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Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international

Fascicule 12 - Témoignages du 24 novembre 2010


OTTAWA, le mercredi 24 novembre 2010

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 16 h 18, pour étudier les faits nouveaux en matière de politique et d'économie au Brésil ainsi que les répercussions sur les politiques et intérêts du Canada dans la région, et d'autres sujets connexes.

Le sénateur A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Mesdames et messieurs les sénateurs, je constate que nous avons le quorum. Avant de passer à l'ordre du jour, je tiens à vous mentionner que notre rapport, y compris ses modifications, a été transmis aux services de traduction. Le document a été modifié par notre attaché de recherche au cours de la fin de semaine, mais la traduction n'est pas terminée et ne le sera vraisemblablement que plus tard cette semaine. Je crois que nous recevrons la version définitive du rapport mercredi prochain. Je vous le mentionne à titre d'information. Nous voulons nous assurer d'avoir des versions bien mises à jour, autant en français qu'en anglais. Voilà pour notre étude sur la Chine, la Russie et l'Inde.

Aujourd'hui, nous entamons notre étude des faits nouveaux en matière de politique et d'économie au Brésil, des répercussions sur les politiques et intérêts du Canada dans la région ainsi que d'autres sujets connexes.

Pour commencer notre étude, c'est avec grand plaisir que nous accueillons, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, le MAECI, M. Jon Allen, sous-ministre adjoint, Amériques; M. Neil Reeder, directeur général, Amérique latine et Caraïbes; et M. David Plunkett, négociateur commercial en chef : relations bilatérales et régionales.

Messieurs, comme je viens de le mentionner, nous entamons notre étude sur le Brésil. Nous nous pencherons sur les questions économiques et politiques. Votre présence a pour but de donner le coup d'envoi à notre étude, et nous ferons sans doute à nouveau appel à vous plus tard.

Nous souhaitons situer le Brésil dans le contexte de l'Amérique du Sud et de l'Amérique latine et aborder les répercussions pour le Canada. Nous ne savons pas exactement où cette étude nous mènera, mais vous êtes ici pour nous aider à nous mettre en route.

Soyez les bienvenus. J'ai cru comprendre que M. Allen se chargerait de la déclaration préliminaire. Comme d'habitude, nous passerons ensuite aux questions des sénateurs.

Jon Allen, sous-ministre adjoint, Amériques, Affaires étrangères et Commerce international Canada : Sachez que vous pouvez compter sur nous tout au long du processus. Nous serons ravis de revenir si jamais nous n'arrivons pas à répondre à toutes vos questions ou si d'autres enjeux se dessinent plus tard pendant votre étude.

Je tiens d'abord à vous remercier, madame la présidente, pour l'occasion qui m'est donnée de m'adresser au comité. Je me propose de décrire, dans leurs grandes lignes, les relations entre les deux pays ainsi que le rôle régional et mondial du Brésil. Nous pourrons ensuite passer aux questions, comme vous l'avez suggéré.

Membre du groupe « BRIC », complété par la Russie, l'Inde et la Chine, le Brésil est une économie émergente importante qui s'efforce de jouer un rôle accru sur la scène internationale. Avec ses 190 millions d'habitants, il s'agit du cinquième pays le plus peuplé de la planète. Son économie figure au huitième rang à l'échelle mondiale et, selon les prévisions, elle devrait atteindre le cinquième rang au cours des 15 prochaines années.

Le Brésil dispose d'une classe moyenne grandissante qui représente, selon certains, presque la moitié de ses 192 millions d'habitants. Il bénéficie d'un secteur d'exportation en expansion et d'une démocratie solide. Comme vous le savez, le pays vient tout juste d'élire sa première femme présidente, Dilma Rousseff. De plus, sa compréhension de ses responsabilités régionales et internationales ne fait que s'accroître.

Sur le plan démographique, c'est un pays très jeune.

Dans le cadre de sa politique étrangère globale, le pays cherche à obtenir un siège permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et il en est actuellement à son 10e mandat à titre de membre non permanent.

Le Brésil est déjà un partenaire important de l'Organisation des Nations Unies et assume de plus en plus de responsabilités dans cette organisation. Par exemple, depuis 2004, le Brésil mène, avec l'appui du Canada et de plusieurs autres pays, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, la MINUSTAH, et s'est engagé à consacrer plus de 250 millions de dollars au soutien de la reconstruction d'Haïti à la suite du tremblement de terre de l'année dernière.

De plus, le Brésil joue un grand rôle à l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, comme mon collègue, David Plunkett, le sait très bien, et le pays participe de plus en plus aux travaux de l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE. Toutefois, le Brésil n'a pas encore décidé s'il adhérerait à cette dernière. Il a adhéré ou adhérera sous peu à différentes banques de développement régionales, y compris la Banque asiatique de développement et la Banque africaine de développement, il est membre de la Banque interaméricaine de développement, et il apporte sa contribution au Fonds monétaire international, le FMI. Il s'est d'ailleurs récemment acquitté de ses obligations en tant que débiteur pour se joindre au rang des créanciers au sein du cette organisation.

Le Brésil apporte aussi un ferme soutien au G20, considéré comme la première enceinte de coopération économique internationale, et il plaide en faveur de l'abandon du G8 au profit du G20, afin de s'attaquer à un large éventail de problématiques internationales et d'élargir la participation géographique à ces efforts. Nous pourrons y revenir, mais il s'agit d'une question sur laquelle nous ne sommes pas entièrement d'accord.

Le Canada et le Brésil ont souscrit à l'engagement du G20 pour lutter contre les tendances protectionnistes. Le Brésil demande une réforme des institutions financières internationales, les IFI, au motif que des économies émergentes comme le Brésil, la Chine et l'Inde doivent y être mieux représentées. À l'image du Canada, il a traversé la crise économique mieux que la plupart des autres pays, grâce à un système financier solide et à des mesures rapides et élargies.

Même si, de façon générale, le Brésil préfère envisager son rôle à l'échelle mondiale plutôt que dans le contexte restreint de l'Amérique latine, il renforce son influence dans cette région et dans les Caraïbes, notamment par la direction d'organisations régionales telles que le Marché commun du cône sud, le MERCOSUR, l'Union des nations sud-américaines, l'UNASUR, le Conseil de défense sud-américain ainsi que la Communauté des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, alliance formée récemment, soit en février 2010, à Cancún au Mexique. Il reste un acteur influent dans l'Organisation des États américains, l'OEA, une organisation de longue date dont nous faisons aussi partie.

Le Brésil commence également à jouer un rôle en Afrique, comme l'illustre le nombre important de nouvelles ambassades ouvertes dans le continent, et dans des enjeux mondiaux importants, tels que l'Iran et les changements climatiques. Il est un investisseur majeur en Afrique, motivé en partie par son importante communauté afro- brésilienne, et il renforce sa présence diplomatique sur ce continent et dans d'autres régions.

Le Brésil compte plus de personnes d'origine libanaise que le Liban lui-même. Au cours de mon séjour en Israël pendant le conflit au Liban, j'ai appris qu'on exerçait d'énormes pressions pour mettre fin aux relations diplomatiques avec Israël.

En 2014, il sera l'hôte de la coupe du monde de football organisée par la FIFA et, en 2016, des Jeux olympiques d'été, un exploit considérable étant donné la candidature de Chicago soutenue par le président Obama.

Pour toutes ces raisons, personne ne doute que le Brésil jouera un rôle important dans l'orientation de la nouvelle architecture internationale.

Si vous me le permettez, j'aimerais consacrer quelques minutes à la relation bilatérale entre le Canada et le Brésil, qui progresse elle aussi à une vitesse remarquable. Dans les dernières années, les relations entre le Canada et le Brésil s'avèrent de plus en plus constructives. En tant qu'acteur régional et international de premier plan, et en tant que pays prioritaire dans les stratégies commerciales du Canada pour le monde et pour les Amériques, le Brésil a un grand nombre d'intérêts et de valeurs en commun avec le Canada. Entre autres, mentionnons l'avancement de la démocratie, la promotion de la sécurité et de la prospérité dans l'hémisphère et dans le monde, le renforcement du système multilatéral et l'aide à la reconstruction d'Haïti.

Nous avons tous deux de vibrantes sociétés multiculturelles. Notre commerce bilatéral connaît une croissance remarquable. Les liens entre nos populations, tout particulièrement entre les acteurs non gouvernementaux, sont solides et diversifiés, et ils continuent de s'épanouir. Comme je l'ai mentionné, nous collaborons également sur différentes questions dans plusieurs forums multilatéraux, y compris l'ONU, le G20, l'OEA et l'OCDE.

Le gouvernement du Canada met actuellement en oeuvre un plan pluriannuel pour le marché brésilien, une approche intégrée en vue de l'intensification de nos relations commerciales bilatérales qui sera économiquement avantageuse pour nos deux pays. En 2009, les échanges commerciaux bilatéraux se sont chiffrés à 4,2 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 26 p. 100 par rapport à 2004. De 2004 à 2009, les exportations ont augmenté de 68 p. 100.

Les investissements étrangers directs dominent les chiffres sur le commerce. En 2009, les investissements directs canadiens au Brésil se chiffraient à plus de 11 milliards de dollars, notamment dans les secteurs minier, commercial et résidentiel ainsi que dans plusieurs autres domaines, tandis que les investissements directs brésiliens au Canada avoisinaient les 15 milliards de dollars. Le Canada est la première destination des investissements étrangers en provenance du Brésil, et le Brésil est la sixième plus grande source d'investissements directs étrangers au Canada, ainsi que le onzième plus important bénéficiaire d'investissements directs canadiens à l'étranger.

Tandis que le Brésil devenait un acteur important sur la scène mondiale et cherchait à approfondir sa relation avec le Canada, nous avons orienté nos efforts vers une stratégie pangouvernementale d'engagement plus fort auprès de ce pays par des échanges et des visites de haut niveau, un dialogue renforcé, des liens commerciaux améliorés, comme je viens de le mentionner, et la coopération entre les ministères nationaux. Plus de 15 ministères canadiens participent désormais activement aux relations avec le Brésil. Au cours des deux dernières années, des ministres et des sous- ministres canadiens ont effectué plusieurs visites au Brésil, la plus récente étant celle du sous-ministre des Affaires étrangères, M. Morris Rosenberg, en octobre, pour des consultations politiques bilatérales de haut niveau. En mars 2009, 10 sous-ministres canadiens, un nombre sans précédent, se sont rendus à Sao Paulo, à Rio de Janeiro, à Brasilia et dans les régions près de l'Amazonie. Cela a donné lieu, en contrepartie, à de nombreuses visites de hauts responsables brésiliens au Canada, y compris le ministre brésilien de la Défense, ainsi que d'une délégation de plus de 25 sous-ministres et hauts responsables brésiliens, en mars 2010. De plus, en mai 2010, le MAECI a été l'hôte d'une conférence sur les politiques du Brésil, au cours de laquelle le secrétaire général des Relations extérieures brésilien a prononcé le discours principal. Cette conférence a réuni plus d'une centaine de participants des milieux universitaires, de la société civile ainsi que des secteurs privé et public, tant brésiliens que canadiens.

Certains prétendent que ce secrétaire général sera le prochain ministre des Affaires étrangères, mais nous attendons de voir si cela se produira ou non. C'est l'ancien ambassadeur du Brésil aux États-Unis. Il nous a souvent rendu visite au Canada, où il a acquis une excellente réputation.

En septembre, à Toronto, Louis Lévesque, le sous-ministre du Commerce international, a reçu un de ses homologues brésiliens qui dirigeait une mission commerciale multisectorielle au Canada.

Comme je l'ai mentionné précédemment, il est manifeste que ce pays souhaite vivement approfondir ses relations avec le Canada, aussi bien par la voie de la collaboration que par l'échange d'information, ce qui confirme que nos relations bilatérales sont parvenues à maturité. À cet égard, le Brésil et le Canada ont conclu un grand nombre de nouveaux protocoles d'entente et d'autres mécanismes de coopération. À titre d'exemple, les Brésiliens souhaitent ardemment tirer parti de l'expérience du Canada en Afrique et en Afghanistan. De même, ils aimeraient obtenir des conseils pour devenir des partenaires responsables et efficaces en matière d'aide au développement, un rôle nouveau pour eux.

Parmi les autres faits saillants récents de notre relation bilatérale, il convient de citer la ratification de l'Accord-cadre de coopération en matière de science, de technologie et d'innovation, qui se traduit par une collaboration accrue dans des domaines tels que la biotechnologie, les énergies renouvelables, les technologies propres ainsi que les technologies de l'information et des communications. De hauts responsables examinent également la possibilité de créer un forum de haut niveau regroupant des gens d'affaires du Canada et du Brésil, qui sera placé sous la présidence de chefs de file des milieux d'affaires des deux pays, et cela, sur la proposition du Brésil.

Récemment, le Canada a été l'hôte de la deuxième édition, au niveau des sous-ministres, du Conseil commercial et économique conjoint, le JETC, un mécanisme qui favorise l'échange d'information, en plus de faciliter les relations commerciales et en matière d'investissement. Le JETC était en veilleuse depuis de nombreuses années, mais a été relancé de façon dynamique en 2009. En septembre, lors des discussions les plus récentes, les sujets abordés incluaient le développement du commerce international, l'énergie et les services, l'aérospatiale, la responsabilité sociale des entreprises et l'agriculture, pour ne nommer que ces domaines. Ce mécanisme permet des avancées dans plusieurs domaines, notamment dans l'approfondissement des liens commerciaux en place.

En plus des protocoles d'entente dans les domaines de la santé, de l'agriculture, du développement durable des minéraux et des métaux ainsi que de l'éducation, nous avons aussi conclu un protocole d'entente sur la coopération en vue des Jeux olympiques, en nous appuyant sur l'expérience du Canada à Vancouver, et nous sommes en train de préparer des protocoles d'entente sur la mobilité des jeunes. Fait intéressant, 14 000 étudiants brésiliens et de nombreux touristes viennent au Canada chaque année, et nous sommes la principale destination des Brésiliens qui souhaitent étudier l'anglais à l'étranger.

Par ailleurs, en septembre, de premiers pourparlers politico-militaires se sont tenus au Brésil, sous la direction conjointe du MAECI et du ministère de la Défense nationale. Le secrétaire général brésilien des Relations extérieures a proposé la mise sur pied d'un dialogue de partenariat stratégique, c'est-à-dire un forum de haut niveau permettant de discuter de questions d'intérêt mutuel, à dimension régionale et mondiale. Ce mécanisme devrait voir le jour au cours des prochains mois.

Pour terminer, sachez que, autrefois, la relation bilatérale était envenimée par des différends, comme la rivalité Embraer-Bombardier, notre boycottage du boeuf brésilien à une certaine époque et l'affaire Lamont-Spencer, dont certains se souviendront, mais que les pays sont parvenus à mettre tout ça derrière eux. Je crois qu'on peut affirmer que la relation revêt désormais un aspect stratégique, où de tels différends peuvent être réglés comme deux bons partenaires le feraient, sans que ça contrôle la relation ni que ça nuise à la réalisation d'avancées majeures.

Selon moi, nous sommes désormais en mesure d'effectuer des progrès considérables. Je vais donc m'arrêter ici et vous laisser poser quelques questions. J'espère que ma déclaration vous a été utile.

La présidente : Merci, monsieur Allen. Je sais que vos collègues sont ici pour répondre aux questions sur des sujets en particulier.

J'aimerais commencer par deux sujets que vous n'avez pas abordés, que vous pouvez traiter maintenant ou plus tard.

En ce qui a trait au rôle des États au Brésil, toute personne qui s'y rend sera à même de constater que, d'un État à l'autre, on fait preuve de beaucoup d'ingéniosité, et que les différences sont nombreuses. Y a-t-il des liens entre les provinces et les États du Brésil? Cet aspect influence-t-il votre réflexion?

Ensuite, il m'a toujours semblé étrange que, malgré les liens étroits unissant le Brésil et le Portugal, ce dernier n'entretienne pas la même relation que la France a avec ses anciennes colonies, ni même que l'Angleterre ou encore la Belgique ont avec les leurs. Pouvez-vous nous parler de la profondeur de cette relation? Influence-t-elle nos initiatives d'une quelconque manière?

M. Allen : En réponse à la dernière question, il va sans dire que le vote au Conseil de sécurité des Nations Unies était influencé par le fait que le Brésil appuyait le Portugal. À ce sujet, je crois que, contrairement à la France, et peut-être à l'Espagne et à l'Amérique latine, le Portugal est une petite nation dont la portée et le poids sont moindres à l'échelle mondiale. C'est peut-être la raison pour laquelle nous n'accordons pas la même importance à cette relation qu'à celle entre la France et ses anciennes colonies en Afrique francophone, ou qu'à celle entre l'Espagne et certains pays de l'Amérique latine.

Concernant les États, je partage entièrement votre avis voulant qu'ils jouent un rôle crucial au Brésil. Je ne suis pas en mesure de confirmer l'existence de beaucoup de relations entre provinces et États, mais je sais que le secteur privé canadien est très actif auprès des États. La semaine dernière, j'ai rencontré des représentants de la Chambre de commerce Canada-Brésil, qui m'ont appris que certains États étaient beaucoup plus développés et que c'était donc beaucoup plus facile d'y faire des affaires, tandis que d'autres étaient moins développés, mais se montraient tout de même très ouverts aux investissements, et ainsi de suite. Il existe différentes réglementations liées aux terres selon les États, en fonction de leur niveau de maturité et de développement.

Je pourrais aussi ajouter que, en plus de notre ambassade à Brasilia et des bureaux de nos consuls généraux à Rio de Janeiro et à Sao Paulo, nous avons ouvert de plus petits bureaux dans d'autres États, comme à Recife et à Belo Horizonte. Nous tentons d'accroître notre présence, notamment au-delà des horizons traditionnels, de manière à profiter des possibilités offertes par ces États.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : C'est toujours un plaisir de vous recevoir et d'avoir l'opinion des représentants du ministère des Affaires étrangères; et c'est toujours aussi excitant de débuter une nouvelle étude sur un nouveau pays.

Pour ma part, j'ai suivi avec attention l'élection de Mme Dilma Rousseff, qui a été élue au deuxième tour. Il y a quelque chose qui me préoccupe beaucoup parce que, aujourd'hui, le journal Le Devoir rapportait ceci, concernant le ministre de l'Industrie, M. Tony Clement, qui a été interrogé et qui prenait très au sérieux le fait que l'avionneur brésilien Embraer a porté plainte contre la compagnie Bombardier au sujet de l'aide gouvernementale consentie pour le développement de la C-Séries.

Cet article du journal Le Devoir est justement en date d'aujourd'hui, mercredi le 24 novembre 2010. On y rapportait un article, qui avait été écrit dans le journal brésilien Valor Econômico, et il songeait à déposer en cour de justice des Communautés européennes afin de forcer le gouvernement britannique d'annuler son aide à la compagnie Bombardier.

Avec une chose comme cela qui nous pend au bout du nez, je veux d'abord connaître votre opinion à ce sujet; et savoir comment évaluez-vous le bénéfice du Canada d'investir au Brésil et de renforcer les liens? Aussi, quelles sont les perspectives concrètes de la coopération bilatérale?

M. Allen : Je vais passer la parole à David Plunkett, qui est notre expert en commerce politique.

[Traduction]

David Plunkett, négociateur commercial en chef, Relations bilatérales et régionales, Affaires étrangères et Commerce international Canada : Je me méfie toujours un peu lorsqu'il est question de commenter un article de journal que je n'ai pas lu et qui n'est pas nécessairement exact, surtout on y cite des ministres. Je n'ose pas vraiment répondre à cette question à ce stade-ci.

Évidemment, étant un des leaders mondiaux de l'industrie aérospatiale, Bombardier mise beaucoup sur la gamme CSeries. Le gouvernement du Canada a injecté, au moyen d'un investissement remboursable à risque partagé, des fonds dans les efforts de recherche et de développement pour ces avions. Nous croyons que nos contributions remboursables en recherche et développement ont été conçues et mises en oeuvre conformément à nos obligations en matière de commerce international.

À deux reprises, le Brésil nous a posé des questions sur le développement de la gamme CSeries de Bombardier. Nous avons fourni de l'information en réponse à ces questions. C'est ce que j'ai compris, nous avons eu un échange de questions et réponses.

J'aimerais souligner quelque chose, dont M. Allen a d'ailleurs brièvement parlé dans ses remarques concernant les différends passés dans notre relation avec le Brésil, et c'est que l'industrie aérospatiale est de plus en plus mondialisée et intégrée. Pour ses projets, Embraer profite de collaborations fructueuses avec des entreprises canadiennes en aérospatiale. Les relations se sont améliorées.

Je ne pense pas pouvoir en dire plus sans connaître la nature exacte des propos du ministre Clement.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : Je vais demander à notre jeune page de faire une photocopie de l'article. Je voulais simplement savoir si vous pensez que cela pourrait mettre en péril nos relations avec le Brésil. Ma question concernait cet aspect.

Je n'ai pas d'autres questions pour le moment; mais peut-être ultérieurement lors d'un deuxième tour.

[Traduction]

M. Allen : J'abonde dans le sens de ce que M. Plunkett a dit à la fin de son intervention. Par exemple, nous avons des différends avec les Américains, comme les disputes sur le bois d'oeuvre ou les dispositions Buy American, mais notre relation est suffisamment forte et mature pour s'élever bien au-dessus de ces conflits. Voilà ce à quoi je veux en venir : nous sommes passés outre.

En effet, Embraer fait appel aux fournisseurs d'intrants du Canada. Elle vend ses avions au Canada, et Bombardier vend désormais les siens et d'autre équipement au Brésil. Même dans l'industrie aérospatiale, nous profitons d'une relation bien établie. Nous sommes en train de mettre sur pied un groupe de travail bilatéral qui s'attaquera aux enjeux propres à cette industrie. Je suis convaincu que nous irons de l'avant.

Le sénateur Downe : Êtes-vous en mesure d'expliquer pourquoi cette communauté d'États des Caraïbes et de l'Amérique latine a vu le jour en février?

M. Allen : C'est dur à dire.

Le sénateur Downe : Permettez-moi de préciser ma question. Pourquoi ont-ils cru bon de créer une communauté supplémentaire, même s'il y a déjà l'Organisation des États américains et les autres organisations que vous avez nommées?

M. Allen : L'UNASUR est une organisation axée sur l'Amérique du Sud, tandis que la Communauté des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, la CPALC, défend les intérêts de l'Amérique latine et des Caraïbes. Si j'avais à expliquer ce geste, je dirais qu'ils affichent leur volonté d'avoir leur propre organisation qui ne comprend pas forcément l'Amérique du Nord.

Il s'agit d'une organisation régionale. Selon ce que nous en savons, elle n'est pas en concurrence avec les autres organisations. Elle met de l'avant les mêmes valeurs, soit la promotion de la démocratie et la résolution pacifique des conflits. Ce ne sont que des suppositions, mais j'imagine que, même si l'OEA remplit un certain rôle, ces pays voulaient avoir leur propre groupe. Espérons seulement que la réussite de l'un ne se fasse pas au détriment de l'autre.

De notre côté, nous choisissons de ne pas nous montrer critiques à cet égard, pas plus que nous nous attendions à ce qu'ils le soient à notre endroit lorsque nous avons créé l'ALENA parce nous avions décidé que nous voulions notre propre communauté commerçante en dehors de l'OEA. Selon moi, il s'agit probablement d'un signe que la région gagne en maturité et qu'elle veut montrer au reste du monde qu'elle est tout à fait capable de se prendre en main.

Je dois préciser que l'UNASUR et la CPALC n'ont pas de secrétariat et n'ont pas beaucoup de fonds à leur disposition. Pour l'instant, j'ai l'impression que ces organisations sont encore au stade embryonnaire. Nous verrons dans quelle mesure elles progressent et prennent de l'importance.

Le sénateur Downe : Êtes-vous à l'aise de répondre à des questions sur l'ACDI, ou préférez-vous laisser ses représentants y répondre?

M. Allen : Je crois qu'il serait préférable de vous adresser directement à des représentants de l'ACDI. Personnellement, je n'y verrais pas d'inconvénient, mais ils ne seraient pas forcément d'accord.

Le sénateur Segal : J'aimerais connaître l'opinion de M. Allen au sujet de deux aspects précis de la relation, soit les liens potentiels et réels entre nos deux pays en matière de sécurité ainsi que la possibilité d'une coopération accrue et d'une certaine intégration.

Mais avant, je m'en voudrais si je ne profitais pas de cette occasion pour vous remercier personnellement en tant que citoyen pour votre excellent travail au poste d'ambassadeur du Canada au nom de Sa Majesté à Tel-Aviv. Je suis convaincu que cette tâche comportait son lot de défis et de situations délicates, et nous vous en sommes reconnaissants. Je souligne par le fait même l'approfondissement de la relation entre le Canada et Israël au cours de votre mandat en tant qu'ambassadeur. Selon moi, cette période revêt une certaine importance historique, et c'est tout à l'honneur du MAECI, en tant que représentant de la Couronne.

Les Brésiliens ont adopté une position indépendante, et ont essayé de se rendre utiles dans le dossier de l'Iran. Le président Lula s'est rendu en Iran et s'est risqué, de pair avec nos amis turcs, à trouver une troisième issue à une situation délicate, un peu à la canadienne. Étant donné votre affectation au Moyen-Orient, vous avez sans doute un point de vue remarquable sur cette situation. Visiblement, lorsqu'un pays connaît une croissance, tant sur le plan de son influence que de sa capacité économique, lorsque sa classe moyenne s'enrichit, comme vous dites, il va de soi que ce pays souhaite voir la portée de son influence s'accroître dans une même proportion. Dans la mesure où un pays est davantage pris au sérieux, notamment au sein des forums mondiaux, il est normal qu'il veuille en faire plus et qu'on lui accorde une attention plus particulière.

Pouvez-vous nous expliquer comment, à votre avis, nous pouvons avoir, nous les Canadiens, une relation fructueuse avec les Brésiliens, en tenant compte du fait que leur indépendance ne sera pas toujours nécessairement favorable à nos obligations envers l'OTAN et à nos perspectives sur les grands enjeux au Moyen-Orient? Nous avons adopté une position très ferme par rapport à l'Iran, par rapport à la violation des droits de la personne dans ce pays. En fait, vos collègues de la mission de l'ONU ont travaillé fort pour afficher clairement notre intention de ne pas tolérer cette violation des droits de la personne.

À cet égard, pouvez-vous nous dresser un portrait des voies possibles à suivre en cours de route et des réflexions que notre comité peut entamer concernant notre relation avec nos alliés brésiliens, étant donné les enjeux liés à la sécurité et à l'équilibre mondial soulevés par cette relation?

M. Allen : Il s'agit d'une région assez complexe, et d'une question qui l'est tout autant, mais je veux bien tenter de répondre.

D'abord, je dois mentionner, au sujet du rôle du Brésil et de la Turquie dans le dossier de l'Iran, qu'il y a eu une sorte de décalage malheureux. En effet, à un certain moment, les Américains souhaitaient que la Turquie et le Brésil participent au processus et tentent de jouer le rôle d'intermédiaire impartial dont vous parliez. Le délai s'est avéré beaucoup plus long qu'il n'aurait dû l'être. Lorsque les choses ont finalement commencé à prendre forme, c'était une période très délicate puisque les Américains avaient fini par convaincre leurs partenaires au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies d'imposer des sanctions.

D'après moi, les Brésiliens vous diraient qu'ils avaient une lettre du président et qu'ils poursuivaient les démarches. Les Américains, quant à eux, vous diraient que c'était bel et bien le cas, et qu'ils n'en veulent pas aux Brésiliens, mais que ça tombait mal et qu'ils devaient procéder aux sanctions au moment où ils l'ont fait. En ce sens, l'apport du Brésil était constructif, mais ce n'était pas le bon moment pour intervenir.

De façon générale, par contre, compte tenu du rôle de premier plan que nous jouons depuis longtemps sur la scène mondiale, je pense que nous savons très bien que les pays comme l'Inde, la Chine, le Brésil et la Russie, les BRIC, risquent d'adopter des positions différentes des nôtres à certains égards, parce que ce sont des pays émergents, qu'ils ne font pas partie des sociétés dites développées, qu'ils ne veulent plus que les pays du G8 soient les seuls à établir les priorités mondiales et qu'ils ne veulent plus des pays développés du FMI et de la Banque mondiale. Donc, ils déploient leurs ailes et commencent à s'affirmer.

Selon moi, en tant que partenaires internationaux, nous devons accepter cette réalité au sein des pays du G20. Nous continuerons à progresser ensemble sur certaines questions, tandis que sur d'autres, nous serons inévitablement en désaccord. Mais rien de cela ne nous empêche d'être des partenaires pour autant. Nous ne serons simplement pas toujours sur la même longueur d'onde au fil des démarches. À ce compte, nous ne le sommes pas avec les États-Unis ni avec les pays européens.

J'ai bien l'impression qu'on accorde de plus en plus d'importance à leurs opinions et, à mon avis, ils sont tout de même modérés dans leur approche. Ils ne sont pas zélés pour rien. Ils défendent leurs intérêts, et ce sera à nous de le reconnaître lorsque nous traiterons avec eux. Nous ne souhaitons pas abolir le G8, même si nous sommes membres du G20. S'il n'en tenait qu'à eux, le G8 disparaîtrait, et ils s'en réjouiraient. Ils veulent devenir des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce n'est peut-être pas à notre avantage, mais c'est de bonne guerre.

Je suis impressionné par leur volonté de traiter avec nous. Ils perçoivent vraiment le Canada comme un modèle à suivre pour aller de l'avant dans certains domaines, notamment le maintien de la paix et l'aide au développement, comme nous l'avons mentionné. Pour la première fois, ils ont mis de côté les différends et cherchent plutôt à obtenir notre aide, ce qui est très positif.

Le sénateur Segal : Plus concrètement, qu'est-ce que vos collègues et vous pensez de l'absence d'obstacles structurels en ce qui a trait, comme diraient nos amis québécois, à une concertation accrue?

Par exemple, à la cérémonie du mois d'octobre du CMR, le Collège militaire royal du Canada, il y avait des étudiants et des participants à des programmes d'échange de différents pays, y compris de notre amie la Russie, mais aucun étudiant brésilien. Au Collège d'état-major des Forces canadiennes, nous accueillons des officiers provenant de nombreux pays avec qui nous collaborons dans le golfe du Moyen-Orient et d'ailleurs, mais aucun étudiant brésilien. Je sais bien qu'il n'y a pas de politique interdisant les candidatures des officiers militaires du Brésil, mais faisons-nous les efforts de sensibilisation nécessaires pour tisser le genre de liens qui, avec le temps, facilitent l'entraide mutuelle et une vision commune de nos intérêts et capacités stratégiques collectives?

M. Allen : Je crois que oui. Honnêtement, je ne peux pas expliquer pourquoi il n'y avait pas d'étudiant brésilien mais, vous avez raison, rien ne leur bloque l'accès. Comme je l'ai mentionné, M. Peter MacKay, le ministre canadien de la Défense, s'est rendu au Brésil, et son homologue brésilien est venu ici. Nous avons eu un échange très fructueux et constructif sur les plans politique et militaire. Les deux parties démontrent un réel intérêt. Selon moi, c'est peut-être simplement une question de nouveauté, mais ça vaut la peine de suivre ce dossier, et je le ferai. Sachez que nous avons deux attachés militaires à Brasilia. Nous disposons donc des ressources nécessaires.

Permettez-moi de céder la parole à Neil Reeder, qui aimerait ajouter quelque chose.

Neil Reeder, directeur général, Amérique latine et Caraïbes, Affaires étrangères et Commerce international Canada : J'ajouterais que, en fin de semaine dernière, le ministre MacKay a participé à la Conférence des ministres de la Défense des Amériques en Bolivie. Vous voudrez peut-être convoquer des témoins du ministère de la Défense nationale, le MDN. Dans tous les cas, nous assistons, dans la politique internationale du MDN, à un virage important vers les Amériques, notamment parce qu'on reconnaît que la sécurité constitue une plateforme clé pour la promotion de la coopération régionale dans le cadre de la stratégie du Canada pour les Amériques. Nous apprécions le travail du MDN. Le ministère accroît son réseau d'attachés autant en Amérique latine que dans les Caraïbes.

Un autre aspect intéressant du Brésil a trait à son rôle en matière de sécurité régionale. Nous saluons la présence du Brésil en Haïti, où nous collaborons de près avec ses représentants. Le Brésil apporte la plus grande contribution en soldats à la MINUSTAH, la force de stabilisation en Haïti. Il dirige ce groupe. Il y a une présence canadienne ainsi qu'une participation de plusieurs pays de l'Amérique latine, mais nous avons l'impression que le Brésil a su reconnaître l'état de crise et le besoin de soutien, et qu'il a décidé de prendre les choses en main. Nous avons établi une collaboration étroite avec le Brésil, et nous pensons qu'il continuera d'assumer ce rôle de leader à l'échelle régionale et mondiale.

Le sénateur Segal : Sur une note plus pratique, vous avez fait allusion, il me semble, à des accords ou à des protocoles d'entente entre nous et les Brésiliens dans différents domaines. S'ils relèvent du domaine public, seriez-vous en mesure de les transmettre à la greffière du comité pour que nous puissions les consulter?

M. Allen : Absolument. Nous vous les acheminerons. Comme je l'ai mentionné, certains protocoles ont été conclus, tandis que d'autres sont en cours de négociation, mais je ne crois pas qu'il s'agisse de documents classifiés. Nous les fournirons au comité.

Le sénateur Mahovlich : J'aimerais mentionner que, à Toronto, une des plus grandes activités caritatives se nomme le Brazilian Ball. Il s'agit d'un événement annuel. La communauté brésilienne du Canada l'organise depuis plus de 20 ans, et cette activité a recueilli plus d'argent que n'importe quelle autre activité caritative à Toronto. Tous les costumes et les participants du défilé viennent de Rio de Janeiro, si je ne m'abuse. Tout le monde est réuni pour une grande fête digne du Mardi gras. Je dois souligner cet excellent travail.

Il y a environ 25 ans, si quelqu'un me parlait du Brésil, je pensais rapidement à Brascan. Que se passe-t-il avec Brascan?

M. Allen : Cette société se nomme désormais Brookfield et elle fait partie des plus grands investisseurs et acteurs canadiens au Brésil. Brookfield se spécialise surtout en immobilier, mais elle touche à beaucoup d'autres domaines. Le vice-président de la société dirige la Chambre de commerce Canada-Brésil, et la société elle-même continue de jouer un rôle important dans le secteur privé.

Les représentants de Brookfield figurent parmi les plus grands experts sur le Brésil toujours au Canada. Ils sont extrêmement satisfaits de leurs investissements et de leur présence dans ce pays. Ils continuent de l'être et ils poursuivent leur croissance.

Le sénateur Mahovlich : Sont-ils encore actifs dans l'industrie minière?

M. Allen : Absolument.

Le sénateur Wallin : Je suis contente de vous voir dans un autre contexte, à un moment et à un endroit différents. Pour commencer, j'ai quelques questions générales à poser. Veuillez excuser mon retard, mais je suis certaine que la présidente a déjà tout expliqué.

Nous avons étudié les « RIC » des BRIC et, maintenant, nous nous attaquons au « B » des BRIC. Est-ce toujours pertinent?

M. Allen : Les BRIC?

Le sénateur Wallin : Oui.

M. Allen : Selon moi, oui. Je pense que c'est particulièrement pertinent pour les BRIC, parce qu'ils aiment être ainsi regroupés. C'est particulièrement pertinent pour le Brésil, parce que ce pays n'aime pas du tout se considérer comme appartenant à l'Amérique latine. Il préfère se revendiquer de l'Amérique du Sud. Par contre, il ne souhaite pas limiter son appartenance à l'Amérique du Sud. Il préfère se voir comme un acteur de la scène mondiale. En se retrouvant au sein du même groupe que la Chine et l'Inde, notamment, qui sont les coqueluches de l'heure à l'échelle mondiale, le Brésil s'estime dans les mêmes sphères qu'eux. Je pense que, tout comme l'Inde, ses aspirations relativement au Conseil de sécurité des Nations unies sont renforcées par ce regroupement. Pour eux, c'est important.

Le sénateur Wallin : Nous avons presque terminé la version définitive de notre rapport sur l'Inde. Déjà, des observateurs extérieurs tiennent le même genre de propos sur cette relation, à savoir que la relation entre le Canada et le Brésil est négligeable. Ils disent que la relation est très ciblée, qu'elle se limite à quelques préoccupations quant à notre approche en matière de gestion de l'approvisionnement dans certains secteurs, et ainsi de suite, et que les montants en jeu sont petits.

Encore une fois, et nous posions sans cesse la même question au sujet de l'Inde, pourquoi est-ce ainsi?

M. Allen : Je pense que cette information est désuète, et ce n'est pas une critique, car après tout les nouvelles données sont toutes fraîches. Au cours des cinq à sept dernières années, cette description a changé considérablement. Les différends ne se trouvent plus au coeur de la relation, tandis que les aspects bilatéraux et mondiaux se sont intensifiés.

Je suis relativement nouveau dans le domaine et j'ai été épaté. Nous voyons rarement 10 sous-ministres s'envoler simultanément pour un même pays. Non seulement se sont-ils rendus là-bas, mais ils ont été impressionnés par ce qu'ils ont vu au point de convaincre leurs ministères de prendre des engagements. Bon nombre des protocoles d'entente dont il est question découlent de cette visite. Nous commençons à établir les communications au niveau ministériel, et j'ai l'impression que nous suscitons de plus en plus d'intérêt du côté du secteur privé.

Le sénateur Wallin : Je pense que là est la question. Les gouvernements se sont peut-être engagés, mais...

M. Allen : M. Plunkett a peut-être un avis sur la question. Cela dit, les entreprises canadiennes ont les États-Unis, les Américains parlent anglais, et c'est juste de l'autre côté de la frontière. Vous savez ça mieux que quiconque.

Le Brésil est un grand pays, mais il est assez loin. Les gens parlent portugais. Il y a des États complexes ainsi que beaucoup de règles et de règlements, et il y a donc vraiment du travail à faire.

Le représentant de Brookfield nous disait que les Américains et les Canadiens aimaient se rendre au Brésil, avoir un déjeuner-rencontre, conclure une entente, puis s'en aller. En fait, au Brésil et au Mexique, il y a trois jours de séances de bienvenue et de déjeuners pour parler affaires et famille, après quoi on conclut une entente.

Je pense que notre secteur privé commence à accepter ça et à y adhérer, mais ce n'est pas le marché facile auquel nous sommes habitués. Toutefois, il s'agit de 190 millions de personnes, dont 95 millions dans la classe moyenne. L'entreprise Research in Motion, qui est à l'origine du BlackBerry, y a ouvert une usine de fabrication. RIM comprend que c'est vraiment un marché potentiel. Nous croisons les doigts.

M. Plunkett : Bien sûr, la communauté des affaires appuie fermement les ambitieux projets commerciaux bilatéraux et régionaux que nous entreprenons. Vous avez mentionné l'Inde. Vous avez peut-être vu que, il y a quelques jours, nous avons annoncé le lancement de négociations de libre-échange avec l'Inde, un marché de plus d'un milliard de personnes. Cet été, nous avons présenté avec l'Inde une étude économique conjointe qui souligne certains des avantages à gagner dans ce marché.

Nous souhaitons faire progresser nos discussions avec le Brésil dans le cadre du MERCOSUR, puisque le Brésil ne peut pas négocier normalement et indépendamment en ce qui a trait aux questions de politique commerciale. Nous explorons donc des avenues pour approfondir notre relation à ce stade-ci.

Le sénateur Wallin : Pour ce qui est du MERCOSUR, cela reste un problème, n'est-ce pas? Ou est-ce que cette mentalité a changé? Je pense qu'il est juste de dire que l'UNASUR était le bébé du président Lula, ce qui n'est peut-être pas le cas pour la nouvelle présidente, mais vous êtes sûrement mieux informé que nous sur ça.

M. Plunkett : À moins que quelqu'un me dise le contraire, je pense que nous négocions avec le MERCOSUR.

M. Reeder : J'ajouterai deux ou trois choses sur les échanges commerciaux et je soulignerai deux ou trois événements. Le ministre Van Loan s'est rendu au Brésil deux fois dans les deux dernières années. En septembre dernier, le Brésil a envoyé au Canada une mission commerciale multisectorielle très réussie et, en avril, le secrétaire parlementaire Keddy a dirigé au Brésil une mission commerciale formée de représentants d'entreprises canadiennes dans le secteur pétrolier et gazier, aux côtés de l'APECA, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique. En juin, nous entreprendrons une mission sur l'infrastructure, qui sera aussi dirigée par M. Keddy.

Le gouvernement y est bien sûr pour quelque chose, mais nous répondons aussi à un grand intérêt du secteur privé canadien, notamment des secteurs pétrolier et gazier, de l'infrastructure, de la science et de la technologie.

Le sénateur De Bané : Seriez-vous d'accord pour dire que ce développement économique, qui a été très impressionnant dans les 20 dernières années, dépend aussi, dans une certaine mesure, de la capacité future du Brésil à relever certains des défis qui demeurent présents?

Selon les Nations Unies, le Brésil est toujours au 75e rang de l'indicateur de développement humain. Malgré sa popularité, le président Lula n'a pas réussi à convaincre le congrès de réformer le régime fiscal. Le Brésil compte encore 50 millions de personnes sous le seuil de la pauvreté et, dans les grandes villes de Rio de Janeiro et de Sao Paulo, 30 p. 100 des gens vivent dans des favelas. Je crois qu'il y a plus de 150 millions d'acres de terres non cultivées que des millions de familles aimeraient voir distribuées.

Dans quelle mesure tous ces problèmes sociaux menacent-ils le développement économique extraordinaire de ce géant?

M. Allen : C'est un bon point. Certaines personnes, dont plusieurs que notre sous-ministre a rencontrées lors de sa récente visite au Brésil, suggèrent que la nouvelle présidente se concentrera davantage, à l'échelle nationale, sur l'infrastructure, sur la réduction de la pauvreté, sur l'éducation, sur certains domaines que vous avez abordés. Nous verrons.

Lorsque le président Lula, un dirigeant syndical qui ne parlait ni anglais ni français, a pris les commandes, les gens ne s'attendaient probablement pas à ce qu'il devienne le chef qu'il a été sur la scène mondiale. À l'avenir, une consolidation semble en effet nécessaire au Brésil. La présidente reconnaît ça et veut s'en charger.

Cela dit, je suppose qu'on pourrait répliquer que les chiffres de l'Inde et de la Chine ne sont pas véritablement différents, mais qu'il y a tout de même un secteur commercial dynamique, un secteur économique dynamique et un secteur financier dynamique avec lesquels nous pouvons travailler. Je pense qu'il faut espérer que la participation, le commerce et l'exportation permettront à ces populations, qui doivent aussi devenir des partenaires mondiaux, de continuer de progresser dans la classe moyenne et même au-delà. Je crois que le président Lula lui-même en est un bon exemple.

Il faut espérer qu'en participant, nous contribuerons à résoudre certains de ces problèmes. Toutefois, comme vous l'avez dit, les réformes fiscales, les réformes structurelles et les réformes judiciaires qui sont peut-être requises sont des choses que les Brésiliens devront régler eux-mêmes, s'ils le désirent. Les investissements et les relations commerciales seront plus faciles s'ils le font. Je pense que nous sommes d'accord avec votre évaluation.

Le sénateur De Bané : Que pense le MAECI de cette nouvelle organisation, la CPALC, de laquelle l'Amérique du Nord sera exclue? Pour reprendre ce que le sénateur Downe vous demandait, qu'y a-t-il derrière ça, selon vous? Est-ce que c'est qu'ils se considèrent comme les chefs de l'Amérique latine? Je suis certain que l'Argentine aurait des réserves à ce sujet. Connaissez-vous une raison implicite pour expliquer le fait que toute l'Amérique du Sud sera invitée à s'y joindre, mais pas le Canada ni les États-Unis? Que révèle l'analyse du ministère à ce sujet?

M. Allen : M. Plunkett affirme qu'aucune interprétation n'est nécessaire lors de leurs réunions. M. Reeder mentionne le leadership brésilien.

On ne peut ignorer le rôle du leadership brésilien. C'était intéressant de voir le Brésil mettre sur pied la CPALC et l'UNASUR, pour ensuite placer Nestor Kirchner, ancien président de l'Argentine aujourd'hui décédé, à la tête de cette dernière. Il s'agissait d'une manoeuvre politique très ingénieuse de la part des Brésiliens.

Les Sud-Américains, les Latino-Américains et les Caribéens prouvent qu'ils sont indépendants, qu'ils commencent à réussir et qu'ils sont tout à fait capables de discuter entre eux, et pas nécessairement avec les Américains, les Canadiens ou les Mexicains. Cependant, pour le moment, ça ne les a pas empêchés de participer à l'OEA, qui est selon moi une organisation mature, efficace et assez bien financée qui joue encore un rôle important dans le règlement de différends, la promotion de la démocratie et ce genre de choses.

Le sénateur De Bané : Monsieur le sous-ministre, quels sont les principaux différends ou problèmes entre nos deux pays?

M. Allen : Il y aura toujours des différends commerciaux dans les relations importantes. Le sénateur Fortin- Duplessis a mentionné une éventualité. Il reste encore des séquelles de l'affaire Embraer. C'est un fait.

Nous avons parlé des différences de nos approches face aux enjeux mondiaux, comme pour l'opposition entre le G20 et le G8 ainsi que l'approche adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Brésil face à certains des conflits, comme l'Iran. Je ne connais pas la position du Brésil en ce qui concerne l'Afghanistan. Oh, il ouvre une ambassade à Kaboul. Nous avons probablement des opinions différentes, mais il n'y a rien qui touche vraiment le coeur de la relation. Il y a quelques problèmes, mais je ne les qualifierais pas de différends.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Je pense que vous avez partiellement répondu. Le Brésil est en train de devenir un leader sur le continent sud-américain. Comment les autres pays de ce continent voient-ils le fait que le Brésil est en train de s'accaparer ce rôle de leader?

[Traduction]

M. Allen : D'abord, je dirai qu'on reconnaît que le Brésil est le pays le plus grand, le plus puissant et le plus prospère de la région. Voilà pour la reconnaissance.

Ensuite, je n'ai pas 20 ans d'expérience dans ce domaine, mais je pense que le Brésil est un pays très astucieux et tactique, qui évite de s'imposer. En fait, il déploie des efforts considérables pour ne pas s'imposer sur le continent. Il apporte une aide immense aux plus petits pays comme l'Uruguay et le Paraguay. Il arbitre des différends entre, par exemple, la Colombie et le Venezuela. Il évite de rivaliser avec l'Argentine. Je pense qu'il a peut-être étudié le passé de la région et choisi d'adopter une attitude caractérisée par une faible résistance, l'inclusion et l'aide, plutôt que de traiter les pays avec arrogance, ce qu'il pourrait faire.

Comme l'a souligné M. Reeder, le rôle du Brésil en Haïti est utile pour un pays qui a besoin d'aide. Je pense que nous allons commencer à voir le Brésil utiliser sa richesse économique en tant que donateur. Je ne pense pas qu'il aime qu'on le qualifie de donateur. Il préfère une autre expression. Selon moi, le Brésil va commencer à jouer un rôle de plus en plus positif là où il le peut. Il tiendra sans aucun doute compte de ses propres intérêts lorsque c'est nécessaire. Pour le moment, on n'entend pas beaucoup de critiques à l'égard de ce grand frère, mais plutôt des éloges, je pense.

[Français]

M. Reeder : J'aimerais mentionner que Jon Allen et moi avons vécu au Mexique par le passé. Le seul élément de rivalité réside entre le Mexique et le Brésil pour le leadership en Amérique latine. C'est une petite tension qui existe depuis longtemps. Je pense que le Mexique a pris du poids en Amérique du Nord grâce à l'ALENA.

Le Mexique garde toujours un intérêt à être un leader dans la région. On le constate de temps en temps. Je reviens de trois ans en Amérique centrale. J'ai vu, à plusieurs occasions, qu'entre les Brésiliens et les Mexicains, il y avait toujours un petit jeu pour voir qui était le dominant dans la région. La plupart des pays acceptent que maintenant, le Brésil est réellement à l'avant-garde dans ce sens. Cela reste un aspect qu'il faut reconnaître dans la région. Beaucoup moins, comme Jon Allen l'a dit, entre l'Argentine et le Brésil, c'est un peu dans le passé. Mais le Mexique se considère toujours comme un pays de leadership dans la région.

[Traduction]

Le sénateur Johnson : Je serais curieuse d'en savoir davantage sur la présidente Rousseff. Elle était le choix personnel du président Lula, n'est-ce pas? Pouvez-vous nous fournir des renseignements généraux sur la nouvelle présidente, et peut-être sur ses priorités à l'échelle nationale ainsi qu'en matière de politique étrangère? Avez-vous une idée de l'effet que ça peut avoir sur le Canada? Est-elle déjà venue au Canada, par exemple, ou des gens autour d'elle sont-ils venus? Le Canada a-t-il son importance à cet égard? Est-ce qu'il y aura des changements?

M. Allen : C'est une ancienne révolutionnaire. Elle provient manifestement de la gauche politique, mais comme beaucoup de politiciens dans le monde et au Brésil, elle s'est déplacée vers le centre. Comme vous l'avez dit, elle a été choisie et elle était la conseillère de confiance du président Lula. Elle n'était pas du tout aussi charismatique, et ce n'est qu'à la deuxième ronde qu'elle a gagné, mais elle a remporté la deuxième ronde haut la main.

Nous l'avons dit, il semble que ses premières préoccupations, du moins au départ, seront intérieures, à savoir le travail, la réforme fiscale, l'éducation, les infrastructures, y compris la préparation en vue des Jeux olympiques et de la Coupe du monde, mais surtout les ports, les routes, les aéroports et les chemins de fer. Autrement dit, pour que la croissance du Brésil se maintienne au rythme actuel, le gouvernement de la présidente Rousseff devra passer en vitesse supérieure, et les infrastructures en seront la clé.

Le Brésil n'a pas besoin d'exporter. Il compte une population énorme et il peut vendre ses produits chez lui et s'en sortir assez bien. Toutefois, on sent que ce sera le centre de l'attention de la nouvelle présidente.

En fait, nous attendons de voir si le Brésil invitera les chefs d'États à l'inauguration. Pour le moment, elle ne l'a pas fait. Il y a une certaine tradition en Amérique latine, surtout au sein des Latins, et ça peut très bien se produire. Peut- être que ce sera le premier signal, si elle invite les États-Unis, le Canada et le Mexique ou si elle s'en tient à la famille. Je ne sais pas.

À part ça, à mon avis, tout reste à voir puisqu'on ne l'a pas encore vue sur la scène mondiale. Les gens disent qu'elle parle anglais et français et qu'elle a voyagé à l'étranger davantage que le président Lula ne l'avait fait lorsqu'il a été élu. On verra.

Franchement, en pensant aux chefs d'État, parfois même à nos propres premiers ministres de temps en temps, on se dit qu'ils vont se concentrer sur les affaires intérieures. Puis, ils commencent à voyager, ils commencent à établir un contact avec d'autres chefs d'État et ils commencent à jouer un rôle à l'échelle mondiale et régionale. Je pense qu'il sera peut-être difficile pour la présidente Rousseff de résister, pour ainsi dire, pas nécessairement au début, mais peut-être plus tard.

Le sénateur Johnson : A-t-on l'impression que l'ancien président participera beaucoup à son travail, du moins à court terme?

M. Allen : Des rumeurs circulent selon lesquelles il prendra les commandes de l'UNASUR. Agira-t-il comme conseiller dans l'ombre? Je ne sais pas.

Le sénateur Johnson : Est-ce qu'elle sera accompagnée par beaucoup de ses collègues révolutionnaires dans ses nouvelles fonctions?

M. Allen : En tant que tel, je ne crois pas, à moins qu'ils ne s'y trouvaient déjà. M. Reeder vient de me rappeler, en parlant de l'expérience multiculturelle, qu'elle est une immigrante bulgare, comme tant de Brésiliens et de Canadiens. Elle s'intéresse aussi à nos expériences en matière d'immigration et de multiculturalisme. C'est un autre élément qui pourrait la faire sortir du pays.

Le sénateur Johnson : C'est intéressant. Quel est le facteur bulgare au Brésil? Je ne m'en souviens pas.

M. Reeder : C'est une société très multiculturelle qui est fondée sur des immigrants, majoritairement de l'Europe occidentale et centrale, sans compter la communauté afro-caribéenne.

Le sénateur Johnson : Ce sera très intéressant.

M. Allen : Ce sera intéressant de voir ça.

Le sénateur Raine : Pourriez-vous nous parler des différentes normes de protection de l'environnement et des choses du genre au Brésil et au Canada?

M. Allen : Encore une fois, je ne connais pas tous les détails. Je pense que différents États en sont à différentes étapes en ce qui a trait aux règlements et aux lois qui ont été adoptés.

Pour ce qui est de nos efforts au Brésil, nous prenons très à coeur le rôle de responsabilité sociale que nous tentons d'appliquer et d'instaurer au sein du secteur privé et au sein de notre gouvernement.

J'ai rencontré quelques représentants de sociétés minières qui m'ont dit devoir se conformer, à l'échelle locale, à des règles et à des règlements, et ils le font. De nombreuses régions du Brésil ne sont pas du tout comme le Far West. Peut- être que d'autres régions sont un peu moins développées et un peu moins réglementées.

M. Reeder : Un des protocoles d'entente que nous avons signés, sous la direction de Ressources naturelles Canada, porte sur le développement durable des minéraux et des métaux. Nous envisageons maintenant une coopération avec le Brésil dans ce secteur, sur la base de nos principes de responsabilité sociale des entreprises, et nous irons de l'avant. Ce protocole d'entente a été signé l'an dernier à Toronto, et c'est un secteur auquel nous consacrerons des efforts.

Heureusement, je dois dire, pour reconnaître les efforts du Brésil, puisqu'en tant que Canadiens, nous avons l'impression que l'Amazone s'appauvrit, que nous observons une gestion beaucoup plus prudente de la ressource amazonienne. Il reste beaucoup de défis à relever, mais nous observons une gestion beaucoup plus prudente de cette ressource qu'auparavant. Le Brésil comprend aussi le message de la communauté internationale, qui lui rappelle qu'il a une responsabilité en ce qui a trait à l'intendance de cette ressource très précieuse. Il réussit à faire mieux, mais il reste tout de même beaucoup de défis à venir.

L'extraction minière illégale par de petits groupes de mineurs non autorisés est un autre problème dont nous sommes témoins dans le secteur minier au Brésil et dans la région en général. C'est un problème sérieux puisqu'il s'agit d'exploitation minière non réglementée et très dangereuse. Plusieurs sociétés minières canadiennes ont attiré notre attention sur ce sujet récemment, parce que cette exploitation minière non réglementée pose des problèmes. C'est dangereux pour les mineurs, les mineurs illégaux non autorisés.

Le sénateur Raine : Je sais que la langue nationale du Brésil est le portugais. Est-ce que l'anglais est la langue seconde, puisque le pays compte tant d'immigrants? Y a-t-il des problèmes entre le portugais et l'anglais? Comment gèrent-ils ça dans leurs écoles?

M. Reeder : En tant qu'hispanophone, je suis surpris de ne pas pouvoir parler espagnol avec les Brésiliens. C'est possible, oui, puisqu'ils comprennent l'espagnol, mais ils ne trouvent pas vraiment que c'est la langue appropriée.

Si votre comité se rendait au Brésil, vous constateriez que l'anglais serait la langue dans laquelle vous communiqueriez avec les Brésiliens. Ils comprennent l'espagnol, mais ce n'est pas un pays hispanophone, et leur langue seconde officielle — et de tous les jours, je pense — est l'anglais. Cela m'a beaucoup surpris.

Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils sont contrariés si quelqu'un leur parle en espagnol, mais ils préfèrent de toute évidence converser en anglais avec les Nord-Américains. On met beaucoup l'accent sur la promotion de l'anglais. C'est une grande population qui me rappelle le Japon, où il faut forcer les gens à pousser plus loin. Il est trop facile de travailler dans la langue nationale. Il faut forcer les jeunes à apprendre la langue seconde afin d'entrer dans l'économie internationale.

Dans le cas du Brésil, comme l'a mentionné M. Allen, on met grandement l'accent sur l'anglais comme langue seconde. Le Canada reçoit maintenant cette vague de 10 000 à 12 000 étudiants par année qui viennent ici pour suivre des cours de six mois. C'est une industrie énorme en Ontario et au Québec en ce moment. Des étudiants du Mexique, du Brésil et de la Corée, entre autres, viennent suivre ces cours de courte durée et repartent avec un diplôme canadien en langues qui leur offre de merveilleuses possibilités de travail dans leurs économies nationales. Tout d'un coup, ils sont considérés comme étant bilingues, avec l'anglais comme langue seconde. C'est une industrie très rentable pour le Canada, qui favorise les occasions d'emploi pour ces jeunes lorsqu'ils rentrent au Brésil.

Le sénateur Raine : Bien entendu, cette langue internationale facilite beaucoup la tâche des Nord-Américains qui veulent faire affaire avec le Brésil.

M. Reeder : C'est aussi vrai pour la Chine.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : En tant que membres de la fonction publique du ministère des Affaires étrangères et Commerce international du Canada, vous avez mentionné que les pays de l'Amérique du Sud étaient en train de procéder à une grande zone de libre-échange, malgré tous les irritants. Vous avez mentionné des accords entre nos deux pays dans plusieurs domaines. Pour le ministère des Affaires étrangères et Commerce international du Canada, une entente de libre-échange entre le Canada et le Brésil pourrait-elle être bénéfique pour le Canada? Pourriez-vous recommander cela?

[Traduction]

M. Plunkett : Comme je l'ai mentionné plus tôt, et je pense que M. Allen l'a souligné dans ses commentaires, nous considérons vraiment le Brésil comme un important partenaire commercial dans le MERCOSUR avec l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Nous voulons faire progresser nos discussions avec le Brésil et le MERCOSUR plus globalement sur les questions de politique commerciale. À l'heure actuelle, nous explorons les options qui s'offrent à nous pour approfondir nos relations commerciales, mais nous ne sommes pas certains de la forme que ça prendra.

Avant de nous lancer dans des négociations commerciales officielles, nous nous engageons normalement dans un processus exploratoire. Si vous regardez ce que nous avons fait avec des pays comme ceux de l'Union européenne et l'Inde dans les dernières années, vous constaterez que c'est parfaitement normal des deux côtés. Cela permet à chacun de déterminer si un accord mutuellement profitable est possible. Au cours de ce processus, nous consultons les Canadiens au moyen de la Gazette du Canada ainsi que les provinces, les territoires et les chefs de file du secteur des affaires. Nous travaillons fort pour atteindre cette étape. Évidemment, en tant que bureaucrates, ce n'est pas à nous prendre cette décision, mais nous transmettons des recommandations à notre ministre, et ça se décide à partir de là.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : À vous entendre, vous aimeriez qu'on ait un jour une entente de libre-échange entre les deux pays.

Ma dernière question concerne l'agriculture.

[Traduction]

La présidente : Vous avez clairement expliqué que c'était une décision ministérielle.

Je devrais demander à la greffière de fournir aux membres le rapport que ce comité a présenté il y a quelques années. Les sections sur le MERCOSUR étaient assez intéressantes et portaient sur les obstacles possibles au libre-échange. Nous entendrons des témoins à ce sujet. En fait, c'était au départ une union douanière.

Lorsque nous cherchions la façon la plus avantageuse de procéder, que ce soit pour le commerce mondial ou le commerce régional ou bilatéral, nous avions une étude. Les statistiques de notre rapport sont dépassées, mais certains éléments sur le MERCOSUR seraient utiles, et je demanderai donc de faire circuler ce précieux rapport. Cela nous permettra de poursuivre notre discussion sur l'approche à adopter face à ces questions commerciales.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : Comme vous pouvez le voir, notre présidente connaît bien son dossier. Ma dernière question concerne l'agriculture.

Quelles sont les répercussions de l'évolution de l'agriculture brésilienne sur la sécurité alimentaire mondiale et sur la sécurité alimentaire dans cette économie émergente?

[Traduction]

M. Plunkett : Je ne suis pas certain d'être le mieux placé pour répondre à ça, mais je vais essayer. Vous devriez peut- être parler à quelqu'un d'Agriculture et Agroalimentaire Canada ou même de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

De toute évidence, le Brésil est un grand producteur agricole, et cela se reflète dans les négociations du cycle de Doha qui sont en cours, dans lesquelles il joue un rôle important depuis des années, que ce soit pour le sucre, la volaille ou d'autres aspects ayant un grand intérêt à ses yeux. Comme le Canada et d'autres partenaires, le Brésil participerait à des discussions internationales sur les aspects techniques des normes et, dans un contexte plus large, sur les questions associées à l'accès au marché.

Comme l'ont fait remarquer M. Allen et M. Reeder, le Brésil est un joueur important, tant à l'échelle régionale que mondiale. Par conséquent, il peut influencer la formulation de certaines règles qui émanent de ces négociations internationales. Si nous collaborons avec les Brésiliens à l'avenir, peu importe la formule, je crois que l'agriculture occupera une place considérable dans les discussions.

Le sénateur Downe : Je veux donner suite à la question du sénateur Fortin-Duplessis. Vous avez expliqué ce que ferait le Canada si nous concluions un accord commercial, mais que fait le Brésil? Par exemple, je sais que le Pérou essaie de signer le plus d'accords possible avec le plus de pays possible. Le Brésil fait-il actuellement la promotion d'accords commerciaux avec une foule de pays?

M. Plunkett : Mes collègues m'ont donné une liste, parce qu'il me serait absolument impossible de mémoriser ça.

Cette année, le MERCOSUR a conclu des accords de libre-échange avec l'Égypte et Israël. À l'heure actuelle, le Brésil en est à différentes étapes dans la négociation d'accords commerciaux préférentiels de diverses portées avec l'Union européenne, la Jordanie, la Turquie, l'Inde, l'Union douanière d'Afrique australe, le Conseil de coopération du Golfe au Maroc, le Japon, Singapour, le Pakistan, la Corée du Sud et l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est. Il a des accords préférentiels bilatéraux avec quelques membres de l'Association latino-américaine d'intégration, notamment la Colombie, l'Équateur, le Mexique, le Pérou et le Venezuela. Il vient tout juste de lancer des négociations avec le Mexique en vue d'un accord d'intégration économique stratégique.

Mon collègue derrière moi peut vous fournir une liste de sites Web sur lesquels vous trouverez davantage de renseignements sur ces accords et une idée de la portée et de la nature de ceux que les Brésiliens tentent de conclure. De toute évidence, ils se tiennent occupés.

Le sénateur Downe : Vous n'avez pas mentionné les États-Unis. Savez-vous si un accord est déjà signé?

M. Plunkett : Pour le moment, les discussions avec les États-Unis auraient lieu dans le contexte des négociations du cycle de Doha.

Le sénateur Downe : Monsieur Allen, dans votre déclaration préliminaire, vous avez dit que le Brésil se tournait vers le Canada dans certains domaines pour ce qui est, entre autres, du leadership. Savez-vous si nous offrons de la formation aux employés du secteur public, aux juges ou à d'autres, comme nous le faisons dans de nombreuses autres économies en développement?

M. Allen : Je ne sais pas, mais j'ai vu quelque chose au sujet d'un protocole d'entente dans le domaine de la justice. Ce n'est pas encore réglé, mais c'est en négociation. Je n'ai pas entendu parler de formation comme ce que nous offrons au Mexique et en Amérique centrale.

M. Reeder : Il y a deux mois, une délégation d'environ 90 juristes du Brésil a répondu à l'invitation de l'ambassade brésilienne. Des avocats et des juges de différents États sont venus ici pour étudier le système judiciaire canadien, notamment comment nous gérons, en tant que fédération, les questions judiciaires concernant les États ou le gouvernement fédéral. Il y a aussi un grand intérêt envers le Québec, pour le Code civil, notamment.

Ils sont allés à Ottawa, à Toronto et à Québec. Le voyage était organisé par l'ambassade brésilienne en vue de faciliter les échanges avec des juristes du Canada. C'est une initiative importante. Les Brésiliens ont été très impressionnés lors de cette visite. C'était donc un premier pas important.

Le sénateur Segal : J'entends M. Plunkett nous présenter le réseau croissant de relations commerciales qui s'établissent avec le MERCOSUR ou grâce à lui, je nous écoute discuter de l'accord de libre-échange conclu, ou en cours de négociation, entre le Mexique et l'Union européenne, et je me rends compte que la question dont on doit vraiment parler, qui est pourtant évidente, est un accord de libre-échange à l'échelle de l'hémisphère.

Il y a une communauté hémisphérique des Amériques, qui constitue d'une certaine façon — et je sais qu'il y a des problèmes tactiques — un effort de cohérence sur le marché de notre part pour répondre à certains défis de productivité concurrentielle posés par l'Asie et, évidemment, le modèle d'intégration européen, qui a grandement favorisé la croissance économique européenne.

Sans vous demander de vous prononcer sur la question, permettez-moi tout de même d'évoquer le scénario suivant. Supposons que le premier ministre décide que, mis à part les efforts supplémentaires déployés dans la région — il a d'ailleurs déjà mentionné que nous devions chercher à consolider les relations au sein de l'hémisphère —, dans différents dossiers, comme la sécurité, le terrorisme et l'environnement, les frontières ne garantissent plus aucune protection contre le risque, ni ne délimitent les risques auxquels notre marché est exposé, bien au contraire. Les gens du MAECI pourraient-ils répondre à ce type de décision avec l'intensité et l'attention qui permettraient à tout gouvernement ayant pris cette décision de procéder directement, ou demanderiez-vous plus de temps pour vous préparer, simplement parce que vous avez une capacité limitée de planification d'urgence, car vous avez des emplois exigeants pour lesquels vous ne disposez sûrement pas de trop de ressources?

J'aimerais bien avoir une idée sur la question. Évidemment, le comité étudiera entre autres ce que devraient être nos relations commerciales avec le Brésil sur le plan multinational. Si nous avions un schéma illustrant ce que M. Plunkett a mentionné, soit les relations entre le MERCOSUR, le Brésil et d'autres pays, la Jordanie, Israël, les pays d'Europe, et ainsi de suite, nous commencerions à voir une intensification qui pose des problèmes de concurrence pour le Canada.

J'aimerais savoir si, selon vous, le ministère serait en mesure de répondre aux éventuelles attentes du gouvernement en matière d'engagement dans ce type de situation.

M. Plunkett : C'est du déjà-vu, tout ça. Vous vous rappelez peut-être que, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, des négociations ont eu lieu au sujet de ce qu'on appelait la Zone de libre-échange des Amériques, la ZLEA, mais ce processus stagne depuis 2004.

Le sénateur Segal : Il y avait eu le sommet de Québec, si je me souviens bien.

M. Plunkett : Nous avons fait plusieurs choses dans ce domaine. Le Brésil et le Canada étaient tous deux parties à ces discussions.

Je suis de retour depuis 2006 et je jongle avec plusieurs choses en ce moment. Au cours de ces quatre dernières années, on ne m'a jamais demandé de faire quoi que ce soit relativement à ce processus de la ZLEA, parce qu'il stagne vraiment.

Cela dit, comme vous le savez, nous avons été actifs dans la région. Nous avons signé des accords de libre-échange avec la Colombie, le Panama et le Pérou. L'accord avec le Chili est en cours de mise à jour, et nous négocions lentement avec les Caraïbes, les pays de l'Amérique centrale et la République dominicaine.

D'un point de vue canadien, si on cherche les pays avec lesquels nous avons déjà des négociations ou des accords et ceux avec lesquels nous en parlons, y compris pour les services aériens, nous avons probablement déjà couvert tout l'hémisphère.

Toutefois, je comprends où vous voulez en venir, cette multiplication des accords est une question qui a déjà été soulevée, ça porte à confusion. Dans certaines sphères, on émet des doutes quant à la prolifération de tous ces accords bilatéraux et régionaux et à la capacité de la communauté des affaires à respecter les différentes règles.

Pour notre part, si on pense à ce qui est en place avec la Colombie, le Pérou, le Panama, et cetera, bien que chaque accord ait des caractéristiques particulières, il y a une certaine continuité d'un accord à l'autre. De plus, nous envisageons la possibilité de commencer à lier certains de ces accords entre eux. Si toutes les parties ont des accords entre elles, nous ne nous opposerions pas à l'idée de rassembler ces accords individuels dans un ensemble plus cohésif, si c'est possible sur le plan technique.

Officiellement, le processus de la ZLEA stagne. Il y a le processus des négociations du cycle de Doha.

Le sénateur Segal : Il stagne aussi.

M. Plunkett : Je ne suis pas certain que ce soit le terme que nous utilisons à l'heure actuelle, mais je comprends ce que vous voulez dire. Nous avons des gens à Genève en ce moment qui n'arrêtent pas de me dire que c'est une semaine décisive et que les choses sont sur le point d'avancer.

Quoi qu'il en soit, nous essaierions de parvenir à l'ensemble le plus grand et le plus judicieux possible pour défendre les intérêts canadiens.

M. Allen : J'ajouterai que le pays qui s'opposait le plus à la ZLEA est le Brésil, si je me souviens bien.

Le sénateur Segal : C'est en partie pour ça que j'ai posé la question. Merci.

La présidente : Ailleurs, nous utilisons des accords modèles, des accords nouveau genre, comme nous les appelons, mais le but est d'être cohérent avec toute disposition de l'OMC, n'est-ce pas? Il y a l'attrait local. C'est la même structure, mais nous l'adaptons d'un pays à l'autre puisque ça dépend des besoins et de la politique.

M. Plunkett : Oui, il y a une certaine continuité dans la forme de nos accords. Il n'y pas de solution unique. Si on retourne en arrière, l'ALENA a façonné une bonne partie de notre façon de penser dans les dernières années, mais même uniquement depuis que je fais ce travail, ces accords ont changé pour tenir compte de nos intérêts et de ceux de nos partenaires commerciaux. Ce n'est pas parce que nous faisons les choses ainsi que c'est nécessairement la seule façon de faire. Si nous voulons parvenir à un accord, nous devrons peut-être changer.

Nos accords doivent être compatibles avec nos obligations envers l'OMC. Prenons par exemple notre accord avec le Pérou et l'Accord de libre-échange Canada-AELE. Les pays de l'AELE, sur lesquels le comité vient de se pencher, ont témoigné devant un comité à Genève dans le cadre de l'OMC afin que d'autres partenaires commerciaux puissent étudier les accords conclus et dire s'ils sont selon eux conformes aux normes de l'OMC, de la même façon que nous commentons les accords préférentiels que concluent les autres. Ça va dans les deux sens.

Le sénateur Smith : La question du sénateur Fortin-Duplessis sur la végétation m'a rappelé une question à laquelle j'ai réfléchi au cours des derniers mois, mais à laquelle je n'ai pas de réponse.

Comme vous le savez, le Brésil est un chef de file mondial en ce qui concerne la question des véhicules sans pétrole, un défi mondial bien réel, qui a une valeur tant environnementale que politique. En fait, il me semble avoir lu que le pourcentage de véhicules sans pétrole au Brésil tourne autour de 47 p. 100, et il se situe peut-être maintenant dans les 50 p. 100.

J'ai l'impression que la densité de la végétation est une des raisons pour lesquelles ils réussissent à faire ça. Je suppose qu'une bonne partie de la végétation du bassin de l'Amazone est si luxuriante et riche qu'ils peuvent en cultiver pour obtenir du carburant à un prix qui rend ces véhicules sans pétrole viables, dans une certaine mesure.

Ces derniers mois, on a découvert deux ou trois énormes gisements de pétrole au large de la côte Nord-Est. Je me rappelle avoir lu que les gisements semblaient énormes, de taille presque comparable à ceux de l'Arabie saoudite. Peut- être pas tout à fait, mais ils étaient énormes.

Même si ça peut prendre des années, je suis curieux de savoir si, lorsque ce pétrole arrivera sur le marché et que les prix baisseront, ils feront encore la bonne chose pour l'environnement, soit augmenter le nombre de véhicules sans pétrole. Avez-vous déjà pensé à ça? Lorsque je lisais là-dessus, j'ai commencé à me poser la question. Ils ont été un modèle à suivre.

M. Allen : Je reviens tout juste d'Israël, un pays qui a massivement investi dans la voiture électrique et qui, étant donné sa taille, aurait peut-être des chances de réussir.

Je suppose qu'il y a des problèmes liés à l'environnement et aux aliments pour l'éthanol aussi. Comme vous le dites, le Brésil est sur le point d'explorer ses régions extracôtières et de trouver beaucoup de pétrole.

Le sénateur Smith : Il les a déjà explorées et a trouvé d'énormes gisements.

M. Allen : C'est exact. Par contre, je ne peux pas vraiment dire où le pays ira avec ça. Ça dépend toujours du prix sur le moment.

Le sénateur Smith : Je suis certain que c'est vers le forage que le Brésil ira, mais qui sait combien de temps ça prendra. Je n'ai pas pu m'empêcher de vous demander si vous aviez une opinion sur le sujet.

M. Allen : Non, mais nous nous pencherons sur la question et vous reviendrons là-dessus.

La présidente : Nous tiendrons assurément compte de vos conseils pour les témoins du côté brésilien, au gouvernement et peut-être certains dans les entreprises.

Le sénateur Smith : C'est une question intrigante. On ne penserait pas que le Brésil serait un chef de file mondial dans ce domaine, mais quand on regarde pourquoi, il est évident que le potentiel est là.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Est-ce que vous pouvez nous parler de l'Amazonie, c'est-à-dire des peuples et du défrichement des terres au profit des éleveurs et au détriment des peuples de la région? Quelles préoccupations cela représente-t-il pour le gouvernement brésilien?

M. Reeder : Je n'ai pas beaucoup à dire à ce sujet. Vous pourriez peut-être demander à quelqu'un de venir parler de ces sujets parmi vos futurs témoins.

Le Brésil a fait beaucoup de progrès dans le secteur environnemental en Amazonie. Il y a 20 ans ou 30 ans, c'était vraiment un problème de croisement total. Je pense qu'il y a une bonne conscience maintenant au niveau du gouvernement et niveau du public. On note également le leadership environnemental du Brésil aujourd'hui qui fait que l'administration de leurs ressources est bien meilleure qu'auparavant.

Je préfère, toutefois, vous suggérer d'aborder ce sujet particulier avec d'autres témoins, qui seront davantage en mesure de parler de ce sujet, ou encore d'autres personnes au sein du ministère qui pourraient en parler.

[Traduction]

La présidente : Merci. Nous sommes peut-être venus à bout de tous les renseignements que vous pouviez nous fournir aujourd'hui, ainsi que de votre patience. Ça fait deux heures complètes. Nous avons abordé beaucoup de sujets qui sont selon moi essentiels à notre étude. Nous vous remercions de nous avoir donné le point de vue canadien et de nous avoir informés, comme vous dites, au sujet du nouveau Brésil que nous devrions explorer dans l'optique des possibilités pour le Canada.

Merci de votre présence cet après-midi. Il est bon de savoir que nous pouvons faire appel à vous à nouveau si nécessaire.

(La séance est levée.)


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