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Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 2 - Témoignages du 15 avril 2010


OTTAWA, le jeudi 15 avril 2010

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 8 h 10 pour étudier l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada.

Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Honorables sénateurs, bonjour. Nous avons le quorum, la séance est maintenant ouverte.

Nous avons ce matin l'honneur d'avoir parmi nous, deux chefs de file, M. Frédéric Verreault et M. Rob Third. Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial de l'agriculture et des forêts.

Mon nom est Percy Mockler, sénateur représentant le Nouveau-Brunswick et président de ce comité.

J'aimerais débuter par demander aux sénateurs de se présenter en commençant par le vice-président du comité, à ma gauche.

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud du Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

Le sénateur Fairbairn : Je suis Joyce Fairbairn, de Lethbridge, en Alberta.

Le sénateur Hubley : Je m'appelle Elizabeth Hubley, de l'Île-du-Prince-Édouard.

[Français]

Le sénateur Nolin : Pierre Claude Nolin du Québec.

[Traduction]

Le sénateur Plett : Je suis Don Plett, du Manitoba.

Le sénateur Segal : Je m'appelle Hugh Segal, de l'Ontario.

Le sénateur Eaton : Je m'appelle Nicole Eaton, de l'Ontario.

[Français]

Le sénateur Rivard : Michel Rivard, du Québec.

[Traduction]

Le président : Le comité continue son étude sur l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada. Le Comité permanent de l'agriculture et des forêts examine les causes et les origines de la crise actuelle du secteur forestier. Nous examinons également les façons de faire la promotion du développement et du marketing de produits à valeur ajoutée en vue de devenir des partenaires.

[Français]

Afin d'examiner l'industrie forestière dans son ensemble, la valeur ajoutée et le développement de nouveaux marchés; des marchés nord-américains et en émergence mondialement.

Nous accueillons deux témoins aujourd'hui. M. Frédéric Verreault de Chantiers Chibougamau. Je dois vous dire, monsieur Verreault, que votre réputation vous précède. Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation.

[Traduction]

Nous accueillons également aujourd'hui M. Rob Third, président de George Third & Son Ltd. Monsieur Third, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Nous savons que votre réputation vous précède. Nous avons bien hâte d'entendre ce que vous avez à dire.

Le greffier m'indique que nous allons commencer avec M. Verreault et que nous passerons ensuite à M. Third. À la suite des déclarations préliminaires, nous passerons aux questions.

[Français]

Monsieur Verreault, la parole est à vous.

Frédéric Verreault, directeur des Affaires corporatives et des communications, Chantiers Chibougamau : Monsieur le président, je vous remercie de l'invitation de ce matin. C'est un plaisir et un privilège d'être parmi vous pour échanger sur l'industrie forestière, l'industrie des produits du bois, un sujet qui nous passionne et nous mobilise à Chibougamau. C'est un sujet très sensible qui mobilise beaucoup dans toutes les régions du Canada. Évidemment, notre perspective est orientée et teintée par ce qui est vécu au Québec. Comme nous sommes en période de crise, on est un peu en mode sauvetage et en mode survie, ce qui fait en sorte que nous sommes nettement plus concentrés sur notre réalité versus le temps et l'énergie requis pour aller chercher une perspective plus large de l'industrie.

Ce matin, je n'ai pas la prétention de vous livrer des perspectives sur l'industrie canadienne dans son ensemble. Je n'ai pas non plus la prétention de le faire pour l'ensemble de l'industrie forestière québécoise. Je vais humblement vous parler de notre parcours et de notre expérience en espérant qu'il puisse s'en dégager des pistes d'inspiration pour les réflexions que vous conduisez actuellement.

On entend souvent parler de Chantiers Chibougamau, des produits nordiques qu'il fabrique, et cela semble digne d'un conte de fées. Comme si un beau matin, il y avait eu une baguette magique tenue par quelqu'un chez nous et que soudainement, on prenait un virage vers des produits à valeur ajoutée et que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Or, tout cela s'inscrit dans un contexte et s'explique par des éléments très précis auxquels je vais faire allusion ce matin.

L'entreprise Chantiers Chibougamau existe depuis 1961. Elle a été fondée par M. Lucien Fillion, originaire de la grande région de Québec. Il y a fait un placement et à un certain point le placement n'allait pas bien du tout et il a été contraint d'aller voir à son placement à Chibougamau et il y est resté.

L'entreprise comptait cinq employés à ses débuts en 1961 et aujourd'hui on en compte environ 600. Dans une petite ville comme Chibougamau qui compte 7 400 personnes et qui est située au milieu de nulle part dans la forêt boréale du Nord du Québec, on emploie le quart de la population active de la ville de Chibougamau qui est directement sur notre liste de paye. Cela fait de nous évidemment une entreprise fort impliquée dans son milieu. L'entreprise est toujours à capital fermé et détenue par M. Fillion et les membres de sa famille. Cela peut expliquer aussi l'évolution de l'organisation.

C'est l'entreprise forestière le plus au nord de tout le Québec. Par conséquent, et c'est naturel, le bois à notre disposition est le plus petit de toute la forêt québécoise. Des arbres de bonne qualité à Chibougamau ont environ, 12 à 14 centimètres de diamètre. Si vous avez déjà vu la dimension type d'une bille de bois qui entre dans une usine de transformation à l'autre extrême en Colombie-Britannique, une tige de 12 à 14 centimètres de diamètre, c'est...

Le sénateur Nolin : C'est un cure-dent.

M. Verreault : On est proche du stade du cure-dent. Ce sont des arbres très petits qui posent des défis à la transformation. De là est parti tout notre développement de produit. Le virage exercé provient rigoureusement des propriétés de cette forêt qui est à notre disposition et que l'on transforme. À un certain point, même si on avait une bonne usine de sciage performante avec de bons rendements de matière ligneuse, une bonne production de pièces de bois pour chacune des billes qui entrent dans l'usine, efficace, productive qui nous permettait d'aller chercher une certaine compétitivité, on était freiné. Les arbres étant si petits, on sortait de ces billes beaucoup de pièces de deux par trois. Si vous vous êtes penché sur la valeur des pièces de bois d'œuvre, une pièce de deux par six a plus de valeur qu'une pièce de deux par quatre et une de deux par quatre plus qu'une de deux par trois. Plus on réduit la dimension des pièces de bois d'œuvre. Même si on procédait au meilleur développement technologique et à tous les investissements du monde, il y avait cette fatalité. On était condamné à transformer la plus petite forêt du secteur dans lequel on se trouvait. Les choix qui s'offraient à nous étaient, soit on acceptait cette fatalité et on était condamné à avoir des difficultés, ou on se demandait s'il n'y a pas une manière de capitaliser sur les propriétés de cette petite forêt. Cette petite forêt est composée essentiellement d'épinettes noires. J'insiste beaucoup sur la notion de matières premières.

Lorsqu'on parle de développement industriel dans l'industrie du bois, on a beau faire les études de marché et de faisabilité technique que l'on veut, le développement technologique pour l'assemblage de produit, si on n'a pas en amont du processus un avantage concurrentiel durable avec les propriétés de la matière première, on arrive à ne rien générer de structurant et de porteur à long terme. Donc, je ferme la parenthèse et je reviens aux propriétés de cette matière première.

On a donc la fatalité de compter sur la petite forêt du Québec et cette petite forêt nous donne beaucoup de deux par trois à l'usine de sciage. Elle est faite d'épinettes noires et on regarde le portrait de la situation. L'épinette noire essence qui a des propriétés physicomécaniques extrêmement intéressantes par rapport aux autres essences de son groupe, de sapin, épinette et pin. Or, lorsque l'on vend l'épinette noire en bois d'œuvre, on n'arrive pas à tirer profit de cette plus value. Le deux par trois, si on le vend dans du bois d'œuvre, c'est assez limité comme gain de valeur associé aux propriétés de ce deux par trois de qualité supérieure.

Donc, on regarde ce qu'il y a comme perspective de produits à valeur ajoutée afin de capitaliser et c'est à partir de là que l'on introduit la poutrelle en « I ». Cette poutrelle en « I » c'est un produit de bois d'ingénierie qui consiste en l'assemblage de deux semelles qui constituent les barres horizontales d'un « I » qui sont faites de deux par trois jointés. On a deux semelles pour faire les barres horizontales du « I » et un panneau particule OSB qui constitue l'âme donc la barre verticale du « I ». Ces poutrelles de plancher sont surtout utilisées dans la charpente de construction résidentielle partout en Amérique du Nord afin de supporter la structure d'un plancher dans une construction de maison neuve.

À partir de là, on est en mesure de tirer profit de cette propriété intrinsèque de la matière première qui, a priori, constituait un désavantage. Notre aventure a débuté par là. Une fois que cela a été développé comme technologie, c'est là où le choc de la réalité des marchés nous a frappés, c'est-à-dire que l'on a beau avoir un bon produit, que l'on considère performant, compétitif et avantageux sur le plan des coûts, si on n'a pas une solution qui répond aux attentes du marché et à celles du client, on n'arrive pas à vendre ce beau produit à un prix concurrentiel.

Les clients avaient besoin d'un système de plancher qui était complet. Donc, nous on était naïfs dans notre aventure, on croyait qu'on avait gagné à la loterie et qu'on avait trouvé la recette magique. Or, il ne fallait pas s'arrêter là.

Les clients voulaient le système de plancher complet, donc l'ossature complète de la structure du plancher, et c'est à partir de là que l'on a intégré dans notre panier de produits le bois lamellé-collé. D'après ce que l'on m'a dit, vous avez pu constater l'application du bois lamellé-collé dans un cadre non résidentiel, entre autres dans la ville de Québec, dans la tour à bureaux de FondAction, l'immeuble de six étages, et dans le stade de soccer intérieur du parc Chauveau, que vous avez pu visiter.

A priori, le bois lamellé-collé qu'on a introduit n'était pas destiné à ces applications non résidentielles, mais plutôt aux systèmes de planchers, c'est-à-dire qu'une poutrelle de plancher ne tient pas dans le vide, elle doit s'appuyer sur des pièces de structure qui sont fortes et performantes. C'est ce qui nous a motivés à introduire le bois lamellé-collé dans notre panier de produits.

Là où notre produit se distingue par rapport à ce que l'on connaît partout au Canada, il y a d'autres fabricants au Québec, il y en a beaucoup dans l'Ouest canadien, avec du sapin Douglas essentiellement, là où notre bois de lamellé- collé se distingue beaucoup de ce que l'on observe dans les pays scandinaves, en Allemagne, en France, des pays européens qui ont un grand leadership en construction non résidentielle en bois, c'est qu'il n'est pas assemblé de grosses pièces de bois d'œuvre qui font essentiellement deux pouces par six pouces.

Notre lamellé-collé se distingue de tout ce que l'on voit ailleurs du fait qu'il est assemblé avec des petits bouts de bois qui font un pouce par deux pouces. Ces pièces de bois d'œuvre, qui constituent le point de départ de l'assemblage de nos poutres de lamellé-collé, viennent de l'extrémité des arbres. Encore là, lorsque l'on a voulu ajouter ce produit à notre panier de produits, on a regardé la matière première disponible. Qu'est-ce qu'il y avait à notre disposition? Quelles étaient les propriétés de cette matière première?

L'extrémité d'un arbre n'est pas valorisée. C'est trop petit lorsqu'on atteint un diamètre de trois ou quatre centimètres pour en tirer un seul morceau de deux par quatre. Donc il n'y a pas de production industrielle de bois d'œuvre viable que l'on peut espérer à partir de cette portion de l'arbre. Mais si vous avez observé une coupe transversale d'un arbre, on voit les cernes de vieillissement qui déterminent le nombre d'années d'un arbre, et ce sont ces cernes de vieillissement et leur densité qui procurent la puissance à l'arbre, qui procurent la rigidité, la solidité aux pièces de bois que l'on en tire.

Évidemment que lorsque l'on arrive à l'extrémité d'un arbre qui a 125 ou 150 ans, où dans trois ou quatre centimètres de diamètre on a une telle densité de cernes de vieillissement, on arrive à tirer de là des pièces d'un par deux qui, a priori, sur le marché du bois d'œuvre, n'ont pas de valeur dans une cour à bois, on en arrive à en tirer des pièces d'une très grande capacité mécanique.

C'est à partir de là que l'on a commencé à jointer ces petits bouts, où l'on se rapproche décidément des propriétés d'un cure-dents. On a donc commencé à les jointer et les grandes pièces jointées, on les colle ensemble pour assembler un étage. Et on colle ces étages les uns au-dessus des autres pour constituer les grosses pièces de structure que vous avez pu observer dans les bâtiments de Québec que vous avez visités.

Comme vous le constatez, et on aura le temps d'élaborer dans nos échanges, il n'y a pas eu de coups de baguette magique, d'éclair de génie ou de boule de cristal pour expliquer ce développement industriel. Tout provient de la matière première et tout a été motivé, incité par les attentes des clients. C'est vraiment comme cela qu'on peut expliquer le développement de notre panier de produits.

C'est là-dessus que je mettrais fin à cette introduction pour, je le souhaite, élaborer dans nos échanges.

[Traduction]

Rob Third, président, George Third & Son Ltd. : Je suis heureux de l'invitation que j'ai reçue pour témoigner devant vous ce matin et je vous en remercie. Je suis le président de George Third & Son Ltd. et je suis le petit-fils de George Third, le fondateur. J'ai été initié à l'entreprise familiale dès l'enfance. J'étais fasciné par le savoir-faire et la force de mon père lorsqu'il travaillait à la forge pour ferrer les chevaux, et par la suite lorsque je le voyais s'occuper de dessins d'acier de construction à la table de la cuisine.

Le sénateur Segal : Est-ce que cela signifie que vous êtes George Third le troisième du nom?

M. Third : Non, mais je suis de la troisième génération.

À partir de ces humbles origines, nous sommes devenus une entreprise ayant des usines partout au Canada et nos ventes s'élèvent à 100 millions de dollars par année en période de prospérité. Notre entreprise conçoit, fabrique et érige des pièces d'acier de construction et d'acier architectural dans le cadre du marché canadien international. Nous ne sommes pas que des aciéristes ordinaires, nous nous spécialisons dans des bâtiments phares et dans des pièces architecturales d'acier de construction exposé. Nous ne bâtissons jamais de résidences personnelles, ou presque jamais, à moins que ces personnes disposent de beaucoup d'argent. Nous construisons des immeubles commerciaux et des ponts.

Récemment, nous avons construit l'Anneau olympique de Richmond, dont je vais parler plus tard, ainsi que les tremplins des Jeux olympiques de 2010. Récemment, nous avons également terminé le passage supérieur de Coast Meridian. Nous réalisons une grande variété de projets et de produits, et chacun d'entre eux contient de l'acier.

Nous avons aussi construit le plus grand télescope astronomique au monde. Nous en avons construit 10 au cours des 20 dernières années, et nous nous employons à concevoir le prochain télescope le plus grand dont la dimension du miroir passera de 10 millimètres à 30 millimètres. La conception de ce télescope a été une commande de la communauté internationale. Ce projet fera probablement l'objet d'un appel d'offres et il est fort probable que ce soit nous qui le construirons. Nous construisons également des manèges phares pour Disney et Universal Studios par le biais de notre société sœur, Dynamic Structures.

Nous allons célébrer notre centenaire cette année et nous en sommes très fiers. Il y a un George Third — nous l'appelons Geordie Third, mon fils — qui travaille aujourd'hui à l'atelier. Pour votre information, la forge de forgeron fonctionne presque tous les jours. Nous ne fabriquons plus de fers à cheval, mais nous avons toujours un forgeron et une forge.

Je suis également président de la Steel Structures Education Foundation. Je siège au conseil d'administration de l'Institut canadien de la construction en acier, et je suis un ancien membre du conseil d'administration du Bureau canadien de soudage. Je suis en quelque sorte le porte-parole de l'industrie sidérurgique au Canada.

George Third & Son Ltd. a connu de nombreuses transitions et des années de vaches maigres et de vaches grasses au cours des 100 dernières années. Notre produit, c'est l'acier. Nous avons commencé avec le fer forgé et les rivets; nous utilisons maintenant de l'acier allié à haute résistance et le soudons à l'aide de robots. Lorsque notre concurrence dans le secteur de l'acier a trouvé des moyens de fabriquer de l'acier à moindre coût, nous avons également dû innover de notre côté. Lorsque l'industrie du ciment a trouvé de nouvelles recettes pour faire son ciment, l'industrie de l'acier a dû réagir en élaborant des aciers à haute résistance.

La percée la plus importante en Amérique du Nord, dont vous êtes sans doute au courant, est le passage de l'extraction du minerai de fer à l'utilisation de la ferraille pour fabriquer de l'acier. L'acier usiné qui auparavant était une auto, une machine à laver, ou un pont, est maintenant recyclé, refondu, et devient une poutre d'acier ou un morceau de tuyau. L'acier ne perd jamais sa résistance et peut être recyclé à répétition. Nous pourrions prendre le pont de Brooklyn, le démanteler, et en faire un autre pont au Canada. Nous pourrions alors démanteler ce pont-là et le transformer en auto, le cycle ne s'arrête jamais. Bien entendu, il faut ajouter du sel à la marmite de temps en temps, mais à part cela, l'acier conserve toute sa résistance. L'auto que vous conduisez aurait pu fort bien être un pont dans le passé.

Désormais, l'acier nord-américain est recyclé à 80 ou 90 p. 100. Nous ne fouillons plus la terre, nous la nettoyons; nous n'enfouissons plus d'acier; en fait, nous achetons plutôt les tracteurs usagés jusque dans les champs des fermiers pour en faire des poutres.

Il y a eu une conférence sur l'acier il y a deux ans aux États-Unis, où ils ont apporté sur place une vieille Chevrolet. Moyennant un dollar, on pouvait se défouler dessus avec un marteau. Ils ont réduit l'automobile en un petit bloc d'acier, qu'ils ont envoyé à l'usine d'acier, et qui est revenu sous forme de poutre avant même la fin de la conférence.

Mon père a construit bon nombre des structures originales d'Expo 86 à Vancouver. Certaines de ces structures existent toujours, tandis que d'autres ont été démantelées et réutilisées. Cela grâce à cette caractéristique de l'acier qu'on peut désassembler et réassembler à répétition. Ensuite il y a eu un moratoire sur la construction à Vancouver pendant les six mois d'Expo 86. En effet la ville ne voulait pas qu'il y ait beaucoup de constructions salissantes pendant que le monde visitait Vancouver. Aussi nous avons dû trouver un nouveau marché. Comme nous n'avons rien à faire, car Vancouver représentait l'ensemble de notre marché, nous avons décidé de nous tourner vers le sud. Nous avons construit un gratte- ciel à San Francisco, et ce chantier nous a ouvert la porte du marché américain. Nous avons établi des relations avec d'autres clients américains, qui étaient contents de notre travail, qui aimaient la qualité canadienne.

Nous avons ouvert une petite usine à Seattle et l'avons alimentée grâce à la capacité inutilisée au Canada. Ainsi, nous sommes devenus le deuxième constructeur en acier en importance dans l'État de Washington. Les États-Unis ont alors érigé des barrières commerciales pour nous empêcher de prendre trop d'ampleur. Mais, nous avons noué des relations avec des spécialistes à l'importation à Washington, l'État, et Washington, la capitale. Ainsi, nous avons appris toutes les échappatoires et avons trouvé le moyen d'exporter notre acier aux États-Unis.

Ensuite, le marché a faibli aux États-Unis et le dollar canadien a enchéri au point où nous n'étions plus concurrentiels aux États-Unis. Nous avons donc fermé cette installation, resserré la ceinture, et nous sommes revenus au bercail, en Colombie-Britannique. Ce que j'essaie d'illustrer, c'est que nous devons nous déplacer pour suivre les marchés. L'histoire continue, mais je n'irai pas plus loin.

Si je vous raconte tout ça, c'est pour vous illustrer que ne nous attendons pas à ce que le gouvernement résolve tous nos problèmes. Lorsque le marché se déplace, nous nous déplaçons aussi. Bien entendu, nous adorerions que vous adoptiez des lois qui prévoient que toutes les structures en zone de séisme doivent être construites en acier, car c'est le matériau le mieux à même de résister aux séismes et d'éviter des pertes de vie. Mais, ce n'est pas là la fonction d'un gouvernement.

La Steel Structures Education Foundation, dont je suis le président depuis 10 ans, vient de tenir sa conférence bisannuelle. Nous avons fait venir quelque 55 professeurs universitaires de partout au Canada, des domaines de l'architecture et de l'ingénierie, pour les mettre à la page des dernières innovations dans le domaine de l'acier et pour discuter des « connues » et des « inconnues » de notre matériau. Nous en avons également profité pour faire la promotion des subventions de recherche et développement offertes par le secteur de l'acier.

Chaque année, nous consacrons 100 000 $ à la recherche, des fonds qui viennent de l'industrie, c'est-à-dire de mon entreprise et de mes concurrents. Nous faisons faire des recherches sur notre matériau de construction afin de trouver des moyens de le rendre plus efficient et concurrentiel. Nous ne nous livrons pas concurrence au sein du secteur de l'acier, mais plutôt contre d'autres secteurs comme ceux du bois, du béton, et dans une certaine mesure, de la maçonnerie.

J'encourage d'ailleurs le secteur du bois à nous imiter. Je ne devrais pas encourager ainsi la concurrence, mais je suis une personne qui aime aider les autres. Cette initiative est très efficace. Les éducateurs apprécient l'occasion qu'on leur offre et ils repartent de la conférence avec une bien meilleure connaissance de notre produit et des façons de faire dans notre secteur. En effet, nous les emmenons voir certains de nos projets; nous leur faisons visiter nos usines et leur montrons nos méthodes de travail. Ils en deviennent de meilleurs professeurs.

De plus, nous dépensons des milliers de dollars en cours de design pour les consultants, c'est-à-dire les ingénieurs et les architectes. Nous leur apprenons à travailler avec notre matériau. Cela donne des édifices plus solides, légers, novateurs, aux connexions d'acier résistantes aux séismes. Le secteur du bois pourrait en faire autant.

Bref, nous ne voulons pas de loi qui favorise un matériau plutôt qu'un autre. Nul besoin d'intervention gouvernementale où les forces du marché favorisent les meilleurs.

J'ai distribué des documents, que je vais commenter. Comme il n'y a pas de texte, je vais pouvoir vous en parler. Bien entendu, comme l'on dit si bien, une image vaut mille mots. Je voudrais vous parler de certains des projets et des expériences que nous avons eus avec les structures de bois et d'acier.

Nous avons commencé à faire dans les structures de bois et acier lorsque Vancouver a commencé à construire son SkyTrain. Il y avait 16 gares SkyTrain, cinq ou six étaient faites de bois. Il s'agissait de lamellé-collé, c'est-à-dire des plaques de bois collées ensemble pour en faire des poutrelles qui supportaient les toits. On réservait le bois pour les gares à grand volume, les gares phares. Celles-ci seraient construites avec des matériaux locaux, beaux et chers. Les autres gares étaient faites d'acier et ciment, des matériaux moins chers, plus solides, plus économiques que le bois. Ces gares étaient construites par des gros entrepreneurs prêts à démarrer la construction et qui savaient comment s'y prendre. Comme la Colombie-Britannique est connue pour sa production de bois, on avait décidé de construire les gares phares en bois afin de promouvoir ce matériau naturel.

Par exemple, j'ai construit un chalet tout en acier à Whistler. J'ai détruit mon ancien chalet et je l'ai remplacé par un chalet 100 p. 100 acier. C'est une construction en poutres et poteaux, avec l'acier visible à l'intérieur de la maison. La charpente, le toit, le revêtement, l'escalier, la rampe, et même les lits sont tous faits en acier. J'ai même une porte d'entrée en acier inoxydable. Il y a un petit blason de Superman sur la fenêtre avec un T pour Third au lieu de S pour Superman. Comme je rêve d'acier, j'en mange et j'en bois, mes enfants m'appellent l'homme d'acier et c'est pourquoi le chalet est plein de références à Superman.

J'ai construit ce chalet pour mettre en valeur le produit que fabrique ma compagnie. L'acier est mis en valeur dans chaque vis, boulon, écrou et connexions, qui sont tous visibles. J'ai même inventé des connexions qu'on ne retrouve pas sur le marché afin de montrer tout ce que l'on peut faire avec de l'acier. Le referais-je à nouveau? Oui, pour moi-même. Cette structure d'acier peut-elle être commercialisée? Pas du tout.

Il n'est pas facile de construire un chalet comme celui-ci comparativement à un chalet normal, en bois. J'ai eu de la difficulté à trouver un entrepreneur qui puisse m'aider. Je ne fais qu'une partie du travail de construction et ensuite je dois articuler tous les autres matériaux autour de l'acier, y compris les planchers de béton, le contreplaqué, le filage électrique, et cetera. En fin de compte, j'ai utilisé un constructeur commercial et non résidentiel, car tous les constructeurs résidentiels m'affirmaient qu'ils n'étaient pas habitués à faire ce genre de travail.

J'ai un peu d'expérience avec le bois. Avant de reprendre l'entreprise de mon père, j'ai travaillé dans la construction, où j'ai construit des charpentes de maison en bois pendant deux ans. J'ai été propriétaire de quatre maisons et j'ai fait des gros travaux dans chacune d'elles. J'adore le bois. C'est parfait pour le propriétaire résidentiel moyen. J'adore travailler avec le bois, car il est léger, économique, facile à manier, et si l'on se trompe, on peut toujours aller acheter un autre morceau de bois au parc à bois, qui sont très nombreux. Pour la construction résidentielle, c'est ce qu'il ya de meilleur. Je ne pense pas que je construirais ma maison en acier si j'avais le choix.

Mais revenons à nos gares SkyTrain. Les gares phares étaient celles de Brentwood et Commercial. C'était les deux plus grandes gares et celles qu'ils voulaient le plus mettre en valeur. La gare de Brentwood compte des arches en acier et bois.

L'acier assurait une connexion résistante entre la plateforme de béton et le bois. Il faisait office de colonne. Vous le voyez à la diapositive 15 je crois. C'est la section en blanc. L'acier assure la connexion entre le béton et le bois.

La travée est faite de bois; la travée, c'est ce qui fait le lien entre la colonne en acier et une entretoise que nous installons, qu'on appelle également une ferme. Répétez ce procédé 40 fois et vous avez une ossature structurelle qui est importante et élégante à la fois.

Nous avons gagné des prix pour ce chantier. L'architecte et l'ingénieur ont gagné des prix, et à ce jour c'est encore une belle structure. Un client est venu de Chine et a tellement aimé cette structure qu'il a commandé la même pour la Chine seulement la moitié de la taille. Il m'a embauché, ainsi qu'un ingénieur, pour construire une telle structure et l'envoyer en Chine. Nous avons fait exactement la même construction à moitié plus petite. Nous avons construit toutes les parties, les avons faits correspondre ensuite nous les avons désassemblées, emballées, et envoyées en Chine. L'un de nos hommes a accompagné l'envoi pour les aider à le reconstruire. Ils nous avaient dit qu'ils voulaient seulement un homme et qu'ils fourniraient tous les autres travailleurs. Ils nous ont demandé combien de gens ils auraient besoin pour reconstruire la structure, et j'ai répondu quatre ou cinq. Mon contremaître est arrivé à pied d'œuvre en Chine et m'a appelé pour me dire qu'il y avait 45 travailleurs. Il s'est perdu quelque chose dans la traduction. Il m'a demandé que faire. J'ai dit qu'il y avait quatre boulons dans chaque colonne, qu'il devait donc assigner un travailleur par boulon et continuer. Il m'a dit qu'il pouvait carrément renvoyer la grue car il y avait assez de gens à pied d'œuvre pour déplacer l'acier. Il était censé y être pendant trois semaines mais il n'a fallu qu'une semaine pour assembler la structure. Je lui ai alors dit d'aller visiter la Grande Muraille de Chine et de bien s'amuser. En fin de compte, le projet a été couronné de succès, et c'était une façon très intéressante de construire. Si nous avions autant de gens ici au Canada, nous pourrions également faire ce genre de travail ici.

Pour revenir à ce projet, il aurait été plus rapide, facile et économique de le construire tout en acier. Nous avons placé un morceau de bois en plein milieu de l'acier parce que le bois est beau, le bois possède des belles caractéristiques, et j'adore son apparence. Cela n'aurait peut-être pas gagné des prix et ce n'aurait peut-être pas été aussi beau, mais la beauté est très subjective. Pour ma part, j'ai un chalet tout en acier et je pense que c'est superbe.

Toujours dans le SkyTrain, j'ai moins aimé la gare Commercial Drive Station. Ils avaient vissé une façade lamellée- collée en bois sur le côté des plaques d'acier. Ces plaques d'acier touchaient les colonnes érigées de part et d'autre de la gare. La plupart de ces gares sont en fait des abris contre les intempéries et la pluie. L'acier était assez fort pour protéger les passagers de la pluie et de la neige, mais ils voulaient le recouvrir de bois. Au lieu d'avoir des poutres à bride en haut et en bas, ils ont choisi de coller des morceaux de bois de chaque côté de nos plaques d'acier. L'acier était assez rigide pour supporter le poids, mais il était souple dans son axe transversal. Nous avons donc vissé des morceaux de bois de chaque côté des plaques d'acier pour renforcer sa rigidité transversale. En fait ce que nous avons fait, c'est de coller une façade de bois de chaque côté des plaques d'acier. Dans ce cas-là, le bois était utilisé pour sa beauté et non pas pour son efficacité en tant que matériau de construction.

Aux diapos 11 et 12, un projet que nous venons de terminer à l'aéroport de Vancouver. Vous voyez donc la tendance. Les deux premiers projets ont été faits il y a 10 ou 15 ans, et ce dernier, il y a 10 ou 15 mois. Vous voyez ce que ça donne : du bois courbé, du lamellé-collé, attaché à une structure d'acier, qui tient debout grâce à des connexions d'acier. Le bois a besoin de l'acier, le béton a besoin d'acier. Désolé, mais je respire l'acier et j'ai même de la rouille dans les veines.

Notre tout dernier chantier est l'Anneau olympique de Richmond 2010. La Colombie-Britannique est riche en forêts. Je suis d'ailleurs surpris qu'il n'y ait personne ici de Colombie-Britannique. En fait, il n'y a personne ici de l'ouest du Manitoba, du moins je ne le crois pas. J'aurais cru qu'ils auraient été plus présents dans cette discussion.

Ils ont reçu beaucoup d'appui de la part du B.C. Wood Council, ainsi qu'un grand soutien politique du premier ministre Gordon Campbell. Campbell claironne le fait que le projet est fait de bois de Colombie-Britannique. Or, voici les statistiques : le bâtiment renferme pour 37 millions de dollars de béton, 15 millions de dollars d'acier et seulement 8 millions de dollars de bois dont la moitié provient des États-Unis.

Le sénateur Segal : Et pourquoi cela?

M. Third : Parce que c'est moins cher.

Le sénateur Segal : Dans cette gare?

M. Third : Non, dans l'anneau de patinage de vitesse. Tout le bois du toit et des panneaux vient de la Colombie- Britannique, mais le bois des poutres de lamellé-collé a été acheté aux États-Unis. Je le sais pertinemment parce que j'ai parlé au type qui a fabriqué ce bois. Cette structure n'est faite de bois qu'à 9 p. 100, mais elle est considérée comme un immeuble construit en bois. Je ne m'en plains pas; je voulais juste vous le faire savoir.

Voici une autre structure non résidentielle primée. C'est une grande structure commerciale qui a gagné des prix d'architecture et d'ingénierie partout dans le monde. C'est un immeuble spécialisé. C'est la plus belle structure qu'il m'ait été donnée de construire. Il est difficile de voir l'acier car la plus grande partie est cachée par du bois. Si vous regardez les images, vous verrez tout le bois mais également l'acier grâce aux angles à partir desquels j'ai pris les photos. À la page 2, vous voyez le bois en haut, car la photo est prise à partir du plafond, mais on ne le voit pas depuis le sol.

Le rapport résistance-poids de l'acier, qui reste inégalé, fait que ce matériau est léger et rare dans la structure. Le bois est le principal matériau de la structure puisqu'il faut des morceaux beaucoup plus gros pour obtenir la même résistance. Le bois remplit donc beaucoup de fonctions dans la structure. Il ne s'agit pas d'une façade; il fait beaucoup, mais on ne pouvait pas du tout imaginer cette structure sans l'acier. L'acier remplit beaucoup de fonctions.

Le toit aurait pu être fait entièrement d'acier, et normalement, cela aurait été le cas. Mais puisqu'il s'agit d'un édifice mis en vedette, la Ville de Richmond et le gouvernement de Colombie-Britannique ont décidé de montrer le bois et d'en faire la promotion. L'édifice a un plafond de bois intéressant qui ne joue pas vraiment de rôle structurel. Je pourrai vous en parler si vous le voulez, mais je n'ai pas inclus cet aspect dans mon exposé.

En vertu du contrat, qui a été rédigé et conclu, le fabricant d'acier ou le constructeur était responsable d'accepter des morceaux courbés de bois d'œuvre lamellé-collé dans leur état final, de les intégrer à l'usine de fabrication et d'être responsable de marier ces morceaux de bois aux pièces d'acier de renforcement. Le fabricant d'acier est tenu de fabriquer l'acier, de l'adapter, de faire la soudure et de poser les écrous, de même que de coller les morceaux de bois et de les visser dans de longues arches hybrides de 15 320 pieds. Il est aussi tenu de les amener sur le site et de les poser sans nuire à la finition architecturale des panneaux de bois. Ces responsabilités ont effrayé tous les fabricants du pays sauf moi. Ce projet était si inhabituel, si anormal que personne n'a fait de soumission pour obtenir le contrat.

Je vais vous lire un extrait d'une soumission qui a valu à son auteur le prix de l'Institut canadien de la construction en acier. Ce projet, réputé être un projet de bois, a remporté le prix de l'Institut canadien de la construction en acier décerné au meilleur immeuble construit en 2009 en Colombie-Britannique. Il vient de remporter le prix national pour le meilleur édifice au Canada. Il a remporté un prix lors d'un concours international en Europe et a dépassé le stade Nid d'oiseau en Chine. Il s'agit d'un bel édifice, une construction extravagante. Vous n'avez rien vu si vous n'y êtes pas entré. Lorsque vous marchez à l'intérieur, vous êtes ébloui par son ampleur et par son caractère intéressant. Je vais vous lire ce qu'a dit l'ingénieur au sujet de cet immeuble :

Les arches de l'Anneau olympique sont les arches hybrides de bois et d'acier les plus longues au monde. Ce sont aussi les arches les plus exceptionnelles qui ont jamais été conçues et construites. L'équipe a dû déployer des efforts soutenus et coordonnés pour que le projet fonctionne. Cette équipe était constituée de l'architecte, de l'ingénieur de structures, du fabricant d'acier et des spécialistes de la mécanique et du lamellé-collé. À la fin de la période de soumission, un seul fabricant d'acier était prêt à s'attaquer à l'énorme défi sans précédent que représentait ce projet. Il a dû recevoir de grosses dalles de bois d'œuvre lamellé-collé dans son atelier de fabrication d'acier, assembler les composantes en acier et les intégrer au bois, coordonner les gaines d'air, assurer l'installation dans l'atelier, construire le tout et finalement joindre les segments d'arches sur le site de construction. L'édifice, une fois construit, a fait l'objet de louanges à l'échelle mondiale. Sur bien des plans, le héros méconnu du projet, c'est George Third & Son, l'entreprise a effectué la tâche sans précédent d'assembler et d'ériger ces uniques arches hybrides. L'édifice a souvent été considéré comme une conception mettant en valeur le bois touché par le dendroctone du pin. Toutefois, c'est leur volonté de construire un immeuble exceptionnel et de combiner l'acier et le bois pour créer une structure étonnante et frappante qui a motivé ces énormes espaces vides de centaines de mètres.

Je n'essaie pas de dire que je suis quelqu'un de bien parce que je l'ai fait, mais que peu de gens sont prêts à construire un immeuble de ce genre. C'était une tâche titanesque. C'était effrayant d'amener dans mon atelier du bois qui semble d'aussi bonne qualité que cette table. Vous pouvez voir sur les photos à quoi ressemble mon atelier. Nous pouvons traîner de l'acier sur le plancher pendant une semaine sans endommager le matériau. Avec ce bois, il faut être très soigneux. Nous ne voulions pas non plus provoquer un incendie.

Je vais mettre ma casquette de George Third & Son. Mon entreprise tire parti de cette alliance entre le bois et l'acier. Nous sommes devenus des experts dans ce domaine et avons fait suffisamment de projets pour être considérés la référence en la matière. J'appuie ce mariage du bois et de l'acier; je suis à l'affût de tous les projets de ce genre.

Si vous regardez à la dernière page, vous allez y voir qu'on y fait la promotion en plaisantant des poutrelles à larges ailes, l'une des formes les plus efficaces jamais conçues. Je vais faire des poutrelles à larges ailes et y mettre le fil du bois à l'extérieur.

Les structures que nous construisons sont inhabituelles et il y a quelque chose d'inédit qui sort de nos ateliers. Il s'agit de solutions peu coûteuses. Elles sont des points d'intérêt pour nos clients qui veulent en faire étalage. Maintenant, je mets ma casquette de contribuable. Est-ce qu'on devrait faire cela avec les deniers publics, c'est-à-dire assurer la construction, la réparation, l'entretien, dans le domaine des travaux publics et des biens réels amovibles et fédéraux? Toutefois, à titre de Canadien, je pense qu'il vous revient de décider si montrer la beauté du bois, les innovations des ingénieurs concepteurs canadiens, ainsi que le savoir-faire des charpentiers canadiens renforcent l'économie.

J'entends souvent les gens parler de la beauté du bois. J'ai lu cette phrase dans certains des documents dont vous avez parlé un peu plus tôt. Quelqu'un a demandé si le bois était plus beau. Oui, il l'est. Je travaille dans le domaine de l'acier, mais je pense que le bois est plus beau. Il a ses limites et je pense que l'industrie du bois a des obstacles à surmonter. C'est bien que vous lui prêtiez main-forte.

En tant que travailleur de l'acier, je crains que vous tentiez de légiférer ou que vous décidiez que les édifices publics devraient être principalement faits en bois. Si c'est le cas, les architectes et les ingénieurs doivent passer par un processus coûteux pour analyser le tout et déterminer s'ils peuvent faire quelque chose avec le bois alors qu'ils savent pertinemment que cela fonctionnerait avec de l'acier ou du béton. Peuvent-ils oui ou non le faire?

Cela revient au point de départ. S'ils disent oui, ils devront parfois augmenter les coûts. Ils essaient de construire quelque chose à partir d'un produit qu'ils n'utiliseraient pas habituellement. Les clients qui ont de l'argent vont tenter d'utiliser la beauté du bois.

La promotion de compagnies telles que la nôtre, c'est-à-dire de StructureCraft, de Fast + Epp et de Busby Perkins and Will, soient celles qui disposent de systèmes semblables en place, serait très utile. Nous pourrions faire des exposés pour montrer à certaines personnes comment procéder. D'une part autre côté, je ne veux pas céder mon avantage concurrentiel et, d'autre part, si nous voulons trouver des façons d'utiliser ces mélanges de matériaux, certains groupes, comme ceux que j'ai déjà mentionnés, savent exactement quoi faire pour unir le bois et l'acier.

Voilà, c'était mon exposé.

[Français]

Le président : Monsieur Third, merci beaucoup. Nous avons maintenant quelques sénateurs qui veulent poser des questions. Sénateur Robichaud, suivi par les sénateurs Rivard et Plett.

Le sénateur Robichaud : Merci, monsieur le président. Monsieur Verreault, comment avez-vous réussi à devenir compétitif avec le bois que vous utilisez? Vous utilisez les têtes d'arbre qui, dans la majorité des opérations forestières, sont laissées par terre à pourrir.

M. Verreault : Vous venez de mettre le doigt sur l'élément clé, lorsque l'on parle de la transformation du bois, qui est la compétitivité. Souvent, on parle de productivité et lorsqu'on parle de développement industriel, peu importe le secteur d'activité économique, on va parler de productivité. Or, pour avoir assisté à différents événements qui parlaient de l'industrie forestière à travers le monde, l'essentiel, c'est la compétitivité.

Si on compare nos activités de transformation très numérisées, très avancées sur le plan technologique que l'on peut avoir ici au pays, versus le modèle russe qui est aux antipodes de la réalité industrielle que vous connaissez au pays, on constate que les Russes sont en mesure d'arriver au client avec un produit de bois d'œuvre qui est plus économique, donc plus compétitif pour se frayer un chemin que ce qui sort de nos usines ici.

Pourtant, ils utilisent des dizaines de personnes pour réaliser une opération qui n'en prend qu'une ici, au Canada, au Québec.

L'élément clé, c'est effectivement la compétitivité. Une possible explication c'est que cela relève d'une obsession. Cela relève aussi d'une caractéristique d'entrepreneur, chez nous, l'orgueil.

Je vais vous donner un exemple. On a trois lignes de sciage. Pour expliquer la compétitivité, l'élément clé, il est vraiment... Je parlais beaucoup de matières premières dans mon introduction, mais la matière première du bois à valeur ajoutée c'est le bois d'œuvre. Et trop souvent, lorsqu'on parle de redéfinition du secteur forestier, on pense à la finalité, on pense à des produits de haute technologie, des produits de bois d'ingénierie. Or on perd de vue que la valeur première de ce produit à valeur ajoutée, c'est le produit de bois d'œuvre.

Donc en chemin, il faut accorder une grande attention à la première transformation au sciage. Dans notre cas, si on n'a pas une usine de sciage qui était performante, on n'aurait jamais pu générer un dollar de profit à l'époque où l'on ne faisait que cela pour pouvoir investir dans notre complexe de bois d'ingénierie. Si on n'avait pas une usine de sciage qui était productive, compétitive, rentable, on n'aurait pas pu s'appuyer sur une matière première qui nous donnait l'avantage concurrentiel pour assembler un produit fini à valeur ajoutée.

Pour y arriver, c'est vraiment en comptant sur une équipe performante, en ayant une obsession du rendement. Je vous donne un exemple bien précis. J'ai mentionné qu'il y avait trois lignes de sciage. Dans deux de ces lignes de sciage, les équipements nous ont été vendus pour traiter 320 pieds de bois à la minute. C'est une quantité non négligeable. Ce qui explique que l'on ait survécu, d'une part, et que l'on soit rendu là où l'on est, d'autre part, c'est que ces équipements qui nous ont été vendus à une capacité de 100 p. 100 à 320 pieds à la minute, on les a amenés à 600 et à 630 pieds chacune à la minute, chacune de ces deux lignes de sciage. Donc les fabricants des équipements de qui on les a acquis, lorsqu'ils reviennent chez nous quelques années plus tard et voient ce que l'on a fait avec cette technologie de départ, jusqu'où on l'a amenée, d'une part ils sont bouche bée et, d'autre part, c'est ainsi que l'on arrive à expliquer que l'on ait pu à un certain point, dans les années 1990, générer quelques dollars de bénéfice. Et qu'on ait eu des capitaux pour investir dans ce virage. Parce que le virage, il faut le préciser, à ce jour, on en est à près de 100 millions d'investissements dans tout le complexe d'ingénierie et tout cela a été financé par l'entreprise elle-même qui est à capitaux fermés, d'une part, et sans aucune aide gouvernementale, sans subventions, sans prêts gouvernementaux.

C'est donc vraiment par une obsession de la compétitivité, de la productivité en première transformation que l'on a pu générer des capitaux, que l'on peut s'appuyer sur une matière première du projet à valeur ajoutée qui elle-même est compétitive.

Le sénateur Robichaud : Le marketing?

M. Verreault : C'est très amusant. Avant d'y répondre, si vous me le permettez, sur la question de la première transformation et du sciage, j'ai appris cela d'entrée de jeu dans notre lecture, l'industrie des produits forestiers du Canada est fort différente d'un océan à l'autre. Et j'entends qu'au Québec particulièrement, on tente d'adopter des mesures du gouvernement du Canada pour accompagner cette redéfinition qui est nettement requise pour l'industrie du bois. Et j'entends que le gouvernement du Québec compte articuler une stratégie de redéploiement de la filière industrielle du bois au Québec qui s'appuierait sur une insistance à la productivité de la première transformation.

Alors si cette stratégie s'avère, je me permets de vous exprimer notre vigoureux soutien à une telle stratégie, parce que si on veut avoir une productivité en bout de piste et un produit compétitif, cela passe par là.

Sur la question du marketing, depuis 1961, notre entreprise vendait des produits de bois d'œuvre. Pour ceux qui sont familiers avec la vente de produits de bois d'œuvre, c'est quelqu'un dans l'organisation qui est sur le téléphone et qui vend des chars de bois. C'est le jargon que l'on emploie : « Je te vends un char, je te vends cela à tant de piastres pour 1000 pieds, cela part la semaine prochaine, c'est réglé. » Et les clients, on les fidélise avec des stratégies de prix stables, qui sont justes et qui sont équitables, honnêtes. Et on les fidélise avec une qualité de service, donc livraison avec des principes de « just in time », comme pour tout produit manufacturé.

C'est la réalité de la mise en marché avec laquelle on composait jusqu'à la fin des années 1990, début 2000. D'une part, on s'appelle Chantiers Chibougamau; alors en anglais, vous pouvez enlever vos oreillettes, Chantiers Chibougamau, cela se dit...

[Traduction]

Nous vendons des produits de bois d'ingénierie de Chantiers Chibougamau.

[Français]

Alors, on avait là le premier défi qui était linguistique, donc on a introduit la marque Nordique bois d'ingénierie qui se traduit beaucoup mieux en « Nordic Engineered Wood. »

Cela a été le point de départ de l'articulation d'une stratégie de mise en marché de ces produits à valeur ajoutée.

Au plan de la culture d'entreprise, entre avoir un gars qui commande un salaire, un téléphone et une télécopie, car tout se faisait par télécopie au plan technologique, et une équipe de mise en marché déployée sur tout le continent nord- américain, un vendeur à Atlanta, un dans l'état de New York, un à Toronto, un autre à la direction des ventes à Montréal, un point de distribution à Liverpool pour le marché européen et un partenaire pour le marché français. Ne serait-ce qu'à cet égard, il y a un changement fondamental de culture d'entreprise. Il faut avoir de l'ouverture, mais aussi les capitaux. Financer cette machine de mise en marché versus un gars avec un téléphone, on fait exploser les coûts de mise en marché.

À partir de là, c'est toute la dimension des services techniques qui devient indissociable d'une stratégie de mise en marché des produits forestiers comme ceux que l'on connaît. Pour les produits résidentiels, une équipe technique, des guides avec les capacités techniques; au plan non résidentiel, M. Third faisait allusion au défi de la conception d'une structure hybride ou en bois. On fait face à ces défis dans notre réalité pour les bâtiments que vous avez vus.

Maintenant, pour faire en sorte que le client qui construit en bois ait une expérience aussi simple et rigoureuse en termes de contrôle de coûts, au même titre que s'il bâtissait avec des matériaux plus conventionnels comme l'acier et le béton, on s'est doté d'une équipe de services techniques qui accompagne les ingénieurs et les architectes au projet pour s'assurer qu'il n'y ait pas de coûts et de délais supplémentaires associés à la réalisation du projet.

Et à ce jour, c'est sur cette offre de services que l'on s'appuie pour organiser la mise en marché de ces produits. Donc, si on se concentre sur la question du non résidentiel, on ne peut pas s'attendre à un changement de culture fondamental dans l'industrie de la construction non résidentielle au Canada du jour au lendemain. Il y a des enjeux importants au plan technique et mécanique et au plan des coûts et de la sécurité du bâtiment. Et tout cela ne peut se développer que sur la base de la confiance.

Cela prend premièrement des promoteurs qui sont habités d'une qualité de leadership et d'un intérêt pour la nouveauté pour créer ce climat de confiance. Et une fois que l'on a ce premier projet sur lequel s'appuyer, on peut alors prouver qu'il est vrai qu'une construction non résidentielle en bois est, d'une part, concurrentielle en matière de coût, et d'autre part que personne ne fait la charité ou ne construit en bois par pitié ou par esprit de philanthropie. S'il y a des promoteurs, surtout du secteur privé, qui prennent des décisions d'affaires éclairées de construire une charpente en bois, c'est parce que d'abord et avant tout, on offre une solution concurrentielle au plan des coûts.

À partir de là, si on veut déployer l'utilisation sur la base de la confiance, il faut offrir un accompagnement, un service, une expertise de façon à ce que les délais soient respectés sur le chantier. Au plan industriel, il faut s'organiser de manière à ce qu'il n'y ait pas de délais dans la livraison des produits. Il faut s'assurer que ce produit soit d'une qualité irréprochable de façon à ce que sur le chantier, s'il y a une pièce déjà pré-usinée, par exemple si le trou pour installer le boulon pour la connexion est de huit millimètres trop à droite, il n'y ait aucun problème majeur sur le chantier parce ce qu'il y des grues et des équipes de travail.

Il faut faire nos devoirs pour avoir un produit rigoureux et de grande qualité. À partir de là, on peut espérer un déploiement de tout cela. J'entendais le point de vue de M. Third. Je vous parlais qu'il n'y a pas de clients qui ont construit en bois par pitié pour l'industrie du bois. La perspective des gens, c'est que l'industrie du bois est dans la situation où elle se trouve parce qu'elle a oublié de se moderniser quand il y a eu de bonnes années et que le retour aux actionnaires était trop important.

C'est essentiellement l'idée qui habite les gens lorsqu'ils ont un regard extérieur sur la crise que l'on traverse. Ils ne sont pas tentés d'avoir nécessairement pitié ou d'avoir un esprit de solidarité ou de faire preuve de philanthropie en choisissant le bois. Il y a ces éléments de compétitivité, oui on doit avoir un produit simple et rigoureux au plan des délais et des coûts et ensuite, la dimension esthétique d'une charpente de bois est à considérer dans la décision d'utiliser le bois ou non. Ensuite, et c'est dans l'ordre que je vous traduis, le caractère environnemental du matériau en termes de traces environnementales et d'impact sur l'émission de gaz à effet de serre. Ultimement, le promoteur dans sa décision d'affaires éclairée va prendre en compte ces réalités. Il ne faut pas se faire de cachettes, il ne faut pas se conter d'histoires. C'est le phénomène à travers lequel on passe et l'on s'appuie là-dessus pour la mise en marché.

[Traduction]

Le sénateur Robichaud : Monsieur Third, vous avez parlé de la structure du télescope. Celui-ci sera-t-il érigé à Hawaï ou au Chili?

M. Third : Hawaï, semble-t-il. On reconnaît en général que le Chili constitue le meilleur endroit. C'est là où le ciel y est le plus clair et qu'il y a le moins de nuages et de bruit, mais Hawaï est plus près de tout et il s'agit d'un meilleur choix. L'accès y est plus facile et il est moins coûteux de construire là-bas. Le site chilien est difficilement accessible. Il y a un autre facteur, soit l'argent versé par les États-Unis. Ils vont investir davantage dans le télescope s'il est situé aux États-Unis que s'il est situé au Chili.

Le sénateur Robichaud : Êtes-vous responsable de la structure qui maintient en place le miroir?

M. Third : Nous sommes responsables des deux structures. Nous construirions la structure d'acier qui maintient en place les miroirs et qui oriente le télescope. Il s'agit d'une structure capitale et intense. Nous allons aussi construire l'enveloppe qui contient l'ouverture.

[Français]

Le sénateur Rivard : Je vous remercie de votre présentation. Est-ce que votre usine répond à la demande des clients?

M. Verreault : On est actuellement en programme de temps partagé.

Le sénateur Rivard : Donc...

M. Verreault : On bénéficie du programme de temps partagé déployé par le programme des Ressources humaines et Développement des compétences Canada pour l'assurance-emploi. Donc on n'est pas dans une bulle extraordinaire. Et il faut aussi mettre les choses en perspective. On a le sentiment que particulièrement pour le marché de l'est du Canada, Chantiers Chibougamau est le gros joueur pour la construction non résidentielle en bois. On occupe une position tout de même non négligeable sur ce marché. Or, dans la grande image, il faut savoir que les revenus de Chantiers Chibougamau générés par les ventes dans le secteur non résidentiel avec ces beaux projets de tours à bureaux et d'infrastructures sportives représentent environ 10 p. 100 de notre chiffre d'affaires en 2009.

On a réalisé plus de chiffres d'affaires par la vente de bois d'œuvre; on a réalisé le quadruple des ventes pour le bois d'ingénierie dans la construction résidentielle en Amérique du Nord, plus de deux fois les revenus de copeaux pour notre entreprise l'année dernière versus ce que le non résidentiel a pu générer. Il faut mettre les choses en perspective. On a le sentiment qu'il y a une grande vague qui nous porte et ce n'est pas du tout le cas. Il y a un début de vague, mais ce n'est pas une tempête.

En ce qui concerne la capacité de production, on a procédé à des investissements majeurs dans la dernière année, on a agrandi nos installations et on a intégré des technologies numériques pour l'usinage des pièces de bois, des robots à la fine pointe de la technologie, ce qui fait en sorte que l'usinage des pièces de bois se fait huit fois plus rapidement qu'auparavant. Il y a eu un gain de productivité qui est venu avec tout cela; de sorte que ces équipements sont utilisés actuellement sur un quart de travail alors qu'ils peuvent l'être sur trois, quatre jours par semaine alors qu'ils peuvent l'être sur cinq. Alors, de l'espace pour du nouveau volume, on en a passablement.

Le sénateur Rivard : Est-ce que vous craignez, à court ou à moyen terme une pénurie de votre matière première?

Votre région est près de la toundra, et les épinettes ne sont pas collées les unes sur les autres. Est-ce que vous craignez une pénurie? Si votre matière première vient de plus loin, cela risque de vous coûter plus cher, donc d'être moins compétitif?

M. Verreault : Il y a là tout un débat sur la gouvernance de la forêt publique, parce que dans notre cas on s'approvisionne dans les forêts publiques. C'est un débat qui relève du gouvernement du Québec qui gère les terres forestières publiques et qui reste un débat extrêmement sensible par rapport à la vocation et au rapport que l'on a avec la forêt.

Est-ce que l'on aborde la forêt comme une source de redevances pures et simples ou comme le point de départ à une création de richesses assez spectaculaires dans les différentes régions? Est-ce qu'on l'aborde comme le point de départ à la fabrication de produits de construction — et c'est supporté et démontré des dizaines de fois — où il y a un bilan environnemental avantageux? Il y a cela, mais c'est un autre débat.

La question de la quantité est effectivement le point de départ. Est-ce qu'on a une matière première de qualité adéquate? Et au plan qualitatif, il faut savoir le coût d'acquisition de cette matière et en quantité suffisante. Tout est une question de volume de rapidité quand on visite l'usine. On traite dans l'usine de première transformation laquelle dépend des quantités de bois, environ 750 000 mètres cubes de bois par année. Cela se traduit par sept ou huit millions d'arbres par année qui entrent dans cette usine. Tout est une question de volume pour s'assurer de la compétitivité. Il y a eu une réduction des quantités de bois disponibles au Québec et c'est une préoccupation.

Maintenant, en termes de nordicité, jusqu'où peut-on aller? La forêt boréale avec un potentiel commercial va bien l'au-delà de la limite nordique actuellement en vigueur pour la récolte de bois. Il y a là des dilemmes à ce stade où l'on a des enjeux de consolidation, mais ce n'est pas tant dans la nordicité que par des choix dans les attributions.

Le sénateur Rivard : C'est une compagnie qui est une propriété familiale, donc qui a un capital fermé; avez-vous un syndicat?

M. Verreault : Absolument, il est en place depuis des décennies et avec lequel on est en renouvellement de convention collective.

Le sénateur Rivard : Vous n'avez jamais souffert de grève?

M. Verreault : Dans l'histoire moderne de l'entreprise, non.

[Traduction]

Le sénateur Plett : Merci à vous deux pour vos exposés, qui ont été très édifiants à mon avis.

Ma première question s'adresse à vous deux. Le code du bâtiment britannique autorise la construction d'édifices de plus de six étages qui ont un cadre en bois, je pense. Au Canada, on parle d'immeubles de quatre étages. Si nous autorisions l'utilisation du bois dans la construction de tels immeubles, quel serait l'impact économique sur l'industrie forestière et sur le secteur de l'acier canadien?

Je me rapproche de vous, monsieur Third, en ce qui concerne l'engagement au sein du gouvernement, les règlements et les lois que nous devrions adopter. Toutefois, nous voulons vraiment faire la promotion de nos ressources naturelles dans ce pays et déployer tous les efforts nécessaires.

Je viens du Manitoba et j'ai travaillé dans le domaine de l'agriculture et de la foresterie, donc je veux faire la promotion de ce que nous avons au Canada. Je veux savoir quel serait l'impact économique de cela sur ces deux industries au Canada.

M. Third : Je dirais que la concurrence dans le secteur de l'acier pour ce qui est de la construction de structures de six ou de huit étages pourrait s'accroître. Actuellement, il y a une concurrence entre deux matériaux de construction, l'acier et le béton. Ou il y a une concurrence entre l'acier, le béton et le bois.

Le sénateur Plett : La concurrence a du bon, n'est-ce pas?

M. Third : La concurrence a du bon.

[Français]

M. Verreault : La première chose qu'il faut savoir, si on choisit le bois, M. Third l'a très bien indiqué dans son introduction, il y a une complémentarité entre les matériaux. C'est pour cela qu'il y a une approche dogmatique où l'on dirait que le bois ne rend service à personne, cela ne reflète pas une réalité industrielle de construction qui est, de notre point de vue, rigoureuse. Qu'on prenne un matériau ou l'autre, si vous avez des fondations en béton, donc un bâtiment multi- étagé comme un bâtiment de sept ou huit étages, il y aura une belle présence assurément des trois matériaux.

Maintenant, c'est difficile de savoir quelle part de marché pourrait être occupée par le bois. Voyez au Québec, cela fait six ans qu'on réalise des projets non résidentiels en bois, on a un projet de trois étages que l'on amorce. On a fait une bâtisse de six étages que vous avez visitée et une de quatre étages à Mississauga en banlieue de Toronto. Cela s'arrête là.

On part de tellement loin et comme dans toute chose, avant de courir, il faut apprendre à marcher. On en est aux premières étapes où l'on commence à faire les premiers pas. C'est tellement spéculatif que c'est difficile de dire quel effet levier cela pourrait avoir. C'est impossible de notre point de vue de se prononcer sur cette question.

[Traduction]

Le sénateur Plett : En ce qui concerne l'Anneau olympique de Richmond, vous avez parlé des poutres. On a mis du bois à l'intérieur de l'acier. C'est pour renforcer la structure, n'est-ce pas? Ce n'est manifestement pas pour des raisons esthétiques. Avant que vous répondiez, j'aimerais vous dire que nous avons visité une patinoire dans la ville de Québec en même temps que cet autre édifice. On y trouvait le même type de poutres, bien qu'il s'agisse d'un édifice beaucoup plus petit. Néanmoins, il s'agissait du même type de structure. On y trouvait les mêmes poutres qui, si je ne m'abuse, sont des poutres de lamellé-collé ou des poutres stratifiées croisées qui n'avaient pas d'acier à l'intérieur. Pourquoi dans ce cas-ci y a-t-il de l'acier?

M. Third : C'est en raison de la taille énorme de l'immeuble.

Le sénateur Plett : Le but est de le renforcer.

M. Third : Oui, le but est de le renforcer. On ne pouvait pas avoir d'aussi longues poutres en acier. On parle de 100 mètres, ou de 320 pieds, ce qui en fait une construction énorme, beaucoup plus grosse qu'une patinoire. Sur la diapositive no 5, vous allez pouvoir la voir dans notre atelier. Il y a deux morceaux de bois et un peu d'acier sur le dessus. La pièce n'est pas terminée sur la photo, mais après on a ajouté de l'acier sur le dessus et au bas, comme vous pouvez le voir à la page 4. Vous voyez le grand V d'acier au bas. On met deux pièces de bois ensemble pour qu'elles réagissent comme deux pièces au chapitre de la force, puis on attache le tout avec de l'acier au bas et sur le dessus.

Le sénateur Plett : Le bois est lamellé, n'est-ce pas?

M. Third : Oui, nous avons collé une série de deux par six. Ils sont courbés et aussi longs que possible, parce qu'il y a des restrictions liées à la longueur. En fait, il y a un nombre limité de pièces que l'on peut coller ensemble, car il faut mettre le tout dans une presse et comprimer les morceaux avant que la colle commence à sécher. Il faut que tous les morceaux soient en place avant. Ils confectionnent cet assemblage, le laissent de côté un jour puis ouvrent le tout.

Cette pièce ne peut être construite que selon une certaine longueur. Ils l'ont faite avec quatre morceaux qui déterminent la taille de la pièce. Nous aurions pu en faire une plus longue, mais ils ont choisi de la faire de cette longueur. Il a fallu quatre de ces morceaux pour faire une travée.

Le sénateur Plett : Puisqu'on parle de force, est-ce que la colle risque de lâcher?

M. Third : Non.

Le sénateur Plett : La colle tiendra toujours?

M. Third : Cette pièce a été créée il y a des années. Ils savent très bien ce qu'ils font.

Le sénateur Plett : Est-ce que la colle pose des risques d'incendie?

M. Third : Si la colle est inflammable, elle est sans doute plus inflammable que le bois. Le bois est inflammable. Cependant, il y a des ingénieurs qui s'occupent de cela, qui règlent ces problèmes. Le volume de l'édifice est si important que le plus gros problème, ce serait la fumée, et non le feu. Non pas que l'édifice s'effondrerait, mais plutôt qu'il y aurait beaucoup de fumée. Les gens ne pourraient pas sortir. On dépense beaucoup d'argent pour évacuer la fumée d'un édifice, parce qu'il y a beaucoup de bois dans sa construction. Autrement, il y a peu de chance que ce morceau prenne feu, puisqu'il est si éloigné du reste. Il fait partie de la structure du toit.

Le sénateur Plett : Je suis déçu que l'on ait eu à s'approvisionner à l'extérieur du Canada pour acheter autant de bois, comme vous l'avez dit. Je ne sais pas si c'est une question d'offre. Est-ce que c'est une question de coût?

M. Third : En effet, c'est une question de coût, ce qui est malheureux. C'est aussi pour cela que notre verre et le reste sont probablement fabriqués en Chine. Nous avons des gens chez nous qui peuvent le faire. Les gens peuvent fabriquer de l'acier. Aujourd'hui, nous devons diminuer nos coûts. Chez nous, un ouvrier aciériste coûte environ 35 $ de l'heure, et je peux acheter de l'acier de la Chine pour 8 $ de l'heure.

Le sénateur Plett : Vous avez raison. Je dois reconnaître que je viens de meubler un appartement ici à Ottawa avec, principalement, des meubles de Chine. J'ai moi-même un peu honte.

Le sénateur Eaton : Monsieur Third, vous avez présenté un excellent argument. Les secteurs de l'acier et du béton ont dépensé beaucoup d'argent en recherche et en formation pour les architectes et les concepteurs. Le secteur du bois aurait beaucoup à apprendre de vous. Plusieurs de nos témoins ont souligné ce que M. Verreault essayait de dire plusieurs fois, c'est-à-dire que le bois, le béton et l'acier ont tous un rôle à jouer dans la construction d'un édifice.

[Français]

Un peu plus tôt cette semaine, notre comité a reçu M. Bourassa, un architecte du Québec. Il nous a dit à plusieurs reprises qu'il ne fallait pas d'autres grands projets, mais que pour encourager l'utilisation du bois, il fallait cibler la construction résidentielle.

Pour votre marché de bois à valeur ajoutée, avez-vous pensé à aborder le marché résidentiel? Y a-t-il des utilisations de vos produits dans un marché résidentiel?

M. Verreault : La difficulté de perspective pour les produits à valeur ajoutée c'est que déjà 90 p. 100 des constructions résidentielles, à quelques nuances près, sont faites en bois. M. Third l'a bien dit.

Le sénateur Eaton : C'est du deux par quatre, du deux par six. Ce ne sont pas des produits comme vous faites. Cela n'a pas d'utilisation dans le marché résidentiel?

M. Verreault : Pour le lamellé-collé vous avez raison. C'est exceptionnel de voir des résidences ayant une charpente avec de grosses poutres de bois lamellé-collé apparentes. Or, tous les systèmes de plancher sont faits avec du bois d'ingénierie. Il y a des poutres de lamellé-collé dans ma maison que je viens de construire. Je ne voulais pas faire figure d'exception, mais il y a des poutres de bois lamellé-collé qui supportent les poutrelles de plancher, mais elles ne sont pas apparentes.

Aujourd'hui, on vend plus de bois lamellé-collé pour des applications résidentielles, surtout au Canada où l'on ne voit pas la pièce de bois, que l'on en vend pour des grands bâtiments où la charpente est apparente. Déjà, il y a une utilisation très significative. Des produits de LVL fabriqués un peu partout au Canada s'utilisent beaucoup à cette fin dans des bâtiments résidentiels. Il y a déjà beaucoup de parts de marché qui sont occupées par ces projets à valeur ajoutée dans des bâtiments de maison.

Le sénateur Eaton : Si on recommandait au gouvernement d'encourager l'utilisation de bois, disons un mandat de trois ou 4 p. 100 dans les bâtiments non résidentiels, est-ce que cela aiderait à la fabrication de produit de bois à valeur ajoutée?

M. Verreault : Ce serait effectivement une façon de stimuler la demande. L'approche pour laquelle on est plus partisan rejoint le commentaire que vous veniez de faire relativement aux investissements en accompagnement et développement des connaissances des professionnels architectes et ingénieurs.

Le drame avec lequel on compose, c'est qu'au moment où ce défi d'éducation des professionnels s'impose pour les matériaux de bois, l'industrie du bois qui devrait exercer ce travail est en crise. Donc, en période de crise, on se mobilise pour sauver les meubles. Alors, ce travail d'éducation, qui est beaucoup plus loin dans la chaîne de mise en valeur ou dans nos préoccupations industrielles qu'un gain de productivité en usine, que le développement, que d'aller chercher un nouveau travail est malheureusement laissé pour compte et on est très peu de joueurs à investir à cet égard. On investit plusieurs centaines de milliers de dollars depuis plusieurs années sur une base annuelle dans un travail de sensibilisation. On est un peu seul avec notre bâton de pèlerin à porter ce message et à diffuser la connaissance. Mais il y a là, un axe d'intervention. Je ne peux pas vous dire pour l'ensemble du Canada, mais au Québec peu de facultés d'ingénierie diffusent du contenu à leurs étudiants sur le design en bois. C'est là où l'on peut aider en amont à faire en sorte que le juste équilibre auquel on doit arriver se crée pour de bonnes raisons, sur des bases solides. Il faut envisager des interventions à plusieurs égards.

[Traduction]

Le sénateur Plett : Outre ce qu'a dit le sénateur Eaton au sujet du pourcentage de bois dans un édifice, quel pourcentage de bois retrouverait-on dans un édifice de 10, 15, ou 20 étages, en moyenne? Avez-vous une idée de ce que représente la part du bois dans la plupart des édifices?

M. Third : Pour un bâtiment de cette taille, ce serait très peu. Il s'agirait de bois architectural. C'est le genre de bois que l'on retrouverait dans un bâtiment de cette hauteur, parce qu'on ne peut pas construire des édifices aussi hauts avec du bois.

Le sénateur Plett : Même en utilisant du bois pour l'architecture et l'ébénisterie, je pense que si le gouvernement recommandait que l'on utilise 4 p. 100 de bois, on inclurait ces choses-là dans les 4 p. 100.

M. Third : J'imagine que oui. Je pense que nous parlons ici de la structure. Je parle de la structure ou du cadre qui serait en bois. Il s'agirait d'un édifice en acier ou en béton, avec un dais caractéristique à l'avant ou dans l'entrée du bâtiment, pour mettre l'accent sur le bois, mais il s'agirait d'un élément d'architecture, plutôt que d'un élément de structure, je crois.

[Français]

M. Verreault : Cela fait plusieurs fois que l'on parle de quantité à intégrer et ce qui pourrait être préférable. En tant que fabricant de produits forestiers, on n'est pas favorable à une mesure législative ou incitative, disant qu'il doit y avoir une quantité minimale dans toute nouvelle construction publique ou privée, que ce soit au Québec ou au Canada, peu importe la législation; strictement pour introduire du bois parce qu'une industrie est en crise.

On doit faire abstraction de la réalité ponctuelle de la crise et si on veut introduire du bois, il y a un modèle qui est celui de la France qui est assez éloquent. L'enjeu français qui transcende une crise industrielle ponctuelle, c'est de dire que l'on veut réduire la trace environnementale de la construction dans notre pays et pour ce faire — c'est extrêmement bien documenté en France — ils estiment qu'en intégrant plus de bois, non pas en mettant de côté les autres matériaux, ils seront en mesure de réaliser 17 p. 100 de leurs efforts pour atteindre les objectifs qu'ils ont ciblés dans Kyoto pour la France. C'est ce qui les motive. On s'élève au-dessus du contexte de crise ponctuelle, on a un enjeu nettement plus significatif collectivement et c'est pour atteindre cet objectif que l'on va de l'avant avec une utilisation accrue du bois. Nous croyons que l'on doit s'appuyer sur des éléments comme ceux-là plutôt que sur une crise. Le jour où l'industrie de l'acier ou du béton sera en crise, on devra dire on va donner une chance à l'industrie de l'acier ou du béton. Si on veut avoir un effet structurant, on doit s'appuyer sur des éléments plus fondamentaux.

[Traduction]

Le sénateur Segal : Je vais poser de brèves questions à chacun de nos témoins puis une question à laquelle je leur demanderais à tous les deux de répondre par écrit.

[Français]

Monsieur Verreault, pouvez-vous nous indiquer le rôle des subventions provenant du fédéral ou du provincial, pas tellement pour votre entreprise privée, mais au plan général, dans l'industrie du bois. Sont-elles ciblées? Font-elles quelque chose de positif ou ont-elles un côté pas tout à fait sérieux?

[Traduction]

Monsieur Third, d'après ce que je comprends des dessins que vous nous avez montrés et de la manière dont vous décrivez votre entreprise, ce sont d'autres qui décident des devis. L'architecte ou l'entrepreneur général vous dit : « Nous avons besoin de solutions d'experts en matière d'acier de construction pour répondre à certaines spécifications », et alors vous soumissionnez en même temps que d'autres entreprises et vous êtes choisi pour diverses raisons.

Dans ce processus, ou d'après votre expérience récente, est-ce que les architectes ou les entrepreneurs généraux vous disent qu'ils aimeraient que vous leur donniez une idée de la viabilité ou de l'empreinte carbone ou d'autres choses de ce genre pour des solutions que vous pourriez leur recommander pour certains éléments du dessin?

La question à laquelle je demanderais à nos deux témoins de réfléchir est celle de la complémentarité des deux matériaux. En l'occurrence, nous parlons d'acier et de bois. L'industrie de l'acier présente ses arguments, comme il se doit.

[Français]

L'industrie du bois défend sa propre cause, comme il se doit.

[Traduction]

À votre avis, est-ce qu'on s'intéresse suffisamment aux questions de la complémentarité? Vous dites que certaines de ces questions d'interaction du dessin sont complexes et doivent être mûrement réfléchies, et que vous devez vous assurer que le résultat net sera utile pour le client sans représenter un coût excessif injustifiable.

[Français]

Et vous avez dit vous-même que la complémentarité reste une option assez importante pour l'industrie du bois.

Ma question est : à votre avis, est-ce qu'on a assez de recherches sur cette question de complémentarité entre les différents matériaux?

[Traduction]

Est-ce que l'on s'intéresse suffisamment à cette question? Il me semble que le monde étant ce qu'il est, l'acier c'est pour l'acier, le bois pour le bois, le béton pour le béton et que les gens ne voient probablement pas l'intérêt d'examiner la complémentarité. Étant donné les questions techniques que nous examinerons peut-être dans ce comité, il me semble qu'il nous serait très utile de mieux comprendre cette question. Je m'en remets à vous.

[Français]

M. Verreault : Au point de vue de l'aide gouvernementale, les programmes auxquels nous avons eu recours sont surtout des programmes qui étaient déployés sur le terrain. Nous sommes établis à Chibougamau — notre siège social et notre équipe de direction. Les programmes qui sont déployés et auxquels on a accès physiquement assez simplement sont ceux auxquels nous avons recours.

Récemment, j'ai fait allusion au programme d'assurance-emploi qui permet d'assurer une stabilité à notre effectif; c'est malheureux qu'il y ait ce programme, mais c'est le programme fédéral auquel nous avons pu avoir recours ces dernières années.

Sur le plan de l'aide gouvernementale provinciale, j'ai fait allusion au développement du marché européen pour les produits résidentiels. Tout le développement des certifications requises pour pénétrer ce nouveau marché européen s'est fait avec la contribution financière du ministère du développement économique, de l'innovation et de l'exportation. Une bonne partie des dépenses a été assumée par un programme du ministère québécois.

Lorsqu'on parle d'un défi au plan des compétences pour concevoir et dessiner en bois, comme il n'y pas d'institution universitaire qui dispense les programmes du bois, du moins pas au Québec, nous avons réalisé tout ce développement de connaissances et de compétences à l'interne, à nos frais. Fort heureusement, ce besoin survient alors qu'il y a des mesures d'accompagnement à l'emploi. Je sais que, avec l'entente Canada-Québec, le gouvernement du Canada contribue beaucoup au budget déployé dans la province, et pour nous cela a été un élément clé pour, d'une part, développer les compétences — pour toutes les technologies, les robots en usine, et cetera — et, d'autre part, pour toute l'équipe de design, l'équipe technique — faire venir des spécialistes européens pour former ces gens dans les milieux de travail.

Ce sont les mesures auxquelles on a recours. Je vous dirais qu'elles sont adéquates et elles répondent aux besoins. Si on aborde la question sous un angle plus large, je reviens au tout début de la chaîne de mise en valeur, cela rejoint la préoccupation du fait qu'il y ait du bois des États-Unis qui se retrouve dans ce bâtiment canadien emblématique qu'est l'Oval olympique; il s'agit de notre compétitivité au plan de la matière première. On a souvent oublié de stimuler la sylviculture, la productivité de nos forêts. C'était il y a dix ou vingt ans qu'il aurait fallu agir, mais il n'est pas trop tard pour essayer de rattraper le temps perdu. Si on y arrive, on aura une matière première qui sera plus productive, plus dense, plus concentrée et c'est là qu'on va arriver à vraiment générer un maximum de retombées positives chez nous sur la transformation du bois.

[Traduction]

M. Third : En ce qui concerne la viabilité et l'empreinte carbone, oui en effet, chaque projet maintenant est un projet pilote et tout le monde veut savoir ce qui est bon, ce qui est mauvais, et cetera. Bien que cela dure depuis 10 ans, aucun d'entre nous n'a encore les chiffres et chacun a des chiffres biaisés en sa faveur. J'aime croire que nous avons 1 000 points d'avance sur tous les autres parce que notre matériau est recyclé, mais l'industrie du bois a 1 000 points d'avance parce que c'est un matériel naturel. C'est différent. Il y a des avantages et des inconvénients. Vous pourriez dire que notre produit va durer plus longtemps et qu'il ne sera donc pas nécessaire de construire deux immeubles en 100 ans, tandis qu'avec le bois, c'est peut-être ce que vous seriez forcé de faire. Il y a différentes façons d'interpréter ces chiffres et ça devient un argument statistique mais je n'ai pas tous les chiffres pour appuyer cet argument.

En ce qui concerne l'aide gouvernementale, pour ce que nous avons fait ou ce que je connais de la recherche, je dirais que c'est le marché concurrentiel qui fait cette recherche. Les concepteurs et les ingénieurs novateurs comme Busby Perkins et Will Architects et Fast et Epp Engineers, consacrent le temps qu'il faut à la recherche et ils ont travaillé avec leurs employés pour réaliser ces dessins.

Ensuite, ils communiquent avec moi et avec les gens de l'industrie du bois et nous disent : « nous songeons à construire un anneau de patinage de vitesse de cette façon. Pensez-vous que cela va fonctionner? » Puis nous fondons ensemble ces idées. Ça, c'est la recherche.

Le sénateur Segal : Cela se fait dans le cadre d'un projet précis.

M. Third : Oui. La recherche s'est faite dans un environnement concurrentiel. Nous demandons au client ce qu'il pense d'un tel immeuble et il le choisit parce qu'il le trouve spectaculaire. Le seul moyen pour nous de recevoir une aide gouvernementale est de demander des crédits pour la recherche et le développement en disant : « nous avons investi 20 000 $ dans cet immeuble avant même de savoir que nous l'aurions, alors est-ce que vous pouvez nous rembourser? »

[Français]

M. Verreault : Sur la R & D, nous avons un outil au Canada qui est fantastique, c'est FPInnovation et son bras de recherche Forintek pour les produits forestiers. Depuis trois ou quatre ans, nous travaillons en collaboration avec Forintek en R & D sur des fermes hybrides, bois et acier. Avant même d'avoir des projets, on abordait différentes pistes à cet égard avec cet outil sur lequel on peut compter.

En matière de R-D, je pense qu'il faut même aller au-delà de cela; il y a les matériaux composites, il faut essayer de prendre les devants. Il y a l'aluminium que l'on oublie, mais qui veut aussi prendre une place et qui potentiellement aurait une place à occuper dans la construction non résidentielle. On a fait sur le campus de l'Université du Québec à Chicoutimi un aréna hybride, bois et aluminium. C'est très léger, cela limite le coût des fondations. Il y a une performance. Il faut vraiment ouvrir les horizons de la façon la plus large possible. On fait également de la R-D pour des alliages bois et aluminium. À cet égard, un bon travail est déjà engagé et on a déjà de bons outils sur lesquels s'appuyer.

Le sénateur Meighen : Monsieur Verreault, vous avez répondu, je pense, en partie à ma question qui portait sur le développement des marchés à l'extérieur du pays, et vous avez fait allusion, si je ne me trompe pas, à l'aide du gouvernement québécois dans ce domaine. Il me semble que depuis longtemps, même le gouvernement fédéral a essayé de convaincre les Japonais et les Britanniques de construire leurs maisons en bois. À quel point avons-nous réussi et quel est le potentiel de cette idée et de ces marchés?

M. Verreault : Vous parlez du Japon, je ne peux pas m'empêcher de mentionner lorsque l'on parle de durabilité du matériau, il y a quand même au Japon des bâtiments en bois qui datent du 11e et 12e siècle. Pour ce qui est de la durabilité, je pense que c'est bon.

Le sénateur Meighen : J'ai peut-être mal choisi mon pays.

M. Verreault : Il a été question de durabilité depuis quelques instants. Cela me brûlait les lèvres et je profite de l'occasion pour le préciser.

En ce qui concerne le développement de marché, il faut toujours rester pragmatique. Une grosse pièce de charpente comme celle que l'on trouve dans un stade de soccer intérieur, où une fois assemblée, on produit des portées libres d'au- delà de 200 pieds, des pièces qui font au-delà de 230 pieds de longueur, c'est difficile d'expédier cela pour une infrastructure au Japon quand on est à Chibougamau et penser être concurrentiel en bout de piste avec d'autres fabricants forestiers qui seraient plus régionaux. Pour le Japon, les produits forestiers viennent souvent de la Nouvelle- Zélande. La Chine transforme beaucoup de bois à partir des forêts de la Nouvelle-Zélande qui sont très productives et qui sont matures autour de 40 ans.

Il y a certains éléments de fatalité contre lesquels on ne peut pas se battre pour la compétitivité et pour pouvoir répondre efficacement au client. Il faut toujours garder cela à l'esprit. Maintenant, sur la construction résidentielle, c'est là où l'on a des gains à aller chercher. C'est là où l'on a des parts de marché. Le marché est réceptif, particulièrement en Europe, pour utiliser davantage de bois dans la construction résidentielle. Si chez nous on utilise 15 p. 100 de bois dans la construction non résidentielle et 85 p. 100 dans la construction résidentielle, ce sont des proportions qui se sont souvent inversées dans plusieurs juridictions européennes. Et il y a un engouement à en utiliser davantage dans ces pays européens. Il y a là une ouverture pour nous. On sait que des produits qui ne sont pas faits sur mesure pour la construction résidentielle, on peut en stocker dans une cour et avoir un déploiement rapide. Il y a là une faisabilité logistique qui est cohérente et rigoureuse. On a là des éléments sur lesquels s'appuyer. C'est du moins ceux sur lesquels on s'inspire chez nous. Mais encore là, dans le non résidentiel, l'Allemagne est un chef de file assez exceptionnel, l'Autriche en est un autre, on apprend d'eux.

On ne déposera pas un projet à Développement économique Canada ou Exportation et développement Canada pour dire : accompagnez-nous, on va investir cinq millions cette année pour développer notre marché en Autriche. On apprend d'eux, ils sont plus compétitifs que nous le sommes aujourd'hui. Avec tous les impératifs de livraison, avec ce que l'on a fait sur mesure, il y a toujours des délais dans les constructions des bâtiments, ce n'est pas du moins ce que l'on connaît de la réalité logistique, ce n'est pas faisable.

Il faut être conscient de ces limites. Il y a néanmoins beaucoup de potentiel sur les produits à valeur ajoutée pour des applications résidentielles en Amérique latine. Dans l'ensemble des États-Unis, il y a beaucoup de secteurs inexploités qui sont ouverts à ces opportunités et en Europe, il y a là des marchés naturels à développer.

Le sénateur Meighen : En somme, et ce n'est pas une critique, il n'y a aucune mesure gouvernementale dans le domaine de l'exportation du bois canadien vers l'Europe, par exemple, que vous souhaitez voir mis en place dès cet après-midi?

M. Verreault : On pourrait être réceptif pour de nouvelles mesures de cette nature puisque nous avons eu recours à des programmes de développement du gouvernement du Québec. S'il y en a qui répondent aux besoins que l'on peut avoir, on ne les connaît pas. Est-ce notre faute? Je pense qu'on n'est pas là pour identifier la faute. En fin de compte, on ne les connaît pas. Ce matin, Chantiers Chibougamau ne connaît pas ces programmes du gouvernement du Canada pour de l'exportation accrue sur les marchés européens, pour les certifications, pour tous les coûts associés ce qu'on appelle un nouveau marché. S'il en existe et qu'on nous fait signe demain matin et qu'il ne coûte pas plus cher d'administrer le programme de subventions que ce qu'on reçoit en aide directe, on va y avoir recours avec grand plaisir. C'est ce qu'il faut garder à l'esprit. Si l'aide coûte plus cher à administrer que ce qu'elle apporte comme gains financiers, on n'y aura pas recours.

[Traduction]

Le sénateur Meighen : Monsieur Third, je pense que je suis de votre avis. Le sénateur Plett a dit la même chose : parfois, les gouvernements nuisent au lieu d'aider lorsqu'ils réglementent.

Est-ce que vous aimeriez que le gouvernement joue un plus grand rôle dans ce domaine précis? Je veux parler des foires commerciales, et cetera.

M. Third : Je n'ai pas d'idée. Je pense que c'est une bonne chose de promouvoir l'achat de produits canadiens, mais je ne voudrais pas que ce soit réglementé. Les dispositions « acheter américain » qui m'empêchent d'aller chez nos voisins du Sud me posent des problèmes. Il y a au Canada une capacité extrêmement grande de fabrication de l'acier qui dépend depuis 50 ans des marchés américains. L'accès à ce marché est maintenant plus difficile. Nous essayons de trouver des moyens d'y pénétrer.

Par contre, je pense que nous devrions « acheter canadien ». Ce serait formidable si on nous encourageait à rester Canadiens. C'est du boniment.

Je me rappelle d'une conversation avec un oncle américain qui vit en Californie et il n'arrivait pas à croire que je conduisais à l'époque une voiture qui n'avait pas été construite en Amérique du Nord. « C'est construit en Amérique du Nord et c'est pourquoi je l'ai achetée. » C'est leur attitude là-bas, attitude qui nous fait défaut ici.

L'une des choses les plus choquantes que j'ai dites c'est qu'une partie du bois venait des États-Unis. Tout le monde l'a remarqué et personne n'a apprécié. Ce n'est pas qu'ils n'aiment pas les États-Unis, mais qu'ils croient qu'il devrait provenir du Canada.

J'aimerais que nous ayons cette chance. Les choses ont changé à cause de la force du dollar canadien et nous ressentons maintenant les pressions de la concurrence des États-Unis, de la Chine et des autres pays. La situation commence à nous inquiéter.

Le sénateur Meighen : Il semble que votre oncle et d'autres Américains achètent maintenant davantage de voitures étrangères.

[Français]

M. Verreault : Sur la question d'une approche d'achat canadien, régional, encore là, on a de la misère à défendre de telles mesures lorsque c'est strictement pour créer un déséquilibre dans les chances. Lorsqu'on est habité par une préoccupation d'empreinte environnementale, le système LEED est très clair à cet égard, il y a une valorisation d'utilisation de ressources régionales. Une ressource régionale transportée dans un rayon de 800 kilomètres donne des points dans le système LEED. Une ressource régionale transportée par train ou par bateau dans un rayon de 2 400 kilomètres est reconnue dans le système LEED. Dans la mesure où il y a une différence importante sur l'empreinte carbone d'un projet qui utilise la ressource régionale, c'est là où l'on s'élève au-dessus d'un déséquilibre dans les conditions et dans les chances qu'on a aux différents matériaux et à leur provenance, ce n'est pas seulement par protectionnisme, c'est parce qu'on est habité par cet objectif qui est extrêmement défendable de limiter l'empreinte carbone de notre projet. C'est peut-être là-dessus qu'on peut s'appuyer.

[Traduction]

Le sénateur Hubley : Merci. C'est un plaisir d'être dans votre comité ce matin. Toutes les questions ont été admirablement couvertes.

Dans certaines régions du Canada, y compris dans les collectivités autochtones, il y a besoin de logements sociaux. Pensez-vous que votre industrie pourrait nous aider à répondre à cette demande grâce à vos travaux de recherche et développement et vos nouvelles initiatives?

M. Verreault : C'est extrêmement intéressant, car nous avons mis au point un concept de logements abordables pour certains pays d'Amérique du Sud.

[Français]

Je vais poursuivre en français en raison du jargon technique. Ce sera plus simple. C'est un réflexe québécois. On a développé un concept d'habitation à un coût très modique pour des pays d'Amérique du Sud.

On développe ce marché. C'est assez ironique que l'on ait fait cela pour des pays d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale alors que dans notre cour, il y a des besoins qui sont très significatifs dans les communautés autochtones à travers le pays.

Maintenant, si on n'est pas allé plus loin pour des applications domestiques dans ces contextes, honnêtement, c'est qu'on n'avait pas le sentiment qu'il y avait des perspectives tangibles à court terme ou des volumes appréciables. Lorsqu'on parle d'application résidentielle, c'était par ailleurs avec une charpente en bois lamellé-collé apparente, tout est une question de volume et dans une petite habitation de 800 pieds carrés, à coût modique, il y a très peu de bois. Pour nous, il y a moins d'intérêt à développer cela. Si c'est pour dix ans, on commence par 10, 20 unités et on en fait 35 l'année suivante. Il y a tellement peu de volume qu'avec tous les efforts requis, dans le présent contexte, on a fait le choix de développer d'autres segments de marché. S'il y avait des initiatives pour accompagner un tel développement, encore là, qui serait complémentaire à ce qu'on a comme ressource. On est limité pour développer des marchés et des opportunités. Clairement, il y aurait lieu d'aborder cette question et on a un produit qui peut être très concurrentiel pour ces applications.

[Traduction]

M. Third : Il existe des maisons préfabriquées, prêtes à assembler, une maison IKEA, en quelque sorte, en bois et en acier. Je suis sûr que des gens fabriquent ce produit qui arrive sur le camion et qui doit être assemblé. Je suis sûr que des gens font cela en utilisant ces deux matériaux. C'est quelque chose qu'on pourrait explorer. Nous pourrions développer cette industrie en l'utilisant ici au Canada là où le besoin se fait sentir. La demande déterminera si les entreprises vont offrir ce produit. S'il y a un besoin, le marché concurrentiel le comblera.

Le sénateur Robichaud : Monsieur Third, est-ce que des fournisseurs canadiens ont soumissionné pour fournir le bois nécessaire à l'Anneau olympique de Richmond?

M. Third : Tout ce travail a été fait par des sociétés canadiennes. Ce que j'ai dit c'est qu'il me semble qu'une partie du bois, du produit brut, provenait des États-Unis.

Le sénateur Robichaud : Le produit brut?

M. Third : Il y a deux possibilités. Nous expédions des billes aux États-Unis où elles sont transformées en colombage avant de nous être réexpédiées et vice-versa. La part du lion de mon acier provient des États-Unis, mais il ne reste plus beaucoup d'aciéries au Canada. Les Américains les ont achetées. Ils ferment ces usines et fabriquent l'acier aux États- Unis. Je ne voudrais pas qu'on y attache trop d'importance. Une partie de ce bois provenait des États-Unis.

Le sénateur Robichaud : Une partie de la lamellation a été faite au Canada.

M. Third : Oui, absolument.

Le sénateur Robichaud : Vous avez dit qu'une entreprise chinoise s'intéressait à l'un de vos immeubles qu'elle voudrait construire à plus petite échelle. Avez-vous examiné le potentiel d'exportation de ce genre de structure de bois et d'acier en Chine?

M. Third : Non, je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas fait explorer ce marché pour voir s'il serait viable. Je le répète, il s'agit d'une structure fabriquée sur demande ou une pièce spécialisée. Il faut faire beaucoup de recherches pour trouver le client qui voudra justement cet immeuble. Non, je ne l'ai pas fait.

Le sénateur Robichaud : Vous avez acquis une expertise spéciale dans la manière de combiner ces deux matières.

M. Third : Oui. Depuis que nous avons l'initiative Le bois en premier en Colombie-Britannique, nous cherchons à nous présenter comme les experts du bois et de l'acier. Jusqu'à présent, nous l'avons fait à l'échelle locale. Les gens nous connaissent en Colombie-Britannique. Ils nous connaissent depuis 100 ans. Rencontrer ce monsieur ici aujourd'hui est un moyen pour moi de trouver de nouveaux débouchés. Je compare peut-être pour vous mon produit au sien, mais lorsque nous aurons fini, je serais heureux de le rencontrer pour voir de quelle manière nous pourrions unir le bois et l'acier, car il m'enverra peut-être un projet d'aussi loin que le Québec.

Le sénateur Robichaud : Vous faites encore des efforts dans ce sens.

M. Third : Oui.

Le président : Avant de terminer, j'aimerais faire quelques observations et poser une question. Aurais-je raison, monsieur Third et monsieur Verreault, de dire qu'il nous reste encore à faire beaucoup d'efforts d'éducation et de recherches dans le domaine des produits hybrides d'acier, de métal, de bois et d'aluminium? Du haut de vos 100 ans d'expérience, pouvez-vous nous dire comment nous pourrions être de meilleurs partenaires dans le secteur de la construction non résidentielle?

M. Third : Il faudrait convaincre les personnes qui ont fait la recherche, les architectes et les ingénieurs, à accroître leurs connaissances. Je pense que pour eux ce serait une question de concurrence puisqu'ils ont ces connaissances et qu'ils veulent obtenir des contrats avant une autre entreprise qui n'a ni l'expérience ni les connaissances. Il faudrait les convaincre de travailler avec les universités pour réaliser des projets qui leur permettraient d'accroître ces connaissances.

[Français]

M. Verreault : À cet égard, notre perspective est que les connaissances, les aptitudes à construire en acier et en béton, les matériaux les mieux établis sur le marché, elles sont à maturité. Celles sur le bois en sont à leur premier balbutiement. Ce qui est fantastique, c'est qu'on a une mobilisation pour ramener les connaissances sur le bois à un équilibre. Il y a énormément à faire et clairement, s'il y a une priorité, parallèlement à celle d'intervenir en forêt pour la matière première, elle est là aussi en amont, c'est d'intervenir sur les connaissances parce qu'une fois que l'on connaît le comportement du bois, que l'on connaît le comportement de l'acier, de concevoir quelque chose d'hybride, cela devient un détail. Cela devient très simple, mais c'est vraiment le déficit de connaissance sur le bois qui pose problème habituellement.

[Traduction]

Le président : Monsieur Third, nous félicitons votre entreprise pour son 100e anniversaire.

Nous parlons d'une construction vedette. L'Anneau olympique de Richmond à la construction duquel vous avez participé fait la fierté du Canada. Il y a aussi l'ambassade du Canada en Chine qui est en voie de construction. Cet édifice deviendra à son tour un emblème et une source de fierté pour le Canada. Il met en vedette les produits hybrides et le bois reflétera la culture du Canada. Je vous invite tous les deux à visiter l'ambassade du Canada en Chine.

Nous vous remercions d'avoir partagé vos connaissances avec nous.

(La séance est levée.)


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