Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 11 - Témoignages du 2 décembre 2010
OTTAWA, le jeudi 2 décembre 2010
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 9 heures, pour étudier l'état actuel et les perspectives d'avenir du secteur forestier au Canada.
Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Honorables sénateurs, je vois que nous avons le quorum et je déclare la séance ouverte. Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je suis le sénateur Percy Mockler, du Nouveau-Brunswick, et je préside le comité. J'aimerais maintenant demander aux sénateurs de se présenter d'abord, pour les témoins.
Le sénateur Mercer : Sénateur Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Bonjour, je suis Fernand Robichaud, du Nouveau-Brunswick.
[Traduction]
Le sénateur Mahovlich : Frank Mahovlich, de l'Ontario.
Le sénateur Fairbairn : Joyce Fairbairn, du Sud de l'Alberta.
Le sénateur Meighen : Michael Meighen, du Sud de l'Ontario.
Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, de la Nouvelle-Écosse.
Le sénateur Eaton : Nicole Eaton, de l'Ontario.
[Français]
Le sénateur Rivard : Bonjour, je suis Michel Rivard, de la province de Québec.
Le président : Merci beaucoup, honorables sénateurs.
[Traduction]
Nous accueillons aujourd'hui Mme Barb Thomas, présidente du conseil exécutif du Conseil du peuplier du Canada. Madame Thomas, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation à partager avec nous vos connaissances particulières, vos opinions et votre vision concernant le mandat du comité.
Mme Thomas est notre avant-dernier témoin. Le dernier exposé aura lieu mardi prochain, puis nous procéderons à la rédaction du rapport.
Honorables sénateurs, le témoin a présenté un document, mais il n'est que dans une seule langue officielle. Acceptez- vous qu'on distribue l'exposé aujourd'hui, puis qu'on le fasse circuler plus tard dans l'autre langue, lorsqu'il aura été traduit?
Des voix : D'accord.
Le président : Merci, honorables sénateurs.
Madame Thomas, nous vous remercions à nouveau d'avoir accepté notre invitation. Je vous invite à faire votre exposé, qui sera suivi par les questions des honorables sénateurs. Vous avez la parole.
Barb Thomas, présidente du conseil exécutif, Conseil du peuplier du Canada : Je vous remercie pour votre invitation à comparaître.
Je donnerai aujourd'hui un bref aperçu de quelques opinions du Conseil du peuplier du Canada. Ma première diapositive représente une plantation du Nord de l'Alberta, située devant une grosse usine de pâte en activité. Nous considérons cela comme une occasion formidable pour le Canada.
En quoi consiste le Conseil du peuplier du Canada? Nous sommes un groupe qui a pour mission de faire la promotion de l'usage raisonnable et de la conservation des peupliers et des saules. Nous estimons que notre rôle est de faciliter les échanges d'informations et de faire la promotion de bonnes politiques de gestion et de conservation des peupliers. Nous regroupons des membres de différents milieux, à l'échelle nationale. Nous avons des membres qui sont agriculteurs, ou universitaires et tout ce qu'il y a entre les deux.
L'organisation a deux groupes de travail actifs : le groupe de travail sur les pesticides et le groupe de travail sur la génétique. Notre conseil d'administration est composé de 12 membres qui ont tous contribué à leur façon à la présentation de cet exposé.
Qu'est-ce qui fait que le peuplier est un arbre dont il est intéressant de discuter et d'envisager la culture? Sa croissance est très rapide. Il offre beaucoup de potentiel comme puits de carbone et, quand on réunit le meilleur site et le meilleur clone avec le meilleur mode de culture, la sylviculture, c'est alors qu'on obtient cette croissance rapide.
Les peupliers sont rustiques et on peut en sélectionner pour toutes les régions du Canada. On peut les cultiver et en tirer du nouveau matériau avec beaucoup de facilité. Il suffit d'une branche et d'un seau d'eau. On peut prendre cette branche et la faire fleurir, puis recueillir le pollen et polliniser les parties femelles, pour faire ensuite des croisements à partir desquels on produit la semence. Sur ces plantes de semis, on peut prélever des boutures, comme on le fait pour bien des cultures horticoles. On peut faire prendre racine à ces boutures; la propagation du peuplier est par conséquent très facile.
Les peupliers sont très polyvalents. On les utilise pour la fabrication de pâte, la production d'énergie, la remise en état de certains terrains et pour de nombreuses technologies nouvelles et émergentes. L'aire de distribution du peuplier est très vaste et s'étend à travers le pays, du Yukon à Terre-Neuve.
J'aimerais axer principalement mes commentaires sur deux groupes aujourd'hui. Le premier, ce sont nos espèces indigènes. On trouve une large variété de peupliers baumiers et de peupliers faux-trembles à travers le pays. Il y a d'autres espèces également, mais leur aire de répartition est plus restreinte. La période de rotation typique des espèces indigènes est de 60 à 120 ans — à savoir pour leur récolte — et on les a généralement utilisées pour la fabrication de pâte, de panneaux de lamelles orientées et de placages.
Par ailleurs, il y a les hybrides. Qu'est-ce qui en fait des hybrides? Ils ont été formés en croisant deux différentes espèces de peupliers pour créer une descendance. On a de nombreuses options, car on peut sélectionner de nombreuses espèces différentes.
La période de rotation peut être ramenée à 25 ans ou même 12 ans, grâce à la vigueur des hybrides comme cela s'est déjà fait dans les cultures agricoles, notamment le maïs et d'autres cultures de ce type. Les peupliers ont traditionnellement été utilisés et introduits au Canada pour former des coupe-vent et des bandes de protection autour des exploitations agricoles, à travers les Prairies; ils ont été sélectionnés en raison de cette croissance rapide, car les exploitants agricoles avaient besoin de protection dans de brefs délais autour de leurs terres.
Deux programmes dans le cadre desquels on fait de la sélection intermittente sont actuellement en place. L'un est situé à Indian Head et il s'agit d'un programme conjoint entre Agriculture et Agroalimentaire Canada et l'industrie; l'autre se trouve au Québec, et c'est un programme provincial.
Pour vous donner une idée de l'aspect qu'ont ces hybrides, la partie gauche de la diapositive représente un hybride, entre deux espèces différentes de peupliers; vous voyez qu'il s'agit d'un arbre énorme quand on a l'idée de l'entourer de ses bras. La partie droite de la diapositive représente l'arbre parental. Il s'agit de l'espèce parentale pure, et je suis en mesure d'entourer complètement cet arbre de mes bras. Ce sont deux arbres du même âge. Chez les hybrides, l'augmentation du volume se fait au niveau du diamètre et pas en hauteur. La hauteur est à peu près la même, mais toute l'augmentation de volume est dans le diamètre.
Les utilisations émergentes et les flexibilités que nous entrevoyons, c'est pour la séquestration de carbone pour la compensation en fixation de carbone. C'est un des usages qui me vient spontanément à l'esprit. La bioénergie est une autre possibilité dont le potentiel est énorme. On associe souvent l'aspect énergétique de la forêt à l'utilisation des déchets forestiers, des branches ou de la sciure. Dans ce cas-ci, il s'agit d'une culture bioénergétique pratiquée dans ce but. On peut raccourcir la période de rotation de ces arbres, à trois ou quatre ans avec ce type de système. Le saule convient particulièrement pour cet usage.
La phytoremédiation est un autre domaine dans lequel des peupliers ont été utilisés, à l'échelle mondiale; ça aide à faire le nettoyage de sites dégradés et c'est utilisé pour l'assainissement des déchets municipaux et dans d'autres situations semblables.
La cellulose nanocristalline, ou CNC, est une autre technologie très récente. On a construit ou on projette de construire une usine pilote à Windsor. Je pense qu'il y a un lien avec la société Domtar. C'est un usage chimique très intéressant. Ça donne de la résistance, surtout à des produits comme la peinture. On peut en ajouter quelques gouttes à la peinture; ça la rend très résistante.
On entend beaucoup parler de production d'éthanol à base de choses comme le maïs, mais le peuplier serait une autre culture qui pourrait être utilisée pour la production d'éthanol. On a construit en fait une nouvelle usine à Boardman, dans l'État de Washington, pour la production de 1,2 million de gallons d'éthanol à partir de peupliers hybrides.
Un autre domaine que j'aimerais signaler est la foresterie adaptée au changement climatique. C'est là que la rotation est courte et qu'on peut aisément s'ajuster, en faire de la sélection pour des conditions dans lesquelles l'humidité est réduite ou la température est plus élevée. À mesure que la situation évolue, on peut faire une rotation de cultures avec de nouvelles sélections.
Je vais maintenant faire des commentaires concernant certains des défis qui se posent. Il n'existe pas de programme de sélection d'envergure nationale. Quelques groupes font de la sélection à des fins très précises. Pour établir le lien avec ce programme de sélection, il est essentiel d'avoir des technologies de présélection rapide pour choisir les meilleurs caractères, selon l'usage qu'on veut en faire. Aucun caractère ne convient nécessairement à toutes les situations, mais c'est ce qui donne la flexibilité.
Voici quelques exemples. On fait notamment de la présélection pour obtenir du bois à haute densité. C'est un caractère qui pourrait être utilisé à de nombreuses fins. Il pourrait augmenter le rendement énergétique, si on l'utilise pour l'énergie, et il pourrait également augmenter le rendement de production dans une usine de pâte, selon la technologie utilisée et le type d'usine.
La tolérance à des sites qui posent des défis est un autre exemple. On peut faire une présélection pour une meilleure réduction de la toxicité ou pour d'autres types de contamination de sites ou tout simplement pour les déchets municipaux.
Un autre domaine qui représente un grand défi en ce qui concerne les peupliers hybrides, c'est la présélection pour la résistance à la maladie. On peut sélectionner des clones résistants. Le gros avantage de cette technologie, c'est qu'on peut choisir des individus qui résisteront à la maladie. Il y a deux principaux monstres qui nous posent quelques défis : le premier, c'est le chancre septorien, dont une seule infection peut affaiblir la tige et la rendre cassante, et l'autre est la Melampsora, ou rouille des feuilles, qui peut défolier les arbres en ne laissant plus de surface photosynthétique et plus rien qui permette leur croissance.
Chose intéressante, Génome Canada a maintenant deux projets portant sur les questions liées à la présélection pour la qualité du bois et pour la résistance à la maladie.
Je vais montrer deux photos pour vous donner une idée de quoi ça a l'air. Voici une jeune plantation de peupliers hybrides en Alberta. C'est une photo qui montre à quoi ressemble le chancre septorien. On voit pourquoi ces arbres tomberaient en cas de vents forts. C'est triste à voir.
Voici quelques photos concernant la recherche. L'étudiant était en train d'examiner le carbone souterrain et de dégager les racines d'un peuplier hybride. C'est un système de chambre qui permet de surveiller et de mesurer le carbone du sol.
Où voit-on les possibilités? Comme je l'ai souligné, il s'agit d'une rotation courte. C'est un progrès énorme de passer d'une rotation de 60 à 80 ans à une de 18 ans. On peut sélectionner pour obtenir des caractéristiques précises, comme on l'a fait pendant de nombreuses années pour le canola. On comprend la nature des caractéristiques parentales et on peut alors sélectionner pour les produire dans la descendance.
On peut sélectionner les meilleurs individus. On peut les propager facilement. En outre, la culture de peupliers hybrides donne aux agriculteurs une certaine flexibilité dans les cultures. Ils peuvent en planter sur une partie de leurs terres et consacrer une autre partie aux cultures agricoles traditionnelles. Ça permet aux agriculteurs de faire un investissement à long terme. D'une façon générale, les agriculteurs, en Alberta en tout cas, prennent de l'âge. La moyenne d'âge a beaucoup augmenté au cours des dernières années et ils ont de la difficulté à continuer à exploiter leur ferme. Ça leur donne une possibilité de rechange.
Ça peut aussi aider l'industrie forestière à avoir des options — aménagement extensif des espèces indigènes avec quelques sites de production extensive où l'on peut faire pousser le même volume de fibre sur une superficie beaucoup plus petite. Le secteur forestier aurait peut-être besoin d'examiner ces options, car la superficie du territoire forestier diminue en raison du développement, de l'exploitation pétrolière et gazière ou de quelque usage concurrent de ces terres.
D'autres industries peuvent tirer de gros avantages des compensations en fixation de carbone et aussi des options énergétiques.
Je sais que la sylviculture était un des principaux points de mire. Nous estimons que la sélection des meilleurs clones et des meilleures espèces pour différents usages vaut l'investissement.
Quels sont certains de ces usages? La fibre demeure un usage très important. Le rétablissement des rives pourrait se faire en plantant des arbres en bordure des cours d'eau qui sont des frayères à saumon, par exemple. Ces cours d'eau sont une source de délassement pour le public. On plante beaucoup de peupliers hybrides dans les villes et dans les parcs, car leur croissance est rapide et ils donnent un ombrage intéressant. Ils permettent d'établir aussi tout simplement un couvert forestier permanent dans certaines régions où le changement climatique s'implante.
Quelle est la meilleure souche? Comment procéder pour la propagation de ce matériau? Faut-il utiliser une bouture non racinée, qui n'est qu'une tige, ou faut-il faire raciner une tige en serre? On peut avoir recours à différentes technologies et à différents outils sylvicoles pour produire la culture. C'est très important selon la région dans laquelle on se trouve et selon le degré d'humidité.
Pour le meilleur choix du site afin de maximiser le rendement et pour avoir accès aux meilleurs sites, on choisit entre des terres privées et des terres publiques, selon la disponibilité des terres nécessaires, pour planter ces peupliers hybrides.
Quel est le meilleur régime de fertilisation pour une préparation et un entretien optimaux du site? Comment le cultive-t-on de façon appropriée? Quel usage fait-on d'herbicides? Dans le contexte adéquat, les herbicides peuvent être extrêmement utiles pour faire disparaître la végétation concurrente lorsque la culture primaire est la fibre.
La flexibilité est maximale. Une culture peut avoir de nombreuses utilisations finales, ce qui donne aux agriculteurs ou aux forestiers une certaine flexibilité économique.
Voici quelques autres photos. À gauche, je me tiens devant un parterre de production appelé une marcottière. C'est ainsi que nous produisons le matériau pour les boutures lorsque nous avons choisi un clone et que nous avons décidé de l'utiliser dans un programme. Ça représente beaucoup de matériau sur une tige. On pourrait en tirer des boutures qu'on pourrait planter directement dans le sol s'il y a de l'humidité et de la chaleur en suffisance, et ça germera. On peut faire cette culture en serre et produire ce qu'on appelle une motte, comme on le fait pour les conifères, ou on peut conserver une longue tige et faire la propagation pour obtenir une bouture à racines nues.
Les politiques et la perception du public sont également cruciales. Les règlements provinciaux actuellement en vigueur concernant l'utilisation de ces peupliers hybrides sur les terres publiques varient d'une province à l'autre. En Colombie-Britannique, on peut en planter sur les terres publiques alors qu'en Alberta, ce n'est pas permis. Je pense que certaines provinces n'ont pas de règlements dans ce domaine. Pour pouvoir utiliser ce matériau, il est important d'avoir accès à des terrains. La location de terres privées est coûteuse. C'est un système flexible qui peut nous aider à relever certains défis liés au changement climatique; la reconnaissance et le soutien sont toutefois nécessaires.
Dans certaines provinces, des protocoles d'afforestation sont élaborés. Beaucoup de provinces n'en ont toutefois pas.
En matière de recherche, il faut tenir compte des conditions régionales. On ne peut pas faire de la recherche dans une région du pays et s'attendre à ce qu'elle soit applicable à toutes les autres régions, car les peupliers sont impitoyables à cet égard. On peut sélectionner des espèces pour chaque région, mais il faut les mettre à l'essai là où on veut les cultiver.
Les politiques en matière d'agriculture et de culture arbustive sont également différentes. En Colombie-Britannique, pour autant que la période de rotation soit de moins de 12 ans, c'est considéré comme de l'agriculture, si je ne m'abuse. En Alberta, il n'y a pas de règlements. Au Québec, si votre terre privée est zonée agricole, vous ne pouvez pas y planter des arbres. De nombreuses politiques provinciales différentes limitent l'accès aux terres nécessaires à cette culture.
Les perceptions du public en ce qui concerne la culture des peupliers hybrides, que ce soit en exploitation agricole ou dans la forêt, sont cruciales.
Voici certains des produits dérivés de la pâte. Voici des granulés à vocation énergétique. Ces photos ont été prises en Saskatchewan; les granulés sont faits de peuplier hybride. On a également quelques autres idées en Colombie- Britannique. Voici du mobilier fait de peuplier hybride. Toujours en Saskatchewan, on peut fabriquer différents types de contreplaqués à base de ce produit. Voici un petit exploitant agricole en train d'usiner du peuplier hybride sur son exploitation.
Enfin, que faut-il faire pour obtenir la stabilité nécessaire pour aller de l'avant dans ce domaine? Il est essentiel d'élaborer et de maintenir une collection de peupliers indigènes et exotiques pour un programme national de sélection. On ne trouve pas toutes les espèces nécessaires pour faire ces croisements au Canada. Des collections ont été montées autrefois, et il est essentiel d'en monter de nouvelles et d'établir de nombreux sites à travers le pays pour avoir de la flexibilité dans la sélection et pour réduire les risques si une des maladies mentionnées se déclarait et ravageait le peuplement.
Nous avons besoin d'un soutien de rotation complet pour la recherche destinée à maximiser nos connaissances. Il existait un programme, le Programme d'évaluation et de démonstration de plantations de Forêt 2020. Certains d'entre vous le connaissent peut-être. C'était un programme très intensif qui n'a duré que très peu de temps. On aurait eu intérêt à prévoir initialement un délai un peu plus long pour préparer le matériau adéquat et à faire un suivi à la fin pour voir quels étaient les résultats. Il est nécessaire d'être un peu plus guidés par des politiques concernant le carbone.
Il est également essentiel de coordonner la politique d'aménagement du territoire avec les politiques provinciales pour cette culture à courte période de rotation, surtout sur les terres privées. Certains agriculteurs peuvent cultiver des peupliers alors que d'autres ne peuvent pas le faire; l'intérêt serait donc relativement faible dans une région bien que l'agriculteur concerné ait peut-être la possibilité de pratiquer une autre culture.
Il est nécessaire de reconnaître la flexibilité de la culture en ce qui concerne l'usage final et d'envisager d'adopter des mesures visant à inciter les agriculteurs à pratiquer cette culture.
Vous voyez dans ce coin-ci une photo de capsules sur un peuplier femelle. C'est toujours un beau signe d'arrivée du printemps quand on les voit se balancer sur les peupliers faux-trembles. Je vous remercie pour votre attention.
Le président : Merci beaucoup, madame Thomas. Nous allons maintenant passer aux questions.
Le sénateur Ogilvie : J'ai trouvé votre exposé très intéressant, car, au cours de ma vie, j'en ai entendu des avis différents sur le peuplier et sur le saule. Je comptais vous poser d'abord deux ou trois questions générale, puis poser peut-être ensuite des questions plus spécifiques.
Au début, vous avez montré une diapositive représentant un énorme peuplier hybride, au tronc parfaitement droit. Pouvez-vous dire quel âge avait cet arbre?
Mme Thomas : Je ne suis pas sûre de l'âge exact de cet arbre. J'ai pris cette photo au cours d'une visite que j'ai faite dans le Pacific Northwest.
Le sénateur Ogilvie : Était-ce aux États-Unis?
Mme Thomas : Oui, c'était dans l'État de Washington, mais ça ressemblait à ce qu'on peut voir en Colombie- Britannique.
Le sénateur Ogilvie : Je pensais que la réponse au deuxième volet de cette question serait la Colombie-Britannique, car je n'arrive pas à imaginer qu'il puisse y avoir un peuplier de cette taille dans la partie est de la Colombie-Britannique. Je ne pense pas qu'on utilise largement des hybrides depuis longtemps au Canada, du moins de façon délibérée. S'il s'agissait d'une autre espèce, cet arbre serait très vieux; je présume donc qu'il a environ 40 ans, ou quelque chose comme ça. Ne le savez-vous pas exactement?
Mme Thomas : Il est en tout cas plus jeune que 40 ans. Je pense qu'il a plutôt entre 20 et 30 ans.
Le sénateur Ogilvie : Bien. C'est ce que je voulais savoir. C'est un arbre vraiment remarquable et j'imagine qu'il puisse devenir aussi gros aussi rapidement dans ces conditions et dans ce climat, surtout qu'il est entouré d'autres gros arbres appartenant probablement à d'autres espèces, si bien que le vent ne peut pas entraver sa croissance comme il le ferait dans les Prairies. Un des problèmes qu'on a avec le peuplier, c'est que ce n'est pas un arbre extrêmement fort, d'une manière générale.
Vous avez montré des plantations délibérées et, de toute évidence, la plupart de ces plantations étaient relativement récentes. Les arbres que vous avez montrés étaient des arbres de 15 à 20 pieds de haut; ils ne sont donc probablement âgés que de quelques années. Est-ce bien cela? Je me demandais quels usages on peut en faire. Vous avez montré un cas où on utilise ce bois pour fabriquer des meubles, en Saskatchewan, et on voyait une planche qui avait au moins six pouces de large. Est-il possible de cultiver dans les Prairies un peuplier qui soit droit et suffisamment fort pour pouvoir en tirer des planches de six à huit pouces de large d'ici 12 ou 15 ans ou d'ici 20 ans?
Mme Thomas : La plantation que j'ai montrée était destinée à faire de la pâte de bois.
Le sénateur Ogilvie : Était-ce une utilisation accessoire?
Mme Thomas : Non, c'était l'usage principal.
Le sénateur Ogilvie : Non, vous avez montré les meubles; c'était donc un usage accessoire et pas le principal usage de la plantation. Est-ce bien cela?
Mme Thomas : C'était un exemple de l'usage que l'on avait fait du peuplier hybride à l'intérieur de la Colombie- Britannique.
Le sénateur Ogilvie : Je suis désolé. Je pensais que vous aviez dit que c'était en Saskatchewan.
Mme Thomas : Ça, c'était la photo de droite.
Le sénateur Ogilvie : Je me demandais comment on a pu faire pousser dans les Prairies un peuplier avec lequel on pouvait faire ce type de meubles. Je sais qu'on utilise le peuplier comme coupe-vent dans une propriété du Manitoba, mais je ne pensais pas que je pourrais voir ça.
Ma troisième question générale est la suivante : vous avez utilisé une période de rotation de 60 à 100 ans pour un peuplement de peupliers. Qu'est-ce que ça représente pour vous, un cycle de rotation dans un peuplement de peupliers?
Mme Thomas : Dans ce cas-là, je faisais référence à un peuplier faux-tremble qui aurait été abattu ou qui aurait pu être brûlé dans la forêt boréale, et qui aurait pu repousser jusqu'à ce qu'il atteigne un âge qui permette d'en faire un arbre abattable pour une compagnie forestière — il s'agit d'un âge de rotation pour obtenir des arbres de qualité marchande.
Le sénateur Ogilvie : Bien. Ma dernière question concerne la compensation en fixation de carbone. Dans les forêts de ma région, le peuplier et le saule sont, pour ainsi dire, les arbres les moins propres, car, dès un très jeune âge, ils perdent continuellement des feuilles et des branches; ils se propagent par les racines; les jeunes poussent autour de la base des arbres et meurent très rapidement. Autrement dit, une très grosse quantité de carbone est régénérée très tôt dans le cycle de vie des peupliers. Bien entendu, ce sont des hybrides que vous développez et ce n'est peut-être pas le cas en ce qui les concerne, mais, dans mon coin, les saules se propagent comme des mauvaises herbes. De tous les types d'arbres que je connais, c'est sous le saule que s'accumulent le plus de branches et de feuilles.
Puisqu'au cours du cycle de vie d'un arbre neutre en carbone dans le meilleur des cas, il n'est un puits de carbone que durant les premières années, pendant l'étape initiale de croissance rapide, et que le tremble et le saule ont tendance à rejeter une très grosse quantité de carbone au cours de leur cycle de croissance naturel, je suis légèrement sceptique en ce qui concerne leur utilité comme puits de carbone. Je sais qu'autrefois on les considérait comme d'excellents puits de carbone et qu'on envisageait la possibilité de les utiliser comme contreparties de la fixation de carbone, mais je dois dire que je suis un peu sceptique au sujet de leur valeur à titre de compensation en fixation de carbone ou de puits de carbone. En fait, lorsqu'ils poussent naturellement, étant donné que le délai de croissance pour atteindre la maturité est très court, leur impact neutre net sur le carbone se fait sentir rapidement par rapport à certaines espèces à croissance plus lente.
Pourriez-vous expliquer ce que vous considérez comme la valeur réelle du peuplier faux-tremble à titre de contrepartie de la fixation du carbone?
Mme Thomas : Une grande partie des terres sur lesquelles on plante ces peupliers hybrides sont des terres qui avaient été déboisées au préalable; par conséquent, il s'agit d'utiliser des terrains qui avaient été enlevés à la forêt et de les reboiser.
On fait beaucoup d'entretien et, par conséquent, la production de rejets et la mort des arbres que vous évoquez ne feraient pas partie de ce système. Au cours d'une période de rotation de 20 ans, par exemple, on noterait une augmentation de la séquestration de carbone dans le sol; on enregistrerait une augmentation du carbone souterrain qu'on a plus de difficulté à mesurer et dont on ne tient généralement pas compte. Dans la partie qui se trouve au-dessus du sol, il n'y aurait pas de perte de feuilles semblable, car les arbres n'atteignent pas le même âge.
Ensuite, selon l'usage final de ce matériau, si on l'utilise pour la fabrication de la pâte ou de panneaux de lamelles orientées, ou quelque autre produit, il peut être dans le système en train d'emmagasiner du carbone pour une très longue période, dans la construction ou dans quelque autre type de produit.
En Californie, la Climate Action Reserve, ou CAR, a attribué des valeurs à la durée de vie du matériau dans différents produits. Elle a par exemple attribué une valeur d'environ 6 p. 100 à la pâte, pour une période de 100 ans, si je ne m'abuse. Elle a attribué une note d'environ 58 p. 100 en termes de persistance aux panneaux de lamelles orientées, car ils ne se dégradent pas et continuent de produire des émissions.
Le sénateur Ogilvie : Merci beaucoup.
Le sénateur Mercer : Madame Thomas, merci beaucoup pour cet exposé. Il est captivant. Je ne suis pas aussi sceptique que mon collègue le sénateur Ogilvie, surtout parce que je n'ai pas autant de connaissances scientifiques que lui.
Vous êtes l'avant-dernier témoin. Nous avons enfin trouvé un arbre qui a une période de rotation de 12 à 25 ans. Ceux d'entre nous qui ont visité plusieurs forêts au cours de cette étude savent que c'est un cycle très rapide au Canada.
De quand date cette technologie? Depuis quand fait-on des hybrides? En fait-on depuis longtemps? Dans ce cas, comment se fait-il qu'ils ne soient pas populaires?
Mme Thomas : Comme je l'ai souligné, dans les Prairies, les peupliers sont utilisés depuis un siècle pour former des coupe-vent. Ils sont connus dans ce type de scénario.
Le sénateur Mercer : Il ne s'agit pas d'hybrides, n'est-ce pas?
Mme Thomas : Si, les hybrides sont précisément ce qu'on plante, parce qu'ils poussent rapidement et que ces exploitations agricoles avaient besoin d'une protection rapide contre le vent. La station agricole d'Indian Head distribue des peupliers hybrides depuis un siècle. Elle les a sélectionnés de façon intermittente, et pas pendant toute cette période, mais pendant de nombreuses années.
Une des raisons pour lesquelles on n'a pas sauté vraiment sur l'occasion, c'est qu'il y a beaucoup de forêts indigènes au Canada. On n'a probablement pas vu l'utilité de mobiliser les terres pour la production intensive et pour la production de fibre alors que le pays était recouvert de vastes forêts.
Le sénateur Mercer : Si l'on s'intéresse précisément à la compensation en fixation de carbone et qu'on le fait pour des aspects uniquement écologiques, plutôt que pour des aspects commerciaux liés à l'abattage des arbres — si je comprends bien, ces arbres peuvent pousser dans toutes les régions du pays et leur croissance est rapide —, il semblerait que ce soit une possibilité à exploiter.
Pourquoi ne peut-on pas planter ces arbres sur des terres publiques en Alberta?
Mme Thomas : Les politiques provinciales permettent seulement de planter des espèces indigènes sur les terres publiques. Ce sont des hybrides et un arbre parental peut provenir d'un autre pays; il pourrait s'agir par exemple d'un peuplier noir en provenance de l'Europe, qui a été croisé avec notre peuplier baumier indigène. Le peuplier noir est considéré comme une espèce exotique et sa culture sur des terres publiques n'est pas permise actuellement.
Le sénateur Mercer : Dans la foulée de la question du sénateur Ogilvie, j'ai remarqué que, sur la photo des meubles, toutes les légendes étaient exactes — il s'agit de meubles provenant de la Colombie-Britannique, — mais vous avez montré un petit agriculteur de la Saskatchewan en train d'usiner du bois. On dirait que c'est du bois de longueur commerciale. Je présume qu'il s'agit d'arbres qui ont été récoltés en Saskatchewan. Par conséquent, ils avaient atteint une grande taille et étaient assez droits pour produire du bois de valeur marchande. Est-ce bien cela?
Mme Thomas : La note qui m'a été envoyée avec cette photo indiquait que, bien que ce soit ce que ce fermier faisait, on n'était pas certain qu'il s'agissait effectivement de peuplier hybride. C'était un peu trompeur.
Le sénateur Mercer : C'est une mise au point nécessaire.
Le sénateur Ogilvie : C'était le but principal de ma question; je suis méfiant, comme vous l'avez remarqué.
Le sénateur Mercer : C'est votre nature.
[Français]
Le sénateur Rivard : On a rencontré plusieurs témoins qui nous ont dit que lorsqu'on comparait la rapidité de croissance de certains arbres, on enviait toujours la situation du Brésil parce que dans ce pays, la température favorise la croissance des arbres.
Est-ce qu'il est possible de comparer la rapidité de croissance des peupliers du Canada avec celle de l'eucalyptus du Brésil, par exemple? Naturellement, il faut tenir compte du fait qu'il y a de la neige ici et pas au Brésil. Puisque les peupliers semblent croître rapidement, est-ce qu'on peut faire une comparaison entre les deux?
[Traduction]
Mme Thomas : Au Brésil, la rapidité de croissance est extrêmement élevée. Comme je l'ai souligné, la période de rotation peut aller de 12 à 25 ans. Je ne sais pas très bien si vous connaissez l'expression « accroissement moyen annuel » — la quantité de mètres cubes que la croissance des arbres peut ajouter par hectare par an. En Colombie-Britannique, l'accroissement de ces valeurs peut être de l'ordre de 30 à 40, ce qui est extrêmement élevé. Au Brésil, je pense que les chiffres sont encore plus élevés, mais ce serait la comparaison la plus compétitive.
Dans les Prairies, les chiffres seraient de l'ordre de 12 à 18. Pour obtenir des volumes comparables, il faut tenir compte de la différence dans les périodes de rotation. Nous ne pouvons effectivement pas faire pousser des eucalyptus ici, mais nous pouvons faire pousser des peupliers hybrides très rapidement dans les régions qui s'y prêtent et le résultat sera très comparable, par rapport à une rotation naturelle.
[Français]
Le sénateur Rivard : Pour revenir au Canada, comment le prix du mètre cube de bois de peuplier se compare-t-il avec celui du bois d'œuvre traditionnel tel que la pâte de l'épinette ou le pin gris?
[Traduction]
Mme Thomas : Je ne suis pas aussi bien informée sur la rapidité de croissance des conifères. Je sais toutefois que, dans la forêt boréale, la vitesse de croissance comparable en ce qui concerne le peuplier faux-tremble équivaut à 2 ou 2,5 mètres cubes. Je pense que, pour l'épinette par exemple, elle serait du même ordre pour la région boréale. La croissance y est beaucoup plus lente, ce qui exige des périodes de rotation plus longues pour obtenir un volume équivalent sur la même superficie de terre.
[Français]
Le sénateur Rivard : Depuis combien d'années les provinces favorisent-elles le peuplier le long des autoroutes pour faire des coupe-vent? Est-ce que c'est une découverte récente ou si ça existe depuis plus de 50 ans?
[Traduction]
Mme Thomas : Ce n'est pas récent. Ça date d'une centaine d'années. Il est possible que ce soit récent dans certaines régions, mais, en ce qui concerne le Canada, on utilise ces arbres dans les Prairies depuis un siècle. Un grand nombre de colons de la première heure avaient en fait apporté des hybrides avec eux d'Europe et les avaient plantés. Comme je l'ai fait remarquer, un grand nombre de ces arbres ont été archivés au Shelterbelt Centre d'Indian Head, puis des hybrides ont été produits tout naturellement à ce centre. Les semences ont été recueillies et les arbres ont été sélectionnés et soumis à des essais. Ça remonte loin, mais c'est dans un secteur différent de la foresterie, et c'est par conséquent une occasion qui est dans la ligne de mire.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Merci, madame, pour votre présentation.
[Traduction]
Une de vos diapositives concerne les usages émergents et les flexibilités. L'un d'entre eux est l'assainissement de sites dégradés ou toxiques. Dans quelle mesure utilise-t-on ces plantes à ces fins?
Les vieilles décharges sont nombreuses au Canada. Êtes-vous parvenus à susciter de l'intérêt chez les propriétaires de ces décharges, à savoir les provinces ou les comtés, pour l'utilisation de ce type de plante?
Mme Thomas : On a beaucoup plus souvent utilisé ce type de plante dans d'autres régions du monde, pour l'assainissement de sites, notamment aux États-Unis. On y a eu recours pour des dépotoirs situés dans la périphérie de Chicago, par exemple; on peut également y avoir recours pour le nettoyage à sec de sites ou de stations-service abandonnés. Cette possibilité a été largement sous-utilisée au Canada. On fait actuellement de nouveaux essais pour l'utiliser pour les eaux usées associées à certaines villes et collectivités. Je sais que l'on fait des travaux dans ce domaine en Alberta. Ça représente probablement une occasion extraordinaire; on a fait quelques essais et on a utilisé ce système dans la région des sables bitumineux, pour relever certains des défis posés par la remise en état des sites.
Je rappelle qu'on n'a pas encore fait assez d'essais et qu'on ne dispose pas encore d'informations suffisantes sur ces types d'usages pour pouvoir considérer cela comme une solution de remplacement aux exploits techniques qui permettent de régler un grand nombre de problèmes de ce type. On peut l'utiliser en même temps que quelque autre mécanisme. Le Conseil n'en a pas fait la promotion comme telle, mais nous avons de l'information et nous essayons d'utiliser des occasions comme celle-ci pour affirmer que ces arbres peuvent être utilisés pour un large éventail d'activités.
En Suède, dans une ville que j'ai visitée et où il y avait une centrale, on faisait la culture du peuplier et du saule hybride pour la production d'énergie pour la collectivité. L'eau de traitement était alors déversée dans des bassins de décantation et acheminée à travers les plantations pour être épurée, avant d'être réutilisée dans le système ordinaire d'approvisionnement en eau de la localité. Ce système offre un beau coup d'œil et est élégant.
Le sénateur Robichaud : Nous n'avons, d'une certaine façon, pas réussi à encourager les municipalités à adopter ce système au Canada, est-ce bien cela?
Mme Thomas : Non. Comme je l'ai souligné, des essais sont effectués actuellement en Alberta, mais ils sont très limités. En fait, certains travaux ont été faits à Vernon, en Colombie-Britannique, il y a probablement une vingtaine d'années. Ces travaux étaient dirigés par M. Mike Carlson.
Le sénateur Robichaud : Vous avez montré une diapositive représentant des granulés. Y a-t-il des usines qui utilisent exclusivement du peuplier pour produire ces granulés ou utilise-t-on un mélange d'espèces?
Mme Thomas : Je suis désolée, mais je ne peux pas répondre à cette question. Je ne suis pas sûre. Cette photo m'a été envoyée par un collègue de la Saskatchewan qui ne m'a pas donné d'informations détaillées sur la composition précise du granulé. J'ai visité dernièrement une usine de production de granulés, à Syracuse, qui utilisait exclusivement du peuplier pour produire ces granulés utilisés à des fins énergétiques. C'était dans le cadre réunion avec excursion.
Le sénateur Robichaud : Je ne veux pas appeler cela des déchets, mais y avait-il d'autres usages et utilisait-on pour fabriquer les granulés ce qu'on ne pouvait pas utiliser dans d'autres applications commerciales?
Mme Thomas : Cette usine utilisait l'arbre en entier. Elle utilisait la fibre qu'on s'attendrait plutôt à voir utilisée pour la fabrication de pâte, car on ne se sert normalement que des branches pour la fabrication des granulés. Dans ce cas-là, l'usine utilisait l'arbre en entier pour produire les granulés.
Le sénateur Eaton : Dans la foulée de la question du sénateur Robichaud, je signale que je suis allée à l'Université de Guelph. Vous savez qu'elle fait des expériences. Elle produit un peuplier hybride qui pousse pendant une vingtaine d'années et qui peut être coupé à ras des racines tous les trois ans. On l'utilise pour faire des granulés. Cette université a fait des expériences intéressantes dans ce domaine.
Mme Thomas : Était-ce le travail d'Andy Gordon?
Le sénateur Eaton : Oui. On fait des expériences dans l'Est ainsi qu'en Alberta et en Saskatchewan.
Pour faire pousser des peupliers plus rapidement et obtenir des arbres plus volumineux, a-t-on recours à la modification génétique ou procède-t-on seulement par sélection naturelle?
Mme Thomas : Il y a des hybrides naturels et des zones d'hybrides où deux espèces différentes se chevauchent. Dans le Sud de l'Alberta, par exemple, ainsi qu'au Québec, il y a des peupliers deltoïdes, P. deltoides, qui s'hybrident avec des sapins baumiers. Ce sont des zones d'hybrides naturels. Comme je l'ai signalé, on peut également prélever des individus et faire des croisements entre eux, comme cela se fait en serre.
C'est un système de sélection tout simple. On peut donc amener le pollen d'une autre espèce, d'Europe par exemple, et faire de la sélection. En ce qui concerne les peupliers, les mâles et les femelles sont sur des arbres différents et, par conséquent, on ne fait pas de manipulations moléculaires ou génétiques en laboratoire. C'est, au fond, de la sélection avec un pinceau.
Le sénateur Eaton : Je ne suis pas adversaire de la modification génétique. Je pense que celle-ci a débouché sur des produits alimentaires fantastiques, comme le canola. Pensez-vous que ce n'est pas génétiquement modifié et que le processus est facilité en utilisant un pinceau, donc qu'il s'agit de sélection naturelle? Je pose cette question délibérément, car de nombreuses personnes ont signalé qu'on pourrait produire des arbres génétiquement modifiés, mais que la plupart des pays n'en voudraient pas. C'est la raison pour laquelle je vous pose cette question.
Mme Thomas : À mon avis, la modification génétique a un rôle différent à jouer dans ce domaine. On fait la sélection, puis on choisit les meilleurs sujets, qui auront un caractère particulier — comme l'utilisation pour la phytoremédiation. C'est un clone qui convient pour absorber une matière toxique précise. On introduit ensuite, par exemple, une résistance au Roundup dans ce clone. C'est alors qu'intervient l'élément génétiquement modifié.
La sélection initiale est une technologie très traditionnelle. Je présume que la définition de la notion de modification génétique varie légèrement d'une personne à l'autre.
Le sénateur Eaton : L'appuieriez-vous?
Mme Thomas : La modification génétique?
Le sénateur Eaton : Oui, dans les arbres.
Mme Thomas : Je pense que oui, dans le contexte approprié. Un des principaux défis qui se posent, c'est que, bien que ces périodes de rotation soient courtes, elles sont longues par rapport à une culture agricole, où l'on peut apporter des modifications sur un cycle annuel et voir les avantages.
Pour en revenir au caractère de résistance au Roundup ou de résistance au glyphosate, cela aurait pu être un avantage considérable dans la situation appropriée pour la foresterie de plantation, car ça permettrait d'éliminer la concurrence qui fait diminuer les rendements. Nous avons actuellement beaucoup de travail d'entretien à faire dans ces peuplements, mais toutes les mauvaises herbes se retrouvent à la base des arbres. C'est un très gros défi, car c'est à ce niveau-là que se pose le plus gros problème.
Le sénateur Eaton : Ne voulez-vous pas abattre l'arbre et l'enlever?
Mme Thomas : Exactement. Si l'on pouvait épandre du glyphosate, par exemple, sur ces arbres, et se débarrasser de cette concurrence juste à côté de la tige, on pourrait laisser le milieu de la rangée avec une certaine végétation et même augmenter la base carbone sur ce site.
Le sénateur Eaton : Le suivi du carbone, c'est une chose que je ne comprends pas très bien, et j'ai de la difficulté à m'y retrouver, mais vous me l'expliquerez peut-être. Pourquoi le Canada a-t-il adopté une attitude aussi molle en ce qui concerne ses forêts, dans le cadre des négociations concernant le changement climatique?
On discute de nos sables bitumineux dans le monde entier; on parle de choses et d'autres, mais nous ne nous sommes pas affirmés et n'avons pas dit : « Nous sommes le pays le plus boisé au monde et, par conséquent, allez vous faire voir ». Pourquoi, d'après vous, avons-nous fait preuve d'une aussi grande mollesse en ce qui concerne la promotion des arbres comme puits de carbone?
Mme Thomas : Je ne suis pas absolument sûre d'être en mesure de répondre de façon complète à cette question.
Le sénateur Eaton : Toute explication que vous pourriez me donner pour m'aider serait appréciée. Est-ce parce que nous ne sommes pas sensibilisés à nos arbres ou est-ce lié à la valeur de stockage du carbone de nos arbres?
Mme Thomas : Les connaissances sur la valeur de stockage du carbone de nos arbres abondent. Si je comprends bien, nos forêts ne sont toutefois pas nécessairement réparties selon leur âge de façon à maximiser ce carbone. Nous avons de vieilles forêts qui, lorsqu'elles dépassent leur âge optimal pour l'abattage, commencent à se détériorer et suivent leur cycle naturel pour finalement émettre du carbone à cet endroit.
Il y a par ailleurs de nombreuses tourbières hautes dans bien des zones de notre forêt boréale et, en raison de la tendance à la sécheresse, ces tourbières se sont également mises à émettre du carbone; des forêts s'y intercalent, et cetera. Comment peut-on délimiter exactement un peuplement?
Le sénateur Eaton : Est-ce fondamentalement parce qu'on n'a pas divisé le pays en zones de jeunes peuplements qui stockent le carbone et en zones de vieux peuplements qui émettent du carbone? On n'a pas établi de carte.
Mme Thomas : Ce pourrait être une façon de voir. Ce n'est qu'une perspective. Je suis sûre qu'il y en a d'autres.
Le sénateur Eaton : Merci beaucoup.
Le sénateur Meighen : Madame Thomas, pouvez-vous dire qui est le Conseil du peuplier du Canada? Quelle est sa composition?
Mme Thomas : Comme je l'ai fait remarquer, nous sommes un groupe très varié. Ce sont tous des bénévoles, à l'exception de notre adjointe exécutive. Il est composé de personnes qui s'intéressent aux peupliers, qui se sont fait connaître, qui veulent faire la promotion de l'utilisation de ce matériau et qui travaillent avec ce matériau. Comme je l'ai souligné, c'est la raison pour laquelle nos membres forment un groupe très varié, composé d'agriculteurs, de propriétaires de boisés, de personnes faisant de la recherche sur les peupliers et de consultants privés. Il y a aussi des employés du Service canadien des forêts qui en sont membres. Ça représente un large éventail de fonctionnaires, de particuliers et d'universitaires.
Le sénateur Meighen : Je suis navré si je n'ai pas entendu cela. D'après vos commentaires, je présume que le budget pour la commercialisation ou la promotion n'est pas très élevé? Est-ce bien cela?
Mme Thomas : En effet, il ne l'est pas.
Le sénateur Meighen : Qu'est-ce qu'un protocole d'afforestation?
Mme Thomas : Un protocole d'afforestation, d'après le sens que je lui ai donné, consiste à prendre un terrain agricole préalablement défriché — si on fixe une date, à savoir le 31 décembre 1989, comme on l'avait fait dans le Protocole de Kyoto —, puis à y replanter des arbres. On considère cela comme de l'afforestation, contrairement à la reforestation d'un site où l'on avait abattu les arbres, mais beaucoup plus récemment.
Un exemple serait le protocole d'afforestation qui permet aux particuliers qui plantent ces arbres d'obtenir des crédits carbone associés au reboisement de nouveaux terrains remis essentiellement en productivité sur un plan forestier.
Le sénateur Meighen : Comme le sénateur Ogilvie, j'ai vécu assez longtemps pour avoir été témoin de différentes attitudes à l'égard du peuplier. À un certain moment, on le considérait uniquement comme une mauvaise herbe. Est-ce qu'une percée scientifique ou technologique a permis au peuplier d'acquérir le statut de produit de pâte de bois utile?
Mme Thomas : Je sais que de nombreux travaux ont été faits sur les possibilités de se débarrasser et d'enlever les peupliers faux-trembles, car ce sont des conifères que voulait l'industrie. Je connais mieux la situation dans l'Ouest que dans l'Est; il y a toutefois beaucoup de peupliers faux-trembles dans l'Ouest et des entreprises comme Daishowa et Alberta-Pacific Forest Industries ont considéré cela comme une occasion de produire de la pâte de bois. Je ne suis pas certaine qu'il y ait eu une technologie bien précise. La technologie existait; il s'agissait seulement de reconnaître la valeur d'une espèce que l'on gaspillait et qui pouvait être entièrement utilisée. Voilà comment ça s'est probablement passé.
Le sénateur Meighen : Les castors aiment beaucoup le peuplier. Si j'étais un chevreuil, est-ce que j'aimerais ça?
Mme Thomas : Oui, malheureusement.
Le sénateur Meighen : Est-ce que les peupliers ou les peupliers faux-trembles servent de source de nourriture à des animaux?
Mme Thomas : Je suis sûre que le peuplier faux-tremble indigène sert de nourriture à l'orignal, et cetera. Je sais que, au cours des premières années de la croissance, dans nos plantations du Nord-Est de l'Alberta que je connais beaucoup mieux, les ongulés, comme l'orignal et le chevreuil, ne s'intéressaient pas du tout à ces arbres; nous avons donc appelé cette étape, celle de la lune de miel. Ils savent toutefois maintenant qu'ils sont là, et c'est comme de la crème glacée; par conséquent, s'ils préfèrent certaines espèces à d'autres, lorsque les temps sont durs, ils viennent et mangent ce qu'ils peuvent trouver. Chose intéressante, ils font aussi pas mal de dégâts. Ils cassent les tiges même s'ils ne les mangent pas. Ce problème ne date pas d'hier. Dans certaines plantations de la Colombie-Britannique, la MacMillan Bloedel a des plantations de peupliers et elle a eu des problèmes. Elle a dû faire des talus et des clôtures pour empêcher les ongulés d'y avoir accès. Oui, les ongulés aiment le peuplier.
Le sénateur Ogilvie : Je voudrais discuter à nouveau de propagation par les racines. D'après mon expérience, ces arbres ne sont pratiquement pas tuables, car leurs racines se propagent et ils drageonnent beaucoup.
Le peuplier fait un excellent bois d'allumage. Il est très facile à fendre.
Mme Thomas : Le peuplier fait également de très bonnes baguettes.
Le sénateur Ogilvie : Est-ce que toutes les espèces de peupliers se propagent par la racine ou sont capables de le faire, ou bien est-ce un aspect important du cycle de vie de certaines espèces seulement?
Mme Thomas : Les peupliers hybrides sont issus d'un groupe de peupliers qui drageonnent ou se propagent par la racine beaucoup moins que les peupliers faux-trembles, par exemple. La production de drageons est très forte chez le peuplier faux-tremble et beaucoup moins chez d'autres espèces de peupliers. Les autres peupliers ont tendance à faire beaucoup plus de rejets de souche qui sont plus proches de la tige.
Le gros avantage des hybrides, c'est qu'on ne doit pas s'occuper du tout des racines; on s'occupe de la tige. Sur la photo que j'ai montrée me représentant debout devant une marcottière, on voyait un peuplement d'environ six à huit pieds de haut sur lequel on pouvait prélever des boutures dont la propagation est très facile. Je n'ai pas donné d'informations précises, mais la propagation ne peut pas se faire de cette façon dans le cas d'un peuplier faux-tremble hybride. Il faut avoir recours à d'autres techniques. Ce type de peuplier ne fait pas de racines à partir d'une bouture.
Certains des peupliers faux-trembles avec lesquels nous travaillons également présentent quelques caractères très intéressants sur le plan de la qualité du bois. Il faut avoir recours à d'autres techniques, comme la culture tissulaire ou la propagation racinaire. C'est plus coûteux et il faut par conséquent obtenir du bois de plus grande valeur pour les adopter, car les branches ont une importance capitale en ce qui concerne les peupliers hybrides.
Le sénateur Ogilvie : Pour ce qui est des arbres de plantation de 12 à 15 pieds de haut que vous avez montrés, est-ce que les jeunes rejets de taillis qui sortent du sol posent un problème sur le plan de la gestion courante?
Mme Thomas : Non. Dans ces peuplements, aucun problème de ce type ne se pose. On fait de la recherche sur le peuplier faux-tremble hybride et, dans ces peuplements, nous ne faisons pas de culture au milieu de la rangée. Nous utilisons le fauchage ou quelque autre technique qui n'endommage pas ou n'entaille pas les racines du tout, car c'est lorsqu'on coupe les racines du peuplier faux-tremble qu'on favorise la production de drageons.
Le sénateur Ogilvie : Merci beaucoup.
Le sénateur Mercer : Nous avons discuté de l'utilisation de peupliers pour aider à réhabiliter et à assainir des sites toxiques. Si l'on plante des peupliers sur un site toxique — peut-être sur une décharge municipale ou sur l'emplacement d'une ancienne station-service, comme vous l'avez mentionné —, pourriez-vous dire ce qui se passe et à quel moment on peut utiliser le terrain à d'autres fins que d'y faire pousser des peupliers, puisqu'il n'est plus toxique?
Mme Thomas : On fait d'abord des tests sur le site pour déterminer s'il contient des produits chimiques toxiques d'un type ou d'un autre ou si un problème quelconque se pose. Quand on utilise le bon outil, le clone approprié sur ce site, les arbres se mettent à absorber ce composé toxique. Il faudrait faire un suivi pour voir si le site a été effectivement assaini. On peut également prendre des mesures sur les arbres, les feuilles et le bois pour voir ce qui a été absorbé.
En foresterie, on utilise l'expression « consommation de luxe » lorsque les arbres absorbent davantage qu'ils n'en ont besoin. Par exemple, le cèdre absorbe le calcium dans des proportions beaucoup plus élevées que la quantité dont il a effectivement besoin pour une bonne croissance. En l'occurrence, c'est un cas semblable, non pas que les composés toxiques soient sains pour la croissance des arbres, mais ceux-ci peuvent en absorber dans leur système; il s'agit donc de faire un suivi et d'éliminer les arbres de ce site lorsqu'on a atteint les niveaux jugés acceptables.
Le sénateur Mercer : Est-ce que ce processus rend les arbres toxiques ou les feuilles n'ont-elles aucune toxicité?
Mme Thomas : C'est alors qu'interviennent les tests, sachant quelle matière on met sur ce site. Un arbre qui ne peut pas tolérer la toxicité n'est pas le type d'arbre que l'on veut sur ce site.
Le sénateur Mercer : Ma question de profane est la suivante : vous avez planté l'arbre et il a poussé; il a contribué à assainir le site. Où est allée la toxicité? Elle est dans l'arbre.
Mme Thomas : Et par conséquent, que fait-on de l'arbre?
Le sénateur Mercer : C'est bien cela.
Mme Thomas : Il peut servir à faire de nombreux produits. On pourrait notamment brûler le bois à haute température à des fins énergétiques. Je ne suis pas sûre que nous ayons assez de connaissances pour pouvoir répondre à cette question, en ce qui nous concerne.
Le sénateur Mercer : Un peuplement de peupliers plantés sur un site toxique ne pourrait pas être certifié comme de nombreuses autres forêts le sont actuellement, n'est-ce pas?
Mme Thomas : Voulez-vous dire certifié par le Forest Stewardship Council? Est-ce à cela que vous pensez?
Le sénateur Mercer : En plein cela.
Mme Thomas : Je ne suis pas sûre dans ce cas précis. Je ne sais pas si le FSC s'occupe des sites toxiques, mais on peut faire certifier des peupliers hybrides. La Potlatch a fait certifier ses plantations par le Forest Stewardship Council.
Le sénateur Mercer : Il ne s'agit toutefois pas d'un site toxique.
Mme Thomas : Non. Je ne sais pas si les décisions du Forest Stewardship Council couvrent ce genre de situation.
Le sénateur Mercer : Vous avez fait référence aux sables bitumineux et parlé de la possibilité d'utiliser des peupliers pour faire de la réhabilitation à une date ultérieure. On aurait tendance à penser qu'il serait probablement difficile de faire certifier le type de forêt que l'on pourrait créer dans le Nord de l'Alberta.
Mme Thomas : Je ne suis pas sûre que ce serait difficile. Je pense qu'il faudrait travailler avec l'organisme de certification, car ce serait peut-être une nouvelle situation à examiner.
Les sables bitumineux sont toutefois sur des terres publiques et, pour le moment, on ne peut pas utiliser d'arbres hybrides pour tenter de régler ce problème.
Le sénateur Mercer : Vous avez précisé que vous n'êtes autorisés qu'à planter des produits indigènes. Je présume qu'on ne planterait pas d'érables en Alberta, dans ce cas. Merci.
Le sénateur Fairbairn : Merci beaucoup. Mon collègue à l'autre bout de la table a posé de bonnes questions sur l'Alberta. En vous écoutant, je réfléchissais justement au Sud et au Nord de l'Alberta et pensais que les arbres n'y manquent pas; on en trouve en très grosse quantité et de différentes espèces.
Vous avez fait des commentaires sur le Nord, qui est une région riche sur le plan historique. Quelle est la situation dans la région des montagnes? Cette région présente-t-elle peut-être plus de difficulté que d'autres régions situées plus au Nord de la province, pour le type de travail que vous faites?
Mme Thomas : Sur le plan des possibilités?
Le sénateur Fairbairn : Oui, mais aussi sur celui des différences entre le Nord et le Sud. Je me demande si vous pouvez donner quelques informations à ce sujet.
Mme Thomas : De nombreuses espèces de peupliers poussent dans le Sud de l'Alberta. Je pense donc qu'il s'agit de trouver l'espèce appropriée pour cette région, dans des conditions plus sèches, par exemple. Il faudrait pouvoir faire un examen pour déterminer la résistance à la sécheresse si on veut faire pousser des arbres ailleurs que le long des rives des cours d'eau, car, dans le Sud de l'Alberta, tous les peupliers poussent le long des cours d'eau.
Le sénateur Fairbairn : Pour le moment, les conditions météorologiques passent d'un extrême à l'autre. Ça rend la situation difficile.
Mme Thomas : Dans la région des montagnes, les conifères dominent; il y a davantage de pins et d'épinettes et pas beaucoup de peupliers faux-trembles, quoiqu'il y en ait un peu. La possibilité qu'on a de faire pousser ces arbres partout ne veut pas dire que c'est toujours le meilleur choix dans toutes les régions. Il est peut-être préférable de s'en tenir aux conifères dans certaines régions. Une entreprise qui serait intéressée pourrait examiner et tester des espèces pour cette région.
Le sénateur Mahovlich : Je voudrais poser rapidement une question. Nos ancêtres n'utilisaient jamais des peupliers. On ne trouve pas de meubles en peuplier chez les antiquaires du Québec. Ma femme m'a fait faire la tournée des antiquaires partout pour rassembler une collection de meubles en pin.
Le sénateur Fairbairn : Le pin est un très beau bois.
Le sénateur Mahovlich : Il est très beau, mais pourquoi nos ancêtres n'utilisaient-ils pas du peuplier?
Mme Thomas : Je pense qu'ils utilisaient de l'érable et d'autres beaux bois de feuillus.
Le sénateur Mahovlich : C'est toutefois le pin qui a eu la préférence du collectionneur.
Mme Thomas : Le peuplier a été considéré comme une mauvaise herbe pendant la plus grande partie de notre vie.
Le sénateur Mahovlich : Voulez-vous modifier cette perception?
Mme Thomas : Oui.
Le sénateur Mahovlich : Bonne chance.
Y a-t-il des castors dans le Nord de l'Alberta?
Mme Thomas : Oui.
Le sénateur Mahovlich : Comment faites-vous pour les empêcher d'abattre les peupliers?
Mme Thomas : Les castors ne sont pas allés dans nos plantations comme telles. Nos plantations ne sont pas nécessairement à côté d'un réseau hydrographique ou d'un autre endroit où pourraient se trouver des castors.
Le sénateur Mahovlich : Je vois qu'il y avait un lac là-bas. L'eau doit bien venir de quelque part.
Mme Thomas : Voulez-vous dire sur une des photos?
Le sénateur Mahovlich : Oui, celle de la plantation. Sur cette photo, on voit un lac à la droite et une rivière qui se jette dedans.
Mme Thomas : Les castors posent des défis de gestion forestière dans les forêts indigènes.
Le sénateur Mahovlich : Je pense qu'ils utilisent le peuplier pour construire leurs barrages et leurs cabanes.
Mme Thomas : Oui, lorsqu'ils sont à proximité de systèmes fluviaux. Nous n'avons pas encore vu de castors dans les plantations.
Le sénateur Mahovlich : Bien. Bonne chance.
Le président : Puisque la séance se termine, madame Thomas, voudriez-vous avoir l'obligeance de prendre deux notes? Veuillez répondre par écrit avec le Conseil du peuplier du Canada à la question concernant le nombre de plantations de peupliers à l'échelle nationale et dans chaque province, et nous communiquer également le pourcentage d'arbres non hybrides et d'arbres hybrides, dans les plantations, à travers le Canada.
Mme Thomas : Le pourcentage?
Le président : Oui, le pourcentage.
Mme Thomas : Je peux répondre facilement à la deuxième question si vous voulez, mais aimeriez-vous recevoir la réponse par écrit?
Le président : Si possible.
Mme Thomas : Bien.
Le président : Madame Thomas, au nom du comité, je vous remercie d'avoir partagé vos connaissances et vos opinions avec le comité.
(La séance est levée.)