Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international
Fascicule 17 - Témoignages du 3 mars 2011
OTTAWA, le jeudi 3 mars 2011
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 10 h 44, pour effectuer l'étude sur les faits nouveaux en matière de politique et d'économie au Brésil et les répercussions sur les politiques et intérêts du Canada dans la région, et d'autres sujets connexes.
Le sénateur A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, la séance est ouverte. Nous avons quelques problèmes mécaniques de nature visuelle. Nous ferons de notre mieux. Pour autant que nous entendions notre témoin et que celle-ci nous entende, nous pouvons aller de l'avant.
C'est une réunion du Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international. Le comité poursuit son étude spéciale sur les faits nouveaux en matière de politique et d'économie au Brésil et les répercussions sur les politiques et intérêts du Canada dans la région, et d'autres sujets connexes. C'est la onzième réunion que nous tenons dans le cadre de cette étude.
Ce matin, nous accueillons notre premier témoin par vidéoconférence, de Vancouver, en Colombie-Britannique.
Nous attendions un autre groupe de témoins; cependant, étant donné qu'il a des questions cruciales à examiner, le ministère a demandé un changement de date. Dans les circonstances actuelles, il est garanti que ce groupe de témoins a d'autres priorités. Ce n'est pas parce qu'ils ne voulaient pas venir; c'est une question d'urgence. Nous les convoquerons pour une date ultérieure.
Mme Michele McKenzie, qui nous parlera de Vancouver, en Colombie-Britannique, est présidente-directrice générale de la Commission canadienne du tourisme. La Commission canadienne du tourisme est une société d'État et rend des comptes au Parlement par l'intermédiaire du ministre de l'Industrie. Son mandat est de veiller à la prospérité et à la rentabilité de l'industrie canadienne du tourisme et de promouvoir le Canada comme destination touristique de choix.
Avant sa nomination à ce poste, qui a eu lieu en 2004, Mme McKenzie a été sous-ministre du Tourisme, de la Culture et du Patrimoine de la province de la Nouvelle-Écosse. Elle a aussi été membre de nombreux conseils d'administration, notamment celui de la Galerie d'art de la Nouvelle-Écosse et celui du Musée de la Nouvelle-Écosse.
Michele McKenzie, présidente-directrice générale, Commission canadienne du tourisme : Honorables sénateurs, je vous remercie d'avoir invité la Commission canadienne du tourisme à contribuer aujourd'hui à votre étude spéciale sur les faits nouveaux en matière de politique et d'économie au Brésil, en ce qui concerne notre mandat.
J'aurais préféré vous rencontrer en personne. Comme vous l'avez fait remarquer, la CCT est l'organisme national de marketing touristique du Canada. La CCT mène des initiatives de marketing dans 11 pays. C'est une société d'État qui évolue dans un contexte commercial très concurrentiel. Notre organisation est axée sur les résultats.
Le marketing touristique est notre secteur d'activité, et notre objectif est d'enrichir l'économie canadienne.
La CCT a créé une marque touristique internationale forte, « Canada, Explorez sans fin ». C'est à l'aide de cette marque que nous assurons la promotion du Canada auprès des voyageurs.
Les consommateurs sont sensibles à notre marque touristique internationale. Elle a contribué à l'obtention par le Canada du premier rang au classement des marques nationales en 2010. Nos partenaires des secteurs public et privé se rallient à cette marque pour promouvoir à nos côtés le Canada dans le monde entier.
Une marque touristique forte est un préalable pour convoiter les voyageurs. La croissance rapide des voyages sur la scène internationale a fait du tourisme l'un des phénomènes économiques et sociaux les plus marquants du siècle dernier. Le nombre de voyages dans le monde a atteint 25 millions en 1950 et 935 millions en 2010. D'après certaines estimations, il y aura 1,6 milliard de voyages internationaux d'ici 2020.
Il n'est pas étonnant que le tourisme soit devenu une sorte de poker sérieux où l'on voit les pays miser gros pour battre leurs adversaires. Ceux qui dominent la concurrence offrent des expériences exotiques, possèdent une marque touristique forte et des infrastructures de grande qualité; ils se caractérisent également par une collaboration efficace entre les partenaires touristiques et gouvernementaux. Cette combinaison gagnante permet à un pays d'augmenter ses recettes touristiques.
Environ 80 p. 100 des recettes touristiques du Canada proviennent de son marché national. Il s'agit d'une importante source de revenus pour nos entreprises, mais ce marché demeure limité, et la vente à soi-même ne crée pas de nouvelle richesse pour notre économie.
La CCT doit donc adopter une vision qui sort des sentiers battus afin de promouvoir la marque touristique du Canada sur les marchés mondiaux et sur les marchés d'exportation, où nous pouvons cibler les voyageurs à haut rendement, qui séjournent plus longtemps et dépensent plus que la moyenne. Nous devons être concurrentiels afin d'accueillir le plus de visiteurs possible dans un marché sans cesse croissant.
Les voyageurs internationaux ont dépensé plus de 1 billion de dollars dans le monde en 2009. C'est 3 milliards par jour et 2 millions par minute. Le leadership et le partenariat de la CCT sont très demandés dans les marchés internationaux où la marque touristique du Canada exerce son plus grand pouvoir d'attraction.
En 2011, nous concentrerons nos efforts et les sommes disponibles dans les marchés où la marque Canada domine et donne le meilleur rendement du capital investi. Cette stratégie vise notamment le marché brésilien, un marché émergent. Celui-ci est considéré comme un marché prioritaire pour le gouvernement du Canada, qui a fourni un financement spécial à cet égard par le biais du Plan d'action économique.
Toujours en 2011, la CCT se mesurera aux destinations concurrentes afin d'accroître la demande touristique au Canada. L'automne dernier, la CCT a invité au Brésil une équipe chargée du développement du marché brésilien. Nous avons été accompagnés par des représentants de nos partenaires et de l'industrie, qui étaient de l'Alberta, de l'Ontario, du Québec, sans oublier Via Rail et les voyagistes qui travaillent au Brésil depuis plusieurs années. Ce programme, un franc succès, nous a permis de confirmer pleinement le potentiel du marché brésilien pour nos partenaires et l'engagement du Canada à resserrer sa collaboration avec le Brésil en matière de tourisme. Nous avons également pu entendre directement le point de vue des professionnels des voyages sur place puisqu'ils ont parlé de certaines difficultés inhérentes à la promotion du Canada dans ce marché.
Le Brésil représente un potentiel énorme, peut-être comparable à celui de la Chine et de l'Inde. Le pays compte 200 millions d'habitants. D'après les représentants de l'ambassade du Canada au Brésil, sa classe moyenne croît plus rapidement que celles de l'Inde et de la Chine. Son économie est forte et son PIB, supérieur au nôtre. C'est la huitième économie mondiale.
Nous avons tous conclu de cette mission que nous n'avons pas affaire à une économie en développement, mais plutôt développée et en croissance. Une proportion non négligeable de Brésiliens sont fortunés, voyagent d'ores et déjà beaucoup, et constituent un marché prometteur pour le Canada, puisqu'ils comptent pour environ 20 p. 100 de la population, soit 40 millions de personnes.
On trouve également au Brésil une classe moyenne aussi émergente qu'imposante : 100 millions de personnes, un potentiel élevé pour le tourisme! La plupart parlent anglais, sont jeunes et avides de découvertes, et commencent à accorder de l'importance aux voyages. À des fins de marketing, nous les classons en tant qu'« esprits libres », ce qui fait d'eux un marché idéal pour les produits touristiques canadiens.
Les sénateurs trouveront peut-être intéressant de savoir que le Canada est la destination préférée des étudiants brésiliens qui souhaitent apprendre l'anglais ou suivre une formation à l'étranger. On nous a en effet indiqué, lors de notre visite, qu'en date du mois de novembre dernier, 17 000 visas d'étudiant avaient été délivrés par l'ambassade du Canada au Brésil.
On compte chaque année plus de sept millions de voyageurs brésiliens se rendant à l'étranger. En 2010, plus de un million d'entre eux ont voyagé aux États-Unis, mais seulement 70 000 au Canada. Nous pensons que le résultat final se rapprochera de 80 000.
Pourquoi y a-t-il une différence entre les États-Unis et le Canada? Sur le plan touristique, ce marché est certes extrêmement intéressant pour le Canada, mais les professionnels des voyages et les consommateurs nous disent qu'il y a deux défis : l'accès aérien et les visas.
Notre rôle est de générer de la demande pour le Canada en tant que destination touristique. Notre intention est de fournir à ce comité des renseignements sur ce marché et non de discuter de politiques, ce qui n'est pas notre rôle. Nous pouvons vous informer, du point de vue du consommateur, de ce que nous entendons dans le marché.
Parmi les 11 pays qui font l'objet d'une campagne de marketing de la CCT, deux ont signé avec le Canada un accord « ciel ouvert » — les États-Unis et la Corée du Sud — et le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et le Japon ont signé un accord aérien libéralisé. Le Canada a déjà négocié des accords aériens avec 50 pays et nous savons pertinemment que ces accords procurent des avantages potentiels au secteur du tourisme.
Les Brésiliens ont globalement un grand pouvoir d'achat et une forte volonté de voyager. Ils s'intéressent beaucoup au Canada car ils aiment l'idée d'avoir des contacts avec les cultures et les collectivités locales, et les occasions de ce type sont nombreuses au Canada.
Présentement, un seul vol direct quotidien relie le Brésil et le Canada, il s'agit de la liaison Toronto-São Paulo. Les billets se vendent à un prix élevé. Faute de vols directs vers d'autres régions du Canada, les voyageurs brésiliens donnent souvent la préférence à d'autres destinations mondiales. Le marché croissant brésilien du ski, par exemple, n'a pas d'accès à nos nombreux centres de ski canadiens et ils accordent donc souvent la préférence aux centres de ski américains.
On nous a informés que quatre millions de Brésiliens possèdent déjà un visa américain. Les voyagistes et agents avec lesquels nous faisons affaire au Brésil sont en mesure de repérer ces voyageurs. C'est une occasion en or pour lancer une campagne de marketing ciblée. Nous pouvons inciter ces derniers à visiter le Canada également.
De plus en plus de pays abordent le processus d'obtention de visa selon une approche axée sur la concurrence. Ainsi, les Brésiliens qui désirent visiter les États-Unis doivent prendre rendez-vous avec un représentant de l'ambassade des États- Unis, ce qui peut entraîner un délai. Toutefois, ils ne sont pas tenus de remettre leur passeport entre-temps, et ils peuvent s'attendre à recevoir leur visa le jour de leur rendez-vous. En outre, le visa américain est souvent délivré pour une période de 10 ans et peut être transféré à un nouveau passeport. C'est une excellente stratégie.
Les voyageurs brésiliens croient généralement que le processus canadien d'obtention de visa est semblable à celui des États-Unis. Cependant, lorsqu'ils découvrent que le processus implique un certain niveau d'incertitude, ils préfèrent souvent les États-Unis au Canada comme destination. De janvier à octobre 2010, par exemple, près de un million de Brésiliens ont voyagé aux États-Unis, mais seulement 68 000 sont venus au Canada. Ainsi, malgré l'augmentation de près de 30 p. 100 du nombre de touristes au Canada, le potentiel énorme du Brésil comme marché émetteur pour le Canada peut assurément augmenter.
La nouvelle Corporation for Travel Promotion des États-Unis — le nouveau pendant américain de la CCT — place l'ensemble de la question des visas au rang de ses priorités et nous savons qu'elle collaborera avec le gouvernement pour mettre en œuvre un programme de dispense de visa à l'intention des Brésiliens.
Les professionnels des voyages considèrent les visas comme un élément de concurrence. Les difficultés et la lenteur du processus d'obtention d'un visa peuvent amener un voyageur à choisir une destination plutôt qu'une autre.
Comme je l'ai mentionné en introduction, la CCT estime que le marché brésilien représente un potentiel exceptionnel pour le Canada et le financement de relance à court terme a indéniablement offert au Canada un potentiel extraordinaire de croissance à long terme du secteur touristique canadien. Nombreuses sont les occasions inexploitées et la CCT continuera de promouvoir énergiquement le Canada comme destination de voyage de premier choix auprès des Brésiliens. Nous anticipons des années de progrès, de croissance et de développement sur ce marché.
Honorables sénateurs, je sais que votre temps est précieux et que ce comité a du travail important à faire. Je me ferai donc un plaisir de répondre à vos questions.
[Français]
Le sénateur Fortin-Duplessis : Madame la présidente-directrice générale, merci d'avoir transmis votre texte avant notre rencontre, il a ainsi pu être traduit en français, je l'apprécie énormément.
Je voudrais aussi mentionner que j'ai beaucoup aimé votre marque touristique internationale; j'ai trouvé que c'était très fort de dire : « Canada, explorez sans fin », c'est vraiment une marque importante et qui me plaît beaucoup.
J'aurais deux questions vous poser. La première porte sur l'insécurité, la seconde concerne les visas.
J'aimerais vous poser la question sur la sécurité des voyageurs canadiens parce que je me pose de réelles questions à ce sujet. Pour les Canadiens qui sont appelés à voyager avec leur passeport, leur carte bancaire, différents documents, l'argent comptant, et cetera, il y a peut-être des difficultés Je pose cette question surtout à propos des voyageurs qui doivent se déplacer plusieurs fois au Brésil. Quels conseils donneriez-vous aux voyageurs canadiens pour qu'ils soient plus en sécurité et que cela se déroule mieux? Il y a beaucoup de vols au Brésil.
[Traduction]
Mme McKenzie : La Commission canadienne du tourisme axe ses efforts sur les voyageurs dont la destination est le Canada. Nous n'avons pas de mandat concernant les citoyens canadiens qui voyagent à l'étranger.
En ce qui a trait à la sécurité des voyageurs qui vont au Brésil, je peux faire des observations concernant les missions de marketing que nous envoyons au Brésil. Pour ce qui est des voyagistes qui font de la commercialisation sur le marché brésilien, nous avons une grande confiance que, lorsque nous envoyons des personnes au Brésil, elles peuvent voyager en sécurité; c'est ce que j'ai ressenti au cours de mes voyages à travers le Brésil.
Les efforts de la Commission canadienne du tourisme sont entièrement axés sur les voyageurs qui viennent au Canada.
[Français]
Le sénateur Fortin-Duplessis : Ma deuxième question est la suivante : tous les Canadiens doivent avoir un visa valide avant leur arrivée au Brésil et doivent l'utiliser dans les 90 jours de leur délivrance, faute de quoi ils se verront refuser l'entrée dans le pays. Récemment, le Parlement européen a donné son feu vert aux accords d'exemption de visa. En effet, les citoyens de l'Union européenne désireux d'entreprendre un voyage touristique ou d'affaires au Brésil seront autorisés à entrer dans le pays sans visa, pour des séjours d'une durée allant jusqu'à trois mois, selon les nouvelles règles sur les visas que les députés ont approuvé au début de février. L'Estonie, la Lettonie, Malte, Chypre, des plus petits pays qui jusqu'à présent devaient demander un visa, seront désormais exemptés.
Selon vous, quels sont les empêchements à la conclusion de pareils accords d'exemption de visa entre le Canada et le Brésil?
[Traduction]
Mme McKenzie : Je ne peux pas faire de commentaires concernant les détails des programmes d'exemption de visa des autres pays pour les voyageurs qui vont au Brésil, mais vous soulevez une très bonne question. Les voyageurs abordent le processus d'obtention de visa selon une approche axée sur la concurrence. Le voyageur brésilien qui veut venir au Canada examinera notre procédure d'octroi d'un visa pour déterminer si elle est conviviale et compétitive comparativement à d'autres destinations. Nous savons que certaines autres destinations innovent en matière de traitement des visas, notamment en ce qui concerne la rapidité du processus et sa convivialité. Nous savons également que d'autres pays envisagent une exemption de visa pour les touristes brésiliens qui les choisissent comme destination, et les États-Unis sont un de ces pays. Vos observations sont très pertinentes. Du point de vue d'un voyageur, le processus d'octroi des visas est de nature compétitive, et c'est ce que nous avons pu constater au Brésil également.
Le sénateur Finley : Merci pour votre excellent exposé. Vous avez mentionné que vous travailliez en partenariat, et que vous cibliez plus particulièrement 11 pays et vous avez nommé les États-Unis, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et le Japon. Ça fait sept. Pourriez-vous donner le nom des quatre autres pays?
Mme McKenzie : Comme vous le savez, nous faisons du marketing aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, au Mexique, en Australie, en Chine, au Japon, en Corée du Sud, en Inde et au Brésil.
Le sénateur Finley : Soit dit en passant, ce sont tous des endroits qu'on aimerait beaucoup visiter.
Vous avez également souligné que vous aviez des partenaires du secteur privé et du secteur public. Je présume que les partenaires du secteur public sont, dans une large proportion, des organisations provinciales. Quel type de partenaires du secteur privé collaborent avec vous et quel type de relations avez-vous ou quelle est votre structure avec vos partenaires du secteur privé?
Mme McKenzie : Les partenaires du secteur privé sont des entreprises canadiennes qui ont investi et commercialisent leurs produits à l'extérieur du Canada. Il s'agit de quelques très grandes entreprises comme Hôtels Fairmont ou toute autre grande chaîne d'hôtels présente au Canada, ou encore des entreprises comme Rocky Mountaineer Rail Tours. Il s'agit d'organisateurs de voyages d'entrée qui vendent par l'intermédiaire d'un réseau de voyagistes. Jonview Canada, par exemple, qui appartient à Transat, vend des voyages organisés à d'autres voyagistes du monde entier. Cette entreprise travaille beaucoup avec les compagnies aériennes qui ont leur siège au Canada ainsi qu'avec des compagnies aériennes, dont le siège est à l'étranger, qui amènent des clients au Canada.
Nous travaillons avec ce réseau de partenaires du secteur privé et avec tous les spécialistes en commercialisation de destinations, à travers le Canada, y compris les provinces qui investissent largement dans le marketing à travers le monde, à des degrés variables selon la province. Les villes sont devenues également une force plus importante dans le marketing international, et cela se fait par le biais des organisations de marketing de destinations du Canada, depuis les grandes organisations comme Tourism Vancouver, Tourisme Toronto, Tourisme Montréal, et toutes les villes de taille moyenne qui ont une forte capacité de marketing, des villes comme Halifax, Québec, Hamilton, Calgary — toutes les villes qui ont fait un investissement à l'étranger.
Nous mesurons notre partenariat selon un indice. En 2010, nous avions 1,30 $ de soutien venant du partenariat par dollar investi dans la CCT, ce que nous appelons par conséquent un indice de 1,3 sur 1. C'est une mesure importante que nous révélons chaque année.
J'ai également souligné le leadership de la marque Canada. Par là, j'entends que, lorsque nous sommes sur un marché comme le Japon ou le Brésil, tous les partenaires commercialisent leurs destinations et leurs produits sous la bannière du Canada. Si nous estimons que nous pouvons réussir, c'est lié en grande partie au fait que nous avons une marque Canada forte et que tous les participants font le marketing sous cette bannière; en outre, tous nos partenaires s'accordent à dire que c'est la meilleure façon de procéder.
Le sénateur Finley : La CCT est comme une organisation de coordination avec peut-être comme principale responsabilité celle de vendre la marque. Vous ne vous chargez pas d'organiser des vacances de deux semaines au Canada pour une famille brésilienne. C'est quelqu'un d'autre qui le fait.
Mme McKenzie : C'est une très bonne description de la façon dont nous procédons pour la commercialisation. Le Canada fournit le cadre général pour la marque. Dans un cas comme celui du Brésil, nous dirigeons le marketing au Brésil sous la marque Canada. Nos partenaires investissent des fonds pour participer à nos campagnes.
Nous allons par exemple au Brésil avec une vigoureuse initiative touristique, pour sensibiliser tous les agents de voyages brésiliens et les inviter à devenir des spécialistes du Canada. Nous fournissons le contexte général et l'appui global pour ce programme et les partenaires fournissent le contenu très spécifique que représentent les types de produits qu'ils vendent.
Ce n'est qu'un exemple de ce que nous faisons au Brésil. C'est un nouveau marché sur lequel le commerce est une voie d'accès importante. Si nous sommes sur un autre marché plus développé, comme celui du Royaume-Uni ou celui du Japon, nous organisons des campagnes importantes axées sur la marque pour susciter de l'intérêt pour le Canada. Nos partenaires fournissent toutes les offres précises pour leur destination ou toutes les offres de prix pour un voyage au Canada.
Le sénateur Finley : Madame McKenzie, je m'intéresse en particulier à quelques observations qui ont été faites au sujet du Brésil aux audiences de notre comité.
Premièrement, on nous a signalé que les Brésiliens adoptent les nouvelles technologies avec frénésie. Ils en sont très friands et sont peut-être, sur une base individuelle, les utilisateurs les plus avancés de nouvelles technologies, qu'il s'agisse d'iPads, d'iPhones ou de n'importe quelle autre technologie nouvelle. Deuxièmement, on nous a fait remarquer que si un pourcentage élevé des Brésiliens ne sont peut-être pas vraiment des consommateurs débridés, ils ont la réputation de faire beaucoup de magasinage. Troisièmement, ils sont très amateurs de sports, ce qui est étrange. J'ai appris ce matin que nous avions reçu le feu vert pour organiser la Coupe du monde féminine 2015 de la FIFA. Félicitations, Canada.
Vos efforts de marketing portent-ils notamment, ou sont-ils concentrés, sur des facteurs comme la génétique démographique, la technologie, les sports et les dépenses de consommation? Composeriez-vous une marque qui correspond à cette génétique ou est-ce que quelqu'un d'autre le ferait?
Mme McKenzie : Oui, le rôle que nous jouons consiste précisément à acquérir une connaissance approfondie du marché et à s'assurer que ce marché est fort sensible à notre positionnement, au Canada. Ce que la clientèle recherche dans une destination touristique varie d'un marché à l'autre. C'est particulièrement différent en ce qui concerne des pays comme le Brésil, où l'on trouve une population nouvelle de voyageurs qui n'ont pas nécessairement déjà eu l'occasion de faire des voyages. Dans ce marché émergent, les Brésiliens ont de fortes aspirations et considèrent le Canada comme une destination idéale, ce qui les incite à vouloir faire un voyage chez nous.
Vous avez évoqué la question de la technologie, et c'est très important en ce qui concerne la façon dont nous communiquons le message. Nous avons beaucoup investi dans les chaînes de médias sociaux, surtout sur les marchés qui ont adopté la technologie comme mode de réception de l'information. Le Brésil en fait partie. En fait, nous constatons que les marchés émergents adoptent la technologie beaucoup plus rapidement que les marchés traditionnels. Nous constatons, par exemple, que le rôle des agents de voyages demeure important au Brésil, mais qu'il l'est encore plus sur nos marchés traditionnels. Sur des marchés comme le Brésil, l'utilisation dans nos campagnes directes auprès des consommateurs des nouvelles technologies qu'ils ont adoptées décuple leur intérêt.
Le magasinage et les sports sont des types d'expériences dont nous aimons faire la promotion pour le Canada. Le Brésil se sent actuellement de très grandes affinités avec le Canada. Il est très fier d'être l'hôte des Jeux olympiques de 2016. Il est également très fier d'être l'hôte de la Coupe du monde de la FIFA en 2014. L'attention y est très concentrée sur ces événements.
Une occasion en or s'offre à nous car la responsable du comité olympique qui organise ces jeux a été recrutée parmi les membres du pendant brésilien de la CCT. Cette dame a une connaissance très approfondie du Canada et de l'approche que nous avons adoptée pour nos Jeux olympiques. Nous avons des contacts très étroits avec elle pour l'aider à déterminer comment tirer le meilleur parti possible des Jeux olympiques qui se dérouleront au Brésil, sur le plan touristique.
Nous percevons la capacité qu'ont les événements sportifs d'attirer des clients au Canada. Comme nous avons pu le constater avec nos Jeux olympiques, c'est pour nous l'occasion de faire connaître le Canada comme une destination dont le seul attrait ne se limite pas aux événements sportifs. Lorsque les médias mondiaux étaient tournés vers le Canada, nous avons eu l'occasion de tout leur dire sur nous, en tant que destination touristique. Ça a très bien marché par le biais de nos Jeux olympiques.
Le sénateur Finley : Je n'ai aucun doute que mes collègues examineront plus à fond le sujet des visas. Vous n'avez probablement pas de réponse à donner à la question que je vais vous poser, mais je le ferai tout de même
Sur les quelque 68 000 visiteurs brésiliens qu'accueille annuellement le Canada, combien sont en fuite? Autrement dit, combien d'entre eux restent illégalement au Canada?
Mme McKenzie : Je n'ai pas la réponse à cette question.
Le sénateur Finley : Je pensais bien que vous ne l'auriez pas. Nous devrions peut-être demander qu'on fasse des recherches à ce sujet. Merci beaucoup.
La présidente : Nous pourrions peut-être demander à Citoyenneté et Immigration Canada de nous communiquer cette information.
[Français]
Le sénateur Nolin : Merci d'avoir accepté notre invitation. Comme vous le transmettiez à ma collègue, le sénateur Fortin-Duplessis, merci de nous avoir fait parvenir une version française de vos remarques.
Ma première question porte sur le lien aérien entre le Brésil et le Canada. Est-ce que je dois comprendre — parce qu'il y a une seule destination canadienne — que c'est Toronto qui reçoit tous les voyageurs brésiliens en ce moment?
[Traduction]
Mme McKenzie : Il y a actuellement un vol régulier entre le Brésil et le Canada. C'est un vol sans escale d'Air Canada entre São Paulo et Toronto. C'est un accès direct. Nous espérons avoir d'autres accès directs au Brésil.
Nous avons un rôle important à jouer dans la préparation du terrain. Ces choses-là sont toujours une question d'offre et de demande. Notre tâche consiste à créer de la demande. Nous espérons que d'autres liaisons aériennes seront établies.
Les Brésiliens ont de nombreuses possibilités de venir au Canada par d'autres lignes qu'un vol direct. Il y a six vols sans escale par jour vers des destinations américaines, et l'accès au Canada à partir de ces destinations est assez facile.
La difficulté pour nous, c'est qu'il n'y a pas de transit sans visa aux États-Unis. En d'autres termes, un voyageur qui transite par les États-Unis pour venir au Canada, avec une compagnie américaine, a besoin d'un visa américain et d'un visa canadien. Les voyageurs qui ont cette option se contentent généralement de s'arrêter aux États-Unis. Ils ne font généralement pas les efforts supplémentaires nécessaires pour obtenir les deux visas pour pouvoir faire ce voyage.
Par conséquent, nos efforts au Brésil sont axés sur un accroissement de la demande pour générer un accès plus direct aux aéroports canadiens, y compris, mais pas exclusivement, à celui de Toronto.
[Français]
Le sénateur Nolin : Vous prévoyez que, pour l'année 2010, il y aura un peu plus de 80 000 voyageurs en provenance du Brésil qui arriveront au Canada. Vous connaissez avec les besoins des transporteurs aériens. Quelle est la masse critique nécessaire pour qu'un transporteur aérien décide d'ouvrir une ligne, disons, à Vancouver?
[Traduction]
Mme McKenzie : Nous savons que le nombre de Brésiliens qui ont fait un voyage au Canada en 2010 sera bientôt publié; nous obtenons actuellement des chiffres préliminaires de Statistique Canada. Nous pensons que ce sera environ 80 000. Nous savons également que les compagnies aériennes comme Air Canada sont déjà très intéressées à fournir davantage de service entre le Brésil et le Canada. Il faudrait des discussions à un niveau politique pour leur donner cette occasion. Nous savons toutefois qu'Air Canada examine la demande qui est déjà là.
[Français]
Le sénateur Nolin : Donc, je dois comprendre que le nombre de 80 000 voyageurs est suffisamment grand pour alimenter pas uniquement Toronto, mais aussi d'autres destinations canadiennes. Vous avez déjà amplement répondu à cette question. Je comprends que vous entretenez avec les transporteurs aériens canadiens des démarches élaborées justement pour les sensibiliser et les inciter à développer ces lignes à l'extérieur de Toronto.
[Traduction]
Mme McKenzie : C'est exact. C'est notre tâche d'essayer de créer cette demande. Ces discussions sur les liaisons aériennes se déroulent dans un contexte complexe. Un des besoins très fondamentaux dans le cadre de ces discussions, c'est de comprendre quel type de demande existe. Par conséquent, nous faisons notre travail en essayant de créer cette demande et de faire savoir où nous estimons qu'elle se trouve et où nous pensons qu'il existe un certain potentiel. C'est la tâche des experts dans ce domaine à Transports Canada d'examiner la situation dans son ensemble et de déterminer où ils entrevoient des possibilités de négociations concernant l'établissement de liaisons aériennes.
[Français]
Le sénateur Nolin : J'aurais une question qui concerne les remboursements de la TPS offerts aux voyageurs. Comme vous le savez, le budget fédéral de 2007 a éliminé ou transformé le type de remboursement que le gouvernement canadien offre aux voyageurs étrangers au Canada. Êtes-vous à même de nous informer quels ont été les effets sur les voyageurs étrangers de cette politique budgétaire et plus spécifiquement sur les Brésiliens?
[Traduction]
Mme McKenzie : L'effet le plus marquant, c'est que le remboursement de TPS pour les voyageurs au Canada n'existe plus; cependant, nos organisateurs de voyages peuvent demander un remboursement pour leurs clients dans le cadre du récent Programme d'incitation pour congrès étrangers et voyages organisés.
On nous a dit que si ce programme est apprécié, on pourrait prendre des initiatives pour faciliter le processus de demande et de traitement. Nous avons communiqué ces suggestions au ministère des Finances. L'Association de l'industrie touristique du Canada aide le gouvernement du Canada à rendre ce programme plus convivial et plus concurrentiel.
Le sénateur D. Smith : Il y a très longtemps, en 1983-1984, j'étais ministre d'État chargé des Petites entreprises et du Tourisme.
En ce qui concerne les personnes qui viennent ici, le sénateur Finley a utilisé les termes « sont en fuite ». La demande de statut de réfugié déclenche parfois l'obligation d'obtenir un visa. Par exemple, un consultant en immigration avait plusieurs centaines de personnes venant de la Jamaïque qui avaient tout de suite fait une demande de statut de réfugié. Le motif principal de leur demande est que ces personnes étaient des partisans de Michael Manley, qui était le premier ministre. Il a toutefois été battu aux dernières élections. D'après elles, si elles retournaient dans leur pays, leur vie serait menacée et elles ne pourraient plus obtenir un emploi. Les audiences avaient été retardées par le jeu d'une série d'instruments juridiques et, avant même le début des audiences, d'autres élections avaient eu lieu, et M. Manley était revenu au pouvoir. Les demandeurs devaient dès lors invoquer de nouveaux motifs pour rester.
Je suis fier que le Canada fasse preuve d'une très grande générosité dans ce contexte. Il y a toutefois des échappatoires, et il faudrait faire des efforts pour les supprimer. Je ne veux pas entamer ce type de discussion. La Jamaïque et le Brésil semblent être des pays démocratiques. Ça n'a toutefois pas empêché les gens de faire cette démarche. Est-ce un facteur dans le raisonnement de la bureaucratie qui prône le maintien de l'obligation d'obtenir un visa? Qu'en pensez-vous?
Mme McKenzie : Je ne connais pas les motifs des obligations relatives aux visas pour les personnes venant du Brésil. Nous sommes toutefois conscients des préoccupations qui entourent les nouvelles dispositions législatives concernant les réfugiés et les efforts déployés dans ce domaine. Nous en sommes surtout conscients pour un pays comme le Mexique, pour lequel nous avons, bien entendu, des exigences relatives aux visas, afin de répondre à ce type de préoccupations. Nous voyons cela du point de vue du consommateur. En ce qui concerne le rendement touristique d'un marché comme le Mexique, nous pensions accueillir environ 270 000 Mexicains au Canada en 2011. Pour le moment, nos prévisions indiquent que le nombre sera plutôt d'environ 106 000. Le coût de cet écart en occasions perdues est d'environ 270 millions de dollars pour l'économie canadienne. De nombreux facteurs entrent en considération quand on prend ce type de décisions; il y a toutefois un coût élevé en occasions perdues, du point de vue des recettes touristiques.
Dans un marché comme le Brésil, on tient compte de la perspective réaliste que les États-Unis annulent les obligations concernant les visas. Nous savons ce qui arrive lorsque les États-Unis dispensent de l'obligation d'obtenir un visa dans d'autres pays. C'est ce qui s'est passé avec la Corée du Sud en 2009-2010. Les États-Unis exigeaient que les voyageurs en provenance de la Corée du Sud aient un visa; ils ne l'exigent plus. Nous avons profité d'un excellent rendement en ce qui concerne la Corée du Sud en 2010; le nombre de voyageurs avait augmenté d'environ 20 p. 100. Aux États-Unis, par contre, le rendement pour les voyageurs en provenance de la Corée du Sud s'est amélioré de 55 p. 100. Par conséquent, nous savons que, lorsqu'on dispense de l'obligation d'obtenir un visa, il y a une demande latente à laquelle on peut facilement répondre. Nous estimons que ça se produirait à nouveau en ce qui concerne le Brésil, si les États-Unis n'exigeaient plus ce visa.
Alors que, pour ce qui est des réfugiés, d'importantes considérations légitimes entrent en ligne de compte dans ce processus au Canada, il y a également d'importantes considérations économiques, liées aux avantages économiques qu'apporte un tourisme international accru au Canada. Notre collaboration pour faire un examen d'ensemble de ces défis nous aidera à devenir très concurrentiels en tant que force économique dans le monde.
Le sénateur D. Smith : Au lieu de continuer à poser des questions là-dessus, nous pourrions peut-être demander à Mme McKenzie de donner des réponses concernant les statistiques en provenance du Brésil, au sujet des demandes de statut de réfugié et des justifications fournies pour ces demandes. Vous avez répondu à ma question de façon satisfaisante. Je vous remercie.
La présidente : Il reste à savoir comment le Brésil procéderait pour l'entrée et si ce serait un lieu de transit. C'est l'information dont nous avons besoin. Nous ferons un suivi pour obtenir les réponses ou convoquerons les témoins.
Le sénateur Downe : Je remercie le témoin. Avec le décalage horaire, on vous a fait commencer votre journée très tôt et nous apprécions votre participation.
Je suis étonné que 80 p. 100 des recettes canadiennes du tourisme viennent du marché intérieur. Ce chiffre a-t-il été constant au fil des ans?
Mme McKenzie : Il n'a pas été constant. En fait, au cours des 10 dernières années, il a augmenté considérablement. En l'an 2000, par exemple, environ deux tiers de nos recettes venaient du marché intérieur. En 10 ans, c'est devenu 80 p. 100, ce qui indique que nous avons un marché touristique intérieur très vigoureux au Canada. Pour apporter de nouvelles richesses à l'économie canadienne, nous devons toutefois être plus concurrentiels pour ce qui est d'attirer des voyageurs internationaux. Pour être forts, nous avons besoin de ces deux sources de recettes. Au cours des 10 dernières années, la source intérieure a été beaucoup plus vigoureuse que la source étrangère.
Le sénateur Downe : Pourriez-vous faire des commentaires sur les 20 p. 100 restants? S'agit-il en majorité de voyageurs en provenance des États-Unis?
Mme McKenzie : Oui, et c'est la raison pour laquelle ce pourcentage a changé à ce point-là. Nous avons perdu un nombre important de voyageurs en provenance des États-Unis au cours des 10 dernières années. Les motifs de cette perte sont nombreux. Nous avons perdu un pourcentage considérable du tourisme automobile en provenance des États-Unis. Nous avons maintenu un bon rendement en ce qui concerne le tourisme aérien au Canada en provenance des États-Unis et ce rendement a augmenté pour celui en provenance d'autres pays étrangers. Le revirement s'est produit en 2008; c'est la première année où les recettes canadiennes du tourisme en provenance d'autres pays ont dépassé celles du tourisme en provenance des États-Unis, et nous ne prévoyons pas que ça redevienne comme avant. Les recettes du tourisme en provenance d'autres pays resteront probablement plus élevées que celles du tourisme en provenance des États-Unis. Les États-Unis demeurent un marché important pour le Canada, mais son importance est de plus en plus liée aux voyages aériens, et pas au tourisme automobile.
Le sénateur Downe : Pouvez-vous donner de l'information concernant la Chine? Je sais que le sujet aujourd'hui est le Brésil, et j'y viendrai dans un instant. Nous avons enfin conclu cet accord sur le tourisme avec la Chine après avoir essuyé des revers pendant de nombreuses années. Cet accord étant signé, pensez-vous que les Chinois font preuve d'enthousiasme en ce qui concerne sa promotion? A-t-on vu augmenter rapidement le nombre de touristes chinois au Canada? Comme nous le savons, les Chinois voyagent à travers le monde. Viennent-ils au Canada?
Mme McKenzie : Nous sommes très heureux que la Chine ait finalement approuvé le Canada comme destination en 2010. Nous savons que les touristes chinois manifestent beaucoup d'intérêt pour un voyage au Canada et qu'ils représentent un marché en croissance rapide pour les voyages à l'étranger. Les Chinois prévoient que le nombre de voyageurs qui iront à l'étranger atteindra les 100 millions d'ici l'année 2015. Nous voulons être dans la course pour attirer ces voyageurs, et nous avons enfin l'occasion de le faire.
Nous avons lancé notre toute première campagne auprès des consommateurs chinois le mois dernier, en vertu de notre nouveau statut de destination approuvée. Cette désignation nous permet officiellement d'accueillir des voyages de groupe en provenance de la Chine; c'est un volet du marché, mais ce n'est pas celui que nous ciblons. Nous ciblons les voyageurs indépendants en provenance de la Chine. Ils dépensent davantage et s'intéressent beaucoup aux types de produits qu'on offre au Canada. Sans le statut de destination approuvée, nous étions toutefois incapables de faire de la commercialisation auprès de ce type de voyageurs. Avec notre nouvelle désignation de statut, nous sommes en mesure de faire ouvertement du marketing sur le marché, tel qu'il se présente en Chine, et nous observons une très bonne réaction de la part de nos partenaires chinois. En Chine, les voyagistes souhaitaient ardemment augmenter la quantité de produits touristiques canadiens qu'ils offraient. Ils travaillent en étroite collaboration avec les voyagistes canadiens. Nous sommes satisfaits de la façon dont ça se déroule, et nous prévoyons une croissance de 20 p. 100 sur 12 mois et, en tout cas, d'ici 2015.
Le sénateur Downe : Vous avez signalé également dans votre exposé que la CCT avait dirigé une équipe de développement de marché au Brésil, et vous avez énuméré plusieurs partenaires. Certaines des provinces, mais pas toutes, y participaient. Le Canada atlantique, par exemple, n'avait pas les ressources nécessaires pour participer à toutes les activités, car il ne disposait que d'un maigre budget pour la promotion touristique. Je remarque que la Colombie- Britannique n'y participait pas non plus. Comment la CCT veille-t-elle à ce que ces provinces soient également exposées au marché, dans le cadre de votre mandat?
Mme McKenzie : Nous représentons tout le Canada. Où que nous allions, sur quelque marché que ce soit, nous avons un mandat, et nous exposons vigoureusement toutes les possibilités qu'offre le Canada. Nous tenons également compte du fait que certaines régions du Canada ont leurs priorités. Le Brésil serait un bon exemple. Nous pensons que le Brésil a beaucoup de potentiel en aval pour le Canada atlantique mais, pour le moment, ce n'est pas une priorité au Canada atlantique, car ce n'est pas dans ce type de marketing que cette région investit. Je viens également du Canada atlantique, et nous représentons tout le pays.
Ce qui incite une région du pays à investir et à faire activement du marketing avec nous, c'est souvent la masse critique et aussi l'accès. La Colombie-Britannique, par exemple, ne nous a pas accompagnés dans notre voyage de développement de marché au Brésil. Cette province estimait qu'un accès aérien dans l'Ouest du Canada était essentiel avant de vouloir faire cet investissement. C'est toujours un peu une situation où l'on ne sait plus très bien où est la cause et où est l'effet. Il faut accroître la demande pour obtenir cette nouvelle offre aérienne, mais l'offre ne sera là que si l'on a cette demande. C'est un équilibre délicat à atteindre, mais je vous assure que, où que ce soit dans le monde, nous représentons tout le Canada.
Le sénateur Downe : Quel est votre budget? Est-il demeuré constant au cours des quatre ou cinq dernières années?
Mme McKenzie : Notre budget est soumis à plusieurs dynamiques différentes. Notre budget de base a diminué. Nous prévoyons que, d'ici 2012, il sera de près de 17 millions de dollars, alors qu'il était d'environ 100 millions de dollars en 2001, lorsque la CCT a été créée à titre de société d'État.
En 2010, notre budget effectif était d'environ 105 millions de dollars, et c'est parce que nous avions reçu une somme ponctuelle substantielle pour profiter de certaines occasions précises. Cette année, nous avons un budget de base d'environ 74 millions de dollars alors qu'en 2010, nous avions reçu 28 millions de dollars de plus dans le contexte du Plan d'action économique. Nous avions également reçu des fonds supplémentaires sur une période de cinq ans pour tirer parti des occasions entourant les Jeux olympiques. Ensemble, les fonds ponctuels et le budget de base nous placent dans une situation relativement confortable. Nous faisons toutefois notre planification en comptant uniquement sur le budget de base, et celui-ci a diminué.
Le sénateur Downe : Je présume que le nombre d'employés que vous aviez établis à Vancouver a diminué également. Au moment de votre déménagement, vous aviez une centaine d'employés.
Mme McKenzie : Oui, lorsque nous avons déménagé d'Ottawa à Vancouver, nous avions environ 165 employés en tout, dont 100 au siège social. Nous avons modifié notre modèle de gestion considérablement en réduisant nos effectifs et nos dépenses. Le nombre total d'employés a diminué de 165 à 118. Cette réduction était due en grande partie au fait que nous n'avons plus d'employés qui relèvent directement de nous sur la plupart de nos marchés. Nous avions établi des bureaux régionaux pour desservir ces marchés. Nous avons maintenant engagé des représentants sur le marché même au lieu d'y envoyer nos employés. L'adoption d'un modèle simplifié à l'échelle internationale nous a permis de réduire nos effectifs à notre siège social.
Notre motivation pour apporter ce changement a été, bien entendu, en réaction à la diminution de notre budget de base, mais elle vient surtout d'une volonté d'investir autant que possible chaque dollar dans des programmes de marketing, et pas pour couvrir des frais généraux. Ce fut pour nous une motivation majeure, et 2010 a été une année de grand changement, afin de nous aider à réinventer un modèle qui soit très efficace et nous permette d'investir nos fonds dans ce qui nous aide à être compétitifs.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Dans votre présentation, vous avez dit que lorsque les Brésiliens présentent un demande pour avoir un visa pour visiter les États-Unis, que le processus était assez simple. En fait, ils se présentaient et ils recevaient leur visa la même journée. Mais lorsqu'ils demandaient un visa pour le Canada, il semblait y avoir un processus un peu plus compliqué et qu'il y avait beaucoup d'incertitudes. Est-ce que vous pouvez nous éclairer à savoir quelles sont ces incertitudes?
[Traduction]
Mme McKenzie : Je faisais remarquer que, du point de vue du consommateur, on considère le processus d'obtention du visa comme un facteur de concurrence lorsqu'il s'agit de choisir une destination de voyage. La comparaison que je faisais avec les États-Unis est, à mon avis, importante, car nos clients pensent souvent au Canada ou aux États-Unis pour un voyage. Ils tiennent également compte du processus d'octroi des visas.
S'ils veulent aller aux États-Unis, ils doivent prendre un rendez-vous et doivent peut-être attendre des mois pour ce rendez-vous. Du point de vue concurrentiel, ce n'est pas un processus aussi rapide que le processus canadien.
Cependant, un grand nombre de nos clients signalent qu'ils préfèrent ce processus, car il offre plus de certitude. Ils connaissent la date de leur rendez-vous, doivent se présenter en personne, ont un contact direct avec quelqu'un et repartent avec leur passeport. Il est possible que le processus prenne toute une journée, mais s'ils obtiennent un visa, ils s'en vont ce jour-là avec un visa sur leur passeport. Il s'agira en outre probablement d'un visa pour séjours multiples valide pour 10 ans et transférable sur le passeport suivant, si le passeport actuel vient à expiration.
Si l'on compare ce système au processus canadien au Brésil, ce dernier n'offre pas ce type de contact direct. On ne doit pas attendre des mois pour obtenir un rendez-vous. On s'attend toutefois à ce que vous vous sépariez de votre passeport pour la période pendant laquelle on étudie votre demande de visa. On exige souvent la présentation d'une documentation financière importante, qui peut inclure des copies des déclarations d'impôt, un acte formaliste régional de propriété pour votre maison et une documentation régionale de cette nature. On doit mettre tout cela dans une enveloppe et l'envoyer par la poste ou la déposer ou, encore, la faire parvenir au gouvernement canadien par service de messagerie garanti. On fait le traitement de votre demande de visa et on vous rend finalement vos documents, y compris votre passeport. Ce processus est plus rapide que le processus américain.
Nos clients trouvent toutefois de plus en plus qu'il est incertain. Ils n'aiment pas être privés de leur passeport et ils n'apprécient pas le fait de ne pas avoir l'occasion de parler à une personne, face à face, pendant le processus, pour savoir où en est le traitement de leur demande.
C'est une comparaison des deux processus. Nous ne pensons pas que le processus américain soit le processus le plus concurrentiel non plus. Cela vous donne seulement une idée de la perception de nos clients lorsqu'il s'agit d'une destination concurrente.
L'Australie a décidé que le processus d'octroi des visas était un domaine où elle voulait être la plus compétitive dans la course pour attirer des voyageurs de tous les marchés et, bien entendu, c'est également un concurrent important du Canada. Elle a investi dans le processus en ligne, qui est lié au numéro de passeport. C'est un système très innovateur. Comme dans l'exemple américain, le visa est transférable sur un nouveau passeport. C'est un des défis qui se posent à nous. Si vous avez un visa pour séjours multiples venant de n'importe quel pays, lorsque votre passeport vient à expiration, il en va de même pour votre visa, et vous devez dès lors recommencer tout le processus.
Le sénateur Finley : Air Canada a un vol quotidien entre Toronto et São Paulo, cinq jours par semaine. Je vous garantis que le billet coûte cher. Est-ce que la compagnie brésilienne Varig offre des vols à destination du Canada?
Mme McKenzie : Pas pour le moment.
Le sénateur Finley : Est-ce de la circulation aérienne à sens unique?
Mme McKenzie : Non. C'est de la circulation à double sens, mais il y a un seul transporteur qui offre un vol direct.
Le sénateur Finley : Un seul transporteur?
Mme McKenzie : Oui. Il semblerait qu'on s'accorde généralement à dire qu'il y a possibilité d'améliorer cette situation; nous espérons donc qu'elle s'améliorera. Nous savons que la demande existe et qu'Air Canada aimerait beaucoup offrir davantage de service sur ces routes aériennes, pas seulement avec São Paulo, mais aussi avec Rio de Janeiro.
Le sénateur Finley : J'ai fait mentalement un calcul rapide, car je travaillais dans le milieu de l'aviation; avec un coefficient de charge d'environ 250 personnes par vol, cinq jours par semaine, la masse critique semblerait être de 62 000 $, pour une compagnie aérienne et un vol quotidien. Il est difficile de se rendre du Canada au Brésil en train, en bateau ou en voiture. Nous en sommes conscients.
Je suis persuadé que si l'on améliore le service, la clientèle suivra. J'ai l'impression que la présence d'un seul transporteur à coût élevé, assurant un vol vers une seule destination, n'est pas la manière la plus intelligente de procéder. Si l'on augmentait la capacité et la concurrence en offrant des places meilleur marché, on obtiendrait peut- être un plus gros volume de circulation.
Actuellement, si j'étais cadre supérieur d'une compagnie aérienne — ce que, Dieu merci, je ne suis pas —, la masse critique de 62 000 $ par rapport au montant de 80 000 $ calculé pour 2010 me laisse seulement une marge de 18 000 $. Ce n'est pas une marge très confortable.
Vous faites remarquer que la demande existe. Pourriez-vous expliquer cette dichotomie? Ce pourrait être 50 000 $ ou 55 000 $ mais, pour le moment, je pense que c'est 62 000 $. La taille totale du marché est de 80 000 $. Qu'est-ce qui encouragerait Air Canada, Varig ou une autre compagnie à établir une nouvelle destination, en se basant sur les chiffres?
Mme McKenzie : Ce que nous voyons dans ces chiffres, c'est un service direct entre le Canada et le Brésil, entre Toronto et São Paulo. Ce que les compagnies examineraient, ce sont les possibilités de visiter d'autres régions du Brésil et du Canada. Nos recherches indiquent qu'il y a beaucoup de potentiel dans des villes comme Rio de Janeiro et qu'il y en a aussi vers d'autres destinations que l'aéroport Pearson de Toronto. C'est pour cela que nous pensons que le moment est opportun.
Je sais qu'Air Canada reconnaît qu'il y a un potentiel et le voit. Les chiffres indiquent ce que nous avons aujourd'hui avec le style actuel de services, tout limités qu'ils soient, en matière de liaison entre deux villes, mais nous savons que le Brésil est un très vaste pays et qu'il offre beaucoup de potentiel vers d'autres destinations que São Paulo.
Nous constatons en outre le bon rendement des États-Unis. Nous pensons que c'est une bonne indication du type de demande qui existe pour des voyages long-courriers internationaux. Comme je l'ai souligné plus tôt, quatre millions de Brésiliens ont un visa américain. La plupart de ces visas sont des visas valides pour une période de 10 ans. Ces Brésiliens peuvent entrer au Canada sur le vol d'un transporteur américain ou sur celui d'un transporteur brésilien, en prenant une correspondance sur le vol d'un autre transporteur. De bonnes occasions s'offrent à nous, mais les meilleures sont surtout liées à des services directs supplémentaires. Nous estimons que la demande est forte.
Le sénateur Finley : Est-ce que de nombreux voyageurs utilisent des vols de compagnies de charters ou d'exploitants de vols charters entre le Brésil et le Canada, et plus particulièrement du Brésil à destination du Canada?
Mme McKenzie : Non, ce type de développement n'a pas eu lieu. Nous avons vu cela dans certains de nos marchés, mais pas à partir du Brésil.
Le sénateur Finley : C'est actuellement un bon indicateur de demande contenue, car les marchés charters sont sensibles aux prix. Habituellement, cette compagnie aérienne, de ville à ville ou de pays à pays, a besoin d'une certaine forme de réciprocité. Y a-t-il des indications que le Brésil, ou la compagnie Varig en particulier, s'oppose à une augmentation du nombre de vols d'Air Canada au Brésil?
Mme McKenzie : Je ne suis pas au courant des détails des discussions sur le transport aérien. Je sais que plusieurs transporteurs brésiliens, y compris Tam Airlines, assurent de nombreuses liaisons avec les États-Unis. Je n'ai pas d'information précise sur la nature des discussions bilatérales entre le Canada et le Brésil.
Le sénateur Finley : Madame la présidente, ça serait peut-être bien de convoquer des témoins pour discuter de la réciprocité dans les ententes entre compagnies aériennes.
La présidente : Je sais que Varig assurait une liaison avec le Canada, mais sous une structure d'appartenance différente. Cette compagnie a adopté un modèle qui était davantage un modèle d'entreprise et la concurrence a changé. Je ne sais pas si elle détient toujours ces droits mais, si c'est le cas, elle ne les exerce pas.
Le sénateur Finley : J'étais certain que Varig avait accès à un certain moment.
La présidente : Oui, j'ai déjà pris un vol de Varig à destination de Toronto et vers d'autres destinations, si j'ai bonne mémoire.
Madame McKenzie, vous avez fait remarquer que les visas pouvaient être un inhibiteur de croissance du tourisme à destination du Canada. Vous avez souligné qu'il n'y avait qu'un seul vol. Un des inhibiteurs dont j'ai entendu parler et dont j'ai fait l'expérience personnellement, ce sont les déplacements à faire à l'aéroport de São Paulo. Si l'on veut se rendre dans d'autres régions du Brésil, il faut changer d'aéroport. Ce sont des problèmes de correspondances et de déplacements dans et entre les aéroports. On pense qu'on en a fini avec les contrôles de sécurité mais, à un certain moment, on constate qu'il y en a encore et que cela vous fait rater votre correspondance.
Est-ce que ce facteur a été un inhibiteur aussi fort que le vol? Je sais que d'autres personnes vont à Buenos Aires et à Santiago, au Chili, mais les inhibiteurs sont toujours les escales.
Mme McKenzie : Ce qui m'intéresse surtout, ce ne sont pas tellement les possibilités pour les Canadiens d'aller au Brésil, quoique la circulation à double sens soit toujours bonne pour assurer un service aérien. Je m'intéresse plutôt aux inhibiteurs qui influencent les Brésiliens qui veulent venir au Canada. L'infrastructure aéroportuaire au Brésil y est certainement pour quelque chose, comme vous l'avez fait remarquer.
Nous voulons obtenir un meilleur accès direct. Nous savons que le marché est propice, à Rio de Janeiro par exemple; les Brésiliens ne tiennent toutefois pas particulièrement à faire le déplacement de Rio de Janeiro à São Paulo pour prendre un vol à destination du Canada.
Nous avons rencontré les représentants de l'administration aéroportuaire brésilienne, lors du voyage que nous avons fait là-bas en novembre. Ils reconnaissent les difficultés qu'ils ont en ce qui concerne l'infrastructure portuaire. Ils ont des plans ambitieux pour améliorer cette infrastructure, en tout cas en prévision de la Coupe mondiale et des Jeux olympiques. Je pense qu'ils se rendent compte qu'ils ont bien du chemin à faire pour avoir une bonne infrastructure et ils font actuellement des investissements massifs dans l'infrastructure aéroportuaire. Le touriste brésilien donne beaucoup la préférence aux voyages sans escale, d'un aéroport à l'autre, pour arriver à une destination.
La présidente : À titre anecdotique, je signale à propos du fait que les Brésiliens aiment les vols sans escale, que les touristes qui font un voyage à caractère commercial choisissent des destinations comme l'Espagne ou Paris. Le Canada offre des attraits écologiques. Nous avons également beaucoup d'activités sportives, d'écotourisme, et cetera. Qu'est-ce qui motivait surtout les Brésiliens à venir au Canada?
Mme McKenzie : Les voyageurs sont très nombreux sur ce marché. Nous ne pensons pas que tous ces voyageurs seront une cible pour le Canada. Nous nous sommes fixé une cible précise au Brésil. Nous voyons que les goûts des voyageurs deviennent de plus en plus sophistiqués. Ils aiment l'idée de nos destinations urbaines. Ils veulent savoir qu'ils pourront faire du magasinage. Ils veulent toutefois également savoir qu'ils pourront sortir et vivre les expériences extraordinaires dont ils pourront se vanter. Nous avons toutes sortes d'expériences de ce type à offrir au Canada. Les voyageurs sont jeunes, aventureux et leur liste de destinations est déjà faite. Le Canada se trouve sur cette liste, et nous offrons ces expériences exotiques très intéressantes.
Nous ne sommes pas nécessairement en concurrence pour le voyageur qui a choisi l'Espagne comme destination. Nous sommes en concurrence avec d'autres destinations prisées des Brésiliens, des destinations comme l'Afrique du Sud, l'Australie ou les États-Unis. C'est là-dessus que nous nous concentrons et nous pensons que nous avons une très belle occasion.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Vous dites que les arrivées au Canada en provenance du Brésil sont déjà en progression de l'ordre de 30 p. 100. De ce pourcentage, est-ce que ce sont des gens qui viennent pour des visites touristiques ou pour affaires?
[Traduction]
Mme McKenzie : Je pense que votre question concerne les motivations de voyage ou la répartition entre les différents types de voyageurs; est-ce bien cela?
Le sénateur Robichaud : Oui.
Mme McKenzie : On trouve différents types de voyageurs sur tous nos marchés. Il y a le voyageur d'agrément proprement dit sur lequel nous pouvons avoir très souvent une influence avec notre marketing. Sur de nombreux marchés, nous avons un pourcentage élevé de voyageurs qui viennent rendre visite à des amis et à des membres de leur famille. Ce sont les voyageurs que nous parvenons le moins à influencer avec notre marketing. Grâce à notre marketing, nous arrivons à exercer une certaine influence sur le groupe des voyageurs d'affaires, surtout sur ceux qui viennent à des réunions et à des congrès.
Nous constatons que, comparativement à nos autres marchés, le Brésil a un pourcentage élevé de voyageurs d'agrément proprement dits. Nous avons par conséquent davantage l'occasion au Brésil d'influencer les voyageurs avec le marketing du Canada. Le nombre de voyageurs brésiliens qui viennent au Canada pour rendre visite à des amis et à de la famille est moins élevé qu'en Inde. Il y a une vaste communauté indienne ici, au Canada. Ce marché dépend de la nature des relations historiques entre les deux pays et des relations liées à l'immigration.
Le Brésil nous offre comparativement une occasion en or avec un pourcentage plus élevé de voyageurs d'agrément. J'ai déjà signalé qu'un pourcentage très élevé des touristes brésiliens sont des étudiants qui viennent pour étudier l'anglais ou pour terminer leurs études secondaires au Canada. S'ils arrivent à terminer leurs études secondaires au Canada, ils peuvent présenter une demande pour s'inscrire à des universités américaines ou canadiennes, et c'est une aspiration importante également pour les Brésiliens. Nous le percevons comme un marché en croissance. Cela a de très bonnes retombées en aval pour le tourisme également.
La présidente : Madame McKenzie, merci d'avoir participé par vidéoconférence. Nous nous excusons pour certaines difficultés techniques. Les informations que vous avez données sont extrêmement intéressantes, comme vous pouvez le voir d'après nos questions. Nous étudions le Brésil et déterminons les possibilités économiques qu'il offre, mais également les perspectives sur le plan de la politique étrangère. Vous avez en tout cas ouvert de nouveaux horizons. Je pense que nous devrons faire un suivi sur la plupart des questions concernant les visas.
Merci d'avoir participé et de nous avoir donné cette information.
Mme McKenzie : Cela m'a fait plaisir. Je vous remercie à nouveau de m'avoir permis de me joindre à vous aujourd'hui par vidéoconférence. Je suis désolée de n'avoir pas pu le faire en personne.
La présidente : Je pense que nous avons ce dont nous avions besoin, et nous apprécions vos efforts.
Le sénateur Downe : Ma question ne concerne pas notre témoin.
Il s'agit d'un commentaire et d'une suggestion pour l'attaché de recherche et l'équipe de recherche. Nous entendons constamment des commentaires sur le problème que posent les visas. On tient pour acquis que le gouvernement du Canada ne crée pas volontairement un obstacle au tourisme ou au commerce. Comme l'ont fait remarquer le sénateur Smith et d'autres personnes, on procède ainsi parce qu'on craint que certaines personnes essaient de rester au Canada illégalement.
Je pense qu'il faut faire des comparaisons et des contrastes. Par exemple, si, comme le témoin l'a fait remarquer, les Australiens essayaient d'accélérer leur processus d'octroi des visas, l'autre aspect serait qu'ils devraient avoir un moyen plus rapide d'expulser les personnes qu'ils ne veulent pas voir rester dans leur pays. Je pense qu'il faut regarder l'autre aspect du problème des visas. Nous aurions peut-être intérêt à envisager d'étudier la question à un moment ou l'autre.
La présidente : J'ai déjà discuté du fait que différents chiffres devraient être fournis avec l'attaché de recherche : combien de personnes qui sont venues au Canada ont dépassé la durée de séjour permise par leur visa, et cetera. Je pense que beaucoup d'autres questions ont été posées au sujet du processus. Fait intéressant, dans le contexte de notre étude sur le RIC — à ne pas confondre avec le BRIC —, nous avons examiné la question des visas pour voyages d'affaires et les inhibiteurs pour les gens d'affaires. Nous n'avons pas entendu de commentaires au sujet de l'autre aspect des visas. Je pense que nous devrions étudier ce nouveau domaine.
Le sénateur Downe : On entend constamment la question suivante : comment font les Américains et les Australiens? À l'autre bout, ils doivent avoir un mécanisme d'expulsion que nous n'avons pas, sinon, ils feraient comme nous. Nous ne procédons pas ainsi pour compliquer la situation, mais pour protéger le Canada. Il faudrait obtenir cette comparaison.
La présidente : Nous chercherons quelqu'un qui pourra analyser cette information pour nous. Nous savons que le système américain, en ce qui concerne les visas d'étudiant, était très différent avant 2001 qu'après 2001. Il était centré sur les visas d'étudiant par contraste avec les visas de touriste. Il faudrait poursuivre cette étude. Je pense que nous commencerons avec notre ministère, puis nous verrons si d'autres experts ont suivi les différences au niveau des entrées et des expulsions.
Nous levons la séance, mais je demanderai aux membres du comité directeur de rester une minute.
(La séance est levée.)