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Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule 18 - Témoignages du 17 février 2011


OTTAWA, le jeudi 17 février 2011

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 8 h 7, pour étudier l'état actuel et futur du secteur de l'énergie du Canada (y compris les énergies de remplacement).

Le sénateur W. David Angus (président) occupe le fauteuil.

[Translation]

Le président : Bonjour. La présente est une séance régulière du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Ce matin, nous poursuivons notre étude sur l'élaboration d'un cadre stratégique relatif à l'avenir du secteur de l'énergie.

Tout le monde semble s'entendre sur le fait que nous devons décider comment le Canada s'y prendra pour élaborer une stratégie à la lumière de l'énorme explosion démographique partout dans le monde, des problèmes liés aux changements climatiques et de la nécessité de mettre en place un système plus efficace pour des sources d'énergie plus durables.

Pour ce qui est de notre étude, nous sommes sur la bonne voie. Je crois que nous avons reçu des représentants de l'ACPP par le passé, et nous avons bien hâte de vous entendre aujourd'hui.

Nous avons commencé cette étude en juin 2009 et, en juin de l'an dernier, nous avons publié un rapport intérimaire intitulé Attention Canada! En route vers notre avenir énergétique. Vous savez que nous croyons avoir réussi à favoriser un dialogue sur ce thème important qu'est l'énergie.

J'aimerais présenter les sénateurs à qui vous vous adresserez et qui vous poseront des questions. Je m'appelle David Angus. Je représente la province du Québec et je suis le président du comité. M. Marc LeBlanc et Mme Sam Banks sont deux personnes-ressources de la Bibliothèque du Parlement qui nous aident beaucoup.

Ce matin, certains membres du comité sont remplacés par d'autres sénateurs. Le premier est le sénateur Mercer, de Halifax, en Nouvelle-Écosse, qui remplace ce matin le sénateur Peterson, de la Saskatchewan. Un autre très grand sénateur des Maritimes, le sénateur Robichaud, du Nouveau-Brunswick, est présent aujourd'hui. Le sénateur Massicotte, du Québec, est également parmi nous; notre greffière, Lynn Gordon, que vous connaissez sans doute déjà; le sénateur Neufeld, de la Colombie-Britannique; le sénateur Seidman, de Montréal, au Québec; le sénateur Dickson, de Halifax, en Nouvelle-Écosse, et le sénateur Brown, que vous connaissez sans doute très bien. Le sénateur Brown est le seul sénateur élu et il vient de la grande province de l'Alberta. Enfin, nous avons un autre visiteur ce matin, qui est l'un de nos tout nouveaux sénateurs. Ce matin, nous sommes heureux d'accueillir le sénateur Meredith, de l'Ontario.

Je suis très heureux de souhaiter la bienvenue à l'Association canadienne des producteurs pétroliers, aussi connue sous le nom de l'ACPP, qui participe à la séance d'aujourd'hui par téléconférence, de Calgary.

M. Dave Collyer a été nommé président de l'Association canadienne des producteurs pétroliers le 15 septembre 2008 après avoir agi à titre de président de Shell Canada. Dans le cadre de son poste actuel, M. Collyer est responsable de diriger les activités de l'ACPP dans les domaines de l'éducation, des communications et de la défense des politiques/ règlements au nom de ses membres, qui sont responsables de plus de 90 p. 100 de la production pétrolière en amont au Canada.

Dave Collyer, président, Association canadienne des producteurs pétroliers : Merci beaucoup, mesdames et messieurs, et monsieur le président. Nous sommes heureux de voir des visages familiers autour de la table, et nous avons très hâte de vous présenter certains des problèmes que nous considérons comme importants au Canada et d'en discuter avec vous. Nous connaissons votre étude, et j'aimerais pouvoir y contribuer de manière constructive, alors je suis heureux d'avoir l'occasion de vous parler ce matin.

Je vous remercie de nous avoir donné la possibilité de participer par vidéoconférence, ce qui nous aide beaucoup du point de vue de la flexibilité de nos horaires. Nous savons que nous avons votre attention pour quelques heures. Nous avons pensé faire une déclaration préliminaire à la fois pour vous faire part de notre perspective globale à l'égard de l'énergie au Canada et pour donner un aperçu de nos points de vue relatifs à deux composantes du secteur de l'énergie, à savoir le gaz naturel et le pétrole — les sables bitumineux prendront une place importante dans cet aperçu.

M. Huffaker parlera du gaz naturel, et M. Stringham parlera du pétrole. Je fournirai certains commentaires sommaires, puis, nous serons heureux d'engager un dialogue avec vous.

J'aimerais commencer en vous donnant notre perspective globale à l'égard de l'énergie. Il est important de replacer dans le contexte mondial toute discussion sur la filière énergétique canadienne. Nos discussions sur l'énergie au Canada doivent être fondées sur la dure réalité. Vous en avez un peu parlé dans votre déclaration préliminaire.

Je vais soulever trois points importants. Le premier est que la demande d'énergie mondiale continue de croître à un rythme rapide. De nombreuses études — dont certaines, j'en suis sûr, ont été examinées par le comité — donnent à penser que la demande d'énergie mondiale pourrait augmenter de 35 à 50 p. 100 au cours des 20 ou 25 prochaines années. Certaines études indiquent que la demande d'énergie doublera d'ici 2050, environ. En toute franchise, il est presque certain que la tendance reflétera ces prédictions.

Il y a deux facteurs clés qui influent sur cette tendance. Le premier est la croissance démographique, surtout dans le monde en développement; le deuxième est la prévision selon laquelle, dans de nombreux pays, le niveau de vie augmentera, ce qui reflète, à mon avis, une réalité émergente. La réalité, c'est que les gens s'attendront à un niveau de vie et, par conséquent, à une utilisation d'énergie qui ressemblent davantage à ce que nous voyons aujourd'hui dans les pays industrialisés. Cette attente mènera à une augmentation très importante de la demande d'énergie, ce qui a des répercussions considérables sur la manière dont nous répondons à cette demande.

Le deuxième point que j'aimerais souligner dans ce contexte global, c'est que, selon nous, toutes les formes d'énergie devront être exploitées de manière responsable partout dans le monde pour faire face à cette augmentation de la demande. Il est clair que les sources d'énergie renouvelable et d'autres formes d'énergie qui prennent de plus en plus d'importance en feront beaucoup pour satisfaire à cette demande d'énergie. Il est toutefois également très clair que les hydrocarbures — et plus particulièrement le gaz naturel et le pétrole — constitueront une partie importante du bouquet énergétique pendant encore longtemps.

Je crois que nous serions mieux servis collectivement si nous tenions une discussion sur la manière dont nous pouvons promouvoir, aussi bien au Canada qu'à l'échelle mondiale, toutes les formes de développement énergétique responsable, plutôt que d'essayer de déterminer, comme nous avons souvent tendance à le faire dans nos discussions, quelles formes d'énergie sont les meilleures. La dure réalité, c'est que, compte tenu de l'augmentation projetée de la demande d'énergie, toutes les formes d'énergie devront être développées de manière responsable. Je crois que c'est là-dessus que le Canada devrait mettre l'accent à l'avenir.

Troisièmement, dans le contexte global, à mesure que l'approvisionnement traditionnel en pétrole brut et en gaz naturel diminue, le rôle des sources non conventionnelles de gaz naturel et de pétrole brut deviendra de plus en plus important.

Cela nous amène au contexte canadien et à des observations très générales sur le Canada. Je crois que notre position est unique et que nous avons une occasion incroyablement positive de jouer, à l'avenir, un rôle clé, en répondant aux besoins mondiaux en approvisionnement d'énergie et, à coup sûr, aux besoins canadiens à cet égard.

À bien des égards, notre économie repose sur les ressources. Le Canada est un grand exportateur d'énergie, et je crois qu'il est très important que notre situation énergétique et ses répercussions sur les politiques du pays soient comprises. Nos assises économiques et notre dépendance à l'égard des ressources naturelles font de nous un pays industrialisé dont la situation est très unique. Cela a des répercussions sur les politiques que nous devons mettre en place, lesquelles se doivent de se distinguer nettement de celles d'un bon nombre d'autres pays industrialisés dont les politiques sont souvent comparées aux nôtres.

Nous croyons qu'il faut replacer l'énergie dans le contexte de ce qu'on appelle, en anglais, les « 3E » — à savoir la croissance économique, la sécurité et la fiabilité énergétiques, et le rendement environnemental et social. Selon nos sondages — et je serai heureux d'en parler plus en détail plus tard —, la plupart des Canadiens, quels que soient l'endroit où ils vivent ou leurs tendances politiques, voient l'industrie pétrolière et gazière à peu près de la même manière. Je pense que les Canadiens comprennent que cette industrie présente des avantages non seulement pour l'Alberta ou pour l'Ouest canadien, mais pour tout le pays.

Les Canadiens comprennent l'importance de la sécurité et de la fiabilité énergétiques. Je crois que cela s'applique aussi aux États-Unis — nous parlerons de ça un peu plus dans le contexte des sables bitumineux en particulier — et ils ont des attentes relatives à l'amélioration de notre rendement environnemental et social. Toutefois, je dirais que les Canadiens, pour la plupart, sont pragmatiques à cet égard. Ils veulent une preuve de notre rendement dans ce domaine. Ils veulent une assurance de l'engagement de l'industrie et des gouvernements à améliorer ce rendement environnemental et social, mais ils ne s'attendent pas à un remède miracle ou à ce que cela se fasse du jour au lendemain. Ils comprennent que cela prendra du temps. À mon avis, ce qui compte, c'est qu'il y ait une amélioration continue. À de nombreux égards, je crois que les points de vue de notre industrie et ceux de la plupart des Canadiens sont compatibles.

J'aimerais souligner que notre industrie met beaucoup l'accent sur deux facteurs clés qui, à notre avis, influent grandement sur notre réputation et sur notre permis d'exploitation social. Le premier est l'amélioration du rendement, et le deuxième, les communications. Nous croyons que ces deux facteurs sont extrêmement importants et qu'ils sont interreliés de manière inextricable.

Nous devons continuer d'améliorer notre rendement. Sinon, nos efforts en matière de communications ne veulent rien dire. En revanche, si nous améliorons notre rendement et que nous ne le faisons pas savoir à nos parties intéressées de manière efficace, il y aura des répercussions sur notre permis d'exploitation social et nous perdrons tous les avantages de l'amélioration de notre rendement. Par conséquent, nous croyons que ces deux facteurs sont extrêmement importants. Le contexte réglementaire et politique dans lequel nous exerçons nos activités a des effets importants sur cela.

Le président : Monsieur Collyer, pourriez-vous brièvement expliquer comment vous percevez ce « permis d'exploitation social » que vous avez mentionné trois fois?

M. Collyer : Cette notion est d'une importance fondamentale. Nous avons besoin de l'appui de nos parties intéressées pour faire ce que nous faisons. Nous devons interagir avec elles de manière efficace. Je crois que la notion de permis d'exploitation social est étroitement liée aux « 3E ». Nous devons démontrer que notre industrie crée des avantages économiques pour les Canadiens, et je crois que nous pouvons le faire. Nous générons des retombées économiques extrêmement importantes dans tout le pays : nos investissements dans le secteur privé sont les plus importants au Canada, et nos entreprises représentent 25 p. 100 de la valeur du TSX. Je crois qu'il s'agit de quelque chose que nos parties intéressées comprennent bien.

La sécurité et la fiabilité énergétiques sont d'une importance vitale pour notre qualité de vie et pour le bon fonctionnement de notre économie. Je pense que la plupart des Canadiens le comprennent.

Notre permis d'exploitation social dépend largement de notre rendement et de nos communications quotidiennes avec nos parties intéressées. Il s'agit d'un élément important de nos activités en tant qu'industrie. Si nous ne pouvons pas continuer de nous assurer le soutien de nos parties intéressées, et je crois que nous bénéficions d'un large soutien d'un bout à l'autre du pays — nos sondages donnent à penser que c'est le cas — notre capacité, en tant que Canadiens, d'engendrer des retombées économiques et de saisir l'occasion en or qui se présente à nous sera, dans une certaine mesure, réduite ou minée. Nous devons continuer de nous assurer le soutien, non seulement des personnes qui vivent près de nos exploitations pétrolières et gazières, mais de l'ensemble des Canadiens, ainsi que des décideurs et des influenceurs clés de notre pays, pour générer les avantages et les retombées positives que l'industrie peut, je crois, procurer au pays.

Le président : Merci de votre exposé, et j'espère que vous comprendrez pourquoi je suis intervenu. Je crois que votre organisation représente, parmi de nombreux autres producteurs pétroliers et gaziers, l'entreprise qui exploite la source d'énergie controversée qui se trouve dans la région de Fort McMurray. Par conséquent, je voulais que notre public, qui est grand — il ne se limite pas aux personnes qui sont dans cette pièce — comprend bien le contexte. Nous sommes sur le réseau CPAC, et sur le web, et nous avons notre propre site web. Compte tenu du deuxième facteur, à savoir la communication, le public doit bien comprendre tout cela.

Avant que vous ne continuiez, je voudrais vous présenter le sénateur Linda Frum, de l'Ontario, qui s'est jointe à nous et qui est à la droite du sénateur Massicotte.

Greg Stringham, vice-président, Marchés et sables bitumineux, Association canadienne des producteurs pétroliers : Bonjour. J'aimerais prendre quelques minutes pour vous parler du secteur pétrolier. Le pétrole est un produit de base mondial, et beaucoup d'événements mondiaux sont aujourd'hui liés, d'une manière ou d'une autre, au pétrole brut. Le Canada occupe une place très importante dans ce marché mondial.

Tout d'abord, il est important pour les Canadiens du point de vue de l'approvisionnement et en raison des retombées économiques qu'il génère. Toutefois, son importance est beaucoup plus large, et, en Amérique du Nord et partout dans le monde, il constitue une partie importante de la portion pétrolière du bouquet énergétique total dont M. Collyer a parlé.

Comme la plupart d'entre vous le savent déjà, aujourd'hui, au Canada, environ la moitié de notre pétrole vient de sources classiques, de l'Ouest canadien aux côtes des Maritimes, et l'autre moitié vient des sables bitumineux. Il s'agit d'un mélange de sources très diverses de tout le pays. En ce qui concerne l'avenir, les sables bitumineux sont, comme vous le savez bien, une grande richesse et une ressource potentielle que nous pourrons exploiter pendant très longtemps. Cependant, nous ne pourrons exploiter ce potentiel que dans l'optique du développement économique durable et de la protection de l'environnement. À mon avis, il s'agit véritablement de la clé de l'exploitation de cette richesse et de cette ressource naturelle canadienne qu'est le pétrole.

Lorsque j'examine les possibilités associées à cela, je constate qu'il s'agit de quelque chose qui va au-delà du rendement économique dans tout le pays. À l'avenir, cette source de pétrole continuera de prendre de l'importance à de nombreux égards. En particulier, je crois qu'il est important de souligner le rôle essentiel de la technologie dans ce domaine.

Récemment, le secteur du pétrole classique stagnait et commençait même à décliner un peu au Canada. Cependant, les nouvelles technologies ont fait en sorte qu'il est maintenant possible d'extraire du pétrole profondément enfoui. Il s'agit de pétrole qui était très difficile à extraire dans des endroits comme la Saskatchewan et le Manitoba, et qui était jusque-là inaccessible parce que la technologie n'était pas assez avancée. Même si la technologie peut nous donner accès à ces nouvelles ressources, il sera essentiel de continuer à assurer un bon rendement environnemental pour conserver le permis d'exploitation social dont nous avons discuté.

L'un des facteurs importants de ces activités est le fait que cette ressource de l'avenir que nous avons au Canada est reconnue partout dans le monde; elle attire l'attention de divers pays. Comme vous le savez bien, des entreprises européennes comme Total et Statoil ont investi dans cette ressource. Récemment, certains pays asiatiques, dont la Corée, la Chine et, tout récemment, la Thaïlande se sont montrés très intéressés.

Par conséquent, la richesse des ressources canadiennes, particulièrement sur le plan pétrolier, a attiré l'attention internationale. C'est pourquoi il est essentiel que nous soyons en mesure de garantir que les investissements, la création d'emplois et le rendement environnemental dans ce domaine respectent toujours les normes mondiales.

De ce point de vue, il y a trois possibilités ou défis que j'aimerais soulever. Le premier est clairement le rendement environnemental. En tant qu'industrie, nous savons que nous devons continuer d'améliorer notre rendement environnemental, particulièrement dans le domaine des sables bitumineux, qui attire l'attention internationale aussi bien sur le plan des investissements que du rendement environnemental.

L'industrie réduit continuellement ses émissions de gaz à effet de serre. Au cours des 20 dernières années, c'est-à-dire depuis le début de nos activités relatives aux sables bitumineux, nous avons réussi à réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 39 p. 100 par baril. La technologie y est pour beaucoup, mais cet exploit reflète également un engagement de la part de l'industrie à prolonger cette tendance à mesure que l'utilisation de cette ressource pétrolière s'accroît pour répondre aux besoins du Canada et d'autres pays.

La deuxième possibilité est celle de l'accès au marché. Le Canada est une nation exportatrice, et cela s'applique également à nos produits pétroliers. Nous répondons aux besoins canadiens, mais nous exportons également ce pétrole, principalement à notre voisin du Sud, les États-Unis. Nous croyons que des occasions d'exploiter cette situation se présenteront à mesure que d'autres pays fournisseurs de pétrole, comme le Mexique et le Venezuela, quitteront ce marché. Le Canada devra saisir cette occasion et combler le vide laissé dans le marché pétrolier.

Nous devons également garder un œil attentif sur les marchés émergents partout dans le monde. Comme les investissements asiatiques nous l'ont récemment montré, beaucoup de pays veulent discuter des occasions pour leurs marchés dans cette économie croissante, et cela va au-delà de l'Asie et s'applique également à des pays comme l'Inde, qui s'intéressent maintenant à nos ressources.

Le troisième domaine est la technologie. Comme je l'ai mentionné au début de mon exposé, la technologie et l'innovation ont été essentielles à l'exploitation de cette ressource. Il y a eu de nombreux efforts concertés relatifs à l'innovation technologique aussi bien au sein de l'industrie qu'entre le gouvernement et cette dernière. C'est là que le secteur de la haute technologie entre en jeu. Il permet un meilleur rendement environnemental, favorise la reprise économique et crée des perspectives d'emploi et des possibilités de perfectionnement professionnel dans tout le Canada.

On a mis au point beaucoup de technologies vertes ou propres en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans d'autres régions du pays. Ces technologies ont été utilisées dans l'exploitation de nos ressources pétrolières et elles jouent un rôle important dans la croissance continue du secteur pétrolier.

En conclusion, nous savons que les possibilités liées à l'exploitation du pétrole au Canada sont toujours nombreuses et qu'elles sont reconnues à l'échelle mondiale, mais nous savons également que nous devons, dans le cadre de nos activités d'exploitation, continuer de réduire notre empreinte écologique en ce qui concerne nos émissions atmosphériques, les répercussions sur les terres et la qualité de l'eau utilisée par l'industrie pour l'exploitation de cette ressource.

La transparence, l'ouverture et l'utilisation de technologies pour améliorer notre rendement environnemental sont des éléments qu'il faut continuer de favoriser pour accroître la confiance du public.

Tom Huffaker, vice-président, Politiques et environnement, Association canadienne des producteurs pétroliers : Aujourd'hui, lorsque nous parlons du secteur gazier en Amérique du Nord, nous avons tendance à évoquer la révolution du gaz de schiste, qui a profondément modifié le visage de l'approvisionnement et du marché. Pour replacer les choses dans leur contexte, j'aimerais souligner que, pas plus tard qu'au milieu de la dernière décennie, ici, en Amérique du Nord, nous parlions de la nécessité de mettre en œuvre jusqu'à 20 projets d'importation de gaz naturel liquéfié. Nous avons envisagé d'essayer de faire entrer le gaz russe en Amérique du Nord et nous avions des préoccupations concernant la hausse rapide des prix. La situation de nos réserves nord-américaines n'était pas bonne. C'était, à tout le moins, ce que nous pensions au sujet du gaz naturel. Projetons-nous maintenant à l'époque présente, et, bien sûr, nous reconnaissons maintenant que nos réserves commerciales sont énormes en Amérique du Nord. Si l'industrie a un défi à relever, c'est celui de la situation des prix. De nombreux pronostiqueurs croient que les prix se situeront autour de 4 à 6 $ et resteront peut-être au bas de cette échelle pendant encore un certain temps. Selon les évaluations faites par les États-Unis, les réserves commerciales de ce pays ont triplé au cours des cinq dernières années à la suite du développement du secteur du gaz de schiste, et le taux de croissance de la production a augmenté d'environ 16 p. 100. Près de 50 p. 100 de la production américaine est non conventionnelle, ce qui comprend beaucoup de choses, dont le gaz de schiste.

L'industrie canadienne renforce énormément ce nouveau contexte interne et externe. Comme vous le savez probablement, le Canada arrive, depuis longtemps, au troisième rang parmi les producteurs gaziers mondiaux. Notre industrie axée sur l'entreprise est extrêmement dynamique. Elle mise sur la technologie, le perfectionnement et l'adaptation. Nos membres et d'autres petits producteurs canadiens qui sont actifs dans ce contexte comprennent aussi bien de petites entreprises qui comptent une poignée d'employés travaillant avec des entrepreneurs que de grandes compagnies canadiennes qui sont des producteurs dominants non seulement au Canada, mais également aux États-Unis. Les super-majors mondiaux sont également présents ici. Notre production gazière en Alberta, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse est importante depuis longtemps; nous avons également une production à Saskatchewan et ailleurs, et nous allons bientôt étendre notre territoire au Québec et aux Maritimes.

Nous bénéficions d'un marché nord-américain bien intégré et d'un bon système de pipelines. J'ai mentionné que la production américaine a connu une hausse marquée au cours des cinq dernières années. En revanche, la production canadienne a diminué de 15 p. 100. Nos exportations, qui ont déjà représenté environ 18 p. 100 de l'approvisionnement américain, en représentent maintenant environ 14 p. 100.

Cependant, nos ressources de gaz de schiste sont aussi productives et abondantes que celles des États-Unis. Nous n'avons pas réussi à les exploiter autant que les États-Unis. Elles sont, bien sûr, plus éloignées des grands marchés, ce qui suppose des coûts. Toutefois, comme nos collègues de la Canadian Society for Unconventional Gas l'ont dit au comité, selon les estimations, les réserves canadiennes sont de deux à trois fois plus importantes que les réserves commerciales ne l'étaient en 1990, et ces chiffres sont probablement très conservateurs. À l'ACPP, nous prévoyons une remontée possible, qui ne sera pas brusque, mais qui provoquera un redressement total de la production canadienne d'ici 2011 ou 2012. Si on assiste à cette remontée et qu'elle influe sur les prix et sur les politiques, ce sera grâce à la production dans des endroits comme Horn River et Montney, en Colombie-Britannique. Nous prévoyons que la production dans ces bassins pourrait atteindre six milliards de pieds cubes par jour, ou plus, d'ici 2020. Pour mettre les choses dans leur contexte, permettez-moi de souligner que l'Amérique du Nord produit plus de 80 Gpi3 de gaz par jour. Par conséquent, si un bassin produit six Gpi3 par jour, c'est énorme.

Le prix actuel du gaz est un défi important. L'exploitation de certains bassins canadiens, en particulier ceux de Horn River et de Montney, pourrait s'avérer relativement peu onéreuse; mais de nombreux bassins canadiens sont parmi les plus chers à exploiter en Amérique du Nord, ce qui est un défi. Lorsqu'on ajoute à cela la distance entre nos ressources et les grands marchés nord-américains, et le fait que l'on commence à exploiter les ressources abondantes de gaz de schiste aux États-Unis, dans l'Est du pays, le défi à relever saute immédiatement aux yeux. Il s'agit de notre marché d'exportation traditionnel. Au fil du temps, nous ressentons le stress que nous cause cette situation et nous envisageons la possibilité de nous faire expulser non seulement de ce marché, mais également des marchés traditionnels de l'industrie canadienne dans le centre et dans l'Est du Canada par le gaz américain.

Une progression du marché s'impose pour relever le défi de la concurrence qui découle de cette ressource canadienne précieuse. Cette progression du marché laisse évidemment place aux politiques. Nous considérons l'industrie des poids lourds comme faisant partie de la réponse. Nous travaillons en étroite collaboration avec des groupes comme l'Alliance canadienne de véhicules au gaz naturel dans le cadre de projets comme l'initiative canadienne pour le gaz naturel. Nous avons parlé de ces projets avec certains sénateurs. Nous croyons qu'il s'agit d'une pièce importante du casse-tête. Nous considérons probablement les besoins de l'industrie des sables bitumineux comme la possibilité d'expansion la plus importante pour l'industrie. Je suis certain que nous reviendrons là-dessus plus tard. Grâce à ce qui a été mis en place dans le cadre des politiques canadiennes, nous croyons également que le secteur de la production d'énergie électrique pourrait permettre une croissance importante. À notre avis, l'application d'une norme Cogent pour le gaz naturel en vue du remplacement de l'électricité produite au charbon est une étape positive, mais le facteur le plus important, à long terme, sera la manière dont les États-Unis gèrent la transition d'une très grande dépendance au charbon à une plus grande dépendance au gaz naturel. Nous croyons également que les exportations de la côte Ouest joueront un rôle important.

Je vais mentionner quelques points relatifs aux politiques et certaines choses que le gouvernement fédéral pourrait faire et qui, à notre avis, seraient utiles. Le gouvernement pourrait profiter du rôle que peut jouer le gaz naturel dans la gestion des gaz à effet de serre et dans le domaine des changements climatiques en adoptant ce carburant qui produit moins de gaz à effet de serre. Le gouvernement pourrait créer le meilleur contexte de réglementation possible avec des normes environnementales strictes pour le transport et le développement de l'industrie gazière. Il pourrait prendre des mesures pour améliorer la situation fiscale et nous permettre de concurrencer les États-Unis parce que nous sommes d'avis que le contexte fiscal pour les investisseurs dans le secteur n'est pas aussi positif au Canada qu'il ne l'est aux États-Unis. Le gouvernement pourrait appuyer ces options en matière d'exportations à long terme.

M. Collyer : Je vais faire trois commentaires pour conclure notre exposé, puis je passerai aux questions.

Tout d'abord, comme M. Huffaker l'a laissé entendre, nous croyons que le gaz naturel devrait être un élément de base du futur bouquet énergétique au Canada. Il doit donc occuper une place plus importante dans les futures politiques énergétiques et dans les discussions sur la filière énergétique au Canada. Nous croyons fermement que les sables bitumineux sont un atout considérable pour le Canada et qu'il incombe à l'industrie, aux gouvernements et aux organismes de réglementation de garantir que cet atout est exploité de manière responsable, sur le plan aussi bien environnemental que social. Par ailleurs, nous reconnaissons qu'il y a toujours matière à amélioration en ce qui concerne le rendement de l'industrie, le contexte des politiques gouvernementales et notre système de règlements au Canada.

À mon avis, il faut commencer collectivement par prendre appui sur nos forces plutôt que sur nos faiblesses. Le rendement des secteurs pétrolier et gazier du Canada a toujours été bon. Nous avons la capacité collective de nous améliorer avec le temps, et c'est ce que notre industrie prévoit faire. Nous comprenons cela. Je crois que cela est également conforme aux attentes des Canadiens à l'égard de l'industrie pétrolière et gazière, des gouvernements et des organismes de réglementation.

Si nous pouvons faire tout cela, et je crois fermement que nous le pouvons, les hydrocarbures, aussi bien le gaz naturel que le pétrole brut, joueront encore longtemps un rôle important dans la filière énergétique du Canada, ce qui sera bénéfique pour les habitants de tout le pays, et pas seulement pour ceux des régions où il y a des activités de production.

Le sénateur Neufeld : Messieurs, je vous remercie de vos excellents exposés. Ils sont pertinents non seulement pour le comité, mais pour tous les Canadiens.

Vous avez dit que l'industrie pétrolière et gazière représente 25 p. 100 de la valeur du TSX. Pouvez-vous me dire quelle est sa valeur en dollars?

Seriez-vous d'accord avec moi pour dire qu'un grand nombre de personnes partout au Canada, quel que soit l'endroit où elles vivent, ont des parts dans ces entreprises, et dépendent de leur santé financière pour prendre leur retraite ou pour améliorer leur qualité de vie?

M. Collyer : Nous allons essayer de vous donner la valeur en dollars. Compte tenu de la variabilité du marché, j'hésite toujours à citer un chiffre exact, mais nous essaierons d'obtenir cette information pour vous.

En ce qui concerne vos commentaires selon lesquels de nombreuses personnes ont des intérêts dans l'industrie pétrolière et gazière, vous avez absolument raison. Il y a de nombreuses caisses de retraite, par exemple, dont le portefeuille comporte des investissements importants dans le secteur pétrolier et gazier.

Sénateur Neufeld, vous soulevez un point important parce que nous ne jetons pas assez souvent la lumière sur cet aspect de l'industrie. Nous parlons des avantages liés à l'emploi direct; il y a environ 500 000 personnes dans le pays qui travaillent directement ou indirectement pour le secteur pétrolier et gazier. Nous parlons des redevances et des impôts générés par le secteur pétrolier et gazier, mais nous ne parlons pas assez souvent de la mesure dans laquelle, au Canada, les particuliers ont investi dans ce secteur. Il s'agit d'un point important qui mérite plus d'attention.

Je vais essayer d'obtenir, pour le comité, la valeur totale des investissements dans le secteur pétrolier et gazier. Je n'ai pas cette information à portée de la main.

Le sénateur Neufeld : Vous avez dit que 500 000 personnes sont employées par le secteur pétrolier et gazier au Canada. D'aucuns croient que ces emplois ne sont occupés que par des Albertains, mais je vis en Colombie-Britannique et je sais que ce n'est pas vrai. Je sais combien de gens sont employés par ce secteur dans les trois provinces de l'Ouest, et un grand nombre d'entre eux viennent de Terre-Neuve-et-Labrador. Pouvez-vous décomposer ce nombre par région?

J'ai également l'impression que, pour ce qui est de la technologie, de la fabrication du matériel et d'autres choses du genre, l'Ontario joue un rôle très important. Cette composante de l'industrie crée un grand nombre d'emplois pour les habitants de l'Ontario, plus particulièrement dans le secteur manufacturier.

Ces chiffres m'intéressent, monsieur Collyer.

M. Collyer : Nous avons des données précises pour les sables bitumineux parce que nous avons fait beaucoup de travail pour comprendre la chaîne d'approvisionnement dans tout le Canada et aux États-Unis.

Vous avez raison de souligner que les emplois liés au secteur pétrolier et gazier ne se limitent pas à l'Alberta et à l'Ouest canadien, à deux égards. Tout d'abord, il y a de nombreux Canadiens, particulièrement de la région de l'Atlantique, qui se rendent dans l'Ouest canadien pour travailler à ces projets, que ce soit dans le cadre des opérations ou durant la phase de construction. Dans la chaîne d'approvisionnement, il y a, bien sûr, de nombreuses personnes en Ontario, au Québec et dans d'autres parties du pays qui occupent des emplois qui sont directement liés à la production de biens et à la prestation de services nécessaires à l'exploitation des sables bitumineux.

Je vais demander à M. Stringham de parler de la question précise que vous avez soulevée, à savoir l'emploi et la chaîne d'approvisionnement dans tout le pays.

M. Stringham : Le comité sait probablement que l'Institut canadien de recherche énergétique, qui est un groupe qui a son siège à l'Université de Calgary, a examiné cet aspect canadien du secteur pétrolier et gazier. Nous pouvons vous fournir l'étude complète. Il s'est penché sur les investissements dans les sables bitumineux au cours des 25 dernières années. L'étude montre que l'industrie contribuera à hauteur de 1,7 billion de dollars au produit intérieur brut du pays. Cela a été relié à l'emploi, domaine dans lequel l'industrie générera environ 11 millions d'années-personnes. Pour ce qui est des sables bitumineux, le nombre d'emplois directs, qui est d'environ 112 000 aujourd'hui, passera à environ 500 000, à mesure que le secteur se développera.

Les auteurs de l'étude ont ensuite décomposé ce nombre par région et l'ont réparti entre les diverses provinces. Bien sûr, c'est dans le domaine de la construction, en Alberta, qu'il y a le plus grand nombre d'emplois. En ce qui concerne le PIB, 55 milliards de dollars sont générés en Ontario; en Colombie-Britannique, ce montant équivaut à 45 milliards de dollars; au Québec, il est de 23 milliards de dollars. Je peux descendre jusqu'en bas de la liste. Il s'agit d'une source excellente pour voir comment ces sommes sont réparties.

Je peux vous raconter une anecdote, qui est probablement parmi les meilleures que j'aie jamais entendues. Canadian Natural Resources Limited a acheté un transporteur de manutention pour son projet Horizon, du Nouveau-Brunswick. On l'a construit au Nouveau-Brunswick, puis on l'a embarqué dans des véhicules et des trains, à bord desquels il a traversé le pays, et on l'a assemblé et mis en place à son arrivée. Cela s'ajoute à tous les véhicules, camions, pompes et soupapes fabriqués qui viennent du centre de l'Ontario et du Québec.

Le sénateur Neufeld : À mon avis, ce genre d'information est de bon augure pour l'industrie et pour nous tous, et nous devons la communiquer aux Canadiens. Je crois, comme vous, que nous allons utiliser les produits pétroliers pendant encore longtemps; la technologie ne fera que changer la manière dont nous les utilisons.

Ma prochaine question concerne la diversité des marchés. Je reconnais qu'il s'agit de quelque chose que nous devons faire. Nous ne pouvons plus continuer de dépendre d'un seul client, même s'il s'agit toujours d'un bon client. Toutefois, cela m'ennuie de croire que les États-Unis pourraient, dans 25 ans, importer seulement 1 p. 100 de leur gaz naturel, par rapport à 14 p. 100, aujourd'hui.

Je suis inquiet, surtout au sujet du gaz des bassins de Horn River et de Montney. La Chine a récemment investi 5,5 milliards de dollars dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique, ce qui, je crois, augure bien.

Il faut explorer d'autres marchés qui exigent un trafic de pétroliers. Le trafic de pétroliers sur la côte Ouest n'est pas chose nouvelle; depuis environ 40 ans, le trafic des pétroliers permet de transporter le pétrole de l'Alaska jusqu'au sud du 48e parallèle. Cependant, il y a des mouvements — je suis sûr que vous en avez entendu parler — de personnes, qui affirment vouloir faire cesser tout le trafic de pétroliers.

Cela fait plus de 50 ans que nous expédions du pétrole à partir du port de Vancouver — et, soit dit en passant, nous le faisons de manière très sécuritaire. Je crois que vous serez d'accord avec moi sur ce point. Je crois qu'il est essentiel que nous renseignions davantage les gens de tout le Canada de l'importance d'être capable d'expédier notre gaz naturel liquéfié. Il n'y a pas si longtemps, nous croyions devoir en importer et, maintenant, nous cherchons les moyens d'en expédier. Nous devons également discuter du transport de ce pétrole par un pipeline qui reliera Fort McMurray à Kitimat. C'est quelque chose d'important.

Il faut que les politiciens comprennent l'importance de cela pour l'emploi, et les revenus de placement et de retraite dans tout le Canada afin que nous puissions continuer de profiter du pays dont nous profitons.

Pouvez-vous clarifier cela et m'aider à expliquer comment votre industrie réagit à certains politiciens, ici à Ottawa, qui avancent l'idée d'éliminer tout le trafic de pétroliers sur la côte Ouest de la Colombie-Britannique, même si la côte Est importe tout son pétrole. Il y a un trafic de pétroliers sur la côte Est. Il vient du Venezuela, de la Norvège et du Moyen-Orient, et il assure un approvisionnement important en essence et en carburant diesel. Cependant, ces personnes croient que nous ne devrions pas avoir ce type de trafic sur la côte Ouest. Pouvez-vous me dire comment votre industrie abordera ce problème?

M. Collyer : J'aimerais tout d'abord souligner qu'il n'est jamais bon pour le producteur d'une marchandise ou d'un produit de dépendre d'un seul marché. J'appuie entièrement votre point selon lequel les États-Unis ont été un très bon marché et continueront de l'être pour le gaz naturel et le pétrole brut canadiens. Toutefois, l'industrie et le Canada ont intérêt à diversifier ces marchés pour toutes les raisons que vous avez décrites, comme les avantages économiques pour les Canadiens. Les agents de cette diversification des marchés ne sont pas les mêmes pour le gaz naturel et pour le pétrole brut. La diversification des marchés est toutefois toujours une bonne chose.

Compte tenu des nouvelles réserves de gaz naturel, plus particulièrement de gaz de schiste, aux États-Unis et de l'emplacement de nos réserves dans l'Ouest canadien par rapport aux marchés nord-américains, nous sommes dans une situation qui fait en sorte qu'il est de plus en plus important de miser sur d'autres marchés pour faire face à la situation de l'offre et de la demande dans l'Ouest canadien.

Je crois que le GNL est raisonnablement bien accepté en tant que produit d'exportation. Le projet Kitimat semble avancer; je pense qu'il est important qu'il le fasse. Si nous examinons le secteur du gaz naturel au fil du temps dans l'Ouest canadien, il est assez probable que nous chercherons à agrandir les installations d'exportation du GNL sur la côte Ouest. Il s'agit clairement d'une priorité importante pour notre industrie, et nous devons aller de l'avant.

En ce qui concerne le pétrole brut, je trouve ironique l'opposition au trafic de pétroliers de brut, puisque, comme vous l'avez souligné, il y a des pétroliers qui circulent partout dans le monde tous les jours. Nous croyons, comme d'autres, que ces déplacements peuvent se faire de manière sécuritaire. Il est important que l'on soutienne les politiques publiques favorables au trafic des pétroliers sur la côte Ouest.

Je pense qu'il est important que nous replacions les exportations de pétrole brut de la côte Ouest au marché asiatique dans le contexte le plus large des politiques publiques. Comme vous le savez bien, les gouvernements, aussi bien fédéral que provinciaux, essaient de plus en plus de créer des liens et des relations avec les pays asiatiques. Nos capacités sur le plan technologique, nos réserves et les investissements de plus en plus importants dans les sables bitumineux nous permettent d'exploiter ce marché potentiel et de mettre l'accent sur les exportations de pétrole brut à partir de la côte Ouest.

C'est important, mais il y a évidemment des gens qui s'y opposent. Cette opposition vient principalement de groupes environnementaux qui préféreraient que nous n'exploitions pas les sables bitumineux et des collectivités des Premières nations autochtones de la côte Ouest avec lesquelles ils ont tissé des liens.

À mon avis, il faudra une combinaison de soutien pour les politiques publiques et d'efforts concertés de la part de notre industrie, et des responsables des projets de pipelines et d'exportation en cours pour mobiliser de manière efficace les groupes autochtones, les collectivités locales, et cetera, en vue d'obtenir le soutien et le permis d'exploitation social dont j'ai parlé plus tôt.

Nous devons tous comprendre que cela peut être fait de manière sécuritaire. Cela fait extrêmement longtemps que les pétroliers de brut se déplacent, entrent dans les ports des deux côtes du Canada et en ressortent de manière sécuritaire. Il n'y a donc aucune raison de croire que cela ne continuera pas à l'avenir.

M. Stringham : Sénateur Neufeld, vous avez raison : il y a de nombreux produits pétroliers qui sont expédiés à partir de nos côtes Ouest et Est en ce moment-même. Par exemple, pour son accès aux mers, Terre-Neuve-et-Labrador dépend principalement des allers-retours de pétroliers, dans le port de Montréal et d'autres. Comme vous l'avez mentionné, depuis des décennies, on expédie du pétrole vers d'autres marchés en passant par le port de Vancouver.

Je veux toutefois souligner que les exportations ne se font pas uniquement vers les nouveaux marchés et les marchés asiatiques. L'an dernier, environ 80 000 à 100 000 barils quittaient le port de Vancouver chaque jour, et 90 p. 100 d'entre eux étaient destinés au marché californien.

Il s'agit d'un autre moyen d'intégrer des marchés qui acceptent des types de pétrole qui sont de moins en moins utilisés ailleurs dans le monde ou qui, en raison de leur situation géopolitique, dépendent du Canada en tant que pays ami et source fiable. Il y a déjà des produits pétroliers qui partent de Kitimat et y entrent régulièrement. Ce n'est pas chose nouvelle sur l'une ou l'autre de nos côtes, et nous croyons que cela peut être fait de manière sécuritaire.

Le sénateur Massicotte : Merci d'être venu ce matin. Vous connaissez évidemment beaucoup de choses sur l'énergie et vous en connaissez probablement beaucoup sur l'environnement.

Le monde fait face à un dilemme. Nous consommons énormément d'énergie, y compris des produits pétroliers. Nous en avons pris l'habitude. En fait, les pauvres qui vivent sur notre planète veulent, eux aussi, améliorer leur niveau de vie, ce qui explique les choses que l'on voit en Chine et dans d'autres pays émergents. Ils augmenteront également leur consommation d'énergie. Nous ne pouvons rien y faire. Nous ne sommes pas flexibles en ce qui concerne les coûts. Cependant, du point de vue planétaire, nous avons un grave problème environnemental.

Je voudrais votre opinion. Comment peut-on concilier ces deux réalités; comment peut-on y arriver? S'agit-il seulement d'un problème de consommation; en tant qu'industrie, je sais que vous prenez des mesures pour réduire votre empreinte, mais, en termes relatifs, ce n'est pas considérable. Du point de vue du consommateur, comment croyez-vous que les choses évolueront au cours des 20 prochaines années?

M. Collyer : J'ai quelques observations. Tout d'abord, je souligne que nos efforts ont été considérables. Prenons les statistiques dont M. Stringham vient de parler; à savoir, une réduction importante de 39 p. 100 dans les émissions par baril de 1990 à 2006. Au cours de la même période, la production a augmenté, alors les émissions découlant de l'exploitation des sables bitumineux ont augmenté. Toutefois, il s'agit d'une amélioration importante sur le plan du rendement, qui reflète ce que l'industrie peut accomplir.

Je souligne également que, au cours de la même période, les émissions découlant de l'exploitation du pétrole brut en aval ont diminué d'environ 11 p. 100 si on utilise une unité de mesure comparable. Par conséquent, au cours de la même période, l'industrie a réduit les émissions par baril d'une proportion quatre fois plus importante que ce qui a été accompli du côté des consommateurs.

En réponse à votre question plus générale sur le dilemme concernant la consommation d'énergie à l'avenir, nous croyons fermement que nous avons besoin d'approches qui touchent l'économie. L'industrie a un rôle à jouer; il n'y a aucun doute. Nous devons assumer la responsabilité du rôle que nous jouons dans la production d'énergie et dans les émissions de gaz à effet de serre. En revanche, nous devons admettre le fait que 80 p. 100 des émissions, si nous prenons l'exemple du pétrole brut, découlent de l'utilisation et non de la production de l'énergie.

Si nous voulons permettre les réductions des émissions de gaz à effet de serre auxquelles le pays s'est engagé et qui ont été établies en tant qu'objectif plus large à l'échelle internationale, nous devons changer la manière dont nous utilisons l'énergie dans toutes les sphères. À mon avis, cela ne veut pas nécessairement dire qu'il ne faut pas saisir les occasions de faire croître le secteur du pétrole brut et du gaz naturel au Canada. Nous devons avoir accès aux marchés d'exportation parce que c'est cela qui permettra le plus la croissance de ce secteur. Nous devons concentrer nos efforts. En toute franchise, les décideurs doivent affronter le problème de la consommation et trouver des moyens de changer la façon dont nous utilisons l'énergie. Cela est lié à la manière dont nous construisons nos immeubles et à la manière dont les gens se déplacent, puisque c'est dans le domaine du transport que l'utilisation du carburant est la plus importante. Il faut changer nos modes de vie et exercer une influence sur les gens. Il faut se prendre en mains.

Je crois qu'il faut informer les gens du fait qu'il y a des coûts associés aux changements dans la filière énergétique et qu'il s'agira, dans certains cas, de coûts en dollars. Dans d'autres cas, il s'agira de répercussions sur nos modes de vie et nos comportements. Nous devons comprendre cela et engager un dialogue ouvert et honnête.

Comme je l'ai mentionné plus tôt, cela ne veut pas nécessairement dire que le Canada ne devrait pas tirer avantage de ses ressources en gaz naturel et en pétrole brut. Toutefois, cela suppose que nous devons, en tant que producteurs, faire notre part pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons fait nos preuves dans ce domaine. Je crois que des technologies très prometteuses sont en train d'être mises au point au sein de notre industrie, et cela m'encourage et m'amène à dire que nous pouvons continuer sur la voie que nous avons suivie jusqu'à maintenant. Nous avons obtenu des réductions importantes des BIE, à savoir les barils d'intrants énergétiques, au cours des 20 dernières années. Je crois que cela continuera.

M. Stringham : Vous avez posé une très bonne question, sénateur. Les technologies qui sont mises au point dans notre pays font partie de la réponse, mais elles n'expliquent pas tout. Nous sommes les chefs de file dans de nombreux domaines. Nous pouvons exporter nos nouvelles technologies vers les pays en développement. Comme vous le savez, le Canada produit 2 p. 100 des gaz à effet de serre de la planète. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas faire notre part pour réduire les émissions, mais nous avons l'occasion d'exporter les technologies que nous mettons au point et que nous utilisons ici vers les pays en développement, qui les utiliseront pour faire progresser leur développement, réduire leurs émissions et faire une utilisation énergétique plus efficace, comme nous le faisons.

Dans le secteur des sables bitumineux en particulier, nous avons réussi à composer avec le problème des émissions de gaz à effet de serre principalement grâce à l'efficacité énergétique; c'est-à-dire que nous utilisons moins d'énergie pour extraire le pétrole. Ce faisant, nous pouvons réduire la quantité de vapeur et, par conséquent, d'eau, que nous utilisons pour réchauffer ce pétrole lourd et le rendre transportable. Les technologies nous permettront d'utiliser de l'eau moins chaude, et du propane et du butane plutôt que de l'eau, pour continuer de réduire notre utilisation énergétique et donc de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Nous pouvons exporter ces technologies à d'autres endroits du monde où il y a du pétrole lourd.

Le sénateur Massicotte : Plus tôt, vous avez dit que, au cours des 15 dernières années, vous avez amélioré l'efficacité dans la production de sables bitumineux d'environ 40 p. 100. Ces chiffres nous permettent-ils de croire que l'efficacité dans la production augmentera encore de 40 p. 100 au cours des 15 prochaines années?

M. Stringham : Cela dépend du développement technologique. Nous croyons que les technologies expérimentales actuelles peuvent poursuivre cette tendance. Certaines des nouvelles technologies innovatrices qui ne sont pas encore commercialisées permettront de réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre, car elles assureront la transition entre l'extraction par la chaleur et l'utilisation de propane et du butane. De cette manière, on n'a pas besoin de chaleur pour exploiter cette ressource, ce qui peut constituer une étape et un changement importants à cet égard.

Le sénateur Seidman : Je cite l'ACPP :

La mission de l'ACPP est d'améliorer le développement économique durable de l'industrie du pétrole en aval canadien de manière sécuritaire et responsable sur les plans environnemental et social [...]

Monsieur Stringham, dans votre exposé, vous avez dit que la technologie est indispensable à votre permis d'exploitation social. J'aimerais explorer cette notion davantage, particulièrement en ce qui concerne le déversement de pétrole qui a eu lieu lorsque la plate-forme Deepwater Horizon de BP a explosé, dans le golfe du Mexique. À la suite de cet accident, nous avons découvert qu'il y avait eu très peu de recherche et de développement dans le domaine des interventions d'urgence — particulièrement pour ce qui est de la technologie nécessaire pour intervenir dans ce genre de crises.

Vous avez parlé de la technologie. J'aimerais en savoir un peu plus sur tout changement, particulièrement dans le domaine de la technologie, qui a eu lieu et qui permettrait de gérer ce genre de crises ayant des répercussions graves sur l'environnement. Cela est lié au permis d'exploitation social et aux discussions que nous devons tenir avec toutes les parties intéressées et avec le public.

J'aimerais également que vous nous disiez tout ce que vous avez sur les recherches scientifiques menées par l'industrie sur les toxines potentielles et l'exposition à ces toxines dans l'air et dans l'eau. Nous entendons de plus en plus souvent parler de ces toxines dans des discussions sur le gaz de schiste, et cela a nui aux progrès dans ce domaine, particulièrement dans ma province, le Québec.

M. Stringham : La technologie est l'un des aspects du permis d'exploitation social. La transparence est également essentielle; il faut être ouvert et accessible pour que les gens aient confiance et pour qu'ils comprennent les faits nouveaux.

Je vais utiliser l'exemple des sables bitumineux, en particulier. Je reviendrai à votre question sur l'exploitation en haute mer. L'un des facteurs clés que nous avons constatés en ce qui concerne la technologie et la transparence relatives aux sables bitumineux, c'est l'importance de rendre disponibles les données nécessaires à toutes sortes d'expériences scientifiques, de recherches et d'analyses. La qualité de l'air dans la région de Fort McMurray en est un exemple. Par le passé, les gens se posaient des questions sur la qualité de l'air et sur les changements à cet égard au fil du temps. Il y a un groupe d'étude qui s'appelle la Wood Buffalo Environmental Association et qui comprend des représentants de l'industrie, des gouvernements, et de groupes environnementaux, ainsi que des leaders sociaux de la région. Ce groupe a fait des recherches et a déterminé les éléments importants pour comprendre la qualité de l'air. De plus, il a mis en place environ 15 stations de surveillance à distance de la qualité de l'air, dont les données peuvent être consultées n'importe quand sur Internet. Ces stations révèlent les tendances, et fournissent les données et une analyse de la qualité de l'air. Le groupe fait les recherches et détermine ce qu'il doit évaluer ainsi que les répercussions sur la qualité de l'air. Il fait cela en toute transparence pour permettre aux gens de consulter les résultats. Cette initiative a beaucoup amélioré la confiance au chapitre du permis d'exploitation social dont nous avons parlé.

La population de Fort McMurray et les collectivités des Premières nations environnantes ont un accès complet à ces données et peuvent faire part de leurs commentaires dans le cadre d'un dialogue avec la Wood Buffalo Environmental Association. Cela a aidé à renforcer la confiance de la population et à lui faire comprendre la situation. La technologie de cette surveillance à distance a eu une influence positive importante sur le permis d'exploitation social. C'est un exemple de ce qui peut être accompli grâce à la science et à la transparence. Est-ce que cela vous est d'un quelconque secours?

Le sénateur Seidman : Oui. Je suis heureuse d'entendre parler de cette initiative.

M. Stringham : Il s'agit d'un exemple de ce qui peut être fait dans le domaine de la surveillance des activités en haute mer. Nous croyons qu'il y a des normes et des exigences très élevées qui doivent être respectées avant qu'il n'y ait forage en haute mer au Canada. Nous pouvons bien sûr en apprendre beaucoup des incidents qui surviennent partout dans le monde. On doit évaluer à l'avance tout projet de développement avant que ses composantes soient mises en place, et il doit y avoir des plans d'intervention d'urgence avant le début des activités. L'évaluation du forage de puits se fait dans le cadre d'enquêtes et d'évaluations publiques.

M. Huffaker : Votre question, sénateur, concernait, à tout le moins en partie, les fluides de fracturation. Permettez-moi de faire quelques commentaires. La fracturation est utilisée de diverses manières depuis des décennies; des milliers de puits ont été fracturés en Amérique du Nord. Nous croyons que ce processus s'est révélé efficace et qu'il est très sécuritaire lorsqu'il est utilisé de la bonne manière. Il y a eu quelques cas où la technologie n'a pas été utilisée de la bonne manière, et ces cas ont causé des problèmes.

L'industrie et les organismes de réglementation partout au Canada accordent beaucoup d'importance à la sécurité des eaux souterraines. Nous prenons au sérieux les quantités d'eau utilisées et la sécurité des eaux souterraines. L'industrie envisage sérieusement d'abandonner l'utilisation de certains composés qui servent traditionnellement à la fracturation. Comme vous le savez, ces composés ont tendance à être formés de milliers d'éléments en plus de l'eau et du sable qui sont, la plupart du temps, utilisés dans la fracturation. Certains produits chimiques, même en petits volumes, sont préoccupants. Par ailleurs, l'industrie envisage de divulguer les composés utilisés. Ces deux initiatives sont en cours.

M. Collyer : Je ne sais pas si le comité est au courant du rapport rédigé par l'illustre et indépendant Groupe d'experts de la Société royale du Canada. Le rapport est intitulé Les impacts sur l'environnement et la santé de l'industrie des sables bitumineux du Canada. Il contient de l'information détaillée sur les répercussions sur l'environnement et la santé associées aux sables bitumineux. Le Groupe d'experts a proposé des pistes d'amélioration et a souligné qu'il existe un certain nombre d'idées fausses concernant les répercussions négatives des activités d'exploitation des sables bitumineux sur la santé et l'environnement. Il a démystifié de nombreuses croyances à cet égard. Il s'agit d'un exemple de domaine où la technologie a été appliquée pour garantir que l'on règle ces problèmes. Y a-t-il matière à amélioration? Bien sûr. Nous reconnaissons que des améliorations sont possibles.

L'industrie se mobilise pour collaborer dans le domaine de la technologie. Dans une industrie qui est compétitive par nature, nous en sommes venus à comprendre qu'il est absolument essentiel de se mobiliser autour de la question environnementale pour échanger nos connaissances sur la technologie, favoriser son développement et la déployer. Un certain nombre d'entreprises ont récemment fait une annonce sur leur collaboration dans le domaine de la réduction des résidus, ce qui réduira de manière considérable notre empreinte à la surface et la quantité d'eau utilisée dans l'exploitation des sables bitumineux. C'est un exemple de domaine où la collaboration sur le plan de la technologie a des répercussions importantes. C'est une amélioration progressive relativement aux résidus produits par l'industrie minière.

Le sénateur Seidman : Vous avez, sans aucun doute, beaucoup de choses à communiquer au sujet du type de recherches que vous faites — particulièrement en ce qui concerne la recherche scientifique. Le thème de la communication et de la manière de communiquer plus efficacement avec le public a été soulevé à de nombreuses reprises. Avez-vous examiné des moyens d'améliorer votre stratégie de communication pour nous rassurer en nous parlant des recherches que vous faites?

M. Collyer : Nous avons passé beaucoup de temps à réfléchir aux communications. Tout d'abord, je vais parler de nos activités dans ce domaine, puis je vais parler des tierces parties, qui ont également un rôle très important à jouer.

Le secteur des hydrocarbures a toute une gamme d'activités de communications. J'espère que vous avez vu nos publicités au sujet des sables bitumineux. Il s'agit d'un seul exemple, mais c'est un moyen pour nous de transmettre notre message sur notre rendement environnemental, en particulier. Vous remarquerez que, dans ces publicités, nous parlons de ce qui a été démontré et de ce qui a été réalisé sur le terrain, et les porte-parole dans ces publicités sont des gens qui travaillent dans ce domaine, ce qui, à notre avis, est également important.

Nous venons de publier le rapport Responsible Canadian Energy; celui-ci fait partie de ce rapport et porte particulièrement sur les sables bitumineux. Il y a également un rapport qui porte plus largement sur l'industrie dans son ensemble. Il rend compte de mesures de rendement, de pratiques exemplaires et de réussites, et il s'agit d'un autre moyen de communiquer notre message.

Nous utilisons de plus en plus les médias sociaux et d'autres outils qui gagnent en popularité. L'automne dernier, nous avons tenu une série de dialogues sur les sables bitumineux. Nous nous sommes rendus dans cinq villes du Canada et dans trois villes des États-Unis, et nous avons organisé des tables rondes sur nos activités relatives aux sables bitumineux avec des parties intéressées. Il s'est agi d'un dialogue ouvert qui visait à obtenir les perceptions et les points de vue des gens sur le rendement de l'industrie. Nous allons bientôt publier un rapport dans lequel nous présenterons un résumé de ces dialogues et de la réaction de l'industrie aux commentaires fournis.

Nous avons lancé un bon nombre d'initiatives, qui vont au-delà des exposés et de divers autres moyens de communication. Toutefois, je reconnais et je souligne bien sûr le défi auquel nous faisons face dans nos efforts déployés pour communiquer un message que les Canadiens comprendront au sujet d'un thème plutôt complexe. Je crois qu'il s'agit d'un défi qui touche également les gouvernements et que nous devons travailler de concert pour l'affronter.

Ce qui est également important pour notre industrie, c'est que des tierces parties parlent de certaines de ces questions. Je pense notamment au rapport de la Société royale, qui est une évaluation objective indépendante qui contribue grandement au dialogue sur les sables bitumineux. Ce rapport a permis de démystifier certaines croyances et il a soulevé des perspectives d'amélioration.

Il est important que les universitaires et les scientifiques indépendants, qui sont des tierces parties n'ayant aucun intérêt propre à cet égard et qui sont vus d'un bon œil et respectés par le public participent à cette discussion. Le public a besoin de transparence et il doit pouvoir croire, en toute confiance, que l'on travaille pour régler les problèmes et que les données sont présentées de manière honnête et objective.

Nous soutenons l'idée selon laquelle il doit y avoir plus de transparence et plus d'ouverture; je crois que nous devons tous appuyer cette idée. Nous allons faire notre possible pour communiquer le message, mais nous avons également besoin de tierces parties et du gouvernement.

Le président : J'aimerais ajouter quelque chose au sujet des communications sur les sables bitumineux. On m'a puni, en quelque sorte, en décembre 2009, en m'envoyant à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, à Copenhague. Nous, les Canadiens, avons été constamment assaillis de commentaires négatifs sur les sables bitumineux, et nous n'avions pas de défense à présenter. Il y avait un grand manque de communications, à l'époque. Le ministre, y compris moi-même et les autres membres de la délégation, avons été choqués. Chaque jour, le Canada remportait le « fossile du jour ». Il y a eu énormément de mauvaise presse non seulement au sujet de l'industrie, mais également au sujet du pays

J'ai remarqué une prise en charge importante de votre part, et non seulement du point de vue publicitaire. En réponse au sénateur Seidman, j'aimerais soulever le point suivant; vous dites qu'il faut réaliser des activités de communication pour que les Canadiens connaissent et apprécient ce moteur de l'économie. Toutefois, cela ne se limite pas qu'au Canada. Le comité a voyagé aux États-Unis, et le point de vue de presque tous les sénateurs et membres du Congrès que nous avons rencontrés était négatif et fondé sur de fausses croyances. Ils ne voulaient pas entendre parler de l'autre côté de la médaille. La montagne que nous devons grimper est donc extrêmement haute.

Il est reconnu que, dans les communications, si l'on part du mauvais pied et que l'on tombe dans un trou, il est très difficile d'en sortir. Il faut être proactif. J'espère que c'est ce qui se passera avec le gaz de schiste parce que nous sommes partis du mauvais pied au Québec, comme vous le savez.

C'est seulement un commentaire. Je porte encore les marques de Copenhague et je n'ai aucunement l'intention d'aller à Cancun.

M. Collyer : Je pense que nous vous comprenons bien. Nous reconnaissons que nous n'avons pas agi assez vite en ce qui concerne les sables bitumineux. Nous essayons d'être plus proactifs relativement au gaz de schiste et nous avons également des plans à cet égard. Il s'agit d'un effort concerté continu, et nous avons besoin de l'aide d'autres personnes qui ont des points de vue semblables.

Le sénateur Brown : Je suis préoccupé par les relations publiques. Depuis trois ans, je siège chaque semaine au caucus de l'Alberta, et il y a de nombreuses plaintes au sujet des députés et de ce qu'ils ont choisi d'entendre concernant les sables bitumineux. Je pense que vous avez accusé un retard d'environ deux ans en ce qui a trait aux programmes que vous avez maintenant en place. J'apprécie vraiment ces programmes parce qu'il a fallu beaucoup de pressions, et je crois que vous êtes en train de changer la donne.

Maintenant, votre plus gros défi est d'essayer d'informer les Américains — ou plutôt de leur faire faire marche arrière. Il y a également eu beaucoup de mauvaise presse aux États-Unis. De grands magazines ont, à mon avis, dénigré les sables bitumineux.

Vous avez maintenant de bons outils. J'ai remarqué les programmes qui ont été lancés. J'espère seulement que vous avez un plan concernant les États-Unis parce qu'il s'agit de notre client et de votre client le plus important.

Il y a un livre dont le titre est Ethical Oil et qui dresse un portrait assez fidèle des sables bitumineux. Ce qu'ils font et ne font pas. Il contient également beaucoup d'information émanant des gens qui veulent détruire l'industrie énergétique. Ils voudraient qu'on se passe entièrement du pétrole, du gaz naturel et de tout.

Dans le livre, on apprend qu'un bon nombre de ces personnes achètent des parts dans les entreprises qui exploitent les sables bitumineux et qu'ils utilisent ensuite l'argent gagné pour imposer leur vision des choses. C'est assez étonnant. Vous avez des ennemis importants.

J'espère que vous allez continuer d'essayer de joindre le public, aussi bien au Canada qu'aux États-Unis, parce que vous avez raison; la pollution canadienne ne représente que 2 p. 100 de la pollution créée à l'échelle mondiale. Nous n'avons pas à avoir honte. Nous devons combattre ce problème.

M. Collyer : Je pense que vos points sont appréciés, sénateur Brown. Nous avons accusé un retard; nous le reconnaissons. Nous sommes très déterminés à régler ce problème à long terme, et vous allez voir que nous allons continuer à mettre l'accent sur la communication au Canada, aux États-Unis et en Europe. Tous les trois sont importants.

En tant que Canadiens, nous devons comprendre que les sables bitumineux font partie d'un débat beaucoup plus large à l'échelle internationale sur les changements climatiques, les politiques à cet égard et l'utilisation des hydrocarbures. Nous pouvons influer sur ce débat dans une certaine mesure et nous devons exercer nos activités au sein de cette réalité.

Je crois qu'il est également important que nous reconnaissions que ceux qui s'opposent aux sables bitumineux le font non seulement dans un contexte qui est directement lié aux répercussions de ce type d'activités, mais dans un contexte plus large. Aux yeux de nos opposants, les sables bitumineux sont devenus un symbole dans les débats concernant les changements climatiques et au sein du mouvement de lutte contre la dépendance aux hydrocarbures. Les images associées aux sables bitumineux ont renforcé cette tendance.

Nous devons faire notre possible pour améliorer notre rendement. Nous devons communiquer notre message au sujet de ce que nous faisons et nous devons continuer de démontrer que nous agissons de manière responsable en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre. Il est extrêmement important que nous communiquions ces messages à toutes les parties concernées.

En ce qui concerne l'Est du Canada et les États-Unis, il est important que nous descendions jusqu'au bas de la chaîne d'approvisionnement pour démontrer plus directement les avantages économiques des sables bitumineux. Il s'agit d'un élément important de notre histoire et de nos communications, et de quelque chose qui rétablira l'équilibre au sein du dialogue.

La plupart des Canadiens comprennent le message des trois « 3E » dont nous avons parlé plus tôt. Si l'on prend les sables bitumineux dans un contexte plus large, on obtient un point de vue plus équilibré. De nombreux Américains retirent des avantages économiques directs des sables bitumineux. Toutefois, il est extrêmement important que nous communiquions ce message sur l'économie et les emplois, de même que sur notre rendement environnemental constamment responsable pour nous assurer le soutien des États-Unis. L'Europe représente un défi plus important, et nous devons reconnaître les sources de la pression à l'échelle internationale. Il est plus difficile de démontrer les avantages économiques et ceux liés à la sécurité énergétique dans un contexte européen. Par conséquent, il faut davantage mettre l'accent sur l'aspect environnemental.

M. Stringham : Sénateur Brown, vous avez raison de dire que les États-Unis sont un marché important, mais qu'ils sont un peu déconnectés. L'une des mesures que nous avons prises et dont nous nous servirons encore, ce sont les discussions avec des tierces parties, dont nous avons parlé plus tôt.

Nos entreprises nous ont donné le nom de puisque 1 000 entreprises des États-Unis. Je crois que l'on compte à l'heure actuelle, dans 45 États, des entreprises visées qui fournissent des biens et des services destinés à l'exploitation des sables bitumineux. Nous avons communiqué avec les responsables de ces entreprises, qui parlent de leurs activités et des retombées des sables bitumineux sur l'emploi. Nous utilisons cette méthode directe pour faire passer le message au public américain par la voix des personnes qui travaillent dans le domaine des sables bitumineux.

Le sénateur Meredith : Messieurs, merci des exposés que vous avez présentés aujourd'hui. Il est certain que j'en ai appris beaucoup au sujet de cette industrie. J'ai quelques questions concernant une stratégie nationale en matière d'énergie. D'autres gens ont comparu devant notre comité pour discuter du besoin d'élaborer un plan stratégique national pendant que nous planifions l'avenir du secteur de l'énergie du Canada.

Quel rôle le gouvernement devrait-il jouer? Qu'avez-vous fait pour collaborer avec les organismes gouvernementaux à la préparation d'une stratégie nationale? J'aimerais que vous me donniez tous trois vos commentaires, messieurs, s'il vous plaît.

M. Collyer : Nous sommes largement en faveur de l'idée d'une stratégie nationale en matière d'énergie. L'ACPP a noué des liens avec un grand nombre de groupes qui s'occupent de la stratégie en matière d'énergie. Vous avez peut-être entendu parler de l'Institut canadien de politique énergétique du Canada. Bruce Carson et David Emerson, entre autres, en font partie. Nous en faisons également partie. Nous collaborons à ce qu'on appelle le « groupe de réflexion », qui compte une douzaine de membres et cherche à faire avancer cette notion d'une stratégie en matière d'énergie.

Nous sommes encouragés par la façon dont les discussions se déroulent. Je crois qu'une stratégie en matière d'énergie permettra de replacer en bonne partie ces discussions dans un contexte plus général et de donner à chacune des décisions stratégiques un cadre plus large. C'est vraiment important. Il est également très important, malgré les enjeux sectoriels et les questions de compétence qui pourraient nous en empêcher, d'être solidaires en tant que Canadiens au moment de recueillir les bénéfices de nos industries de l'énergie.

Pour toutes ces raisons, je crois qu'une stratégie en matière d'énergie est une initiative importante. Je crois qu'il ne faut pas sous-estimer le défi que représente cette recherche d'une perspective commune sur des questions plutôt ardues. L'un des aspects formidables du Canada, c'est sa diversité, et un de ses plus grands défis, c'est sa diversité. Les intérêts des différentes régions du pays sont différents, et les modes de production et de consommation de l'énergie sont également différents.

Il est absolument essentiel de nous entendre sur la question de l'énergie, car c'est un aspect critique de l'avenir de notre pays. Quand nous nous serons entendus et que nous saurons concilier quelques-unes de nos différences internes, nous pourrons tirer profit des retombées économiques et assurer de manière responsable le développement énergétique. En même temps, nous pourrons beaucoup plus efficacement faire valoir nos intérêts en tant que pays, sur la scène internationale.

Je ne crois pas que ce serait constructif pour nous de participer à des réunions internationales pour y débattre de nos problèmes internes. Des choses comme cela sont arrivées à quelques reprises ces dernières années. Ce n'est pas une bonne chose pour le Canada et je ne crois pas que cela nous aiderait à faire valoir nos intérêts sur la scène internationale.

L'énergie est un formidable atout pour notre pays : elle est absolument essentielle à notre qualité de vie et elle contribue énormément à notre économie. Je crois qu'un enjeu aussi important que celui-là devrait mobiliser les gens et les convaincre de travailler de concert à l'établissement d'une orientation et d'une stratégie communes. Une telle stratégie fournira le cadre en fonction duquel nous allons prendre les décisions qu'il nous faut prendre pour faire avancer ce programme.

Nous sommes en faveur de la stratégie, mais nous envisageons également avec réalisme les défis que supposera l'élaboration d'une stratégie énergétique suffisamment détaillée ou explicite pour encadrer le processus décisionnel ultérieur.

M. Stringham : Nous avons également collaboré avec les gouvernements. Les ministres de l'Énergie des gouvernements fédéral et provinciaux se réunissent chaque année. Il est évident que la stratégie en matière d'énergie est à l'ordre du jour de leur prochaine réunion, qui aura lieu ici, en Alberta. Dans le cadre de cette réunion, ils se sont montrés intéressés à discuter de la mise en place des fondements de cette stratégie, ce qui est un élément clé. Cependant, l'un de ces fondements nous renvoie à une question précédente : dans quelle mesure les Canadiens sont-ils renseignés à propos de nos ressources énergétiques? Connaissent-ils nos ressources hydroélectriques? Savent-ils quelles ressources en haute mer sont exploitées? Savent-ils ce qu'est le gaz de schiste? Connaissent-ils nos autres sources d'énergie, d'énergie renouvelable ou d'énergie solaire?

Il est essentiel que le public comprenne ce que recouvre une stratégie énergétique, outre les aspects stratégiques dont M. Collyer a parlé.

M. Collyer : Il est important que les représentants de l'industrie et les autres intervenants participent à ce dialogue. Je ne crois pas qu'une stratégie nationale imposée par les échelons supérieurs soit un gage de réussite. Nous devons réunir des intervenants de tous les horizons. L'industrie et les entrepreneurs, de même que les gouvernements, ont un rôle à jouer.

Nous devons avoir une franche discussion au sujet de l'énergie au Canada. Une discussion sur la stratégie énergétique serait une bonne entrée en la matière. Il nous arrive trop souvent de passer tout de suite à des discussions ou à des observations au sujet de l'avenir qui ne sont pas étayées par des analyses et qui proposent un mode de mise en œuvre qui n'est pas réaliste. Nous devons montrer aux gens quels sont les coûts et les avantages de chaque option de façon qu'ils puissent prendre des décisions éclairées. Encore une fois, la stratégie énergétique est une façon de susciter de telles discussions.

Le sénateur Meredith : J'ai une autre question à vous poser. Monsieur Collyer, vous avez parlé des « 3E » — la valeur économique de l'énergie pour le Canada, la sécurité énergétique et l'environnement.

Je sais qu'Enbridge va bientôt lancer un grand projet qui empiète sur des territoires appartenant aux Autochtones. Pourriez-vous nous donner des éclaircissements à propos de ce projet et des mesures que vous allez prendre pour réduire ses répercussions sur l'environnement?

M. Collyer : Parlez-vous du projet Northern Gateway?

Le sénateur Meredith : Oui.

M. Collyer : Je ne peux pas vous donner de détails quant à ce projet particulier d'Enbridge, mais je peux vous expliquer comment nous assurons la participation des intervenants à ce type de projets.

Premièrement, la mise en œuvre de tels projets est soumise à un processus d'approbation et à des exigences réglementaires. Les exigences réglementaires dictent notre conduite à l'égard des enjeux environnementaux. Je ne veux pas vous donner l'impression que nous ne nous conformons qu'à des obligations en matière d'environnement, mais le Canada, à l'échelon provincial de même qu'à l'échelon fédéral, s'est doté d'un processus d'approbation réglementaire rigoureux et complet qui n'a rien à envier à ses concurrents des autres pays. Nous travaillons en fonction d'un cadre de réglementation robuste.

Pour tous ces projets, nous avons l'obligation de consulter les Premières nations et les collectivités autochtones et de tenir compte de leurs besoins. Il existe de nombreux exemples de projets dans le cadre desquels l'industrie de l'énergie a collaboré efficacement avec les Autochtones et avec les autres intervenants de manière à ce que les deux parties en retirent des bénéfices, que ce soit au chapitre du développement communautaire, de l'emploi ou des débouchés économiques.

Quel que soit le projet, et cela vaut pour le projet Northern Gateway d'Enbridge, notre approche consiste à travailler en fonction de la structure réglementaire, de faire participer les intervenants, de répondre à leurs préoccupations et de tenir compte de leurs intérêts pendant l'élaboration du projet. Cela aussi est une obligation réglementaire.

M. Huffaker : Nous devons tous nous efforcer de mieux faire connaître le système de réglementation. Trop souvent, les gens ont l'impression qu'il n'existe pas au Canada un système de réglementation solide; pourtant, le système du Canada est complexe et de calibre mondial, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Nous devons tous nous efforcer de diffuser efficacement ce message aux Canadiens et aux Américains.

Le sénateur Meredith : Ma dernière question concerne les GES. Monsieur Collyer, vous avez dit avoir réduit de 39 p. 100 le volume des émissions de GES. Quelles autres mesures allez-vous prendre pour réduire encore plus leurs répercussions sur l'environnement?

J'aimerais aussi que vous parliez des groupes environnementaux qui voudraient des normes plus sévères et que l'on applique les lignes directrices du gouvernement fédéral.

M. Collyer : Eh bien, j'aurai trois commentaires à faire. La technologie sera, à l'avenir, la clé de la réduction des gaz à effet de serre. Elle a permis jusqu'ici d'apporter de nombreuses améliorations, et elle permettra d'en apporter de nombreuses autres. Dans les débats, on parle surtout des sables bitumineux. Il est important de souligner que le volume de pétrole brut produit à partir des sables bitumineux est un peu plus élevé seulement, si l'on tient compte du cycle de vie complet, que le volume de brut d'autres sources produit aux États-Unis. Trois éléments semblent prometteurs en ce qui concerne la réduction future des émissions de gaz à effet de serre produites par l'exploitation des sables bitumineux. Le premier élément, c'est l'efficience énergétique constante et notre mode d'utilisation de l'énergie pour nos activités. C'est une question de bon sens. Nous sommes reconnus depuis longtemps pour nos améliorations, et nous continuerons de nous améliorer.

Le deuxième élément, c'est la capacité de captage et de stockage du carbone. Nous devons être réalistes quand il s'agit de la portée des applications de captage et de stockage du carbone, mais cette capacité s'applique dans le cadre de certains projets. Shell a mis en œuvre le projet Quest de captage et de stockage du carbone à l'usine de valorisation de Scotford, près d'Edmonton, qui démontre les possibilités en matière de captage et de stockage du carbone. Il y a également le projet exploité par Cenovus en Saskatchewan.

Le troisième élément, M. Stringham en a parlé un peu plus tôt. Je crois qu'il est très prometteur : 80 p. 100 des ressources contenues dans les sables bitumineux peuvent être récupérées in situ et mises en valeur sans que cela suppose une exploitation à ciel ouvert. Chaque amélioration des processus de récupération in situ entraîne une amélioration progressive au chapitre des émissions de gaz à effet de serre.

Nous devons chercher dans tous les secteurs de l'économie des moyens d'atteindre nos cibles en matière de réduction des gaz à effet de serre ainsi que des moyens d'assurer un équilibre approprié entre les divers intérêts économiques et les divers secteurs, dans le but d'atteindre ces cibles. Notre industrie s'est engagée à collaborer, mais il faut être réaliste : cela exigera un effort plus important de tous les secteurs de l'économie, et cela touchera tous les Canadiens. Nous devons nous regrouper autour de ces enjeux.

Une stratégie en matière d'énergie fournira un moyen de susciter ces discussions et de s'entendre sur la façon d'atteindre les cibles, sur les incidences économiques et sur les difficiles choix à faire en ce qui concerne la sécurité énergétique, par exemple en comparant le rendement environnemental, le développement économique et la sécurité énergétique. Nous ne pouvons pas avoir le beurre et l'argent du beurre; nous devons faire des choix à un moment ou à un autre.

Le président : On n'a cessé de nous dire que la source d'énergie la plus économique et la plus propre, c'était la conservation. C'est ce qui ressort de vos commentaires concernant l'efficience.

Le sénateur Dickson : Monsieur Collyer, c'est un plaisir de vous revoir. Vous êtes toujours le bienvenu sur la côte Est. Je suis sûr que le sénateur Robichaud et le sénateur Mercer seront d'accord pour dire que vous avez fait du bon travail sur la côte Est. C'est un plaisir de vous revoir ici ce matin, dans votre nouveau rôle de président.

Le sénateur Neufeld, qui est né en Colombie-Britannique, a évidemment souligné la grande richesse de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. Mes questions porteront sur la côte Est et sur notre voisin, le Québec.

Ma première question a trait aux nouvelles technologies. Seront-elles un atout pour l'exploitation en haute mer, le long de la côte Est? Existe-t-il de nouvelles technologies qui permettront aux ressources gazières inutilisées qui, on l'imagine, existent au large de la Nouvelle-Écosse? J'espère que ces ressources existent. Je vois que le sénateur Mercer sourit; elles sont mieux d'y être.

M. Collyer : Merci de vos commentaires. J'ai trouvé très agréable de travailler sur la côte Est et je suis heureux d'y revenir dans mon nouveau rôle.

La technologie sismique a fait d'énormes progrès au cours des dernières années. Nous maîtrisons de mieux en mieux la technologie de forage et de production en mer et nous sommes maintenant capables de réduire les coûts des petits projets d'exploitation. Il existe plusieurs technologies prometteuses s'appliquant à l'exploration souterraine et au forage horizontal de même que des technologies moins coûteuses s'appliquant aux puits; toutes ces technologies doivent viser l'efficience environnementale de façon à garantir que nos activités sont sûres et responsables sur le plan de l'environnement.

La question centrale, c'est de savoir si ces ressources existent. Le problème, en Nouvelle-Écosse, c'est que les cycles d'exploration dont nous avons étudié les résultats au cours des dernières années n'ont pas montré qu'il existait des ressources suffisamment importantes pour entraîner un développement économique. Il est clair qu'un certain nombre de petits projets sont possibles, près des champs existants. Nous sommes enthousiasmés par le déroulement du projet Deep Panuke. J'espère que nous aurons l'occasion de mettre en valeur une partie de ces autres ressources.

Il est important de signaler que tout cela suit habituellement un cycle. Pendant un certain temps, on s'occupe d'exploration. Si les résultats sont bons, c'est merveilleux, mais, dans le cas contraire, les gens abandonnent le projet, analysent les informations réunies et entreprennent un autre projet. J'espère que c'est ce qui arrivera sur la côte Est.

Le sénateur Dickson : Ma deuxième question concerne les marchés du Nord-Est, en particulier le marché de l'électricité. Comme vous le savez, Terre-Neuve-et-Labrador veut lancer deux nouveaux projets hydroélectriques, en deux étapes, sur le cours inférieur du fleuve Churchill. En Nouvelle-Écosse, on poursuit des travaux intéressants dans le domaine de l'énergie marémotrice, mais on n'aura des résultats que dans 20 ans. Le Nouveau-Brunswick s'y intéresse également.

Puisqu'il y a du gaz de schiste, existerait-il des débouchés dans le Nord-Est des États-Unis pour l'électricité excédentaire de la côte Est? Le Québec contrôle une partie des voies d'accès vers le Nord-Est des États-Unis. Que fera-t-on de l'électricité produite en excédent par les Maritimes, dans le marché actuel et dans le marché tel qu'il se présentera dans 20 ans?

M. Collyer : L'évolution de la situation relative au gaz naturel aura une grande incidence sur le secteur de la production d'électricité. Il n'y a pas si longtemps, le prix du gaz naturel était supérieur à 10 $ par millier de pieds cubes. De toute évidence, cela joue en faveur des solutions de rechange. Nous prévoyons que, dans le monde de demain, les prix du gaz naturel seront beaucoup plus faibles et beaucoup plus stables, et que les réserves resteront abondantes pendant encore longtemps. Cela changera la donne en ce qui concerne les concurrents des producteurs d'électricité du Canada. Cela créera un environnement économique très différent pour le marché de l'exportation du gaz naturel.

Je crois que l'exportation d'énergie, l'ouverture des frontières et la simplification du commerce avec les États-Unis sont des aspects sur lesquels tous les groupes d'intérêt du pays s'entendent. Nous devons considérer que c'est un des aspects à propos desquels nous devrions accorder nos flûtes. Les marchés d'exportation sont importants pour plusieurs provinces et plusieurs secteurs, et il est important de nous assurer d'avoir un accès concurrentiel à ces marchés et que nous pouvons être aussi concurrentiels que le marché nous le permet.

M. Huffaker : J'aimerais parler des sources d'énergie renouvelable que l'on trouve dans votre région; on ne sait pas encore clairement comment, à court terme, ces sources seront traitées ou considérées par les États-Unis. À long terme, il est clair qu'ils envisagent de définir des normes relativement à l'énergie hydroélectrique, à l'énergie marémotrice et à d'autres types d'énergie, ce qui débouchera sur une exploitation profitable de ce type de ressources.

Je sais qu'il y a eu quelques démêlés avec les États-Unis sur la question de l'énergie hydroélectrique. Toutefois, je crois que nous pouvons à long terme — et il est difficile de préciser ce terme —, nous pouvons nous attendre à ce que les États-Unis soient favorables à l'énergie tirée de ce type de ressources.

M. Collyer : Le principal problème du marché gazier de l'Amérique du Nord et, plus largement, du marché de la production d'électricité, c'est le sort qui sera réservé aux centrales alimentées au charbon des États-Unis. Nous avons au Canada une industrie de la production d'électricité propre qui peut, ou pourrait, être exportée. Nos réserves de gaz naturel sont de plus en plus facilement exploitables.

En outre, les décisions stratégiques que les États-Unis prendront en ce qui concerne leurs centrales alimentées au charbon auront des effets profonds sur le secteur du gaz naturel et de l'hydroélectricité du Canada. Notre gouvernement ne doit pas l'oublier lorsqu'il élaborera des politiques qui pourraient avoir une incidence sur le secteur énergétique des États-Unis. La décision stratégique touchant le sort des centrales alimentées au charbon des États-Unis constituera la décision charnière pour le marché nord-américain de l'énergie, dans un avenir rapproché.

Le sénateur Dickson : Ma prochaine question a trait à vos choix en ce qui concerne la taxe sur le carbone, le système de quotas et d'échanges et la réglementation. Avez-vous une opinion sur le sujet? Quelles sont vos préférences, si vous en avez?

M. Collyer : Nous estimons qu'il faut appliquer certains principes de base quand il est question de la politique canadienne sur le carbone. Nous nous dépêchons d'élaborer des mécanismes plutôt que de nous poser des questions fondamentales sur le type de structure stratégique que nous désirons mettre en place. Nous avons toujours dit ouvertement qu'il fallait aborder le développement des technologies et les politiques en cherchant à encourager les investissements dans la technologie parce que nous devons réduire le volume des émissions au sol au Canada. Nous devons élaborer les politiques en fonction d'une approche équilibrée. Nous devons tenir compte des politiques qui seront adoptées aux États-Unis, sans nécessairement les reprendre telles quelles. Il me semble sensé de se préoccuper de ce qui se passe dans son principal marché.

Je ne peux pas vous dire que nos membres sont unanimes quant à l'approche à préférer. Je dirais qu'en général les gens préfèrent un mécanisme axé sur le marché; par exemple, le système des quotas et des échanges ou la taxe sur le carbone. Ce sont des moteurs économiques plus efficaces. Cela nous ramène à mon commentaire précédent, au fait qu'il fallait une solution convenant à tous les secteurs de l'économie, mais il est important, à notre avis, que ce soit une mesure s'appliquant à l'ensemble du marché et qu'elle ait une incidence tant sur les consommateurs que sur les producteurs.

L'approche axée sur la réglementation est plus difficile et plus exigeante. Mais c'est quand même une option. Il faut aussi savoir qu'aux États-Unis, l'Agence de protection de l'environnement semble envisager de réglementer les émissions de gaz à effet de serre.

J'aimerais également faire remarquer un aspect qui est souvent négligé — non pas par les gens assis ici, mais par le public : nous exerçons nos activités dans les provinces qui produisent le plus de pétrole et de gaz au Canada. Et, en effet, la Colombie-Britannique impose une taxe sur le carbone, et l'Alberta, une taxe ou des droits sur le carbone. Nous devons aujourd'hui respecter ces systèmes.

Je crois que la plupart de nos membres diraient que l'approche consistant à taxer le carbone est préférable à l'approche consistant à imposer un règlement. Mais, qu'il s'agisse d'une taxe sur le carbone ou d'un système de quotas et d'échanges, tout dépend de la façon dont cela sera conçu.

Le sénateur Dickson : Monsieur Huffaker, vous avez fait quelques remarques selon lesquelles le régime fiscal du Canada pourrait être meilleur, par comparaison à celui d'autres administrations. Pourriez-vous étoffer un peu cette déclaration?

M. Huffaker : Je parlais de la production de gaz naturel. Aux États-Unis, les frais d'aménagement des puits sont visés par une déduction immédiate de 100 p. 100. Il s'agit là de dépenses touchant des puits qui ne sont pas destinés à l'exploration. Les promoteurs peuvent déduire la totalité des frais d'aménagement la première année. De notre côté, le système fonctionne par tranches de 30 p. 100 et s'étire pendant quelques années de plus. Nous pensons que ce fonctionnement différent est un désavantage pour le secteur de la mise en valeur du pétrole et du gaz du Canada. Nous avons présenté au gouvernement fédéral une proposition détaillée lui demandant d'envisager d'adopter un échéancier plus court, pour le gaz en particulier, étant donné la forte concurrence dans le secteur du gaz en Amérique du Nord.

Le sénateur Frum : Bonjour, messieurs. C'est un plaisir de vous revoir; j'ai rencontré quelques-uns d'entre vous lorsque j'ai visité, avec le sénateur McCoy, les sables bitumineux, l'été dernier. D'après cette visite et d'après votre exposé de ce matin, je peux dire que vous avez fait de l'excellent travail et que vous avez présenté la situation en toute franchise et de manière informative.

J'aimerais revenir sur les événements actuels et sur les commentaires du sénateur Brown concernant les relations publiques; les dernières semaines ont été assez difficiles. J'aimerais vous donner la possibilité de réagir à certaines des remarques de David Schindler portant sur le programme de surveillance du milieu aquatique — le RAMP —, qu'il a qualifié d'« échec lamentable ». On a beaucoup parlé du fait que, peut-être, les répercussions sur l'environnement de l'Athabasca avaient été mal diagnostiquées ou mal présentées au public.

Pourriez-vous réagir à ces commentaires et nous donner votre avis?

M. Stringham : Merci d'avoir posé la question. La surveillance de l'eau, c'est l'un des aspects qui inspirent confiance dont nous avons parlé plus tôt.

Le RAMP, c'est-à-dire le programme régional de surveillance du milieu aquatique, étudie la rivière Athabasca; la surveillance de ce système a permis d'accumuler plus de 10 années de données historiques.

La question que vous avez posée, au sujet de M. Schindler, concernait l'accessibilité des données et aussi leur signification. Chaque année, ce groupe a fourni un rapport annuel, mais les données n'étaient pas transparentes, pour en revenir au thème de la transparence. En décembre, les responsables du RAMP ont affiché les données sur Internet.

Le rapport de la Société royale du Canada donnait entre autres les résultats d'une année de travail sur les données scientifiques et les recherches portant sur toutes ces données et des renseignements d'autres sources touchant l'environnement. Selon la Société, il n'est pas possible de montrer, en s'appuyant sur les données scientifiques, que l'industrie a eu des effets supplémentaires sur la qualité du cours d'eau. C'est pourquoi les gouvernements provincial et fédéral ont mis sur pied des groupes d'experts sur les questions de l'eau et de la surveillance en les chargeant d'évaluer la qualité du programme de surveillance, de façon que le public ait accès à une information transparente.

M. Schindler a lui aussi étudié une partie des données et dit avoir trouvé quelques petites choses. C'est ce qu'a vérifié la Société royale du Canada. Elle dit n'avoir pas trouvé de problèmes. Nous nous attendons donc à ce qu'il y ait davantage de surveillance et une plus grande transparence. Nous travaillons en collaboration pour faire en sorte que le milieu scientifique évalue bien la qualité de l'eau, mais surtout, que cet aspect soit aussi bien compris par les collectivités qui vivent et travaillent près de l'eau, et qui en consomment tous les jours.

Nous exerçons cette surveillance depuis de nombreuses années. M. Schindler a soulevé quelques questions. La Société royale du Canada est repassée sur le sujet et a abordé certaines de ces questions dans son rapport. Cependant, nous savons qu'à l'avenir, la transparence sera beaucoup plus grande, pour le public et pour le milieu scientifique qui étudie cette ressource. Je crois que cela donnera aux gens la confiance nécessaire.

Le sénateur Robichaud : Je vous félicite de cet exposé. Vous avez donné une image très positive de l'industrie telle qu'elle se présente aujourd'hui et telle que vous l'envisagez demain. Vous avez utilisé tous les mots qui convenaient — « ouverture », « transparence », « technologie » — et je crois que vous faites beaucoup d'efforts pour donner aux Canadiens une image fidèle de cette industrie. Cependant, vous avez aussi été la cible de publicité négative qui porte ombrage à tout ce que vous dites et tout ce que vous faites. J'estime que cela n'est pas correct, car les gens n'ont pas une image fidèle de l'industrie.

Vous avez parlé des efforts que vous déployez et, à quelques reprises, vous avez parlé de l'eau. Bien sûr, l'eau est une grande préoccupation des gens. Je ne sais pas combien de minutes il nous reste, mais j'aimerais que vous puissiez me rassurer, et rassurer tous ceux ici présents, sur le fait que vous faites tout votre possible, lorsque vous consommez de l'eau, pour en consommer le moins possible et que l'eau que vous rejetez dans la nature n'est pas polluée. Si vous pouviez me rassurer, je crois que ce serait une bonne chose.

M. Stringham : La question de l'eau est l'un des sujets les plus discutés par le public canadien. Nous nous efforçons de faire en sorte que cette discussion se poursuive, et vous avez vu certaines de nos publicités qui portent sur l'eau et sur la façon dont nous nous en servons.

Je vais donc commencer par ce que l'on a fait du côté des sables bitumineux, puis je vais laisser M. Huffaker vous dire ce qui a été fait du côté du gaz naturel.

En ce qui concerne les sables bitumineux, comme vous le savez, les projets d'exploitation comptent pour près de la moitié de la production à partir des sables bitumineux. Pour ces projets, on utilise l'eau de la rivière Athabasca, qui a justement fait l'objet du programme régional de surveillance. Nous avons discuté avec M. Schindler et avec les représentants de la Société royale à ce sujet.

Nous disons donc que les sables bitumineux utilisent un petit peu moins que 1 p. 100 de l'eau que l'on tire de la rivière Athabasca. Il y a beaucoup d'eau, le volume d'eau n'a pas été vu comme un problème particulier, pendant l'année.

Le problème qui s'est présenté concerne l'utilisation de l'eau pendant l'hiver. Il n'y a pas de barrage ni d'écluse sur la rivière; le débit d'eau baisse donc pendant l'hiver, et, au printemps, il est très élevé. Si on a étudié cette question, c'est pour savoir s'il y avait des répercussions pendant la période où le débit est faible.

Les gouvernements ont adopté un règlement et une politique visant à restreindre le volume d'eau que l'industrie peut tirer de la rivière si le débit faiblit trop — par exemple, après une sécheresse d'un siècle. Si la situation avait une incidence sur l'écosystème, l'industrie ne pourrait plus tirer autant d'eau de cette source. Nous n'en sommes pas encore rendus là, mais la politique est toujours bien en vigueur.

Les entreprises, pour s'y préparer, ont choisi soit d'agrandir des lacs naturels des alentours, soit d'aménager des lacs, près de leurs installations, pour les remplir d'eau pendant les périodes où le débit est élevé et pour en avoir en réserve pendant les périodes où le débit est faible. Il existe des moyens de régler de façon naturelle la question du débit.

En ce qui concerne la qualité, la surveillance scientifique nous permet justement de vérifier que la qualité de l'eau de la rivière n'est pas affectée. Le lit de la rivière Athabasca comprend naturellement du bitume, qui en traverse la surface. Il ne faut pas oublier que nous exploitons ces gisements justement parce que le bitume se trouve si près de la surface qu'il a naturellement affecté les systèmes aquatiques de la région.

Cependant, comme le règlement l'exige — et comme les activités de surveillance permettent de le garantir —, l'eau qui a servi à l'exploitation de ces gisements ne retourne jamais dans son écosystème naturel. L'eau de pluie qui tombe sur la mine est même recueillie et renvoyée dans le processus, pour y être constamment recyclée.

En fait, la raison pour laquelle on a maintenant de si grands bassins de décantation et de stockage, c'est que le recyclage est obligatoire. On en est rendu au point où de 80 à 85 p. 100 environ de l'eau est constamment recyclée grâce à ces bassins. On n'a donc qu'à tirer un petit volume d'eau de la rivière Athabasca.

Nous avons dit également que 80 p. 100 des ressources des sables bitumineux se trouvaient dans le sous-sol, c'est-à-dire qu'on doit faire des forages, on ne peut pas faire une exploitation à ciel ouvert. Pour cela, il faut aussi utiliser de la vapeur. Pour cela, il faut de l'eau, mais les nouveaux projets permettent d'aller sous les sables bitumineux pour extraire de l'eau saline, de l'eau qui ne peut pas être utilisée à d'autres fins, c'est-à-dire les nappes aquifères enfouies profondément sous le sol de la région. On ramène cette eau salée à la surface, on en fait de la vapeur et, quand on en a fini, on renvoie la vapeur dans les réservoirs d'eau salée dont elle a été tirée, sous la couche de sables bitumineux. De cette façon, il n'y a pas d'impact sur l'eau de surface ni l'eau douce de la région. C'est la nouvelle tendance pour bon nombre des activités de forage des ressources des sables bitumineux que l'on ne peut pas exploiter à ciel ouvert.

Il faut aussi, ensuite, contrôler la qualité de l'eau de la région. C'est un des aspects particuliers des publicités que nous avons étudiés; nous avons demandé aux scientifiques responsables de la qualité de l'eau de la région de dire au public, à la télévision, ce qu'ils font et comment ils contrôlent cette qualité. C'est, en résumé, ce que l'on fait sur la question de l'eau.

M. Huffaker : Je parlerai surtout du gaz, et du gaz de schiste, parce que je crois que c'est à ce sujet que les gens se préoccupent de l'eau.

Sénateur, vous avez formulé votre question à la perfection en vous attachant au fait qu'il s'agit du volume d'eau utilisée et de savoir si un préjudice quelconque a été causé à l'eau d'un système hydrologique naturel. Nous avons parfois l'air d'être trop compliqués, quand il est question de cela, mais ces deux questions préoccupent le public canadien.

Bon nombre des mesures que nous prenons pour le gaz naturel sont prises ou sont de plus en plus prises quand il est question de l'exploitation du gaz de schiste. Nos membres s'attachent davantage au recyclage de l'eau douce dont ils ont besoin pour la production — et il s'agit d'un volume assez important, dans la production du gaz de schiste. Ils recyclent toute l'eau qu'ils utilisent et cherchent de plus en plus, lorsque cela est possible, à utiliser de l'eau non potable, de l'eau saline ou de l'eau saumâtre, plutôt que de prendre l'eau des systèmes dulcicoles.

Évidemment, l'autre aspect, c'est la pollution. Nous faisons très attention de ne pas endommager les nappes aquifères et de ne pas renvoyer dans le système naturel des eaux altérées ou polluées. On déploie beaucoup d'efforts pour améliorer deux aspects de cette activité.

M. Collyer : J'espère que vous et les membres du public faites confiance à ce que nous disons en tant qu'industrie. J'espère que vous avez confiance dans le système de réglementation du Canada.

Au bout du compte, des groupes comme la Société royale et les scientifiques qui procèdent à un examen indépendant des données — de robustes systèmes de contrôle, un examen par des tiers, et cetera —, sont ce qui permet d'accroître la confiance du public, et la transparence des rapports sur ces données est extrêmement importante. En tant qu'industrie, nous sommes tout à fait en faveur de ces mesures. Je crois que cela sera une façon d'étoffer ou, nous l'espérons, de confirmer les informations que nous-mêmes, les organismes de réglementation et les gouvernements fournissons au public.

En réalité, les Canadiens, le grand public, font comme nous tout à fait confiance aux scientifiques et aux observateurs indépendants. Je crois que c'est un pas en avant important, quand il s'agit d'augmenter la confiance du public envers les informations qu'il reçoit et de lui donner la certitude ou l'assurance que cela est fait de manière responsable, comme nous voulons tous que ce le soit.

Le président : J'aimerais que les témoins sachent que nous sommes en train de planifier un voyage d'étude à Calgary, Edmonton et Fort McMurray qui se fera un peu plus tard cette année. Nous communiquerons avec vous pour vous demander des suggestions sur la façon la plus productive d'employer notre temps et nos ressources, et nous espérons votre coopération pendant cette visite. De toute évidence, nous sommes intéressés à étudier le volet technologique des choses, qui, comme l'ont souligné de nombreux témoins, est la clé — non seulement pour le pétrole et le gaz, mais aussi quand il est question du charbon.

L'Alberta possède d'immenses réserves de charbon — on nous a dit qu'il y en avait encore pour des centaines d'années —, mais, à l'heure actuelle, il coûterait trop cher sur le plan technologique de produire de l'énergie proprement à partir de cette ressource. Nous aimerions aller au fond de cette question, entre autres choses.

Monsieur Collyer, nous voudrions bien aller sur Internet pour consulter le rapport dont vous avez parlé. Si vous pensez à quoi que ce soit d'autre qui pourrait nous aider pendant nos délibérations, n'oubliez pas que notre greffière, Mme Gordon, nous appuie avec son équipe et qu'elle nous distribuera tous les documents nécessaires.

Merci beaucoup de votre disponibilité. Je sais que la séance a débuté très tôt, à Calgary, à 6 heures. Mais vous êtes tous arrivés à temps, et nous avons fait bonne figure devant les caméras.

(La séance est levée.)


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