Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 9 - Témoignages du 22 octobre 2009
OTTAWA, le jeudi 22 octobre 2009
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 8 h 7, afin d'étudier l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada.
Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Bonjour à tous, chers collègues. Je constate que nous avons le quorum. Je déclare donc la séance ouverte.
[Français]
Messieurs les témoins, je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je suis le sénateur Mockler du Nouveau-Brunswick, président de ce comité.
[Traduction]
Au nom du comité, je tiens à souhaiter la bienvenue à MM. Tom Rosser et Bob Jones. La vice-présidente, le sénateur Fairbairn, vient de l'Alberta. Je demanderais maintenant aux autres membres du comité de se présenter.
Le sénateur Mercer : Je suis le sénateur Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse.
[Français]
Le sénateur Poulin : Je suis le sénateur Poulin et je représente le Nord de l'Ontario au Sénat.
[Traduction]
Le sénateur Plett : Je suis le sénateur Don Plett de Landmark, au Manitoba.
Le sénateur Finley : Doug Finley, Ontario-Côte Sud.
Le sénateur Eaton : Je suis Nicole Eaton, du Grand Toronto.
[Français]
Le sénateur Rivard : Je suis le sénateur Rivard et je représente la ville de Québec.
[Traduction]
Le président : Le comité poursuit son étude sur l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada. Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir, de Ressources naturelles Canada, M. Tom Rosser, directeur général, Direction de la politique, de l'économie et de l'industrie, Service canadien des forêts; et Bob Jones, Division de l'industrie et du commerce, Service canadien des forêts.
Je vous remercie, messieurs, d'avoir accepté de témoigner aujourd'hui. Lorsque nous examinons la situation actuelle du secteur forestier au Canada, vous avez un rôle important à jouer, et nous de même.
Monsieur Rosser, je vous invite à faire votre déclaration préliminaire. À titre indicatif, nous allons ensuite procéder à une période de questions.
Tom Rosser, directeur général, Direction de la politique, de l'économie et de l'industrie, Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada : Merci, monsieur le président. Nous vous sommes reconnaissants de nous avoir invités pour vous parler d'un programme dont nous sommes responsables, l'initiative Le bois nord-américain d'abord. Je suis conscient que certains de nos partenaires ont témoigné devant le comité. J'espère que nous allons vous aider à mieux comprendre le programme en complétant leurs témoignages. Nous allons également aborder certaines initiatives associées au secteur des produits du bois que gère Ressources naturelles Canada.
L'initiative Le bois nord-américain d'abord fait partie d'une série de programmes dont nous sommes responsables. L'objectif est d'élargir et de diversifier les marchés des produits du bois du Canada. Pourquoi le gouvernement du Canada sent-il qu'il a un rôle à jouer en ce sens? Il y a quelques raisons, la plus importante étant que le Canada est de loin le plus grand exportateur mondial de produits en bois massif et, par conséquent, il serait à notre avantage que les marchés des produits du bois prennent mondialement de l'expansion.
Comme son nom le sous-entend, l'initiative Le bois nord-américain d'abord vise les marchés nord-américains. Nous tentons aussi de développer activement les marchés étrangers. Pendant de nombreuses années, le gouvernement du Canada a tenté de créer des débouchés pour le bois sur les marchés d'outre-mer, particulièrement au Japon et en Europe. Ceux-ci sont tous deux devenus des marchés étrangers majeurs. Plus récemment, nous avons concentré nos efforts sur les marchés émergents, comme ceux de la Corée du Sud et de la Chine. Nous observons déjà une croissance importante des exportations vers ces marchés. Selon nous, ils constituent un potentiel très important à long terme.
Le bois est différent de la plupart des autres produits provenant des ressources naturelles. Prenons l'exemple de la consommation des pâtes et papiers. Lorsqu'on étudie la consommation par habitant et le revenu par habitant d'un pays, on constate que les deux sont étroitement liés. On peut donc présumer que la consommation du produit dans un pays est fonction du revenu de ses habitants, ce qui sous-entend alors qu'il n'y a pas beaucoup de potentiel à développer des marchés pour ce produit par des efforts de promotion.
Pour le bois, c'est différent. Dans le monde, la consommation par habitant varie largement d'un pays à l'autre. C'est parce que le bois est principalement utilisé comme matériau de construction; chaque pays a une culture et des pratiques différentes quant à l'utilisation des matériaux pour la construction.
En retour, il y a donc une occasion d'accroître les marchés pour le bois grâce à des campagnes promotionnelles, en incitant les gens à envisager d'utiliser le bois dans des méthodes non traditionnelles. De fait, ces promotions visent à apporter un changement culturel chez les constructeurs, les architectes et, en fin de compte, les consommateurs de bâtiments et de matériaux de construction. L'initiative Le bois nord-américain d'abord s'inscrit dans le cadre de cet effort.
En Amérique du Nord, selon les normes mondiales, le Canada et les États-Unis se démarquent tous deux par leur très forte consommation par habitant de produits du bois. Cependant, je n'irais pas jusqu'à dire « exclusivement », mais le bois demeure utilisé principalement dans la construction résidentielle. La majorité des maisons construites en Amérique du Nord sont en bois. On utilise relativement peu de bois dans le domaine de la construction non résidentielle, notamment pour construire des écoles, des hôpitaux, des centres commerciaux et ainsi de suite.
La consommation canadienne de bois par habitant est plus élevée que celle des États-Unis. Nous voyons toutefois, même en vertu des codes du bâtiment en vigueur, l'occasion de développer ce marché en Amérique du Nord en faisant la promotion de l'utilisation du bois dans les méthodes et des usages non traditionnels. Nous croyons que l'occasion se présente non seulement pour accroître la demande des produits canadiens du bois, mais aussi pour diversifier les marchés.
Comme vous le savez sans doute tous, le secteur résidentiel aux États-Unis était au cœur de la crise financière mondiale. En conséquence, la construction de logements aux États-Unis se trouve à son plus bas depuis les années d'après-guerre. On s'attend à ce que nos voisins du Sud construisent 600 000 logements environ cette année. En 2005- 2006, on en construisait plus de deux millions par année. Il y a donc ce creux cyclique très profond dans la construction résidentielle aux États-Unis. Voilà qui donne du poids à l'argument selon lequel il faut diversifier les marchés pour les produits canadiens du bois, à la fois géographiquement et en termes d'utilisation finale. En d'autres mots, nous voulons éviter de mettre tous nos œufs dans le même panier.
Sur le plan des caractéristiques de l'initiative Le bois nord-américain d'abord, nous avons préparé une courte présentation PowerPoint. Si je ne m'abuse, les membres du comité en ont obtenu un exemplaire. Prenons la troisième diapositive.
L'objectif de l'initiative Le bois nord-américain d'abord est de promouvoir une hausse de l'utilisation du bois dans le domaine de la construction non résidentielle en Amérique du Nord. Pour y arriver, nous travaillons en partenariat avec un certain nombre d'organisations diverses. Les gouvernements provinciaux sont souvent nos partenaires de financement. Nous travaillons avec les entreprises et le Conseil binational sur le bois d'œuvre, une organisation qui regroupe les leaders de l'industrie des deux côtés de la frontière canado-américaine sur des questions d'intérêt commun. Comme vous vous en doutez, en particulier en ce qui concerne nos activités aux États-Unis, les producteurs canadiens et américains ont tous deux intérêt à ce que soient développés les marchés des produits du bois. Cette année, nous prévoyons que le programme fournira 5,8 millions de dollars environ à nos divers partenaires en Amérique du Nord.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, l'objectif réel de cette initiative est d'apporter un changement culturel. Nous voulons que les gens qui choisissent les matériaux de construction songent à utiliser le bois dans des applications non traditionnelles. Pour ce faire, ce programme a recours à un certain nombre de moyens. Il appuie un réseau de 24 conseillers techniques qui travaillent à des projets individuels et qui fournissent un appui technique aux personnes qui utilisent le bois.
Nous organisons des ateliers dans le milieu universitaire ainsi que des colloques sur le bois comme solution. On peut souvent attirer jusqu'à un millier de personnes qui interviennent d'une façon ou d'une autre dans le secteur de la construction. Ces événements visent à les sensibiliser, à les inciter à envisager le bois comme matériau, à leur donner des idées d'utilisation, ainsi qu'à leur donner les outils et le savoir-faire technique qu'il leur faut pour utiliser le bois efficacement.
À la page suivante, vous allez trouver un aperçu d'une évaluation du potentiel que nous voulons atteindre grâce à ce programme, en augmentant l'utilisation du bois en dehors du secteur résidentiel. Ces chiffres correspondent au bois d'œuvre et aux panneaux dans le marché non résidentiel au Canada et aux États-Unis. Ce sont des estimations du potentiel qu'il est théoriquement possible de réaliser en augmentant l'utilisation du bois. Ces données se fondent sur les codes du bâtiment existants et elles correspondent à ce que nous estimons être un potentiel réaliste. Sans exagérations, nous estimons que la taille de ce marché pourrait totaliser de 5 à 8 milliards de dollars.
Dans la colonne de gauche se trouve le potentiel de l'utilisation accrue du bois d'œuvre, évalué en pieds-planche. Actuellement, la consommation totale du marché nord-américain de bois d'œuvre se situe entre 43 et 45 milliards de pieds-planche, ce qui est plus faible qu'habituellement. Cependant, cet aperçu vous donne une idée de la taille et de la portée du potentiel que nous constatons. Ainsi, le gain réaliste dans l'utilisation du bois d'œuvre grâce à ces activités est de presque six milliards de pieds-planche.
Dans le cadre de l'initiative Le bois nord-américain d'abord, nous avons un partenaire qui s'appelle Wood WORKS! La sixième diapositive vous donne un aperçu de quelques-unes de leurs activités récentes, menées en collaboration avec les promoteurs de projets individuels pour tenter de promouvoir l'utilisation du bois. Cette organisation a réalisé des dizaines de projets — on dit ici 55 projets — où elle a été en mesure d'influencer le choix des matériaux.
Je dois porter un détail à votre attention. Le potentiel de hausse de l'utilisation du bois que nous visons est en fonction des technologies et des codes du bâtiment actuels. Ressources naturelles Canada finance divers efforts d'innovation dans le secteur forestier. J'ai cru comprendre que des représentants de FPInnovations ont récemment témoigné devant ce comité.
Le financement que nous versons à cette organisation sert en partie à développer de nouveaux produits, systèmes et matériaux de construction qui créeraient davantage d'occasions d'utiliser le bois de diverses manières. Parmi ses innovations, FPInnovations a notamment créé des systèmes de construction et des plates-formes de plus de quatre étages qui sont construits en bois.
Jusqu'il y a quelques mois, il était impossible de construire un bâtiment en bois de plus de quatre étages. Grâce aux travaux dirigés par FPInnovations, la construction de bâtiments en bois d'au maximum six étages a été permise au Canada. L'un de ces bâtiments en bois est actuellement en construction dans la ville de Québec, et je crois qu'on prévoit en ériger un en Colombie-Britannique.
Le potentiel du marché que nous cherchons à atteindre grâce à ces programmes n'est pas immuable. Il dépend de la réglementation, des codes du bâtiment et de la technologie. Or, la technologie et les codes du bâtiment évoluent constamment.
Pour inciter les gens à réfléchir sur l'utilisation non traditionnelle du bois, peu de choses sont plus efficaces que de mettre en lumière des bâtiments d'importance. La démonstration de ces bâtiments joue un rôle majeur dans nos efforts de promotion. Je ne serais pas surpris d'entendre que d'autres témoins vous ont parlé de l'exemple que je m'apprête à vous donner. Il s'agit de l'anneau olympique ovale de Richmond, en Colombie-Britannique. C'est là qu'auront lieu les épreuves de patinage de vitesse des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010. L'autre photo sur cette diapositive est celle du Centre des congrès de Vancouver qui a récemment été achevé. Il s'agit là également d'un projet de prestige pour les produits en bois massif.
[Français]
Un de nos partenaires dans ce programme est CECOBOIS, une entreprise basée au Québec et dont les travaux s'apparentent à ceux de Wood WORKS! ailleurs au Canada. CECOBOIS publie un journal intitulé Construire en bois. De plus, l'entreprise a établi un partenariat avec l'Ordre des architectes du Québec.
Nous travaillons également avec plusieurs municipalités du Québec dont certaines ont adopté des résolutions pour promouvoir l'utilisation du bois.
Sur la diapositive 9, on voit l'édifice de la CSN à Québec. C'est le premier édifice de six étages au Canada construit en bois. On peut voir également une photographie de La Charpenterie à Chicoutimi. Cette compagnie se spécialise dans la fabrication de fermes de toit. Elle a rebâti son usine entièrement en bois.
On peut voir une autre photo sur laquelle apparaît la nouvelle usine de la Faberca, une importante compagnie située à Shawinigan, qui se spécialise dans la fabrication de composantes préfabriquées et de produits à valeur ajoutée comme les fenêtres.
[Traduction]
Aux États-Unis, nos activités se concentrent sur les régions du pays où le potentiel du marché est le plus élevé, ce qui inclut le Sud-Est, le Centre-Nord et la Californie. Tous nos partenaires nord-américains coopèrent avec le milieu universitaire. On dit que les programmes universitaires destinés aux ingénieurs et aux architectes accordent souvent très peu d'importance à l'utilisation du bois. Nos partenaires américains ont travaillé avec 15 différentes universités afin d'élaborer deux cours de 15 modules chacun. Ces cours sont axés sur l'utilisation du bois dans la construction non résidentielle.
Travailler avec les organismes de règlementation en matière de toiture est une autre initiative entreprise aux États- Unis ainsi que par nos partenaires ailleurs au Canada, là où les codes du bâtiment font obstacle à l'utilisation du bois. Nous travaillons avec eux dans le but de trouver une solution à ces problèmes.
Bob Jones, directeur, Division de l'industrie et du commerce, Direction de la politique, de l'économie et de l'industrie, Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada : L'industrie du bois a beaucoup de difficulté à pénétrer le marché commercial parce que les ingénieurs et les architectes ne savent tout simplement pas comment concevoir des immeubles en bois. De nombreux progiciels sont offerts aux architectes des industries de l'acier et du béton; ils peuvent les utiliser pour concevoir un immeuble assez rapidement. Ce n'est pas le cas dans l'industrie du bois, où il y a peu de progiciels qui montrent comment concevoir un centre commercial ou une école. L'initiative Le bois nord-américain d'abord a permis notamment de favoriser la conception de progiciels de ce type non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada.
L'autre problème, et M. Rosser en a parlé, c'est que l'on n'enseigne pas l'utilisation du bois à l'université. L'initiative vise également à introduire des programmes sur l'utilisation du bois dans les universités. Il faudra du temps, cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais nous avons constaté une certaine ouverture au cours des dernières années. Les nouveaux architectes et ingénieurs qui sortent de l'université et qui ont un peu de connaissances sur l'utilisation du bois représentent l'avenir de l'industrie.
Les codes du bâtiment sont un autre obstacle, comme l'a dit M. Rosser. Actuellement, le bois peut être utilisé dans de nombreux cas, mais les codes de construction posent problème, tant au Canada qu'aux États-Unis. Nous essayons de modifier les codes du bâtiment partout en Amérique du Nord afin qu'ils favorisent davantage l'utilisation du bois.
L'initiative permet également d'organiser des colloques sur l'utilisation du bois à l'issue desquels les architectes reçoivent une accréditation. Un certain nombre de colloques WoodWORKS! sont accrédités.
Nous espérons que ces mesures vont permettre de créer une culture du bois dans le secteur de la construction non résidentielle.
M. Rosser : Les bâtiments modèles sont l'un des moyens les plus efficaces d'amener les gens à envisager sérieusement l'utilisation du bois. Grâce au Plan d'action économique du Canada, nous allons recevoir 10 millions de dollars au cours des deux prochaines années afin de former des partenariats pour des projets de démonstration du bois à grande échelle dans les marchés étrangers ainsi qu'au Canada. C'est une occasion unique d'attirer l'attention sur l'utilisation du bois, de faire progresser les efforts de promotion du bois. Nous sommes sur le point de conclure des partenariats pour un certain nombre de projets en Chine et en Corée du Sud. Nous avons également entrepris des démarches en vue d'établir des projets nationaux de démonstration du bois et nous espérons former des partenariats d'ici la fin de l'année.
[Français]
Le sénateur Poulin : J'aimerais tout d'abord remercier nos témoins de leur excellente présentation. Le programme dont vous parlez est d'une grande importance en cette période de crise forestière que traversent toutes les entreprises au pays. En quelle année le programme a-t-il débuté?
M. Rosser : En 2007.
Le sénateur Poulin : Le programme existe que depuis deux ans.
M. Rosser : En effet. Nous venons de terminer notre troisième exercice budgétaire. Initialement, il s'agissait d'un programme de deux ans. Toutefois, les fonds ont été renouvelés au début de l'année dans le plus récent budget fédéral.
Le sénateur Poulin : Donc le programme est là depuis deux ans, et si j'ai bien compris, vous dites que l'objectif clé c'est la diversification des marchés et de l'utilisation du bois par des partenariats, mais vous voulez opérer un changement culturel.
Est-ce qu'on peut supposer que ce sont des objectifs à long terme que vous visez, plus qu'à court terme?
M. Rosser : Nous croyons qu'il y a certainement des bénéfices à court terme; il y a des projets individuels pour lesquels on a pu influencer l'utilisation du bois. Mais il est certain que, par exemple, quand on travaille avec les universités à développer des cours sur l'utilisation du bois, c'est une activité dont les bénéfices vont se réaliser sur des décennies. Donc effectivement, beaucoup des bénéfices que l'on attend du programme sont à long terme.
Le sénateur Poulin : Merci. Monsieur le président, est-ce que vous me permettez deux autres questions?
Le président : Oui, madame le sénateur.
Le sénateur Poulin : Comment réagit l'industrie de l'acier à votre programme?
M. Rosser : Je n'ai jamais entendu de commentaires d'autres industries concernant ce programme. Peut-être que M. Jones pourrait ajouter des commentaires.
[Traduction]
M. Jones : Nous n'avons pas reçu beaucoup de commentaires des autres industries, en particulier celles de l'acier et du béton. Même si l'objectif de notre initiative est de promouvoir l'utilisation du bois, nous sommes tout de même conscients du fait qu'il y a d'autres produits de base au Canada qui sont importants pour l'industrie de la construction.
Nous avons reçu quelques lettres dans les derniers mois parce que les gens connaissent de plus en plus ce programme. D'autres industries ont demandé à notre ministre : « Pourquoi pas nous? Pourquoi ne créez-vous pas également des programmes pour notre industrie? » Elles sont quelque peu inquiètes.
Le sénateur Poulin : Si j'étais membre d'une autre industrie, je dirais : « Nous aussi, nous avons des problèmes ». Le comité convient que le bois, entre autres, est l'une de nos plus grandes ressources naturelles et qu'il est extrêmement important que le gouvernement contribue de façon active à redonner une certaine fierté à cette industrie.
Vous avez parlé des codes de construction; il est très important que nous y revenions. Je tiens pour acquis que les décisions qui ont été prises à ce sujet dans le passé étaient judicieuses et qu'elles étaient axées sur la sécurité pour les édifices de plus de quatre étages.
[Français]
Pour les édifices de plus de quatre étages, les questions se posaient quant à la sécurité de la construction en bois. Qu'est-ce qui a changé dans la fabrication du bois pour dire que maintenant, il n'y a plus de question de sécurité pour les édifices de cette hauteur?
M. Rosser : Je vais essayer de répondre et il se peut que Bob veuille ajouter quelque chose. Il faut tenir compte du fait que la technologie change. Ressources naturelles Canada et le gouvernement fédéral ont fait des investissements assez importants dans l'innovation dans le secteur forestier.
On développe de nouveaux produits, de nouveaux systèmes de construction. Quand les codes de construction ne permettent pas l'utilisation du bois, il y a parfois de bonnes raisons, car on n'a pas démontré que c'est sécuritaire; d'autres fois, c'est seulement que les codes ne reconnaissent pas les propriétés du bois qui ont déjà été démontrées.
Dans le cas des édifices de six étages, il y a des travaux qui ont été faits par FPInnovations récemment pour développer de nouveaux systèmes de construction et de nouveaux plafonds de construction. Ils ont pu développer cela et démontrer à ceux qui s'occupent de réglementer la construction que c'est sécuritaire, que cela ne pose pas de risque. C'est grâce à ces travaux qu'il y a à présent à Québec un édifice de six étages en bois qui est en construction.
Le sénateur Poulin : Dernière question, monsieur le président; votre budget annuel est de 5,8 millions de dollars. Vous avez parlé d'un budget de 10 millions de dollars. Est-ce que c'est 10 millions de dollars en plus des 5,8 millions de dollars?
M. Rosser : Les 10 millions sont des fonds pour des projets de démonstration. C'est donc en plus des fonds qu'on a pour ce programme.
Le sénateur Poulin : Dans le contexte des programmes fédéraux, quand on regarde un budget annuel de 5,8 millions de dollars, c'est vraiment très petit. Quand on pense à la crise forestière, c'est un gros problème pour notre pays. Je sais que dans le nord de l'Ontario, nous avons des communautés qui souffrent énormément de cette crise. Sur quelle argumentation allez-vous vous baser pour assurer une augmentation budgétaire dans votre programme?
M. Rosser : Il faut tenir compte du fait que cela n'est évidemment pas le seul programme que nous avons, à Ressources naturelles Canada, qui cible le secteur forestier. Nous avons plusieurs programmes qui touchent le développement des marchés, l'innovation. Nous avons récemment annoncé un nouveau programme concernant le secteur des pâtes et papiers, en plus des programmes ciblant directement le secteur forestier. Plusieurs programmes sont offerts par d'autres ministères, par le gouvernement, qui peuvent aider le secteur forestier, les collectivités et les travailleurs. Donc ce n'est certainement pas le seul programme qui touche le secteur forestier.
De notre avis, nous croyons que les fonds pour ces activités sont adéquats. Pour nous, la priorité était vraiment d'avoir la possibilité de former des partenariats pour des projets de démonstration du bois et il y a de nouveaux fonds pour le faire.
Le sénateur Poulin : Est-ce qu'il serait possible, monsieur Rosser et monsieur Jones, pour le comité, de recevoir un résumé de tous les programmes — et comme vous le dites, pas seulement dans votre ministère — qui sont là pour desservir la communauté forestière du pays?
M. Rosser : Je crois que oui.
Le sénateur Poulin : Je pense que cela nous aiderait énormément dans notre recherche.
Le président : Sénateur Poulin, c'est un très bon point.
[Traduction]
Monsieur Rosser, nous aimerions voir la ventilation des 40 millions de dollars sur deux ans affectés à la CNR pour lancer des projets forestiers novateurs à l'échelle internationale. Pour ce qui est des 10 millions de dollars pour la CNR, en ce qui concerne l'utilisation du bois pour la construction dans les marchés étrangers ciblés, nous aimerions que vous établissiez un lien avec le nombre de projets pilotes ou de projets en cours. De plus, cette information nous permettrait de comprendre l'incidence du Fonds d'adaptation des collectivités d'un million de dollars sur votre ministère, parce que nous avons l'intention d'examiner cela dans le cadre de notre rapport.
M. Jones : Les coûts de tous nos programmes sont partagés entre les provinces et l'industrie. Aux 6 millions de dollars dont nous avons parlé s'ajoute une contribution équivalente des provinces et de l'industrie. En fait, c'est un programme de 12 millions de dollars.
Le sénateur Eaton : En ce qui a trait aux 5,8 millions de dollars, tendez-vous la main à Environnement Canada? Il paraît que les constructions en bois sont écologiques. J'aurais pensé qu'il participerait avec vous. Ce ministère fait-il la promotion du bois en tant que matériau écologique?
M. Rosser : Nous travaillons avec Environnement Canada et d'autres ministères fédéraux. Il est vrai qu'il y a de nombreuses analyses assez solides qui semblent indiquer qu'au cours de son cycle de vie, le bois présente des avantages sur le plan de l'environnement et des gaz à effet de serre que les autres matériaux de construction ne présentent pas.
Le sénateur Eaton : Il paraît que ces avantages sont énormes. Nous voyons des choses formidables dans notre grand pays. Comme l'a dit le sénateur Finley la semaine dernière, personne ne semble se parler. Étant donné la quantité de bois que nous avons au Canada et ce que les environnementalistes nous disent à propos du bois, j'aurais pensé qu'il aurait été tout naturel pour le ministère des Ressources naturelles de travailler de concert avec Environnement Canada.
M. Rosser : Effectivement, nous communiquons entre nous. Par exemple, dans le cadre des négociations internationales sur les changements climatiques, nous entretenons des relations de travail étroites avec Environnement Canada sur des questions connexes comme la façon de comptabiliser le bois que contiennent les forêts et les produits forestiers. C'est au cœur de certains arguments concernant le carbone et les avantages environnementaux des produits du bois. Nous entretenons une relation de travail avec Environnement Canada et d'autres organismes fédéraux qui s'intéressent à ce secteur.
Le sénateur Eaton : Vous ne faites pas nécessairement la promotion du bois en tant que matériau de construction.
M. Rosser : Pas comme tel.
M. Jones : Nous sommes plus actifs avec le ministère des Travaux publics ici, à Ottawa. Il est responsable, si vous voulez, de l'acquisition des édifices pour l'appareil fédéral. Nous avons tenu de nombreuses réunions avec les représentants de ce ministère au cours des deux dernières années afin de les sensibiliser aux bienfaits de l'utilisation du bois pour l'environnement. Nous avons organisé des visites d'immeubles écologiques à l'intention des ministères fédéraux pour leur montrer les édifices fabriqués en bois dans la ville d'Ottawa. Quelques experts nous ont accompagnés pour parler des propriétés écologiques du bois.
Le sénateur Eaton : Les Canadiens entendent parler de la nécessité d'améliorer notre loi et de faire des changements. Nous parlons des déchets, des éoliennes et de bien d'autres choses. Toutefois, il semble que nous ne parlions pas d'une ressource que nous avons en abondance. C'est déplorable.
Le ministère des Travaux publics à Ottawa est formidable. Parle-t-on à l'entrepreneur moyen des nouvelles tendances dans le domaine du bois, lui dit-on qu'il devrait utiliser le bois pour la construction et que cela pourrait changer les choses? Au lieu de se concentrer sur les déchets, le maire Miller, à Toronto, devrait dire aux Torontois d'utiliser le bois. Tous les maires du pays devraient le faire. Vous faites beaucoup de choses, mais il semble que ce soit en vase clos.
M. Jones : Il existe une coalition de la construction durable qui se compose de l'industrie, de quelques gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral. Nous représentons le fédéral. Vous avez tout à fait raison. Le message doit passer. Cette coalition a conçu des messages communs, et les municipalités sont l'une des cibles. Vous avez entendu le témoignage des représentants du programme Wood WORKS! il y a quelques jours. Marianne Berube, du Nord de l'Ontario, accomplit de l'excellent travail pour ce programme, qui est financé en partie par le gouvernement fédéral. Son plan d'action vise notamment à sensibiliser les municipalités à l'utilisation du bois. Au cours des dernières années, les responsables de ce programme ont réussi à faire adopter aux petits villages une ordonnance sur l'utilisation du bois dans le secteur de la construction.
Le sénateur Eaton : Le témoignage de Mme Berube a été très intéressant. Cependant, je trouve que cette question est un peu déroutante. Encore une fois, c'est dû au fait que nous avons un pays immense et qu'il y a des lacunes sur le plan de la communication. Mme Berube est venue témoigner avec M. Peter Moonen. J'ai demandé à M. Moonen pourquoi il ne voulait pas promouvoir un programme sur l'utilisation du bois nord-américain d'abord et peut-être même faire inscrire dans la loi qu'un certain pourcentage de bois doit être utilisé dans la construction de chaque nouvel immeuble. Il a dit que la coalition ne voulait pas le faire parce qu'elle n'a pas l'expertise pour en faire la promotion. C'est pourquoi je trouve que c'est déroutant. Ce serait bien si vous parliez d'une seule voix, si vous aviez tous le même message.
M. Rosser : Je comprends votre point de vue. Vous avez peut-être eu cette impression quand Mme Berube et M. Moonen sont venus témoigner. Nous avons des gens très dynamiques qui font la promotion du bois et qui discutent avec les municipalités. Nous croyons qu'avec eux, nous faisons des progrès auprès des principaux groupes cibles.
L'utilisation du bois est-elle autant mise en évidence qu'elle le pourrait ou le devrait? Probablement pas. Toutefois, nous déployons des efforts. Est-elle à l'avant-plan des préoccupations de la population? Nous sommes convaincus que nous faisons des progrès en ce sens. Dans toute campagne promotionnelle, il y a toujours quelque chose de plus à faire.
En ce qui a trait à la loi, la philosophie de ce programme et tous nos efforts promotionnels visent à inciter les gens à utiliser le bois parce qu'ils en ont envie et qu'ils veulent le faire. Du point de vue de la promotion du bois, la pire chose qui puisse arriver est que quelqu'un l'utilise et ait une mauvaise expérience. Cela peut ternir la réputation du matériau et dissuader d'autres personnes d'utiliser le bois de façon non traditionnelle.
Par ce programme et d'autres programmes, nous cherchons à éduquer les gens et à leur donner les outils dont ils ont besoin pour bien utiliser le bois. C'est pourquoi ce programme met beaucoup l'accent sur les conseillers techniques, pour qu'ils s'assurent que ceux qui utilisent le bois aient les ressources dont ils ont besoin pour l'utiliser de façon adéquate et efficace afin d'avoir une expérience positive. Nous considérons cela comme un élément clé des efforts promotionnels à long terme.
Le sénateur Eaton : Je me sens toujours déçu que le grand public ne puisse voir tous ces merveilleux efforts. Il ne voit pas le Musée des beaux-arts de l'Ontario. La personne qui se rend à la patinoire de Richmond ne saura probablement pas que le toit est fait de bois et qu'elle pourrait utiliser du bois pour construire sa prochaine maison. Il semble que cette idée ne soit pas encore venue à l'esprit de la plupart des gens.
M. Rosser : Pas autant que nous ne le voudrions. Toutefois, nous pensons pouvoir réaliser des progrès grâce aux édifices publics comme l'anneau olympique de Richmond, où le bois est très visible. C'est une entreprise à long terme. Les Canadiens en général y sont-ils sensibilisés? De toute évidence, pas comme nous le voudrions idéalement.
Le sénateur Mercer : Le sénateur Finley a parlé de vases clos et du manque de communication. Nous constatons encore ce problème non seulement à Ressources naturelles Canada et à Environnement Canada, mais également au sein de bien d'autres ministères. J'ai peur qu'il y ait beaucoup de frustration. Nous continuons de tenter de régler ce problème.
Vous avez parlé de la Colombie-Britannique et du Québec, en particulier, qui réalisent des progrès en modifiant les codes du bâtiment pour permettre la construction d'édifices en bois de plus de quatre étages. Y a-t-il d'autres provinces qui le font? Ont-elles commencé à faire le changement de culture dont nous parlons, c'est-à-dire à permettre l'utilisation du bois pour les édifices de plus de trois étages?
M. Jones : L'adoption d'un nouveau code du bâtiment en Colombie-Britannique et au Québec est un phénomène relativement récent. Je sais que l'Alberta y songe, parce qu'elle a des liens étroits avec la Colombie-Britannique. Pour les autres provinces, je ne suis pas au courant, mais cela crée un effet boule de neige. Quand une province le fait, une autre constate que c'est possible et veut le faire aussi. J'ignore s'il y a d'autres provinces que l'Alberta qui sont intéressées.
Le sénateur Mercer : Le rôle de Ressources naturelles Canada serait-il de citer la Colombie-Britannique et le Québec en exemples et d'encourager vivement les autres provinces à faire la même chose? L'Alberta est un bon exemple; cette province aura bientôt beaucoup de bois mort à cause du dendroctone du pin. Elle a tout intérêt à faire quelque chose avec tout ce bois. Le reste du pays est couvert de forêts, et il faudrait le promouvoir davantage. RNCan devrait utiliser les exemples de la Colombie-Britannique et du Québec pour aider les autres provinces à atteindre le même niveau d'utilisation du bois.
Vous avez indiqué que les États-Unis travaillent à ce changement de culture en collaboration avec 15 universités. Où en sommes-nous au Canada en ce qui concerne nos écoles d'ingénierie et d'architecture? Avons-nous des programmes actifs? Le ministère des Ressources naturelles fait-il la promotion de programmes dans les écoles d'architecture et d'ingénierie du pays afin que les jeunes hommes et femmes qui sortent de ces écoles pensent à utiliser le bois et pas seulement l'acier et le béton?
M. Rosser : Grâce à l'initiative Le bois nord-américain d'abord et à nos partenaires canadiens, une solide stratégie d'information est déployée dans les universités. Afin d'attirer l'attention sur les possibilités d'utilisation du bois en construction, nos promoteurs organisent des dîners d'honneur. Certaines récompenses sont attribuées à des étudiants en architecture et en ingénierie qui ont réalisé, durant leurs études, des projets novateurs en utilisant le bois.
M. Jones : En plus de l'initiative Le bois nord-américain d'abord, un réseau d'universités travaille en collaboration avec FPInnovations à mettre au point de nouvelles solutions de construction. Ce partenariat a notamment pour objectif de former les étudiants des universités à cet égard.
L'Université du Nouveau-Brunswick s'intéresse beaucoup à l'étude d'un produit appelé panneau de bois stratifié croisé, qui a été utilisé en Europe pour construire un édifice de bois de neuf étages. L'Université du Nouveau- Brunswick est la première université canadienne, grâce au programme du CRSNG, à promouvoir ce matériau. FPInnovations entretient de très bons liens avec les universités du Québec, en particulier avec l'Université Laval, qui a une école d'ingénierie du bois, ainsi qu'avec le Centre for Advanced Wood Processing de l'UBC.
Je conviens que nous devons en faire davantage. Nous faisons la promotion de l'utilisation du bois grâce à quelques- uns de nos programmes, mais nous constatons que les universités jouent un rôle clé dans le soutien et la formation des futurs architectes, afin qu'ils possèdent les compétences et les outils nécessaires pour travailler avec le bois.
Le sénateur Mercer : Évidemment, l'UNB a un net avantage parce qu'elle a une école de foresterie.
Vous avez mentionné dans vos exposés que vous aviez 24 conseillers techniques. Qui sont-ils? Qui peut les consulter? Et quel est leur rôle?
M. Jones : Ce sont des ingénieurs qui ont travaillé dans diverses entreprises de produits forestiers au Canada et aux États-Unis. Au grand avantage du programme, nous avons pu embaucher des ingénieurs qui étaient disponibles en raison de la crise économique. Nous avons également des architectes qui ont une expertise dans l'utilisation du bois.
Dans le cadre du programme WoodWORKS!, ces conseillers techniques administrent un site Web et organisent de nombreux colloques. Ils offrent des conseils sur Internet et des services de consultation individuels à des rédacteurs de devis potentiels qui veulent construire un immeuble en bois, mais qui ne savent pas comment faire ou quels outils utiliser. Ces conseillers se rendent dans les régions, présentent des colloques, tiennent des rencontres individuelles et donnent de l'information aux constructeurs potentiels. C'est leur rôle principal.
Le sénateur Mercer : Ma dernière question est partiale, parce qu'elle concerne beaucoup ma province natale. Le ministère des Ressources naturelles cherche-t-il à trouver de nouvelles façons d'utiliser la pâte de bois et de nouveaux marchés?
M. Rosser : Je ne sais pas si la situation est la même sur le marché de la pâte. Nous participons à d'autres partenariats et programmes, qui visent à améliorer la réputation environnementale de l'industrie du bois massif et des pâtes et papiers. Ainsi, nous travaillons avec les gouvernements étrangers, les principaux acheteurs de produits forestiers dans le monde, afin de faire connaître le Canada en tant que chef de file mondial en matière de gestion durable des forêts et de pratiques axées sur la durabilité dans l'industrie forestière. C'est l'une des façons dont nous appuyons le développement du marché des produits de pâtes et papiers.
J'ai parlé à quelques occasions de nos relations ave FPInnovations et de notre soutien à l'innovation dans le secteur forestier. Une partie des efforts concerne le bois d'œuvre et les produits de bois, mais l'initiative est principalement axée sur les nouvelles technologies dans l'industrie des pâtes et papiers. Par exemple, on pourrait utiliser une usine de pâtes traditionnelle pour fabriquer de nouveaux produits non traditionnels par bioraffinage et ouvrir ainsi de nouveaux débouchés au secteur des pâtes et papiers. Ce sont là certains des efforts que nous déployons expressément pour ce segment de l'industrie des produits forestiers.
[Français]
Le sénateur Rivard : Dans votre document, vous mentionnez que l'organisme québécois CECOBOIS a recommandé l'adoption de résolutions pour favoriser l'utilisation du bois dans la construction d'édifices publics. Vous dites qu'il y a une dizaine de municipalités qui l'ont fait. Sans vous en demander la liste, je suppose que ce sont les plus grandes municipalités du Québec?
M. Rosser : Si je me souviens bien, oui. Et je peux vous fournir la liste des municipalités.
Le sénateur Rivard : Non, parce que c'était le préambule de ma question et vous allez voir où je veux en venir. Le Québec compte environ 2 300 municipalités et deux unions municipales, soit l'Union des municipalités du Québec et une autre dont le nom m'échappe. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de contacter ces unions municipales pour les inciter à adopter des résolutions et donner l'exemple?
Je remarque qu'on devient de plus en plus agressif en publicité. Il y a quelques semaines nous avons fait comparaître le doyen de la Faculté de foresterie de l'Université Laval qui nous a fait un très bon exposé. J'ai vu sa publicité dans les journaux et chaque semaine dans les grands médias de Québec, on peut voir de belles publicités sur le bois.
Les gens qui ont conçu les publicités ont fait appel à des sportifs connus, des artistes, des ingénieurs et des hommes d'affaires. Je pense que c'est une très belle initiative et il se peut qu'on l'on voie des résultats d'ici peu.
Vous me corrigerez si je fais erreur, mais les quatre provinces les plus touchées par la crise du bois d'œuvre sont le Québec, la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick. Il y a d'autres provinces qui sont aussi touchées que le Québec et qui doivent faire des démarches de sensibilisation.
Il y a des unions municipales dans chaque province et je crois qu'un organisme comme le vôtre pourrait sensibiliser et inciter les municipalités à adopter des résolutions qui favorisent l'utilisation du bois. Pour ce qui est des obstacles à l'utilisation du bois, vous avez parlé les codes de construction qui sont de juridiction provinciale.
Y a-t-il un code du bâtiment au Québec et un code distinct pour chaque province?
Si je ne me trompe pas, c'est de juridiction provinciale. Pouvez-vous me dire si le code du bâtiment pour l'usage du bois est de juridiction provinciale ou fédérale?
M. Rosser : Je vais essayer de répondre à vos questions et peut-être que Bob aura quelque chose à ajouter. Je ne suis pas expert sur les codes de construction, mais si je comprends bien, il y a un code modèle national créé par le gouvernement fédéral, mais c'est la juridiction des provinces. Elles décident si elles utilisent ce code modèle ou si elles vont suivre le code modèle national ou non.
Le sénateur Rivard : C'est notre travail comme gouvernement de convaincre ceux qui sont responsables du code de le modifier pour donner une chance au bois, surtout si on démontre qu'il a des qualités comparables à l'acier, mais surtout du point de vue environnemental.
J'avais une dernière question. On en parle depuis longtemps; on voit à chaque présentation de très belles réalisations de bois, que l'on pense au Centre des congrès de Vancouver ou à l'anneau olympique. À Québec, si vous lisez les journaux, le maire essaie de convaincre qu'il y a des programmes qui existent pour cela. Si on allait de l'avant avec un nouveau Colisée, je peux vous assurer qu'on va insister pour que le bois ait sa place dans cet immeuble, si c'est possible, parce qu'il peut y avoir des problèmes avec les toits et lors de spectacle, le poids des équipements, c'est une grosse contrainte. Mais partout où il pourrait y avoir du bois, soyez assurés que tous les efforts et toute la pression seront mis pour qu'il y ait une place importante pour le bois dans une vitrine de cette importance qui servira environ 200 jours par an, avec des assistances de 15 à 18 000 personnes, ce serait une excellente vitrine pour promouvoir l'industrie du bois d'œuvre.
M. Rosser : En ce qui concerne l'utilisation du bois, certainement au Québec, il y a une organisation qui s'appelle Coalition bois Québec, un regroupement non seulement des producteurs du bois, mais aussi de groupes environnementaux, des universités, des chercheurs pour promouvoir l'idée qu'il y a des bénéfices environnementaux qu'on peut réaliser avec l'utilisation du bois. Nous autres, nous ne sommes pas directement impliqués dans cela. L'autre chose qu'on voit en Colombie-Britannique et au Québec, c'est que ce sont les deux provinces qui font des efforts pour directement encourager l'utilisation du bois dans les constructions, dans les projets de construction que les provinces financent. Nous n'avons pas de rôle direct dans cela, sauf que je dirais qu'à mon avis, cela n'aurait pas été possible d'avoir des politiques comme cela il y a cinq ou dix ans.
C'est grâce aux efforts faits pour sensibiliser les architectes et les ingénieurs à l'utilisation du bois que des provinces et des municipalités croient que c'est possible d'obliger l'utilisation du bois dans certains cas. Alors, je crois qu'indirectement, au moins, les programmes tels que celui dont on discute ce matin ont eu un rôle pour rendre possible de telles décisions.
En ce qui concerne les distributions du secteur forestier au Canada, on voit dans chaque province, une industrie forestière qui fait une contribution assez importante à l'économie. Je crois que par rapport à l'économie, si je ne me trompe pas, c'est au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique que le secteur est le plus important dans l'économie. Il y a aussi une industrie très importante en Ontario et au Québec. Mais on voit partout au pays, de la côte atlantique à la côte pacifique, l'industrie fait une contribution très importante à l'économie canadienne.
[Traduction]
Monsieur Jones, avez-vous quelque chose à ajouter concernant les questions du sénateur?
M. Jones : Je dois admettre que le message est très important. Le Québec s'est associé à ce que l'on pourrait appeler des célébrités pour l'aider à transmettre le message « toucher du bois » à la population de la province. Le Québec a également collaboré étroitement avec les environnementalistes, les organisations non gouvernementales et Greenpeace pour faire passer son message. Il a également fait appel à des gens d'affaires.
Je conviens parfaitement qu'il faut agir et que le Québec est probablement un modèle dont nous devrions nous inspirer pour aider les autres provinces de transmettre un message similaire.
Le sénateur Fairbairn : Dans votre exposé, vous avez parlé des liens que vous entretenez avec les États-Unis, avec qui nous devrions évidemment collaborer le plus possible. Vous avez également mentionné vos nouvelles initiatives.
En ce qui concerne les pays communistes de la Chine et de la Corée du Sud, pourriez-vous nous donner une idée des liens que vous nouez avec eux? Les deux cas m'intéressent, mais la Chine constitue certainement une grande « porte ».
M. Rosser : Dans le cadre d'un programme distinct appelé Programme canadien d'exportation des produits du bois, nous déployons, depuis quelque temps, des efforts de promotion dans un certain nombre de marchés cibles dans le monde. Nous nous intéressons particulièrement à la Corée du Sud et à la Chine.
Parallèlement à l'initiative Le bois nord-américain d'abord, nous essayons d'amorcer un changement culturel. En Corée du Sud et en Chine, il ne fait pas tellement pas partie de la culture de construire avec du bois. Nous cherchons donc à changer leur perception du matériau et de les aider à comprendre qu'on peut l'utiliser pour construire des œuvres de grande qualité. Nous avons entrepris des projets de démonstration. On peut, par exemple, filmer des téléromans dans des édifices faits de bois pour changer l'image de ce matériau dans l'esprit des gens.
C'est un travail de longue haleine, car il est question d'un changement de culture. Les données recueillies sur le commerce témoignent certainement des effets de nos démarches sur ces marchés. Si ma mémoire est bonne, nos exportations vers la Corée du Sud ont augmenté d'environ 20 p. 100 depuis 2005, une augmentation qui dépasse 100 p. 100 en Chine.
Même si ces marchés restent restreints par rapport à celui des États-Unis — vers lesquels nous exportons les trois quarts de notre de bois d'œuvre —, ils augmentent rapidement. De toute évidence, ils ont un immense potentiel à long terme. Nous sommes très enthousiastes à propos des possibilités qu'ils offrent. Déjà, les volumes d'exportation vers ces marchés se traduisent par plusieurs centaines d'emplois dans des usines de toutes les régions du Canada. Nous exportons déjà des volumes importants dans ces marchés, mais nous croyons qu'ils ont un énorme potentiel de croissance.
M. Jones : Les programmes que nous avons lancés en Chine et en Corée il y a quelques années visaient largement à modifier la culture. Pour y parvenir, toutefois, il faut commencer par changer les codes du bâtiment. En Chine, nous avons assez bien réussi à faire reconnaître le bois dans le code de la conception en bois d'œuvre. Avant que nous n'intervenions il y a cinq ans, le bois n'était absolument pas reconnu dans les codes du bâtiment. Nous avons été très étonnés d'apprendre qu'il y a en Chine une multitude de codes du bâtiment : un pour la construction en bois, un pour la conception de qualité et un pour les incendies. Nous avons méthodiquement analysé ce système pour faire reconnaître le bois dans tous les codes du bâtiment.
La situation est compliquée en Chine. Il existe un code du bâtiment national, mais également des codes municipaux, un peu comme au Canada. Nous travaillons cependant à Shanghai depuis quelques années, et le code du bâtiment municipal qui y sera adopté au cours des prochaines semaines comprend un chapitre entier sur l'utilisation du bois.
Nous considérons les codes du bâtiment comme la pierre angulaire des efforts qu'il faut déployer pour percer un nouveau marché. Dans le cadre du programme, nous avons envoyé un certain nombre de personnes en Chine et en Corée pour donner des séminaires et de la formation sur la manière d'utiliser le bois. Par exemple, le plus gros problème qui se pose en Chine, c'est que les constructeurs ne savent tout simplement pas comment utiliser le bois.
Nous appelons cette initiative le collège du bois du Canada et la mettons en œuvre à Shanghai. Les constructeurs suivent un cours de six à huit semaines pour apprendre comment construire avec du bois. Nous offrons ensuite des programmes pour enseigner aux inspecteurs chinois et coréens comment assurer la qualité des maisons construites.
Les progrès sont lents, mais indéniables, selon moi. Tout repose sur des données empiriques. Nous avons lancé ce programme en 2002, c'est-à-dire il y a plus de cinq ans. À l'époque, le volume de bois exporté en Chine aurait pu alimenter en travail une usine pendant une dizaine de jours. Aujourd'hui, nous exportons dans ce pays suffisamment de bois pour assurer l'exploitation de plusieurs usines à l'année.
M. Rosser a mentionné la création d'emplois. Ici encore, comme il s'agit de données empiriques, il est difficile d'établir une corrélation entre les chiffres sur l'emploi et les données sur l'exportation. Cependant, les chiffres ont augmenté énormément en Chine ces dernières années. Initialement, le programme a été mis en œuvre pour exporter ailleurs qu'aux États-Unis et pour créer de nouveaux marchés. Il s'agit d'un processus à long terme, mais nous réalisons certains progrès.
Le sénateur Fairbairn : Voilà qui est fascinant. Vous intéressez-vous concurremment à d'autres pays d'Extrême- Orient?
M. Jones : Oui. Nous avons certainement concentré nos efforts sur la Chine, mais nous nous intéressons également à la Corée. Le marché japonais s'est développé dans les années 1970 et 1980, et les efforts déployés actuellement visent à y conserver notre part de marché.
Le Vietnam pourrait également représenter un marché émergent potentiel, tout comme Taïwan, dans l'Est. Nous avons brièvement envisagé l'Inde, mais c'est un marché où les obstacles abondent. Les tarifs y sont très élevés, et l'industrie a abandonné l'idée de s'y implanter. En outre, le climat est peu propice à l'utilisation du bois et à la construction de maisons en raison de l'humidité et des problèmes de termites. Nous avons dû mettre au point des agents de conservation pour traiter les maisons afin que le bois réagisse adéquatement dans un climat comme celui de l'Inde.
Tout le marché asiatique possède un immense potentiel.
M. Rosser : Les programmes destinés aux marchés étrangers, comme l'initiative Le bois nord-américain d'abord, sont mis en œuvre en partenariat avec l'industrie. Ainsi, le processus d'affectation des ressources se fait en collaboration. Lorsque nous affectons les ressources dans les diverses régions, nous ciblons celles qui ont le plus grand potentiel, selon nos partenaires de l'industrie.
Le sénateur Plett : J'ai une observation et une question. On a parlé à plusieurs reprises ce matin de l'éducation et de l'importance d'uniformiser les pratiques.
Même si je ne fais pas partie du comité depuis aussi longtemps que d'autres, j'ai remarqué que tous les témoins ont parlé de l'éducation, du moins en ce qui concerne les architectes et les ingénieurs. Je m'étonne que nous n'ayons pas passé beaucoup plus de temps à former ces personnes, alors que ce sont elles qui conçoivent les édifices. Ayant travaillé dans le domaine de la construction toute ma vie, je sais que c'est en grande partie les architectes qui décident quel genre d'édifice on construira.
Je m'en remets beaucoup à la loi lorsqu'il s'agit de déterminer la quantité de bois à inclure dans un édifice dans le cadre d'un projet de construction. Je crois que cette décision devrait me revenir. Cependant, c'est certainement une bonne chose de former les architectes et les ingénieurs et de proposer plus de cours. Dans une université, nous pourrions facilement légiférer pour déterminer que certains cours portant exclusivement sur le bois doivent être offerts. Si tous les architectes et les ingénieurs de notre pays étaient des experts en la matière, la solution serait facile. Mais s'ils sont en fait aussi ignorants qu'on nous l'a dit, on pourrait simplement affecter 10 p. 100 d'un programme d'architecture de cinq ans à la construction d'édifices en bois. Je ne suis pas certain de comprendre pourquoi nous ne nous occupons pas davantage de cet aspect.
M. Rosser : Dans le cadre de ce programme, nous travaillons directement avec les universités et nos partenaires. Nous offrons également de la formation continue à ceux qui sont déjà dans le domaine pour les sensibiliser à l'utilisation du bois. Pour ceux qui suivent un programme universitaire, nous essayons d'accorder une plus grande place au bois.
Nous nous sommes efforcés de faire de la promotion pour essayer d'encourager et de motiver plutôt que d'imposer ce processus.
Il est essentiel de faire valoir les propriétés environnementales du bois pour stimuler l'intérêt à l'égard de ce matériau. Comme il est maintenant reconnu que le bois a une empreinte de carbone relativement minime et a des avantages environnementaux par rapport aux autres matériaux, il me semble que de nombreux étudiants pourraient s'y intéresser et chercher à l'utiliser davantage.
M. Jones : Je conviens avec vous qu'il est essentiel d'assurer la formation des architectes dans l'avenir. Je ne suis pas un expert en la matière et je ne peux donc pas dire si nous devrions affecter un certain pourcentage de cours à l'utilisation du bois, mais c'est certainement une bonne idée que nous devrions exploiter. Nous pourrions également voir, dans le cadre du financement des programmes, comment ces derniers pourraient collaborer davantage avec les diverses universités.
Sénateur Plett : Je crois que c'est là le cœur de la question. Il faut offrir de l'éducation pour que l'on en parle. Je m'en remets donc à vous.
À la cinquième diapositive, vous parlez de l'utilisation potentielle par rapport à l'utilisation actuelle, et des gains monétaires potentiels en Amérique du Nord. Ce sont des chiffres impressionnants. Sans vouloir prétendre qu'ils ont été inventés, je trouve que ces chiffres, qui montent une utilisation qui double, triple et quadruple, semblent presque sortir de nulle part.
Lorsqu'on envisage une augmentation de 200 millions à 600 millions de pieds mesure de planche, considère-t-on que chaque édifice construit et pouvant contenir du bois comprend la quantité maximale de bois autorisée par les codes du bâtiment? Sur quoi se fondent ces chiffres?
M. Rosser : Ce sont des estimations des augmentations potentielles théoriques et réalistes de la consommation de bois. Comme toute analyse, elles se fondent sur un certain ensemble de postulats. Bien sûr, ces chiffrent ne tiennent pas compte de la construction résidentielle.
Actuellement, il se consomme en Amérique du Nord 46 milliards de pieds mesure de planche, soit un peu plus de la moitié du chiffre enregistré lorsque le marché de l'immobilier américain était à son sommet.
Les gains sont substantiels. Dans le cas de la construction non résidentielle, nous partons de relativement loin. Selon nous, il est fort possible que ces chiffres doublent, triplent et quintuplent au fil du temps. Je crois comprendre que l'analyse repose sur des évaluations très prudentes du potentiel. Il faut garder à l'esprit que le potentiel augmente à mesure qu'évoluent les codes du bâtiment et les technologies, et qu'apparaissent de nouvelles utilisations du bois. Le potentiel évolue en conséquence.
M. Jones : Les chiffres mentionnés se fondent sur une étude de marché réalisée au début du programme, il y a quelques années. Les chiffres que vous voyez pour l'utilisation actuelle, qui ont été difficiles à obtenir, sont ceux de 2007. Nous avons fini par recourir à un grand groupe d'étude sur la consommation aux États-Unis, qui a réalisé l'étude nord-américaine pour nous. C'est à ce moment que nous avons établi les estimations pour l'utilisation commerciale du bois.
Le chiffre qui figure dans la rangée du potentiel de gain réaliste est prudent et se fonde sur ce que l'on savait sur les codes du bâtiment à l'époque, en sachant que ces codes pourraient changer avec le temps et permettre d'utiliser davantage le bois. Le chiffre final est le potentiel de gain maximal selon les codes du bâtiment de l'époque.
Ces chiffres sont des estimations fondées sur des études de marché réalisées au début du programme. Nous assurons un suivi tous les deux ans pour voir comment la situation a évolué. Nous devrions recevoir de nouveaux chiffres de référence à la fin du présent exercice, lesquels nous permettrons de voir si nos prévisions étaient justes. Ce sont des estimations à long terme pour connaître le potentiel de gain maximal. Il faudra au moins 10 ans pour qu'évolue de façon significative l'utilisation du bois dans la construction non résidentielle sur le marché nord-américain.
Le sénateur Plett : Vous avez abordé ce point en répondant à l'une des questions du sénateur Fairbairn. L'une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas exploré davantage le marché de l'Inde, c'est qu'il y a un problème de termites. Or, j'ai posé une question à ce sujet plus tôt cette semaine.
Existe-t-il des problèmes de termites ou de ravageurs au Canada ou en Amérique du Nord? Si c'est le cas, quelles sont les répercussions du traitement du bois sur son aspect écologique?
M. Jones : Par chance, le Canada n'a pas de problème de termites. On en trouve peut-être un peu dans le Sud de l'Ontario, mais ce n'est certainement pas un problème de taille au Canada, comme c'est le cas dans le Sud des États- Unis, en Louisiane et en Floride par exemple.
On a effectué des recherches sur le borate, un produit relativement inoffensif pour l'environnent qui pourrait servir à traiter le bois. FPInnovations a fait énormément de travail afin de mettre au point un traitement du bois à partir du borate. On peut lutter contre les termites, mais plus on applique de traitements, plus les coûts augmentent. Le problème se pose alors davantage sur les plans de la concurrence et du rapport coûts-avantages. Sera-t-il rentable de traiter toutes les maisons dans le Sud? Il se construit des maisons en bois dans le Sud des États-Unis depuis des années; c'est donc faisable.
C'était l'un des obstacles rencontrés en Inde, où le climat est très chaud et humide. Nous aurions dû utiliser du borate ou d'autres traitements, ce qui inquiète l'industrie.
Le sénateur Grafstein : Je présente mes excuses au témoin et aux autres membres du comité. J'assistais à une autre séance.
La question du bois d'œuvre hante de nombreux sénateurs en raison de la crise qui nous a tous touchés directement. Même si je viens de Toronto, un centre urbain, j'ai été étonné d'apprendre que la plus grande industrie de l'Ontario n'est pas celle de l'automobile, mais bien celle du bois d'œuvre. Comme vous le savez, ce secteur a encaissé de lourdes pertes d'emplois pour de nombreuses raisons, y compris la compétitivité et l'affaiblissement du marché des États-Unis.
Sachez que nous avons utilisé du bois canadien dans un village que nous avons construit pour aider la population après les problèmes qu'a connus la Louisiane. Nous l'avons nommé Canadaville, à mon instigation. Ce village a été construit par des charpentiers canadiens avec du bois canadien. Le bois a été traité; il est d'excellente qualité et les gens en étaient très satisfaits. Je me permettrai une pause publicitaire pour dire que ceux qui ont entrepris ce projet ont fait du bon travail.
J'aimerais aborder la question de la diversification du commerce. Je vois que vous avez ciblé la Chine, ce qui est excellent. Vous vous intéressez également à la Corée du Sud, ce qui est également une bonne idée. Mais avez-vous pensé à Taïwan?
M. Jones : Oui.
Le sénateur Grafstein : Pour des raisons politiques, je suppose que vous ne le criez pas sur les toits, mais c'est un marché énorme.
M. Jones : En effet. Au tout début du Programme canadien d'exportation des produits du bois, nous avons probablement augmenté un peu nos dépenses relativement à Taïwan. M. Rosser a fait référence à certaines de nos études de marché. Une bonne partie des initiatives que nous finançons dépendent de la volonté de l'industrie, et cette dernière s'intéresse moins à Taïwan.
Le sénateur Grafstein : C'est une approche bipolaire de la Chine et de Taiwan.
M. Jones : Je n'en sais rien, mais c'est intéressant. J'ai reçu, il y a environ une semaine, un courriel d'un représentant d'une association commerciale de la Colombie-Britannique. Il demandait si plus d'argent pouvait être débloqué pour Taïwan. Il annonçait que 475 maisons de plus avaient été construites en bois l'an dernier. Ce marché, dans lequel nous avons investi, ne représente pas un gros pourcentage de notre programme, mais c'est un marché potentiel.
Le sénateur Grafstein : Permettez-moi de creuser un peu et de m'enquérir des 10 millions de dollars que le gouvernement a débloqués pour, je suppose, la commercialisation.
M. Jones : Je ne dirais pas que c'est de la commercialisation au sens strict du terme. Les perceptions de la commercialisation diffèrent selon l'individu. Nous parlons plutôt de programmes de développement des marchés. Nos fonds profitent de façon générale à l'industrie du bois. Nous ne favorisons aucune organisation en particulier. Par développement des marchés, nous entendons que nous envisageons de prendre pied dans le marché et d'y faire reconnaître le bois.
J'aime décrire notre approche comme une courbe ascendante sur un graphique. Au début, l'État doit aider, en établissant des codes de la construction. Nous fournissons les ressources pour l'élaboration de ces codes. À mesure que le marché prend de la maturité, on suit la courbe montante et on passe à la formation, à l'agrément des constructeurs et aux séminaires. Nous préconisons l'utilisation générique du bois. À mesure que le marché continue de mûrir et qu'on se déplace sur la courbe, la distinction entre ce que le gouvernement et l'industrie doivent faire est de plus en plus subtile. C'est là qu'intervient la notion d'image de marque. Nous pouvons donner au Canada l'image de marque d'un fournisseur de bois de qualité. C'est du bois tiré d'une ressource gérée de façon durable. C'est un excellent matériau. Plus haut dans la courbe, intervient la notion de commercialisation. Elle prend une coloration particulière selon la compagnie. L'industrie veut promotionner son bois à elle, par opposition au bois de quelqu'un d'autre.
Pour nous, le développement des marchés consiste en grande partie à mettre en place les conditions dans lesquelles le bois pourrait être utilisé industriellement.
Le sénateur Grafstein : Sur ce point, je vous donnerai quelques exemples. L'Idaho avait un problème dans la vente de la viande à des prix concurrentiels, notamment les steaks. Les autorités ont donc décidé de s'adresser désormais à des fournisseurs génériques plutôt que spécifiques. Elles ont créé une chaîne de magasins de vente au détail appelée Omaha Steaks. C'est la solution qu'ont adoptée les Néo-Zélandais pour le mouton. Les Hollandais ont fait de même avec leur fromage. Les Irlandais l'ont fait également pour le beurre Kerrygold. Allez à Paris et vous verrez que l'on y consomme du beurre irlandais. Tout cela, c'était de la commercialisation.
J'ai l'impression que le ministère pourrait prendre l'initiative dans ce domaine, vu les exemples précis de réussite, notamment à Taïwan, en Chine et, comme je l'ai également mentionné, en Inde. Je sais que c'est un marché très diversifié. Nous sommes tous allés dans ces endroits. Cependant, le nom de Canada est lui-même une marque fantastique. On n'a qu'à le prononcer pour être traité en prince ou en princesse. Et ce n'est pas parce que nous sommes sénateurs ou parlementaires. Le mérite en revient à l'image de marque du Canada. Je ne comprends pas pourquoi nous n'en profitons pas.
M. Jones : J'espère ne pas vous avoir induits en erreur. Nous essayons de créer la marque Canada pour le bois. Notre programme Produits du bois canadien nous a permis de nous doter d'un symbole facile à reconnaître, une feuille d'érable évoquant la forme d'une maison.
Certaines études de marché que nous avons commandées ont montré que la marque est reconnue plus facilement chez les Chinois et les Coréens. Cependant, nous sommes encore à l'étape où nous essayons de faire accepter le bois de façon générale. C'est ensuite que la marque suivra.
M. Rosser : Outre nos efforts de promotion du bois, je pense que nous avons parlé de certains de nos efforts de promotion de l'environnement, également. Le fait de donner au Canada et aux produits forestiers canadiens une image de marque, non seulement de grande qualité, mais aussi de produits verts, obtenus selon des méthodes durables, est un créneau dans lequel nous sommes devenus beaucoup plus actifs sur les marchés d'outre-mer l'an dernier ou ces deux dernières années.
Le sénateur Grafstein : Est-ce que ça fonctionne?
M. Rosser : Encore une fois, c'est un effort à long terme. Des études de marché, par exemple les enquêtes auprès des gros acheteurs de produits, laissent entendre que le message commence à porter, mais c'est du travail à long terme.
Vous avez fait allusion à un projet de secours aux sinistrés, en Louisiane, aux sinistrés de Katrina, je suppose. En partenariat avec le gouvernement de la Colombie-Britannique, nous construisons actuellement en Chine un certain nombre d'immeubles en bois dans la province du Sichuan, sinistrée par un tremblement de terre.
Le sénateur Grafstein : Où dans la province de Sichuan?
M. Jones : À Mianyang. Nous avons construit une école qui vient d'ouvrir. En outre, nous construisons le centre de soins pour personnes âgées de la ville de Beichuan Leigu, situé en plein cœur de la zone sinistrée. Les Chinois nous accordent une haute cote d'estime. Nous avons également bénéficié d'une bonne publicité pour l'utilisation du bois et les qualités du matériau en protection contre les séismes.
Le sénateur Grafstein : Revenons à la Chine pour un moment et à l'utilisation d'Internet. En Corée du Sud et en Chine et, assurément, en Inde et à Taïwan, le nombre de récepteurs de télévision en service augmente rapidement. Autrement dit, si, du point de vue marketing, on compare la situation de la Chine il y a cinq ans à la situation actuelle, on y compte probablement plus de ménages utilisant des ordinateurs qu'au Canada, alors que nous sommes le pays le plus câblé du monde. Environ 86 p. 100 de nos maisons sont câblées pour Internet. Cependant, les chiffres que nous avons pour la Chine progressent à pas de géant. C'est la même chose à Taïwan et en Inde. Le ministère a-t-il envisagé Internet comme moyen autonome de marketing et y a-t-il affecté des fonds?
M. Jones : Par l'entremise du programme Produits du bois canadien, nous avons créé un site Web que nous avons traduit en un certain nombre de langues, selon le marché visé.
Le sénateur Grafstein : Ce site est au Canada.
M. Jones : C'est un site Internet accessible dans le monde entier. Je ne connais pas les chiffres par cœur, mais on peut y accéder sur le marché chinois. Sur ce site Web, on trouve des renseignements sur les qualités du bois et les caractéristiques de son utilisation. En outre, nous annonçons les séminaires et les salons professionnels à venir où on pourra voir du bois. Le site est traduit en diverses langues. Pour le moment, c'est tout ce que nous avons fait.
Le sénateur Grafstein : Je vais m'arrêter. Je vous sais gré de votre indulgence. Peut-être pourriez-vous communiquer ces renseignements au comité. Ils pourraient être utiles sous la forme de recommandations, parce que j'ai l'impression qu'Internet est une façon rapide et efficace de commercialiser un produit et d'accéder aux marchés convoités. Je pourrais vous donner des exemples précis, mais je n'insisterai pas sur ce point pour l'instant.
Le sénateur Finley : Il n'est pas facile d'être le dernier à poser des questions, parce que beaucoup ont déjà été posées. Je vais cependant m'exécuter plutôt que de faire des discours.
Pour faire suite à certaines questions antérieures, particulièrement une du sénateur Mercer, sur les universités, est-ce que l'Université Laval et l'Université de la Colombie-Britannique sont les deux établissements qui préconisent de la façon la plus dynamique l'utilisation des produits forestiers?
M. Jones : L'Université du Nouveau-Brunswick est également très active; l'Université de Toronto a un assez bon corps enseignant. Nous effectuons beaucoup d'études d'ingénierie avec Concordia et McGill, au Québec.
Nous avons comme partenaires, pour un certain nombre de nos programmes, un certain nombre d'universités.
Le sénateur Finley : S'agit-il principalement d'établissements qui se consacrent principalement au génie et à la recherche ou ces établissements offrent-ils des applications en gestion, comme un programme complet ou partiel de maîtrise en administration des affaires? Autrement dit, comment les aspects gestionnels de l'entreprise forestière sont- ils offerts aux étudiants et au marché en général?
M. Jones : Celle qui, d'après moi, a le meilleur programme qui ait cette orientation est l'Université de la Colombie- Britannique, mais elle n'est pas seule, il y en a d'autres. Peut-être M. Rosser les connaît-il?
M. Rosser : C'est une idée intéressante. À la faveur de programmes de production et de commercialisation, nos programmes d'innovation ont permis de nouer divers types de partenariats avec des universités du pays. M. Jones en a mentionné quelques-unes; et il y en a beaucoup d'autres. Un certain nombre d'universités, celles de Toronto et de la Colombie-Britannique, notamment, offrent assurément des programmes d'économie forestière. Je ne suis pas au courant de partenariats officiels avec des écoles de gestion en foresterie, mais c'est une idée intéressante.
Le sénateur Finley : Le lamellé-croisé sera-t-il un produit fini qu'exportera le Canada ou bien vendrons-nous ou exporterons-nous le bois brut, pour transformation à l'étranger, dans un pays tel que la Chine ou l'Allemagne?
M. Jones : L'objectif est d'implanter les usines ici, au Canada. Actuellement, personne ne produit de ce bois en dimensions commerciales à l'échelle industrielle. Il existe de petites presses et de petites installations. Par exemple, Canfor en possède une en Colombie-Britannique. Structurlam, à Penticton, envisage de convertir son usine à la fabrication de bois lamellé-croisé.
Actuellement, si nous voulions construire un immeuble avec du lamellé-croisé, nous devrions importer ce bois. Un certain nombre de firmes en produisent en Europe. Cependant, nous avons un comité directeur réunissant des représentants de l'industrie et de toutes les universités intéressées au bois lamellé-croisé. Nous travaillons à une stratégie pour l'emploi du lamellé-croisé au Canada. Au bout du compte, ce que nous souhaitons, c'est l'adoption du procédé ici, au Canada, où nous produirions et utiliserions, ici même, le produit.
M. Rosser : Nous avons parlé de nos exportations de bois et de produits du bois. Il est vrai que nous exportons un produit matériel et que nous espérons en exporter davantage. Cependant, nous n'oublions pas que le Canada exporte également des solutions, des techniques et des systèmes de construction. Ce n'est pas simplement l'expédition d'un produit dans un conteneur vers la Chine, mais cela consiste aussi à innover et à proposer des produits qui sont mieux adaptés aux particularités du marché chinois, par exemple, ou d'autres marchés.
Dans le cas du lamellé-croisé, c'est un produit encore jeune. J'espère que nous ne nous contenterons pas simplement de commencer à produire ce matériau au Canada, soit pour le marché national, soit pour l'exportation, mais que, plutôt, nous adopterons la technique et nous la combinerons à des innovations canadiennes pour créer de nouveaux produits qui seront attrayants sur divers marchés dans le monde.
Le sénateur Finley : Je souhaite donner suite à l'une des observations du sénateur Grafstein concernant les marchés de divers pays. Avez-vous lancé des initiatives de commercialisation au Royaume-Uni?
M. Jones : Oui. À la faveur du programme Produits du bois canadien, le Royaume-Uni reçoit environ 10 p. 100 des fonds dont nous disposons pour l'Europe. Par le passé, ces fonds ont été ciblés sur ce que nous appelons le programme Super E, une technologie canadienne qui utilise des maisons très efficaces du point de vue énergétique. Peut-être les sénateurs se rappellent-ils la maison R2000, qui a été son prédécesseur. La maison Super E est exportée au Royaume- Uni. L'argent que nous avons consacré au marché du Royaume-Uni est lié à la promotion de la maison canadienne super efficace du point de vue énergétique.
Le sénateur Finley : Votre réponse permet d'enchaîner depuis ma dernière question vers un point soulevé par le sénateur Eaton, c'est-à-dire la question de cohésion. Il y a deux ou trois semaines, j'ai voulu savoir qui était le principal responsable des arbres, des forêts ou du bois. Il ne semble pas qu'une telle personne ou un tel ministère existe. Il n'y a pas de maître d'œuvre ni personne qui a rédigé le vaste plan de ce en quoi nous devons nous engager en la matière.
J'ai l'impression que la maison super efficace, la maison Super E, devrait être montrée à la conférence de Copenhagen sur le climat. Peut-être les fonctionnaires d'Environnement Canada, avec ceux de votre ministère, devraient-ils informer les participants à la conférence que les Canadiens travaillent à des façons d'améliorer l'environnement par d'autres moyens qu'une taxe sur le carbone ou un programme d'échange de droits d'émissions de carbone.
Existe-t-il un moyen, peut-être au niveau du gouvernement, ou pour nous, en tant que comité sénatorial, qui nous permettrait de faciliter la création d'une tribune qui réunirait toutes les compétences en la matière, en même temps, de manière à produire une espèce de stratégie grandiose, que tous pourraient comprendre, ce qui ferait qu'on pourrait la voir et lire à son sujet? J'aimerais connaître votre opinion sur toute cette question de cohésion et d'interface.
M. Rosser : Si j'avais à qualifier l'industrie des produits du bois, par rapport à d'autres secteurs des ressources, je dirais que c'est une industrie — et c'est vrai à la grandeur du monde entier, ce n'est pas limité au Canada — assez morcelée. Même si certains grands producteurs de bois et de produits du bois sont canadiens, de fait, certains des premiers producteurs mondiaux sont des sociétés canadiennes, le secteur compte beaucoup d'entreprises relativement petites. C'est pourquoi il a toujours été un peu indiscipliné. Du côté des autorités, on trouve toutes sortes de joueurs différents.
Je suppose que l'une des raisons pourquoi l'État participe aux efforts de développement des marchés, c'est que, dans une industrie qui compte des milliers d'entreprises, il est proportionnellement plus difficile d'organiser les efforts collectifs de commercialisation, par exemple, que dans une industrie dominée par trois ou quatre joueurs. Cette industrie morcelée a toujours été moins unie qu'elle ne l'aurait pu. À la faveur de certaines coalitions, dont nous avons parlé ce matin, et de certains partenariats, nous aimons croire que nous apportons à l'industrie plus de cohésion. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est toujours parfait, toutefois.
En parlant de la conférence de Copenhague, vous avez fait allusion au problème de notre réputation en matière d'environnement. À cette manifestation, il y aura des événements parallèles sur certains thèmes qui visent à sensibiliser les négociateurs et les décideurs aux propriétés du bois et des matériaux ligneux relativement à la question du carbone. Je crois que les organismes des Nations Unies tels que la FAO (pour l'alimentation et l'agriculture) participent de cette manière à cette conférence.
M. Jones : M. Rosser a raison. Par le truchement des Nations Unies, nous assistons à un effort concerté pour amener tous les pays producteurs de bois à adopter la même position à Copenhague, en décembre. La semaine dernière, à Genève, il y a eu une réunion importante du comité du bois, dont les membres sont de l'Union européenne, du Canada et des États-Unis, sur la question de la construction écologique. Le prochain forum — et il est intéressant que vous ayez soulevé cette question — aura lieu au Canada, à Québec, en avril prochain. On veut que tous les pays producteurs de bois, par le truchement des Nations Unies, viennent au Canada discuter de mécanismes pour promouvoir les caractéristiques du bois, mais par des formes d'utilisation dotées d'une très bonne empreinte carbone et en tenant compte des répercussions sur les changements climatiques.
Le gouvernement du Canada, par le truchement de notre ministère, aide au parrainage de cette conférence.
Le sénateur Finley : Pourriez-vous faire connaître certains détails de la conférence au comité?
M. Jones : Bien sûr.
Le président : Prévoyez-vous une table ronde canadienne, qui réunirait des ingénieurs, des architectes, des écoles, des écoles de métiers provinciales? Cette table ronde, animée par le gouvernement du Canada, pourrait sensibiliser ces groupes aux programmes Le bois canadien d'abord. Nous comprenons que chaque État possède son propre programme et que la forêt relève des provinces. Cependant, à cause de la crise et du ralentissement économiques, nous pouvons nous autoriser à formuler des recommandations aux divers gouvernements afin de trouver la vision qu'il nous faut pour demain. C'est ce que j'appelle l'or vert. Que pensez-vous d'une table ronde canadienne?
M. Rosser : Divers organismes réunissent les gouvernements et les établissements d'éducation qui sont intéressés à ce domaine. Je crois comprendre qu'il existe un organisme qui réunit les doyens des facultés de foresterie des universités de tout le pays.
Au niveau gouvernemental, il existe un organisme fédéral-provincial-territorial connu sous le nom de Conseil canadien des ministres des forêts, qui assure une tribune au dialogue sur les divers efforts consacrés entre ces niveaux de gouvernement à la promotion de l'utilisation du bois. De façon moins officielle, nous, en tant qu'organisme bilatéral, avons entamé un dialogue régulier avec nos homologues provinciaux. C'est par de tels organismes qu'a lieu la discussion que vous semblez préconiser. À ma connaissance, toutefois, il n'y a pas d'organisme unique qui réunit des représentants des facultés d'architecture et de génie pour parler spécifiquement de bois et d'utilisations du bois.
Le président : Un secteur émergent, qui est viable, est celui du bois dur. Est-ce que ce matériau fait l'objet d'une recherche suffisante? Vous avez parlé de résineux et nommé différentes universités, mais pour ce qui concerne le bois de feuillus, pouvez-vous informer le comité de la recherche-développement qui se fait dans ce secteur et parler aussi des marchés naissants?
M. Rosser : En général, les exportations de bois concernent surtout les résineux. Cependant, le Canada produit et exporte une gamme de produits de bois de feuillus qui va des produits de base au bois de parqueterie et autres produits de grande qualité en passant par les panneaux de construction.
M. Jones : En ce qui concerne la recherche, FPInnovations possède une division affectée à la recherche sur les bois durs. L'entreprise a noué des partenariats avec des organisations, ici, dans l'Outaouais, ainsi qu'avec d'autres universités du Québec.
Le président : Pouvez-vous nous éclairer sur le rôle que joue votre ministère dans ce domaine?
M. Jones : Notre rôle consiste à financer FPInnovations pour que l'entreprise effectue de la recherche.
Le président : À la page 6 de votre exposé, on lit : « Influence — Utilisation du bois dans plus de 55 projets de CNR ». Je suppose que CNR signifie « Conseil national de recherches »?
M. Jones : Non, CNR signifie « construction non résidentielle ».
M. Rosser : Désolé de la confusion, mais, effectivement, l'abréviation signifie « construction non résidentielle ».
Le président : Je tiens à préciser que le Conseil national de recherches du Canada, ou CNRC, effectue de la recherche-développement dans tout le Canada. Quel rôle joue-t-il? Je parle un peu en connaissance de cause. Lorsque j'étais ministre chargé du logement au Nouveau-Brunswick, la recherche-développement était trop souvent, à nos yeux, quelque chose d'inutile. Je préfère la recherche-développement qui aide à la commercialisation des produits.
Si vous ne pouvez pas répondre à la question, vous voudrez bien informer le comité sur le rôle du CNRC dans la présente recherche-développement; sur son rôle facilitateur pour la mise au point d'un produit fini et sa commercialisation par les partenaires et joueurs du secteur.
M. Rosser : Pour vous répondre de façon générale, je prends note de votre observation sur l'importance de faire sortir la recherche du laboratoire et de la faire aboutir sur le marché. Ce matin, nous avons parlé plusieurs fois de l'appui que nous accordons à l'innovation dans le secteur forestier. Dans ce secteur d'activité, par le truchement du Plan d'action économique du Canada, de nouvelles sources de financement servent précisément à cette fin. Nous sommes en mesure de présider à la commercialisation, avec le concours d'un partenaire industriel, de certaines innovations dont nous avons financé la recherche ces quelques dernières années.
Dans le contexte des programmes de Ressources naturelles Canada, du moins, nous essayons d'insister sur ce maillon de la chaîne de l'innovation et de souligner l'importance de sortir du laboratoire pour passer à la production industrielle.
Pour ce qui est de la participation du CNRC, M. Jones pourra peut-être donner des précisions, mais je crois comprendre que l'organisation participe directement à l'élaboration du modèle du Code national du bâtiment du Canada. Nous pouvons assurément vous renseigner sur le rôle que cet organisme joue dans ce domaine.
M. Jones : En outre, pour ce qui concerne une grande partie de la recherche à laquelle j'ai fait allusion plus tôt à l'égard du financement de FPInnovations par Ressources naturelles Canada, des partenariats ont été noués avec le CNRC. Plus précisément, quand je parlais du lamellé-croisé, l'Université du Nouveau-Brunswick, qui est le chef de file de ce domaine, reçoit du financement par l'entremise du programme du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG). C'est donc une relation à part entière avec le CNRC. En outre, le comité directeur du lamellé- croisé, qui a, en fin de compte, un droit de regard sur les modalités que nous utilisons pour la commercialisation ou l'élaboration d'une stratégie canadienne, bénéficierait de la participation du CNRC.
Le président : Au nom du comité, je vous remercie de vos témoignages, monsieur Rosser et monsieur Jones. Vos exposés ont été très intéressants et très instructifs. Si vous voulez nous transmettre des renseignements supplémentaires, en complément des réponses données à certaines questions, s'il vous plaît, n'hésitez pas à le faire.
(La séance est levée.)