semaine il y avait le concours des jeunes chorales qui fait partie de la programmation à chaque année. Il y a plusieurs concours destinés aux jeunes artistes que Radio-Canada et CBC Radio 2 diffusent. Nous faisons la captation et la diffusion d'artistes professionnels, mais aussi de jeunes artistes qui commencent.
Le sénateur Champagne : Vous faites de la captation, mais vous ne produisez plus. Malgré la présence de ces magnifiques studios de Radio-Canada à Montréal, où on retrouve de très bons instruments, vous faites la captation, mais vous ne produisez plus. Vous faites des émissions de radio où il y a huit personnes pour faire jouer un disque, alors que vous pourriez engager des jeunes de la relève qui coûteraient moins cher. Ce serait une bonne façon de faire connaître nos jeunes artistes.
M. Chiasson : Je devrai faire une recherche et revenir avec la réponse. Je ne veux pas me compromettre en disant qu'on ne produit pas. Nous avons quand même l'émission Studio 12 qui est dédiée aux auteurs-compositeurs et aux jeunes artistes. Il y a même des francophones hors Québec qui sont passés à l'émission, dont Daniel Lavoie et Damien Robitaille. Cette émission est produite dans nos studios avec France Beaudoin. Cette émission est populaire à la Première Chaîne et à Espace Musique. Pour ce qui est des autres productions, de la musique de jeunes pianistes et de jeunes musiciens, je sais qu'à l'heure actuelle une étude doit sortir sous peu.
Chaque année, Radio-Canada investit environ 5 millions dans la production musicale au Canada. Elle n'investit pas forcément dans ses studios, mais elle investit dans la production musicale.
Mme Drisdell : Sans minimiser l'apport de la télévision, je pense que pour les jeunes émergents, Internet offre beaucoup de possibilités. Nous avons créé une zone, une destination sur Internet pour les jeunes afin qu'ils puissent exposer leur projet et échanger avec les communautés.
Effectivement, la télévision peut-être restrictive pour les jeunes qui commencent, mais souvent un film peut avoir un effet viral de succès. Et la même numérisation pour Internet peut être diffusée sur un réseau de cinémas comme celui qu'on a en Acadie. C'est diffusé sur le serveur et chaque communauté peut le télécharger et le montrer à l'ensemble de la communauté. Ce sont des technologies qui se développent et qui ont une grande portée sur la relève qui a peut-être un peu de difficulté à percer via la diffusion traditionnelle.
Le sénateur Ringuette : Il y a douze ans, le sénateur Comeau et moi-même étions coprésidents du comité mixte des langues officielles du Parlement. Nous avions fait la remarque à Radio-Canada à l'effet que les nouvelles n'étaient pas diffusées une heure plus tard dans les Maritimes.
Je dois vous avouer que j'étais très heureuse qu'on ait corrigé la situation parce qu'effectivement, la journée commence plus tôt dans l'est que dans le centre et dans l'Ouest. Tout cela pour vous dire que les communautés minoritaires ne sont efficaces que lorsqu'il y a des oreilles réceptives. Vous m'avez tous beaucoup impressionnée. On a fait un grand pas en avant sur le plan artistique et culturel.
On sait qu'il y a toujours des efforts à faire et des défis à relever. J'espère que vous continuerez à prêter une oreille attentive à nos communautés. En somme, je suis contente d'avoir pu vous entendre parce que l'ensemble de vos expertises représente un atout extraordinaire pour l'avenir de nos communautés. Il serait intéressant que le CRTC prenne l'initiative de rencontrer ces communautés et ces artistes. En somme, je crois que chacun d'entre vous, en complémentarité, peut accomplir énormément.
Je n'avais pas de question à poser en tant que tel, j'avais plutôt un commentaire sincère à formuler.
Le sénateur Losier-Cool : Serait-il souhaitable que le gouvernement fédéral ait une politique sur la culture? C'est-à- dire une politique qui pourrait appuyer tout le beau travail que vous faites et qui serait bénéfique pour les provinces? Par exemple, la culture doit avoir sa place dans les écoles.
Mme Tanguay : Au CNA, c'est sûr qu'on applaudirait si la culture faisait partie du Plan d'action sur les langues officielles. C'est un pan qui manque. C'est certain. Évidemment, comme organisation fédérale, on relève du ministère du Patrimoine canadien. Si Patrimoine canadien avait une politique bien étoffée, cela cascaderait chez nous et ajouterait du poids aux organisations. Un Plan d'action sur les langues officielles qui inclurait spécifiquement la culture encouragerait les organisations à agir. C'est par la culture que les communautés peuvent le plus exprimer leur identité.
M. Courchesne : J'aimerais appuyer la suggestion de ma collègue du Centre national des arts. Si les arts et la culture étaient inscrits dans le Plan d'action sur les langues officielles, ce serait plus efficace et plus productif à court et à long terme. Cela nous donnerait des outils pour fonctionner, tout comme l'article 41 a été un outil. Évidemment, comme le dit Mme Tanguay, cela nous donnerait probablement accès à des moyens. Cependant, ce ne sont pas les moyens qui sont déterminants. Oui, c'est important, mais la reconnaissance des arts et de la culture nous donnerait la façon de promouvoir les artistes et de revitaliser le milieu artistique en milieu minoritaire.
Mme Drisdell : Je suis d'accord avec mes collègues. Si on pouvait avoir la culture et les arts dans le Plan d'action sur les langues officielles, cela reconnaîtrait la place de la culture dans le développement des communautés. Pour garder nos jeunes dans les communautés, il faut qu'ils aient cet espoir de se voir et de s'écouter. Comme vous l'avez dit, toute reconnaissance qui soutiendrait cette activité-là serait bienvenue.
Mme Laflamme : Je vais peut-être répondre d'une façon plus large, simplement pour dire que le CRTC collabore avec Patrimoine canadien. Nous sommes toujours présents aux rencontres de coordination et plusieurs des agences et des ministères sont là. Je voulais aussi mentionner qu'il y a deux groupes de travail, un sur la musique et la chanson et un autre sur les arts médiatiques, qui ont été créés et auxquels on participe personnellement. On envoie nos experts aux réunions de ces comités. C'est aussi une façon de renforcer le message.
La présidente : Sur ce, au nom de tous les honorables sénateurs, j'aimerais vous remercier pour votre présence à cette réunion et pour vos témoignages. Nous avons décelés que de bonnes intentions dans vos présentations, mais aussi une volonté d'avoir des programmes mis en place et le désir de travailler avec nous pour avoir une culture francophone vibrante au Canada. Merci beaucoup.
La séance est levée.