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Délibérations du comité sénatorial permanent des
Banques et du commerce

Fascicule 20 - Témoignages du 24 mars 2011


OTTAWA, le jeudi 24 mars 2011

Le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce se réunit aujourd'hui, à 10 h 35, pour étudier la situation actuelle du régime financier canadien et international (sujet : le financement des innovations au Canada).

Le sénateur Michael A. Meighen (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bonjour, chers collègues. La présente séance du Comité sénatorial permanent des banques et du commerce est ouverte. Je m'appelle Michael Meighen. Je viens de l'Ontario, et j'ai l'honneur de présider ce comité. Permettez-moi de présenter les sénateurs qui sont ici avec nous. Notre distinguée vice-présidente, le sénateur Hervieux- Payette, représente le Québec. Le sénateur Gerstein est de l'Ontario, le sénateur Kochhar aussi, et le sénateur Oliver est de la Nouvelle-Écosse.

[Français]

Les sénateurs de la Nouvelle-Écosse sont toujours très fiers de leurs origines. À ma gauche, le sénateur Ringuette, du Nouveau-Brunswick, le sénateur Dawson, du Québec, qui est ici en visite, du moins pour aujourd'hui sinon pour plus longtemps.

Le sénateur Dawson : Au Parti libéral, on n'utilise pas l'expression « just visiting ».

Le président : Et avec raison, d'ailleurs. Je comprends.

[Traduction]

Le sénateur Moore est de la Nouvelle-Écosse, et le sénateur Banks, de l'Alberta. Le sénateur Banks se joint à nous ce matin et nous espérons qu'un jour, il sera membre du comité. Voilà donc les sénateurs qui vont entendre nos témoins aujourd'hui.

[Français]

Permettez-moi de rappeler à ceux et celles qui suivent nos délibérations à la maison sur CPAC, la chaîne d'affaires publiques par câble, qu'ils peuvent consulter en ligne la transcription des réunions antérieures du comité ainsi que ses rapports en cliquant sur le lien « travaux des comités » dans le site web du Parlement du Canada, à www.parl.gc.ca.

[Traduction]

Chers collègues, la réunion d'aujourd'hui porte sur la situation actuelle du régime financier canadien et international et, plus particulièrement, sur le financement des innovations au Canada.

[Français]

Nos témoins ce matin sont des représentants de la Banque de développement du Canada. Plus tôt cette année, en février, la Banque de développement du Canada a publié un document intitulé Revue de l'industrie du capital de risque. Ce rapport est le fruit d'un examen stratégique des activités de la Banque de développement du Canada en matière de capital de risque mené à compter du printemps de 2010.

[Traduction]

Mme Edmée Métivier, vice-présidente exécutive, Financement et consultation pour la Banque de développement du Canada, nous fera part de ses réflexions sur le sujet. Elle a déjà comparu devant le comité. Nous sommes ravis de vous accueillir de nouveau. M. Jérôme Nycz, vice-président exécutif intérimaire, Investissements, et premier vice-président, Stratégie, l'accompagne. Bienvenue à tous deux.

Si vous avez des remarques liminaires à faire, nous sommes prêts à les entendre. Nous espérons que vous accepterez de répondre aux questions des sénateurs par la suite.

Nos délibérations ce matin sont d'ordre très général. Nous souhaitons entreprendre, en temps utile, une étude plus particulière sur le financement des innovations au Canada, afin de voir si notre démarche soutient la comparaison avec d'autres pays et si d'éventuelles recommandations pour l'améliorer s'imposent. Il s'agit donc d'une séance préliminaire. Étant donné que la BDC a mené à bien une étude plus tôt cette année, vos conclusions et observations sur le sujet nous intéressent au plus haut point.

Edmée Métivier, vice-présidente exécutive, Financement et consultation, Banque de développement du Canada : Monsieur le président, avec votre permission, je ferai quelques remarques, après quoi nous répondrons à vos questions.

[Français]

Honorables sénateurs, c'est un plaisir pour Jérôme Nycz et moi d'avoir à représenter la Banque de développement du Canada devant vous ce matin. Notre président et chef de la direction, Jean-René Halde ne pouvait pas être présent ce matin, alors il vous transmet ses plus chaleureuses salutations.

Vous nous avez demandé de porter notre attention sur l'innovation. J'aimerais partager avec vous notre point de vue et nos observations sur ce qui se passe dans notre marché. Notre connaissance du marché est basée sur nos relations avec 29 000 entrepreneurs clients. Selon les dernières données que nous avons, ces clients soutenaient environ 500 000 emplois et exportaient pour 21 milliards de dollars. Ils font également face à de nombreux concurrents d'autres pays. Ces concurrents ont des ambitions mondiales, sont très innovateurs et bénéficient souvent du soutien direct de leurs gouvernements.

[Traduction]

D'entrée de jeu, je dirais que nous confondons souvent innovation et invention ou encore que nous définissons cette notion de façon trop étroite. C'est une erreur. La notion est très vaste et s'applique à toutes les sociétés, pas seulement les sociétés de haute technologie, et au Canada, nous avons besoin de plus d'innovation.

Les experts qui se penchent sur le problème de productivité au Canada, notamment le Conseil des académies canadiennes, le CAC, sont nombreux à constater que notre innovation commerciale laisse à désirer. Nous pensons qu'ils ont raison. Pour devenir plus productif — pour créer la prospérité que le Canada souhaite avoir et dont il a besoin —, le pays doit pouvoir compter sur des entrepreneurs dans tous les secteurs de l'économie pour qu'ils apportent des innovations à leur stratégie commerciale.

L'Allemagne est un bon exemple d'un pays qui a recours à l'innovation comme outil de stratégie commerciale. La recette est simple : des entreprises familiales, cherchant sans cesse à apporter des améliorations et à dominer des marchés à créneaux à l'échelle mondiale. Cela donne des résultats : en Allemagne, on trouve un grand nombre d'entreprises moyennes qui se situent dans les trois premiers rangs à l'échelle mondiale dans bien des secteurs industriels, notamment l'équipement mécanique.

Bonne nouvelle : nous avons aussi des exemples de succès semblables au Canada. Nous avons des clients dans les secteurs traditionnels qui innovent en améliorant, avec créativité, des produits, services, procédés ou modèles commerciaux existants. La gamme de ces innovations vaut la peine d'être répétée : produits, services, procédés et modèles commerciaux.

Permettez-moi de vous parler d'un de ces innovateurs. Il s'appelle Jim Hogan et il est de Nanaimo, en Colombie- Britannique. Son parcours est révélateur.

La compagnie de Jim, VMAC, vend des compresseurs d'air mobiles que les travailleurs de la construction utilisent pour alimenter leurs outils, par exemple, les pistolets goujonneurs et les perforatrices pneumatiques. Un compresseur d'air n'a rien de prestigieux ou de hautement technologique. Toutefois, bien des gens s'en servent.

Jim a examiné ces compresseurs encombrants et lourds et il a cerné un problème que personne ne remarquait plus. Il s'est dit — même si ses clients n'y pensaient pas — qu'il serait préférable que les compresseurs soient plus petits et plus légers et que ses clients — et c'est là l'essentiel — en payent le prix.

Par conséquent, il a créé un nouveau produit en améliorant un produit existant. Cette innovation est devenue l'élément central de sa stratégie commerciale et il a investi dans la recherche et le développement. La compagnie VMAC compte 70 employés, dont 10 s'occupent de R&D.

Jim a réussi. VMAC a mis au point une technologie permettant de fabriquer un compresseur d'air plus léger, plus petit et plus puissant. Auparavant, ses clients devaient remorquer leur compresseur derrière leur camion. Le compresseur de VMAC peut tenir sous le capot d'une voiture.

On trouve des compresseurs VMAC dans des milliers de camions de par le monde. En fait, Jim n'a pas innové, mais il a apporté une modification dans un secteur et créé un marché international de plusieurs millions de dollars.

Quand on rencontre Jim, on ne voit pas un scientifique en sarrau blanc, mais un entrepreneur ambitieux qui guette les débouchés. On constate également qu'il a des compétences et un savoir-faire en gestion. C'est quelqu'un qui a pu obtenir un appui financier.

En observant Jim et d'autres entrepreneurs comme lui, on se rend compte que l'innovation ne surgit pas par accident. Elle est le fruit d'une décision consciente et déterminée. Ceux qui sont prospères sont ceux qui ont fait de l'innovation l'élément dominant de leur stratégie commerciale. En outre, le succès est encore plus probable quand l'innovation se fonde sur la connaissance des besoins des clients. Enfin, l'innovation exige des investissements en argent comme en compétences.

Il faut savoir avant tout que le concept d'innovation est vaste : il englobe des façons nouvelles — souvent progressives — d'améliorer des produits, des procédés, des services, des modèles commerciaux déjà existants. L'invention, c'est autre chose. C'est plus pointu comme notion — on parle ici de la découverte et de la mise en valeur, souvent par des sociétés de technologie, de produits et de services différents et nettement nouveaux à la suite de travaux de recherche et de développement. Il nous faut l'une et l'autre. Pas question de choix. Notre tâche est d'accorder plus d'attention à l'innovation, tout en continuant d'appuyer aussi l'invention.

[Français]

Comme vous le savez, le Canada n'a pas réussi à convertir ses investissements importants dans la recherche et le développement en un nombre aussi solide de grandes entreprises technologiques. Mais contrairement à une à ce qu'une grande majorité pense, ce n'est pas uniquement une question d'argent. De plus, contrairement à une autre croyance très répandue, la commercialisation n'est jamais aussi simple qu'on ne le pense ni aussi assurée.

Jérôme Nycz, ici présent, a récemment supervisé une analyse exhaustive de l'industrie du capital de risque au Canada, des exemplaires sont à votre disposition. Les conclusions ne sont pas réjouissantes. Cette industrie est entravée par une série de difficultés structurelles profondes beaucoup plus que par des fluctuations normales du marché. Le manque d'investissement de capital de risque, malgré leur importance évidente, n'est pas uniquement le problème principal.

En fait, plusieurs enjeux sont en cause. Le Canada dispose de trop peu d'entrepreneurs et de financiers susceptibles de fournir des capitaux et des conseils. Le pays compte également un nombre insuffisant de fonds de capital de risque, de taille adéquate, et gérés par des professionnels expérimentés et connectés avec le monde.

Enfin, trop de capitaux sont alloués à des fonds, qui affichent des rendements moyens ou médiocres, au détriment des fonds les plus performants. Dans l'ensemble, l'industrie est prisonnière, dans le fond, d'un cercle vicieux : faible rendement, investissements en baisse, syndicat financier parfois non fonctionnel et en conséquence, réticence des investisseurs institutionnels à placer des capitaux dans cette catégorie d'actifs.

Pour inverser cette tendance, nous devons restaurer la confiance des investisseurs dans cette catégorie d'actifs en faisant en sorte que l'industrie retrouve sa rentabilité. Le changement le plus susceptible de contribuer à une meilleure performance sera l'émergence d'un plus grand nombre de fonds ayant la taille et les compétences appropriées.

À la Banque de développement du Canada, nous allons soutenir cet objectif par l'exécution d'une stratégie que nous serons heureux de partager plus en détails si vous le souhaitez.

[Traduction]

S'agissant plus particulièrement de la commercialisation, nous pensons qu'il est important de rappeler le rôle absolument essentiel que jouent les entrepreneurs. Ce sont eux qui courent des risques en transformant des idées en produits utiles recherchés par les consommateurs. Si les entrepreneurs échouent, il n'y a pas de croissance économique.

Nos entretiens avec les entrepreneurs nous ont appris qu'il est important de faire la distinction entre les investissements qui poussent les technologies et ceux qui les tirent. « Pousser » signifie commercialiser les technologies nées de la curiosité et de la recherche dans l'espoir que quelqu'un les achète. « Tirer » veut dire commercialiser les technologies issues de la recherche appliquée et qui correspondent à ce que les consommateurs et les entreprises valorisent et recherchent. Nous devons tirer davantage.

Avant de conclure, permettez-moi de dire que le capital de risque englobe plus que le financement d'une entreprise. Souvent, les entrepreneurs ont beaucoup de difficulté à obtenir du financement pour les nombreuses étapes qui doivent être franchies avant qu'un produit puisse être commercialisé — activités de recherche appliquée et développement, missions commerciales, ainsi de suite. De nombreuses institutions hésitent à financer des projets de ce genre parce qu'il est difficile d'en chiffrer la valeur. Chiffrer la valeur d'avoirs intangibles comme la propriété intellectuelle, les réseaux de distribution et l'établissement d'une marque relève encore de l'art plutôt que de la science.

Au Canada, nous portons beaucoup d'attention à la gestion des risques associés à la technologie — les risques liés au développement d'une technologie. Nos clients disent qu'ils aimeraient aussi avoir du soutien pour gérer les risques de marché, c'est-à-dire les risques posés par la commercialisation de la technologie. Quand nous nous penchons sur les échecs — et nous le faisons à la BDC — et les réussites, nous constatons qu'il est également essentiel d'être capable de surmonter ce type de risque.

En conclusion, la BDC estime que nous avons, ici, une occasion en or de définir « l'innovation » de manière plus large, plus appropriée : il s'agit de toute démarche qui apporte un avantage à une entreprise, à ses intervenants et à la collectivité que ceux-ci desservent.

Nous pensons que les entrepreneurs comme Jim Hogan, par exemple, qui sont ambitieux, innovateurs et tournés vers les échanges internationaux, sont essentiels à l'édification d'une économie plus productive et plus concurrentielle. En deux mots : le Canada a besoin de plus d'entrepreneurs comme Jim.

Notre but est de les trouver, de les appuyer avec le financement et les conseils dont ils estiment avoir besoin, de les montrer en exemple.

Pour ce qui est de l'industrie du capital de risque, nous voulons faire plus pour améliorer le bilan du Canada au chapitre de la commercialisation et du soutien apporté aux entreprises rentables. La seule façon de le faire, toutefois, est d'appuyer les entrepreneurs qui s'efforcent de percer.

Je vous remercie de votre attention. Nous répondrons volontiers, M. Nycz et moi, à vos questions.

[Français]

Le président : Merci beaucoup, madame Métivier. Je peux dire, au nom des membres du comité, que votre mémoire est d'une valeur inestimable et il est très bien fait. Vous avez touché plusieurs problèmes qui vont sûrement soulever des questions de la part des membres. D'ailleurs, j'ai déjà une liste en voie de développement. J'aimerais vous poser une première question.

[Traduction]

Je pense connaître la réponse, d'une manière générale, tout comme la plupart des membres du comité. Toutefois, ici, à Ottawa, on entend beaucoup parler de la nécessité, pour le Canada, d'améliorer sa productivité. Apparemment, aucun parti politique n'a trouvé le moyen de faire de ce thème un enjeu accrocheur, si je peux m'exprimer ainsi, aux yeux des électeurs. Toutefois, nous nous entendons tous pour dire qu'il est essentiel, comme nous avons été amenés à le croire, que le Canada améliore sa productivité. Quel est le lien entre innovation et productivité?

Mme Métivier : C'est une très bonne question. En fait, c'est ce que nous tentons de déterminer depuis une dizaine d'années.

Quand nous parlons de productivité aux entrepreneurs, ils prennent un air absent, du moins la plupart du temps. Nous sommes obligés de changer d'approche et de leur expliquer essentiellement comment ils peuvent accroître leurs ventes. Ils doivent réfléchir, tout au long de ce processus, à la façon dont ils peuvent mondialiser leurs activités et pénétrer de nouveaux marchés. Ils doivent trouver des moyens d'élargir leur gamme de produits. L'innovation est liée à toute cette démarche.

Nous constatons que lorsqu'on déploie des efforts en vue d'augmenter les ventes, on s'occupe en même temps de productivité. Lorsqu'on investit dans la technologie de l'information et des communications, ou peu importe, et qu'on arrive à la maîtriser, on est alors en mesure d'innover et d'envisager différents marchés. Ce n'est pas quelque chose que les entrepreneurs peuvent dissocier de leur plan d'activité. Les deux sont reliés.

Quand nous discutons avec un entrepreneur, nous ne parlons pas de productivité, mais plutôt de croissance, d'élargissement de la gamme de produits, de nouveaux services, de la pénétration de nouveaux marchés au Canada ou ailleurs. Il ya de fortes chances aussi que nous parlions de la façon dont ils peuvent s'améliorer, devenir plus efficaces. Voilà comment nous présentons les choses dans nos discussions.

Le sénateur Oliver : Merci de ce survol. C'était précisément cela, un survol. Vous nous avez donné très peu de détails, et c'est ce que je voudrais avoir.

Je ne suis pas nécessairement d'accord avec vous quand vous dites qu'il y a une différence entre innovation et invention. Je connais bien le cas de Jim Hogan. Supposons qu'un homme et une femme travaillent sur un projet dans leur garage depuis cinq ans, un projet qui consiste à améliorer quelque chose qui existe déjà, comme l'a fait M. Hogan. Selon vous, s'agit-il d'une invention ou d'une innovation? Je ne suis pas sûr de le savoir, si je me fie à ce que vous avez dit.

Il me semble qu'avant de pouvoir se doter d'un nouvelle politique publique, le Canada doit bien se documenter. J'espère que vous pouvez nous fournir une liste des études qui ont été menées à l'étranger, comme en Allemagne ou aux États-Unis par exemple, pour que nous puissions voir quels pays financent l'innovation, et comment ils procèdent. J'imagine que vous avez ces renseignements. Ils nous seraient utiles.

Il y a plusieurs personnes haut placées au Canada qui se sont penchées sur la question, y compris l'ancien greffier du Conseil privé, Kevin Lynch, qui, pendant des décennies, s'est intéressé à la commercialisation, à l'innovation, aux entreprises en démarrage. Il a commandé un certain nombre d'études gouvernementales. Malgré cela, le Canada n'a toujours pas de politique bien définie dans ce domaine.

J'aimerais savoir si vous avez effectué une étude sur ce qui se fait dans la Silicon Valley, en Californie, et sur la façon dont les travaux sont financés, car le système de capital risque semble bien meilleur là-bas qu'ici. Que devons-nous faire pour suivre leur exemple?

Mme Métivier : Je vous remercie de la question. Je vais répondre au premier volet de celle-ci. Je demanderai ensuite à M. Nycz de parler de la recherche et du programme en matière de capital-risque dans la Silicon Valley.

Vous avez fourni l'exemple d'une personne qui prend quelque chose d'existant et qui y ajoute de la valeur. Nous appelons cela de l'innovation. Une invention, c'est quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant. Pourquoi cette distinction? Parce que pour bien des gens, l'innovation demeure quelque chose d'inaccessible pour la plupart des entreprises. Nous avons, au Canada, un million de sociétés qui emploient des travailleurs, et un million d'entrepreneurs autonomes. Si nous arrivions à convaincre ces petites et moyennes entreprises au Canada, et elles sont un million, qu'elles peuvent innover et progresser, nous disposerions d'un levier qu'exploitent déjà d'autres pays. C'est ce que je dis. C'est pour cela que nous établissons une distinction entre les deux.

Parler seulement de l'inventeur dans son garage ne signifie pas grand-chose pour le million d'entreprises qui attendent à côté. C'est pourquoi nous établissons cette distinction. Quand nous parlons à nos entrepreneurs, nous disons que l'innovation est l'affaire de la BDC et l'affaire de tous.

Jérôme Nycz, vice-président exécutif intérimaire, Investissements et premier vice-président, Stratégie : Je vous fournirai volontiers les études qui pourraient appuyer votre travail sur l'innovation, et la liste des travaux de recherche qui ont servi de fondement à notre examen législatif et à notre étude sur le capital de risque. Je me ferai un plaisir de vous communiquer ces renseignements.

En ce qui concerne la Silicon Valley, nous avons, dans le cadre de notre étude sur le capital de risque, fait appel à des conseillers en Israël et aux États-Unis. Nous avons consulté Josh Lerner, de même que Réal Desrochers, du California State Teachers' Retirement System, le CalSTRS. Par ailleurs, nous avons dans le portefeuille de la BDC plus de 40 sociétés américaines qui investissent dans nos entités émettrices, si bien que l'interaction est constante.

Ce qu'apportent ces investisseurs, c'est un réseau d'entreprises d'attache. Comme l'indique un des documents qui vous a été distribué, il y a très peu d'entreprises d'attache au Canada : de grandes entreprises spécialisées dans la technologie qui concluent des alliances avec de petites sociétés de technologie émergentes. La croissance de ces sociétés passe par l'accès au client. Comme les entreprises d'attache sont moins nombreuses au Canada, l'accès est plus limité. Or, c'est cet accès qu'apportent les investisseurs américains.

Ils ont, en outre, beaucoup plus de ressources, ce qui fait qu'ils peuvent investir plus d'argent dans la société émergente et lui imprimer une croissance plus rapide. Ils investissent deux fois plus d'argent à l'étape de démarrage, et deux fois plus encore à l'étape ultérieure. La disponibilité de ressources considérables et l'existence d'un tel réseau semblent être la clef du succès de Silicon Valley.

Le sénateur Oliver : Comment faire pour créer des entreprises d'attache au Canada?

Mr. Nycz : C'est une excellente question. Il faut des capitaux pour appuyer les entreprises pendant de longues périodes. Je vais vous donner un exemple. Au début des années 2000, on pensait qu'on pouvait investir dans une entreprise, et c'était après l'éclatement de la bulle à la fin des années 90, et, après trois ou quatre ans, se départir des actions et récupérer le financement. Maintenant, l'âge moyen des sociétés qui font partie de notre portefeuille est de 7,5 ans. Or, il faut beaucoup d'argent pour soutenir une entreprise qui compte 50 employés et qui verse chaque année entre 1,2 million et 2 millions de dollars en salaires. Il faut avoir les reins solides pour assurer la croissance de l'entreprise, ne pas la vendre hâtivement à un partenaire stratégique ou lancer un premier appel public à l'épargne, un PAPE. Le document montre que les entreprises canadiennes qui lancent un PAPE sont deux fois plus petites que les entreprises de technologie américaines qui effectuent une telle transaction aux États-Unis. La valeur moyenne des PAPE lancés par des sociétés canadiennes était de 96 millions de dollars contre 124 millions de dollars pour des sociétés comparables aux États-Unis.

Nous n'avons pas suffisamment de capitaux pour appuyer les entreprises pendant de longues périodes et nous avons tendance à abandonner la partie trop tôt, de sorte que nous nous retrouvons avec une entreprise quelque peu orpheline sur le marché des actions.

Le sénateur Banks : Vous avez mentionné l'Allemagne comme exemple d'une réussite, parce qu'elle compte un grand nombre de sociétés relativement petites, mais puissantes à l'échelle internationale — ce sont essentiellement des entreprises familiales, si j'ai bien compris. Est-ce un hasard? Est-ce que cela fait partie de la culture germanique? Ou doit- on cela à un programme national?

Ma deuxième question est la suivante : on s'entend généralement pour dire que les banques canadiennes, comparativement aux banques d'autres pays, ont une aversion au risque. Or, pour une nouvelle entreprise comme celle que vient d'évoquer M. Nycz, la sous-capitalisation conduit tout droit à l'échec.

Est-ce vrai? Je parle des banques ordinaires, des banques à charte, je suppose. Devraient-elles prendre davantage de risques?

Enfin, en ce qui concerne les investissements qui tirent les technologies, d'après votre mise au point, est-ce que la commercialisation des innovations et des découvertes des universités canadiennes s'améliore?

Le sénateur Hervieux-Payette : Vous parlez des banques. Elles ont leur succursale d'investissement, celle de titres. La banque officielle, qui relève de la Loi sur les banques, fonctionne selon certaines règles, et la banque d'investissement, détenue par la grosse banque, constitue une entité distincte. Pourriez-vous préciser de laquelle vous parlez?

Nous avons permis qu'elles fonctionnent comme une unité. Nous ne nous attendons pas à ce qu'une banque traditionnelle aille très loin dans la gestion du risque. Ce serait plutôt à l'autre banque de le faire. Pourriez-vous nous éclairer pour les besoins précis du processus de décision dont nous parlons?

Le sénateur Banks : Je n'ai pas l'expertise voulue pour répondre à cette question. J'ai participé à quelques petites entreprises. Je parle de l'entrepreneur qui se présente à une succursale de la CIBC ou de la Banque royale et qui demande de l'aide pour concrétiser une idée à lui qu'il croit géniale.

Je pense que c'est à cette porte que frappent d'abord la plupart des petits entrepreneurs. On pourrait les diriger vers une société de capital risque, société peut-être détenue par une banque. Toutefois, je crois que la plupart des gens disent à leur directeur de banque qu'ils ont une idée et qu'ils ont besoin d'aide pour la réaliser. On se fait une certaine idée de la plupart des directeurs de banque au Canada. Je crois que c'est Mme Roosevelt qui a dit que ce qui comptait le plus n'était pas nécessairement ce qui se comptait le plus facilement. Il n'y a peut-être pas d'entrepôt de tuyaux à estimer. Vous avez parlé d'évaluer un bien incorporel, une idée ou une innovation. Si je parle de ces gens, c'est parce que j'étais de leur nombre et que je ne sais pas ce que font les autres. Je sais seulement que moi je m'adresserais à la CIBC, à la Banque royale ou à la BMO, par exemple, pour un prêt à mon entreprise.

Mme Métivier : Sénateur Banks, M. Nycz répondra à la question sur l'Allemagne. Je m'occuperai de la question sur l'aversion au risque financier. Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris la dernière question. Vous voulez savoir comment on peut améliorer l'effet de traction des investissements?

Le sénateur Banks : Tout dernièrement encore, les universités n'essayaient pas vraiment, je crois, de commercialiser leurs inventions. En fait, elles étaient moins intéressées dans leurs inventions qui avaient pour elles un potentiel commercial. Je crois que cela a changé et je me demande si c'est utile au sujet dont vous parlez?

M. Nycz : J'ai des choses à dire sur le cas allemand. Nous comprenons que c'est le résultat d'une stratégie. Beaucoup de ces entreprises familiales ont plus de 70 ans. Leur transmission à la génération suivante est très importante. Ces sociétés sont en outre gérées par des professionnels de l'extérieur; ce n'est pas toujours le fils ou la fille qui prend la direction; on préfère faire appel à des professionnels.

On mise délibérément sur l'amélioration continue, si bien qu'on investit dans la productivité, l'accroissement ou la mise en valeur, l'efficacité. Le service après-vente rapporte plus que la vente de l'équipement même, ce qui permet de créer des liens avec le client.

Mme Métivier a mentionné l'existence de 1 500 sociétés de taille moyenne qui sont en position dominante ou parmi les trois sociétés les plus importantes de leur créneau. Elles choisissent ce créneau et tissent des liens avec le client; elles créent des filiales à même de servir le client dans d'autres pays. Par exemple, pour les fours spécialisés pour cuisines professionnelles, elles détiennent 95 p. 100 du marché mondial.

Ce n'est peut-être pas Silicon Valley, mais c'est viable. Nous pouvons en tirer une leçon : pour appuyer les sociétés traditionnelles, nous devons y investir à long terme.

Le sénateur Banks : La stratégie dont vous avez parlé, est-elle du gouvernement allemand?

M. Nycz : C'est une bonne question. Nous avons rencontré notre homologue en Allemagne. La Banque de développement KfW Bankengruppe soutient fermement le financement des entreprises familiales. La réponse est donc oui.

Le président : C'est votre homologue en Allemagne?

M. Nycz : Oui. Il s'agit d'un groupe important.

Mme Métivier : Je vais répondre à la question sur l'institution financière.

Au Canada, en général, les institutions financières réussissent assez bien à limiter leur appétit pour le risque. Au sujet des biens incorporels, votre question est double. On peut lancer une entreprise, ce qui crée en soi un risque plus élevé, habituellement, car je dirais qu'elle n'a pas fait ses preuves. Dans ce cas donc, l'institution hésitera peut-être à la financer. Cela dépend de la nature de l'entreprise.

Pour une entreprise qui a fait ses preuves entre d'autres mains, c'est peut-être moins difficile. Cependant, une entreprise très nouvelle aura besoin d'un financement différent.

L'autre financement difficile est celui dont j'ai parlé, qui concerne un bien incorporel. Une entreprise établie qui veut pénétrer un nouveau marché, mais qui ne dispose pas d'un fonds de roulement suffisant pour financer son arrivée dans ce nouveau marché, la Chine, un autre pays ou même une autre région du Canada, en fait. Ce genre d'entreprise est également difficile à financer tout simplement parce qu'il faut se demander quelle valeur accorder à son plan d'affaires.

C'est essentiellement pour cette raison que, dans la plupart des pays qui ont des entreprises très innovatrices, des entités semblables à la BDC aident à les financer, par exemple le KfW Bankengruppe en Allemagne. Nous avons récemment fait une étude sur bon nombre des banques de développement au Canada pour voir comment elles finançaient leurs PME, surtout.

Il faut un équilibre avec l'apport de l'entrepreneur pour l'entreprise. Au bout du compte, il doit lui aussi prendre un risque. Il faut tenir compte de ce que les institutions financières peuvent faire pour le pays, car elles aussi ont des actionnaires à contenter, et leur appétit pour le risque dépend de l'environnement dans lequel elles évoluent. Par exemple, le Bureau du surintendant des institutions financières Canada, le BSIF, a des exigences à leur égard. Il faut se représenter tout cela comme un écosystème et se demander comment concilier tout cela.

À la dernière question, sur les universités — et je vais demander à M. Nycz d'ajouter ses commentaires si j'oublie quelque chose — je répondrais qu'elles s'efforcent réellement de trouver des façons de commercialiser certains produits de leur recherche. Cela dit, il faudrait sans doute renforcer la recherche appliquée au Canada. Nous faisons beaucoup de recherche aux toutes premières étapes du processus. Nous devons faire de la recherche appliquée pour voir si certains de ces concepts peuvent être transformés en produits de consommation. Sans acheteurs, il n'y a pas d'entreprise. C'est aussi simple que cela. Nous devons exercer plus de traction.

M. Nycz : La BDC a beaucoup d'expérience avec les universités; 40 p. 100 des sociétés constituant notre portefeuille sont issues de la recherche universitaire. Nous investissons considérablement au prédémarrage et au démarrage. Nous avons donc rencontré toutes les universités. Certains modèles fonctionnent bien. Bon nombre d'universités concèdent des licences plutôt que de créer des entreprises. Il y a là beaucoup d'excellentes possibilités de revenu.

Comme Mme Métivier l'a mentionné, le lien avec le client est essentiel. Pour mettre au point un produit qui aura du succès sur le marché et dynamisera rapidement les ventes, il est essentiel que le client final participe à la discussion dès le départ. C'est là que l'université peut travailler avec l'entrepreneur et les gens d'affaires afin d'adapter la recherche en cours aux besoins du client afin de réaliser des ventes beaucoup plus tôt au cours du processus.

Le sénateur Banks : Je vous remercie de votre indulgence, monsieur le président. J'ajoute une note plus légère aux propos de M. Nycz, sur les difficultés d'assurer un financement assez long. Une blague circulait auparavant au sujet des banques canadiennes : elles vous prêtent un parapluie, mais vous devez le leur rendre dès qu'il commence à pleuvoir.

Le sénateur Ringuette : J'ai trouvé votre exposé stimulant et je suis impatiente de voir l'orientation que nous prendrons à l'avenir.

Vous avez mentionné spécifiquement votre homologue en Allemagne et la façon dont les Allemands voient la croissance. Avez-vous d'autres exemples à nous proposer pour notre édification?

Mme Métivier : Oui, nous serions ravis de vous en donner toute une liste. Nous avons examiné environ 90 banques de développement dans le monde, certaines en Asie et en Europe, notamment OCO Global en France.

Le sénateur Ringuette : Je vous en saurais gré.

J'aimerais connaître les politiques et les programmes mis en place en Allemagne. Quel système a été mis en place pour soutenir l'investissement dans l'innovation, et qui l'assure?

Habituellement, les PME trouvent que le brevetage de l'innovation est extrêmement pesant. Il y a ensuite la commercialisation et le marketing. Nous n'avons pas encore mis en place de réseau adéquat pour nos innovateurs et nos entrepreneurs. Notre vision semble éclatée, et nous avons l'air d'essayer de coller les morceaux. Cependant, nous n'avons pas un apport constant d'expertise ou d'investisseurs. Il y a une marche à suivre dans tout cela, mais nous n'avons pas l'air d'avoir mis en place le bon réseau.

Je suis allée à Taïwan et j'ai été fort impressionnée par le réseau de soutien que le gouvernement et les gens d'affaires ont mis en place à toutes les étapes. C'est tout simplement impressionnant.

Mme Métivier : Si vous permettez, je voudrais vous dire que nous pourrions vous fournir un aperçu rapide de certaines des banques de développement dans le monde que nous avons examinées et de ce qu'elles offrent. Nous avons comparé la BDC à certaines d'entre elles. Nous voulions nous comparer et voir ce que nous devions faire au cours de la prochaine décennie pour continuer d'appuyer nos clients. Nous serions très heureux de partager avec vous nos connaissances au sujet des cinq ou six meilleures organisations dans le monde pour que vous puissiez comprendre ce qu'elles font. Nous pouvons vous aider à cet égard.

Ce que vous dites au sujet d'un réseau est tout à fait juste. Je vais vous parler de deux réseaux que la BDC est en train de mettre sur pied. L'un est pour le capital-risque, et j'ai demandé à M. Nycz de vous parler du réseau d'investisseurs providentiels et de ce que nous tentons de faire à cet égard. Je voudrais cependant d'abord vous parler du réseau des banques de développement.

Votre comité est au courant de l'examen de la loi qui préside à notre existence. Nous avons donc voulu comparer la BDC à ses homologues dans le reste du monde. L'exercice nous a beaucoup instruits sur nous-mêmes et nous a appris que nous pourrions faire certaines choses différemment. En cours de route, nous avons noué des liens avec bon nombre de banques de développement. Avec elles, nous tentons de créer un réseau que nous appelons l'Union de Montréal, afin d'aider les PME qui veulent s'établir ailleurs ou pénétrer dans un nouveau marché. C'est une autre façon de voir comment nous pouvons les aider.

Vous avez raison. Le réseau et les connaissances doivent pouvoir être transmis. Aujourd'hui, la technologie nous permet de faire des choses encore inimaginables il y a 10 ans. L'objectif de ces réseaux, notamment celui des banques de développement, est d'aider les petites entreprises qui veulent, par exemple, pénétrer un nouveau marché ailleurs dans le monde. Y a-t-il une banque de développement dans ce pays pour accompagner le client? La réponse est oui; dans certains pays cela existe déjà.

Voulez-vous parler un peu des investisseurs providentiels?

M. Nycz : Oui, merci. J'ai été heureux d'entendre le sénateur Ringuette mentionner le marketing, car l'objectif est de réaliser des ventes. S'il y a une science en croissance au Canada, c'est celle de la mercatique.

Nous avons au Québec une initiative avec le Massachusetts Institute of Technology, le MIT, pour aider les entreprises à faire passer leurs ventes de 5 à 20 millions de dollars en deux ou trois ans. Il s'agit de trouver un client et de mettre au point un produit qui répond à ses besoins.

Nous tentons de mettre l'accent sur la vente et le marketing afin de pouvoir former des entrepreneurs accomplis.

Pour ce qui est des investisseurs providentiels, le marché du capital-risque renaît un peu à cause du manque de financement dans l'écosystème. Bon nombre d'investisseurs providentiels se groupent et réunissent des fonds importants pour les entreprises de technologie. Nous avons engagé des pourparlers avec la First Angel Network Association dans le Canada Atlantique et nous avons investi 5 millions de dollars dans le fonds pour Real Ventures à Montréal. Son programme « Founderfuel » s'occupe de former des entrepreneurs et de les aider à accélérer le développement de leurs entreprises. Il investit de petits montants — 100 000, 200 000, 500 000 $ — pour mettre la technologie à l'essai. Il a entrepris un programme de formation pour aider les entrepreneurs à développer les compétences nécessaires à la croissance de leur entreprise.

Nous travaillons également avec plusieurs groupes de financement en prédémarrage en Ontario, avec Venture Alberta, Alberta Deal Generator and Angel Forum en Colombie-Britannique. Nous voulons les rejoindre. À la suite de l'examen stratégique, nous avons consacré à ce secteur une équipe de quatre personnes. Avec ces groupes, elle est mieux à même d'aider l'entrepreneur à développer son entreprise, à s'adresser à son groupe et à commencer à faire croître son entreprise.

C'est un outil extrêmement puissant. Nous tentons d'aider ces groupes à s'organiser, nous les finançons et nous finançons les entreprises avec lesquelles ils travaillent. C'est une collectivité très importante.

Le sénateur Ringuette : Je comprends, mais je voudrais revenir aux différents obstacles qui jalonnent les étapes de l'investissement, du brevetage, de la commercialisation et du marketing. Il faut avoir toute une série de compétences. Comme les Allemands le reconnaissent, une entreprise familiale n'a pas toute l'expertise interne nécessaire.

Quels politiques ou programmes ont-ils mis en place pour appuyer ces entreprises familiales aux différentes étapes nécessaires à la production de revenus?

Mme Métivier : Sénateur Ringuette, je propose de vous communiquer une réponse écrite, si cela vous convient.

Le sénateur Ringuette : Merci.

Le président : En réponse à l'une des observations de Mme Métivier, je ne peux m'empêcher de mentionner que, dans son rapport, le comité recommandait que la BDC soit en mesure de suivre ses clients.

Mme Métivier : Absolument.

Le président : Cela donnerait aux entrepreneurs canadiens deux possibilités de financement à l'étranger, par votre entremise ou par l'entremise de l'organisation équivalente dans un pays hôte.

Mme Métivier : Comme vous devez certainement vous en doutez, lorsqu'on arrive dans un pays sans avoir fait ses preuves et sans antécédents, il est plus difficile d'obtenir du financement.

Le sénateur Hervieux-Payette : Puis-je vous poser une question au sujet de votre rapport sur l'Allemagne?

Mme Métivier : Absolument.

Le sénateur Hervieux-Payette : Pourriez-vous inclure dans ce rapport le réseau mondial que les Allemands ont avec la chambre de commerce, laquelle est coordonnée avec le ministère des Affaires étrangères? C'est un organisme de financement mutuel qui a des antennes dans le reste du monde. Pour répondre aux besoins du marché, ils comptent plus ou moins sur un organisme de renseignement pour aider tous les gens d'affaires. Dans leurs déplacements, ils ont l'appui de la Chambre de commerce, qui fait cependant beaucoup de recherche sur les différents marchés où ils se trouvent.

Pour ma part, j'estime qu'aucun organisme hybride du secteur public, une société gouvernementale d'exportation, en fait, et du secteur privé ne joue ce rôle au Canada, et l'on sait qu'il n'est pas facultatif mais obligatoire de financer la chambre de commerce.

Mme Métivier : Nous allons tenter d'inclure cela dans notre étude. Merci.

Le sénateur Greene : Je vous remercie de votre exposé, qui était excellent.

J'ai deux questions qui n'ont pas vraiment de rapport l'une avec l'autre. Pouvez-vous me dire ce qui aurait pu arriver à votre avis à M. Hogan et à son innovation si vous n'aviez pas pu le financer? Faites-vous un suivi des gens et des idées que vous ne pouvez pas financer?

Mme Métivier : C'est une très bonne question. M. Hogan est client de la BDC depuis très longtemps. L'aurions-nous connu si nous ne l'avions pas financé? La réponse à cette question hypothétique est non. Son entreprise aurait-elle pu se développer de la même façon? Il serait présomptueux de ma part ou de la part de la BDC de penser que nous sommes la seule cause de sa réussite. Je ne le pense pas. M. Hogan a trop l'âme d'un entrepreneur, il est trop homme d'action. Il aurait sans doute trouvé une autre façon de lancer son projet.

Dans une certaine mesure, nous tentons de suivre les projets que nous ne finançons pas. Nous avons maintenant un système qui nous permet de recueillir de l'information, tout en reconnaissant qu'il est parfois impossible de connaître le sort de certaines entreprises en particulier. Ce suivi est difficile sur une longue période.

Le sénateur Greene : Je m'intéresse aux investissements qui poussent et à ceux qui tirent. Vous avez dit que vous préconisez ceux qui tirent. Je pense que je suis d'accord avec cela, mais il me semble que la plus grande partie d'Internet et de l'industrie informatique, à l'origine du moins, était plutôt du côté qui pousse. C'est là que se trouvent la vraie fortune et les agents de changement, et cetera. C'est là également où le risque est plus grand.

Mme Métivier : C'est pour cette raison que nous disons qu'il ne faut pas jouer sur un seul tableau, mais les deux.

Le sénateur Greene : Je comprends, mais il y a certainement plus de risques dans les investissements qui poussent. Je pense qu'il est plus facile de faire des investissements qui tirent, pour vous ou pour tout autre investisseur, parce que le résultat final est plus facile à visualiser et le risque, moins grand.

Plus j'y pense, plus il me semble qu'on devrait préconiser les investissements qui poussent plutôt que ceux qui tirent, car c'est vraiment là où le véritable changement est possible.

Mme Métivier : À mon avis, il faut les deux. Le risque est certainement élevé lorsqu'on mise uniquement sur quelques entreprises pour des innovations spectaculaires, qui changent la donne.

Pourquoi préconisons-nous les investissements qui tirent? Je vais revenir à la question du sénateur Oliver. Le Canada compte un million d'entreprises, des PME et quelques grandes entreprises. Elles doivent toutes être novatrices. Cependant, lorsqu'on tente d'innover, il faut également s'assurer qu'il y a un marché pour son innovation.

Comme vous le disiez, il y a de nombreuses entreprises de technologie qui ont été lancées parce qu'elles étaient proactives. Certaines ont fait faillite pour cette raison également, et elles ont été remplacées par la vague suivante qui est arrivée sur le marché et qui a utilisé en partie leurs idées. Cependant, elles sont en fait allées consulter le consommateur et le marché pour comprendre les besoins, et elles ont ensuite changé la donne. C'est de cette façon qu'elles ont réagi, si on regarde ce qui s'est passé.

Je ne sais pas si M. Nycz a quelque chose à dire au sujet de la proactivité et de la réactivité.

M. Nycz : Mme Métivier a raison lorsqu'elle dit qu'il s'agit de trouver un juste équilibre. Dans le cas de bon nombre des entreprises que nous finançons, elles ont besoin de 10 à 40 millions de dollars pour croître. Leur premier client est souvent aux États-Unis. Profound Medical Inc. est une entreprise qui s'occupe de mettre au point un traitement pour le cancer de la prostate par imagerie par résonance magnétique, IRM. Cette entreprise travaille avec le Cleveland Institute. La capacité de certaines de ces cliniques à mettre tôt à l'essai la technologie est très bonne pour nos entreprises. Si elles peuvent montrer de bons résultats à la suite d'essais cliniques, elles peuvent vendre partout aux États-Unis.

La raison pour laquelle nos entreprises ont souvent du succès aux États-Unis c'est que le marché est tout simplement plus important là-bas, et qu'elles peuvent générer une plus grande croissance. Cependant, il faut beaucoup de capitaux pour passer à la troisième étape d'un essai clinique; si c'est un échec, on y aura investi 50 millions de dollars.

Nous pouvons créer des entreprises comme celles-là, mais le marché canadien n'est pas assez important pour absorber ces nouvelles innovations et technologies. Elles doivent donc se tourner vers les marchés mondiaux pour générer de la croissance.

Si vous êtes curieux de savoir ce que font d'autres pays, les États-Unis seraient peut-être un bon exemple à examiner. Là-bas, 2,5 p. 100 des dépenses de R-D sont effectuées avec les PME de sorte que ce sont les ministères de la Défense et de la Santé qui font profiter les PME de ces budgets de R-D. Cela crée très tôt un partenariat entre le gouvernement et les petites entreprises et permet de partager le risque de la recherche. Ça semble avoir créé un bon développement pour les entreprises de technologie.

Le sénateur Kochhar : Je vous remercie de cet excellent exposé.

Vous avez donné l'exemple de M. Hogan et il était évident que vous alliez lui accorder un prêt puisque c'est un entrepreneur qui a du succès et vous connaissiez ses antécédents. Cependant, comme le sénateur Banks l'a dit, la plupart des innovations sont faites par une personne et la plupart du temps cette personne doit s'adresser à l'une des cinq banques avec lesquelles elle fait affaire. Si l'entrepreneur a des actifs, notamment une hypothèque sur une maison, de l'argent comptant, ou autres, il est facile d'obtenir un prêt. Si l'entrepreneur ne peut obtenir un prêt parce qu'il n'a rien pour le garantir, il va sans doute s'adresser à la BDC, la banque de dernier recours. Je sais que vous ne voulez pas qu'on vous appelle comme cela, mais c'est en fait ainsi que pensent les gens. S'ils ne peuvent pas obtenir un prêt quelque part, ils s'adressent à la BDC pour voir si cette dernière pourrait les aider.

Je dirais que 80 p. 100 de l'innovation au Canada ou dans tout autre pays vient des particuliers plutôt que des grandes entreprises.

Il est difficile d'évaluer la situation lorsqu'une personne vient vous voir avec une idée et tente de vous la vendre alors qu'elle n'a pas d'actifs et qu'elle a été rejetée par cinq grandes banques, et cetera. Je m'intéresse davantage au pourcentage. Disons que 100 p. 100 des gens qui ont été rejetés par les banques venaient vous voir pour obtenir un prêt, diriez-vous que vous accorderiez un prêt à 5 ou 10 p. 100 d'entre eux?

Mme Métivier : La première chose que j'aimerais clarifier, c'est que la BDC n'est pas un prêteur de dernier recours depuis 1995; la loi a été modifiée en 1995.

Le sénateur Kochhar : La façon dont les gens pensent n'a pas changé.

Mme Métivier : Je dirais que de nombreuses personnes comprennent que nous sommes actifs dans ce domaine. Nous prenons de plus grands risques comparativement aux institutions financières. Par exemple, nous offrons davantage de prêts de démarrage à la BDC que notre juste part. De nombreuses entreprises viennent nous voir pour démarrer — 25 p. 100. Soixante-quinze pour cent des transactions à la BDC sont effectuées avec de très petites entreprises, lesquelles comptent moins de 10 employés. Nombre de nos transactions sont effectuées avec de petites entreprises.

Conformément à la Loi sur la Banque de développement du Canada, nous devons respecter ce qui est exigé de nous. Nous demandons à l'entrepreneur d'avoir un intérêt direct dans l'entreprise qu'il veut démarrer et des attentes raisonnables de réussite. Ces attentes constituent un art et non pas une science. Nous devons examiner l'analyse de rentabilisation, le projet et la compétence de l'entrepreneur. L'entrepreneur doit pouvoir prouver qu'il peut démarrer cette entreprise et atteindre un certain niveau de succès.

Essentiellement, nous travaillons en collaboration avec les institutions financières partout au Canada, et nous tentons d'évaluer au meilleur de notre capacité s'il y a une chance raisonnable de succès pour l'entreprise. Voilà comment nous déterminons le financement accordé. Nous effectuons entre 8 000 et 9 000 transactions par année avec des PME au Canada. On parle ici de près de 3 milliards de dollars.

De temps en temps, nous devons refuser une transaction. Nous le faisons souvent parce que nous ne voyons pas une chance raisonnable de succès.

Le sénateur Kochhar : Avez-vous des statistiques quant au nombre d'entreprises avec qui vous refusez de faire affaire?

Mme Métivier : La majorité des demandes que nous examinons donne lieu à une certaine forme de financement, mais certaines sont refusées, oui. Le pourcentage d'approbation est élevé.

Le sénateur Gerstein : Je remercie les témoins d'être avec nous. Je tiens aussi à vous féliciter pour vos exposés liminaires. Ils ont été utiles.

Ma première question découle de la première phrase de votre dernier paragraphe, dans lequel vous dites que, pour l'industrie du capital de risque, vous voulez faire votre part pour améliorer le bilan du Canada pour ce qui est de la commercialisation et du soutien aux entreprises rentables.

Quand vous parlez de faire votre part, pouvez-vous nous dire ce que vous entendez plus précisément? D'un autre côté, avez-vous une opinion quant au rôle que doit jouer le gouvernement?

Deuxièmement, j'ai récemment lu un livre intitulé Start-Up Nation dans lequel j'ai appris, entre autres, qu'après les États-Unis, Israël est le pays avec le plus grand nombre d'inscriptions à la bourse NASDAQ. Selon vous, devrait-on examiner le modèle israélien?

Mme Métivier : Nous avons peut-être besoin d'une heure supplémentaire pour répondre à votre question, mais je vais demander à M. Nycz d'y répondre.

M. Nycz : Il s'agit d'une excellente question. Parmi nos conseillers, nous avions Yigal Erlich, un des fondateurs du modèle de l'industrie du capital de risque en Israël. Nous avons fait appel à lui à de nombreuses occasions. Il est venu à Montréal et nous lui avons demandé la meilleure façon de changer notre modèle d'affaires pour tenir compte des besoins du marché.

Israël connaît un énorme succès au sein de NASDAQ.

Comme vous le savez peut-être, la BDC est à la fois un investisseur direct et indirect. Nous avons investi dans 23 fonds au Canada, alors nous avons un bon aperçu de ce qui se passe dans le marché. L'un des derniers fonds dans lesquels nous avons investi est Vantage Capital, un fonds multimédia. Nous avons investi 150 millions de dollars avec d'anciens entrepreneurs de Electronic Arts. Nous avons le Tandem Expansion Fund, un fonds ciblant les entreprises aux étapes ultérieures de leur développement. Selon Josh Lerner, un fonds doit idéalement comprendre de 200 à 300 millions de dollars. Lorsque je parle d'avoir un portefeuille bien garni et de pouvoir soutenir une entreprise à plus long terme, je veux dire précisément que le succès semblait être favorisé quand on avait de 200 à 300 millions de dollars. Tandem est un fonds d'expansion qui cible les entreprises aux étapes ultérieures de leur développement. Son premier appel de souscriptions s'est élevé à 300 millions de dollars. Nous nous sommes également occupés de XPV Capital, un fonds dont la spécialité est l'eau, à Toronto.

Nous voyons pas mal tous les fonds qui tentent d'être formés. Notre rôle consiste à assurer le succès de leurs activités de collecte de fonds, avec d'autres partenaires, comme Teralys Capital Fund, au Québec, et le Fonds ontarien de capital-risque, en Ontario. Il s'agit de fonds importants. Dans le cadre de notre rôle indirect, nous jouons un rôle de « financement de fonds ».

Le sénateur Gerstein : Je ne savais pas que vous jouiez un rôle dans ce domaine. Quelle proportion de vos prêts vont directement aux entreprises individuelles, et quelle proportion est affectée au « financement de fonds »? Quelles sont les proportions de votre portefeuille?

M. Nycz : Dans le cadre de notre stratégie à venir, nous nous attendons à investir environ 130 millions de dollars. On parle d'à peu près 80 à 90 millions de dollars d'investissements directs; le reste étant des investissements indirects. Pour une année donnée, nous investissons indirectement de 20 à 50 millions de dollars. Actuellement, nous contribuons à cinq fonds qui sont en mode de financement. Il s'agit de la liste restreinte, car elle est plus longue. Nous investissons dans ces fonds.

Pour ce qui est de notre rôle d'investissement direct, lorsque le niveau d'activités d'investissement était de 4 milliards de dollars, le rôle que nous avions était moins grand. Nous avions un rôle important à jouer aux premières étapes. Maintenant, les activités d'investissement s'établissent à environ 1 milliard de dollars, alors vous pouvez calculer 80 millions, 100 millions ou 130 millions de dollars. Nous représentons environ 10 p. 100 du marché.

Dans le cadre de ces investissements, notre rôle consiste à favoriser la rentabilité avec l'entrepreneur et nos partenaires. Pour chaque dollar investi, nous obtenons un effet multiplicateur de 4,5 de la part des investisseurs externes. Ainsi, nous devons nous comporter convenablement au conseil. Nous devons apporter valeur et avoir net au conseil. À ce moment du cycle, nous devons souvent investir un peu plus d'argent parce que certains des investisseurs — nos co-investisseurs — manquent d'argent. Ils ne sont pas toujours en mesure de contribuer au deuxième tour. Parfois, on nous demande d'investir un peu plus d'argent au pro rata après notre investissement initial, afin que l'entreprise ait suffisamment d'argent pour exécuter la stratégie.

Nous jouons un rôle accru à cette étape du cycle parce qu'il y a moins d'argent à la table et qu'on nous demande d'investir davantage. Toutefois, traditionnellement, nous avons représenté environ 6 p. 100 du marché. Chaque dollar que nous investissons donne lieu à un investissement d'environ 4 $.

Pour ce qui est du rôle du gouvernement, il y a beaucoup de défis à relever sur le marché actuellement. Je crois que le marché favorise la création de grandes sociétés en commandite. Actuellement, les gouvernements fédéral et provinciaux travaillent bien ensemble. Il y a le Fonds ontarien de capital-risque en Ontario, Teralys au Québec et Renaissance en Colombie-Britannique. Il y a de nombreuses initiatives provinciales. Alors, grâce à la coordination d'initiatives fédérales et provinciales, on mise sur les dollars des uns et des autres dans le marché. Nous travaillons dans le but d'assurer le succès des entrepreneurs et d'ouvrir pour eux leurs portes à la clientèle. D-Wave est une entreprise de notre portefeuille. Quantum Computer vient de vendre son premier ordinateur quantique à Lockheed Martin aux États-Unis pour 20 millions de dollars. Cet ordinateur a une capacité de traitement incroyable. La question est de savoir s'il y a un marché au Canada pour ces ordinateurs. On pourrait voir si le système d'acquisitions du gouvernement pourrait favoriser le développement de certaines de ces entreprises de technologie en adoptant tôt ces technologies au moyen du système d'acquisitions, par exemple. Il s'agit d'un domaine où les États-Unis semblent faire bonne figure.

Le sénateur Dawson : Je pourrais ouvrir un tout nouveau monde sur la société numérique. Il y a un monde en développement où les jeunes âgés de 16 à 25 ans vivent dans un univers numérique, et nous ne sommes que des touristes de passage. Ils sont citoyens du monde numérique. Nous voyons le phénomène Facebook et la valeur de ces investissements. Ce qui nous ramène à la question suivante : que fait le gouvernement? Je crois que ça n'a rien à voir avec le gouvernement des 10 ou 15 dernières années. Le Canada avait l'habitude d'être bien en avance de la société numérique, avec le téléphone et le télégraphe, et nous faisions preuve d'innovation. Je vais faire de la publicité pour mon comité. Si vous consultez le site web planpouruncanadanumérique.ca, vous remarquerez que nous tirons maintenant de l'arrière dans la société et le monde numérique. Vous n'avez pas parlé du fait que de nouveaux types d'emplois seront créés dans cinq ans dont nous ne sommes pas au courant aujourd'hui. Si nous n'avons pas de plan numérique, si le gouvernement n'intervient pas pour augmenter la large bande et si nous continuons à débattre des enjeux du passé sur Internet, comment des banques comme la vôtre peuvent-elles faire preuve de planification innovatrice si elles n'y sont pas encouragées par un gouvernement qui dit avoir un plan pour un Canada numérique? Nous ne semblons pas avoir un plan, et il faut avoir ce genre d'orientation pour savoir qu'on a l'appui du gouvernement pour entrer dans la société numérique.

Mme Métivier : C'est une bonne question. Vous avez absolument raison; je n'ai pas parlé de cette question en particulier. Toutefois, ceci dit, j'en ai parlé lorsque vous avez posé votre première question sur la définition de la productivité. Je vais revenir à ce que la BDC tente de faire, parce que je ne peux pas répondre pour nos actionnaires, mais bien seulement pour la BDC.

Quand on examine les façons d'aider les entreprises à innover, à être davantage productives et à augmenter leurs ventes, il faut commencer par le début, c'est-à-dire par la hausse des ventes. Ensuite viennent l'innovation et l'augmentation de la productivité. C'est la façon pour l'entrepreneur de voir les choses. Vous avez raison : nous avons le lien vers les technologies de l'information et des communications. Ce domaine comprend le numérique.

Nous avons travaillé fort au cours de la dernière année pour comprendre ce dont les entrepreneurs ont besoin pour pouvoir investir davantage dans ces types de technologies. Nous avons découvert, au moyen de sondages, de recherches et de discussions avec nos entrepreneurs quelque chose de simple. Il y a de nombreux choix qui s'offrent à eux. Les entrepreneurs voient la technologie comme une dépense plutôt qu'un investissement; ils n'en voient pas nécessairement la valeur. De plus, il est difficile pour eux de choisir, parce qu'il y a de nombreux vendeurs. Nous avons préparé une stratégie en trois volets, et nous allons l'exécuter l'année prochaine conformément aux demandes de nos actionnaires.

Il faut d'abord sensibiliser l'entrepreneur moyen au fait que les technologies de l'information et des communications mènent à une augmentation des ventes, à une meilleure gestion et ainsi de suite. Je vais vous donner un exemple simple : si un entrepreneur achète une application pour faire le suivi du volume des ventes, ce qu'on appelle un logiciel de gestion des relations avec la clientèle, et qu'il entre tous ses clients et surveille leurs achats puis retourne les voir pour faire davantage de ventes, cette technologie peut l'aider à suivre la progression des ventes de façon plus productive.

Dès que les entrepreneurs maîtrisent cette technologie, ils peuvent commencer à penser à de nouveaux clients et à de nouvelles façons de développer l'entreprise et ainsi de suite. Je le sais, parce que c'est ce que nous avons nous-mêmes fait à la BDC. Nous voulons sensibiliser les entrepreneurs au fait que les technologies de l'information et des communications peuvent les aider à mieux gérer leur entreprise et à augmenter leurs ventes. Il s'agit de notre priorité. Nous travaillons actuellement à l'élaboration de cette stratégie de sensibilisation.

Deuxièmement, de nombreux entrepreneurs nous disent qu'ils ont deux ou trois besoins en matière de technologies de l'information et des communications, mais qu'ils ne savent pas comment choisir parmi les produits offerts sur le marché parce que leur complexité s'est accrue ces 10 dernières années. À une époque, on achetait une application, et il s'agissait de la norme sur le marché. Maintenant, je ne sais pas combien de dispositifs sont offerts sur le marché, ni combien d'applications.

C'est un domaine complexe, alors d'une perspective de consultation, nous pensons à des façons d'aider les entrepreneurs à choisir ce qui convient le mieux pour la taille de leur entreprise, parce qu'un système conçu pour une grande entreprise ne conviendra peut-être pas aux besoins d'une petite entreprise. Les entrepreneurs doivent aussi examiner la question du financement. Le rôle de la BDC en est un de consultation et de financement à la fois.

Troisièmement, nous avons dans notre portefeuille des entreprises des technologies de l'information et des communications, et nous nous tournons vers elles pour leur demander comment nous pouvons les aider à croître — pas seulement en nombre, mais sur le plan de la taille, parce que nous n'avons pas beaucoup de fournisseurs canadiens.

Quatrièmement, nombre de nos clients disent également qu'ils ne savent vers qui se tourner; ils nous demandent donc de leur fournir un peu d'information à cet égard.

Un des rôles de la BDC pourrait consister à intégrer les quantités massives d'information. Certains de nos clients nous disent que, pour faire affaire avec des petites entreprises, ils doivent regrouper leurs besoins, alors nous nous penchons aussi sur ce rôle.

Il s'agit d'une bonne question qui est en train d'obtenir rapidement de plus en plus d'attention, parce que l'un des leviers de la productivité est la technologie de l'information et celle des communications, de même que l'économie numérique.

Le sénateur Dawson : Je pourrais continuer, monsieur le président, mais je vais m'arrêter ici.

Le président : Je vous remercie de votre courtoisie.

Le sénateur Dawson : Je remarque qu'on lui a demandé de revenir à titre de membre régulier, mais vous ne m'avez pas demandé la même chose.

Le président : J'attendais de voir combien de temps vous alliez prendre, mais, puisque vous vous êtes limité à une question, nous vous accueillerons volontiers de nouveau.

Le sénateur Moore : Est-ce une prime offerte à la fin de la séance, selon le rendement?

Je remercie les témoins qui sont avec nous. Monsieur Nycz, je voulais vous parler des investisseurs providentiels que vous avez mentionnés dans votre mémoire. Je crois que vous en avez énuméré cinq : First Angel au Canada atlantique, un autre à Montréal et en Ontario, Venture Alberta et Angel Forum, je pense, en Colombie-Britannique. Combien d'organismes d'investisseurs providentiels y a-t-il au Canada?

Mr. Nycz : Vous les avez presque tous nommés. Il y a de nombreux investisseurs providentiels, mais il n'y a pas de réseau national. Il en existe un au sud de la frontière, mais ici, il y a surtout des réseaux régionaux. Les investissements providentiels sont locaux. La BDC participe à des discussions avec ces investisseurs, qui connaissent la collectivité, la région et les entreprises. Même s'il n'y a pas de réseau national, on peut couvrir énormément de terrain grâce à ces réseaux régionaux et locaux.

Le sénateur Moore : Dans le cadre de votre travail d'analyse des investissements nécessaires et des sources de fond, avez-vous déterminé le nombre total d'investisseurs providentiels au Canada et le montant des fonds qui pourraient être mis en commun?

Mr. Nycz : Je n'ai pas ces chiffres avec moi, mais je peux vous les obtenir.

Le sénateur Moore : Pourriez-vous fournir tout ce que vous avez au comité?

M. Nycz : Oui.

Le sénateur Moore : Ils ont donc des fonds disponibles; pouvons-nous savoir quelle proportion de ce montant est investie chaque année? Quel pourcentage est investi dans le marché? Il serait intéressant de savoir le taux de succès par rapport aux investissements.

Je ne sais pas où j'ai obtenu cette information; peut-être d'une étude précédente. Environ deux investissements sur dix sont profitables. Les statistiques sont de cet ordre. Peut-être pourriez-vous nous les donner lorsque vous nous fournirez l'autre information. Ce serait intéressant de connaître la raison. Les risques sont-ils très élevés? Pourquoi ces statistiques sont-elles si basses, le cas échéant, et comment pouvons-nous les améliorer? Comment pouvons-nous encourager davantage de personnes à faire ce genre d'investissement?

M. Nycz : Nous allons nous renseigner sur ces statistiques et vous en faire rapport. En ce qui a trait aux investisseurs providentiels, il y a le secteur de la technologie et les autres domaines, alors c'est assez large. Toutefois, nous pouvons vous faire rapport quant à ceux qui investissent dans la technologie.

Le sénateur Moore : Toute information que vous avez, dans un domaine ou l'autre, serait utile au comité.

Le président : Nos témoins ont convenu de comparaître pendant une heure, et nous avons déjà dépassé le temps prévu, alors, avec leur indulgence, je vais laisser la vice-présidente poser la dernière question.

[Français]

Le sénateur Hervieux-Payette : Prenons, par exemple, une situation où vous consacrez 10 p. 100 du capital de risque et que, demain matin, nos grandes banques faisaient la même chose dans le cadre de leurs fonctions de capital de risque. Mais d'abord, à votre avis, est-ce que nos grandes banques investissent à concurrence de 10 p. 100 dans les PME?

Nous avons parlé depuis le début des petites et des moyennes entreprises. Si on ne demande pas 50 millions de dollars aux filiales, qui sont impliquées au niveau du capital de risque, ils ne nous parlent pas. Premièrement, est-ce qu'ils sont actifs? Est-ce qu'ils pourraient faire plus? Est-ce que c'est parce qu'ils n'ont pas l'expertise? Ou est-ce parce qu'ils ne font pas assez d'argent?

Je pose la question parce qu'ils peuvent avoir des clients qui vont se ramasser chez vous, et s'ils se joignaient à vous, il me semble qu'on augmenterait de façon significative le pool d'argent qui pourrait être investi en capital de risque s'ils investissaient dans ce portefeuille 100 millions et 200 millions de dollars et plus, avec d'autres aussi quand il s'agit de gros investissements.

Est-ce que notre secteur est timide? Est-ce qu'ils n'ont pas l'expertise? Pourquoi est-ce qu'ils sont peu actifs auprès des PME au niveau du capital de risque?

Mme Métivier : Je vais tenter de répondre au meilleur de ma connaissance parce que le capital de risque, dans les institutions financières, il y en a eu par le passé et je ne suis pas certaine du statut actuel.

Je pense qu'en général, on pourrait tout simplement dire que le capital de risque, lorsqu'il n'est pas rentable, n'entre pas évidemment dans les intérêts de l'institution financière. Parce qu'en bout de ligne, pour une institution financière, le but ultime est d'être rentable et de faire un retour sur équité pour ses actionnaires. Je sais qu'il y a quelques institutions financières qui sont encore actives dans le capital de risque, mais je ne serais pas en mesure de vous dire quelle est la proportion. Il faudrait faire un exercice de réflexion sur le sujet pour être capable de vous répondre adéquatement.

Le sénateur Hervieux-Payette : Concernant les fonds, est-ce que, à votre avis, ils ont accompagné dans certains fonds ou s'ils n'accompagnent pas dans les fonds?

M. Nycz : Certains fonds, comme BCF ou même Teralys, ont reçu des fonds de la Caisse de dépôt ou de certaines banques qui sont encore un peu actives, par l'entremise de fonds. Je pourrais vous revenir avec les statistiques de la contribution des institutions financières dans les fonds.

Le sénateur Hervieux-Payette : La section des banques qui fonctionne de façon autonome est au niveau du capital de risque. Ils ne sont pas assurés. Lorsqu'ils investissent des dizaines et des dizaines de millions de dollars, pour ne pas dire des centaines de millions de dollars, ils prennent des risques plus grands que s'ils investissaient avec les PME. Quelle est l'idée d'avoir les deux opérations sous le même chapeau, en fait? Parce que vous avez la banque qui est propriétaire de cette entité. On leur a donné ce rôle, mais ils ont abandonné une partie de la clientèle qu'ils ont du côté bancaire. La plupart de ces entreprises ne font pas affaires qu'avec vous en termes de banques, mais font aussi affaires avec une banque probablement de leur voisinage. Je peux comprendre ce que mon collègue a dit tantôt, à savoir que lorsqu'on arrive dans une succursale de la Banque Royale ou autre, le gérant n'est pas là pour se mettre à administrer du capital de risque. Il faut qu'il y ait une entité corporative qui se spécialise là-dedans. Nous allons donc poser la question aux banques lorsqu'elles comparaîtront.

Pourriez-vous nous dire qui fait l'analyse des besoins du marché international? Où est-ce qu'on trouve cela pour vos gens? Où se situe l'expertise pour l'analyse de risques face à cela? Si nos entrepreneurs de PME viennent vous voir pour un placement, sont-ils en mesure de connaître les besoins du marché international? Où vont-ils trouver les données étant donné qu'ils travaillent déjà 60 heures par semaine? Comment faites-vous l'analyse du risque que représente la nouvelle idée de votre entrepreneur? Et cela, autant sur le plan de l'innovation que sur le plan de nouveaux produits, d'inventions.

Le président : Et ce, si l'actif de votre client est surtout quelque chose de non tangible. Autrement dit, le savoir de ses employés; et le savoir des employés qui partent à 17 heures tous les jours. Où se situent donc votre garantie et votre protection?

Mme Métivier : La première question, si j'ai bien compris, c'est de savoir où trouver son information si on est un entrepreneur et qu'on veut, par exemple, accéder à un nouveau marché. Il y a évidemment de l'information disponible auprès du gouvernement canadien, entre autres. Il peut entrer en contact également avec des représentants des Affaires étrangères ou avec des gens de la BDC. Nous travaillons en collaboration avec d'autres institutions, que ce soit le ministère des Affaires étrangères ou EDC, ou d'autres banques de développement. Il y a une multiplicité d'informations. En bout de ligne, c'est de savoir quelle est la bonne information. C'est toujours le point principal. Tout cela pour vous dire que ce n'est pas toujours évident. Et des fois, l'entrepreneur va faire appel, entre autres, à des firmes de consultation ou va, elle-même, se déplacer pour aller voir ce qui se passe dans d'autres pays. Dans certains cas, comme par exemple dans les deux dernières années, on a tenté d'aider nos clients à se connecter sur le monde en général.

Si on regarde la façon dont on évalue le risque, il faut faire la part des choses. Au niveau du capital de risque, on évalue nos transactions un peu différemment de la façon dont on va le faire avec le finalement plus traditionnel. Je vais vous parler pendant quelques minutes du financement plus traditionnel, particulièrement au niveau des intangibles. Il y a quelques années, nous nous sommes penchés sur quel genre d'intangible amène une valeur à nos entreprises. Nous avons été en mesure d'identifier environ cinq ou six facteurs clés que nous avons inclus dans la formation de nos directeurs de compte. Il faut que ce soit simple avec un directeur de compte, parce que vous avez raison, la complexité du monde autour fait en sorte qu'il faut qu'un directeur de compte, à la Banque de développement du Canada, puisse s'asseoir avec un entrepreneur et qu'il soit capable de lui poser des questions sur sa planification, et savoir, pour le nouveau produit, combien de temps cela va prendre pour le développer, ce que cela va apporter comme ventes, et cetera.

À partir de cela, nous pourrons évaluer la force du projet. Si le projet s'échelonne pendant cinq ans ou six ans et que nous n'avons pas d'horizon, c'est plus difficile. Le risque est long et il ne s'agit pas là de financement traditionnel. Il s'agit davantage de se tourner vers de l'équité ou de la quasi équité. Du côté du capital de risque, la façon d'évaluer les dossiers est de le faire beaucoup plus en profondeur et cela demande une expertise à la fois interne et externe.

Entre autres, les gestionnaires en capital de risque vont faire souvent des études de marché pour comprendre la demande sur le marché pour telle technologie. Ils vont faire appel à des spécialistes pour évaluer des technologies. On parlait, entre autres, de technologies qui sont davantage push que pull. L'évaluation va durer beaucoup plus longtemps qu'une évaluation dans le financement traditionnel. En quelques jours, le financement traditionnel peut être clos, mais le dossier de capital du risque peut prendre des semaines avant que l'on puisse conclure la validité du projet étudié. Il y a une complexité très différente pour les deux cas et qui va amener l'entrepreneur à nous fournir différentes informations.

Si on demande une étude de marché sur le capital de risque, c'est un peu plus long. Si l'on veut une appréciation de la technologie, on demande à un spécialiste dans ce domaine d'évaluer la technologie pour nous. Si l'on demande à quelqu'un d'évaluer les capacités du management, une autre firme viendra nous aider à le faire. C'est plus structuré, la recherche est plus rigoureuse car le risque est plus grand.

Le sénateur Hervieux-Payette : Vous avez déposé un plan stratégique. Votre plan stratégique s'insère-t-il dans le plan stratégique du gouvernement canadien incluant d'autres agences gouvernementales comme Industrie Canada? Vous greffez-vous à cela? Votre plan stratégique est-il en fonction des autres institutions et des services? Êtes-vous rattachés à tous les autres organismes gouvernementaux qui doivent aller dans la même direction que vous ou être complémentaires?

Mme Métivier : Mon collègue a la responsabilité du plan corporatif. Je lui cède la parole.

M. Nycz : Nous avons le document de la révision législative, notre plan stratégique annuel et aussi l'étude sur le capital de risque sur le marché puisque l'impact est sur la BDC. Peut-être que vous pourriez préciser votre question.

Le sénateur Hervieux-Payette : Je parle de votre réflexion sur les projections d'avenir dans les 10 prochaines années. Cela s'insère-t-il dans le plan stratégique du gouvernement fédéral? Votre actionnaire est quand même le gouvernement fédéral. Le conseil d'administration a donné son approbation et après, vous allez sur le marché avec cela.

Est-ce que cela s'insérait dans un exercice global? Le gouvernement a mis tout l'effort pour obtenir tous les morceaux. Le sénateur Ringuette parlait tout à l'heure d'avoir toutes les étapes. Peut-être ne sont-elles pas toutes chez vous?

M. Nycz : Pour développer le plan stratégique de la BDC, nous consultons énormément notre actionnaire, nos clients, nos partenaires. Nous avons 29 000 clients. Nous engageons des discussions avec nos co-investisseurs pour être en mesure de faire des choix judicieux dans nos investissements. Nous avons des représentants des Affaires étrangères dans les bureaux de la BDC. Nous interagissons beaucoup avec Industrie Canada. Nous faisons des sondages et des études économiques. Nous travaillons beaucoup avec le Conference Board du Canada. Nous mandatons des études spécialisées avec les différents groupes de recherche. Nous nous inspirons beaucoup des besoins des entreprises, de la réalité du marché canadien et des besoins du gouvernement pour implanter certaines stratégies. ICT est un bon exemple. Comment pouvons-nous amener les PME canadiennes à adopter, de façon plus importante, les technologies de l'information? Nous faisons un plan stratégique avec l'équipe de haute gestion. Nous le présentons. Nous engageons les discussions avec le conseil d'administration. Ils nous font part de leurs vues et de leurs commentaires. Nous raffinons. Nous interagissons avec notre actionnaire, par l'entremise d'Industrie Canada, le ministère des Finance et nous soumettons le plan. Le plan est ouvert à des questions. Cet exercice est annuel et dès qu'il est terminé, nous le recommençons afin que nous puissions bien saisir les enjeux à la fois des entreprises, de l'économie canadienne et des actionnaires.

Le sénateur Hervieux-Payette : Puis-je en conclure que vous partez de la base et vous amenez cela en haut plutôt que l'inverse?

Mme Métivier : C'est un peu des deux. C'est un dialogue de pratiquement 12 mois chaque année. Chaque fois que nous en terminons un, nous entamons le prochain. Le dialogue est ouvert avec Industrie Canada, le ministère des finances et tous les collègues.

[Traduction]

Le président : Je remercie nos deux témoins aujourd'hui, qui ont été très utiles. La plupart des sénateurs ont indiqué à quel point ils étaient ravis de la clarté et de la profondeur des exposés. Ceux-ci ont soulevé pour nous de nombreuses questions. Vous nous avez fourni des réponses utiles. Nous vous remercions de bien vouloir nous faire parvenir les documents écrits demandés.

À ce moment-ci, je donne normalement aux collègues la date de la prochaine séance, mais, compte tenu des circonstances, qui sait?

Nous allons nous réunir de nouveau à un moment donné, c'est certain. À ce moment-là, j'espère que nous pourrons poursuivre, sur la lancée que nous ont donnée nos témoins, cette étude d'un sujet important : le financement des innovations au Canada. Nous vous remercions, vous et la BDC, de jouer un rôle de leader dans le domaine.

Nous avons appris à connaître la BDC, puisque nous avons déposé un rapport sur vos activités. Le rapport appuyait nombre des initiatives dont vous avez parlé. Nous avons été ravis de le faire.

Nous vous remercions encore une fois d'avoir été avec nous ce matin.

(La séance est levée.)


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