Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 5 - Témoignages du 2 juin 2009
OTTAWA, le mardi 2 juin 2009
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 18 h 35 heures pour étudier l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada.
Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.
[Français]
Le président : Honorables sénateurs, puisque nous avons le quorum, je déclare la séance ouverte. Je souhaite à tous la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.
Mon nom est Percy Mockler et je préside ce comité. Nous sommes heureux d'avoir parmi nous cet après-midi Messieurs Clark, Arsenault et Reid.
[Traduction]
Je demanderais d'abord aux membres du comité de se présenter, en commençant par la vice-présidente, s'il vous plaît.
Le sénateur Fairbairn : Merci. Je suis le sénateur Joyce Fairbairn, de Lethbridge, en Alberta, très près d'où se trouvent les dendroctones du pin.
Le sénateur Mercer : Je suis le sénateur Terry Mercer, de Halifax.
Le sénateur Cordy : Je suis le sénateur Jane Cordy. Bienvenue à notre comité. Je suis un sénateur de la Nouvelle- Écosse.
Le sénateur Duffy : Je suis le sénateur Mike Duffy, de l'Île-du-Prince-Édouard. Nous sommes ravis que vous soyez des nôtres ce soir.
[Français]
Le sénateur Rivard : Je suis le sénateur Michel Rivard, de la ville de Québec. Je tiens à vous souhaiter la bienvenue. Nous nous excusons du retard dû aux travaux de la Chambre du Sénat.
[Traduction]
Le président : Le comité poursuit son étude de l'état actuel et des perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada.
[Français]
Aujourd'hui nous recevons des représentants de groupes du Nouveau-Brunswick qui vont partager leurs préoccupations et leurs suggestions concernant l'étude que nous faisons.
[Traduction]
Nous allons parler des difficultés, des défis et des solutions propres au secteur forestier du Nouveau-Brunswick. En tant que président et Néo-Brunswickois, je suis très honoré de vous dire que Tom Reid, en sa qualité de sous-ministre, connaît bien le Nouveau-Brunswick. M. Mark Arsenault est président-directeur général de l'Association des produits forestiers du Nouveau-Brunswick, et M. Andrew Clark est président de la Fédération des propriétaires de lots boisés du Nouveau-Brunswick. Merci beaucoup d'avoir accepté d'être ici aujourd'hui. Le comité écoutera vos exposés, puis nous passerons aux questions et réponses. J'invite M. Reid à commencer; il sera suivi de M. Clark, puis de M. Arsenault.
Tom Reid, sous-ministre, ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick : Je pense que tout le monde a une copie du document. Il contient de nombreux graphiques. Désolé pour la page couverture; vous êtes le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts, et c'est écrit « comité parlementaire ». Je ne commence pas très bien.
Le sénateur Fairbairn : Nous ne sommes pas susceptibles.
Le sénateur Duffy : Nous savons que vos intentions sont bonnes.
M. Reid : Je veux vous montrer l'importance de l'industrie forestière au Nouveau-Brunswick et vous expliquer brièvement ce que le Nouveau-Brunswick fait pour tenter de relever le défi. Je vous donnerai ensuite un aperçu des défis du point de vue du gouvernement, de l'industrie et des lots boisés privés, puis je conclurai. Je vais faire très vite pour tenter de ne pas dépasser le temps alloué.
La première diapositive montre la part du PIB réel que représente le secteur des ressources forestières. Tous les territoires et les provinces y sont représentés; vous constaterez que le secteur forestier est plus important pour le Nouveau-Brunswick que pour tout autre territoire ou province du Canada. Il représente 8,9 p. 100 de notre PIB. La Colombie-Britannique suit avec 7,4 p. 100. L'industrie forestière contribue énormément à l'économie du Nouveau- Brunswick, et nous devons la soutenir et continuer dans la même direction.
La diapositive suivante illustre quelques autres faits au sujet du secteur forestier du Nouveau-Brunswick. Il compte 15 000 emplois directs et 12 000 emplois indirects. Nous avons perdu environ 5 000 emplois au cours des cinq dernières années en raison de fermetures d'usines et de ce genre de choses. La valeur des exportations en 2008 était de 1,8 milliard de dollars; auparavant, elle était de 3 milliards de dollars. Nous croyons qu'il est possible de faire remonter la valeur des exportations à 3 ou 4 milliards de dollars en prenant les bonnes décisions et en faisant les bons choix. CIBC a mené une étude pour nous et a montré que nous pouvons y arriver en faisant les bons choix. Les recettes annuelles de la province générées par la vente du bois de la Couronne et les impôts liés à l'industrie forestière sont de 300 millions de dollars.
La diapositive 3 montre les répercussions sur notre province. J'ai divisé la province en cinq sections : la côte Nord, Miramichi, le Nord-Ouest, le Centre et le Sud. La diapositive suivante montre les usines qui se trouvaient dans ces zones géographiques en 2004. Les images de cheminées représentent les usines centrales ou de pâtes et papiers, et les piles de bois d'œuvre représentent les scieries, les installations à valeur ajoutée. La diapositive suivante présente la situation en 2009 et les pertes réelles subies au cours des cinq dernières années. Nous avons perdu un grand nombre de nos usines de pâtes. Vous constaterez que nous avons perdu toutes les usines de pâtes à Miramichi, notre usine de panneaux à copeaux orientés, Weyerhaeuser. Nous avons perdu deux usines de pâtes sur la côte Nord. Il reste des usines de pâtes dans l'ouest de la province, mais beaucoup de scieries ont fermé leurs portes. Nous avons fortement senti le ralentissement dans le secteur forestier.
La diapositive suivante montre les réalisations du gouvernement; nous avons réalisé de bonnes choses, en adoptant simplement une approche équilibrée. Nous avons fait appel à tous les intervenants, et nous avons créé une nouvelle stratégie d'aménagement forestier des forêts publiques ou de la Couronne, stratégie qui sera mise en œuvre en 2012. Elle touche les objectifs liés à l'approvisionnement en bois de l'industrie forestière, mais aussi de nombreux objectifs qui ne sont pas liés au bois d'œuvre, comme les habitats fauniques, la biodiversité, les écosystèmes, les zones protégées et autres. Nous nous préparons à procéder à la plantation pour l'aménagement forestier et à commencer la mise en œuvre de la nouvelle stratégie d'aménagement forestier en 2012.
Comme je l'ai dit, nous avons demandé à CIBC de mener pour nous une étude de la compétitivité du secteur forestier. Ils ont fait certaines prédictions sur où nous devrions investir notre argent : le genre d'usines et de marchandises que nous devrions produire au Nouveau-Brunswick, les nouvelles possibilités, ainsi que les industries traditionnelles dont nous devrions nous éloigner. Nous avons une bonne idée de ce à quoi notre industrie devrait ressembler et de la voie à suivre.
Nous apportons une aide financière pour la modernisation de nos usines afin qu'elles demeurent concurrentielles. Nous apportons une aide financière pour la conversion de nos usines à des énergies de remplacement pour ne plus avoir recours aux combustibles fossiles. Nous avons créé une stratégie de rationalisation du secteur du sciage, c'est-à- dire que nous avons alloué une période de six mois aux industriels du sciage qui souhaitaient quitter l'industrie; nous avons employé des incitatifs en leur permettant de vendre leurs affectations de la Couronne et en permettant aux acheteurs de les transférer aux usines déjà en leur possession. Essentiellement, nous avons rationalisé notre industrie du sciage.
Nous offrons un allègement de l'impôt foncier aux gros consommateurs d'électricité, c'est-à-dire le secteur des pâtes et papiers. Nous diminuons notre taux d'imposition des sociétés. Nous avons augmenté notre budget pour la sylviculture. Depuis 1982, le Nouveau-Brunswick a fait des investissements importants dans la sylviculture. Nous investissons 25 millions de dollars par année dans les terres de la Couronne, et nous investissons aussi dans les terres privées. Nous avons augmenté ces montants cette année, et nous remercions l'APECA et son ministre, l'honorable Keith Ashfield, qui ont ajouté 7 millions de dollars à nos investissements cette année dans la sylviculture. Nous testons ce qu'on appelle un accès équitable au marché du bois des terres privées, une tentative de donner accès au marché du bois au secteur des lots boisés privés. Cela constitue un défi important de nos jours, étant donné la situation du marché. Je vais vous en parler davantage dans un instant.
La diapositive suivante montre la propriété. Environ 47 p. 100 des terres appartiennent à la Couronne, 34 p. 100 sont des lots boisés privés, 17 p. 100 sont des terres industrielles en franche tenure et 2 p. 100 sont des terres fédérales. Il est important de comprendre à qui appartiennent les terres au Nouveau-Brunswick pour comprendre les défis que les propriétaires de lots boisés privés doivent relever. Ils possèdent 34 p. 100 des terres du Nouveau-Brunswick. Ils connaissent des difficultés majeures avec les ventes de bois, qui ont chuté de 60 p. 100. Dans les années grasses de 2004 et 2005, ils récoltaient 2,4 millions de mètres cubes de bois; en 2008, ils en ont seulement récolté 700 000 mètres cubes. Certains propriétaires fonciers ne veulent pas récolter en ce moment le bois qui se trouve sur leurs lots étant donné le prix d'achat du bois. Les producteurs, les récolteurs et les camionneurs ont perdu de la capacité — je suis certain que M. Clark va en parler — et il est difficile de recruter de nouveaux entrepreneurs pour œuvrer dans ce secteur.
Un des défis est l'accès au crédit. Les banques refusent de financer les producteurs, les entrepreneurs et les camionneurs puisqu'il s'agit aujourd'hui d'un secteur à risque élevé. C'est un défi que nous devons relever pour avancer, et je tiens à le souligner : l'accès à des capitaux et au crédit constitue un très grand défi, non seulement pour le Nouveau-Brunswick, mais aussi pour le secteur forestier de l'ensemble du Canada.
La compétitivité est un des défis de l'industrie forestière, et nous tentons de l'aider à devenir concurrentielle sur le plan financier. L'approvisionnement en bois est un véritable défi. Traditionnellement, le Nouveau-Brunswick consommait environ 11 millions de mètres cubes de bois par année. En fait, nous étions un importateur net de bois. Maintenant que les lots boisés privés ont disparu du marché, l'importation du bois coûte trop cher. L'approvisionnement en bois constitue actuellement un défi au Nouveau-Brunswick.
Le coût du bois. Le coût du bois dans l'Est du Canada était le plus élevé au pays, et nous devons le faire baisser.
Les coûts de l'énergie. Le Nouveau-Brunswick est dans la moyenne au Canada, mais les coûts des concurrents du Québec et du Sud des États-Unis sont beaucoup plus bas; il est donc difficile pour nos usines d'être concurrentielles.
J'ai déjà parlé de l'accès à des capitaux et au crédit. Il est difficile pour l'industrie forestière d'avoir accès au crédit. Dans les cas où elle réussit, les taux sont élevés, probablement autour de 8 à 15 p. 100.
La main-d'œuvre constitue un défi. Les gens quittent l'industrie. Les récolteurs, les producteurs et les camionneurs quittent parce que c'est une industrie très exigeante, et il est difficile de recruter des jeunes. C'est un défi à relever pour aller de l'avant.
Je n'ai pas à vous le dire : les pensions constituent un défi pour ces entreprises, pour l'ensemble du secteur manufacturier au Canada et pour l'ensemble du secteur privé. La plupart des gouvernements ont instauré des règlements relatifs aux régimes de pension privés, et les entreprises doivent satisfaire aux exigences réglementaires en matière de cotisations aux régimes de pension. Comment fait-on pour cotiser aux régimes lorsqu'on est en train de perdre de l'argent? C'est un défi que les entreprises forestières doivent relever pour aller de l'avant.
Le gouvernement a d'autres défis. Le Nouveau-Brunswick devra affronter un défi financier pour continuer à soutenir ses investissements dans son secteur forestier. Je dis cela parce que les revenus ont diminué, et l'industrie forestière est en concurrence avec les soins de santé, l'éducation et le développement social. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick aura de la difficulté à continuer à maintenir ou à soutenir ses investissements dans le secteur forestier de la manière qu'il le fait depuis 25 ans.
Sur le plan social, les emplois constituent un défi. En modernisant et en devenant concurrentiel, on diminue le nombre d'emplois. Les gens du Nouveau-Brunswick sont habitués à ce que le secteur forestier compte de nombreux emplois et ils n'arrivent pas à comprendre les raisons pour lesquelles nous perdons tous les emplois dans ce secteur. C'est un défi que le gouvernement doit relever : trouver comment créer des emplois dans le secteur forestier. Il est possible de créer des emplois dans ce secteur. On les crée par la valeur ajoutée; autrement dit, en prenant les produits primaires et en les transformant en autres choses, ce qui crée des emplois, au lieu d'envoyer ces produits aux États-Unis ou en Europe et de laisser les emplois à d'autres.
Sur le plan de l'environnement, nous croyons avoir une très bonne approche équilibrée en ce qui concerne notre aménagement des forêts de la Couronne. Toutefois, en tant que gouvernement, nous continuons à sentir la pression exercée par tous les intervenants, qui ont des demandes multiples. Notre engagement nous a permis de mettre au point une stratégie d'aménagement forestier pour l'avenir; elle ne ravira peut-être pas l'ensemble de la population du Nouveau-Brunswick, mais je pense qu'elle lui conviendra.
Sur le plan politique, la question est de savoir comment venir en aide aux collectivités affectées par la crise forestière. Je vous ai parlé des usines que nous avons perdues. Par exemple, à Miramichi, toutes les usines de pâtes ont fermé leurs portes, et une des dernières scieries vient de se placer sous la protection de la loi sur la faillite. Que fait le gouvernement pour aider les collectivités affectées? Le Nouveau-Brunswick est reconnaissant au gouvernement fédéral du Fonds de développement pour les collectivités et du Fonds d'adaptation des collectivités, qui nous appuient dans l'aide que nous apportons, mais cela continuera d'être un défi pour nous.
Les messages que je tiens à vous transmettre ce soir sont les suivants : le soutien et l'appui du secteur forestier du Nouveau-Brunswick sont essentiels à l'autosuffisance. Le secteur forestier du Nouveau-Brunswick devra être prêt lorsque les marchés se rétabliront. Voilà notre objectif : le préparer pour le moment où les marchés se rétabliront. Nous avons besoin du soutien et de l'aide du gouvernement fédéral. En travaillant ensemble, nous gagnerons ensemble. Je vais conclure là-dessus.
Le président : Merci, monsieur Reid. Je demanderais maintenant à M. Clark de présenter son exposé.
Andrew Clark, président, Fédération des propriétaires de lots boisés du Nouveau-Brunswick : J'ai préparé un exposé, que j'ai trouvé trop long à la relecture. Je vais paraphraser la première partie, puis je vais vite passer aux recommandations.
Je dois d'abord remercier les sénateurs de nous avoir invités à être ici ce soir et de nous donner la possibilité de participer au nom des 40 000 propriétaires de lots boisés du Nouveau-Brunswick.
Sur la deuxième page du document figure une carte qui montre la répartition des lots boisés privés au Nouveau- Brunswick. Si vous connaissiez très bien le Nouveau-Brunswick, vous sauriez qu'il s'agit des régions développées et des régions agricoles. De plus, les lots boisés privés du Nouveau-Brunswick se trouvent surtout sur les meilleures terres de la province puisqu'ils sont situés près des régions peuplées. Les utilisateurs emploient les lots boisés à des fins diverses, par exemple, pour les loisirs, pour générer des revenus, parfois comme fonds lorsqu'ils ont besoin d'argent supplémentaire dans le cas où une étable brûle, où un enfant poursuit des études postsecondaires, et cetera. Voilà une partie des faits.
Mon exposé commence avec la Seconde Guerre mondiale, mais j'ai lu des articles de journaux d'il y a 100 ans qui rapportaient des plaintes au sujet de l'injustice des terres de la Couronne pour les propriétaires de lots boisés privés. La difficulté existe depuis longtemps au Nouveau-Brunswick.
À la suite de la Seconde Guerre mondiale, l'expansion des usines a eu pour résultat la multiplication des défis. Les usines ont commencé à utiliser des quantités garanties de bois d'œuvre provenant des terres de la Couronne, ce qui a fait perdre leurs marchés aux propriétaires de lots boisés. Il fallait un ajustement de la situation, et nous avions besoin d'aide avec les pratiques de cubage, les services d'appoint et les programmes de sylviculture. Il n'y avait pas une très grande capacité en matière de planification professionnelle de la gestion des lots boisés.
À partir des années 1960 et au cours des années 1970, nous avons établi des agences de commercialisation au Nouveau-Brunswick. Nous avons commencé avec des associations, qui ont utilisé la législation provinciale en matière de produits agricoles pour établir des agences de commercialisation. Ce processus s'est terminé en 1981. En 1982, le programme des principales sources d'approvisionnement a été mis en place; ce programme exigeait que l'industrie négocie l'achat de la récolte annuelle autorisée des lots boisés privés avant d'accéder au bois de la Couronne. Voilà ce que ce programme visait.
Sur le plan de l'origine de la crise forestière actuelle, la plupart des difficultés auxquelles sont actuellement confrontés le secteur forestier canadien et les propriétaires de lots boisés au Canada sont largement attribuables à des forces extérieures sur lesquelles nous n'avons presque aucun pouvoir. La récession économique mondiale, en ce qui concerne les matériaux de construction, et le fiasco des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis sont les plus grands responsables. Toutefois, tout en reconnaissant que ces forces extérieures considérables sont à l'origine de la situation actuelle, on peut ajouter que le gouvernement et le secteur forestier auraient pu prendre certaines mesures pour en réduire les incidences.
M. Reid a fait allusion au fait qu'un groupe d'usines de la région de Miramichi — la liste figure ici — utilisait 1,5 million de mètres cubes de bois. Avec la fermeture de la dernière scierie, la région de Miramichi n'utilise plus aucune partie de ce bois. Il s'agit là d'un exemple extrême; toutefois, dans la région de Dalhousie, l'usine d'AbitibiBowater a fermé ses portes, ce qui a aggravé la situation dans cette région. Dans le Sud-Est du Nouveau-Brunswick, Downie Lumber et Fawcett Lumber ont toutes deux fermé leurs portes. Nous espérons que la fermeture des scieries Juniper et Plaster Rock, dans la haute vallée de la rivière Saint-Jean, d'où je viens, sont seulement temporaires; elles étaient les marchés principaux des propriétaires de lots boisés de la région. La consommation de produits forestiers bruts a baissé de beaucoup.
Le document contient un organigramme. Si vous avez de la difficulté à le comprendre, cela signifie que vous commencez à saisir la situation. La collaboration entre toutes ces usines — une usine achète le sous-produit d'une autre et aide à en créer un nouveau — suit un schéma complexe. Les usines font des affaires entre elles et elles échangent du bois dans les deux sens. Toutefois, en enlevant une partie du tout, on crée de grandes difficultés pour les parties qui restent. Il devient alors difficile de récolter et de vendre le bois du secteur des lots boisés privés.
L'absence de variété de produits rend le secteur forestier du Canada extrêmement sensible à la volatilité des cours des marchandises qu'il produit actuellement. Nous sommes principalement des producteurs de pâtes et papiers et de bois de construction de dimensions courantes, et c'est aussi le cas pour l'ensemble du Nouveau-Brunswick.
Un survol de la situation des scieries qui fonctionnent encore au Nouveau-Brunswick révèle quelques points communs. Leurs produits sont bien diversifiés et elles ont fait preuve de diligence dans l'entretien de leur infrastructure et l'investissement régulier dans la rénovation de leurs installations. L'absence d'initiative sur ces fronts essentiels a placé beaucoup d'entreprises dans une situation où elles étaient forcées de fermer.
Les produits de base des scieries étaient principalement destinés aux États-Unis, où la demande de bois d'œuvre et d'autres matériaux de construction s'est, à toutes fins pratiques, effondrée. Beaucoup d'usines de pâtes et papiers étaient vieilles et n'avaient pas fait l'objet de rénovations importantes qui leur auraient permis de rester efficaces et concurrentielles. À cause de ce désavantage concurrentiel dans des marchés devenus difficiles, elles ont été les premières à fermer leurs portes. Quand il s'est avéré nécessaire d'investir dans des rénovations et de nouvelles gammes potentielles de produits à valeur ajoutée pour survivre, le climat financier a rendu difficiles ou même impossibles l'accès au capital et l'investissement adéquat.
Il importe aussi de noter que ce sont des personnes néo-brunswickoises qui possèdent et exploitent certaines des usines qui ont continué à fonctionner durant le ralentissement économique. Puisque ces personnes ne sont pas seulement des entreprises qui ont investi là-bas, mais plutôt qu'elles habitent là, qu'elles sont originaires de là et que c'est de leur vie dont il est question, elles ont déployé, dans de nombreux cas, des efforts extraordinaires pour survivre.
Le déclin du secteur des lots boisés au Canada et plus particulièrement au Nouveau-Brunswick est attribuable aux fluctuations des marchés de l'industrie. Toutefois, d'autres facteurs ont aussi contribué à la réduction considérable des activités liées aux lots boisés privés. La perte de capacité industrielle attribuable aux fermetures d'usines et le fait que la récolte de bois de la Couronne est restée stable au Nouveau-Brunswick ont fait baisser la demande de bois d'œuvre récolté dans les lots privés. En outre, la formation ainsi que la recherche et le développement sont traditionnellement axés sur les grandes entreprises et ne répondent pas aux besoins des petits propriétaires de lots boisés.
Au cours des dernières années, les petits propriétaires ont perdu leur lien avec notre gouvernement fédéral. Dans le passé, le Service canadien des forêts soutenait la formation et la R-D pour le secteur des lots boisés. Actuellement, le lien principal est avec le Réseau de forêts modèles, ce qui constitue un partenariat précieux, bien que ce programme ait aussi fait l'objet de compressions.
De façon générale, les agences de commercialisation et la fédération visent à représenter les propriétaires de lots boisés en ce qui concerne toutes leurs préoccupations communes. Cela dit, nous voudrions offrir les commentaires et les suggestions qui suivent :
1) Mettre davantage l'accent sur la recherche et le développement portant sur les biocarburants et d'autres produits ligneux à valeur ajoutée. Il s'agit d'un secteur en émergence dans lequel le Canada peut devenir chef de file; il peut diversifier l'éventail des produits et, ainsi, l'ensemble de son économie forestière.
2) Créer des programmes permettant aux propriétaires de tirer des revenus de leurs lots boisés sans se limiter à la production de fibres ligneuses. Nous estimons que la mise au point de produits et services écosystémiques, y compris des marchés de crédits des émissions de carbone, serait une mesure très positive qui favoriserait la diversification du groupe de flux de rentrées qu'on peut générer dans le cadre d'une bonne gestion forestière. Nous appuyons fermement l'élaboration et la promotion de ces programmes, mais de façon, toutefois, à ce que les petits propriétaires fonciers puissent y participer, et non seulement les grands propriétaires fonciers industriels ou le gouvernement.
3) Soutenir la production d'énergie verte dans des usines bioénergétiques, notamment dans le cadre de petits projets axés sur les collectivités. Nous appuyons fermement l'évolution vers l'énergie verte, notamment celle provenant de sources renouvelables comme le bois. Nous envisageons un avenir où les collectivités pourraient elles-mêmes produire leur chauffage et leur électricité en utilisant du bois local pour leurs écoles, leurs résidences et leurs édifices gouvernementaux. Les propriétaires de lots boisés ont besoin du leadership du gouvernement fédéral pour favoriser la modernisation des règlements et des politiques qui restreignent actuellement la mise au point de petits projets bioénergétiques.
4) Soutenir des plans de certification et de gestion des lots boisés privés incluant des stimulants axés sur la durabilité. Compte tenu de la demande accrue de reconnaissance par des tiers des forêts durablement aménagées, les propriétaires qui veulent faire certifier leurs lots boisés auront besoin d'une aide financière. En outre, les lots boisés certifiés devront faire l'objet de plans de gestion montrant leur engagement à l'égard de la durabilité. Une aide financière accrue pour l'élaboration de plans de gestion ainsi qu'une reconnaissance, à l'aide d'incitatifs fiscaux, de la mise en œuvre de ces plans de gestion seraient aussi utiles.
Le niveau d'encouragement fourni par notre gouvernement fédéral aura une incidence directe sur l'efficacité des programmes de certification des lots boisés privés et sur les avantages qui en découleront. Nous pourrons non seulement réaliser et prouver notre durabilité, mais aussi rendre disponible l'information sur les crédits de carbone et les biens et services écologiques, ce qui constituera un avantage supplémentaire en ce qui concerne la certification par des tiers. Le soutien et le leadership du Réseau de forêts modèles du Canada sont un important exemple du type de rôle que notre gouvernement fédéral peut jouer.
5) Accroître l'investissement fédéral dans la sylviculture en vue de garantir une saine croissance future des forêts et des lots boisés privés. La plantation d'arbres est une activité qui offre beaucoup d'avantages liés non seulement à l'emploi, mais aussi à l'amélioration de la biodiversité et à la réduction des gaz à effet de serre. Des programmes favorisant l'utilisation de techniques sylvicoles axées sur l'amélioration du peuplement forestier permettraient d'atteindre le même résultat final, mais en employant des moyens différents.
6) Lancer des programmes destinés aux citoyens qui adoptent des systèmes de chauffage employant des ressources renouvelables, avec des dégrèvements pour dépenses d'infrastructure. En fournissant des incitatifs à ces propriétaires, on favorisera l'augmentation de l'investissement dans des sources renouvelables de chaleur et d'électricité telles que le bois.
7) Prendre des mesures fiscales favorisant les pratiques durables; établir un système permettant d'étaler les variations brusques de revenu causées par les catastrophes naturelles et de déduire des recettes les dépenses liées aux traitements sylvicoles. Cela renforcerait la confiance des propriétaires de lots boisés en leur avenir.
8) Lancer des programmes qui permettent à des projets de petite et moyenne envergure d'avancer en fournissant le soutien nécessaire à l'accès au capital destiné à être investi dans de tels projets. Ces projets pourraient contribuer à l'augmentation des possibilités de production à valeur ajoutée et de diversification.
9) Établir de l'aide financière permettant l'accès au capital ou offrant des crédits d'impôt remboursables, ou encore les deux, en vue d'aider à rétablir la capacité d'exploitation forestière qui a été perdue à cause de la récession économique.
10) Renforcer les lois fédérales sur la concurrence et en assurer l'application responsable, notamment dans le cadre des lignes directrices concernant l'application des dispositions sur l'abus de position dominante contenues dans la Loi sur la concurrence.
Pour conclure, le secteur forestier du Nouveau-Brunswick est tellement important pour la santé économique de notre province que je suis convaincu que nous trouverons les moyens de rebâtir notre industrie. Il ne s'agira pas seulement d'inclure mais aussi d'embrasser des technologies actuelles et nouvelles en vue d'améliorer la productivité et l'efficacité, et ce, de l'étape de la récolte à celle de la fabrication. Le leadership de notre gouvernement fédéral en matière d'incitatifs, de politiques et d'harmonisation des règlements améliorera et accélérera les possibilités de rebâtir et de renforcer notre secteur forestier au profit de nos enfants.
Le président : Merci, monsieur Clark.
Nous passons maintenant à M. Arsenault.
[Français]
Mark Arsenault, président-directeur général, Association des produits forestiers du Nouveau-Brunswick : Monsieur le président, je vous remercie, ainsi que les membres du Sénat et du comité, c'est un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui. C'est un honneur et nous apprécions l'occasion de pouvoir vous parler de nos problèmes et de nos politiques.
[Traduction]
Au nom des 50 membres et de notre conseil d'administration, j'aimerais vous remercier de la possibilité que vous nous avez offerte. L'Association des produits forestiers du Nouveau-Brunswick est un organisme sans but lucratif qui représente l'industrie forestière du Nouveau-Brunswick. Nous représentons les sociétés de fabrication de pâtes et papiers, les scieries et aussi quelques autres fournisseurs indépendants.
Durant les quelques minutes dont je dispose ce soir, j'aborderai quatre enjeux clés sur lesquels je pense que nous pouvons travailler, en collaboration avec le gouvernement fédéral, pour changer la situation.
Le premier enjeu est l'accès au crédit; nous vous en avons certainement déjà parlé, et je suis certain que beaucoup d'autres vous en parleront aussi. Je veux aussi aborder l'enjeu lié à la liqueur résiduaire, aux subventions à la consommation d'énergie à base de liqueur résiduaire qui sont actuellement octroyées aux États-Unis et qui ravagent notre industrie. J'aimerais aussi parler du financement de la sylviculture. Je conclurai en présentant notre vision de ce qui, selon nous, devrait être notre direction pour l'avenir; cela portera principalement sur la séquestration du carbone, l'échange de crédits de carbone et l'émergence de nouvelles technologies vertes.
Bien qu'il ne fasse aucun doute que nous traversions tous une période difficile en ce moment, nous sommes optimistes quant à l'avenir. Nous voulons nous assurer de nous placer dans une position favorable de sorte que, lorsque nous émergerons de ce marasme — le Nouveau-Brunswick est un chef de file —, tous nos systèmes seront établis et nous serons en mesure de concurrencer sur le marché mondial. Notre objectif n'est pas d'être simplement bon, nous voulons être les meilleurs au monde. Cette période de transformation, bien que forcée, nous donne l'occasion et la motivation de le faire de façon appropriée.
Permettez-moi de vous donner d'abord un bref aperçu des incidences que la transformation forcée a eues sur notre province. Durant les quatre dernières années, l'industrie forestière a essuyé une énorme tempête d'événements, comme on l'appelle. Il ne fait pas de doute que nous avons été assaillis de partout en même temps. Et juste au moment où nous pensions nous en être sortis, nous avons été frappés de plein fouet par la crise économique aux États-Unis, ce qui nous a tous pris par surprise. Nous pensions qu'à l'heure actuelle, nous serions en période de reprise mais, malheureusement, ce n'est pas le cas.
Il importe de noter que, si le secteur manufacturier du Canada a beaucoup souffert l'an dernier, la foresterie connaît un tel ralentissement depuis plus de quatre ans. Durant cette période, à cause des fermetures, le Nouveau-Brunswick a perdu la moitié de ses usines de pâtes et papiers et plus de la moitié de ses scieries. La diminution la plus importante a eu lieu au cours des deux dernières années. En 1999, on comptait 99 scieries enregistrées au Nouveau-Brunswick et en 2009, il y en a 50 ou 55. Un sondage mené dans le cadre de nos activités a révélé qu'à peine plus de 20 ou 22 scieries fonctionnent à plein rendement. Comme vous pouvez l'imaginer, cela a un effet désastreux sur la province.
Les répercussions sont encore pires lorsque nous perdons des usines de pâtes et papiers. Les composantes du secteur forestier dépendent tellement les unes des autres que cela provoque une réaction en chaîne, en particulier dans la région de Miramichi. Si vous ne pouvez plus écouler votre bois de moindre valeur — si personne n'achète le bois à pâte qui est extrait de la forêt et que vous n'avez plus accès à cette source de revenus —, il est difficile de rentabiliser la coupe de billes de sciage seulement. Les deux sont nécessaires pour que le système fonctionne. Lorsqu'un périclite, l'autre en souffre.
Les fermetures ont particulièrement éprouvé le Nouveau-Brunswick. M. Reid a mentionné que le secteur forestier représentait 8,9 p. 100 du produit intérieur brut, mais dans le passé, il s'est élevé à presque 12 p. 100 et nous avons perdu ce terrain au cours des deux ou trois dernières années. Le nombre d'emplois liés à ce secteur est passé de 23 000 à un chiffre oscillant entre 5 000 et 16 000, selon les statistiques que vous utilisez et les groupes que vous incluez. Perdre autant d'emplois dans un laps de temps aussi court nuit à une économie. J'aimerais également souligner qu'il s'agit d'emplois ruraux offerts dans des régions où il n'est pas facile pour les gens de se recycler dans un autre secteur en suivant une formation ou quelque chose de ce genre. Il est essentiel de s'en souvenir lorsqu'on parle du Nouveau- Brunswick où la majeure partie des habitants vivent dans les campagnes. Le secteur forestier a constitué dans le passé une importante source d'emplois, et nous aurions horreur de le voir disparaître en raison de quelques années de vaches maigres.
Permettez-moi d'aborder notre premier enjeu, c'est-à-dire l'accès au crédit. Nos sociétés membres ont déterminé que l'accès au crédit à un prix raisonnable est un enjeu majeur. La crise économique mondiale actuelle a eu des répercussions dévastatrices sur la capacité de toutes les industries d'accéder au capital. Cela est particulièrement vrai dans le secteur forestier, qui est considéré comme un secteur à haut risque depuis plusieurs années. L'approfondissement de la crise liée au crédit fait des ravages. Alors que les entreprises se débattent pour couvrir leurs dettes durant cette période difficile, les institutions financières ne sont pas disposées à accorder des prêts à des taux représentatifs d'un risque normal et si elles mettent des capitaux à notre disposition — ce qui arrive rarement — nous devons assumer des taux d'intérêt ridiculement élevés, oscillant entre 8 et 15 p. 100. Dans ces conditions, il est très difficile d'envisager des innovations, de nouvelles idées, de nouveaux marchés ou de nouveaux produits. Sans capital, il devient essentiellement impossible d'aller de l'avant.
Nous reconnaissons que, dans son dernier budget, le gouvernement a mentionné que l'accès au crédit était un enjeu crucial. Il a investi des milliards de dollars à l'échelle macroscopique dans le but d'ouvrir des marchés qui permettraient aux institutions financières de recommencer à prêter. Mais, cela étant dit, nous ne voyons pas comment accéder au crédit. Bien que les choses puissent progresser à l'échelle macroscopique, si nous revenons à l'échelle microscopique et que nous examinons l'industrie, nos membres peuvent difficilement dire : « D'accord, en fait, les banques me prêtent maintenant de l'argent. » Nous ne voyons pas comment y accéder. Tant que vous ne réglez pas cette question, vous ne réglez pas les problèmes.
Je sais que le gouvernement fédéral a tendance à intervenir à l'échelle macroscopique, mais il faut réfléchir, d'une manière ou d'une autre, à la façon dont cet argent parviendra aux industries, en particulier celles en difficulté. C'est souvent une question de chiffres. Le rendement du capital investi dans l'industrie forestière est moins élevé que celui du capital investi dans d'autres industries. Par conséquent, les investisseurs disent qu'ils ne veulent pas investir dans le secteur forestier. Peut-être n'y a-t-il aucun moyen de veiller à ce qu'il y ait certains fonds disponibles sous forme de prêts ordinaires, mais peut-être y a-t-il une façon de s'assurer qu'il y en ait sous d'autres formes. Cela faciliterait beaucoup l'accès au crédit.
Le deuxième enjeu que nous désirons effleurer concerne la liqueur noire et constitue un sujet brûlant en ce moment. Dans le cadre d'initiatives en matière d'énergie renouvelable, des subventions ont été récemment offertes aux usines américaines de pâtes et papiers. Elles suscitent de graves préoccupations au Canada. La liqueur noire est un résidu du procédé de fabrication de la pâte. En règle générale, nous la brûlons. Cela ressemble à une huile et elle est utilisée pour générer de l'énergie et de la chaleur. Elle représente une excellente source d'énergie pour nos entreprises, et cela, depuis des dizaines d'années. Les entreprises américaines ont découvert une échappatoire dans le système fiscal américain. En ajoutant du carburant diesel à la liqueur noire, elle peut prétendre au statut de carburant de remplacement et leur permettre de recevoir 50 cents pour chaque gallon qu'elles brûlent. Cela représente des millions de dollars en indemnisation pour chaque entreprise. International Paper a reçu pour un seul mois 70 millions de dollars en indemnisation. Si cela continue, on estime qu'elle pourrait recevoir jusqu'à 1,2 milliard de dollars. C'est la plus grande papetière en importance dans le monde, mais chaque entreprise reçoit plusieurs millions de dollars en crédit d'impôt.
Pour vous donner une idée, on estime que la valeur de ce crédit leur permet d'abaisser de 125 à 175 $US le prix d'une tonne de pâte, et la pâte se vend de 400 à 500 $ la tonne. Cela donne aux Américains un avantage considérable, et nous avons remarqué que bon nombre d'entreprises avaient du mal à entrer en concurrence avec eux et se demandaient pourquoi elles fabriqueraient de la pâte au Canada alors qu'elles peuvent l'acheter à moindre coût aux États-Unis. C'est une question de chiffres. Il nous est difficile d'entrer en concurrence. C'est l'une des plus grandes menaces auxquelles l'industrie fait face. Encore une fois, nous sommes tributaires des usines de pâtes et papiers et lorsqu'une disparaît, cela déclenche une réaction en chaîne dans les autres industries.
Nous avons maintenant eu plusieurs discussions avec le gouvernement fédéral. Nous avons donné des exposés à divers ministres du Cabinet et, le mois dernier, nous avons témoigné à ce sujet devant le comité. Les choses semblent bouger et l'on semble comprendre au moins que cette question doit être réglée, mais je dois souligner l'importance d'agir rapidement. Les usines de pâtes et papiers surveillent l'horloge, et nous voulons nous assurer que nous ne les perdons pas faute d'avoir agi assez vite. J'encouragerais le comité à formuler des recommandations qui inciteraient le gouvernement fédéral à prendre des mesures tangibles.
Nous pensons que plusieurs mesures pourraient être prises. D'abord, on pourrait tenter de convaincre les États-Unis que ce crédit d'impôt est vraiment inéquitable et qu'ils doivent cesser de l'accorder le plus tôt possible. Nous pourrions peut-être en faire un enjeu commercial. D'une manière ou d'une autre, si nous ne pouvons pas le faire ou si cela prend trop de temps, il faudra que nous trouvions un autre moyen d'égaliser les chances. Je ne suggèrerais pas d'imiter ce qu'ils font, parce qu'il faudrait alors ajouter du diésel au carburant et nous ne pensons pas que cette solution soit recommandable au Canada. Cependant, si nous ne pouvons pas faire changer d'avis les Américains, il faudra que le gouvernement offre une forme quelconque de subvention afin d'égaliser les chances et de permettre à nos usines de concurrencer.
La sylviculture est un autre sujet important pour nous au Nouveau-Brunswick. Nous investissons plus de 26 millions de dollars par an dans la plantation d'arbres et l'éclaircissage des forêts, en vue d'améliorer le rendement et la qualité du bois. Le Nouveau-Brunswick plante des arbres depuis longtemps et nos forêts absorbent aujourd'hui des millions de tonnes de dioxyde de carbone et assurent un approvisionnement durable en bois et l'emploi direct de plus de 15 000 personnes dans la province. Nous plantons des arbres depuis plus de 50 ans. Toutefois, nous aimerions en faire davantage et le gouvernement a la possibilité de faire équipe avec nous, avec la province, avec les propriétaires de lots boisés privés et avec l'industrie. Tout récemment, l'honorable Keith Ashfield a annoncé par l'intermédiaire de l'APECA une contribution fédérale et un partenariat avec nous et nous en sommes reconnaissants. Nous espérons pouvoir en faire davantage. Il y a beaucoup à accomplir dans ce secteur.
Nous aimerions investir davantage dans la sylviculture de feuillus, développer la science et améliorer avec le temps la qualité et la quantité de bois disponible. Si vous envisagez l'avenir et ce qui nous attend, vous vous apercevrez que l'approvisionnement est d'une importance critique et que c'est un investissement dont nous bénéficierons à court et à long terme. Si vous cherchez un projet prêt à démarrer, il n'y en a aucun qui l'est plus que la sylviculture. En mettant tout de suite les gens au travail dans les champs, l'économie en bénéficie immédiatement. La majeure partie des fonds sont consacrés aux ressources humaines. Ils sont investis dans la main-d'œuvre. Contrairement à la construction de routes où vous devez payer pour l'asphalte, le matériel et d'autres éléments, les investissements dans la sylviculture servent essentiellement à payer les salaires et les personnes qui travaillent dans les champs.
À court terme, l'économie des collectivités qui dépendent de l'industrie forestière en bénéficie immédiatement, et à long terme, la sylviculture est comme un REER; vous le plantez, il croît et avec le temps vous profitez également de ses avantages à long terme. C'est un processus continu; il ne s'agit pas seulement de planter des arbres, mais également d'éclaircir les forêts et de respecter la science qui leur assure le meilleur taux de croissance qui soit.
Nous conseillons fortement que le comité recommande des partenariats dans le domaine de la sylviculture non seulement au Nouveau-Brunswick, mais partout au Canada. C'est essentiel. Cela nous aidera également à atteindre dans l'avenir tout objectif en matière de séquestration du carbone, et nous croyons que la sylviculture offre de bonnes possibilités de croissance.
Cela m'amène à parler de l'avenir du secteur. Je pense que nous sommes très optimistes lorsque nous l'envisageons. Cette situation donne au comité et au gouvernement une excellente occasion d'examiner non seulement les moyens de régler les problèmes immédiats, mais également d'envisager l'avenir du secteur. Au hockey, vous ne patinez pas vers la rondelle, vous patinez vers l'endroit où elle ira ensuite. Le gouvernement a l'occasion de déterminer de quoi l'industrie aura l'air dans l'avenir et la façon dont nous pouvons l'aider à parvenir à ce stade. Un des principaux moyens d'y arriver consiste à commencer d'envisager l'utilisation de la biomasse et des produits ligneux comme source d'énergie et de cogénération. Cela entraînera une foule de nouvelles technologies, en plus des bioraffineries, des entreprises de biotechnologie et de tous les autres éléments et retombées qui en découleront.
À l'heure actuelle, de nombreux projets de recherche et de développement s'intéressent à la liqueur noire et au moyen de transformer ses composants en divers produits chimiques, puis de créer un tas d'autres produits. À une époque, votre brosse à dents était fabriquée à partir d'un produit pétrolier. Maintenant, elle sera fabriquée à partir d'un bioproduit, une ressource renouvelable au lieu d'une ressource non renouvelable.
C'est là que réside l'avenir. Grâce à la sylviculture, nous pouvons investir maintenant dans la fibre qui sera nécessaire plus tard. Toute aide financière qui pourrait être investie dans la recherche et le développement ou qui pourrait aider les entreprises à effectuer la transition vers la nouvelle économie serait grandement appréciée.
Pour conclure, je sais que le comité entreprendra bientôt une tournée nationale. Lorsque vous viendrez au Nouveau- Brunswick, nous aimerions vous inviter à nous visiter. L'association serait enchantée de vous aider à coordonner toute visite de nos installations. Nous possédons de magnifiques terres sylvicoles où l'on peut observer d'excellents exemples de sites traités et non traités. Nous serions heureux d'organiser des visites pour votre groupe et de montrer au comité le travail remarquable que nous accomplissons; nous en sommes très fiers. Vous accepterez, je l'espère, d'être nos invités.
Le président : Merci, monsieur Arsenault. Nous passons maintenant à la partie de la séance consacrée aux questions.
Le sénateur Mercer : Merci d'être venus. Je siège au comité depuis presque six ans maintenant et, parfois, je me demande pourquoi. Il y a toujours des histoires négatives, mais ce qui ressort de ces réunions m'étonne toujours. Chacun de vous a raconté une histoire très déprimante, mais vous êtes tous optimistes quant à l'avenir. Nous observons le même phénomène dans l'autre volet du comité, c'est-à-dire l'agriculture.
Je veux vous remercier de vos exposés et je désire attirer l'attention des analystes et de la greffière sur notre rapport. Dans son exposé, M. Clark a prononcé une phrase qui, à mon sens, était particulièrement émouvante. Il a déclaré : « L'absence de variété de produits rend le secteur forestier du Canada extrêmement sensible à la volatilité des cours des marchandises qu'il produit actuellement. » Par elle-même, cette phrase résume pas mal de choses. Je ne sais pas si c'est vous qui l'avez écrite ou si c'est quelqu'un d'autre mais, peu importe qui c'est, il a fait du bon travail.
Je vous demande de pardonner mon préambule, mais il fallait que je dise combien négatives les choses sont et combien persuadée d'être sur la bonne voie chaque personne est.
Monsieur Reid, en tant que sous-ministre, vous savez très bien comment fonctionne le gouvernement du Nouveau- Brunswick. Votre crédit d'impôts fonciers pour les grands utilisateurs d'électricité a piqué ma curiosité. Comment cela fonctionne-t-il? Je suis résident d'une province où les tarifs d'électricité sont élevés. Je vis en Nouvelle-Écosse et je chauffe, en fait, ma maison à l'électricité et au bois, alors j'ai hâte de le savoir. Ce crédit est destiné aux grands utilisateurs d'électricité.
Comment les habitants du Nouveau-Brunswick qui, comme moi, ont recours au chauffage électrique prennent-ils la chose? Comment est-ce perçu? Subventionnez-vous les grandes entreprises? Je ne sous-entends pas que c'est répréhensible; j'essaie simplement de comprendre comment cela fonctionne et ce que cela représente.
M. Reid : Il n'y a pas de doute; nous favorisons notre industrie des pâtes et papiers afin qu'elle demeure concurrentielle. Toutefois, d'un point de vue social, cela a suscité beaucoup de débats sur les raisons qui motivent le gouvernement à subventionner le secteur industriel. Les utilisateurs résidentiels en font les frais parce qu'étant une société d'État, Énergie NB est censée s'autofinancer. Le débat se poursuit. Cependant, le gouvernement a pris la décision d'aider l'industrie des pâtes et papiers à traverser cette crise. Socialement parlant, le bien-fondé de cette décision est fréquemment débattu.
Le sénateur Mercer : Probablement chaque fois que quelqu'un reçoit sa facture d'électricité.
M. Reid : C'est exact.
Le sénateur Mercer : Je suppose que c'est la raison pour laquelle, en Nouvelle-Écosse, nous recevons notre facture seulement tous les deux mois. Cela réduit les débats de moitié.
Je n'ai pas vraiment compris le problème auquel quelques-uns d'entre vous ont fait allusion à propos de l'approvisionnement en bois du Nouveau-Brunswick. Si les usines ferment, pourquoi y a-t-il un problème d'approvisionnement? Au contraire, n'y aurait-il pas plutôt une abondance de bois? Dans la région de Miramichi, par exemple, et je connais bien le Nouveau-Brunswick — j'habite la province voisine, je le traverse en voiture plusieurs fois par année et je l'ai visité à maintes reprises. Je ne comprends pas cela. Quelqu'un peut-il éclairer ma lanterne?
M. Reid : À court terme, nous ne souffrons probablement pas d'un problème d'approvisionnement. Nous envisageons l'avenir. Si nous jetons un coup d'œil à 2004-2005, nous constatons que les propriétaires de lots boisés privés nous fournissaient un bon approvisionnement en bois. Je parle d'un approvisionnement durable parce que nous gérons l'approvisionnement de manière durable au Nouveau-Brunswick; c'est l'un de nos principaux objectifs.
En 2004-2005, le Nouveau-Brunswick était un importateur net de bois. En ce moment, il n'y a pas de problèmes d'approvisionnement en bois mais, pour reprendre votre argument, nous avons bon espoir que l'industrie se relève, et lorsqu'elle le fera, nous aurons de nouveau un problème d'approvisionnement. C'est pourquoi nous cherchons à investir dans la sylviculture dans les années à venir. Nous ne pensons pas à court terme; nous pensons à long terme.
Le sénateur Mercer : J'ai toujours pensé que le Nouveau-Brunswick était un des modèles canadiens à suivre en matière de sylviculture, tant du point de vue privé que du point de vue public, et il n'est pas nécessaire d'aller très loin au Nouveau-Brunswick pour observer des exemples réussis de sylviculture. Je suis légèrement surpris. La sylviculture a-t-elle connu un déclin? Irving, le principal producteur, a-t-il ralenti son programme, ou le gouvernement provincial a- t-il réduit le soutien qu'il apportait à la sylviculture?
M. Reid : En ce qui concerne les terres de la Couronne, notre budget pour la sylviculture a augmenté cette année de 5 millions de dollars dans le cadre d'un plan de relance économique visant à donner du travail aux gens. Ce sont des projets prêts à démarrer.
Certains membres de l'industrie et certains utilisateurs industriels ont réduit leurs activités sylvicoles sur les terres franches industrielles parce qu'ils manquent d'argent, mais ils sont toujours attachés à la sylviculture. Nous dépensons environ 6 millions de dollars par année pour boiser des terrains privés. Il y a quelques années, nous dépensions 8 millions de dollars. Donc, il y a eu des compressions, mais nous nous soucions toujours de la sylviculture. L'ennui avec la sylviculture, c'est que vous n'en réalisez pas les bénéfices avant 30, 40 ou 50 années. C'est une des difficultés. Vous pouvez investir aujourd'hui, mais ces arbres ne seront pas prêts à être récoltés avant qu'une rotation se soit écoulée, c'est-à-dire de 40 à 50 années.
Le sénateur Mercer : Cependant, la personne qui plante les arbres travaille en ce moment.
M. Reid : Oui, sans aucun doute. En réalité, nous plantons plus d'arbres cette année que nous l'avons fait l'année dernière.
Le sénateur Mercer : Monsieur Arsenault, vous avez parlé de l'accès au crédit et du fait que le gouvernement fédéral a essayé d'intervenir. Je ne veux pas déclencher un débat politique à ce sujet, mais les mesures ont été prises avec les meilleures intentions, et pourtant elles ne se sont pas propagées jusqu'à l'échelon le plus bas. Le sénateur Duffy a mentionné aujourd'hui un projet de loi sur les crédits agricoles qui sera débattu une autre fois.
Il me semble qu'il y aurait peut-être lieu, monsieur le président, d'interrompre momentanément notre étude pour discuter de l'accès au crédit parce que la question a été soulevée à plusieurs reprises.
Est-ce si difficile? Est-ce qu'on refuse le crédit à tout le monde ou seulement à quelques-uns?
M. Arsenault : Peu de gens obtiennent du crédit. Même les entrepreneurs voient leurs marges de crédit abaissées par les banques. Lorsque je parle à mes membres, ils me disent qu'il est pratiquement impossible d'obtenir du crédit à des taux raisonnables, et parfois même d'en obtenir simplement. Dans bon nombre de cas, les institutions financières ont décidé en bloc de n'accorder aucun crédit à l'industrie forestière. Dans certains cas, c'est simplement dû au fait que les investisseurs trouvent des industries en meilleure santé ou des industries qui offrent des taux de rendement du capital investi légèrement supérieurs lorsqu'ils cherchent un endroit où investir leur argent. Il n'en demeure pas moins que cela continuera d'occasionner le problème que nous avons tant que nous ne pourrons pas trouver un moyen de garantir un certain volume, et il existe des façons créatives d'y arriver que nous pouvons examiner.
En ce moment, nous discutons avec la Banque de développement du Canada de la possibilité qu'elle garantisse les prêts accordés, mais sans que cela représente une garantie de prêt. Nos entreprises seraient garantes des prêts accordés aux entrepreneurs indépendants, mais le gouvernement, par l'intermédiaire de la BDC, pourrait obtenir et garantir un fonds de, disons, 25 à 50 millions de dollars, ce qui permettrait aux entrepreneurs indépendants de chercher à se prévaloir de cet argent.
Les entreprises les plus grandes offriraient en fin de compte les garanties de prêt, mais le gouvernement les appuierait. Cette approche comporte peu de risques pour le gouvernement, et peut-être qu'en faisant quelque chose de ce genre, les entrepreneurs pourraient réduire leurs primes de risque et payer des taux raisonnables.
Le sénateur Mercer : Je vous adresse cette question, monsieur Reid, mais j'encourage les deux autres messieurs à formuler des observations sur le sujet, s'ils le désirent. Une des principales préoccupations dans le secteur forestier est de trouver un moyen de soutenir sa viabilité économique tout en préservant à long terme la santé des forêts. Dans le passé, nous avons entendu des témoins parler de produits à valeur ajoutée qui permettent de ne plus mettre principalement l'accent sur les matériaux bruts et d'accéder au marché des produits à valeur ajoutée. Cela pourrait grandement accroître les perspectives d'emploi, augmenter la prospérité économique et aider les collectivités rurales partout au Canada.
Une des principales difficultés consiste à mettre à profit ce potentiel. Il semble évident qu'une meilleure collaboration doit exister entre les gouvernements. Vous êtes le sous-ministre du ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick. Comment le gouvernement fédéral peut-il vous aider à créer ces emplois précisément au Nouveau-Brunswick, et évidemment, dans le reste des provinces de l'Atlantique, et peut-être dans le reste du Canada? Lorsque nous rédigerons notre rapport, comment dirons-nous au gouvernement fédéral : si vous faites cela et vous collaborez avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick, cela créera des emplois dans la province, et nous pouvons faire la même chose en Nouvelle-Écosse, au Québec et en Colombie-Britannique avec les mêmes résultats?
M. Reid : Je parle de la façon de créer de nouveaux emplois parce que nous en perdons dans l'industrie traditionnelle et nous devons passer en mode valeur ajoutée. Pour que cela se produise, un certain nombre de mesures doivent être prises avant. L'une d'elles est la recherche et le développement qui permettraient de concevoir de nouveaux produits, mais il y a certaines choses simples que nous pouvons faire.
Par exemple, nous exportons aux États-Unis des deux par quatre, des deux par six et des deux par huit. Ces produits sont tous liés à l'habitation. Je vous recommande de consulter le site web du MRN du Nouveau-Brunswick et de jeter un coup d'œil au rapport Woodbridge de la CIBC, le rapport sur la concurrence dans l'industrie. Il contient d'excellentes suggestions sur la façon de transformer ces produits primaires en composantes pour habitations. Nous pourrions ensuite les charger dans des conteneurs. Nous devons apprendre à l'industrie à faire ce genre de choses, et organiser des visites au cours desquelles les membres de l'industrie rencontreraient d'importants constructeurs d'habitations des États-Unis. Nous pouvons essayer de découvrir ce que les clients désirent vraiment et leur livrer cette marchandise.
Les constructeurs d'habitations des États-Unis ne veulent pas des deux par quatre en pièces détachées. Ils aimeraient recevoir des composantes qu'ils pourraient assembler sur place.
Le sénateur Mercer : Des fermes en bois.
M. Reid : Ils veulent des murs, des planchers, divisés en éléments qui peuvent être assemblés comme les pièces d'un puzzle. C'est beaucoup plus rapide et beaucoup moins cher. Ils peuvent nous envoyer leurs plans. Notre industrie crée les éléments à partir de bois d'œuvre, remplit le conteneur, l'expédie et le fait livrer directement sur le site où la maison est bâtie et ils n'ont plus qu'à la construire. Je crois comprendre qu'il y a beaucoup moins de vols lorsque vous procédez de cette manière, parce que les constructeurs sont victimes de nombreux vols au cours desquels des gens dérobent des matériaux de construction. Par contre, si vous disposez d'un conteneur, vous n'avez plus qu'à verrouiller la porte avant de partir pour la maison le soir.
Organiser les visites auprès des constructeurs américains est un domaine où le gouvernement fédéral pourrait nous venir en aide, peut-être en finançant certains de ces voyages aux États-Unis ou en nous aidant à enseigner à nos producteurs de marchandises traditionnelles comment convertir leurs activités, saisir les nouvelles occasions en matière de valeur ajoutée et établir des partenariats.
Ce n'est qu'un exemple de ce que nous devons commencer à faire autrement.
Le sénateur Mercer : Je ne vois trop pas en quoi c'est si différent. Comme le disait le sénateur Duffy, j'habite dans le nord de Halifax. Il s'y trouve un quartier bien connu des Haligoniens, parce qu'il se compose presque entièrement de maisons préfabriquées datant d'après la guerre. Ces maisons, qui arrivaient dans une grosse boîte, s'assemblaient en un rien de temps. Nous disions qu'elles étaient préfabriquées, justement parce qu'elles étaient usinées ailleurs et qu'on se contentait de les assembler dans l'ouest de la ville.
M. Reid : Je ne sais pas trop si vous parlez de maisons modulaires, mais il y a une différence entre les deux. Les maisons modulaires ne peuvent être déplacées que dans un certain périmètre en raison des coûts de transport. Je parle de situations où le fabricant reçoit un plan, taille le bois d'œuvre et construit la maison section par section. Il l'envoie ensuite par conteneur au promoteur immobilier, qui l'assemble sur place. C'est un peu différent. C'est encore du préfabriqué, mais c'est un peu différent. Au Nouveau-Brunswick, c'est dans ce créneau qu'il faut créer des emplois : dans l'assemblage. Le produit est préfabriqué au Nouveau-Brunswick, et l'assemblage se fait à l'endroit où la maison sera érigée.
[Français]
Le sénateur Rivard : On a entendu d'autres intervenants faire la même remarque sur les nouveaux produits. Je trouve l'idée très bonne, car en ce qui concerne les 2 X 4 et 2 X 6, la demande est moins forte et je vous encourage à aller de l'avant. Si vous pouvez avoir des mesures incitatives du gouvernement, tant mieux. Voilà pour ma remarque.
Dans les produits à développer, avez-vous pensé au marché des granules de bois, comme en Suède? Est-ce que c'est intéressant pour votre province?
[Traduction]
M. Reid : Le rapport de la CIBC dont je parlais tout à l'heure fait justement mention de l'industrie du granulé de bois. Je serai honnête et ne vous cacherai pas que ce rapport déconseille au gouvernement du Nouveau-Brunswick d'appuyer cette industrie sur son territoire. D'abord, parce qu'elle crée peu d'emplois; ensuite, parce que les emplois créés ne sont pas payants.
Selon le rapport en question, ce n'est qu'une question de temps avant que le marché ne soit inondé et que de nombreux producteurs ne se retrouvent en situation financière précaire.
Le rapport que nous avons commandé recommande au gouvernement de ne pas appuyer l'industrie du granulé de bois, mais il y a déjà des usines de ce type au Nouveau-Brunswick. Quelques entrepreneurs privés se sont lancés dans ce domaine.
Nous leur avons même donné un petit coup de pouce en leur donnant temporairement accès au bois de la Couronne, mais ce n'était que temporaire. Il faut que nous en gardions en réserve pour les nouveaux usages que nous voulons en faire.
[Français]
Le sénateur Rivard : En ce qui concerne la santé de la forêt, on sait que la tordeuse d'épinette a touché la Colombie- Britannique, l'Alberta et le Québec et maintenant, il y a la maladie du frêne. Je crois qu'au Nouveau-Brunswick vous n'avez pas ces calamités. Quel est l'état de santé de votre forêt?
[Traduction]
M. Reid : En général, les forêts du Nouveau-Brunswick se portent bien. Chaque année, mon ministère met en œuvre un programme efficace de détection des maladies et des insectes, dont nous surveillons la présence et l'intensité. Pour l'heure, ni les uns ni les autres ne causent de problèmes sérieux au Nouveau-Brunswick. Peut-être devrais-je toucher du bois. Nous savons qu'en Gaspésie, la tordeuse des bourgeons de l'épinette fait des ravages, mais nous espérons qu'elle y demeurera et qu'elle ne viendra pas au Nouveau-Brunswick.
Nous pouvons donc compter sur un excellent programme de détection des insectes et des maladies. Nous pouvons également compter sur Forest Protection Limited, qui appartient au gouvernement dans une proportion de 90 p. 100 et qui est prête à intervenir si les insectes ou les maladies devenaient une menace. Nous pouvons enfin compter sur un autre groupe qui s'occupe des virus et des phéromones. Bref, si les insectes et les maladies venaient à poser problème, nous avons les outils pour nous défendre.
[Français]
Le sénateur Rivard : Le tableau des exportations de produits forestiers dans le monde montre que les États-Unis sont votre plus gros client, avec tout près de 75 p. 100 des exportations.
Il est évident que vous êtes tributaires du taux de change. Quel serait un taux de change favorable? Vous allez probablement me répondre 0,60 $, le taux en vigueur il y a une vingtaine d'années. D'après vous, quel est le taux qui vous rendrait plus compétitifs? Est-ce qu'il serait de l'ordre de 0,80 $ ou 0,85 $?
M. Arsenault : Habituellement un dollar plus bas nous est favorable. Étant donné que le marché se concentre principalement aux États-Unis, le plus bas est le dollar, le mieux c'est. Lorsque le dollar canadien a quasiment atteint la parité, c'était le début du déclin de nos ventes.
Présentement, le dollar se situe aux alentours de 0,92 $, mais ce qui est différent cette fois-ci, c'est qu'étant donné que nos exportations sont réduites de 70 p. 100, on le ressent moins. On aurait cru qu'une baisse du dollar nous aurait aidés, mais lorsque les ventes sont à leur plus bas, il y a très peu de différence.
Le sénateur Rivard : Sur votre tableau figure la liste de tous les pays clients, mais je ne vois pas le Canada. Il y a l'Afrique, l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale, la Chine, la Corée, mais pas le Canada.
Est-ce parce que le Canada représente trop peu et que vous exportez la totalité de votre production?
[Traduction]
M. Reid : Plus de 90 p. 100 des produits fabriqués au Nouveau-Brunswick sont exportés. Nous pouvons difficilement exporter en Ontario ou au Québec, pour une simple question de distance. L'industrie forestière est active dans la quasi-totalité des provinces et territoires canadiens, alors si on ajoute la distance aux autres contraintes, cela devient presque impossible de demeurer concurrentiel.
Personne n'a jamais remis en doute le fait que nous soyons entièrement dépendants du marché américain, ce qui est loin d'être une bonne chose. C'est un autre aspect où le soutien du gouvernement fédéral pourrait nous être utile : on pourrait notamment nous aider à trouver de nouveaux marchés étrangers, qu'il s'agisse de l'Allemagne, de la Chine ou de l'Inde. Jusqu'à maintenant, nous étions à l'entière merci du marché américain, et nous en payons le prix. C'est aujourd'hui que les contrecoups se font sentir.
À l'avenir, il nous faudra explorer de nouveaux marchés.
Le Canada n'est pas un gros consommateur de bois. Nous ne sommes après tout que 30 millions d'habitants. Il suffit de se comparer avec les États-Unis, la Chine ou l'Inde pour comprendre que c'est de là que viendra la demande de demain. Il faut que nous trouvions d'autres marchés.
M. Arsenault : J'aimerais ajouter une chose. Nous risquons cependant de tomber sur un os si nous tentons d'explorer de nouveaux marchés. Notre industrie est essentiellement primaire. Comme il s'agit de produits de moindre valeur, les coûts d'expédition peuvent constituer un obstacle. Ce serait différent si nous fabriquions des produits transformés à valeur ajoutée, car une bonne partie des coûts d'expédition s'en trouveraient absorbés. Tous ces facteurs doivent être pris en considération.
En ce qui concerne le marché, nous nous sommes toujours tellement fiés à la robustesse du marché américain que, lorsque l'économie a commencé à ralentir, nous étions convaincus que cela ne durerait qu'un an ou deux. Nous n'avons donc pas cru bon de changer quoi que ce soit : ni la taille de nos opérations, ni les mesures de contrôle de la qualité, ni la dimension de nos produits. Pourquoi aller voir ailleurs, quand nous étions à proximité d'un si grand marché?
Les choses se seraient passées différemment si, dès le départ, nous avions prévu cinq ou six ans avant la sortie de crise. Nous nous y serions probablement pris autrement, mais à l'époque, nous étions convaincus qu'il nous suffisait d'attendre un an avant de ravoir accès à notre principal marché.
Le sénateur Cordy : Vous êtes tous de dignes représentants de l'industrie forestière néo-brunswickoise, je dirais même canadienne. Vous nous avez dit que l'industrie devra être prête lorsque le marché se rétablira, et vous nous avez dit ce qu'il fallait que nous fassions pour qu'elle le soit. J'aimerais revenir sur la difficulté que pose l'accès au crédit et aux capitaux, parce que si vous n'y avez pas accès maintenant, comment allez-vous faire pour que l'industrie soit prête au moment où l'économie reprendra de la vigueur?
Je ne peux m'empêcher de sourciller lorsque M. Arsenault nous dit que les entreprises ne peuvent pas remonter jusqu'à la source du crédit, parce que le gouvernement fédéral a pourtant versé un montant substantiel aux établissements de crédit pour qu'il y ait de l'argent disponible. Vous m'indiquez maintenant que de nombreux pans de l'industrie forestière n'y ont pas accès. Certains promoteurs de la Nouvelle-Écosse m'ont également souligné qu'ils n'avaient pas accès aux capitaux, ce qui se répercute nécessairement sur l'industrie forestière.
C'est M. Arsenault, je crois, qui nous a dit que nous devrions avoir d'autres réserves d'argent auxquelles les gens pourraient puiser. Peut-être pourrait-il nous préciser ce qu'il entend par là. J'aimerais également savoir comment il faudrait gérer les liquidités pour que ceux qui ont besoin de crédit n'y aient pas accès seulement en période de prospérité, mais aussi en temps de crise, comme aujourd'hui. Je suis également préoccupé de voir que les taux d'intérêt des institutions financières demeurent aussi élevés, alors que le taux directeur de la Banque du Canada n'atteint même pas 1 p. 100. Partout, j'entends que les taux d'intérêt sont les mêmes qu'aux beaux jours, c'est-à-dire faramineux, alors que, dans les faits, l'argent prêté est obtenu à moins de 1 p. 100.
M. Clark : J'ai beaucoup réfléchi à l'exemple de Financement agricole Canada, qui a été créé justement pour fournir du crédit lorsque les banques ne le pouvaient pas, probablement parce que le secteur agricole ne leur inspirait pas beaucoup confiance. Financement agricole Canada a été très utile pour les agriculteurs, qui ont ainsi pu bâtir leur entreprise ou continuer à la faire fonctionner. Peut-être avons-nous besoin d'une espèce de « Financement forestier Canada » pour nous aider à remettre l'industrie forestière sur pied... Si l'on veut remonter à la source des capitaux, il faudra que les entreprises forestières, les entrepreneurs et les citoyens puissent y avoir accès et puissent s'adresser à une instance qui comprenne leurs besoins. J'ai moi-même fait affaire avec Financement agricole Canada, et j'ai trouvé que les gens qui y travaillent sont très accommodants comparativement aux banquiers, parce qu'ils connaissent bien le monde dans lequel nous évoluons.
Ce serait ma suggestion pour créer des capitaux auxquels l'industrie pourrait avoir accès, et jusqu'auxquels on pourrait remonter.
M. Arsenault : C'est vrai qu'il faut sortir des sentiers battus, mais je ne crois pas qu'il doive s'agir absolument de prêts directs garantis par le gouvernement à des industriels ou à des particuliers. C'est aussi possible, mais je verrais très bien le gouvernement fédéral mettre de côté une grande quantité de liquidités dans laquelle les institutions pourraient puiser, ce qui leur permettrait d'atténuer leurs inquiétudes et de réduire leurs primes de risque. Cela permettrait également de garantir un certain volume, parce que la provenance des fonds serait assurée par le gouvernement. Je crois que si on laissait un peu cours à notre créativité, nous pourrions trouver une solution.
J'aime bien le modèle proposé par M. Clark. Nous avons eu des discussions avec la Banque de développement du Canada. Nous avons proposé que les titulaires de permis, bref, les grandes entreprises de la province, puissent garantir des prêts ou en contracter à titre de cosignataires afin de permettre aux entrepreneurs indépendants d'acheter, par exemple, la machinerie nécessaire pour faire la coupe du bois. Les grandes entreprises seraient tenues responsables si jamais le petit entrepreneur faisait défaut de paiement. Vu leur taille, elles pourraient certainement se permettre d'absorber quelques pertes, qui de toute façon seraient peu fréquentes.
Pour rendre le tout attrayant aux yeux des banques, il suffirait que le gouvernement garantisse une certaine somme d'argent, car on pourrait ainsi convaincre les banquiers qu'ils ne courent aucun risque, et éliminer du coup une partie de la prime de risque. C'est une de nos suggestions.
Ce programme-là suscite l'intérêt, c'est indéniable : les discussions se poursuivent, et nous espérons qu'il pourra voir le jour, même à titre de projet pilote, dans les semaines à venir.
Le sénateur Cordy : Vous en discutez avec qui? Le gouvernement fédéral?
M. Arsenault : Avec la Banque de développement du Canada.
M. Reid : Je ne suis pas certain de comprendre pourquoi l'argent ne se rend pas jusqu'au secteur forestier. Je siège au Conseil de développement industriel du Nouveau-Brunswick, et c'est incroyable le nombre de demandes d'aide financière que nous avons reçues au cours des six derniers mois. Et les gens ne nous demandent pas seulement des capitaux, ils ont besoin de liquidités pour assurer la survie de leur entreprise, du moins jusqu'à la reprise du marché. La province fait ce qu'elle peut, mais c'est difficile. L'industrie est mal en point. Je n'ai pas de solution, mais je sais cependant que ces entreprises doivent avoir accès au crédit, sinon beaucoup d'entre elles disparaîtront.
Le sénateur Cordy : Ce sera intéressant de savoir ce qui est arrivé à l'argent octroyé dans le budget : ce qui lui est arrivé, qui peut obtenir des prêts, à quels taux — et pas seulement dans l'industrie forestière, mais dans tous les secteurs — qui, dans les faits, a accès à cet argent. Je crois vous avoir entendu parler de macroéconomie. Est-ce que cela veut dire que seules les plus grosses entreprises y ont accès? Je crois qu'il y a là matière à réflexion.
M. Arsenault : Je n'en suis pas certain, moi non plus.
Le sénateur Cordy : Monsieur Clark, vous avez dit que le gouvernement fédéral pourrait instaurer des programmes à l'intention des citoyens qui se convertissent à l'énergie renouvelable pour le chauffage et consentir des rabais au titre des infrastructures. En tout cas, je suppose que vous parlez bien du gouvernement fédéral. Pouvez-vous nous expliquer comment, selon vous, fonctionnerait un éventuel programme de ce type?
M. Clark : Nous pensions par exemple à des crédits d'impôt remboursables qui inciteraient les gens à agir et les aiderait financièrement, que ce soit pour acheter un nouvel appareil de chauffage, installer un appareil extérieur permettant de chauffer plusieurs édifices ou se chauffer à la vapeur.
Le sénateur Cordy : Vous parlez autant des entreprises que des particuliers?
M. Clark : Tout à fait. Nous n'envisageons pas les choses de la même manière que peuvent le faire l'industrie et le gouvernement. Nous aimerions voir des installations électriques de moindre portée, produisant tout au plus un ou deux mégawatts, et nous aimerions qu'elles soient installées directement dans les villes et les villages concernés. L'énergie, au lieu d'utiliser le réseau de lignes à haute tension, serait plutôt distribuée localement, ce qui réduit d'autant les coûts de distribution.
Notre raisonnement est le suivant : Le bois qui servirait à produire l'électricité et la vapeur permettant de chauffer les maisons sera généralement de la plus faible valeur qui soit. Les coûts de transport doivent donc être réduits au minimum; le bois ne peut pas être transporté sur une grande distance. D'où l'intérêt des lignes électriques, car, si vous me permettez l'expression, elles peuvent « transporter » le bois pour bien moins cher que ne le peuvent les camions. En effet, si on peut convertir le bois en électricité et faire en sorte que cette électricité voyage par les lignes électriques, plutôt que par camion, nous pourrons réduire nos coûts de production globaux tout en demeurant concurrentiels.
Cette catégorie de bois se retrouve justement dans le diagramme auquel je faisais référence tout à l'heure. C'est l'un des chaînons manquants qui permettraient de combler le vide laissé par la disparition des usines de pâtes à papier. Nous pourrions ainsi trouver un usage au bois qui n'est ni du bois d'ossature, ni du bois de sciage.
Nous voulons trouver des usages qui nous permettent de retirer un avantage économique du bois et qui s'éloignent le moins possible des lieux de coupe, tout en développant des projets à moindre échelle. Récemment, les gens du Nouveau-Brunswick ont eu une bonne nouvelle. Il y a environ deux mois de cela, Énergie NB a annoncé qu'elle instaurait un nouveau taux pour l'énergie verte, c'est-à-dire 9,44 cents du kilowattheure. Nous pouvons maintenant nous servir de cette nouvelle donnée pour calculer les revenus que nous pourrons tirer des projets dont je parlais. Auparavant, Énergie NB n'était prête à donner que 5 cents du kilowattheure, et ne prévoyait aucun tarif spécial pour l'énergie verte. C'est donc à ce genre de choses que je pense quand je parle des politiques : des mesures incitatives pour les énergies vertes, qui favorisent ce type de développement. Je n'ai pas toutes les réponses, mais je sais seulement qu'il s'agit d'un bon concept qui mériterait que ceux qui définissent nos politiques et établissent nos impôts s'y attardent.
En 1986, je me suis acheté un beau camion tout neuf. À l'époque, je ne savais pas trop pourquoi, mais le gouvernement fédéral m'a octroyé un crédit d'impôt à l'investissement. Comme je n'en ai pas eu besoin au complet, j'ai reçu un chèque de 4 500 $. Ce montant m'a aidé à entretenir mon camion et à l'utiliser pour faire mon chemin dans l'industrie. Cette mesure a influencé ma réflexion et m'a décidé à acheter mon camion, du simple fait que je savais qu'elle existait. Et c'est là où je veux en venir. Il faut créer un vent d'optimisme et d'espoir. Comment puis-je réussir? Comment dois-je m'y prendre? Je crois que cela aiderait beaucoup.
Le sénateur Cordy : Un chèque du gouvernement, c'est toujours bienvenu.
M. Clark : Oui, surtout lorsqu'on le reçoit parce que l'on vient de poser un geste positif pour l'économie. Il peut s'agir d'un propriétaire qui s'achète un nouvel appareil de chauffage plus efficace ou qui décide de se chauffer au bois au lieu d'utiliser des plinthes chauffantes, qui gaspillent beaucoup d'énergie. Idéalement, si nous instaurons les bons incitatifs fiscaux, l'appareil de chauffage en question sera fabriqué au Canada, il sera installé par des Canadiens, et le bois qui l'alimente sera coupé par des Canadiens. C'est ainsi que l'on stimule l'activité économique du pays.
Le sénateur Duffy : Pour en revenir à l'accès au crédit, et à la question du sénateur Cordy, qui se demande où sont passés tous ces macromilliards, j'ai cru comprendre que le ministre de l'Industrie, M. Clement, avait eu une discussion des plus animées avec les directeurs de la Banque de développement du Canada. Est-ce que cette dernière s'est montrée réceptive à vos idées?
M. Arsenault : Tout à fait. Nous avons fait une présentation il y a environ un mois, et à l'époque, on nous a dit que nos projets ne correspondaient à aucun cadre ou à aucune politique. Le débat public faisait rage et, si j'ai bien compris, je crois que la question s'est retrouvée devant les hautes instances du Conseil du Trésor. Peu de temps après, la banque nous est revenue et nous a dit que certains volets semblaient intéressants et méritaient réflexion. Nous poursuivons nos pourparlers, mais il semblerait que les choses progressent.
Le sénateur Duffy : Selon ce que nous a dit le sénateur Mercer, le Sénat procède aujourd'hui à la deuxième lecture du projet de loi C-29. Je lis dans mes notes qu'il s'agit d'une loi visant à accroître la disponibilité des prêts agricoles et abrogeant la Loi sur les prêts destinés aux améliorations agricoles. Elle permettra notamment aux jeunes agriculteurs qui veulent racheter la ferme familiale d'obtenir des capitaux ou des garanties de prêt. Je crois que ce serait une excellente idée que nous nous inspirions de son contenu pour voir s'il ne peut pas être adapté aux propriétaires de lots boisés et aux entreprises forestières de moindre envergure. Peut-être tenons-nous là l'aspect créatif dont nous parlions tout à l'heure.
À propos des exportations, monsieur Reid, j'ai été frappé par ce que vous disiez au sujet de la maison qui vient dans une boîte. Comme vous le savez sans doute, les Maritimes sont aux prises avec un grave problème de surplus de homard. Selon divers spécialistes du marketing, il semble que l'on puisse observer, après une campagne de promotion bien orchestrée, une augmentation des ventes. À ce qu'on me dit, ces campagnes font des merveilles.
Selon ce que j'ai cru comprendre, si le bois canadien est tant prisé des Américains, c'est parce qu'il est plus solide et plus droit, qu'il a moins de défauts, qu'il ne gauchit pas et qu'il ne se tord pas. Il me semble donc que l'on pourrait miser sur ce point lorsqu'on tentera d'explorer de nouveaux marchés et insister sur le fait que les maisons construites avec du bois d'origine canadienne seront de meilleure qualité.
M. Reid : Ça ne fait aucun doute. Le bois d'œuvre du Canada est de qualité, et il est très solide. Les fabricants peuvent certainement faire valoir la qualité associée à la production de ces matériaux. Ils doivent se rendre jusqu'aux acheteurs pour leur montrer leurs produits. Ils doivent tisser des liens, se montrer ouverts et savoir s'adapter aux besoins du client.
Cela ne fait aucun doute que nos produits forestiers figurent parmi les meilleurs du monde. À cause du climat, le bois pousse moins vite et ses cernes sont plus rapprochés, ce qui lui donne de la force. Et surtout, il gauchit rarement et n'a presque jamais de flaches. La qualité est là, c'est indéniable.
Le sénateur Duffy : Je connais un petit atelier d'usinage, dans la vallée de l'Outaouais, où l'on fabrique des pièces pour l'usine de Boeing de la côte Ouest. Les plans de conception et de fabrication assistés par ordinateur sont envoyés par courriel. Ils servent ensuite à produire des pièces très spécialisées en un ou deux exemplaires pour Boeing.
Si l'on pouvait tisser de tels liens avec des gens qui construisent des milliers de maisons, ce serait un moyen fantastique d'ajouter de la valeur à nos produits. Nous faisons déjà des maisons préfabriquées. Nous prendrions une direction légèrement différente, c'est vrai, mais nous pourrions alors offrir un produit de qualité incomparable.
M. Reid : Sans compter que, comme on les met dans des conteneurs, elles peuvent parcourir de longue distance. Ce qui n'est pas le cas des maisons modulaires, pour lesquelles la distance est une contrainte.
M. Arsenault : Ce que j'aime dans tout cela, c'est qu'en plus de faire circuler les produits du bois, on crée aussi une nouvelle industrie. Il faudrait mettre les programmes de formation à jour, mais nous pourrions ainsi former autant d'ingénieurs que d'ouvriers. Car il ne faut pas oublier le rôle du système d'éducation, et c'est ici que le gouvernement fédéral entre en jeu. Les facultés de génie et d'architecture devront changer la manière dont elles envisagent la construction d'une maison. On parle ici d'un exercice de mise à niveau de très grande envergure, et c'est ce qui nous permettra de créer un tout nouveau secteur.
Le sénateur Duffy : C'est bien beau tout cela, mais nous devons alors nous demander comment nous pouvons aider l'industrie à survivre aux quelques années de vache maigre qui restent avant que l'économie ne reprenne de la vigueur. J'espère que vous pourrez nous fournir d'autres idées de financement provisoire. Les hypothèques sont déjà garanties par le gouvernement, par l'entremise de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. En échange d'un certain montant, le gouvernement devient votre partenaire en vous permettant d'acheter votre maison. Nous aimerions savoir comment nous pouvons venir en aide à votre industrie, et plus particulièrement aux familles qui la composent. L'industrie forestière est le plus gros employeur du Canada. Dans certaines petites localités, c'est même le seul employeur. Nous en sommes conscients et nous voulons faire tout en notre pouvoir pour vous aider.
M. Reid : Je suis ravi de vous l'entendre dire. Il faut revoir l'accès au crédit. Vous avez raison : il faut que nous aidions l'industrie à survivre pour quelques années encore. Les marchés reprendront de la vigueur, il suffit de savoir quand. Il faudra que notre industrie soit prête à ce moment-là, et il faudra que nous soyons à l'avant-garde, et non à la traîne derrière les autres industries. Je me réjouis de vos propos, et nous nous pencherons de nouveau sur la question du financement, pour voir si nous ne pourrions pas trouver une solution.
M. Arseneault : J'aimerais parler d'un point que l'on n'a pas encore abordé aujourd'hui, mais que les membres du comité auraient peut-être avantage à garder à l'esprit. Nous avons les mains quelque peu liées par l'entente sur le bois d'œuvre. Il s'agit d'un enjeu particulièrement important pour la région de l'Atlantique. Comme nous sommes censés payer notre bois à sa juste valeur marchande, au lieu d'être hautement subventionnés, nous n'avons pas à payer de droits compensateurs. La seule raison qui fait que nous avons réussi à survivre aussi longtemps en payant notre bois plus cher, c'est parce que nous n'avons pas à payer de droits compensateurs aux États-Unis.
Si l'entente sur le bois d'œuvre devait tomber et que le Nouveau-Brunswick devait soudainement commencer à payer des droits compensateurs, il en souffrirait beaucoup plus que les autres provinces, parce qu'il perdrait l'avantage proportionnel qu'il détient actuellement. Cette entente comporte de nombreux détails. Les subventions directes sont interdites, et il y a de nombreux écueils dont le comité doit tenir compte dans ses recommandations. Si vous le souhaitez, nous pourrions certainement prendre connaissance d'avance de vos recommandations, pour s'assurer qu'elles ne risquent pas de poser problème.
Le sénateur Duffy : Il y a des avantages à ce que les forêts appartiennent au privé.
M. Arsenault : En effet.
M. Clark : M. Reid nous a dit que le gouvernement du Nouveau-Brunswick n'appuyait pas les projets liés au granulé du bois, contrairement à certains particuliers. Je représente quelques propriétaires de lots boisés qui se sont lancés dans l'aventure. Il y a notamment une petite usine que l'on s'apprête à bâtir et qui réussira à produire du granulé, même si elle n'a pas reçu l'aide qu'elle aurait dû recevoir. En fait, sa production aurait pu commencer dès l'année dernière si elle avait reçu de l'aide quand elle en avait besoin.
Si l'on pouvait démontrer que ces usines peuvent être construites et exploitées pendant trois ans, après quoi les dépenses en immobilisation seraient interrompues, on pourrait ainsi employer temporairement les gens qui travaillent en forêt et assurer la survie de l'industrie. Quand bien même elles devraient être démontées à la fin de cette période, faute de marché intéressant, elles auraient au moins réussi à garder l'industrie vivante. Personnellement, je ne crois même pas qu'elles devront être démantelées après trois ans, mais c'est vrai que la situation est désespérée. Si nous pouvions seulement convaincre les gens de faire fonctionner leurs usines assez pour faire un peu d'argent et créer de l'emploi dans certaines régions, j'aimerais bien qu'un ordre de gouvernement ou un autre leur vienne en aide.
Le sénateur Fairbairn : J'aimerais revenir sur la question du crédit agricole. Je viens d'une région, dans le sud-ouest de l'Alberta, qui a connu son lot de problèmes : quand ce n'était pas la vache folle, c'était le dendroctone du pin, quand ce n'était pas autre chose. Le parallèle avec le crédit agricole s'est révélé à maintes fois juste dans notre coin de pays, même lorsque la situation était à son plus difficile.
Votre situation n'est pas exactement la même, j'en conviens, mais en période de restrictions et d'incertitude, c'est une solution qui donne des résultats. Je vous invite à garder l'œil ouvert.
Je rencontre souvent des jeunes Néo-Brunswickois dans l'avion entre ici et l'Alberta.
Avant même que les sujets d'aujourd'hui ne soient soulevés autour de cette table, j'en discutais déjà avec eux. Ces jeunes-là songent à déménager en Alberta, parce qu'ils y voient une porte de sortie. Chaque fois, après des heures de discussion, même s'ils n'aimaient pas ce qu'ils entendaient à propos du dendroctone du pin, ils continuaient de rêver aux montagnes, aux Rocheuses, et au Sud-Ouest de notre province. La plupart travaillaient déjà depuis un bon bout de temps dans l'industrie forestière et ne doutaient pas un seul instant que la chance leur sourirait. Peut-être est-ce que je me fais vieille, mais il me semble qu'ils étaient terriblement jeunes.
Dans la province, pour le système dans lequel la relève s'intègre à l'industrie, des options sont évidentes. Pour les plus jeunes, existe-t-il des occasions qui leur permettront de rester dans la province jusqu'à ce que les diverses circonstances dont nous avons parlé ce soir reviennent à la normale et que l'activité reprenne? Faites-vous de réels efforts pour garder ces jeunes chez vous?
M. Clark : Les programmes de sylviculture nous y aident effectivement. Ils leur donnent du travail. Nous sommes particulièrement reconnaissants de l'ajout de la somme de 1,75 million de dollars aux 6 millions que nous pourrons dépenser au Nouveau-Brunswick cette année, notamment pour retenir des travailleurs dans la province. Nous en avons parlé, ainsi que des avantages de la sylviculture. C'est une partie des solutions.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous devons examiner certaines de ces options. Une usine de granulés ou n'importe quoi d'autre, même s'il s'agit d'un remède temporaire, nous permettra de tenir jusqu'à ce que le marché états-unien redémarre et que la demande de bois retrouve la force qui permettra aux prix d'augmenter et aux usines de redevenir rentables. Nous avons besoin de ces options.
Je connais personnellement un certain nombre d'usines que M. Arsenault représente et je sais qu'un grand nombre d'entre elles se sont modernisées et qu'elles constituent des exploitations intéressantes, dirigées par des personnes compétentes. Pour qu'elles se tirent d'affaire, il suffit que les prix et le marché soient au rendez-vous. Les gestionnaires sont compétents, les travailleurs sont vaillants et intelligents. Ils ont besoin d'un marché.
Entre-temps, si des idées comme celles que j'ai proposées à l'égard des usines de granulés peuvent les aider à tenir bon, nous devrions les appliquer rapidement avant de gaspiller davantage cette relève.
M. Reid : Sénateur, pour le Nouveau-Brunswick, la concurrence avec d'autres provinces ou États présente une difficulté réelle. Beaucoup de ces jeunes ont contracté des dettes d'études postsecondaires. Ils cherchent un endroit où ils pourront faire le plus d'argent.
Le sénateur Fairbairn : C'est exactement ce qu'ils m'ont dit, et certains d'entre eux avaient de jeunes enfants.
M. Reid : Ils ont des dettes à rembourser. Que font-ils? Ils se tournent vers l'Alberta pour se trouver du travail. Malheureusement, une fois installés là-bas, ils sont bientôt rejoints par leur famille, et nous ne les revoyons plus. Ce n'était pas le but que nous recherchions. Le Nouveau-Brunswick s'est donné un secrétariat de la croissance démographique en vue de retenir les Néo-Brunswickois et même de recruter des gens de l'extérieur. Notre population plafonne. C'est également un problème.
Le sénateur Fairbairn : C'était un peu ce que je voulais faire valoir.
M. Reid : L'échelle des salaires rend la concurrence difficile avec l'extérieur. Et pas seulement pour les travailleurs de la forêt, mais aussi pour les infirmières, les médecins et les ingénieurs.
Le sénateur Fairbairn : Peut-être aussi même pour les enseignants.
M. Reid : En effet, toutes les professions. C'est un véritable problème pour nous, au Nouveau-Brunswick. Des solutions commencent à nous venir. Par exemple, si on travaille trois ans dans la province, le gouvernement paie l'équivalent d'un an d'université pour chaque année travaillée. Il y a d'autres idées du genre. Cela coûte de l'argent au gouvernement. Il est évident que nous devons trouver des moyens pour encourager les jeunes à rester dans la province.
Le sénateur Fairbairn : Je suis convaincu que vous en trouverez.
Le sénateur Mercer : J'aimerais éclaircir un autre point.
Monsieur Clark, dans la troisième recommandation de votre exposé, vous dites : « Nous envisageons un avenir où des collectivités pourraient elles-mêmes produire leur chauffage et leur électricité et utiliser du bois local pour assurer le chauffage et l'alimentation en électricité de leurs écoles, résidences et édifices gouvernementaux. »
M. Reid a parlé de ce qu'il considère comme la possible surabondance de granulés de bois. Dans la province d'où je viens, partout où vous alliez, l'hiver dernier, il y avait pénurie de granulés, et certains de mes collègues qui retournaient chez eux se sont fait demander d'arrêter au Nouveau-Brunswick pour acheter des granulés, dont la province ne manquait pas.
Je vis dans une communauté rurale. Pas loin de chez moi, quelqu'un vend des appareils de chauffage extérieur au bois. Je compte bien, quand j'en aurai la chance, m'arrêter chez lui et examiner la chose. L'appareil est installé dehors et il fonctionne au bois. Il chauffe la maison. Certains détails techniques m'échappent.
Si on profite de l'approvisionnement en bois, la mise au point d'appareils extérieurs de chauffage a-t-elle un avenir? J'utilise partiellement le chauffage au bois pour ma maison. Pendant l'hiver, je brûle environ quatre cordes, dont le prix n'a pas baissé, même si l'offre est censée avoir augmenté.
M. Clark : La technique que vous décrivez utilise en fait la vapeur qui est acheminée sous terre dans la maison.
Le sénateur Mercer : Je pense que cela dépend de ce qui est déjà utilisé pour chauffer la maison. Si on utilise de l'air chaud, la chaleur produite sera acheminée via ce système. Manque de chance! Je chauffe à l'électricité. Cette technique ne me sera d'aucune aide, mais elle pourrait aider quelqu'un qui chauffe déjà sa maison à l'air chaud ou à l'eau chaude.
M. Clark : Avec la production de chaleur et d'électricité, on franchit une étape de plus, la chaleur servant d'abord à actionner une turbine à vapeur, puis la vapeur servant à chauffer les bâtiments, ce qui permet de retirer davantage de la combustion du bois avec lequel on fait d'une pierre deux coups.
Selon un documentaire que j'ai vu récemment, des villages scandinaves sont équipés d'une seule chaufferie qui alimente des conduites de vapeur traversant la localité à la manière de conduites de gaz naturel. C'est une conduite de vapeur qui, à la place, se rend dans les maisons. On chauffe ainsi tout un quartier. À l'échelle d'un ou de deux mégawatts, on dispose de suffisamment d'électricité pour chauffer un certain nombre de bâtiments.
Récemment, à notre demande, le ministre de l'Énergie du Nouveau-Brunswick, Jack Keir, nous a accordé 75 000 $ pour aider à l'étude technique de différentes configurations que nous pourrons mettre à l'essai. C'est une de nos priorités.
Les techniques de production d'électricité, ça nous connaît; idem pour l'électricité produite au moyen de la vapeur. Ce qu'il reste à faire, c'est de dimensionner ces technologies et de décider des meilleurs endroits où les implanter et les faire fonctionner, parce qu'elles sont susceptibles de vraiment aider les communautés de diverses façons. Grâce à elles, on peut compter sur une source locale stable de chaleur, pour le chauffage de sa maison, à l'abri des caprices de quelqu'un d'autre. La technologie aide à réduire les gaz à effet de serre. D'après les chiffres que j'ai vus récemment dans un journal, le chauffage à l'huile importée permet de retenir dans la communauté 10 p. 100 des dollars qu'on y a consacrés. Avec le bois, on parle de 70 p. 100. Quelle différence! C'est ce qu'il faut chercher à obtenir. Nous devons exploiter les techniques que nous connaissons déjà et choisir les meilleures façons de les configurer et de les apparier pour en retirer le plus grand avantage possible.
Le président : Messieurs Clark, Arsenault et Reid, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Vous nous avez réellement éclairés.
[Français]
Sur cette note, je vous remercie de vous être déplacés pour venir nous rencontrer et partager votre expérience.
[Traduction]
Avant que nous levions la séance, si vous avez des observations à faire, allez-y s'il vous plaît.
En ma qualité de président, ce qui me permet de rencontrer des groupes qui représentent l'industrie et les communautés, je suis convaincu que les exposés que nous avons entendus de chefs de file comme vous auraient été anachroniques il y a 10 ou 15 ans. Aujourd'hui, en raison des défis que nous devons relever dans l'industrie, l'occasion à saisir ne nous échappe pas, ni au comité ni à moi. Nous visiterons la région de l'Atlantique, et je vous remercie de votre invitation de nous arrêter au Nouveau-Brunswick.
Merci beaucoup. Nous poursuivons cette étude et vous pourrez en suivre l'évolution sur Internet. Vous aurez ainsi l'occasion de nous fournir des renseignements supplémentaires. Les renseignements que vous nous avez communiqués seront très utiles et, à n'en pas douter, ils permettront au comité d'influer sur les décisions des gouvernements c'est-à- dire des instances municipales, provinciales et fédérales, même si nous ne voulons pas nous attaquer à la question des responsabilités constitutionnelles en matière de forêts.
(La séance est levée.)