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Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Transports et des communications

Fascicule 3 - Témoignages du 12 mai 2009


OTTAWA, le mardi 12 mai 2009

Le Comité permanent des transports et des communications se réunit aujourd'hui, à 9 h 33, pour étudier les enjeux émergents liés à son mandat dans le domaine des communications et à faire rapport sur le secteur du sans-fil, notamment sur l'accès à Internet haute vitesse, la fourniture de largeur de bande, le rôle d'édification de la nation du sans-fil, le rythme d'adoption des innovations, les aspects financiers liés aux changements possibles du secteur ainsi que le développement du secteur au Canada comparativement à ce qui se fait ailleurs dans le monde.

Le sénateur Lise Bacon (présidente) occupe le fauteuil.

[Français]

La présidente : Nous avons aujourd'hui à l'ordre du jour l'étude sur les enjeux émergents liés à son mandat dans le domaine des communications et à faire rapport sur le secteur du sans-fil, notamment sur l'accès à Internet haute vitesse, la fourniture de largeur de bande, le rôle d'édification de la nation du sans-fil, le rythme d'adoption des innovations, les aspects financiers liés aux changements possibles du secteur ainsi que le développement du secteur au Canada comparativement à ce qui se fait ailleurs dans le monde.

[Traduction]

Nous accueillons ce matin un représentant d'Industrie Canada, Keith Parsonage, directeur général des technologies de l'information et des communications. Monsieur Parsonage, bienvenue parmi nous. Nous sommes heureux que vous ayez pu venir pour répondre à nos questions, car je suis sûre que les sénateurs en ont beaucoup à vous poser ce matin. Mais tout d'abord, c'est vous que nous voulons entendre.

Keith Parsonage, directeur général, Direction générale des technologies de l'information et des communications : Merci de m'avoir invité à comparaître devant votre comité. Je crois que ma déclaration, dans les deux langues officielles, vous a été distribuée. Si vous le voulez bien, je vais vous décrire dans les grandes lignes l'industrie canadienne du sans-fil.

Je vais commencer par vous parler de l'industrie des technologies de l'information et des communications au Canada. Cette industrie regroupe plus de 30 000 entreprises implantées sur notre territoire, d'est en ouest, qui génèrent actuellement plus de 150 milliards de dollars de revenus. Elle emploie près de 600 000 personnes, dont 43 p. 100 ont un diplôme universitaire, ce qui est assez remarquable. Le salaire moyen y est en général beaucoup plus élevé que dans les autres secteurs de l'économie. Cette industrie représente près de 5 p. 100 du PIB du Canada et, surtout, près de 9 p. 100 de la croissance économique du pays depuis 2002.

Autre élément extrêmement important, l'industrie des technologies de l'information et des communications assure à elle seule près de 40 p. 100 de toute la R-D industrielle qui se fait dans le secteur privé au Canada. C'est un chiffre important, qu'il ne faut pas perdre de vue.

L'industrie est, bien sûr, fortement orientée vers les exportations. Chaque année, elle exporte près de 31 milliards de dollars de biens et de services. Il s'agit là d'une contribution très importante.

Parlons maintenant d'une branche de cette industrie, celle du sans-fil, qui compte environ 130 entreprises. Ce chiffre est bien inférieur au nombre total d'entreprises que compte le secteur des TIC, mais ce sont des entreprises très performantes, qui se développent à un rythme phénoménal, soit 33 p. 100 au cours des deux dernières années, et qui génèrent des ventes de plus de 4 milliards de dollars. Selon les données les plus récentes dont nous disposons, l'industrie du sans-fil employait 15 000 personnes en 2007, et ce nombre augmente rapidement. Ainsi, en un peu plus de trois ans, le taux de croissance de l'emploi a atteint près de 15 p. 100 par an, ce qui est phénoménal. Une grande partie de cette croissance est attribuable au fabricant de ce petit objet que vous avez ici. Comme je l'ai dit, c'est une industrie qui fait beaucoup de R-D, à raison de 1,6 milliard de dollars par an.

Le Canada dispose d'un excellent réseau de télécommunications depuis plusieurs décennies, et c'est peut-être pour cela que nous avons un peu tardé à passer au sans-fil, mais aujourd'hui, le sans-fil représente environ 50 p. 100 de toutes les connexions au Canada. En 2008, environ 21,5 millions de personnes utilisaient des combinés sans fil. De plus, les Canadiens envoient plus de 77 millions de textos par jour. J'ai lu l'autre jour qu'à l'échelle mondiale, 286 milliards de textos sont envoyés chaque jour — ça représente beaucoup d'index endoloris, j'imagine.

Depuis que nous avons introduit au Canada les services sans fil et les services cellulaires de niveau avancé, plus de 98 p. 100 de la population canadienne a accès à des infrastructures d'accès mobiles. Certes, nous avons des obstacles à surmonter, car, comme vous le savez, le Canada est le deuxième pays au monde de par sa superficie, avec un territoire d'environ 10 millions de kilomètres carrés, et sa population ne compte que 33 millions d'habitants. Nous n'avons généralement aucun problème à desservir ceux qui résident le long de la frontière canado-américaine, mais, pour ce qui est des régions éloignées du pays, nous avons encore des obstacles à surmonter.

Passons maintenant à la diapositive numéro 5. Vous voyez que, à l'échelle mondiale, la croissance du cellulaire mobile a dépassé celle des services fixes en 2002. Bon nombre de pays en développement ont décidé, plutôt que de s'équiper en services fixes, de passer directement à la communication mobile. En fait, dans certains pays, le taux de pénétration cellulaire dépasse 100 p. 100, car certaines personnes utilisent plus d'un combiné mais ne s'abonnent pas à des services fixes. Cette tendance s'affirme de plus en plus au Canada, et, par exemple, mon fils n'a pas de service fixe. On ne peut le joindre que sur son cellulaire. Le monde change.

Sur la diapositive no 6, vous voyez qu'entre 2008 et 2012, les taux de croissance anticipés concernent essentiellement les services sans fil, que ce soit les données sans fil ou la voix sans fil. La croissance des services « données et voix » du réseau filaire devrait se stabiliser. C'est donc dans le sans-fil et, de plus en plus, dans les données filaires qu'on enregistre le taux croissance le plus important, étant donné que les équipements mobiles reçoivent de plus en plus de contenus numériques.

Passons maintenant à la diapositive no 7. Quand j'étais adolescent, on ne pouvait regarder la télévision que si on était connecté au câble ou si on avait une grande antenne fixée sur le toit de la maison. On ne pouvait écouter les émissions de radio qu'à partir d'un poste de radio, et pas autrement. Tous les services étaient bien cloisonnés. On se procurait des livres à la bibliothèque ou dans une librairie. Le courrier était distribué par un facteur, qu'il pleuve ou qu'il vente, cinq jours par semaine, partout au Canada. Il n'y avait qu'un fournisseur de services téléphoniques, et c'était Bell.

Aujourd'hui, nous entrons dans l'ère du protocole Internet, où tout se fait par protocole Internet et où nous pouvons nous procurer pratiquement tout, à n'importe quelle heure, dans n'importe quel endroit, au moyen d'un combiné mobile. Dorénavant, je peux lire un livre à partir d'un combiné mobile. Je peux regarder une émission de télévision à partir d'un combiné mobile. Je peux parler à mes enfants à l'autre bout du monde au moyen d'un merveilleux petit gadget, le téléphone Skype, fabriqué par Linskys. Quand je suis à l'étranger, je peux aller dans un centre WiFi et y connecter mon petit téléphone WiFi pour appeler mon épouse, où qu'elle soit dans le monde, et cela ne me coûte pratiquement rien.

Le monde est en pleine mutation, mais cette mutation offre toutes sortes de possibilités aux entreprises canadiennes. La diapositive no 8 vous donne les noms de quelques leaders mondiaux du sans-fil. Je me souviens quand j'ai acheté mon premier ordinateur Apple; c'était un Apple II et il n'avait qu'une très petite mémoire et un disque à capacité limitée — 48K, si ma mémoire est bonne.

Le sénateur Fox : Je croyais que vous alliez parler de Nortel, au bon vieux temps.

M. Parsonage : Nous n'en sommes pas encore là. Apple s'est bien implanté dans le domaine des télécommunications avec l'iPhone. J'ai menacé de renier mon fils lorsqu'il a remplacé son Blackberry par un iPhone.

Voici donc la liste des grands chefs de file mondiaux, je n'ai pas besoin de vous les présenter. Ils sont aujourd'hui bien implantés dans ce secteur, mais à une certaine époque, ils occupaient un autre créneau.

De nouvelles entreprises apparaissent, comme les Chinoises ZTE et Huawei, très solides. Huawei emploie environ 90 000 personnes, dont la moitié sont des ingénieurs. J'étais au centre Huawei il y a six semaines, et croyez-moi, c'est un concurrent formidable.

La diapositive no 9 vous indique les plus grandes entreprises canadiennes du sans-fil. Vecima Networks, par exemple, qui a son siège à Victoria et des usines à Saskatoon, Sierra Wireless, de Colombie-Britannique, SiGe, d'Ottawa, Redline et Com Dev sont toutes bien implantées sur la scène canadienne et sont aussi des acteurs importants sur les marchés internationaux. Il ne faut pas oublier que le marché canadien ne représente que 3 p. 100 du marché mondial du sans-fil, et que, par conséquent, si elles veulent se développer, les entreprises canadiennes doivent pénétrer les marchés internationaux.

La diapositive no 10 indique que nous recensons actuellement 25 millions de Blackberrys. Ce chiffre est déjà dépassé, car, depuis que nous discutons, il y en a sans doute 200 000 de plus qui se sont vendus dans le monde. Il est intéressant de constater qu'aujourd'hui, ils se vendent moins aux grandes entreprises et davantage aux consommateurs, aux petites entreprises et aux consultants. C'est une tendance qui est apparue il y a deux ou trois ans, et, à l'heure actuelle, 45 p. 100 des utilisateurs ne sont pas des entreprises. Blackberry vient d'ouvrir cette année des boutiques d'applications, qui permettent aux utilisateurs de venir télécharger des applications sur leur appareil, tout comme Apple le fait pour l'iPhone.

C'est dans ce domaine que les fabricants de logiciels canadiens peuvent avoir des opportunités intéressantes. N'importe qui peut mettre au point une application qui sera vendue dans les magasins Blackberry. Bien sûr, les revenus seront partagés entre le concepteur et Blackberry, l'opérateur. Ainsi, des jeux intéressants ont été inventés par des gens à qui ça a rapporté beaucoup d'argent. J'aimerais bien avoir quelques années de moins et faire partie de cette génération.

La diapositive no 11 présente les entreprises canadiennes en matière de solutions sans fil. Les données ont été puisées dans une source différente, à savoir le Branham 300, qui est sorti en avril ou mai de cette année et qui est un relevé des 250 à 300 entreprises de TIC les plus importantes au Canada. Nous en avons extrait des données sur l'industrie du sans-fil, et c'est encore mieux que les relevés de Statistique Canada. Le Branham 300 ne mesure pas tout à fait les mêmes choses, car ce n'est pas un rapport exclusivement canadien. Entre 2007 et 2009, ces entreprises ont affiché une augmentation de 82 p. 100 de leurs revenus, soit un taux de croissance phénoménal. Neuf entreprises représentent 25 p. 100 de cette croissance, mais ce chiffre reste néanmoins exceptionnel. Les entreprises de ce secteur ont généré des revenus de près de 8 milliards de dollars à l'échelle mondiale. Il y a donc là des opportunités extraordinaires, mais vous remarquerez qu'il y a une différence entre le taux de pénétration des télécommunications filaires et celui du sans-fil.

La diapositive no 12 indique la répartition, au Canada, des fournisseurs de technologies sans fil. Quel que soit son lieu de résidence, n'importe qui peut s'établir sur le marché. Il est possible de mettre sur le marché des solutions et des applications qui répondent aux besoins des utilisateurs de sans-fil, où qu'ils soient dans le monde. Bien sûr, on constate que les fournisseurs sont nombreux en Ontario et au Québec, où la population est plus concentrée, mais il y aussi des poches de talents dans le Canada atlantique, dans les Prairies et en Colombie-Britannique.

Je vais vous parler maintenant des points forts de ce secteur, selon le type de service. Il y a d'abord l'infrastructure cellulaire mobile, c'est-à-dire les gens qui construisent les tours et les équipements de transmission. Il y a ensuite la gestion des réseaux sans fil, c'est-à-dire les gens qui fournissent les logiciels nécessaires à la gestion des réseaux. Il y aussi une nouvelle technologie sans fil à large bande, qu'on appelle WiMAX, ainsi que les réseaux LAN sans fil. Tout cela est très technique, et je ne m'y attarderai pas. J'essaie simplement de vous donner une idée des différents types de technologies, d'infrastructures et d'applications que nous avons au Canada. Nos entreprises sont capables d'offrir pratiquement tous les services possibles à l'échelle internationale.

Je ne m'attarderai pas sur les diapositives suivantes, car elles traitent des entreprises canadiennes et de leurs capacités; je préfère vous parler de l'infrastructure cellulaire et d'entreprises comme Filtel, iBwawe, Trylon et Nortel, qui fournissent des infrastructures cellulaires à des pays et des entreprises du monde entier. À propos des outils habilitants ou des applications, certaines entreprises comme Redknee font de la facturation d'abonnés. On ne peut pas mettre en place un système cellulaire sans avoir un système de facturation, et des entreprises canadiennes offrent ce genre de solutions à des opérateurs du monde entier.

De même, CounterPath Technologies est une entreprise qui fabrique un téléphone logiciel spécial, semblable à celui que j'ai ici; c'est le type d'application qui ajoute de la valeur à ce que les opérateurs offrent à leurs abonnés. Des solutions, conçues par des entreprises canadiennes, sont aujourd'hui utilisées par des banques du monde entier. Par exemple, c'est une entreprise canadienne qui vend des solutions pour les paris hors-piste à Hong Kong. Bref, les entreprises canadiennes offrent toutes sortes de solutions novatrices et uniques.

La diapositive no 16 porte sur la technologie des réseaux maillés WiFi. C'est la technologie qu'utilise ce téléphone. L'Argentine, par exemple, s'est intéressée à la façon dont le Canada, qui est à la pointe de la technologie du sans-fil, avait déployé ses solutions et comment il s'était servi d'Internet pour connecter les Canadiens. L'Argentine a entrepris à son tour de connecter tous ses citoyens à Internet. Dans presque toutes les régions du pays, vous pouvez dorénavant vous connecter à Internet dans une épicerie, dans un restaurant ou dans un hôtel, et le Canada a joué à cet égard un rôle important.

La diapositive no 17 présente certaines entreprises qui vendent des solutions sur les marchés internationaux. Je suis désolé qu'il y ait tant de sigles, mais la technologie MROF signifie multiplexage par répartition orthogonale de la fréquence, ce qui n'est pas facile à prononcer. Tout le monde dit le MROF. Cela vous montre que le Canada a de grandes capacités dans ce domaine. C'est la même chose pour WiMAX, qui est la technologie à large bande sans fil, dont il est question à la diapositive no 18. Le gouvernement canadien s'intéresse beaucoup au déploiement de cette technologie, dans son Centre de recherches sur les communications. En fait, les Canadiens ont mis au point certains des premiers produits qui ont été homologués par la norme WiMAX, pour le déploiement de cette technologie à large bande sans fil.

Redline, Wavesat et Vecima font de la recherche fondamentale et appliquée dans ce domaine, tout en déployant des projets pilotes au Canada et à l'étranger. C'est grâce à cette technologie que vous pouvez faire des téléchargements à haute vitesse à partir d'un appareil mobile sans fil.

La diapositive no 19 présente une liste des principales entreprises canadiennes, mais cette liste est loin d'être exhaustive. Comme je l'ai dit, il y en a environ 115, mais cette diapositive vous donne un aperçu de leurs capacités. Par exemple, Wawesat est un concepteur de semi-conducteurs « fabless », c'est-à-dire qu'il conçoit les puces qui équipent les combinés mobiles. Le Canada n'ayant pas d'usine de semi-conducteurs, ceux-ci sont généralement fabriqués à Taïwan, selon des normes canadiennes. Ainsi, c'est dans la conception et les caractéristiques des circuits que se trouve la valeur ajoutée, les circuits étant ensuite fabriqués en silicone et intégrés à des combinés mobiles vendus dans le monde entier.

La diapositive no 20 mentionne le nom d'Airborne Entertainment, qui est un diffuseur de contenu mobile. C'est le fournisseur des jeux que vous avez sur votre iPhone ou sur votre Blackberry, et ces jeux sont conçus par des entreprises canadiennes.

La diapositive no 21 porte aussi sur les solutions destinées au courriel sans fil. De nombreuses entreprises s'intéressent à ce secteur, notamment Research in Motion, qui en est le chef de file. Il y aussi une petite entreprise intéressante de l'Ouest, qui s'appelle PureInbox et qui fait toute la synchronisation entre vos ordinateurs et vos combinés. Par exemple, si vous avez un ordinateur portable et plusieurs combinés mobiles et que vous changez une entrée de votre agenda sur l'un d'entre eux, tous vos autres combinés mobiles seront automatiquement mis à jour. J'ai l'impression de faire de la publicité gratuite pour l'entreprise, mais je voulais vous montrer que les entreprises canadiennes offrent des solutions tout à fait uniques.

Amika Mobile est une entreprise qui conçoit des systèmes novateurs d'alertes critiques pour les combinés mobiles. Je veux parler bien sûr des combinés portables sans fil.

La diapositive no 22 montre que le Canada est à l'avant-garde des communications par satellite et des solutions d'accès par satellite à large bande. Pour les régions rurales et les régions éloignées, les communications par satellite sont le seul moyen de les desservir. Il est impossible d'utiliser du cuivre ou de la fibre dans beaucoup de régions du grand Nord canadien. À l'échelle mondiale, les revenus des communications par satellite augmentent de 16 p. 100 par an, alors qu'en moyenne, notre taux de croissance a été de 11 p. 100 entre 2002 et 2007. La croissance de la demande continue d'être forte pour les services de communications par satellite, notamment dans les régions rurales et les régions éloignées.

La diapositive no 23 porte sur l'identification par radio fréquence, l'IRF, qui est un phénomène relativement nouveau. Certains d'entre vous se souviennent peut-être de la publicité que faisait IBM il y a à peu près un an, où une personne entrait dans une épicerie, remplissait son chariot et sortait sans payer. Chaque produit qu'elle avait placé dans son chariot portait une étiquette IRF, qui était automatiquement enregistrée à sa sortie du magasin. Cela fait gagner énormément de temps, y compris pour le suivi de l'inventaire. Aujourd'hui, les grands magasins demandent de plus en plus que les produits portent une étiquette IRF. On utilise aussi cette technologie pour le contrôle et le suivi des médicaments, par exemple, et ses applications promettent d'être nombreuses, notamment dans le domaine de la sécurité. Cela concerne les combinés sans fil sur de courtes distances.

En 2009, on prévoit vendre plus de 2,35 milliards d'étiquettes IRF. Ce n'est qu'un début, le déploiement commence à peine. Il y aura de plus en plus d'applications de l'IRF, et les entreprises canadiennes sont très actives dans ce domaine.

La diapositive no 24 vous indique certaines entreprises canadiennes très actives sur les marchés internationaux pour ce qui est de la technologie IRF.

La diapositive no 25 porte sur une technologie relativement nouvelle, qu'on appelle la radio réalisée par logiciel, la RRL. Jusqu'à présent, lorsque vous vouliez utiliser une fréquence différente ou un appareil de communication différent, il vous fallait acheter un autre appareil. Avec la radio réalisée par logiciel, le logiciel vous permet de reconfigurer la radio et d'utiliser les fréquences que vous voulez. Si vous faites partie d'une équipe d'urgence composée de pompiers, de policiers et d'ambulanciers, vous voulez pouvoir communiquer avec tous les autres membres de l'équipe. Avec une radio équipée de ce logiciel, vous pouvez reconfigurer votre radio, ce qui vous évite d'acheter une autre radio ou de transporter trois combinés pour pouvoir communiquer.

Là encore, c'est le Centre canadien de recherches sur les communications, qui fait partie d'Industrie Canada, qui a été à l'avant-garde de cette nouvelle technologie en fixant des normes et des critères de licence.

Le sénateur Fox : Excusez-moi, j'ai du mal à vous suivre dans le texte français. Je sais que la version française est toujours plus concise que l'anglaise, mais le texte français s'arrête à la page 22, alors que le texte anglais va jusqu'à la page 30.

M. Parsonage : Je suis terriblement embarrassé.

Le sénateur Fox : Je n'ai peut-être pas la bonne version du texte français? Avez-vous 30 pages? Il est vrai que nous sommes plus concis en français.

M. Parsonage : Nous sommes plus concis en français. Je vais faire corriger cela, je vous présente toutes mes excuses.

C'est bien que les gens soient vigilants. Je vous remercie, sénateur.

Je ne sais pas à quel rythme la radio réalisée par logiciel va se répandre, mais c'est une technologie qui a un potentiel considérable et qui va redéfinir complètement et plus simplement la façon dont se font les communications par radio.

Les entreprises qui figurent sur la diapositive no 26, dans la version anglaise, s'occupent du traitement des signaux du spectre. Zeligsoft est une entreprise qui s'intéresse au déploiement de cette technologie, qui est actuellement testée pour des applications militaires, et je n'en dirai pas plus.

La dernière technologie dont je veux vous parler est la technologie à bande ultralarge. La mise au point de cette nouvelle technologie est en cours, qui concerne la communication par radio sur de courtes distances, à très haut débit et à bande ultralarge. Les normes sont en cours de préparation à l'échelle internationale, et le Canada y participe afin de s'assurer que les entreprises canadiennes peuvent mettre au point et fabriquer des appareils qui utilisent cette technologie. Bien sûr, la négociation de normes internationales est toujours difficile. Mais il s'agit d'une nouvelle technologie qui promet de révolutionner, par exemple, tous les dispositifs de communication et de contrôle existant dans une maison.

Comme l'indique la diapositive no 28, plusieurs entreprises s'intéressent au déploiement et à l'expérimentation de cette nouvelle technologie.

Je vais résumer la diapositive no 29 en disant que le Canada réussit à maintenir son leadership dans le sans-fil, malgré les bouleversements que connaissent actuellement les marchés. Nous fabriquons au Canada la prochaine génération d'infrastructures cellulaires mobiles. Nous établissons des normes pour certaines technologies émergentes. Nous sommes un chef de file en matière de combinés sans fil mobiles, et nous nous intéressons aux nouvelles technologies qui nous permettront de conserver notre leadership dans ce secteur.

La dernière diapositive vous donne les noms de plusieurs associations industrielles et des sources auxquelles vous pouvez vous adresser, au gouvernement canadien, pour obtenir plus d'informations sur ces technologies, sur les entreprises canadiennes et l'aide qui leur est offerte. Je suis prêt à répondre à vos questions.

La présidente : Merci beaucoup, monsieur Parsonage. Vous nous avez fait un exposé très intéressant, qui nous sera très utile pour notre étude. J'espère que nous pourrons obtenir d'autres exemplaires du texte, que nous pourrons remporter avec nous la semaine prochaine à Londres et à Paris, pour que nous puissions répondre correctement aux questions qui nous seront posées.

Lors d'une conférence que vous avez faite en 2008, vous avez dit que les technologies de l'information et des communications étaient des outils fondamentaux, qui auraient des applications pour les secteurs de la santé, de la sécurité, des transports, etc.

Vous avez ajouté que le point de bascule avait été l'invention d'Internet. Pensez-vous qu'un meilleur accès sans fil à Internet sera le prochain point de bascule, en ce sens que cela nous permettra d'améliorer notre mode de vie et la façon dont nous faisons des affaires?

M. Parsonage : Vous me demandez à nouveau de faire des projections.

La présidente : Vous vous en êtes plutôt bien tiré jusqu'à présent.

M. Parsonage : J'ai été témoin de l'introduction et de l'explosion d'Internet tout au long de ma carrière de directeur général à Industrie Canada. Étant également responsable du Réseau évolué du Canada, c'est-à-dire CANARIE, et de Canet, j'ai déjà vu certaines des applications de la prochaine génération. Le sans-fil est assurément la voie de l'avenir, et l'accès sans fil à Internet modifiera, à mon avis, considérablement la façon dont nous fonctionnons.

Chaque fois que vous entrez dans un hôpital, un panneau vous demande de fermer votre cellulaire. Mais les médecins peuvent aujourd'hui utiliser leur BlackBerry dans l'hôpital, car leur appareil est équipé d'applications médicales qui leur permettent de poser des diagnostics très rapidement ou de recevoir les données des patients qu'ils soignent, ce qu'ils ne pouvaient pas faire avant. Cela va modifier radicalement la façon dont nous vivons, dont nous travaillons, dont nous faisons des affaires — bref, les relations que nous avons les uns avec les autres.

Voyez par exemple le succès phénoménal de YouTube. À propos, je suis sur YouTube moi aussi, et vous pouvez donc le consulter si vous voulez mieux me connaître. Ce sont de nouvelles façons de communiquer. Le seul moyen pour moi de communiquer avec mon fils est de le contacter sur son combiné sans fil. Je lui envoie des photos et il les regarde sur son iPhone. Je préférerais que ce soit un BlackBerry.

La présidente : La mise à jour d'avril 2009 du Profil statistique des TIC au Canada indique que le matériel de communication sans fil continue d'être le créneau le plus performant, avec un taux de croissance de 19 p. 100 en 2008, ce qui représente une augmentation de 289 millions de dollars par rapport à 2007.

Quels sont les principaux représentants de l'industrie que nous devrions convoquer dans le cadre de notre étude?

M. Parsonage : À la page 11 de mon exposé, je vous donne la liste des 10 principales entreprises canadiennes du sans-fil. C'est donc à leurs représentants que vous devriez vous adresser. Je serais tout à fait disposé à vous introduire auprès d'eux, s'il y a lieu.

La présidente : Merci.

La semaine prochaine, plusieurs membres du comité vont se rendre à Paris et à Londres pour rencontrer, dans le cadre de cette étude, des représentants du gouvernement et de l'industrie. Quelle est la situation de cette industrie dans ces deux pays? Est-elle comparable à la nôtre?

M. Parsonage : Je n'ai pas ici les statistiques qui me permettraient de faire ce genre d'évaluation comparative. Je peux vous les faire parvenir plus tard si vous le désirez, mais je sais en tout cas, d'après les analyses qui ont été faites par mes économistes, que notre industrie est très performante, surtout par rapport à la France. Le Royaume-Uni est un concurrent plus difficile pour nous, mais je vous promets de vous faire parvenir très rapidement plus de précisions à ce sujet.

La présidente : Je vous en remercie d'avance, car, de cette façon, nous pourrons les distribuer aux membres du comité. Merci, monsieur Parsonage.

Le sénateur Fox : J'aimerais dire pour commencer qu'Industrie Canada a été un véritable chef de file pendant longtemps, et je constate qu'il continue de l'être. Vous avez sans doute des détracteurs, car il y a des gens qui ne sont jamais contents, mais dans l'ensemble, je pense qu'Industrie Canada exerce un formidable leadership. Cela montre bien comment le gouvernement et l'industrie peuvent, en travaillant ensemble, obtenir des résultats extraordinaires.

Avant de poser mes questions, je voudrais vous dire combien j'ai été surpris d'apprendre que la R-D représentait 6,2 milliards de dollars. Nous avons eu une séance d'information au caucus de l'aérospatial, qui est un groupe non partisan de députés et de sénateurs qui s'intéressent à l'industrie de l'aérospatial. Si je me souviens bien, cette industrie consacre 2 milliards de dollars à la R-D chaque année, alors qu'ici, on parle de 6,2 milliards. C'est pharamineux. Ça explique pourquoi notre industrie des communications est aussi florissante.

Pour en revenir au mandat du comité et à l'étude dont nous avons été saisis — ce mandat figure dans l'avis de convocation que vous avez devant vous —, les questions qui m'intéressent le plus — les autres intéresseront certainement d'autres sénateurs — sont l'accès à Internet haute vitesse, les aspects financiers des changements qui pourront survenir dans le secteur, et, enfin, la comparaison avec ce qui se fait dans d'autres pays. Dans les notes que vous ferez parvenir à la présidente, pourrez-vous inclure des données sur l'industrie d'un pays comme l'Australie, qui compte de nombreuses localités isolées?

La question qui m'intéresse le plus est l'accès à Internet haute vitesse dans les collectivités rurales ou éloignées. On disait jadis que c'était surtout le fossé numérique qui séparait les pays développés des pays en développement, mais j'ai l'impression, et corrigez-moi si je me trompe, que le fossé numérique existe à l'intérieur de notre pays, pour ce qui est de l'accès à Internet haute vitesse. J'aimerais revenir sur votre diapositive no 4, où vous dites, à la dernière phrase...

[Français]

Les infrastructures d'accès mobile atteignent maintenant 98 p. 100 de la population du Canada.

[Traduction]

Vous avez dit que nous avions des obstacles à surmonter au Canada. Le CRTC nous a donné une statistique encore plus importante que celle des 98 p. 100 en nous disant que, même si 98 p. 100 des Canadiens ont accès au sans-fil de base, seulement 78 p. 100 ont accès au sans-fil 3G. Quels sont les obstacles qui nous empêchent aujourd'hui de donner l'accès au sans-fil au plus grand nombre de gens possible?

Permettez-moi de vous donner un exemple. Un de mes collaborateurs parlait hier avec M. André Jalbert, de la Fédération des coopératives de développement régional du Québec, et je vous lis la note que j'ai devant les yeux.

[Français]

Il y a au Québec 250 municipalités qui n'ont pas Internet haute vitesse et quatre régions spécifiques sont visées : la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, Chaudière-Appalaches et, à ma grande surprise, l'Estrie. Ces régions représentent 350 000 personnes. Je présume que s'il y a une extrapolation à travers le Canada, il y aura sûrement une couple de millions de personnes qui n'auront pas accès à ce qu'on appelle Internet haute vitesse.

Pouvez-vous commenter? Commencez avec ce que vous voyez comme étant les grands défis du point de vue gouvernemental, et vous pourriez nous indiquer si ce qu'on a appelé le « stimulus package » de 225 millions de dolalrs — qui, si j'ai bien compris, étaient destinés à aider à l'extension des systèmes dans les régions éloignées du Canada — est-ce encore à l'étude?

[Traduction]

Ça fait beaucoup de questions, je le reconnais.

M. Parsonage : Je vous remercie de vos questions, sénateur. Il existe en effet un fossé numérique au Canada. Le plus gros problème qui se pose à nous est, de loin, la superficie de notre pays, en comparaison de celle de beaucoup d'autres pays, la répartition de notre population, et le coût de l'extension des services aux collectivités rurales et éloignées. Nous avons fait, je crois, un grand pas en avant avec l'annonce du programme à large bande de 225 millions de dollars, qui va bientôt commencer. Je suppose que d'autres annonces seront faites quant au déploiement des services. Il n'en demeure pas moins que notre plus gros problème vient de notre superficie, de la répartition de notre population et des coûts liés à la desserte des régions éloignées.

J'espère que les crédits supplémentaires qui ont été débloqués pour les services à large bande permettront de connecter ces collectivités à Internet, tout au moins à la vitesse de base, et qu'ils encourageront les opérateurs du secteur privé à poursuivre leurs efforts. La même chose s'est produite lorsque nous avons lancé le Programme pilote des services à large bande pour le développement rural et du Nord, il y a quelques années. Une fois que les projets pilotes ont démarré, d'autres opérateurs du secteur privé se sont intéressés à un grand nombre de ces collectivités et ont essayé d'y déployer des capacités de communication à large bande.

Mon adjoint, qui habite dans l'est de la ville, a accès à un service à large bande, mais ce n'était pas le cas avant. Les choses avancent, donc, mais peut-être pas aussi vite qu'on le voudrait.

Le sénateur Fox : À votre avis, comment pourrait-on financer ces services à large bande pour les collectivités rurales ou éloignées? Il ne s'agit pas nécessairement de zones rurales, car il arrive que la collectivité ne soit pas très éloignée d'un grand centre du Canada.

Comment ont-ils fait en Angleterre ou en Australie, par exemple, pour ce qui est de la technologie et du financement? Le savez-vous? Au Canada, nous avons eu l'exemple de CANCOM qui avait placé un signal sur un satellite, et ce signal était repris, dans les régions éloignées, par des coopératives qui se chargeaient de le redistribuer localement. Est-ce ce modèle-là que vous envisagez?

J'aimerais également que vous répondiez à la première partie de ma question, à savoir si d'autres pays ont réussi à offrir le service à leurs collectivités les plus éloignées.

M. Parsonage : L'Australie a annoncé le lancement d'un programme, mais je n'en connais pas les détails. Je vous ferai parvenir une réponse plus détaillée.

Le sénateur Fox : Bien.

Que pensez-vous de l'extension du service aux régions éloignées, qui représentent les 22 p. 100 restants de la population canadienne? Manifestement, ça va coûter plus cher que pour connecter les 78 p. 100 qui reçoivent déjà le service.

M. Parsonage : En effet.

Le sénateur Fox : Comme vous le savez, nous avions opté pour l'interfinancement, il y a quelque temps, pour ce qui est des appels locaux et interurbains. Cela a permis à des provinces comme la Saskatchewan d'implanter un excellent système téléphonique dans les régions les plus éloignées de la province. Envisagez-vous le même genre de choses, ou bien cela déborde-t-il du cadre de vos responsabilités?

M. Parsonage : Cette question ne relève pas de mes responsabilités.

Le sénateur Fox : Qu'en est-il des nouvelles technologies? Y en a-t-il qui rendraient la chose beaucoup plus facile et beaucoup moins chère? La technologie par satellite est-elle la seule que nous puissions vraiment envisager pour les régions éloignées?

M. Parsonage : Non et, très franchement, nous ne choisissons pas une technologie simplement pour encourager son déploiement, comme pourraient le faire certains gouvernements. Je vous ai dit que de nouvelles technologies par satellite étaient en train de faire leur apparition. Il y en a d'autres, comme WiMAX, qui ne sont pas déployées sur une grande échelle. Au fur et à mesure que de nouvelles fréquences deviendront disponibles, avec la conversion à la télévision numérique, par exemple, nous pourrons utiliser des fréquences beaucoup mieux adaptées à l'utilisation de certaines de ces technologies. Mais seuls des spécialistes pourraient vous dire si, en libérant une bande de 700 MHz dans certaines régions, vous obtiendrez une couverture nettement meilleure avec des technologies meilleur marché.

Vecima Networks, par exemple, a des projets pilotes au Canada et fait aussi des déploiements de ces technologies dans le monde entier. Nous surveillons de très près l'évolution de la technologie pour voir dans quelle mesure l'attribution des fréquences nécessaires à ces technologies a une importance.

Le sénateur Cochrane : Merci, monsieur Parsonage. À l'instar du sénateur Fox, j'aimerais féliciter Industrie Canada pour le rôle qu'il joue dans le secteur des nouvelles technologies.

Je m'intéresse moi aussi aux régions éloignées, et notamment à ma propre région — je viens de l'Ouest de Terre- Neuve.

M. Parsonage : Gros Morne?

Le sénateur Cochrane : Non, mais pas très loin. Je suis ravie que vous connaissiez Gros morne.

Dans ma région, l'accès à Internet est assez lent. Quand je suis à Ottawa, j'y ai accès rapidement, mais chez moi, je dois attendre 15 ou 20 minutes. Est-ce à cause des opérateurs privés?

M. Parsonage : Oui.

Le sénateur Cochrane : Ah bon? Très bien. Une plus grande concurrence serait-elle souhaitable?

M. Parsonage : La concurrence est bénéfique. Je ne connais pas précisément la situation à Terre-Neuve, mais j'ai appris avec CANARIE, le centre de recherche évoluée, que Terre-Neuve était l'une des provinces où l'implantation d'une connexion de recherche à haute vitesse coûtait le plus cher, jusqu'à ce qu'on annonce la mise au point du deuxième croisement, si c'est bien le mot exact. Je crois qu'un second tube sera bientôt disponible pour Terre-Neuve, ce qui devrait augmenter la concurrence, tout au moins pour ce qui est de la recherche avancée, et je suppose que cela se répercutera sur les déploiements du secteur privé. Je suis désolé, mais je n'en sais pas plus sur cette situation en particulier.

Le sénateur Cochrane : Vous dites que c'est en train de se faire?

M. Parsonage : Oui, c'est ce qu'on m'a dit.

Le sénateur Cochrane : Combien de temps cela va-t-il prendre?

M. Parsonage : Je suis désolé, mais je ne le sais pas vraiment.

Le sénateur Cochrane : Merci. Je voudrais maintenant vous poser une question au sujet de la page 25 de votre exposé et des nouveaux logiciels. Vous devez avoir des employés fantastiques s'ils peuvent faire tout ça — je suis vraiment admiratif, mais c'est sans doute à cause de mon âge. Comment les enfants apprennent-ils à l'école à s'intéresser à ce genre de choses et à se tenir au courant de tous ces nouvelles technologies?

M. Parsonage : En fait, c'est un gros souci pour l'industrie. Par exemple, dans le domaine des sciences informatiques, le nombre d'inscriptions est en déclin depuis un certain nombre d'années. En fait, ce nombre aurait diminué de près de 50 p. 100, selon une étude faite par Jacob Slonim, qui était encore récemment le doyen de l'école de sciences informatiques de l'Université Dalhousie.

Certes, nous devançons encore un grand nombre de pays pour ce qui est du nombre per capita de diplômés en sciences, de techniciens, d'ingénieurs et de mathématiciens, mais nous craignons que ce déclin ne s'accentue avec le vieillissement de la population.

C'est une industrie du savoir, c'est évident, et nous craignons qu'il y ait de moins en moins de jeunes qui s'y intéressent, ce qui est pourtant essentiel au maintien de la croissance de cette industrie, à long terme. Nous surveillons la situation de très près.

Le sénateur Cochrane : Je suis ravie de l'entendre. Quand vous parlez de long terme, voulez-vous dire cinq ans?

M. Parsonage : Selon des études effectuées par le Conference Board du Canada et par l'Information Technology Industry Council, l'ITIC, on prévoit des pénuries de 60 000 à 80 000 personnes dans les cinq à dix prochaines années.

Le sénateur Cochrane : Allons-nous devoir faire venir des gens pour faire fonctionner tous ces systèmes, et combien?

M. Parsonage : Nous n'avons pas encore de véritables pénuries. Si c'était le cas, cela aurait eu un impact important sur les salaires, ce qui ne s'est pas encore produit. Dans la conjoncture actuelle, cela n'inquiète pas les gens outre mesure, mais lorsque nous serons sortis de la crise, c'est peut-être un problème qui reviendra nous hanter. Le conseil exécutif canadien du COI, par exemple, nous a fait part de son inquiétude, et ce sont des gens qui emploient des techniciens dans l'industrie du commerce de détail, dans le secteur financier et dans l'industrie forestière.

Le sénateur Cochrane : Il faut que nos jeunes s'intéressent aux nouvelles technologies, car, quand on est jeune, on a la vivacité d'esprit qu'il faut.

En ce qui concerne le ralentissement économique, j'aimerais savoir si cela a eu un impact sur l'accès des petites et des grandes entreprises, mais surtout des petites, à des capitaux?

M. Parsonage : Avez-vous entendu le reportage aux nouvelles de CBC ce matin?

Le sénateur Cochrane : Non.

M. Parsonage : On y parlait des énormes difficultés qu'ont les entreprises, à l'heure actuelle, à trouver du capital- risque au Canada et dans un certain nombre de pays, particulièrement dans cette industrie où les gens comptent beaucoup sur des investissements providentiels ou du capital-risque pour démarrer une entreprise et atteindre le seuil de rentabilité. On disait également qu'un grand nombre d'entreprises sont dans une situation très précaire et que leur survie dépend de leur accès à du capital-risque ou à des possibilités de financement. La situation est grave.

Le sénateur Cochrane : C'est très regrettable. Merci, madame la présidente.

Le sénateur Zimmer : Merci, monsieur Parsonage, de nous avoir présenté un exposé fort intéressant.

À votre avis, les entreprises canadiennes sont-elles prêtes à saisir les occasions qui se présentent sur les marchés émergents comme la Chine, la Russie et l'Inde? Quels sont les principaux obstacles auxquels elles vont se heurter?

M. Parsonage : Je ne pense pas qu'elles auront du mal à s'implanter sur ces marchés-là.

J'étais à Hong Kong il y a quelques semaines, où je dirigeais une délégation d'entreprises canadiennes qui voulaient s'implanter sur ce marché — pas seulement à Hong Kong, mais dans toute la région — et renforcer leurs relations avec les entreprises déjà établies.

ISTPCanada est une organisation qui encourage la collaboration bilatérale en recherche fondamentale et appliquée, entre des entreprises canadiennes et des entreprises chinoises, entre des entreprises canadiennes et des entreprises indiennes et, bientôt, entre des entreprises canadiennes et des entreprises brésiliennes.

À en juger par le nombre de partenariats qui ont résulté de ces initiatives, je peux vous dire que ces marchés suscitent beaucoup d'intérêt auprès des entreprises canadiennes.

Le sénateur Zimmer : Pourquoi certains appareils sans fil sont-ils commercialisés plus tard au Canada? Par exemple, dans le cas de l'iPhone, nous avons dû attendre à peu près un an après sa commercialisation aux États-Unis. Les consommateurs canadiens et les entreprises de haute technologie sont désavantagés, et j'aimerais savoir si on essaie de corriger cette situation.

M. Parsonage : Je ne pourrais pas vous le dire. Cela concerne les opérateurs et leurs ententes avec les fournisseurs de ces appareils.

Le sénateur Zimmer : Puisque vous suivez ce qui se passe au conseil d'administration de CANARIE, le réseau évolué du Canada, pouvez-vous me décrire le processus ou les critères de sélection qui s'appliquent à une organisation qui souhaite devenir membre du réseau CANARIE?

M. Parsonage : Il y a ce qu'on appelle une politique d'utilisation acceptable, qui a été établie par le conseil d'administration et qui prescrit que l'organisme doit faire de la recherche, ou être un établissement d'enseignement public, comme une école primaire ou secondaire. L'objectif n'est pas de faire concurrence à l'Internet commercial, et toutes les précautions sont prises dans ce sens.

Le sénateur Zimmer : Le Canada accueille de nombreux centres de recherche fondamentale et appliquée multinationaux, et notre pays est devenu une plaque tournante de l'innovation. Par contre, lorsqu'il s'agit de commercialiser nos produits sur le marché local, nous ne sommes pas très performants. Quelle en est la raison, et que peut-on faire pour remédier à cette situation?

M. Parsonage : Nous sommes tous à la recherche d'une solution à ce problème, sénateur. Le Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation, le CSTI, aborde précisément ce problème dans son dernier rapport. Le rapport Rockman sur la commercialisation l'avait également mentionné il y a quelques années. Nous n'avons toujours pas trouvé de solution.

Le sénateur Mercer : Monsieur Parsonage, je vous remercie de comparaître devant notre comité. Votre exposé était extrêmement intéressant. Je suis d'accord avec la présidente pour dire que c'est un document que nous devrions garder sous la main tout au long de notre étude.

J'aimerais revenir un moment sur la page 11. Je pense connaître la réponse à la question, mais je vais la poser quand même. Vous donnez le classement des 10 plus grandes entreprises canadiennes en 2008 et ensuite en 2007. Le no 4 de 2007 n'est pas dans la liste de 2008. S'agit-il de Nortel?

M. Parsonage : Non. C'est une compilation qui a été faite par le Branham Group. Certaines entreprises ne répondent pas toujours au questionnaire, d'une année à l'autre.

Le sénateur Mercer : Dans ce cas, on ne peut pas faire de comparaison.

M. Parsonage : Je n'en fais pas.

Le sénateur Mercer : Je me demandais si c'était Nortel, étant donné l'aparté du sénateur Fox tout à l'heure au sujet de cette entreprise, dont nous avons certainement tous détenu des parts à un moment ou à un autre.

Vous avez dit au début qu'il y a 21,5 millions d'abonnés au téléphone sans fil au Canada, soit un taux de pénétration de 61 p. 100, ce qui est phénoménal. Moi aussi, je ne peux communiquer avec mon fils et ma belle-fille que sur leur cellulaire. Ils n'ont pas de poste fixe, et n'en auront peut-être jamais.

Le problème avec ce type de téléphone, c'est qu'on ne peut pas l'utiliser à d'autres fins, ce qui n'est peut-être pas plus mal, me direz-vous. Toutefois, j'ai fait beaucoup de sondages dans ma carrière et j'ai donc souvent eu l'occasion de parler à des Canadiens pour leur demander leur opinion sur différentes choses. Or, il n'y a pas de registre central des cellulaires, comme il y a un annuaire des postes fixes. J'ai un poste fixe chez moi, en Nouvelle-Écosse, et mon nom figure dans l'annuaire. Mais j'ai aussi un cellulaire dont le no ne figure nulle part, sauf dans le carnet d'adresses des gens à qui je le donne.

Pendant la campagne à l'investiture démocrate, Mme Clinton semblait plus proche de M. Obama que le résultat final ne l'a montré. Cela est peut-être dû au fait qu'un grand nombre des partisans de M. Obama étaient des jeunes qui n'avaient qu'un cellulaire et qui, par conséquent, ne pouvaient pas être joints par des organismes de sondage, vu que personne n'avait accès à leur numéro.

Bien sûr, il n'y a pas que les politiciens qui s'intéressent aux sondages. Les entreprises en font fréquemment pour savoir si leurs produits se vendent bien, quels nouveaux produits elles devraient offrir et lesquels elles devraient retirer de la vente.

Comment allons-nous faire avec 50 p. 100 de connexions sans fil? Comment allons-nous pouvoir joindre ces abonnés pour connaître leurs opinions?

M. Parsonage : Vous posez une excellente question, sénateur, mais je n'ai pas vraiment de réponse à vous donner. Personnellement, je suis souvent invité à participer à toutes sortes d'enquête — sur Internet, cliquez ici, répondez ici, oui, non. Vous avez raison, c'est un problème. J'en parlerai à mes collègues du groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications.

Le sénateur Mercer : Merci de le faire. C'est un défi intéressant.

À la page 18, vous dites que le Centre de recherches sur les communications du gouvernement canadien effectue des recherches de renommée mondiale sur WiMAX, ce qui est une très bonne nouvelle.

J'ai deux petites questions à propos de ce centre. Premièrement, où se trouve-t-il? Deuxièmement, avançons-nous au même rythme que les autres pays? Le gouvernement donne-t-il des crédits suffisants à Industrie Canada pour que le CRC puisse bien faire son travail?

M. Parsonage : Le Centre de recherches sur les communications est situé dans l'Ouest d'Ottawa, à Shirley's Bay, près de Kanata. Je suis sûr que sa présidente, Mme Veena Rawat, serait très heureuse de vous faire visiter ses installations.

Avançons-nous au même rythme? Il est difficile de répondre à la question. Le mandat et le mode de financement du Centre de recherches sur les communications font actuellement l'objet d'un examen, et je dois attendre les résultats de cet examen pour vous donner une réponse.

Le sénateur Mercer : Voici ma dernière question : vous nous avez montré une liste des leaders mondiaux du sans-fil et, ensuite, une liste des entreprises canadiennes qui sont des chefs de file dans ce secteur, notamment RIM, qui est le chouchou étant donné la popularité du Blackberry. Vous remarquerez qu'à part la présidente, tout le monde en a un ici.

Certaines de ces entreprises canadiennes mettent au point des produits, mais ensuite elles sont absorbées ou rachetées par des multinationales étrangères. Ce phénomène devrait-il nous inquiéter? RIM a deux centres importants, l'un dans la région de Kitchener-Waterloo, et l'autre, chez moi, à Halifax, mais l'appareil n'est pas fabriqué au Canada. Cela devrait-il nous inquiéter?

C'est bien beau d'avoir des idées et des ateliers de conception, mais la fabrication d'un produit représente aussi beaucoup d'argent et d'emplois.

M. Parsonage : La valeur réelle du produit réside dans la propriété intellectuelle ainsi que dans sa conception et sa mise au point. À propos de la chaîne de valeur, je vais vous donner l'exemple d'une entreprise à Ottawa : elle conçoit les puces, les fait fabriquer à Taïwan et conditionner au Japon, les envoie au Royaume-Uni pour les faire tester, les expédie en Chine où elles sont assemblées dans un boîtier, et les réexpédie enfin à la Bibliothèque du Parlement. C'est ça la mondialisation, et chaque entreprise doit s'assurer qu'elle reste compétitive à toutes les étapes de ses opérations. Ça évolue avec le temps.

En général, la fabrication se fait dans d'immenses usines d'assemblage qui appartiennent à des entreprises canadiennes, comme Celestica à Suzhou, en Chine, ce qui procure bien sûr des avantages pour la région. Toutefois, la réelle valeur ajoutée se trouve ici, à Toronto. C'est la façon de fabriquer ces pièces qui constitue la réelle valeur ajoutée. Sinon, nous risquerions de perdre de notre compétitivité sur les marchés internationaux. Il ne faut donc pas, à mon avis, limiter la capacité des entreprises canadiennes de prendre les décisions qui s'imposent pour qu'elles puissent rester compétitives sur les marchés internationaux.

Le sénateur Dawson : Tout comme les sénateurs Cochrane et Fox, je suis fasciné par le succès d'Industrie Canada. Certes, il y a eu des échecs, mais qui ne sont pas forcément attribuables à votre ministère. À l'époque où M. Fox était un jeune ministre des Communications, le gouvernement canadien avait essayé d'appuyer un projet sur le message alphabétique, un peu comme le Minitel en France. Je crois que cela s'appelait Teledon. C'était un bon projet, mais qui n'a peut-être pas reçu toute l'aide nécessaire, car tous les autres concurrents progressaient beaucoup plus vite.

Dix ou quinze ans plus tard, Videoway, de Chicoutimi, a lancé un projet de message alphabétique entre la Banque Nationale et Postes Canada pour essayer de mettre au point ce qui est devenu un service Internet. Pendant un an et demi, ils ont demandé de l'aide au gouvernement, qui leur a répondu que toutes les entreprises de ce secteur étaient prospères et que, par conséquent, ils pouvaient se débrouiller tout seuls. Videoway a reconnu qu'ils pouvaient se débrouiller tout seuls, mais que leur projet progresserait beaucoup plus vite avec une aide du gouvernement.

Tout ceux qui regardent actuellement la télévision savent que les Américains vont passer de l'analogue au numérique et que cela va libérer beaucoup de fréquences. Nous, nous avons décidé de le faire plus tard. Quelles sont, de l'avis d'Industrie Canada, les conséquences de cette décision de retarder l'accès à ces fréquences?

M. Parsonage : Vous me demandez de faire des conjectures qui me mettent dans l'embarras. Il y aura certes des conséquences, mais je ne peux pas vous dire ce qu'elles seront.

Le sénateur Dawson : Madame la présidente, je ne me souviens plus quand le gouvernement a décidé d'attendre deux ans de plus que les Américains pour le faire, mais je vais vérifier; je crois que cela aura des conséquences étant donné la vitesse où vont les choses. J'ai déjà eu l'occasion de dire plusieurs fois que cela aura des conséquences, notamment pour le contenu canadien et, en tant que Québécois, pour le contenu francophone de ces systèmes qu'il sera pratiquement impossible de contrôler.

J'aimerais savoir pourquoi cette décision a été prise, et si on ne pourrait pas, malgré tout, essayer d'accélérer les choses. Je ne me souviens plus qui a décidé, et quand, qu'il n'y aurait pas de registre des nos de téléphone cellulaire. Il faudrait le vérifier, sinon, nous risquons de le regretter.

[Français]

La présidente : On va tenter de faire la recherche, sénateur Dawson, et vous fournir les informations.

[Traduction]

Le sénateur Fox : Sur le montant de 6,2 milliards de dollars qui est consacré à la R-D, quelle portion vient du gouvernement? Quels programmes gouvernementaux sont consacrés à la R-D dans ce domaine?

M. Parsonage : Le montant de 6,2 milliards de dollars correspond aux dépenses de R-D engagées par le secteur privé. Dans ce domaine, le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental, soit le crédit d'impôt RS&DE, est la contribution la plus importante du gouvernement.

Le sénateur Fox : J'aimerais maintenant revenir sur la question du fossé numérique et sur ces 350 000 habitants de quatre régions du Québec qui n'ont pas accès à Internet haute vitesse. Industrie Canada pourrait-il nous fournir une carte indiquant les régions où les gens n'ont pas accès à Internet haute vitesse? Il y a 350 000 habitants dans ces régions- là, mais il y en a peut-être d'autres ailleurs qui n'y ont pas accès. Le même problème doit se poser dans toutes les provinces.

Il serait intéressant d'avoir une carte illustrant ce fossé numérique, afin de voir à quelle distance les gens se trouvent des grands centres urbains. Nous savons tous que le problème se pose dans le Grand Nord et dans d'autres régions éloignées, mais cette carte nous permettrait de voir qu'il y a beaucoup de zones proches des grandes villes qui ne sont pas desservies. Il est important que nous nous intéressions de plus près au problème du fossé numérique, car il a d'importantes ramifications sur les plan social, économique et sanitaire, étant donné que tous les Canadiens n'ont pas accès au même niveau de service.

M. Parsonage : Je crois que nous avons ce genre de carte, et je vais vous la faire parvenir.

Le sénateur Eyton : Je vous remercie de comparaître devant notre comité et de nous avoir fait un exposé intéressant. J'en ai manqué une partie, mais vous avez parlé de 50 entreprises, d'une vingtaine de technologies différentes et d'une variété d'applications. Nous voyons bien que ce secteur est en pleine évolution, mais jamais vous n'avez employé le mot « convergence «. Mon petit doigt me dit que nous allons finir par nous retrouver avec un petit combiné de la taille de mon BlackBerry, qui sera capable de faire toutes les fonctions dont vous avez parlé, et qu'il y aura peut-être quatre ou cinq fournisseurs de services plutôt que le grand nombre d'entreprises et de technologies que vous avez mentionnées.

Qu'en pensez-vous?

M. Parsonage : Il ne fait aucun doute que le marché va se développer d'une façon difficilement prévisible, non seulement pour ce qui est du matériel que nous connaissons, mais aussi pour les applications qui sont pratiquement infinies. C'est un créneau qui fait principalement appel à nos capacités intellectuelles, ce qui fait la réputation du Canada, et où la valeur ajoutée est grande. Je suis convaincu que nous allons continuer d'être un chef de file dans ce domaine, quel que soit le matériel que nous finissons par distribuer.

Le sénateur Eyton : Comme l'a constaté John D. Rockefeller, l'important c'est d'avoir le contrôle de la dernière étape de la livraison du produit au consommateur.

M. Parsonage : C'est ce que fait Research In Motion.

Le sénateur Eyton : Exactement. Vous n'avez pas du tout parlé de convergence, mais pensez-vous que tout cela aura un impact considérable sur le nombre de technologies et d'entreprises que nous avons aujourd'hui?

M. Parsonage : Oui.

Le sénateur Eyton : Nous avons entrepris une étude ambitieuse, et vous avez certainement pris connaissance du mandat du comité. Je vais essayer de mieux comprendre les activités des entreprises, les technologies et les applications dont vous avez parlé.

Au risque de tricher un petit peu, je voudrais nous simplifier la tâche en vous posant quelques questions fondamentales.

Premièrement, dans quels domaines les Canadiens sont-ils le plus en retard? Deuxièmement, qui pouvons-nous prendre comme modèle, étant entendu qu'il y a toujours quelqu'un qui fait les choses mieux que nous? Si, donc, nous avons un retard dans un domaine, ce qui est fort probable, à qui pouvons-nous nous adresser pour obtenir de l'aide? Troisièmement, si le comité a une recommandation à faire à la suite de cette étude, que devrait être cette recommandation?

Si vous me donnez des réponses précises à toutes ces questions, notre travail sera quasi terminé.

M. Parsonage : Oui, et je n'aurai plus qu'à démissionner et à investir là où il faut, car je connaîtrai la réponse.

Je ne pourrai peut-être pas répondre à toutes vos questions, mais je vais commencer par la première qui concerne nos lacunes.

On sait, et cela a été démontré maintes et maintes fois, que les Canadiens sont d'excellents inventeurs, toujours à la fine pointe de l'innovation. Par contre, nous ne savons pas toujours tirer un profit économique de nos inventions par leur commercialisation. C'est une conclusion qui ressort de plusieurs rapports commandés par des gouvernements et d'autres organisations au Canada, le dernier en date étant le rapport du CSTI, préparé par le comité Howard Alper. Nous sommes très forts pour ce qui est de l'innovation, mais beaucoup moins quand il s'agit de commercialiser nos produits et d'en tirer beaucoup d'argent. C'est ça le problème. Il s'agit de transposer nos idées dans la création de richesses ici, au Canada. C'est là notre principal handicap.

Qui peut nous servir de modèle? Les autres pays. Les rapports dont je viens de parler font une évaluation comparative entre le Canada et certains de ces pays, comme la Finlande, avec Nokia et les autres entreprises qui y sont associées, la Suède, avec Ericsson, et les États-Unis, qui sont sans doute les premiers au monde pour ce qui est de l'innovation et de la commercialisation.

Je pense avoir répondu à vos deux premières questions. Pour ce qui est maintenant de la troisième, je préfère vous laisser décider vous-même de ce que vous voulez recommander.

Le sénateur Eyton : Je suis extrêmement déçu. Merci beaucoup.

Le sénateur Housakos : Madame la présidente, c'est sans doute parce que vous n'avez pas de BlackBerry que vous êtes toujours aussi calme et posée.

La présidente : C'est l'expérience.

M. Parsonage : Je vais vous raconter une petite anecdote. Quand mon ordinateur a cessé fonctionner il y a quelques semaines, les techniciens m'en ont donné un mot de passe : « calme ».

Le sénateur Housakos : Je n'ai qu'une question à poser à notre témoin. Pensez-vous que le gouvernement exploite tout le potentiel des technologies qu'il a à sa disposition en ce qui concerne Internet et le sans-fil, pour que la fonction publique soit aussi efficace que possible? Savons-nous utiliser toutes ces nouvelles technologies afin d'optimiser nos services auprès des utilisateurs finals, à savoir les citoyens du Canada? Je veux parler d'Immigration Canada, de Travaux publics Canada et des autres ministères.

M. Parsonage : Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question. Vous devriez vous adresser au bureau du responsable de l'information. Le Conseil du Trésor devrait être en mesure de faire le point sur la situation et vous dire comment le gouvernement déploie ses ressources en technologie de l'information.

Je sais que nous avons fait beaucoup de progrès. Le Canada a été l'un des premiers pays à concrétiser le principe du gouvernement en ligne. Nous avons servi d'exemple, et beaucoup d'autres pays nous ont emboîté le pas.

Le sénateur Housakos : Estimez-vous qu'Industrie Canada, qui est votre ministère, exploite tout le potentiel de la technologie? Vous devez avoir une opinion, car vous connaissez mieux que quiconque les technologies qui existent.

M. Parsonage : J'en ai une dans ma main.

Le sénateur Adams : Je viens d'une région très éloignée d'Ottawa, et nous avons encore des problèmes semblables à ceux qu'a mentionnés le sénateur Cochrane. Tout est lent : la technologie Internet, les courriels, et cetera. Savez-vous si le service va bientôt être mis à niveau? Nunavut le réclame depuis deux ou trois ans. La technologie à large bande fonctionnerait là-bas, surtout dans les écoles. Nous avons trois langues officielles : l'anglais, le français et l'inuktitut. Tous les services sont à améliorer dans les écoles. Nous avons un taux de décrochage élevé. L'Internet à haute vitesse serait bénéfique pour les écoles et pour les collectivités.

Nous avons 25 collectivités. Très souvent, les enseignants viennent du Sud; ils ne parlent pas notre langue et, bien souvent, ils ne parlent pas français. Que savez-vous de la situation au Nunavut?

Je ne sais pas si vous la connaissez bien, car le Nunavut est très loin d'Ottawa.

M. Parsonage : Très franchement, sénateur, je ne connais pas le Nunavut personnellement. C'est sur ma liste des choses à faire au Canada. Toutefois, mon ministère s'est activement intéressé à l'implantation de services dans cette région, dans le cadre du Programme d'accès communautaire. Je me souviens très bien de certaines vidéos qui avaient été tournées au Nunavut, et où on voyait des enfants communiquer par Internet avec d'autres enfants en Floride. Une vidéo montrait des ours polaires au zoo et une autre, des ours polaires sur la glace.

Je me souviens aussi, lorsque nous avons installé la connexion Internet dans la région, que, dans une salle de classe d'un village très éloigné, l'instituteur avait demandé à ses élèves ce qu'Internet allait leur apporter, et l'un d'eux avait répondu : « ça va nous nous faire voyager partout ».

Cette remarque m'a fait réfléchir, et je suis déterminé à faire le maximum pour que tout le monde soit connecté.

Le sénateur Adams : Une petite collectivité, Arctic Bay, a essayé de mettre sur Internet quelque chose qui concernait le changement climatique et les conséquences que cela avait pour la population locale. Elle voulait essayer de faire comprendre au monde entier qu'elle sait ce qu'est le changement climatique, et l'impact que cela a sur les mammifères. C'est une bonne initiative.

Le ministre des Affaires indiennes s'y trouvait il y a un mois, et il a retenu trois endroits pour surveiller le changement climatique, à savoir Pond Inlet, Cambridge Bay et Resolute Bay. Votre ministère est en train d'étudier le dossier, avant d'installer dès cette année des équipements qui vont coûter environ 2 millions de dollars. Une fois que le ministère aura choisi le meilleur endroit pour installer ces équipements, il y dépensera plus de 80 millions de dollars. Êtes-vous au courant?

M. Parsonage : Je ne le savais pas personnellement, sénateur.

Le sénateur Cochrane : La semaine dernière, j'ai eu une expérience par webcam avec une salle de classe de Nunavik, dans le Nord du Québec. Les élèves me parlaient, et je leur parlais. C'est un moyen de communication extraordinaire. Je leur ai parlé du Sénat, bien sûr, et ce matin, j'ai reçu des photos d'eux. C'était une expérience extraordinaire.

De quelle façon notre régime fiscal encourage-t-il la recherche et le développement? Est-ce suffisant ou devrions- nous renforcer certaines dispositions?

M. Parsonage : Le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental est le principal abattement que prévoit notre régime fiscal. Peuvent s'en prévaloir toutes les entreprises qui font de la R-D ici, au Canada. L'industrie des TIC en est le principal utilisateur, étant donné sa très grande contribution à la R-D. Plusieurs associations industrielles ont proposé, lors de consultations prébudgétaires antérieures, de bonifier le crédit d'impôt afin d'encourager davantage les efforts déployés en matière de R-D. Je vous recommande de lire les mémoires qu'elles ont présentés, et si cela vous intéresse, je peux vous les faire parvenir.

Le sénateur Cochrane : Est-il nécessaire de bonifier ce crédit d'impôt?

M. Parsonage : De l'avis des associations industrielles, oui.

Le sénateur Cochrane : Va-t-on le faire? Est-ce envisagé?

M. Parsonage : Certaines modifications sont sérieusement à l'étude.

La présidente : Merci beaucoup, monsieur Parsonage. Nous avons eu une matinée très instructive. Nous espérons recevoir bientôt les informations que vous nous avez promises. Merci beaucoup d'être venu.

M. Parsonage : Tout l'honneur était pour moi.

(La séance est levée.)


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