Délibérations du comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans
Fascicule 8 - Témoignages du 15 février 2011
OTTAWA, le mardi 15 février 2011
Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 17 h 30, pour étudier les questions relatives au cadre stratégique, actuel et en évolution, du gouvernement fédéral pour la gestion des pêches et des océans du Canada (sujet : les phares canadiens).
Le sénateur Bill Rompkey (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Je déclare ouverte cette réunion du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans. Certains invités ont dû prendre l'avion pour venir ici. Nous devons donc nous assurer de leur donner suffisamment de temps pour s'exprimer. Je suis le sénateur Rompkey, président du comité. Les autres membres peuvent se présenter.
Le sénateur Raine : Je suis Nancy Raine, de la Colombie-Britannique.
Le sénateur Murray : Je suis Lowell Murray, de l'Ontario.
Le sénateur Cochrane : Je suis Ethel Cochrane, de Terre-Neuve-et-Labrador.
Le président : Merci. Dans notre quête constante de la vérité sur les phares et la Loi sur la protection des phares patrimoniaux, nous entendrons des représentants du Québec et de l'Ontario. Nous étions censés recevoir aujourd'hui des représentants du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard, mais ils ont dû modifier leur emploi du temps à la dernière minute et ils ne pourront pas se joindre à nous. Nous avons reçu des mémoires de la présidente de la Prince Edward Island Lighthouse Society et du fondateur de la New Brunswick Lighthouse Society. Ces mémoires seront soumis à l'examen des membres du comité dans le cadre de cette étude.
Je souhaite la bienvenue aux témoins de la Southampton Marine Heritage Society de l'Ontario, Mike Sterling, ancien président, et Vicki Tomori, membre du conseil d'administration, et au témoin de Bruce Coast Lighthouse Partners, Mike Fair, trésorier.
Je vous invite à présenter votre exposé, après quoi nous aurons des questions à vous poser.
Vicki Tomori, membre du conseil d'administration, Southampton Marine Heritage Society : Je remercie les membres du comité sénatorial de nous donner la possibilité de nous exprimer ce soir. Vous pouvez, si vous le voulez, suivre mon intervention dans le livret de photographies qui se trouve dans votre trousse. Je vais vous donner une illustration du travail accompli par la Southampton Marine Heritage Society.
La société est un groupe de bénévoles sans but non lucratif qui se consacre à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine maritime. L'objectif de notre société est de repérer, de préserver et de restaurer des éléments du patrimoine marin ayant une valeur historique et d'amasser des fonds en vue de soutenir ces projets.
En 1997, notre groupe a commencé son travail. La première photo dans le livret montre l'île Chantry et un remorqueur. Comme vous le voyez, il n'y a pas de toit sur la maison du gardien. Après 1956, le phare a été automatisé et il n'était plus nécessaire qu'un gardien vive sur l'île l'été. Le pavillon du gardien s'est vite détérioré. En 1997, notre groupe est allé à l'île Chantry pour entreprendre une restauration complète de la maison.
À la page suivante, vous voyez que le toit s'était effondré, les murs et les planchers n'étaient plus qu'un amoncellement de gravats empilés dans la cave. Avec l'autorisation de cinq paliers de gouvernements, notre groupe a retrouvé le plan original et a entrepris de reconstruire la maison. Comme le bois nécessaire aux travaux était introuvable chez le marchand de bois local, nos bénévoles ont abattu des arbres et scié des planches pour pouvoir exécuter les travaux conformément au plan original.
Un de nos entrepreneurs locaux possède un chaland et il a offert de transporter notre équipement jusqu'à l'île pour que les gars puissent procéder aux travaux de construction. Vous voyez dans une photo que nous avions un quai très complexe pour décharger tout le matériel sur l'île.
En août 2001, nous avons emmené les familles des anciens gardiens faire la première visite guidée à l'île Chantry. Depuis, nous offrons des visites guidées tout l'été. À ce jour, plus de 12 000 personnes sont venues à l'île visiter non seulement le phare, mais aussi la maison du gardien. Nous avons trouvé le bateau que nous utilisons dans un hangar. C'était un vieux bateau de sauvetage. Nos bénévoles ont passé des heures à le remettre en état. Ce sera la dixième année que nous offrons des visites. Nous avons commandé un bateau neuf, qui sera livré ce printemps.
Nous avons d'autres projets pour notre groupe. Nous participons aussi à la gestion des feux d'alignement de Saugeen. On en trouve une photo dans le livret. Notre tâche, ce printemps, sera de repeindre le feu de direction avant. Dans la photo du feu de direction arrière, on voit une ribambelle d'écoliers, parmi lesquels se trouvent mes enfants. Il était question de faire enlever les bardeaux de la station de phare et de les remplacer par un revêtement d'aluminium. Lorsque notre groupe a découvert le projet, nous avons demandé à nos enfants d'occuper le secteur autour du poste pour empêcher les ouvriers de faire leur travail. Nous ne voulions pas qu'ils posent un revêtement d'aluminium sur une structure historique parce que l'étape suivante aurait été de la démolir pour ériger un poteau en acier doté d'une lumière, ce qui n'aurait pas cadré avec les valeurs de notre collectivité. Nous avons gardé le phare et la Garde côtière a fini par nous écouter. Un organisme d'entraide local a offert de payer les bardeaux et nous avons maintenant des bardeaux de bois sur notre phare historique.
À la page suivante, nous voyons le feu de direction de Pointe McNab, que nous gérons. Nos bénévoles l'ont restauré en 2009. Le feu de direction de Stokes Bay a été relocalisé en 2009. Il est aujourd'hui au Musée et Centre culturel de Bruce County, situé à Southampton.
Il y a d'autres projets spéciaux, comme les visites guidées de l'île Chantry. La Commission canadienne du tourisme a organisé un concours intitulé « DES SECRETS D'ICI ». L'île Chantry a été mise en candidature, et c'est elle qui a recueilli le plus de votes. Elle a été déclarée « petit bijou » numéro un à visiter au Canada en 2010. Nous en sommes fiers parce que nous n'avons pas ménagé les efforts et nous voulons permettre au plus grand nombre de gens possible de voir l'île Chantry.
Nous avons mené d'autres projets. Nous avons construit un phare de 12 pieds qui sert de kiosque d'information et un phare itinérant de 14 pieds, et nous avons créé une réplique à l'échelle du phare Big Tub, installé dans le centre commercial de Vaughan Mills. En 2006, nous avons organisé un Congrès international de phares. Des conférenciers invités sont venus d'Italie parler de leurs phares. D'où qu'ils viennent, les gens sont fascinés par les phares. Tout le monde les adore.
La dernière chose que j'aimerais dire au comité, c'est que nos bénévoles, notre personnel et les membres du conseil aimeraient qu'une stratégie de financement fasse partie de vos recommandations de politique publique. Vous avez beau avoir un groupe formidable de bénévoles qui accomplit un travail titanesque, il faut des mesures pour les aider parce que personne ne pourra tout faire seul et payer les réparations majeures d'un phare.
Notre groupe a mis de l'argent de côté chaque année. Nous avons mis de côté 50 000 $ pour l'avenir de notre phare, somme que nous avons choisi de ne pas consacrer au bateau. Nous faisons une collecte de fonds pour le nouveau bateau, pour lequel nous avons reçu des dons, et nous sommes en bons termes avec la municipalité, qui est la ville de Saugeen Shores. Nous travaillons très fort avec elle pour que nos projets réussissent.
J'aimerais maintenant céder la parole à M. Sterling, qui va vous dire comment un groupe de personnes a mené tous ces projets à bien.
Mike Sterling, ancien président, Southampton Marine Heritage Society : Merci. D'entrée de jeu, je tiens à dire que nous avons toujours bénéficié d'une collaboration extraordinaire de la part du ministère des Pêches et des Océans, de la Garde côtière, de la municipalité, de la province de l'Ontario et du gouvernement fédéral. Ils ont été extraordinaires avec nous.
Toute cette entreprise a démarré en 1997 par une série de 16 assemblées publiques tenues durant l'été. À l'époque, Mme Tomori siégeait au conseil. Le conseil a retenu les services du professeur David Douglas de l'Université de Guelph pour gérer ce que nous voulions voir dans 10 ans.
Au cours des premières séances, les gens parlaient surtout des feux de signalisation et d'autres choses semblables. Très bientôt, trois grands projets ont émergé : la restauration de notre grande rue, notre district commercial, la restauration de la plage et de ses dunes et la restauration de l'île Chantry, élément emblématique de notre région.
À l'époque, notre groupe se composait d'environ cinq personnes. Je présidais le comité et j'ai tout de suite décidé de ne pas solliciter de dons d'entreprises de quelque taille que ce soit et de ne pas faire de demandes de subventions. La raison était que je voulais l'appui de la collectivité. Si elle pensait que nous obtenions de l'argent détourné des services de santé ou d'autres services, elle n'appuierait pas nos efforts.
Nous avons donc élaboré un plan d'activités. J'ai déjà lancé des PME, trois entreprises de haute technologie. Nous avons donc concocté un plan. Jusqu'à maintenant, nous avons amassé 770 000 $ sous forme de dons de particuliers, dans le cadre de collectes de fonds et grâce à certaines activités, comme les visites guidées que nous faisons.
Le plan a été exécuté entre 1997 et le 11 août 2001. Nous voulions commencer à offrir des visites guidées à partir de 2001 et nous y sommes arrivés.
Ce n'est pas que nous n'ayons pas bénéficié de la collaboration de la municipalité. Elle nous a aidés en nous offrant une protection d'assurance, de sorte que nos bénévoles étaient assurés. C'est beaucoup, et les résultats ont été très bons.
J'ai fait un exposé à Randy Childerhose, près de Parry Sound. Il a écouté et a dit : « Vous devrez me laisser seul pendant une demi-heure. Je vais y aller. » Il nous a donné son accord pour que nous puissions commencer. Il est très important, dans ces projets, de faire quelque chose, parce que les gens n'aiment pas voir des gens faire des demandes de subventions; ils veulent nous voir à l'oeuvre.
Nous lui avons donc présenté notre plan d'activités. Il a dit : « Voyons de quoi vous êtes capables. Nous allons vous rappeler à l'ordre si nous pensons que vous ne ferez pas du bon travail. » Nous l'avons fait et, maintenant, nous gérons l'île Chantry, quatre feux d'alignement et trois bateaux. Nous avons rénové un hangar à bateau, construit un nouveau hangar à bateau sur l'île, exactement comme l'ancien, et nous exploitons une boutique de cadeaux.
Les retombées économiques dans la collectivité provenant du tourisme, sur toute la côte de Bruce, grâce aux Bruce Coast Lighthouse Partners, ont été considérables. Comme l'a dit Mme Tomori, nous avons organisé le Congrès international de phares de 2006. Nous comptons maintenant quelque 250 bénévoles exerçant des fonctions diverses et nous sommes en expansion.
Nous avons eu la chance d'être le site de la découverte d'une nouvelle épave : le HMS General Hunter, un brick britannique qui a participé à la bataille du lac Érié. Il a été capturé par l'amiral Perry et a fini sur la plage. Il était enfoui sous neuf pieds de sable. Nous avons entrepris une fouille avec l'aide d'un archéologue. En 2012, nous organiserons, à notre musée local, un festival du patrimoine maritime qui mettra en vedette le HMS General Hunter et notre travail sur les phares.
J'aimerais remercier les organismes gouvernementaux, de notre municipalité jusqu'au gouvernement fédéral, pour l'aide qu'ils nous ont donnée. Une fois les travaux de restauration terminés, ils sont intervenus pour dire : « Il y a de l'interférence ici. Nous devons prendre nos distances. » C'est ce qu'ils ont fait. Certains travaux structurels ont été effectués par des professionnels dans le phare sous notre supervision. Nous avons reçu beaucoup d'aide du gouvernement. Ce fut une expérience magnifique pour moi de participer à ce projet.
Mike Fair, trésorier, Bruce Coast Lighthouse Partners : Bonjour, je suis ici au non de Bruce Coast Lighthouse Partners, ou BCLP. Je vais vous présenter une partie seulement de ce que nous avons accompli.
Le Bruce Coast Lighthouse Partners se réunit chaque mois. Nous discutons d'initiatives de marketing communes et nous y collaborons. Les partenaires échangent également des idées et discutent des problèmes et de solutions concernant les activités et les projets d'immobilisations. Notre partenariat comprend des représentants du phare de Kincardine dans la ville de Kincardine, du phare de l'île Chantry et de la Southampton Marine Heritage Society, du Musée et Centre culturel de Bruce County à Southampton, de Bruce County Tourism à Wiarton, du phare de Cabot Head, de l'île Cove, de l'île Flowerpot, du phare de Lion's Head et du site historique national du phare de la pointe Clark. Le nombre des visiteurs que nous accueillons au total dépasse les 100 000 par année. Pour en savoir plus sur nos phares, vous pouvez visiter le site à www.brucecoastlighthouses.com.
Les objectifs de Bruce Coast Lighthouse Partners sont de promouvoir les phares sur la côte Bruce et d'en faire une destination pour voir les phares de la région des Grands Lacs, d'encourager la préservation des phares et du patrimoine maritime le long de la côte Bruce, d'encourager l'utilisation publique des phares et des installations du patrimoine maritime et de favoriser les avantages économiques qui en découlent, d'encourager l'échange d'information, le réseautage et le perfectionnement professionnel au sein du partenariat.
Le partenariat est actif depuis une douzaine d'années et a été constitué en personne morale il y a neuf ans. C'est probablement un excellent exemple de marketing conjoint et de collaboration pour le reste de la province et peut-être pour le pays. Le partenariat a été constitué en personne morale pour de nombreuses raisons. Toutefois, l'avantage financier que représente le fait d'avoir droit à des subventions était aussi une priorité.
Nous avons mené notre premier projet en 2002. Il s'agissait du plan de développement stratégique culturel. Il visait à nous aider, Bruce Coast Lighthouse Partners, à renforcer notre position sur le marché en améliorant l'expérience des visiteurs et l'interprétation du patrimoine maritime du comté de Bruce et à accroître notre capacité d'autosuffisance.
En 2003, Bruce Coast Lighthouse Partners et l'Ontario Power Generation ont formé un PPP pour faire du marketing de masse. Nous avons distribué 110 000 napperons à plus de 50 restaurants dans le Sud de l'Ontario. Nous l'avons fait pour que les gens sachent où nous étions situés puisque nous étions un trésor caché. Nous avons commencé par cela.
Depuis 2003, nous participons à une initiative de marketing avec Bruce County Tourism et nous avons créé la campagne des visites guidées des phares de la côte Bruce afin de positionner ce circuit comme la destination pour voir des phares dans la région des Grands Lacs. Nous avons un site Internet — passport.explorethebruce.com — qui contient de l'information sur ce projet.
En 2006, nous avons participé à une initiative de marketing avec Lake Huron Shoreline Tourism. C'était un partenariat de financement visant à mettre en place une stratégie de signalisation commune aux partenaires de Bruce Coast Lighthouse Partners. Nous voulions nous assurer que les personnes qui visitent un site soient amenées à en visiter un autre. Nous l'avons fait au moyen d'une signalisation. En visitant un site, vous avez un aperçu d'un autre site, où vous êtes tenté d'aller.
En 2010, nous étions au coeur d'un projet de développement économique rural qui permet d'obtenir un financement de contrepartie de 67 000 $ en partenariat avec le Musée et Centre culturel de Bruce County et quelques-uns des partenaires qui en avaient besoin pour moderniser des installations, concevoir et créer des expositions et mener des activités de marketing conjoint menées à divers congrès et salons et dont les fonds seraient distribués à plusieurs des partenariats qui avaient besoin de financement pour des projets. Par exemple, à la pointe Clark, nous sommes en train de refaire et de revitaliser des expositions qui stagnaient.
Pour ce qui est de 2011, nous bénéficions en ce moment d'un fonds Trillium. Nous retournons au point de départ pour un exercice de planification stratégique. Nous sommes en train d'élaborer un plan stratégique de cinq ans pour orienter le partenariat de 2011 à 2016. Cet exercice devrait se traduire par un plan de marketing et de promotion, un plan de mise au point de produits, un renforcement de la participation bénévole, une évaluation de notre règlement interne et de notre constitution et aussi le repérage de sources de financement durables.
Le partenariat est la raison d'être de BCLP. Le phare de la pointe Clark est un site historique national. Il appartient à Parcs Canada et il est exploité par le canton de Huron-Kinloss comme musée tout au long de la période estivale. Nous offrons des visites guidées du phare et en assurons l'entretien courant. Nous avons également conclu une entente avec la Garde côtière, le ministère des Pêches et des Océans, pour assurer le fonctionnement continu du phare automatisé à la pointe Clark. La Garde côtière est responsable de l'entretien du phare, en collaboration avec Parcs Canada. C'était un excellent partenariat et nous maintiendrons notre collaboration.
D'autres PPP ont été créés entre la municipalité de Saugeen Shores et l'île Chantry, Northern Bruce Peninsula et Cabot Head, Big Tub près de Tobermory et le phare de Lion's Head, la ville de Kincardine et le club de yacht pour le phare de Kincardine, Cape Croker et la Première nation Chippewas de Nawash no 27 et Parcs Canada pour l'île Cove et la station de phare de l'île Flowerpot.
Nous avons toujours misé sur les partenariats. Nous nous rencontrons chaque année pour revoir notre orientation future et nous savons que ce ne sont pas tous les phares qui peuvent être restaurés et conservés pour les générations futures. C'est financièrement impossible. Toutefois, pour qu'on comprenne leur rôle important dans l'histoire maritime et la navigation, la Loi sur la protection des phares patrimoniaux doit répondre à la nécessité de rendre possible la préservation de certains de nos emblèmes historiques et culturels uniques pour les générations futures.
Tous les phares doivent pouvoir être préservés. En l'absence d'un intérêt ou d'un engagement financier suffisants, un groupe local, que ce soit des amis ou la municipalité ou le comté, pourrait élaborer un plan d'activités, puis il devrait disposer d'une base solide pour prendre des décisions pour poursuivre la préservation. Bien entendu, un programme fédéral de financement viable pourrait être créé pour assurer une partie du soutien financier requis pour la préservation à long terme des phares qui restent.
Le financement suppose des responsabilités et des comptes à rendre, d'où la nécessité que les partenaires de Bruce Coast Lighthouse Partners continuent de travailler ensemble à élaborer un processus de planification. Nous continuons.
Le président : Merci. Avant de passer aux questions, je signale à mes collègues qui viennent d'arriver que nous avons dû commencer plus tôt que prévu parce que nos invités ont un avion à prendre. J'ai pensé qu'il était préférable de commencer dès que nous aurions le quorum.
Je suis heureux d'accueillir le sénateur Patterson, le vice-président du comité, le sénateur Marshall, le sénateur MacDonald du cap Breton, où, vous dira-t-il, le premier phare a été érigé vers 1734, le sénateur Watt, le sénateur Nancy Ruth, qui est notre personne-ressource sur les Grands Lacs, le sénateur Losier-Cool, le sénateur Poirier et le sénateur Hubley.
Le sénateur Murray : M. Noreau va-t-il parler tout de suite ou plus tard?
Le président : M. Noreau n'a pas d'avion à prendre.
Peter Noreau, président, Corporation des gestionnaires de phares de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent : Je ne suis pas pressé.
Le président : Il a offert de rester et de nous orienter tout au long des délibérations. Nous devrions peut-être prendre le temps de demander qui, parmi nos invités, a un avion à prendre.
Le sénateur Cochrane : Je suis impressionné par le groupe et ce que vous faites. Au début, vous ne fonctionniez qu'avec des bénévoles, n'est-ce pas?
Mme Tomori : C'est toujours le cas.
Le sénateur Cochrane : Que dire de la province, du ministère du Tourisme, du Commerce et de l'Investissement de la Colombie-Britannique?
Comment êtes-vous arrivés à obtenir la collaboration d'un si grand nombre d'intervenants au début?
M. Sterling : Nous avions un plan lorsque nous les avons pressentis. Ils suivaient chacun de nos projets de sorte que si nous nous écartions de notre chemin, ils pouvaient se retirer.
Le sénateur Cochrane : De qui parlez-vous?
M. Sterling : Citons par exemple la Garde côtière. L'île Chantry est un sanctuaire d'oiseaux reconnu internationalement. En mai et en juin, on y trouve 10 000 couples d'oiseaux. C'est donc une situation très délicate sur le plan écologique.
Nous les avons pressentis en leur proposant des mesures concrètes. Nous sommes passés à l'action et ils nous ont donnés plus de liberté. Nous avons continué de cette façon. C'est ainsi que les choses se sont passées, à tous les échelons, à commencer par la municipalité et le maire. Le maire est venu me voir, m'a regardé droit dans les yeux et a dit : « Si nous vous laissons faire, irez-vous jusqu'au bout? ». J'ai répondu : «Oui, nous le ferons. » Il s'agit de susciter la confiance, puis de continuer sans demander d'argent. La première fois que nous avons pressenti le conseil municipal, la première chose que j'ai dite est que nous ne demanderions pas d'argent pour le moment. Nous demandions un feu rouge ou vert et non un feu jaune, qui nous plongerait dans l'incertitude.
Mme Tomori : Vous avez posé une question au sujet des bénévoles et de la façon dont nous avons pu convaincre autant de gens de travailler autant.
Le sénateur Cochrane : Oui.
Mme Tomori : Ce qui est formidable, c'est que nous avons un grand nombre de retraités dans nos collectivités. Je travaille au bureau d'administration municipale et nous demandons toujours aux nouveaux venus où ils comptent faire du bénévolat. Notre collectivité est reconnue comme la capitale du bénévolat. Nous avons une multitude de groupes philanthropiques et leurs accomplissements sont innombrables.
Nous avons un salon du bénévolat. Nous demandons à nos bénévoles d'y amener des amis et nous avons des formulaires d'inscription. Nous avons besoin de quelqu'un pour faire du jardinage à l'île Chantry et d'une personne pour nettoyer le phare, pour y donner un coup de balai tous les vendredis matins. Il faut prendre le bateau pour s'y rendre. Nous avons actuellement un petit problème parce que nous avons un nombre limité de tâches et nous avons presque trop de bénévoles. Nous devons faire attention au nombre de bénévoles que nous sollicitons et à la publicité que nous faisons pour en recruter.
Le sénateur Cochrane : Avez-vous quelqu'un qui chapeaute l'ensemble du groupe?
Mme Tomori : Nous avons un conseil d'administration composé de 10 personnes qui gère le programme, parce que c'est une entreprise que nous dirigeons. Nous avons touché plus de 275 000 $ sur les visites guidées seulement. Nous avons décidé d'ajouter une petite boutique de cadeaux au point de départ. Autant en profiter pendant que les visiteurs sont là. Il nous a semblé normal de leur offrir des souvenirs durant leur passage. Au fil des ans, nous avons vendu pour plus de 75 000 $ de souvenirs, dont certains sont fabriqués à la main par des bénévoles qui s'adonnent au tricot, à la couture, à la sculpture ou à la peinture. Cela nous permet aussi de recueillir beaucoup de commentaires. Nous sommes dirigés par un conseil d'administration de 10 personnes qui gère le projet.
Le sénateur Cochrane : Qui fait faire les visites guidées? Est-ce que ce sont aussi des bénévoles?
Mme Tomori : Oui, ce sont des bénévoles. Notre capitaine, notre équipage et nos guides touristiques sont tous des bénévoles. Ce sont d'anciens médecins et avocats qui possèdent un bateau et qui rêvaient d'en piloter un.
Avec notre groupe maintenant, nous sommes assujettis à différentes lois. Elles changent constamment. Les capitaines doivent donc avoir atteint un certain niveau et nous avons trouvé un homme pour leur donner des leçons. Il est l'un de nos capitaines et peut donner le cours. Plutôt que de payer une personne 600 $ pour donner le cours, nous payons les livres et notre capitaine donne le cours. Le cours est bien structuré et nous pouvons compter sur de nombreuses forces dans la collectivité.
Le sénateur Cochrane : Dès le début, vous avez bénéficié de la collaboration de la Garde côtière, de Parcs Canada et ainsi de suite?
M. Sterling : Oui, c'est une merveilleuse collaboration.
Le président : Le phare appartient encore à la Garde côtière, n'est-ce pas?
M. Sterling : La Garde côtière gère le phare, oui. Nous nous occupons de tous les travaux sur le phare. La Garde côtière nous a vraiment aidés.
Mme Tomori : Nous attribuons notre réussite avec ces organismes à notre approche, à la façon dont nous avons fait nos demandes. Nous n'exigeons rien. Nous disons simplement : « Telle chose nous serait utile. » Lorsque vous voyez la photo du bateau, ce n'est pas une blague. C'est bien la photographie d'hommes dans un canot à rames. Nous ne savions pas quoi faire du bateau. Puis, ils ont trouvé un bateau de sauvetage. Ils ont alors demandé à la ville s'ils pouvaient s'en servir. Il était immobilisé dans un garage. Je pense qu'ils ont fait pour environ 1 000 $ de dommages en le sortant du hangar. Ils ont dû faire des réparations, mais la ville a apporté son soutien. C'était un bateau de sauvetage hors service et il faisait l'affaire.
Le sénateur Cochrane : Comment réagit-on à l'automatisation du phare? Est-il aussi efficace que les phares qui ont un gardien?
M Sterling : Notre phare a été électrifié en 1954. Le dernier gardien du phare est alors parti et la ville s'est habituée à le voir inhabité. Toutefois, il demeure l'emblème de la collectivité, ce qui explique que les gens veulent qu'il soit préservé. Ils ont préservé la mémoire de Ronie Spencer et de tous les gardiens du phare. C'est une grosse affaire dans la collectivité. Cependant, le fait qu'il n'y ait plus de gardien ne dérange pas les gens parce que le phare fonctionne à l'électricité depuis longtemps.
Le sénateur Cochrane : Êtes-vous en train de dire qu'il est tout aussi efficace que lorsqu'il y avait un gardien?
M. Sterling : Oui.
Le sénateur Raine : C'est formidable d'entendre parler de vos réussites. J'aimerais savoir à qui appartiennent les phares. Nous pourrions peut-être les passer un à un. Avez-vous l'intention, en vertu de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux, de remplir les formalités nécessaires pour prendre possession des phares dans vos sociétés?
M. Sterling : La loi continue d'évoluer et nous négocions — en tout cas, la ville de Saugeen Shores négocie — une cession.
Mme Tomori : Pour nos quatre phares.
Le sénateur Raine : Les négociations vont-elles bon train?
Mme Tomori : Oui. Nous avançons dans la bonne direction. Que dire des autres? En savez-vous quelque chose?
M. Fair : La pointe Clark est un site historique national. Il n'y a donc pas eu de cession. Je crois que la ville de Kincardine est maintenant propriétaire de son phare et c'est le cas aussi pour quelques autres villes. Il y a le phare à Cabot Head, pour lequel, je crois, la municipalité a conclu un bail pour ensuite le sous-louer aux Amis de Cabot Head. Je ne sais pas grand-chose au sujet de l'île Cove. Je crois que l'île Flowerpot relève de Parcs Canada, puis il y a l'île Cove. Je ne sais pas ce qu'il en est dans leur cas.
Le président : Cela n'a été qu'une procédure ordinaire de cession de la part du gouvernement, n'est-ce pas? Ils les ont simplement cédés à deux municipalités? Est-ce exact?
M. Fair : Certaines cessions ont déjà eu lieu et d'autres sont sur la table. Nous avons de la chance avec l'administration de notre comté et celle de notre municipalité. Elles s'intéressent beaucoup aux phares. Nous avons de la chance que notre région comprenne le tourisme et l'importance des phares pour notre industrie touristique.
Le sénateur Raine : Nous tenons tous à ce que l'intention de la loi soit bonne, mais il se pourrait qu'elle ne fonctionne pas correctement. Je suis heureuse d'entendre que, dans votre cas, vous trouvez qu'elle donne des résultats, et vous pourrez prendre possession des phares et poursuivre votre travail. Je présume que si vous aviez un organisme sans but lucratif dans un autre domaine, ce serait la même chose.
M. Fair : J'espère. Malheureusement, il y en a, comme l'île Cove et l'île Flowerpot, où des sociétés d'amis pourraient se dévouer, mais pourraient ne pas être suffisamment solides sur le plan financier pour se lancer dans cette entreprise. C'est la préoccupation majeure ici.
C'est tellement plus facile lorsque vous travaillez avec l'administration municipale locale ou l'administration du comté. C'est difficile lorsque vous n'avez pas de soutien, comme pour certains phares côtiers. Par exemple, le nombre de visiteurs qu'accueille l'île Flowerpot l'été est énorme. Il y a une effervescence à Tobermory chaque jour, tout l'été, en raison des visites à l'île Flowerpot.
Le sénateur Hubley : Merci de vos exposés. J'aimerais donner suite aux commentaires des sénateurs. Combien coûtent les visites? Qu'est-ce qui est inclus? La sortie en bateau est-elle incluse? Est-ce pour la visite seulement? De quel ordre sont les prix?
Mme Tomori : Nous demandons 28,25 $ par personne qui prend notre bateau, mais notre situation est unique parce que l'île est un sanctuaire d'oiseaux. Nous avons donc des restrictions. Nous ne pouvons transporter que neuf passagers par traversée, à raison de deux traversées par jour en juillet, à cause des oiseaux. Pour que cela fonctionne, nous avons un guide, un capitaine et un équipier, puis les neufs passagers qui payent. C'est un voyage vraiment unique et bon nombre doivent revenir ou le reporter.
C'est une activité de deux heures, tout compris. Il y a la traversée en bateau jusqu'à l'île, où les touristes débarquent. Le membre de l'équipage les amène au phare pour qu'ils puissent admirer la vue depuis le sommet du phare, puis l'autre guide les amène dans la maison du gardien et les jardins. Comme nous sommes directement sur le littoral, on parle beaucoup d'épaves de navires et les sujets ne manquent pas pour alimenter la discussion.
Le sénateur Hubley : Est-ce que tous vos phares sont connectés pour une visite? Ils le sont. Y a-t-il des gens ou des autobus de gens qui viennent juste pour visiter les phares en général?
M. Fair : Jusqu'à un certain point. Certains de nos phares ne sont pas faciles d'accès, par exemple ceux sur l'île Cove et l'île Flowerpot. Pour Parcs Canada, vous paieriez des droits à Parcs Canada, puis des droits à la compagnie de transport par bateau, puis vous vous feriez conduire sur l'île. Les bénévoles, les amis du groupe, tirent leurs revenus des dons à la station de phare et de la vente d'eau.
Le sénateur Hubley : Je m'interroge sur la possibilité de générer des revenus à ces stations. Couvriront-ils les coûts de l'entretien que vous avez accepté de prendre en charge? Vous avez laissé entendre que d'autres personnes s'occupaient d'entretien, mais vous vous occupez de l'entretien général, je crois?
M. Fair : C'est exact. À la pointe Clark, par exemple, dans le cadre de notre partenariat avec Parcs Canada, nous faisons les travaux mineurs d'entretien. Nous nous occupons de la chaudière, des chauffe-eau et d'autres choses du genre.
Le sénateur Hubley : C'est Parcs Canada qui s'occupe de la peinture?
M. Fair : Les gros travaux. Une partie de la peinture.
Le sénateur Hubley : De quel genre de choses s'occupe Parcs Canada?
M. Fair : Parcs Canada faisait beaucoup plus de peinture et beaucoup plus régulièrement, mais ses ressources sont aussi parfois limitées.
En ce moment, le prix est de 5 $ par personne à la pointe Clark. Comme nous ne sommes pas sur une île, nous sommes accessibles au public. Nous faisons un grand nombre de visites en autobus tout au long de l'été à des endroits comme Cabot Head et recueillons des dons en échange. Si 20 000 personnes viennent, cela rapporte une bonne somme, mais de là à dire qu'à long terme c'est suffisant pour payer les gros travaux de rénovations, cela dépend. Cela nous aide à assurer les travaux mineurs d'entretien et nous espérons que les gros travaux pourront se financer. De temps à autre, nous devons aussi faire de grosses dépenses pour de gros travaux.
Le sénateur Murray : Pour le compte rendu, si le feu est en service, il appartient à la Couronne, qu'il soit sur un poteau ou dans un phare ou ailleurs. Les autres dont vous parlez, monsieur Fair, appartiennent aux municipalités. Ils ne sont plus en service.
M. Sterling : Certains sont des aides privées à la navigation, comme le phare Kincardine.
Le sénateur Murray : Ils n'appartiennent plus à la Couronne.
M. Sterling : C'est exact.
Le sénateur Murray : Le phare de l'île Chantry a été privé de gardien et est automatisé depuis 1954. À la longue, les choses ont commencé à se détériorer. Quarante ans plus tard, vous êtes intervenu et avez entamé tout un projet de restauration. Vous avez dit l'avoir fait avec la permission de cinq niveaux de gouvernement.
Une chose me préoccupe, et en préoccupe peut-être d'autres aussi : c'est le fait que dès la promulgation de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux, le ministère des Pêches et des Océans ou la Garde côtière ou un autre organisme a déclaré excédentaire pratiquement chaque phare en service, sauf ceux qui ont un gardien, ce qui a causé beaucoup de confusion parmi les demandeurs potentiels pour reprendre ces phares quant à ce qu'ils feront.
Plus encore, il semble que, si le ministère est sérieux et les considère vraiment comme excédentaires, il arrivera à ces phares la même chose qu'à l'île Chantry. Leur structure commencera à se détériorer et tout le reste.
Quels conseils donneriez-vous aux groupes qui se forment ou qui pourraient se former sur la façon de s'y prendre? Quelles relations devraient-ils avoir avec le gouvernement ou la Garde côtière pour les phares automatisés et encore en service?
M. Sterling : Je l'ai fait. J'ai donné 89 conférences dans tout le Canada.
Le sénateur Murray : Résumez-en une pour nous.
M. Sterling : J'ai donné deux conférences à un groupe intéressé aux phares près de Burlington, en Ontario, où ils ont un charmant petit phare historique construit par John Brown. Je leur ai conseillé de se mettre à l'oeuvre. Ils semblaient vouloir traiter avec le plus haut niveau de gouvernement. Ils traitaient avec Sheila Copps. Ils voulaient que la Union Gas Limited leur fasse tout de suite de généreux dons. Le conseil est de commencer et les dons privés afflueront. Nous avons reçu 350 000 $ de particuliers. Mon conseil semble futile, mais s'ils démarrent, ils pourront traiter plus tard avec le gouvernement, qui collaborera d'autant plus qu'ils auront déjà démarré. Je parle des niveaux opérationnels de ces organisations.
Le sénateur Murray : Dans le cas de l'île Chantry, le gouvernement est propriétaire du phare, du feu et, je présume, du terrain. Le terrain ne vous appartient pas, vraiment.
M. Sterling : Le gouvernement nous loue le terrain à bail.
Le sénateur Murray : Le gouvernement fédéral vous loue le terrain à bail. Lorsque vous voulez apporter d'importants changements et améliorations, je présume que vous devez négocier avec le gouvernement.
M. Sterling : Nous discutons avec eux. Ils nous font tellement confiance maintenant que tout se règle au téléphone.
Le sénateur Murray : Pourquoi Patrimoine canadien n'est pas en position de s'occuper de ses propres biens, monsieur Fair? C'est ce que vous nous dites, si je comprends bien.
M. Fair : Je trouve que, parfois, le financement n'est peut-être pas ce qu'il était à Parcs Canada. Les niveaux de financement peuvent monter ou descendre. Pour la pointe Clark, nous sommes en attente pour un grand projet de restauration. Nous espérons que nous aurons le financement nécessaire. Ils parlent de 1,5 million de dollars.
Le sénateur Murray : Nous parlons d'un site historique national.
M. Fair : Oui.
Le sénateur Murray : Où se situe votre organisme dans tout cela?
M. Fair : Je travaille pour le canton de Huron-Kinloss. Mon travail consiste à le gérer comme un musée et à embaucher des étudiants et du personnel pour y travailler.
Le sénateur Murray : Qu'est-ce que vous gérez comme un musée?
M. Fair : Je gère la maison du gardien du phare. Le phare de la pointe Clark est un musée et nous faisons monter les gens dans la tour.
Le sénateur Murray : Ce phare n'est plus en service.
M. Fair : Le phare est encore en service. Il est automatisé.
Le sénateur Murray : La Garde côtière assume une partie de la responsabilité.
M. Fair : Exact. Il a été modernisé il y a quelques années avec un nouveau feu automatique.
Le sénateur Murray : Ils s'en occupent et, on peut supposer, s'y rendent plusieurs fois par année et font ce qu'ils ont à faire.
M. Fair : Oui.
Le sénateur Murray : Le reste des lieux est un site historique national. Soit Parcs Canada s'en occupe soit il ne le fait pas. Que devez-vous faire?
M. Fair : Non, ce n'est pas à ce point. Malheureusement, les ressources sont parfois minimes. Toutefois, il y a des mouvements entre Parcs Canada et le ministère des Pêches et des Océans sur lesquels on compte à la pointe Clark. La tour s'effrite trop, au point où elle a été fermée en 2010. Nous ne pouvions plus y faire monter des visiteurs. Je crois comprendre qu'un appel d'offres a été lancé pour des travaux de construction. Ils ont fait des dessins d'exécution en suivant les recommandations d'un ingénieur. Nous espérons avoir des nouvelles ce printemps.
Le sénateur Marshall : Félicitations. Vous racontez une histoire incroyable. Ma première question porte sur l'argent. Madame Tomori, vous avez dit avoir levé 770 000 $. J'aimerais que vous en parliez brièvement.
Monsieur. Fair, vous avez parlé de vos sources de revenus et cela m'intéresse certainement. C'est comme une histoire sur le pouvoir du peuple. Si vous pouviez me donner de l'information, je serais intéressée d'en savoir plus.
Mme Tomori : Sur cet argent, 275 000 $ provenaient des visites guidées, et 75 000 $ de la vente de souvenirs aux visiteurs, puis nous avons reçu des dons et nous avons organisé des collectes de fonds, comme des barbecues, des repas de poisson et d'autres événements.
Le sénateur Marshall : Qui a organisé toutes ces activités de collecte de fonds?
Mme Tomori : M. Sterling, qui était responsable d'un grand nombre, et le conseil d'administration. Il y a d'autres groupes communautaires, comme le groupe des dames de Southampton, qui existe depuis 1956. Elles s'appellent les Chantry Island Chambettes. Elles nous ont donné de l'argent provenant de leurs diverses collectes de fonds. Elles organisent chaque année une nuitée à l'île Chantry et chaque membre de leur groupe paye 100 $ pour être de la partie. Des activités uniques sur le thème de l'île sont organisées.
Le sénateur Marshall : On ne ménage pas les efforts pour recueillir des fonds.
Mme Tomori : Non.
Le sénateur Marshall : Monsieur Fair, vous pourriez peut-être nous parler un peu des fonds.
M. Fair : Prenons par exemple le phare de la pointe Clark. Nous accumulons un déficit pour l'ouvrir deux mois et demi pendant l'été pour un musée. Nous avons un déficit de 5 000 $ à 10 000 $. La municipalité est d'accord.
Le sénateur Marshall : La municipalité l'éponge, n'est-ce pas?
M. Fair : Oui. Nous considérons le phare comme un lieu touristique. Lake Huron Shoreline Tourism Partners et Sunsets.com sont des partenaires financiers. Bruce County Tourism est l'un de nos plus importants partenaires financiers. Le Musée et Centre culturel de Bruce County, les archives, en est un autre, tout comme la province.
Le sénateur Marshall : Félicitations. Je dois dire que c'est une excellente brochure.
Le sénateur Poirier : Merci d'être venus. Je m'excuse de mon léger retard et d'avoir manqué le début de votre exposé. D'après ce que j'ai entendu, vous êtes actif et vous êtes une source d'inspiration pour bien d'autres qui pourraient vouloir emprunter la même voie.
Vous avez parlé de 750 000 $. Est-ce une somme que vous levez chaque année?
Mme Tomori : Non, c'est le total que nous avons amassé jusqu'à maintenant, de 1997 à 2010. Nous ne sommes pas encore ouverts pour 2011.
Le sénateur Poirier : Pour ce qui est de votre capacité à assumer le coût de fonctionnement, je sais que vous avez un grand nombre de bénévoles. Combien vous en faut-il par jour pour fonctionner, y compris pour la boutique de cadeaux, le transport en bateau, les guides et tout le reste.
Qui s'occupe des assurances pour le bateau, l'assurance responsabilité au cas où quelque chose arriverait à des passagers que vous transportez, de l'entretien et de la tenue de votre boutique de cadeaux et des commandes de fournitures? Est-ce que tout cela est fait par des bénévoles? Avez-vous des employés?
Mme Tomori : Nous faisons des demandes de subventions pour employer des étudiants. Je m'occupe du lieu de départ des visites moi-même, mais à titre de bénévole. J'essaie de recruter deux étudiants pour l'été et nous faisons des demandes de subventions pour les embaucher. Parfois nous en obtenons, parfois non. Nous obtenons certes une subvention de 2 $ l'heure, mais il arrive que nous obtenions le salaire complet pour quelques semaines.
Il est impératif que des jeunes participent, qu'ils mettent la main à la pâte. C'est instructif pour eux et c'est un emploi d'été génial. Certains ont déjà travaillé pour nous comme bénévoles. Nous sommes donc heureux de pouvoir les embaucher l'été et leur donner quelques heures de travail. Un de nos étudiants peut assumer la fonction de capitaine du bateau. Ils sont dévoués et loyaux.
Je travaille toujours avec les mêmes bénévoles au lieu de départ des visites. Les mêmes personnes proposent leurs services comme bénévoles tous les lundis matin pendant tout l'été. Les gens ne changent pas tous les jours. Il y a continuité. Une personne est en charge des capitaines, une autre se charge de l'équipage et une autre se charge des guides touristiques. Ce n'est pas lourd pour personne.
Il y a autre chose qui nous préoccupe et dont nous sommes conscients et c'est l'épuisement. La dernière chose que nous voulons c'est épuiser nos bénévoles. En août, par exemple, nous pourrions faire autant de visites guidées par jour que nous le voulons parce que les restrictions en raison du sanctuaire d'oiseaux sont levées. Mais nous ne le faisons pas. Nous ajoutons une visite à 9 h 30, mais nous n'exagérons pas parce que nous ne voulons pas épuiser nos bénévoles, ce qui mettrait fin aux visites.
Le sénateur Poirier : Est-ce votre organisation qui paye les primes d'assurance responsabilité et d'autres assurances?
Mme Tomori : Oui. Sur les 750 000 $ que nous avons encaissés, nous avons dépensé probablement 668 000 $.
Le sénateur Poirier : Vous avez aussi mentionné que vous transportiez neuf personnes par jour en bateau pour la visite.
Mme Tomori : Neuf passagers payants et un capitaine, un équipier et un guide touristique. Le bateau prend 12 personnes.
Le sénateur Poirier : Vous faites un voyage par jour?
Mme Tomori : Nous faisons deux voyages en après-midi, en juillet, sept jours sur sept. En août, nous faisons trois voyages par jour, sept jours sur sept. Durant l'entre-saison — en mai et en juin — nous offrons les voyages la fin de semaine et, en septembre, nous n'offrons les voyages que les deux premières fins de semaine.
Nos activités dépendent des conditions météo et il peut être périlleux de tenter une sortie. Au besoin, nous les annulons. L'année dernière, par exemple, nous avons annulé 36 sorties en bateau en raison du temps. Nous tentons alors d'amener les visiteurs aux feux d'alignement ou ailleurs, de leur faire voir autre chose pour ne pas perdre de clients.
Le sénateur Poirier : Combien de temps dure votre visite? Vous avez dit que cela coûtait 28,25 $ par personne. Est-ce une heure ou deux?
Mme Tomori : Deux heures.
Le sénateur Poirier : Vous avez dit que, durant cette visite de deux heures, vous parlez aussi de votre littoral, de choses qui pourraient se produire et d'épaves de navire. Qui vous aide à faire les recherches pour que vous ayez suffisamment d'information intéressante à transmettre aux visiteurs? Ces recherches sont-elles faites par des bénévoles? Y a-t-il une base de données ou est-ce Parcs Canada qui vous fournit l'information?
Mme Tomori : Initialement, c'est John Weichel, ancien journaliste — il écrivait des chroniques pour des journaux — qui a commencé les recherches. Il est en fait devenu historien au musée. Il a fait toutes les recherches et détenait toute l'information de sorte que nous avons pu rédiger un texte. Cela aide les bénévoles à bien faire leur travail. Si vous leur donnez un texte, ils savent de quoi ils parlent. Ils se mettent tout de suite au courant de l'histoire et de tout ce qu'il faut savoir.
Le sénateur Poirier : C'est dommage que nous n'ayons pas pu vous trouver un gentil bénévole pour répandre cette bonne nouvelle dans tout le Canada.
Le sénateur MacDonald : Je pense que c'est notre travail.
D'abord, je ne peux vous dire à quel point j'admire le travail que vous avez fait. Il arrive que nous perdions presque espoir de trouver une solution. Je peux dire pour mes collègues ici que nous nous préoccupons des phares dans notre pays en raison de leur valeur patrimoniale et touristique. Ils ont une valeur intrinsèque. Ce que vous avez fait le montre et montre que les collectivités en pensent autant. Il s'agit de trouver un modèle à suivre. C'est une question à multiples facettes en raison de la participation de Parcs Canada, de la municipalité et de la Garde côtière. Il s'agit de trouver la bonne formule.
Je veux poser une question au sujet de votre barème de prix. Quel pourcentage de votre argent tirez-vous des frais d'admission? Par exemple, je remarque que vous avez un tarif de groupe. Pour certains sites, vous avez des frais d'entrée, pour d'autres, les gens peuvent faire un don et certains sites sont même gratuits. Pourquoi avez-vous adopté cette approche et pourquoi n'auriez-vous pas des frais peu élevés à chaque site?
M. Fair : Le phare de Cabot Head est sous la direction des Amis de Cabot Head. Ils ne font pas payer l'entrée, mais acceptent les dons. Ils estiment qu'ils génèrent probablement plus d'argent en sollicitant des dons que s'ils faisaient payer l'entrée. Ils recueillent également des fonds en permettant à des gens de vivre dans le phare. Vous vivez dans le phare de Cabot Head et vous payez pour y passer une semaine. Toutefois, vous devez sarcler les plates-bandes, vendre des boissons gazeuses et de l'eau et faire d'autres choses. Cela fait partie de votre travail et vous payez pour le faire. C'est toute une idée.
Le sénateur MacDonald : Vous avez mentionné le phare de la pointe Clark, qui est un site historique national. Le président du comité a mentionné que le phare dans ma ville natale, Louisbourg, est un site historique national. Je suis certain que nous devons traiter avec les mêmes niveaux de gouvernement. Vous avez dit que les visites intérieures du phare de la pointe Clark avaient cessé l'année dernière. Y a-t-il des travaux à faire?
M. Fair : Oui.
Le sénateur MacDonald : Pour des dépenses d'immobilisations aussi importantes, est-ce que la Garde côtière participe ou est-ce seulement Parcs Canada?
M. Fair : Je ne peux pas vous dire d'où le financement provient. Tout ce que je sais, c'est que des documents d'appel d'offres ont été publiés et que nous espérons que j'en aurai des échos. Je n'ai pas participé activement à ce processus. C'est Parcs Canada et le ministère des Pêches et des Océans qui s'en sont occupés.
Le sénateur MacDonald : Le temps file. J'ai tellement de questions. Merci d'être venus. Il se peut que nous recommuniquions avec vous.
Le président : Je pensais justement que nous pourrions essayer de faire cela, bien que nous ayons nous-mêmes des contraintes de temps.
Le sénateur Patterson : Ce que vous avez fait est si impressionnant. J'aimerais que vous nous donniez plus de détails sur certaines choses, madame Tomori. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le congrès international? Quel genre de personnes y avez-vous rencontrées et quel genre de fraternité internationale existe-t-il?
Mme Tomori : Nous avons formé un comité organisateur et deux de nos représentants sont allés entendre des conférenciers à différents endroits. Ils ne se sont pas contentés de téléphoner à des gens pour les inviter à présenter une conférence à notre congrès. Ils sont allés sur place pour repérer des personnes et ont trouvé de très bons conférenciers qui ont présenté de très bons exposés.
Nous entretenions aussi des liens par Internet avec un couple d'Italie qui voulait venir au congrès et qui ont offert d'y parler des phares italiens. Je pense qu'ils nous ont contactés par l'intermédiaire de M. Sterling. Ils sont venus en Ontario à leurs frais. Nous leur avons trouvé un endroit où loger, si j'ai bonne mémoire. La collectivité était enthousiasmée de voir qu'ils venaient d'aussi loin juste pour venir parler de phares. Les Italiens leur accordent autant d'importance que nous.
Parmi les gens qui sont venus, il y avait beaucoup d'Américains. J'avais peine à le croire. Comme le congrès se déroulait au musée, j'étais au point de départ des visites. Vers 6 heures, un homme s'est présenté à la porte. Il s'était présenté tôt parce qu'il voulait voir tous les phares qu'il pouvait voir avant la séance de 9 heures, qu'il ne voulait pas manquer. Nous lui avons remis des cartes et des directions. C'était stupéfiant. Il y avait beaucoup de monde venu des États-Unis. Ces gens ont passé un excellent séjour. C'était génial.
Le sénateur Patterson : Vous semblez décrire une passion, un enthousiasme, on pourrait même dire une obsession. Y a-t-il un point sensible que nous pouvons toucher pour établir une sorte de fonds ou une initiative nationale pour rassembler l'énergie qui anime certaines personnes?
M. Sterling : Je craignais un peu de lancer un appel local. Les fruits tombent de l'arbre et c'est local. Nous voulions convaincre notre population locale que cela prendrait peu de temps et mon message pour elle était plus économique que patrimonial. Ce qui nous motive, c'est le patrimoine, mais pour elle, j'ai dit que nous devions le faire pour les avantages économiques qui en découleraient. Ce serait avantageux pour la collectivité.
Je pense que, si vous pouvez combiner la dimension économique, c'est comme un vecteur à deux dimensions. L'une des dimensions est patrimoniale, mais n'oubliez pas que la dimension économique locale convaincra des gens qui semblent peu convaincus au départ.
Le sénateur Patterson : Merci.
Le président : Il est passé 18 h 30. Je sais que le sénateur Raine a une question, mais M. Noreau restera avec nous. Avez-vous une question rapide?
Le sénateur Raine : C'est une question rapide. Je sais qu'il existe des moyens pour recueillir des fonds dans d'autres domaines, par exemple, à Canards Illimités Canada et à Conservation de la nature Canada. Je pense que, manifestement, nous avons besoin de financement, de soutien et de publicité locale parce que seule la passion de la population locale permettra de conserver ces phares et de les garder en bon état. Toutefois, pour les faire connaître au monde, il faut parfois une promotion plus vigoureuse. Je pense qu'il y a de la place pour une société historique nationale de préservation qui pourrait recueillir des fonds à l'échelle nationale et internationale pour constituer un fonds destiné à financer les travaux majeurs. Est-ce que cela vous semble logique? Accepteriez-vous de mettre votre savoir-faire à contribution pour que soit fondé un tel organisme?
M. Sterling : C'est vraiment une bonne idée, du genre Phares Illimités.
Le sénateur Raine : Oui.
M. Sterling : Bonne idée.
Le président : Sur cette note positive, maintenant que vous avez dit être intéressé par un programme international, nous vous donnons congé avec beaucoup de pain sur la planche.
Merci d'être venus. Comme certains l'ont dit, c'était très impressionnant. Nous avons beaucoup appris et nous vous félicitons de ce que vous avez fait. Peut-être pourrons-nous poursuivre les échanges d'une autre façon? Je ne suis pas certain de savoir comment, mais nous essaierons.
M. Noreau reste, s'il y en a qui ont d'autres questions. Les gens du Québec comparaissent, mais ils ne sont pas pressés, n'est-ce pas?
Danielle Labonté, greffière du comité : Pas autant, non.
Le président : Nous souhaitons officiellement la bienvenue à M. Peter Noreau. Veuillez nous présenter votre exposé, puis nous vous poserons des questions.
M. Noreau : Je suis à l'aise dans les deux langues. Donc, si quelqu'un veut poser des questions en français, je peux y répondre dans la langue de votre choix, en partie en français, en partie en anglais. C'est du pareil au même pour moi.
D'abord, je veux exprimer une chose, comme mes collègues de l'Ontario. Comme le monsieur l'a dit à la fin — et je vais le faire en appuyant un peu plus — il faut être fou pour faire ce que nous faisons.
Je suis extrêmement fier et heureux de représenter non seulement le Québec, mais aussi tout ce qui se fait pour les phares dans tout le Canada. Il se trouve que je travaille aussi auprès d'un groupe consultatif sur la Loi sur la protection des phares patrimoniaux, ici à Ottawa, sous l'impulsion du sénateur Carney.
En ce qui me concerne, ce n'est certainement pas une entreprise immobilière. Je suis tout à fait contre cette idée. Si les gens n'ont qu'à jeter un coup d'oeil sur Internet pour dire : « Je peux acquérir un phare et un beau bout de terrain », attendez un an ou deux ou trois ou 20 ans et le phare aura été démoli et ils utiliseront le terrain à une autre fin. Ce n'est pas ainsi que je vois les choses.
Je saute du coq à l'âne. Je parle maintenant de budget. J'ai dépensé un peu plus de 2 000 $ juste sur un téléphone cellulaire l'été dernier. En 2010, j'ai été interviewé 58 fois par les médias au sujet de la vente d'un phare. Étant ce que je suis, un vieux Canadien français avec un peu de sang irlandais, j'ai dit que les phares n'étaient pas à vendre. Ils se méritent.
Je dis cela parce que j'en ai restauré un moi-même. Je n'en suis que le gérant, non le propriétaire. Il appartient toujours au ministère des Pêches et des Océans. J'ai signé un bail avec le ministère et j'y ai consacré plusieurs centaines de milliers de dollars de ma poche — aucune subvention, rien de cela — simplement parce que j'y crois. Je peux admettre publiquement que j'en dispose. Toutefois, il est ouvert au public. Il est là pour les touristes et j'en suis extrêmement fier. Il est entièrement restauré et est exactement comme il était dans le bon vieux temps.
J'ai même parlé à un architecte de Parcs Canada l'année dernière à une réunion ici, à Ottawa. Simplement en guise d'exemple, j'ai demandé s'il était plus compliqué, lorsqu'on restaure un phare, de le peindre en rouge et blanc, comme il est normalement censé être, ou rose et bleu. Il a dit : « Vous avez un bon point. » C'est ce qu'il m'a dit.
J'ai respecté dans le moindre détail la façon dont il avait été construit. Le témoin précédent parlait de recouvrir un phare d'aluminium. Ce ne serait pas beau à voir. J'ai restauré le mien en le recouvrant de bardeaux de cèdre, comme il l'avait été autrefois. Je peux vous garantir que c'est simple parce que je l'ai fait moi-même avec quelques gars que j'ai embauchés.
Cela requiert beaucoup d'organisation. J'ai dû loger et nourrir des gens, et cetera, parce que je suis dans un secteur extrêmement éloigné. Par comparaison aux gens de l'Ontario, la société que je préside en ce moment a des phares disséminés sur plus de 1 000 kilomètres, ce qui est une toute autre philosophie. Nous avons une visite guidée de phares. Nous vendons des passeports et nous avons une petite croisière que nous faisons une fois par année parce qu'il faut 13 heures juste pour voir quelques phares puisqu'ils sont extrêmement éloignés. Environ 15 ou 20 d'entre eux sont accessibles par la route, mais pour les autres, n'y comptez pas.
Je vais passer d'un sujet à un autre, mais vous devriez pouvoir me suivre.
Quelqu'un a demandé tout à l'heure un conseil sur la façon d'obtenir du financement. Je pense à un petit budget géré par le ministère des Pêches et des Océans. Vous direz peut-être : « Non. Ce n'est pas le mandat du ministère des Pêches et des Océans de restaurer des phares ou des lieux historiques. » Je le sais, mais néanmoins, je pense qu'il est assez bien placé pour s'en occuper. Je ne veux pas gérer des ordinateurs ou des projets qui vont durer une éternité et engloutir de l'argent. Je parle de gratter des murs et de les restaurer, de faire des choses concrètes. Je pense que nous pourrions aller loin avec cela parce que je l'ai fait moi-même et j'ai quelques bénévoles dont je suis très fier. Nous tenons une petite réunion une fois par année et je dois parcourir 700 kilomètres pour m'y rendre — je vis dans la province de Québec. C'est du travail entièrement bénévole. Mon premier phare est situé à environ 80 kilomètres à l'est de Québec. Je souhaiterais que Terre-Neuve m'offre une bière. Je pense que je pourrais me rendre aussi loin. C'est la distance que nous devons couvrir.
Un grand nombre de nos phares ont été abandonnés, mais je remercie Dieu pour certains de nos bons vieux bénévoles. Certains remontent la pente et ils commencent à être pas mal en forme.
Je pense qu'il serait indiqué d'avoir un bon leader. Vous parliez précédemment d'avoir un projet de conservation pancanadien. Je suis bilingue et je ne cesse de parler de ce sujet partout au pays, à gauche, à droite et au centre. J'ai été interviewé par Radio-Canada, à Vancouver, il y a environ trois semaines et je continue d'adhérer à ma vieille philosophie. Si nous voulons garder nos phares, nous devons nous mettre à la tâche sans tarder parce qu'un grand nombre d'entre eux sont en piètre état.
Je pense que trop de monde s'en mêle et tergiverse. Il y a un peu trop de cela. Pour ce qui est de l'exemple que l'Ontario vient de donner, je travaille avec Robert Square, que je respecte beaucoup, et ils ont fait du très bon travail, je dois l'admettre.
En raison de la distance extrême, vous devez comprendre qu'il est plus compliqué pour nous d'organiser des collectes de fonds. Cela répond aux questions du sénateur à savoir si nous pensons que nous pourrions en faire un projet national. Je suis en faveur d'un tel projet, mais il faudrait qu'il soit annoncé à grande échelle en raison des distances qui nous séparent et nous traitons avec de très petites collectivités. Je parle d'environ 150 personnes.
Certains de mes collègues et moi montrons à nos gestionnaires qui veulent présenter une pétition comment s'y prendre. Vous penserez peut-être « Pourquoi une pétition? » Il n'y a que 25 personnes de 18 ans ou plus. J'étais assis à une réunion à Québec que j'ai organisée volontairement — c'était à 300 kilomètres de chez moi — avec une personne représentant le ministère des Pêches et des Océans, une merveilleuse personne, M. Donald Moffet. Je tiens à mentionner son nom. Il est très coopératif, mais il a les mains liées par des budgets, et cetera. Il nous comprend et nous suit et il vient à nos réunions.
J'ai consulté ma montre. Nous avions commencé à 8 h 30 et il était 16 h 20 et nous parlions encore de la façon de montrer à nos bénévoles à se concentrer sur la tâche à accomplir. Je ne parle pas d'immobilier; je parle de faire circuler des pétitions et de sauver un phare. Je pense que pour acquérir un phare, vous devez le mériter.
Le sénateur Hubley : Maintenant que nous avons un millier de phares excédentaires, il y a panique et on craint de ne pas avoir beaucoup de temps pour bien évaluer chacun, pour voir quels groupes de soutien existent pour que nous ayons le sentiment de faire ce qu'il faut pour entretenir et préserver ces phares.
Si vous deviez faire une recommandation sur la communication, comment dirions-nous au ministre de s'y prendre pour contacter les collectivités ou les administrations municipales? Avez-vous une idée d'approche? Quels groupes faudrait-il absolument informer que des phares pourraient être disponibles?
M. Noreau : Il y a de nombreux groupes. C'est exactement ce que j'expliquais. C'est ce que nous faisons avec nos propres phares.
Je vais faire une petite blague ici en disant que je vais procéder à la manière du Bloc québécois. Nous présenterons toutes nos organisations en un seul bloc. Les gens viendront à Ottawa avec leurs documents bien remplis. Je siège au comité qui supervise les phares et nous apprenons. Le sénateur Carney m'a dit dans un courriel — parce que j'avais peu à dire lorsque je parlais des phares en Ontario; je ne connais pas tous les phares — « Ne t'en fais pas pour cela; je suis de la Colombie-Britannique et j'avais peu à dire et même Parcs Canada avait peu à dire à ce sujet. » Nous sommes en train d'apprendre, mais je veux être certain que ce n'est pas une entreprise immobilière.
Pour répondre à votre question, je reviens à l'idée d'avoir un petit budget entre les mains du ministère des Pêches et des Océans. Je pense que ce serait la solution. Demander à quelqu'un de faire de la sensibilisation. Je serais disposé à le faire, à aller expliquer aux gens ce qu'ils doivent faire. La pétition est assez simple. Il s'agit de demander qu'un phare soit déclaré comme faisant partie du patrimoine, après quoi, vous devrez produire un plan de travail.
Ils nous montrent le plan de travail. S'ils nous donnent trop de documents, nous les gardons. Normalement, une fois la pétition soumise, il faut deux à trois semaines pour recevoir une lettre de Parcs Canada disant qu'il veut voir votre plan d'activités. À ce stade, nous les aiderons. Nous disposons d'un peu de temps, mais pas tant que cela. Le temps file. Le plan d'activités comporte de nombreuses petites choses. Ils doivent payer un droit de mutation s'ils acquièrent un phare. N'oubliez pas que nous parlons de bénévoles qui doivent acquitter un droit de mutation. Nous en avons au Québec. Si j'achète une maison dans la province de Québec, je dois payer 2 000 $ ou 3 000 $ en droit de mutation — juste pour signifier que j'ai acheté votre maison.
Le président : Est-ce une politique québécoise?
M. Noreau : Je crois que oui.
Le sénateur Raine : C'est une taxe sur les opérations immobilières.
M. Noreau : C'est cela.
Le sénateur Raine : Nous en avons aussi une en Colombie-Britannique.
M. Noreau : C'est un exemple. Ils doivent payer des taxes et contracter une assurance. Dans certains cas, il n'y a pas de compteur d'électricité aux phares qui ont l'électricité. Nous informons nos gestionnaires de ces petits problèmes, qu'ils pourraient rencontrer. Un grand nombre de personnes veulent faire cela, mais tous les problèmes doivent être réglés.
J'espère ne pas me tromper, mais selon une loi canadienne, un certificat d'arpenteur doit être produit dans les deux ans de la cession ou de la vente d'une propriété. Pouvez-vous imaginer cela pour 1 000 phares? Pensez-y une seconde. Mon phare est si isolé. Bien souvent, les documents datent des années 1800. Les levés étaient assez justes en ces temps- là, mais aujourd'hui, la loi exige d'en faire d'autres.
N'importe quel phare qui est encore contaminé ne peut pas être cédé alors qu'on sait sciemment qu'il est contaminé. Il doit y avoir une preuve.
Le président : Lorsque vous parlez d'un budget au ministère des Pêches et des Océans, voulez-vous dire pour les déplacements d'une personne?
M. Noreau : Ce n'est pas seulement pour les déplacements. Je parle de ce ministère parce qu'il est présent dans chaque province. Ce n'est pas son mandat, mais il pourrait y avoir une ouverture quelque part. Ils ont de nombreux rouages et les gens sont tous humains. J'ai rencontré des hommes et des femmes exceptionnels au ministère des Pêches et des Océans et à la Garde côtière. Ils étaient si coopératifs parce que nous sommes tous des êtres humains, comme j'ai dit. Nous ne sommes pas ici pour nous mettre les bâtons dans les roues, mais pour travailler ensemble.
Vous me demandez s'il existe une solution. Oui, il y a une solution, mais il nous faut une personne pour la gérer. Je ne veux pas que de l'argent soit dépensé pour des ordinateurs. Je sais que je me répète, mais je veux que cela se fasse. Je veux me présenter et faire un peu de travail et confier le reste à des bénévoles. Je veux voir une ligne directrice. Je ne veux pas qu'on lance de l'argent en l'air de sorte que c'est le meilleur qui en récolte le plus. Ce n'est pas ce que je veux voir. Je veux que le travail se fasse. Le gouvernement dira que nous ne pouvons pas payer quelqu'un 20 $ au noir. Je sais tout cela, mais il y a moyen de faire contrôler le financement par une personne en position supérieure et tout fonctionnera bien. Demandez au ministre un petit budget parce qu'il s'agit de notre histoire.
Ai-je bien répondu à votre question?
Le sénateur Hubley : Certainement.
Le sénateur Poirier : Si je vous comprends bien, vous tentez fondamentalement d'informer les gens des obstacles qu'ils devront franchir pour avancer. Cela peut être compliqué, surtout pour des bénévoles qui n'ont pas l'habitude de la bureaucratie, de remplir des formulaires et de saisir les enjeux environnementaux possibles, et cetera. Je comprends clairement où vous voulez en venir.
Je sais que vous travaillez avec de nombreux groupes dans votre province pour aider des gens à s'organiser et leur donner l'information dont ils ont besoin. Y a-t-il des groupes qui ont déjà commencé? Vous avez loué un phare et l'avez remis dans son état original. Y a-t-il un organisme sans but lucratif qui en a pris un qu'il utilise comme attraction touristique. Le cas échéant, comment a-t-il fait pour en arriver là où il en est maintenant?
M. Noreau : Ils ont suivi le même processus simple. Ils ont recouru à des bénévoles et ils croient en la valeur historique de ces phares. Lorsque je parle d'un phare, je parle non seulement de la structure avec le feu, mais aussi de tout le site, qui comprend un bâtiment pour la corne de brume, la maison du gardien et celle de l'assistant, et toute petite remise ou tout garage qui pourrait s'y trouver. Il fut un temps où les gens accordaient de l'importance aux phares. J'ai une courte note que j'ai rédigée avant de venir ici. J'ai fait un petit sondage et j'ai découvert que 95 p. 100 de la population n'avait jamais vu un phare de près ou de loin. C'est surprenant. Je vous ai entendu dire que vous viviez dans une région où il y a des phares partout. Vous faites partie des 5 p. 100 restants de la population.
Le sénateur MacDonald : Oui.
M. Noreau : J'y accorde beaucoup d'importance. Je suis dans une région où il n'y a pas de phare, mais je m'y suis intéressé. J'ai été pilote de ligne toute ma vie et je me suis intéressé aux phares parce qu'il faut être fou pour faire ce que j'ai fait et que je fais encore. Vous y croyez ou vous n'y croyez pas et c'est la raison pour laquelle je suis vraiment fier d'être assis ici ce soir pour parler des phares de tout le Canada, et non seulement de ceux du Québec.
Le sénateur Poirier : Vous avez mentionné l'éloignement et la distance entre les endroits. Y a-t-il des visites d'une demi-journée ou d'une journée dans la province de Québec? Y a-t-il des sorties en bateau? Est-il possible d'en visiter deux ou trois le même jour?
M. Noreau : Je l'ai mentionné. Nous le faisons une fois par année. Il y a un bateau qui peut accueillir 419 personnes. Luc Harvey et son fils sont capitaines du bateau. Cela fera 49 ans cette année qu'ils amènent des gens en bateau sur le fleuve Saint-Laurent. C'est tout un capitaine et j'ai le plus grand respect pour lui et sa famille. Cette année, le 31 juillet, nous partirons de Saint-Jean-Port-Joli, qui se situe à environ 120 kilomètres à l'est de Québec sur la rive sud. Toutefois, nous devons tenir compte des marées. Le bateau doit donc quitter le port à une certaine heure et revenir à une heure donnée. Il y a toutes sortes de contraintes, mais nous y sommes habitués.
Le sénateur Poirier : Cette visite guidée dure-t-elle une journée entière?
M. Noreau : Oui. Les participants peuvent alors visiter six phares au maximum compte tenu de la distance qui les sépare.
Le sénateur Poirier : Cet événement est organisé une fois par année?
M. Noreau : Oui, la visite est généralement organisée une fois l'an. En se rendant à Gaspé en voiture, il est possible de visiter environ 15 phares. C'est pourquoi nous vendons un petit passeport de 30 $ valide pour deux ans. Pas question de faire de l'argent. Notre organisation à but non lucratif est composée de bénévoles. Nous tentons bien de recueillir quelques dollars par-ci par-là, mais c'est très peu, surtout parce que nous ne pouvons nous concentrer. Nous en sommes parfaitement conscients.
Le sénateur MacDonald : Nous vous remercions d'être venu aujourd'hui. Nous vous en sommes reconnaissants. Certains des plus beaux phares du pays sont situés sur le Saint-Laurent. Ils sont magnifiques. Ils ne sont pas dotés de personnel, car ils ont été automatisés il y a longtemps. Je sais que vous en avez visité un plus grand nombre que moi. J'aimerais que vous me disiez ce que vous pensez de leur état relatif dans l'ensemble. Pourriez-vous me donner une idée des travaux de restauration qui seraient nécessaires? Certains de ces phares sont-ils inaccessibles pour le public?
M. Noreau : Certains sont à peine accessibles. Certains sont situés sur des îles éloignées. Il faut une grande détermination pour s'y rendre. Mon phare est relativement difficile d'accès. Le phare voisin, en direction de l'est, est très difficile d'accès.
Le sénateur MacDonald : Qu'en est-il des phares situés sur le Saint-Laurent?
M. Noreau : Ils sont tous situés sur le Saint-Laurent
Le sénateur MacDonald : Je veux parler de ceux qui sont situés directement sur les rives du fleuve.
M. Noreau : Ceux que j'ai mentionnés sont situés sur la rive et non pas sur des îles. Ils sont quand même très difficiles d'accès. Il faut par exemple gravir une pente de 33 p. 100 pour accéder à mon phare. Je m'y rends en VTT, un véhicule tout-terrain. Il faut savoir garder son sang-froid. Auparavant, il n'y avait même pas de route. Le phare n'était accessible que par bateau. Depuis, au fil des ans, j'ai construit une route.
Le sénateur MacDonald : Le bateau est-il toujours la meilleure façon d'accéder à un grand nombre de ces phares?
M. Noreau : Il y en a environ 12. Je vous prie de ne pas me citer, mais selon moi 12 ou 14 de ces phares sont accessibles en bateau. Non loin de votre site sur l'île d'Anticosti, il y a encore quelques beaux phares. Quelques-uns ont cependant été complètement abandonnés. Ils sont en très mauvais état.
Le sénateur MacDonald : Certains sont de grandes structures édifiées le long du Saint-Laurent. Une évaluation d'ensemble a-t-elle été faite? Combien d'argent...
M. Noreau : Je suis certain qu'une telle évaluation existe. Nous devons aller au coeur du problème et faire le travail nécessaire. Il faut oublier les évaluations. Confions à quelqu'un le soin de faire l'essentiel pour nous aider. C'est mon rêve. J'aimerais qu'on nous donne quelques dollars pour que nous les restaurions.
Le sénateur Marshall : Vous avez dit que vous possédiez votre phare et que vous l'avez restauré. Je pense que vous avez mentionné y avoir investi quelques centaines de milliers de dollars. À votre avis, qu'en est-il des autres phares? Pensez-vous que la restauration de chacun de ces phares coûterait environ le même montant?
M. Noreau : À mon avis, la restauration coûterait en moyenne de 50 000 $ à 300 000 $. Cependant, il y a toujours une rare exception à chaque règle. Il y a notamment le phare de Cap-des-Rosiers, le plus haut au Canada. Après en avoir discuté avec M. Moffet, du MPO, il semblerait que la restauration de ce phare coûterait environ 2,2 millions de dollars.
Le sénateur Marshall : Parlez-nous de votre propre expérience. Depuis quand avez-vous terminé les travaux de restauration de votre phare?
M. Noreau : J'ai terminé cet après-midi.
Le sénateur Marshall : Selon votre expérience, combien peut coûter l'entretien d'un phare? L'argent nécessaire à la restauration n'est pas tout. Il faut également tenir compte des frais d'entretien.
M. Noreau : Il s'agit dorénavant d'entretenir mon phare. C'est comme un véhicule automobile ou une maison : c'est plus facile lorsqu'on garde les choses bien en main. Lorsqu'on laisse aller, les choses deviennent de plus en plus compliquées. C'est ma façon de voir les choses. J'ai tout un lot de photos que je pourrais vous montrer ultérieurement. C'était atroce. Un grand nombre de phares sont dans un aussi piètre état.
La première étape de la restauration d'un phare, c'est le nettoyage. Vous seriez surpris de voir la quantité de débris j'ai dû évacuer de mon site. Il faut ensuite procéder à la décontamination. C'est plus compliqué. Cette tâche doit être confiée à des entreprises spécialisées qui se chargent d'éliminer les résidus de mercure, d'huile ou autres contaminants qui ont été déversés sur ces sites à l'époque.
Le sénateur Marshall : Un peu plus tôt, vous avez mentionné un poste de gestionnaire. Ne faudrait-il pas aller jusqu'à doter chaque phare de son propre gestionnaire?
M. Noreau : C'est ce que j'ai expliqué à mon petit groupe. C'est cependant moins complexe pour certains phares. Comme cela a été mentionné plus tôt, je me rends compte que je ne rêve pas lorsque je dis que nous pouvons sauver tous les phares du Canada. Je tiens seulement à m'assurer que je ne suis pas ici pour faire de l'immobilier. C'est une cause importante pour moi et j'y crois profondément. Je ne sais pas ce qu'en pense le sénateur Cochrane, mais, à mon avis, il ne s'agit pas simplement d'une question pécuniaire.
Le sénateur Cochrane : Le bénévolat est un engagement.
Le sénateur Marshall : C'est tout un défi, mais rien n'est impossible.
M. Noreau : Passez-moi un coup de fil si vous pensez que je peux remonter le moral des troupes ou les aider.
Le sénateur Cochrane : Parcs Canada est-il impliqué dans tous les dossiers concernant les phares dont il est ici question?
M. Noreau : Voulez-vous parler des phares dont le ministère est propriétaire, si je peux m'exprimer ainsi?
Le sénateur Cochrane : Oui.
M. Noreau : Dans la province de Québec, Parcs Canada est propriétaire d'un phare et demi. Pourquoi un et demi? Parce que l'un de ces phares relève de sa compétence, de même que l'autre site, mais, techniquement, pas le phare lui- même. C'est pourquoi je dis un phare et demi. Les phares de Parc Canada ne sont pas touchés par le projet de loi S-15. C'est la même chose pour les phares qui sont encore dotés de personnel. Ils ne sont pas concernés par la loi pour l'instant.
À moins que je me trompe, le MPO a déclaré tous les autres excédentaires.
Le sénateur Cochrane : Ils sont tous excédentaires?
M. Noreau : Si je comprends bien les chiffres, je pense que c'est bien cela, à moins bien sûr que je fasse complètement fausse route.
Le président : Environ un millier, ou près d'un millier.
Le sénateur Cochrane : Et qu'en est-il des terrains sur lesquels ils sont sis?
M. Noreau : C'est la même chose. Le ministère doit s'en départir. Lorsqu'il est question d'un phare, il faut parler d'un site. Il faut tenir compte du terrain, des bâtisses et de tout ce qui concerne le patrimoine et l'histoire de nos phares canadiens. Voilà de quoi je parle.
Le sénateur Raine : Merci beaucoup, monsieur Noreau. Il est très intéressant d'apprendre ce qui se passe sur le Saint- Laurent. Pourriez-vous me dire combien il y a de stations de phare entre l'endroit où vous êtes situé, à l'est de la ville de Québec, jusqu'à la frontière de Terre-Neuve-et-Labrador, sur les deux rives du fleuve?
M. Noreau : La plupart sont situées à l'est de mon phare.
Le sénateur Raine : De combien de phares s'agirait-il?
M. Noreau : Il y en aurait environ 39 et même plus. Disons 41.
Le président : Sont-ils situés sur la rive sud?
M. Noreau : Certains d'entre eux le sont. Le mien est situé sur la rive nord. De ce côté, jusqu'à l'île d'Anticosti, il y en a environ sept. En incluant le mien et ceux du Cap de la Tête au Chien, du Cap-de-Bon-Désir et de Pointe-des- Monts, cela donne quatre. Celui de Pointe-des-Monts est une exception, car il appartient au gouvernement provincial. Je suis dans le domaine depuis bien des années, mais je n'ai jamais entendu parler de l'implication de la province de Québec. Certaines municipalités et, à l'autre extrême, le gouvernement fédéral, se sont impliqués, mais pas la province elle-même.
Le sénateur Raine : Selon vous, des 41 phares en question, la totalité va-t-elle survivre? Y a-t-il une possibilité?
M. Noreau : Non.
Le sénateur Raine : Certains phares vont-ils être laissés à l'abandon parce qu'ils ne valent pas la peine d'être sauvés? Est-ce que quelqu'un procède actuellement à une évaluation?
M. Noreau : Le MPO et Parcs Canada ont procédé à une évaluation. Il y a toutes sortes d'évaluations à ce sujet. J'aimerais être en mesure de dire que tous les phares du Canada seront préservés, mais je ne suis pas fou. Je pense que c'est impossible. Quelques-uns qui relèvent de notre compétence sont au-delà de toute possibilité de restauration.
Le sénateur Raine : Sur la liste dont je dispose, je note que ceux du Cap-de-la-Madeleine, de La Martre de Gaspé et de Cap-Chat appartiennent déjà à des intérêts privés. Est-ce exact?
M. Noreau : Pas encore, mais ils sont gérés par le privé.
Le sénateur Raine : On parle pourtant de phares entièrement transférés. Association touristique Madeleine.
M. Noreau : Pas ce phare-là, à moins que je fasse erreur. Le phare de Matane a été transféré à la municipalité, mais celui du Cap-de-la-Madeleine est géré par une dame qui s'en occupe.
Le célèbre phare de Pointe-à-la-Renommée a été déménagé de son site dans la péninsule de Gaspé à la ville de Québec, où il a été installé sur le quai pendant quelques années. Trois dames ont uni leurs efforts pour le redéménager à Pointe-à-la-Renommée. Il est actuellement dans un état impeccable. Je sais que ce phare a effectivement été transféré. Je me souviens avoir dit ceci à quelqu'un, lors de notre réunion du 1er novembre : « Vous ne faites pas partie du jeu. Vous ne pouvez pas faire circuler une pétition, car il ne relève plus du gouvernement fédéral. Nous n'allons jamais vous oublier. »
Le sénateur Raine : C'est drôle, car ce phare ne figure pas sur notre liste de phares entièrement transférés. Nous allons vérifier.
Qu'en est-il du phare de Pointe-Métis?
M. Noreau : Métis Beach. Quelqu'un a fait circuler une pétition. Lisez-vous les pétitions que vous recevez?
Le sénateur Raine : C'est la documentation dont nous disposons.
M. Noreau : Quelqu'un a fait circuler une pétition à ce sujet. Je ne l'ai appris qu'au moment de notre réunion du 1er novembre.
Le sénateur Raine : La municipalité de Métis-sur-Mer.
M. Noreau : La municipalité pourrait travailler dans ce dossier, mais, à ma connaissance, il s'agit d'un particulier. J'ai été quelque peu surpris, car cette personne ne faisait pas partie de notre groupe. J'ai donc demandé de l'information à ce sujet.
Le sénateur Raine : C'est excellent de pouvoir compter sur un groupe organisé dont les membres s'entraident.
M. Noreau : La distance complique les choses.
Si je peux me permettre de mentionner autre chose dans le cadre de votre audience publique, à mon avis, il serait souhaitable de tenir ce genre de réunion à l'extérieur d'Ottawa. Je n'ai rien contre la ville d'Ottawa, mais se réunir dans un motel à proximité du site d'un phare...
Le sénateur Raine : Nous devrions le faire.
M. Noreau : Je le mentionne chaque fois.
Le président : Je tiens à dire que nous l'avons pourtant fait à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse et en Colombie- Britannique, mais j'avoue que nous ne l'avons jamais fait au Québec. C'est une excellente idée.
M. Noreau : Je ne pensais pas seulement au Québec, mais il va de soi que vous êtes les bienvenus. Je me ferai un plaisir de vous faire visiter la région et d'organiser quelque chose à votre intention.
Le président : Voilà ce qu'il faut faire.
M. Noreau : Avec Norman Shields, de Parcs Canada, qui est chargé de la gestion de la Loi sur la protection des phares patrimoniaux.
Le président : Si nous pouvons obtenir l'argent nécessaire. C'est à regret que je le mentionne, mais si seulement nous dispositions de l'argent pour le faire.
M. Noreau : Combien cela coûte-t-il de nous faire venir à Ottawa? Je ne suis pas remboursé pour mon temps, mais seulement pour mes dépenses.
Le sénateur Raine : J'ai un point plus important. Si je ne m'abuse, le conseiller en politiques de Parcs Canada a informé les membres du groupe consultatif qu'il est impossible de leur donner le nom des pétitionnaires ayant présenté des demandes de désignation de phares patrimoniaux pour des raisons de protection des renseignements personnels. Je ne comprends pas. Si c'est vrai, c'est insensé.
M. Noreau : C'est tout à fait contraire à ma philosophie. Je viens de dire au sénateur Carney, pour qui j'ai le plus grand respect, notamment en raison de l'excellence de son travail, que je pense que les choses ne devraient pas se passer ainsi. C'est inacceptable. Il ne devrait y avoir place pour aucune considération relative à la protection des renseignements personnels dans ce dossier. J'ai répondu au sénateur Carney que je me demandais même, à tort ou à raison, s'il ne s'agissait pas de combines immobilières grâce auxquelles quelqu'un qui pourrait compter sur les bons contacts se verrait simplement répondre : « Voici votre phare, bingo! ». Si cela devait être le cas, jamais plus je ne me présenterais devant vous. Je ne crois donc pas à ce prétexte.
Le sénateur Raine : Si c'était le cas, ne serait-il pas relativement simple pour Parcs Canada de demander aux nouveaux pétitionnaires de remplir un formulaire déclarant qu'ils consentent à ce que leur pétition soit divulguée au groupe consultatif?
M. Noreau : Ce serait possible. C'est un excellent point.
Le président : Nous allons faire comparaître Parcs Canada. Nous pourrons poser la question directement au ministère.
Le sénateur Raine : Le groupe fait un travail exceptionnel.
M. Noreau : Oui.
Le sénateur Raine : De toute évidence, nous n'avons besoin de personne qui aille se placer derrière le groupe.
Le président : Nous allons poser la question à Parcs Canada.
Le sénateur Patterson : Il est passionnant de vous rencontrer et de vous écouter. Je ne veux pas que vous pensiez que je doute de vous lorsque vous parlez de transactions immobilières, mais le comité a entendu une personne de la côte Ouest qui travaille dans le secteur de la restauration des biens patrimoniaux et qui a dit que si le processus était structuré de façon à établir des balises claires concernant la préservation de l'intégrité originale, il serait possible d'attirer des intérêts privés pour la restauration de ces installations.
Je sais qu'il s'agit de propriétés riveraines rares et de grande valeur. Je sais aussi qu'il y a toujours des gens mal intentionnés. Pourriez-vous expliquer vos craintes à ce sujet? Avez-vous des exemples de mauvaises expériences personnelles avec des personnes mal intentionnées?
M. Noreau : Pas encore. Le projet est encore trop nouveau pour que je puisse répondre à la question. À mon avis, lorsqu'on se présente devant un juge dans un tribunal, il est impossible de donner et de retenir en même temps. Le juge voudra savoir s'il y a vraiment une cause, si je suis sain d'esprit ou quoi. Comme je le disais au début de mon exposé, dans un an, cinq ans ou 20 ans, les bulldozers vont s'amener et raser le site en vue de la construction de quelque chose d'autre.
Il n'est pas nécessaire d'aller bien loin pour trouver un exemple. C'est déjà en train de se produire en ce moment même à Saint John, au Nouveau-Brunswick. En l'occurrence, il s'agit d'un phare qui n'a que 25 ans. J'ai justement lu un article à ce sujet la semaine dernière. C'est Robert Square qui me l'avait fait parvenir.
Le sénateur Patterson : Je n'ai pas lu le projet de loi et je n'ai pas le texte devant moi en ce moment, mais il me semble que la Loi sur la protection des phares patrimoniaux est un peu vague en ce qui concerne le type de groupe qui peut prendre le contrôle. Elle ne stipule pas qu'il doit s'agir d'un groupe à but non lucratif. Est-ce que vous craignez que cette mesure législative puisse être utilisée à mauvais escient?
M. Noreau : Le groupe consultatif avec lequel je collabore, ainsi que le sénateur Carney, procède à un examen cas par cas. Au fur et à mesure, nous prendrons les décisions qui s'imposent en fonction des événements. C'est également la position des fonctionnaires locaux du MPO et de la Garde côtière. Tôt ou tard, comme je l'ai déjà dit, c'est oui ou c'est non. À mon avis, il faudrait un engagement écrit quant au respect du site.
Je ne suis pas un juriste, mais je suis persuadé que si l'affaire était portée devant les tribunaux, il serait impossible à un juge d'intervenir. Tout ce qu'il pourrait dire c'est que, comme le site a été cédé au groupe en question, c'est tant pis.
Le sénateur Patterson : La possession représente les neuf dixièmes de la loi.
M. Noreau : J'espère seulement que cela ne se produira pas. Au début de la séance, nous avons parlé de la nécessité de donner accès aux fonctionnaires du MPO. J'y crois fermement. Je signerais n'importe quand. Ils doivent avoir accès pour entretenir la lumière du phare. C'est ce que je dis. Nous devons travailler ensemble. J'ai entendu à travers les branches que quelqu'un s'y opposait en disant que s'il obtenait le phare, les fonctionnaires n'auraient plus accès à sa propriété. Est-ce de bon aloi? Je ne le crois pas. De toute façon, ce n'est pas ce que je crois.
Le sénateur Patterson : Pourriez-vous nous en dire un peu plus au sujet du groupe de conservation? Je suis désolé, mais j'ignore son nom exact.
M. Noreau : En anglais, nous pouvons parler d'une « lighthouse preservation society » québécoise. En français, il s'agit de la Corporation des gestionnaires de phares de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent. C'est l'organisme que je représente ici aujourd'hui.
Le sénateur Patterson : Merci beaucoup.
Le président : Pourriez-vous nous en dire un peu plus au sujet de cette organisation, notamment combien elle compte de membres?
M. Noreau : Cinq membres siègent à notre petit conseil d'administration. En effet, nous devons respecter certains critères pour être légalement constitués. La corporation compte actuellement 32 membres, un nombre qui fluctue légèrement pour diverses raisons. Lors de la dernière réunion avec mes collègues de Rimouski, nous étions 24 participants. Comme nous devons parcourir de grandes distances à grands frais, nous nous réunissions seulement une fois par année. Le reste de l'année, nous publions un bulletin et communiquons par courriel pour rester au courant des événements. M. Moffet, le responsable à Québec, n'a pas son égal en matière de liaison.
Le président : Voilà qui soulève la question des médias sociaux. Si ceux-ci permettent d'organiser une révolution en Égypte, ils devraient également permettre d'organiser certaines initiatives conjointes pancanadiennes. Devez-vous vous déplacer en voiture? Qu'arrivez-vous vraiment à faire de façon électronique?
M. Noreau : Les possibilités sont relativement limitées. Une bonne rencontre en personne, comme celle-ci, est difficile à battre. Le sénateur Carney croit fermement la même chose et elle se donne beaucoup de mal pour venir en personne à Ottawa. Comme d'autres, je dois aussi venir sur place, mais c'est la meilleure solution.
Il est possible d'accomplir certaines choses grâce aux outils électroniques. Nous organisons notamment quelques conférences téléphoniques chaque année. Compte tenu de ce qu'il en coûte pour nous faire venir ici, nous pourrions éventuellement organiser une réunion en Colombie-Britannique, une au Québec et une autre à Terre-Neuve. Ainsi, nous n'oublierions personne. Je n'ai mentionné ces provinces qu'à titre d'exemple.
Le président : Merci beaucoup. Vous nous avez été d'une grande utilité. Nous apprécions tous vos commentaires. Vous avez été très patient et nous vous remercions d'être venu. Nous applaudissions le travail que vous faites.
M. Noreau : Merci beaucoup. J'ai oublié de mentionner une chose. En ce qui concerne la Colombie-Britannique, le gouvernement français a créé une émission intitulée Thalassa. C'est comme le magazine National Geographic. Cette émission est diffusée dans le monde entier. J'ai passé quatre jours avec ces gens et ils ont passé deux jours sur le site de mon phare. Ils se sont ensuite rendus à L'Isle-Verte puis en Nouvelle-Écosse. J'ai visionné le film sur Internet et je dirais que neuf bonnes minutes ont été tournées en Colombie-Britannique. L'émission a été diffusée en France vendredi dernier. Elle sera rediffusée à l'antenne de TV5 vendredi prochain, à 20 heures, dans trois jours.
Le président : Nous vous remercions de votre présence, monsieur Noreau.
Pam Copley est planificatrice en conservation du patrimoine communautaire, gestionnaire des programmes du patrimoine à la Direction du patrimoine de la Colombie-Britannique. Madame Copley, si vous le voulez bien, vous pouvez d'abord nous présenter votre exposé. Ensuite, nous vous poserons quelques questions. Est-ce que cela vous convient?
Pam Copley, planificatrice en conservation du patrimoine communautaire, Direction du patrimoine de la Colombie- Britannique, ministère du Tourisme, du Commerce et de l'Investissement de la Colombie Britannique : C'est très bien. Je vous remercie vivement de m'avoir donné cette occasion. Je sais que la greffière et les autres intervenants ont travaillé dur pour que cela soit possible.
Je tiens à préciser que je ne porte pas ces deux chapeaux. C'est plutôt Jennifer Iredale, qui n'a pas été capable de se joindre à nous aujourd'hui, qui porte le chapeau de directrice. Il n'y a que moi ici aujourd'hui.
J'ai écouté avec intérêt les autres témoins qui m'ont précédée, au moins certains d'entre eux. Je crois que vous avez reçu deux mémoires de notre part, un long et un court. J'espère que vous avez eu la chance de lire au moins le plus court.
Le président : Oui.
Mme Copley : La Direction du patrimoine de la Colombie-Britannique a également présenté un mémoire en novembre concernant la question de la dotation, sur laquelle je ne reviendrai pas. Vous pouvez toujours le consulter.
Au sein de la Direction du patrimoine, mon rôle consiste à représenter d'une façon générale les intérêts relatifs aux phares en Colombie-Britannique, de même qu'à promouvoir la mise en place à cette fin d'un processus équitable, ouvert et bien géré. Je sais qu'il est prévu d'aller de l'avant dans le cadre du processus qui a été défini dans la Loi sur la protection des phares patrimoniaux. Il est évident que nous avons entendu et recueilli des préoccupations à cet égard.
J'ai entendu les intervenants qui m'ont précédée exprimer des réserves similaires relativement au fait que tous les phares sont excédentaires en même temps. Le choix du moment et les délais très courts imposés au processus de pétition, de même que la complexité du processus, sont assurément un problème. Je pense que le processus suscite encore bien des questions, de même que les particularités de phares précis dans diverses régions du pays.
Je suis d'accord pour dire avec M. Noreau que nous devrions vraiment parler de stations de phare, car celles-ci comprennent autant la petite lumière installée sur un rocher que ces grandes structures historiques emblématiques.
Je crois qu'il est actuellement question, aux fins de la réunion, des 18 phares non dotés de personnel qui ont été désignés comme excédentaires en Colombie-Britannique. Le contexte est documenté dans le mémoire que nous avons présenté.
Ce qui préoccupe Parcs Canada et d'autres intervenants, y compris nous-mêmes, c'est qu'à notre connaissance seulement trois pétitions ont été présentées jusqu'à maintenant en Colombie-Britannique. Nous devons nous demander pourquoi.
À cet égard, la Direction du patrimoine, en qualité de représentant provincial, a entrevu un rôle de coordination des initiatives en matière de reconnaissance, de nomination et de présentation de pétitions, autrement dit, comprendre les processus qui auraient un impact potentiel sur les phares et, inversement, ce qui pourrait arriver si rien n'était fait. C'est pourquoi nous avons pris l'initiative d'assurer la liaison avec le comité, de même qu'avec d'autres groupes non gouvernementaux à but non lucratif comme The Land Conservancy de la Colombie-Britannique. Il s'agit d'un groupe communautaire provincial qui oeuvre dans le domaine de la conservation des biens patrimoniaux et de la nature en Colombie-Britannique.
Nous avons également pris contact avec la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Son rôle est différent du nôtre, mais il est important que nous communiquions. Nous collaborons également avec nos partenaires fédéraux et territoriaux. Il y a un grand nombre d'intervenants dans ce dossier. Plus nous échangerons et plus nous discuterons, meilleure sera la compréhension.
Pour nous, il s'agit de déterminer pourquoi ce dossier a éveillé un intérêt aussi limité en Colombie-Britannique. Comme vous pouvez le constater dans le mémoire, nous avons pris des mesures pour le découvrir et pour encourager les collectivités à s'intéresser à la question.
J'ai entendu parler de la passion éveillée par les phares chez les habitants d'autres régions du pays. Je pense qu'il existe une passion semblable en Colombie-Britannique, mais qu'elle ne s'est pas encore vraiment manifestée. Comme l'a mentionné M. Noreau, le problème dans notre province c'est qu'un grand nombre de nos stations de phare sont éloignées, difficiles d'accès, et qu'elles ne sont assimilées à aucune collectivité. Qu'arrivera-t-il à ces stations? Elles sont pourtant importantes à divers points de vue, y compris comme stations de phare ou comme structures côtières emblématiques.
Essentiellement, nous croyons surtout qu'il faut clarifier la confusion qui existe entre le processus en jeu actuellement, notamment au sujet de la désignation d'excédentaire et de la désignation patrimoniale, auxquels s'ajoutent les notions d'activité et d'inactivité des stations. Je pense que la population est vraiment désorientée par tous ces processus. Je présume que c'est la principale raison pour laquelle elle ne s'est pas encore manifestée.
Des précisions doivent également être apportées au sujet des dispositions de la loi. J'ai abordé cette question à plusieurs reprises avec Norman Shields. L'expression « processus de désignation » peut être interprétée de différentes façons, selon qu'il s'agit des dispositions de la loi ou de la désignation du statut de site du patrimoine national. En Colombie-Britannique, où la conservation du patrimoine est mise en oeuvre principalement aux échelons des administrations locales et régionales, la désignation du patrimoine implique une protection légale. Il importe toutefois de faire certaines distinctions à cet égard.
Je pense qu'il faut surtout coordonner les initiatives, regrouper les pièces du puzzle, faire comprendre au public l'existence d'un processus, que c'est là le processus en question, et simplement le simplifier, car nous croyons que certaines de ses lacunes n'ont pas été corrigées.
Il est également nécessaire de clarifier la responsabilité du gouvernement, qui consiste à faire en sorte que les phares soient transférés dans une condition qui ne sera pas ruineuse, qui sera gérable à long terme, et que certains mécanismes de soutien soient prévus pour la mise en oeuvre.
Nous savons qu'en Colombie-Britannique un grand nombre d'administrations locales, des groupes communautaires et même le gouvernement provincial n'ont pas la capacité suffisante. Notre Direction est très petite et son budget est limité. Nous ne pouvons pas nous charger de la gestion de ces phares ou stations de phare, même si nous comprenons qu'un grand nombre d'entre eux sont importants et qu'ils ont du potentiel. C'est inquiétant. Comme cela a déjà été mentionné, la décontamination de certains sites pourrait coûter cher. Qui va payer pour corriger ces problèmes? Après tout, dans bien des cas, il est question de sites patrimoniaux industriels.
Le mystère plane toujours sur le sort des phares non désignés à la fin de la période de cinq ans.
J'ai parfaitement compris le message de votre rapport précédent sur la dotation, selon lequel l'approche universelle ne fonctionnera pas. Cela s'applique également en l'occurrence. Nous devons tenir compte des caractéristiques régionales et de la capacité des collectivités et des administrations locales, du financement, de même que des divers problèmes que je viens de mentionner.
J'ajouterai, sans pour autant entrer dans les détails, qu'en Colombie-Britannique nous sommes moins intéressés par la restauration méticuleuse d'un phare patrimonial à son état d'origine, ce qui est souvent le cas dans le cadre de la gestion du patrimoine, que par l'entretien durable de ces sites et leur utilisation continue par le public, ce qui est également un objectif de la loi.
Je vais m'en tenir à cela pour l'instant, mais il s'agit là de certaines des réserves que nous avons à formuler et de notre position. En gros, nous jouons le rôle d'intermédiaire entre les collectivités de la Colombie-Britannique et les organismes de Parcs Canada chargés de la gestion de ce processus et d'autres groupes communautaires et gouvernementaux à l'échelon local.
Le président : Merci, madame Copley.
Le sénateur Patterson : Merci beaucoup de votre exposé, qui était à la fois détaillé et concis.
La Direction a l'intention de passer en revue tous les phares de la Colombie-Britannique. Pourriez-vous nous donner une idée de l'échéancier prévu à cette fin? Deuxièmement, la Direction serait-elle prête à partager les résultats de ce survol avec le comité, sous une forme ou une autre une fois qu'il sera terminé?
Mme Copley : Aucun échéancier n'a encore été défini. Étant donné que, dans l'immédiat, ce qui est urgent c'est le processus de présentation de pétitions pour la désignation patrimoniale; le temps étant limité à cet égard, ce sera notre priorité pour l'instant. Ce qui nous préoccupe à long terme, ce sont les phares ou les stations de phare et les complexes environnants, ce que M. Noreau a également mentionné. Il ne s'agit pas seulement du bâtiment lui-même. Il s'agit très souvent du site comme tel et même des terrains adjacents qui peuvent avoir une certaine importance. Ce survol est probablement davantage un objectif à long terme pour nous, dans une tentative de ne pas oublier certaines stations de phare qui ne sont même pas mentionnées à l'heure actuelle. C'est vraiment notre objectif et nous partagerons bien sûr nos résultats avec le comité.
Le sénateur Raine : Madame Copley, je vous remercie de vous joindre à nous à distance.
En Colombie-Britannique, nous avons la chance d'avoir encore 27 stations de phare pourvues de personnel. Je pense que nous pouvons facilement supposer qu'elles ne risquent pas de se détériorer pour l'instant. Cependant, quand j'y repense, je sais que certaines de ces stations de phare dont on a retiré le personnel la dernière fois ont vécu des temps très difficiles. Les postes de gardien des stations de l'île Lucy et de l'île Lawyer ont été supprimés. On avait promis que ce n'était qu'un essai. On a aussi clôturé les sites pour les protéger. Lorsqu'un plaisancier égaré s'est introduit dans la station pour utiliser la radio pour appeler à l'aide, la réaction a été de la brûler. J'ai pensé que c'était d'une logique très discutable. Je sais qu'il n'y a pas de gardien de phare à Sisters Islets. Je crois que c'est dorénavant un site patrimonial, mais, comme son entretien coûte cher, ce phare est probablement en danger. C'est aussi le cas d'autres phares.
Nous sommes très encouragés par ce qui se passe à l'île de Saturna, où l'on a formé un groupe de gens extraordinaires pour entretenir le bâtiment de la corne de brume en tant que site patrimonial. Il y a assurément un intérêt tout le long de la côte est de l'île de Vancouver, car cette région se qualifie elle-même de région des phares dans le cadre de son marketing touristique. Je pense qu'il y aurait là une occasion à saisir en rassemblant un groupe de personnes qui s'inspireraient de ce qui s'est fait en Ontario, dans la péninsule de Bruce, une initiative qui a remporté un grand succès touristique.
Nous essayons tous de déterminer quels sont les obstacles dans le processus de présentation des pétitions. À mon avis, c'est quelque chose que de rassembler 25 personnes pour mettre le processus en branle, mais la deuxième étape consistera à présenter un plan d'activités et à s'engager à assurer le maintien à long terme du cachet patrimonial de la station de phare. J'aimerais bien que vous nous disiez ce que vous en pensez. C'est assurément une tâche très difficile qui risque d'effrayer les gens dès le début.
Pensez-vous qu'il vaudrait la peine de créer une sorte de fondation pour fournir les ressources financières nécessaires à ce projet?
Mme Copley : Votre intervention soulève bien des questions. En passant, la Colombie-Britannique vous transmet ses salutations.
Rappelez-vous la Loi sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales. Si je ne me trompe, elle a servi en grande partie de modèle à la loi actuelle. Rappelez-vous également des pratiques antérieures en matière de protection d'autres patrimoines industriels, notamment les conserveries que l'on comptait jadis par centaines sur la côte. Il n'en reste pratiquement aucune aujourd'hui. Comme vous venez de le dire, elles ont été brûlées. En effet, si je comprends bien, tous les sites devaient être laissés intacts et ne poser aucun problème de sécurité. La situation pourrait être identique en ce qui concerne les phares. Grâce à la protection de la loi, je pense qu'il serait possible d'atténuer certaines de ces circonstances, mais certainement pas toutes. À cet égard, leur survie risquerait d'être menacée.
Pour un grand nombre de collectivités et de groupes communautaires qui n'ont pas les capacités financières nécessaires pour prendre soin de ces stations de phare, en particulier lorsqu'elles sont éloignées et difficiles d'accès, il sera difficile de mettre le processus en branle. Ils auront besoin de l'encouragement et des moyens nécessaires. Ils devront mettre en place des partenariats et pouvoir compter sur des incitatifs financiers. Une fondation est interprétée comme un message positif et c'est un pas dans la bonne direction. Cependant, une fondation ne règle qu'une partie du problème. J'estime que la consultation est incomplète.
Je reviens encore une fois à la question de l'échéancier du processus de présentation des pétitions. Si une fondation était créée et si la population avait la capacité à long terme de prendre en charge des stations de phare, je pense que les gens éprouveraient moins d'anxiété. En pouvant compter sur un processus ouvert, transparent et disponible doublé d'incitatifs financiers, je pense qu'il finirait par être possible d'obtenir des résultats positifs.
Enfin, la Direction du patrimoine elle-même ne dispose pas actuellement des fonds nécessaires pour financer ce genre de programmes, car son budget est limité. Nous comptons quand même apporter notre soutien sous différentes formes aux groupes et aux organisations communautaires, surtout par l'intermédiaire du gouvernement local. Nous sommes incapables de leur fournir un soutien financier.
Le sénateur Marshall : J'ai une question qui s'inscrit dans le même ordre d'idées que celles qu'a posées madame le sénateur Raine. Vous avez dit avoir reçu trois pétitions, mais avez-vous indiqué si vous aviez cherché à savoir pourquoi il n'y en avait eu que trois? Allez-vous le faire? Est-ce là quelque chose que vous devez faire?
Mme Copley : Premièrement, nous n'avons pas reçu les pétitions en question. C'est plutôt Parcs Canada qui les a reçues ou qui est sur le point de les recevoir. Je n'ai pas été vraiment claire à ce sujet.
Afin de sensibiliser les gens, nous encourageons les collectivités à s'impliquer dès maintenant dans le processus. Ces étapes sont définies dans les mémoires que je vous ai présentés. Il y a quatre étapes. Je ne vais pas les répéter, mais c'est un dossier qui est essentiellement en évolution.
Jusqu'à maintenant, des 12 collectivités dont nous attendons des réponses, environ cinq ou six se sont manifestées. Il faut noter que certaines stations de phare sont situées dans une même collectivité. Dans un cas en particulier, on en compte cinq dans un même secteur. Dans la plupart des cas, les collectivités ignorent si un quelconque intérêt a été manifesté par leurs membres relativement à une station de phare se trouvant sur leur territoire. Aucun organisme fédéral ne les a informées à ce sujet. Comme cela suscite un intérêt à l'échelle provinciale, nous leur demandons si elles ont été officiellement reconnues comme des sites patrimoniaux et si elles ont été ajoutées à un répertoire du patrimoine communautaire. La plupart ont répondu que non. C'est ce que nous savons pour l'instant.
Le sénateur Marshall : Un élément qui a été soulevé dans le témoignage entendu plus tôt aujourd'hui, c'est que le processus implique un investissement important du point de vue financier, mais aussi du point de vue des ressources humaines. Une fois qu'on a repris un phare, on est encore loin du but.
Est-ce que vous savez quels sont ces trois pétitionnaires? S'il y a effectivement trois pétitionnaires qui ont réfléchi rationnellement à la question de savoir s'ils étaient prêts à prendre un tel engagement, il serait intéressant d'entendre leur point de vue quant à la réflexion qui les a amenés à la conclusion qu'ils aimeraient s'impliquer dans un tel processus.
Mme Copley : La question a été très médiatisée. J'ai conservé tous les articles sur lesquels j'ai pu mettre la main. Je ne suis pas certaine d'avoir la collection complète, mais j'en ai sûrement une bonne partie. Certains éléments ont été rapportés par les médias. Pour autant que je sache, les phares de Point Atkinson, Sheringham Point et Sisters Islets font déjà partie ou sont sur le point de faire partie du processus de présentation de pétitions. Ne me demandez pas de les situer tout de suite. Je finirais bien par les situer, mais je ne suis pas certaine de savoir, de mémoire, où ils se trouvent.
Je sais également que le processus relatif au phare d'Amphitrite Point, à Ucluelet, a été amorcé il y a déjà un certain temps. Je crois qu'il sera lancé comme un partenariat regroupant le gouvernement local ou régional, la société patrimoniale et certains groupes de citoyens que je ne connais pas très bien. Ce processus avance très rondement. Il ne figure pas dans la liste de pétitionnaires que j'ai reçue de Parcs Canada, mais je suis personnellement au courant de ses progrès. Il y a fort probablement d'autres projets en cours. C'est pourquoi nous estimons qu'il est important de sensibiliser la population pour s'en assurer.
Le sénateur Marshall : Il serait intéressant de pouvoir parler à des gens qui refusent de s'engager afin de connaître leurs raisons, mais il serait également intéressant de voir l'envers de la médaille et de déterminer la raison pour laquelle d'autres personnes ont décidé d'aller de l'avant et selon quelle logique. Il est plutôt décourageant de voir que trois pétitions seulement ont été présentées.
Mme Copley : C'est décevant pour nous également. Nous sommes préoccupés par l'avenir des phares, et c'est la raison pour laquelle nous faisons ce que nous sommes en train de faire.
L'autre mesure importante que nous avons prise et qu'on nous a invités à prendre, ce qui est fantastique, implique ma directrice. En effet, elle participe régulièrement à des vidéoconférences avec les membres du groupe de partenaires fédéraux et territoriaux. Ils ont formé un sous-comité qui se consacre exclusivement au dossier des phares. On m'a demandé d'y représenter la Direction. Nous avons rassemblé de l'information provenant du sous-comité. Cette information est utile à ceux d'entre nous qui ont un peu de retard dans le processus de pétition compte tenu des progrès accomplis dans d'aures endroits au pays. Par exemple, nos homologues de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario ont une avance considérable dans le processus. Il nous sera utile d'étudier ce qu'ils ont fait, avec qui ils l'ont fait et les succès obtenus dans la mise en oeuvre du processus. Voilà qui est extrêmement intéressant pour nous. Nous pouvons partager cette information avec nos partenaires du gouvernement local et avec les groupes communautaires susceptibles de s'intéresser au processus. Il faut un certain temps pour tout le monde, mais l'information fournie par nos contacts est importante. Nous pouvons à notre tour la relayer, continuant ainsi à faire avancer le processus.
Le sénateur Raine : J'ignore si vous avez cette information à portée de main, mais elle nous serait utile. Combien de propriétés historiques la Direction du patrimoine gère-t-elle à l'échelle provinciale?
Mme Copley : Il n'y a aucun phare parmi ces propriétés.
Le sénateur Raine : Je sais, mais en avez-vous quelques-uns?
Mme Copley : Oui. La province n'exploite plus nos sites. Il y en a environ 12, mais je pourrais me tromper. Il ne faut donc pas me citer à ce sujet. La plupart de ces sites sont des attractions clôturées, c'est-à-dire des sites historiques où l'on exige des droits d'entrée. Certains n'en sont pas. Ils appartiennent simplement à l'État.
Tous les sites ouverts au public et exploités comme des sites historiques sont gérés par des tiers. La Direction ne gère plus ces sites directement. Nous avons un rôle d'intendance en ce qui concerne les activités de conservation de ces sites et nous sommes liés par contrat avec les exploitants, mais nous ne les exploitons pas directement.
Le sénateur Raine : Quelle est la procédure pour inscrire un site historique au Registre des lieux patrimoniaux de la Colombie-Britannique?
Mme Copley : Je ne vais pas entrer dans les détails de cette procédure aujourd'hui, mais je peux certainement vous faire parvenir une information plus exhaustive. Essentiellement, comme je l'ai déjà mentionné, le processus est amorcé à l'échelle du gouvernement local. Comme la conservation du patrimoine est habilitée par la Loi sur les gouvernements locaux en Colombie-Britannique, la Direction fournit un soutien aux gouvernements locaux afin qu'ils assurent la gestion et la conservation de leurs propres ressources patrimoniales. Notre processus de gestion est fondé sur une approche valeur. Il fait l'objet d'une description assez détaillée dans votre trousse d'information. La première étape consisterait à identifier les valeurs patrimoniales représentant les valeurs communautaires, ainsi que les expressions physiques de ces valeurs, en l'occurrence les ressources. C'est ce que nous encourageons les collectivités à examiner en premier lieu. Une fois qu'elles ont pris cette décision, elles doivent définir un ensemble de critères. Ensuite, elles communiquent avec leur gouvernement local pour recommander que les propriétés, complexes, quartiers ou autres soient inscrits au répertoire du patrimoine communautaire afin de créer un répertoire patrimonial propre à la collectivité. Cette démarche doit être faite auprès du gouvernement local. Il s'agit donc d'une mesure législative. Le gouvernement local, avec l'approbation du conseil municipal ou du conseil de district régional, met en place le répertoire du patrimoine communautaire. Il s'agit simplement d'un réceptacle où sont consignés les sites dotés d'une signification patrimoniale dans la collectivité. Ce processus est fondé sur une approche valeur.
Le sénateur Raine : Y a-t-il des phares inscrits au Registre des lieux patrimoniaux de la Colombie-Britannique?
Mme Copley : Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question.
Le sénateur Raine : Je dirais Point Atkinson.
Mme Copley : J'en connais un dans le parc Stanley, à Vancouver.
Le sénateur Raine : Prospect Point.
Mme Copley : Je pense que la ville de Victoria envisage la possibilité de proposer Ogden Point. Elle ne l'a pas encore fait. Je crois qu'il y en a très peu. Certains sont également des sites historiques nationaux.
Le sénateur Poirier : Je vous remercie de votre exposé et de votre présence ce soir.
Dans vos commentaires, de même que dans le mémoire que vous nous avez soumis, vous avez mentionné que la Direction du patrimoine a pris des mesures pour déterminer les raisons du manque apparent d'intérêt en Colombie- Britannique. Il y a quelques minutes, vous avez mentionné votre intention de vous inspirer notamment du Nouveau- Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, car ces provinces ont été proactives.
Pensez-vous que les provinces maritimes, notamment la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et- Labrador, ont pu se montrer proactives du fait que leurs phares sont en demande depuis plus longtemps? Je pense que davantage de phares sont encore pourvus de personnel en Colombie-Britannique alors que, dans les Maritimes, les phares en sont souvent dépourvus depuis longtemps. La suppression des postes de gardien de phare est peut-être la raison pour laquelle la population a pris davantage conscience de ce qu'elle était en train de perdre. Il y a peut-être moins d'intérêt en Colombie-Britannique du fait que la population de cette province n'a pas encore réalisé ce qu'elle risque de perdre. Qu'en pensez-vous?
Mme Copley : Nous tentons actuellement de le comprendre, mais, selon ce que j'ai appris de nos partenaires fédéraux et territoriaux, je dirais que, sur la côte Est, un plus grand nombre de phares sont situés dans les municipalités ou à proximité. Je croirais également que certains de ces phares existent depuis plus longtemps et qu'ils se fondent avec le paysage. Les gens sont tellement habitués à voir ces phares qu'ils y sont très attachés. Ils font par conséquent l'objet d'une véritable passion. Comme vous l'avez mentionné à juste titre, en Colombie-Britannique, les 27 phares dotés de personnel sont encore fonctionnels. Ils sont très importants. Certaines des préoccupations formulées dans le cadre du processus concernaient la dotation en personnel ou la suppression de postes de gardiens de phare, mais aussi, plus récemment, des questions de sécurité. Les gens n'arrivent pas à croire que nous n'avons plus besoin de ces phares. Ils sont d'avis que le personnel des phares est important parce qu'il est en mesure de fournir des données météorologiques, de communiquer avec les compagnies aériennes, d'effectuer des sauvetages, des sauvetages ponctuels, de contribuer à la protection de l'environnement et de s'acquitter de toutes sortes de fonctions utiles.
Dans bien des cas, les phares sont très éloignés et difficiles d'accès. Les gens ne peuvent s'y rendre. Encore une fois, je dois consulter mes notes, mais il me semble avoir lu que seulement trois des phares considérés actuellement sont accessibles par la route. Certains sont accessibles à pied, d'autres par la voie des airs ou par bateau. Ils ne sont donc pas aussi intégrés à la collectivité que les stations de phare ou les phares de la côte Est. Cela ne signifie pas que la population ne finira pas par se préoccuper du sort de ses phares. Je pense que cela viendra avec le temps. La population ne sait pas encore comment réagir.
Elle est également un peu préoccupée par le fait que, dans le passé, des processus semblables ont été lancés, mais sans jamais aboutir. Les gens sont donc un peu démobilisés. Ils attendent probablement des garanties. Ils veulent savoir qu'il est important qu'ils se manifestent, qu'un processus relativement gérable existe à cette fin, que nous les aiderons de toutes les façons possibles et que vous êtes vraiment intéressés à les entendre parce que vous estimez qu'il s'agit d'un enjeu important.
Le sénateur Poirier : Merci d'avoir partagé cette information avec nous. Grâce aux divers voyages effectués avec le comité et au rapport qui a été présenté, il apparaît clairement que les enjeux relatifs aux côtes du Nouveau-Brunswick, dont je suis originaire, et à celles des Maritimes, sont différents de ceux qui portent sur les côtes de la Colombie- Britannique. Merci encore de vous être jointe à nous.
Le président : Madame Copley, je vous remercie beaucoup de votre collaboration très utile. Certains de vos commentaires sont encourageants. Si j'ai bien compris, vous nous avez appris notamment qu'un groupe de travail pancanadien s'intéresse à la question. Toutes les provinces et tous les territoires sont-ils représentés dans ce groupe?
Mme Copley : D'habitude, je ne participe pas à ces conférences téléphoniques. C'est généralement ma directrice qui s'en charge. Cependant, en ce qui concerne le sous-comité des phares, je représente la Direction dans ce dossier précis du groupe. Jusqu'à maintenant, nous avons tenu une seule conférence téléphonique. Je ne peux pas vraiment vous dire comment cela va tourner, mais il ne fait aucun doute que ce que j'ai eu l'occasion d'apprendre jusqu'à maintenant a été instructif et utile.
Le président : Merci beaucoup de vous être jointe à nous.
Mme Copley : Il va sans dire que je me ferai un plaisir de clarifier toute information qui vous a été communiquée aujourd'hui. Si vous le souhaitez, nous vous transmettrons dorénavant toute nouvelle information que nous pourrons obtenir.
Le sénateur Raine : Madame Copley, j'aurais une autre question à vous poser au sujet du sous-comité des phares dont vous venez de parler. De quel groupe est-ce un sous-comité?
Mme Copley : Il s'agirait du groupe des partenaires fédéraux et territoriaux de Parcs Canada. Vous connaissez sans doute certains de ses membres, notamment Norman Shields, gestionnaire des Programmes sur les phares patrimoniaux, et Patricia Kell, directrice des politiques et relations gouvernementales.
Le président : Ce groupe relève-t-il de Parcs Canada?
Mme Copley : Je pense que oui. Il permet les communications avec nos homologues des autres provinces.
Le président : Madame Copley, je vous remercie beaucoup de votre présence et de votre collaboration fort utile. Si vous pouvez nous transmettre de nouvelles informations, nous vous ferons également part de nos découvertes. Nous ferons un échange. Merci beaucoup de vous être jointe à nous. Vous nous avez été d'une grande utilité.
La réunion tire à sa fin. Êtes-vous d'accord pour que nous levions la séance, honorables sénateurs?
Des voix : D'accord.
(La séance est levée.)