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Délibérations du comité sénatorial permanent des
Langues officielles

Fascicule 9 - Témoignages - Séance du matin


MONTRÉAL, le vendredi 17 septembre 2010

Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 9 h 5, pour étudier l'application de la Loi sur les langues officielles ainsi que des règlements et des instructions en découlant (Sujet : les communautés anglophones du Québec.)

Le sénateur Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Chers collègues et invités, bienvenue à la réunion du Comité sénatorial permanent des langues officielles. J'aimerais d'abord mentionner que des casques d'écoute sont mis à votre disposition au fond de la salle si vous voulez entendre la traduction simultanée.

Je suis le sénateur Maria Chaput du Manitoba, et je siège à la présidence du comité. La séance d'aujourd'hui se déroule à Montréal. Je suis accompagnée de plusieurs collègues membres du comité, et je les invite maintenant à se présenter.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : Je suis la sénatrice Suzanne Fortin-Duplessis. Je représente la circonscription sénatoriale de Rougemont, en banlieue de Montréal. J'ai été membre du Parlement canadien durant neuf ans.

Je suis enchantée de vous rencontrer ce matin et j'ai bien hâte de vous entendre.

[Traduction]

Le sénateur Seidman : Bonjour. Je m'appelle Judith Seidman. Je suis un nouveau sénateur. Cela fait exactement un an que j'ai été assermentée par la gouverneure générale. Je suis une anglophone de Montréal. Je suis née à Montréal, tout comme mes parents. Nous avons eu droit à une semaine formidable. Comme vous le savez, nous avons voyagé partout dans la province. Nous avons entendu les témoignages de communautés anglophones situées dans des régions aussi lointaines que la Gaspésie, et c'est ici, à Montréal, que notre voyage prend fin.

Je suis heureuse d'être dans ma ville natale et j'attends avec impatience d'entendre les témoignages des membres de ma communauté ici, à Montréal.

Le sénateur Fraser : Je m'appelle Joan Fraser. Je siège au Sénat depuis 12 ans. Auparavant, j'étais journaliste à Montréal. Étant moi aussi une Montréalaise anglophone, je suis également ravie de me retrouver dans ma ville natale et d'en faire valoir les mérites.

Le sénateur De Bané : Je m'appelle Pierre De Bané, sénateur du Québec. Tout comme le sénateur Fortin-Duplessis, j'ai siégé auparavant à la Chambre des communes. Je crois fermement que le fait d'avoir l'anglais et le français comme langues officielles — les deux langues les plus importantes de l'Occident — est un atout très précieux. J'en suis convaincu. J'espère que nous arriverons à convaincre tous les Canadiens de reconnaître à quel point nous sommes chanceux d'avoir ces deux langues, qui sont maintenant inscrites dans notre Constitution, la loi suprême du pays. Je suis enchanté de vous rencontrer.

La présidente : Il y a plusieurs mois, le comité a décidé qu'il était nécessaire d'entreprendre une étude sur les communautés anglophones en situation minoritaire. En vertu de la Loi sur les langues officielles, le gouvernement du Canada s'est engagé à favoriser l'épanouissement des minorités anglophones au Canada et à appuyer leur développement. Un des mandats de notre comité est d'étudier, afin d'en faire rapport, l'application de la loi.

Nous sommes heureux d'être à Montréal. Le comité a également tenu des audiences publiques et des réunions dans la ville de Québec au début de la semaine. Notre objectif, c'est d'entreprendre une vaste étude sur les communautés anglophones du Québec et d'examiner les divers aspects qui touchent au développement et à l'épanouissement de ces communautés, par exemple le développement communautaire, l'éducation, la jeunesse, les arts et la culture, les soins de santé.

Je profite de l'occasion pour vous faire part des trois objectifs que le comité s'est donnés dans le cadre de cette étude. Le premier objectif, c'est de fournir un aperçu de la situation des communautés anglophones du Québec, plus particulièrement les différents secteurs qui touchent à leur développement. Le deuxième objectif, c'est de définir les enjeux propres aux communautés anglophones du Québec et de cerner des mesures correctives jugées nécessaires pour le développement de ces communautés. Le troisième objectif, c'est de formuler des recommandations au gouvernement fédéral afin d'appuyer le développement et l'épanouissement accru des communautés anglophones en situation minoritaire.

Les membres du comité ont déjà rencontré des dizaines de personnes de divers milieux et ayant des expériences variées. Nos séances se sont avérées productives, et nous avons hâte de les poursuivre ce matin. Nous allons commencer par une table ronde sur le sujet des arts et de la culture.

J'aimerais souhaiter la bienvenue aux quatre organisations : l'English Language Arts Network, représenté par M. Charles Childs, président, et M. Geoff Agombar, gestionnaire de bureau; la Quebec Community Newspapers Association, représentée par M. George Bakoyannis, directeur et ancien président, et M. Greg Duncan, directeur général; la Quebec Drama Federation, représentée par M. Patrick Goddard, président intérimaire, et Mme Jane Needles, directrice générale; et la Quebec Writer's Federation, représentée par Mme Elise Moser, présidente, et Mme Lori Schubert, directrice générale.

Bienvenue à vous tous. Le comité vous remercie d'avoir accepté son invitation à comparaître aujourd'hui. Chaque organisation est invitée à faire une déclaration d'environ cinq minutes, après quoi les membres du comité poseront leurs questions.

Chers collègues, je tiens à vous rappeler que la réunion est censée se terminer à 11 heures.

J'invite la première organisation à faire sa déclaration.

Charles Childs, président, English Language Arts Network : Bonjour, mesdames et messieurs. J'aimerais commencer par dire que les artistes anglophones du Québec sont encouragés de voir que vous prenez le temps de nous écouter aujourd'hui et ils vous en remercient.

Le rapport de 2009 du comité sur les arts et la culture de langue française est un excellent ouvrage qui a eu de nombreux échos au sein de la communauté anglophone du Québec. Même l'omniprésence des produits culturels américains préoccupe les deux communautés et cette présence est, à certains égards, plus dommageable en milieu anglophone, là où la barrière linguistique ne sert pas de filtre. Une phrase du rapport retient particulièrement l'attention : « Dans les communautés francophones en situation minoritaire, les arts et la culture constituent un facteur essentiel de développement et d'épanouissement. » C'est, selon nous, également vrai pour les communautés anglophones en situation minoritaire.

L'English Language Arts Network, ELAN, est né en 2005 dans la foulée du Sommet sur les arts du Québec au cours duquel quelque 200 membres et partenaires importants de la communauté artistique se sont réunis pour examiner la situation des arts de langue anglaise au Québec. Selon les résultats du plus récent sondage, on compte 8 500 anglophones œuvrant dans le domaine des arts et de la culture au Québec.

ELAN est un organisme au service de trois communautés distinctes. Il y a tout d'abord les disciplines artistiques reposant sur la langue. La Quebec Drama Federation, QDF, la Quebec Writers' Federation, QWF, et l'Association of English Language Publishers existaient déjà avant la mise sur pied d'ELAN. Ces trois organismes sont représentés au conseil d'administration d'ELAN pour faciliter les communications avec la communauté culturelle. Le défi que s'est donné ELAN consiste à ajouter de la valeur et non pas à offrir des services déjà existants.

Le secteur du cinéma et de la télévision est un cas à part. On compte plus de 3 000 acteurs, réalisateurs, rédacteurs et techniciens de langue anglaise au Québec. Le cinéma est une discipline artistique reposant sur la langue mais, étant donné la situation au Québec, il est difficile pour les personnes qui travaillent dans le milieu du cinéma de s'organiser en tant que minorité de langue officielle.

Deuxièmement, il y a les disciplines artistiques ne reposant pas sur la langue. Lorsqu'ELAN a été mis sur pied, il semblait acquis et fondé que les peintres, les musiciens et les danseurs n'avaient pas besoin d'un réseau de langue anglaise parce que leur travail ne repose pas sur la langue. Il est vrai que le pinceau ou le piano n'a pas de langue mais le peintre et le pianiste, les artistes en fait, doivent utiliser une langue pour obtenir de l'information, de la formation ou des services de soutien. Ils doivent utiliser une langue pour faire la publicité et la promotion de leurs expositions ou de leurs spectacles. ELAN s'est révélé extrêmement populaire auprès des artistes des arts visuels et des musiciens qui travaillent principalement de façon isolée et qui manquent de services de soutien en anglais.

Troisièmement, il y a la communauté anglophone du Québec. ELAN travaille en étroite collaboration avec le Quebec Community Groups Network, QCGN, et les associations régionales membres de ce réseau en vue de déterminer les besoins et les aspirations de la communauté anglophone dans toutes les régions du Québec. Les arts et la culture sont importants dans le secteur de l'enseignement, tout comme pour le divertissement, l'éducation, l'extériorisation et le tourisme.

Les principaux enjeux d'ELAN sont la visibilité et l'accès. Le secteur des arts et de la culture constitue l'exception par rapport aux tendances générales observées dans la communauté anglophone. De nombreux jeunes choisissent de rester au Québec et d'y faire carrière et des artistes d'âge mûr y reviennent; en outre, un nombre important d'artistes de l'extérieur du Québec tentent de faire carrière dans la province.

L'enjeu principal pour les anglophones au Québec n'est pas la langue comme telle. Les produits de langue anglaise, que ce soit à la télévision et à la radio, les livres et les magazines, sont offerts en quantité. Par contre, l'origine du produit est une question très préoccupante. Les nombreuses émissions de langue anglaise provenant de Hollywood, de Toronto, de Winnepeg ou de Vancouver ne renforcent pas notre communauté anglophone, mais y nuisent. Si nous ne pouvons pas raconter des histoires qui nous touchent, nous risquons de perdre notre sentiment d'identité et d'attachement au niveau local.

Les artistes d'expression anglaise du Québec ont consacré énormément de temps et d'énergie à la détermination des enjeux clés et des priorités pour le développement communautaire. Ces informations sont présentées dans le plan stratégique d'ELAN et dans le cadre stratégique pour l'établissement des arts, de la culture et du patrimoine, qui a été élaboré par le QCGN en collaboration avec ELAN et le QAHN, le Quebec Anglophone Heritage Network. Le cadre stratégique a été expressément créé pour déterminer les priorités en matière de développement communautaire dans le contexte du Fonds de développement culturel nouvellement mis sur pied.

Pour ce qui est de la visibilité, quelque 8 500 anglophones travaillent dans le domaine des arts et de la culture — selon le recensement du Canada de 2006 —, et bon nombre d'entre eux jouissent d'une réputation d'envergure nationale et internationale, mais la communauté artistique anglophone souffre d'un manque de visibilité pour deux raisons. Premièrement, il y a tellement d'artistes au Québec et tellement peu de médias que tout le monde lutte pour attirer l'attention; deuxièmement, dans l'imagination populaire, la culture québécoise est française et la culture canadienne est anglaise. Il est très difficile pour les minorités de briser le carcan des stéréotypes et de se faire reconnaître

L'accès aux arts et à la culture comporte trois aspects. Les communautés constituent le premier aspect. Plus les communautés sont éloignées de Montréal, moins elles sont susceptibles d'avoir accès aux arts et à la culture.

Deuxième aspect : les installations. La communauté artistique florissante de Montréal a besoin d'installations pour des représentations et des expositions. Les communautés régionales ont besoin d'infrastructures améliorées pour pouvoir présenter des artistes locaux et des artistes en tournée.

Troisième aspect : les partenaires. La communauté artistique anglophone doit avoir accès aux partenaires clés et aux décideurs. Le niveau d'organisation de notre communauté a grandement augmenté depuis le Sommet des artistes du Québec en 2004.

ELAN a présenté une demande pour un grand projet, qui s'échelonne de 2010 à 2012, appelé State of the Arts. L'un des principaux éléments de ce projet est un sommet au cours duquel artistes et partenaires se réunissent pour examiner les enjeux clés et les priorités du développement communautaire. L'autre élément important du projet est un événement culturel de grande envergure pour souligner la diversité et la qualité des talents au sein de la communauté artistique, non seulement dans la communauté locale mais aussi, on l'espère, dans tout le Canada.

En conclusion, j'aimerais répéter la phrase percutante du rapport de 2009 du comité sur la culture francophone : « Dans les communautés francophones en situation minoritaire, les arts et la culture constituent un facteur essentiel de développement et d'épanouissement. » Et il en va de même des communautés anglophones.

Patrick Goddard, président intérimaire, Quebec Drama Federation : La Quebec Drama Federation, QDF, a été fondée en 1972, sous le nom de Quebec Drama Festival. En 1992, elle a changé de nom et de mandat pour devenir une organisation de services représentative de la communauté théâtrale anglophone, au lieu de se limiter à présenter des productions en compétition. Depuis, la QDF a pris de l'ampleur et représente maintenant plus de 65 compagnies théâtrales et plus de 300 artistes et intervenants du théâtre.

En 1994, la QDF a participé, à titre de partenaire clé, à la création du Quebec Community Groups Network, un organisme-cadre qui rassemble les organismes de langue anglaise et qui porte un regard différent sur la réalité des communautés anglophones du Québec.

Notre mission est d'appuyer la communauté théâtrale anglophone dans l'ensemble du Québec grâce aux services que nous lui offrons et, pour accomplir cette mission, sachez que nous travaillons étroitement avec nos homologues francophones dans les mêmes domaines de service.

Jane Needles, directrice générale, Quebec Drama Federation : En ce qui concerne la situation actuelle, la communauté théâtrale anglophone ne manque pas de vigueur et de dynamisme, mais elle a beaucoup de mal à trouver des sources de financement pour appuyer ses capacités créatrices. On compte seulement deux grandes compagnies théâtrales prestigieuses — le Théâtre Centaur et le Centre Segal — qui ont toutes deux un vaste auditoire, surtout basé sur les abonnements. Toutefois, les autres compagnies indépendantes de taille plus modeste, même celles qui existent depuis plus de 15 ans, éprouvent de la difficulté à présenter plus d'une production ou de deux par année en raison du manque de financement et de soutien.

Parmi ces compagnies, on compte le Black Theatre Workshop, qui aura 40 ans cette année; le Théâtre Imago, 23 ans; l'Infinitheatre, 13 ans; le Théâtre Teesri Duniya, 29 ans; et la troupe de théâtre Geordie Productions, 28 ans — pour n'en nommer que quelques-uns. Même si la qualité est excellente, ces compagnies doivent lutter pour que leurs pièces de théâtre soient mises en scène, à cause des coûts exorbitants liés à la production, au marketing et à la publicité. Les médias imprimés répugnent à dépenser de l'argent pour des productions anglophones car les productions francophones sont plus en vue. Le seul grand quotidien anglophone, la Gazette de Montréal, est contrôlé à Winnipeg, et l'attitude de la rédaction envers la promotion du théâtre au Québec est généralement négative. En effet, la rédaction du journal croit que son lectorat s'intéresse davantage à la musique populaire, aux films et à la télévision.

Par ailleurs, les demandes de subvention faites à l'organisme de financement provincial — le Conseil des arts et des lettres du Québec, CALQ — doivent être présentées en français, ce qui exige des coûts importants pour faire traduire chaque demande. Il arrive souvent qu'aucun membre du jury du CALQ ne parle ou ne lise couramment l'anglais, ce qui limite la capacité du jury de bien comprendre le contenu du projet ou des projets présentés pour évaluation.

Pour ce qui est de l'affectation de fonds aux artistes et aux compagnies d'expression anglaise, il y a une différence très claire entre les montants accordés à ces derniers et ceux accordés à leurs homologues d'expression française. Bien que cet écart diminue quelque peu, il reste que les organismes anglophones en écopent toujours.

Sur le plan du financement privé dans le domaine des arts en général, le Québec possède une feuille de route peu reluisante, comme l'a indiqué la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. En fait, le Québec affiche un niveau extrêmement bas de dons individuels privés aux organismes de bienfaisance en général, et encore moins aux organismes artistiques. Cela ne fait qu'aggraver la situation minoritaire des artistes anglophones, qui souffrent de ne pas pouvoir joindre le grand public et, par conséquent, de ne pas pouvoir offrir à des sociétés commanditaires la visibilité recherchée.

M. Goddard : La principale lacune dans la communauté anglophone du Québec est surtout visible dans les régions, où l'accès aux arts et à la culture en anglais est pratiquement inexistant. Seule une compagnie théâtrale parvient à faire des tournées en région : Geordie Productions. Cette compagnie produit des pièces de théâtre pour les jeunes; par conséquent, ses représentations se limitent principalement aux écoles. Il n'y a pas de financement pour d'autres compagnies ou artistes anglophones dans presque toutes les disciplines, puisque leur auditoire est considéré comme étant très petit et très éparpillé. Bien que ce soit vrai, il n'en demeure pas moins que plus de 300 000 anglophones vivent dans les régions du Québec et se sentent souvent isolés puisqu'ils n'ont pas accès aux arts et à la culture d'expression anglaise, même pas à la radio ou à la télévision.

Un autre enjeu important pour la QDF, c'est le manque de professionnels formés dans le système d'éducation aux niveaux primaire et secondaire, surtout ceux qui enseignent des disciplines culturelles. Cela comprend l'enseignement de l'anglais grâce à des leçons axées sur des émissions dramatiques ou des pièces de théâtre.

Le manque de salles de représentation et d'espaces de création est une autre préoccupation clé pour la QDF et la communauté anglophone en général. On a tenté à maintes occasions de présenter des projets et des solutions aux gouvernements provincial et fédéral afin de régler ce problème particulier. Toutefois, après bien des années, il ne reste que deux salles qui sont connues comme étant principalement des installations d'expression anglaise — le Théâtre Centaur et le Centre Segal —, même s'il existe de petites salles, comme celle de Geordie Productions et du Théâtre MainLine, dont le nombre de sièges est très limité.

Les membres des troupes de théâtre continuent de créer et de produire leurs spectacles dans leur salon ou leur sous- sol, à défaut d'espaces de bureau ou de création, de salles de répétition ou d'ateliers de construction accessibles, abordables ou disponibles. D'ailleurs, il est difficile de trouver des salles de représentation libres car, dans bien des cas, elles sont réservées des années à l'avance. Par conséquent, les compagnies indépendantes optent souvent pour des salles qui sont principalement associées à des productions francophones, et rien ne garantit que l'auditoire suive les compagnies dans ces endroits. De même, certaines salles coûtent très cher, ce qui empêche les compagnies anglophones de les utiliser, faute de financement et de ressources financières — c'est donc un cercle vicieux.

La visibilité des artistes et des compagnies théâtrales d'expression anglaise est un autre enjeu qui préoccupe la QDF. Les artistes francophones travaillent selon le principe du vedettariat; autrement dit, ils deviennent connus à l'échelle de la province car on les voit sans cesse dans des pièces de théâtre, des films ou des émissions télévisées. Ils deviennent donc des noms de marque. Ce n'est pas le cas des artistes anglophones puisqu'ils ont peu d'occasions de jouer dans des films et des émissions télévisées.

Par ailleurs, les occasions de perfectionnement professionnel sont limitées, car Emploi-Québec ne se rend pas compte du grand nombre d'artistes anglophones qui vivent et travaillent au Québec. Les fonds sont principalement dirigés vers le secteur francophone, privant ainsi les artistes anglophones d'importantes possibilités de formation dont ils ont besoin pour perfectionner et recycler sans cesse leurs compétences afin de demeurer compétitifs sur le marché. Cela comprend un accès à la formation linguistique pour l'apprentissage du français; en effet, pour qu'un artiste puisse vivre et survivre au Québec, il doit être en mesure de parler et de travailler en français. De nos jours, beaucoup de jeunes diplômés d'écoles de théâtre sont conscients de l'importance d'être bilingues, alors ils perfectionnent leurs compétences linguistiques avant de quitter le milieu scolaire.

Mme Needles : Dans l'ensemble, le théâtre anglophone est très présent au Québec depuis de nombreuses années. À l'époque de l'Expo 67, il avait connu une évolution très positive dans la foulée des activités culturelles qui se déroulaient à Montréal, mais il a souffert d'une baisse marquée après 1976, à cause de l'exode important des anglophones de la province. Aujourd'hui, nous observons un renouveau du théâtre anglophone, qui a commencé à renaître de ses cendres après le référendum de 1995. Toutefois, nous faisons toujours face au manque de compréhension de la part de nos collègues hors du Québec pour ce qui est des conditions dans lesquelles nous travaillons dans la province. Ils réagissent généralement en disant : « Eh bien, vous vivez à Westmount, alors où est le problème? »

L'économie de la création qui existe ici, au Québec, est dynamique et riche, sans oublier le travail emballant et stimulant qui se fait en collaboration avec nos collègues francophones dans toutes les disciplines artistiques. Comme Jane Jacobs et Richard Florida le mentionnent, les arts et la culture sont à la base de toute communauté dynamique et prospère qui est solide sur le plan économique et qui attire des investissements commerciaux. Pour le Québec, cette affirmation est tout à fait vraie, mais la communauté artistique anglophone demeure quelque peu désavantagée pour ce qui est de sa capacité de placer ses talents artistiques au premier plan en raison du manque de reconnaissance et de soutien à tous les niveaux.

Le Conference Board du Canada a fourni des détails sur la valeur réelle des arts et de la culture dans notre société. Le secteur des arts et de la culture apporte 84,7 millions de dollars par année au PIB, ce qui représente 7 p. 100 des revenus. C'est plus élevé que le pourcentage combiné des secteurs de l'agriculture, des mines, des pêches et de la foresterie. En outre, le secteur des arts et de la culture emploie plus de 1,1 million de personnes à temps plein. Alors comment se fait-il que la majorité des artistes au Québec et ailleurs au pays vivent sous le seuil de la pauvreté? Le revenu moyen d'un artiste au Québec s'élève, au plus, à 10 000 $, si on tient compte du revenu tiré exclusivement de son art. Les artistes anglophones au Québec risquent de gagner encore moins, ce qui les oblige à quitter la province pour des cieux plus cléments.

Chers collègues, nous vous demandons de nous aider à trouver des solutions à nos préoccupations et à bâtir une très forte communauté artistique anglophone partout au Québec.

Greg Duncan, directeur général, Quebec Community Newspapers Association : Bonjour. Merci beaucoup d'avoir organisé cette tournée pour entendre ce que nos communautés ont à dire. Nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion de comparaître ce matin.

La Quebec Community Newspapers Association, QCNA, représente un réseau particulier de publications qui servent et informent les communautés de langues officielles du Québec. Les journaux membres de la QCNA, au nombre de 32, rassemblent des lectorats et des auditoires de plus de 700 000 personnes. À la lumière de ces chiffres, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que notre association est le principal média au service des communautés de langues officielles au Québec et, par conséquent, que nos journaux constituent le meilleur moyen de les joindre — ou de les représenter, pour ainsi dire.

Les journaux de la QCNA offrent des renseignements importants et essentiels et contribuent largement au maintien d'une identité culturelle et au sentiment d'appartenance dans les communautés de langues officielles. Notre mission est simple : la QCNA se consacre au développement professionnel et économique des journaux communautaires anglophones et favorise leurs activités destinées à servir les communautés minoritaires du Québec. Je dirai que, de plus en plus, nos publications servent également à informer le grand public.

Nos journaux connaissent de plus en plus de difficultés dans les marchés des communautés linguistiques minoritaires pour des motifs souvent reliés à la politique en matière de langues officielles s'appliquant à notre secteur, ou en fait à l'absence d'une telle politique. Les problèmes avec lesquels nous devons composer peuvent avoir un effet de contagion sur l'emploi et les possibilités de carrière pour les jeunes; la santé, à cause d'une information insuffisante; et les arts, la culture et le patrimoine anglophones, également en raison de carences criantes en matière d'information. Si le manque de ressources fait en sorte que nos journaux ne peuvent pas faire leur travail, il nous est impossible de bien rapporter les faits et de desservir nos communautés.

Les communications sont également problématiques. Je veux surtout vous parler des communications fédérales et de la publicité gouvernementale — et il s'agit en fait davantage d'information que de publicité — dont le placement dans nos journaux diminue considérablement depuis plusieurs années, ce qui place souvent bon nombre de nos publications dans une situation financière précaire. En plus des bouleversements économiques et des pertes d'emplois qui s'accumulent, nous devons déplorer l'absence de plus en plus marquée de renseignements importants dont les communautés de langue officielle ont besoin et qu'elles ont le droit de recevoir dans leur langue, conformément aux politiques mêmes du gouvernement.

Nous citons pour preuve le rapport annuel de 2008-2009 de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Alors qu'on indique quelque 2,6 millions de dollars pour la publicité imprimée au titre des langues officielles, les journaux communautaires du Québec n'ont reçu qu'un total de 135 000 $ de ce montant au cours de l'année en question — et les chiffres réels sont même un peu inférieurs à cela. Le gouvernement du Canada n'obéit pas aux critères en matière de langues officielles concernant le placement continu de publicité et d'information dans les grands médias urbains du Québec. En outre, selon nos calculs, le volume combiné de tels placements dans les journaux francophones des communautés minoritaires à l'extérieur du Québec est presque 10 fois plus élevé que le volume de ceux destinés à leurs pendants québécois.

Je tiens à souligner que nous travaillons en étroite collaboration avec nos homologues de l'Association de la presse francophone. Nos relations sont excellentes et nous ne sommes assurément pas ici pour nous plaindre des volumes auxquels ils ont droit. Nous souhaitons seulement faire valoir que les communications sont peut-être insuffisantes dans le cas des communautés minoritaires de langue officielle au Québec.

Le Fonds du Canada pour les périodiques est un autre élément très important à considérer dans notre secteur. Bon nombre de nos membres comptent sur ce Fonds qui est essentiel à la distribution de leurs produits à coût abordable et à la création de contenu éditorial. Les publications desservant les milieux ruraux se retrouvent dans une situation particulièrement périlleuse. Je pourrais vous citer l'exemple du journal The Gaspé Spec. Nous avions autrefois un journal pour les Îles-de-la-Madeleine, mais il n'existe plus. À toutes fins utiles, Postes Canada demeure le seul véhicule permettant une distribution efficiente et peu coûteuse. Toute éventuelle coupure ou diminution des subventions dans le cadre de ce programme aura des répercussions néfastes irréversibles pour les journaux communautaires et la vitalité globale des collectivités. Il est également important que le programme adapte ses critères d'admissibilité pour admettre les journaux à diffusion restreinte — et gratuite — destinés aux communautés de langue officielle. Le journal publié par M. Bakoyannis à Laval est un exemple des publications pour lesquelles on ne peut présenter une demande en vertu des critères actuellement en vigueur.

J'en reviens à la question des politiques. Il n'y a toujours pas de reconnaissance formelle du rôle important que peuvent jouer les médias des communautés de langue officielle comme moyen le plus efficient et efficace de rejoindre les gens de ces communautés. La Feuille de route pour la dualité linguistique ne précise pas de façon suffisamment claire que les médias, les journaux ou les communications communautaires en général figurent au rang des priorités en matière de langues officielles. Le gouvernement du Canada doit mieux reconnaître les associations regroupant ces médias afin de leur offrir un soutien équitable, sans disparité de financement entre les minorités francophones et anglophones. Ces disparités de financement se manifestent non seulement dans notre secteur, mais pour l'ensemble de la communauté minoritaire de langue officielle au Québec.

La QCNA se fera un plaisir de vous fournir de plus amples informations et de vous proposer des pistes de solution concernant les problèmes que nous avons soulevés. Nous vous remercions sincèrement de votre engagement constant envers nos communautés minoritaires de langue officielle.

Lori Schubert, directrice générale, Quebec Writer's Federation : La Quebec Writer's Federation a été créée en 1998 par la fusion de deux organismes communautaires. Depuis, le nombre de membres a crû progressivement et le nombre de nos programmes a augmenté de manière exponentielle. Notre mission est de promouvoir les arts littéraires québécois d'expression anglaise, y compris la traduction, dans la province, au Canada et à l'étranger. Parmi nos 600 membres, nous comptons des auteurs de renom, des écrivains émergents et des personnes pour qui l'écriture et les événements littéraires sont un passe-temps et une manière de s'épanouir. L'âge et la classe sociale de nos membres sont aussi variés que leur origine ethnique et leur bagage linguistique.

De plus en plus, la QWF joue un rôle prépondérant dans la présentation artistique et la formation professionnelle et communautaire, et les trois ordres de gouvernement la considèrent comme un bon représentant des écrivains québécois anglophones. Nos activités sont variées et incluent, notamment, la remise de six grands prix littéraires et une remise de prix communautaire; environ 28 ateliers d'écriture; huit programmes de mentorat en rédaction professionnelle; une vingtaine de lectures publiques et de performances orales; et de cinq à sept programmes d'écriture communautaires à l'intention de populations à risque.

Nos partenaires, l'Atwater Library et la Bibliothèque des jeunes de Montréal abritent nos collections de livres pour adultes et pour enfants. Ces collections que nous avons constituées comptent des livres écrits par plus de 700 auteurs pour un public de tous âges. Nous gérons également une banque de données en ligne rassemblant plus de 1 200 livres d'auteurs québécois et leurs traductions en français, et nous publions une revue littéraire économique renommée, carte blanche.

Elise Moser, présidente, Quebec Writers' Federation : Dans le but d'optimiser notre capacité à établir notre présence dans différentes communautés à Montréal et ailleurs dans la province, nous avons créé et entretenons un bon nombre de partenariats, notamment avec le Centre d'alphabétisation du Québec et des bibliothèques municipales, des librairies, des universités et des centres culturels et communautaires des régions. Nos membres ont joué un rôle inestimable dans la création du Festival littéraire international de Montréal, Metropolis bleu, que nous continuons d'appuyer. Nos avons travaillé conjointement et à plusieurs reprises avec notre équivalent francophone, l'Union des écrivaines et écrivains québécois.

Nous estimons que la promotion conjointe de nos domaines est un excellent moyen d'augmenter le nombre de lecteurs d'œuvres québécoises dans les deux langues, de resserrer nos liens avec la communauté en général et de créer une culture littéraire vivante qui attira des écrivains des quatre coins du monde. Nous travaillons également avec les éditeurs anglophones du Québec.

Au moins deux tiers des fonds publics que nous recevons retournent directement à la communauté, en majorité sous la forme d'honoraires versés aux auteurs. Les emplois que nous offrons permettent aux artistes d'écrire leurs poèmes, romans, pièces de théâtre et scénarios. Nos ateliers sont offerts à tous et sont des occasions d'intégration sociale, de perfectionnement des compétences, de réseautage professionnel et d'épanouissement personnel, un aspect difficilement quantifiable, mais qui est aussi précieux que les avantages économiques. L'art fait de nous de meilleurs citoyens.

Nous utilisons nos ressources au maximum, au point où nous n'avons pas assez de moyens pour solliciter de nouvelles sources de financement. Par exemple, nous pourrions utiliser des ressources pour étendre nos programmes sur un plus grand territoire. Un exemple illustre bien cette situation : l'un de nos grands programmes, Writers in the Community, permet à des écrivains de travailler avec des adolescents marginalisés et d'autres personnes à risque. Nous avons reçu de nombreuses demandes pour ce programme, mais nous n'avons pas pu répondre positivement à chacune d'elles en raison du manque de fonds. Plus particulièrement, nous n'avons pas pu étendre ce programme aux régions, où l'isolation sociale et linguistique se fait sentir et où les pressions économiques sur les communautés anglophones sont lourdes. Par exemple, nous avons été obligés en 2009 de refuser une demande du Netagamiou Community Learning Centre de la Basse-Côte-Nord. Le centre cherchait des auteurs pour travailler avec des enfants de quatrième, cinquième et sixième années, des élèves du secondaire, des adultes et des personnes âgées. En d'autres mots, le programme aurait pratiquement touché l'ensemble de cette communauté.

De plus, le Quebec Anglophone Heritage Network nous a proposé des partenariats dans plusieurs communautés à l'extérieur de Montréal pour travailler avec des élèves du secondaire. Les Batshaw Youth and Family Centres seraient heureux de nous prêter leurs locaux dans les Laurentides pour que nous y tenions des ateliers. Ils nous en font la demande depuis 2007. Le Committee for Anglophone Social Actions de Gaspésie a également pris contact avec nous en 2007. Chaque demande refusée équivaut à une communauté que nous n'avons pas pu aider et à des pertes d'emplois pour les auteurs.

Nous aimerions également offrir des ateliers d'écriture aux communautés qui n'ont pas beaucoup d'occasions de s'exprimer. Il est crucial pour la survie des communautés que leurs membres puissent en apprendre davantage sur leur histoire, façonner leur identité et s'exprimer. La littérature, qu'il soit question de fiction ou non, d'autobiographies ou d'autres genres, est un outil essentiel pour l'expression de l'identité d'une communauté.

Mme Schubert : Il n'est pas nouveau que le gouvernement fédéral accorde des fonds à une association provinciale d'écrivains : notre équivalent ontarien, l'Association des auteures et auteurs de l'Ontario français, a reçu un soutien financier considérable de plus de 25 000 $ au cours des trois dernières années. En fait, les fonds du ministère du Patrimoine canadien représentaient 25 p. 100 du budget annuel de cette association en 2009.

Il est clair qu'en recevant davantage de fonds de la part du gouvernement fédéral, le QWF pourrait jouer un rôle encore plus grand au sein de la communauté anglophone du Québec et, avec l'aide de ses partenaires, au sein de la communauté francophone qui l'entoure.

Je crois pouvoir vous dire au nom de tous que votre présence ici aujourd'hui est très importante à nos yeux.

[Français]

La présidente : Honorables sénateurs, je vais vous demander de poser vos questions selon nos différents groupes d'invités qui sont English Language Arts Network, Quebec Community Newspapers Association, Quebec Drama Federation, et Quebec Writer's Federation. Si la question est destinée à un groupe en particulier, vous pourrez identifier les personnes à qui vous posez les questions. Si votre question est d'ordre général, vous pourrez également mentionner si vous désirez une réponse de la part de chacun des groupes.

La première question sera posée par le sénateur Fraser.

[Traduction]

Le sénateur Fraser : J'ai plusieurs questions pour M. Duncan et peut-être également pour M. Bakoyannis. Si l'on regarde d'abord l'ensemble du tableau, vous dites que les journaux de vos membres ont un lectorat combiné de plus de 700 000 personnes. Dans la phrase suivante, vous indiquez qu'il s'agit de chiffres de diffusion vérifiés. De quoi est-il question exactement, de diffusion ou de lectorat?

M. Duncan : Le nombre d'exemplaires diffusés atteint presque les 400 000 alors que le lectorat est de 700 000. Je savais que vous alliez poser cette question. Je vous en remercie.

La diffusion externe vérifiée est de 400 000 exemplaires. Si l'on applique les normes de calcul usuelles, cela nous donne un lectorat de 700 000. La diffusion Web est désormais incluse dans ces chiffres.

Le sénateur Fraser : Combien de vos journaux appartiennent à des intérêts indépendants? Combien de journaux indépendants représentez-vous?

George Bakoyannis, directeur et ancien président, Quebec Community Newspapers Association : Sauf erreur de ma part, c'est sans doute moitié-moitié. M. Duncan est plus au courant des chiffres.

M. Duncan : Le nombre de publications est plus élevé encore. Pour ce qui est de la diffusion, nous comptons deux journaux du groupe Transcontinental parmi nos membres. Cependant, la plus grande partie des autres journaux sont encore indépendants.

Le sénateur Fraser : À combien de journalistes fournissez-vous du travail?

M. Duncan : C'est une excellente question.

M. Bakoyannis : Pour notre part, nous employons quelques journalistes à temps plein et faisons appel à un nombre encore plus élevé de pigistes. Les chiffres varient selon la période de l'année, de deux journalistes à temps plein jusqu'à parfois un seul, mais nous avons six ou sept pigistes qui travaillent constamment pour nous.

Le sénateur Fraser : Quelle région essayez-vous de couvrir avec un ou deux journalistes à temps plein et six ou sept pigistes?

M. Bakoyannis : Le fait est que nous publions différents journaux. Nous en avons deux à Laval, où nous avons lancé récemment un journal francophone qui s'ajoute à notre journal en langue anglaise. Nous couvrons toute la ville de Laval avec ce personnel, mais il y a chevauchement. Nous avons également un petit journal à Montréal pour lequel nous faisons appel aux mêmes journalistes.

Le sénateur Fraser : De quel journal s'agit-il?

M. Bakoyannis : Il a pour titre Parc-Extension News. Le Parc-Extension est un petit secteur de Montréal, aussi appelé porte d'entrée du Canada parce que la plupart des nouveaux immigrants s'y retrouvent.

Le sénateur Fraser : Pensez-vous que l'on trouverait grosso modo les mêmes chiffres un peu partout quant à la proportion de journalistes pour la région à couvrir? Je sais que cela est difficile à déterminer dans le contexte des régions plus éloignées, mais il est également ardu pour nous de bien comprendre les défis avec lesquels vous devez composer compte tenu des ressources dont vous disposez.

M. Bakoyannis : Difficile à dire. Je crois que nous nous situons sous la norme. C'est ce que je suppose, car je ne connais pas les chiffres de nos concurrents, mais étant donné la taille de notre bureau et tous les éléments à considérer, j'estime que nous manquons de personnel. Nous devons en faire davantage avec les ressources à notre disposition.

M. Duncan : C'est manifestement le cas, et c'est une tendance que nous observons. Au-delà des considérations financières n'ayant rien à voir avec les questions de langues officielles — comme la situation du marché et la conjoncture économique — je dirais effectivement que le nombre de journalistes, tout particulièrement, a chuté considérablement au fil des ans, ce qui rend d'autant plus difficile d'offrir une couverture médiatique de qualité. Cependant, certaines lacunes sont comblées par les journalistes pigistes, les employés contractuels et les contributions de la communauté.

Le sénateur Fraser : La situation se détériore rapidement, n'est-ce pas? Moins vous avez de journalistes, plus la qualité de la couverture médiatique risque d'en souffrir.

M. Duncan : C'est exact.

Le sénateur Fraser : Tous ceux parmi nous qui lisons notre journal communautaire avons été à même de le constater. Les journaux qui excellaient autrefois dans la couverture des événements locaux se contentent maintenant de parler des réunions du conseil municipal.

M. Duncan : Vous avez raison. C'est un cercle vicieux. Il est extrêmement difficile de s'imaginer que la situation va s'améliorer au niveau de la couverture médiatique, étant donné le manque de ressources et les questions économiques et sectorielles qui se posent.

Le sénateur Fraser : Est-ce que la plupart des journaux sont rentables?

M. Duncan : Ils sont à peine rentables; certains ne le sont pas, et ce depuis des années.

M. Bakoyannis : Nous publions cinq journaux : trois sont rentables et deux ne le sont pas. Les trois qui sont rentables font vivre les deux autres. À toutes fins utiles, nous ne perdons pas d'argent; nous allons pouvoir survivre. Nous ne pouvons toutefois pas augmenter notre diffusion ou notre couverture. Nos journaux sont publiés à toutes les deux semaines. Il nous est impossible de les publier hebdomadairement. Nous aurions besoin de plus d'employés et les dépenses deviendraient trop élevées.

Le sénateur Fraser : Pour ce qui est de la publicité du gouvernement fédéral, il y a un écart assez manifeste entre 135 000 $ et 2,6 millions de dollars. Vous ne comptez pas parmi vos membres la Gazette de Montreal.

M. Duncan : Non.

Le sénateur Fraser : Avez-vous une idée du montant qu'atteindrait la publicité fédérale si vous incluiez la Gazette?

M. Bakoyannis : Je crois que le total de 2,6 millions de dollars inclut la publicité diffusée dans la Gazette. Ces sommes vont aux journaux desservant la minorité de langue officielle au Québec, ce qui inclut la Gazette.

Le sénateur Fraser : Le total de 2,6 millions de dollars inclut la Gazette?

M. Bakoyannis : Effectivement.

Le sénateur Fraser : Vous n'avez reçu que 135 000 $, est-ce bien cela?

M. Bakoyannis : Nous recevons 135 000 $, mais il y a pire encore. Il y a six ou sept ans, le gouvernement fédéral dépensait au total la moitié des sommes actuelles, soit entre 800 000 $ et 900 000 $, et notre groupe, QCNA, touchait alors environ 250 000 $ en revenus publicitaires du gouvernement fédéral. Au fur et à mesure que les budgets ont été augmentés, notre part a diminué. C'est notre situation actuellement.

Le sénateur Fraser : Devant un autre comité, le président et moi-même avons entendu les cris d'alarme des représentants des journaux desservant la minorité francophone au sujet de la publicité que les ministères fédéraux n'y font pas paraître malgré que la Loi sur les langues officielles les oblige à le faire. Devez-vous composer avec la même situation?

M. Bakoyannis : C'est pire encore car nos homologues francophones à l'extérieur du Québec avec lesquels nous collaborons très étroitement sont beaucoup plus gâtés que nous le sommes; certains reçoivent environ 10 fois plus de publicité que nous. Si nous touchons un total de 130 000 $, il faut parler de plus de 1 million de dollars pour nos homologues francophones à l'extérieur du Québec, alors que le nombre de journaux est le même. Nous avons 32 journaux au Québec; ils en ont 32 ou 33 à l'extérieur de la province. Le soutien du gouvernement fédéral à cette association et à ces journaux est beaucoup plus senti que celui accordé aux journaux anglophones du Québec.

Le sénateur Fraser : Avez-vous porté plainte auprès du commissaire aux langues officielles, par exemple?

M. Duncan : Oui, certainement.

M. Fraser : Et qu'est-ce que cela a donné?

M. Duncan : Il arrive souvent que l'on puisse satisfaire la politique en matière de langues officielles et aux critères applicables quant au placement de publicité en utilisant de façon inappropriée les médias des grands centres urbains. C'est là que la situation devient frustrante pour nous. Nous avons donc porté plainte. L'impact sera considérable si nous déposons une plainte concernant la situation en Gaspésie, mais il est souvent trop tard. Vous portez plainte, le processus suit son cours, et vous vous rendez soudain compte qu'une année s'est écoulée.

Dans certains cas et dans les zones de banlieue tout particulièrement, on présume que les grands médias profitent d'une diffusion suffisante et que la couverture est déjà adéquate. Nous avons fait la preuve du contraire à maintes reprises. Nous sommes heureux de faire partie d'un comité des langues officielles, qui travaille de concert avec TPSGC, au sein duquel nous avons pu nous pencher sur cette question à quelques reprises, mais le processus est lent. C'est la même chose pour l'Ouest du Québec avec le débordement du...

Le sénateur Fraser : Le Ottawa Citizen?

M. Duncan : Exactement.

Le sénateur Fraser : Vous pouvez donner les noms, vous savez.

M. Duncan : J'essaie peut-être trop d'être politiquement correct.

À titre d'exemple — et nous n'avons pas tous les détails — l'annonce des audiences tenues aujourd'hui par votre comité n'a pas été publiée dans nos journaux à Laval. Elle se trouve toutefois dans la Gazette de Montréal. C'est comme si l'on fonctionnait de façon inappropriée, malgré tous les efforts déployés. Il va de soi que nous savons où se trouve la population. Les planificateurs et les responsables des agences savent comment s'y prendre. Cependant, pour une raison ou une autre, cette pratique perdure. En fin de compte, ce sont les communautés elles-mêmes, surtout dans les régions, qui se retrouvent dans le noir la moitié du temps. Lorsque la Défense nationale mène une campagne de recrutement avec des annonces imprimées, ou peu importe, il est tout à fait illogique que les régions soient oubliées. D'où pensez-vous que viennent les futurs soldats? Merci.

Le sénateur Fraser : Pouvez-vous nous faire une place pour le deuxième tour de questions?

Le président : J'ajouterais une question à celles que vous a déjà posées le sénateur Fraser concernant les journaux.

Vous avez fait allusion au manque de politiques ou de programmes à l'échelon fédéral pour tenir suffisamment compte des médias communautaires. Nous vous invitons tous les deux à proposer des pistes de solutions à notre comité. Si vous ne souhaitez pas le faire maintenant, il sera toujours temps par la suite. Nous aimerions toutefois bien connaître les solutions que vous envisagez; je parle ici des médias communautaires, car je crois que c'est ce dont il est question.

M. Duncan : Oui, c'est ce dont nous parlons.

M. Bakoyannis : Pouvons-nous vous répondre plus tard?

M. Duncan : Nous serons très heureux de faire le suivi en vous proposant des pistes de solution.

Le président : Vous pouvez transmettre le tout à la greffière de notre comité.

M. Bakoyannis : C'est ce que nous ferons.

M. Duncan : Merci beaucoup.

Le sénateur Seidman : Merci à vous tous pour vos exposés. Je vais débuter avec quelques questions très précises avant de poursuivre avec quelque chose de peut-être plus général, après quoi nous verrons où nous en serons.

Il est intéressant de constater que les mêmes commentaires ne cessent de refaire surface. On pourrait dégager des éléments communs en dressant une liste des principaux termes utilisés au cours de la semaine. Dans tout ce qu'on nous a dit, deux thèmes ressortent clairement, à savoir ceux de l'identité et de la survie. On nous l'a répété pendant toute la semaine. Dans les faits, il y a d'importantes différences entre les communautés de la minorité anglophone au Québec. C'est pourquoi nous parlons de « communautés ». En revanche, elles sont toutes très fragiles.

Nous avons aussi découvert que les anglophones éprouvent beaucoup de difficulté avec leur sentiment d'identité. Nous savons également que les arts, la culture et les médias ont un impact énorme sur la vitalité d'une communauté. Dans son mémoire écrit, M. Childs a cité le commissaire aux langues officielles dans l'édition du 7 septembre 2010 du bulletin Au-delà des mots : « Je ne dis pas que l'anglais court un danger au Québec, mais que certaines communautés sont en péril. » C'est un thème récurrent.

Nous savons tous que l'anglais est la langue de la majorité dans le reste du pays. La langue anglaise n'est donc pas en danger, mais il reste quand même que les communautés anglophones du Québec sont en péril.

J'aimerais que Mme Moser et Mme Schubert nous parlent de la situation des bibliothèques, des librairies, de l'édition et du livre pour les communautés anglophones du Québec.

Mme Moser : Oui. Je dois préciser que je ne suis pas seulement écrivaine; je travaille également dans l'industrie du livre au Canada depuis 30 ans. Je visite les librairies et, comme vous le savez sans doute, tout comme c'est le cas pour les journaux, l'industrie du livre dans son ensemble est affectée par l'évolution technologique et les changements culturels. C'est une situation qui n'a pas manqué de toucher les éditeurs et les libraires de langue anglaise au Québec. Ainsi, beaucoup plus de livres sont publiés, mais les gens en achètent moins. Nous en sommes à un tournant critique de l'évolution technologique. Nous opérons graduellement la transition du livre papier, qui est encore grandement majoritaire, vers différents types de livres électroniques. Nous constatons que ce changement s'effectue beaucoup plus rapidement dans le contexte scolaire et universitaire que dans le commerce. Bien des éditeurs comptaient sur ce secteur pour financer le reste de leurs publications. Les répercussions sont donc considérables sur leur capacité d'adaptation et de maintien des activités.

Comment sommes-nous touchés de façon plus précise? Il y a l'Association des éditeurs anglophones du Québec; je ne suis pas au courant de tout ce qui se fait. Quoi qu'il en soit, les librairies sont en difficulté. Les libraires et les éditeurs anglophones du Québec souffrent d'une double invisibilité : les Québécois francophones ignorent notre existence et c'est la même chose pour les Canadiens anglais de l'extérieur du Québec. J'ai travaillé 12 ans dans une librairie et il était toujours frustrant de constater que les éditeurs ne voulaient pas envoyer les auteurs participer à des activités de promotion au Québec, car ils ne croyaient pas que nous avions des acheteurs de livres anglophones, malgré le fait que ce marché est plus grand au Québec — en raison de notre population plus importante — que le marché combiné de la Saskatchewan et du Manitoba. C'est un problème avec lequel nous devons composer. La Québec Writers' Federation a pris récemment des mesures pour essayer de l'atténuer. Nous avons mené une campagne de promotion afin d'accroître la visibilité de la littérature anglophone québécoise dans le reste du Canada.

Certains des auteurs les plus importants de la littérature canadienne viennent du Québec anglophone, mais ne sont pas identifiés comme tels. Il s'agit donc en partie d'un problème de visibilité.

Le sénateur Seidman : Si vous avez l'impression que vos réponses ne sont pas tout à fait complètes et que vous auriez des choses à ajouter, par exemple, sous la forme de recommandations, de suggestions ou de solutions, nous vous exhortons de nous soumettre le tout par écrit, car nous espérons débuter à la fin du mois la rédaction de notre rapport. Nous vous saurions donc gré de nous transmettre ces compléments d'information.

J'aurais une question pour M. Duncan. Je crois que notre président a déjà abordé le sujet. Je vous ramène à deux commentaires que vous avez faits en terminant votre exposé. Vous avez d'abord parlé du Fonds du Canada pour les périodiques en disant « Bon nombre de nos membres comptent sur ce fonds qui est essentiel... » Vous avez toutefois conclu un peu plus loin : « Il est également important que le programme adapte ces critères d'admissibilité pour admettre les journaux à diffusion restreinte — et gratuite — destinés aux communautés de langue officielle. » Pouvez- vous nous fournir une explication?

M. Duncan : Selon les critères d'admissibilité du programme — et c'est le cas depuis plusieurs années, bien qu'il s'agissait auparavant d'un programme d'aide à la publication — il s'adresse uniquement aux journaux publiés et vendus sur demande, que ce soit dans les kiosques ou par abonnement. Malgré nos efforts de lobbying pour que les journaux gratuits destinés aux communautés de langue officielle soient inclus et bien qu'un nouveau programme soit maintenant en place, à savoir le Fonds du Canada pour les périodiques, ce n'est toujours pas le cas.

Le ministre a prêté une oreille attentive à nos récriminations incessantes. Quoi qu'il en soit, une grande partie des communautés de langue officielle seraient mieux servies si ces journaux étaient inclus. Prenons l'exemple de Laval. M. Bakoyannis produit des journaux à circulation restreinte qui sont tout aussi valables et renferment un contenu éditorial important au sujet des arts et de la culture, de la santé et des jeunes notamment. Ces journaux ne sont toutefois pas admissibles au programme, simplement du fait qu'ils ne sont pas diffusés sur demande. C'est la triste réalité. M. Bakoyannis est obligé d'en assurer la diffusion, car ses lecteurs sont éparpillés. Peut-être voudrait-il ajouter quelque chose à ce sujet.

M. Bakoyannis : Ce sont les conditions du marché. Nous sommes en concurrence avec d'autres journaux et nous ne pouvons pas fonctionner par abonnement, car nous n'atteindrions pas des quantités suffisantes. Nous ne couvrons pas à l'heure actuelle une région géographique donnée. Nos annonceurs ne seraient donc pas intéressés à faire paraître de la publicité dans notre journal. Nous devons prendre une décision d'affaires en continuant à diffuser gratuitement notre journal. Comme notre journal est à diffusion restreinte, il n'est pas admissible au programme, mais j'ai tout de même présenté une demande qui a été rejetée. Je voulais officialiser la démarche.

Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question.

Le sénateur Seidman : Je crois que oui. J'habite à Verdun. À l'Île-des-Sœurs, nous avons un périodique hebdomadaire qui n'a plus de contenu anglais. Il s'agissait auparavant d'un périodique partiellement bilingue; on essayait de traduire autant d'articles que possible. Il est toutefois désormais uniquement en français. L'accès aux nouvelles locales est un problème constant pour bien des communautés anglophones, même sur l'Île-de-Montréal. La plupart de ces nouvelles nous viennent des journaux communautaires distribués gratuitement. Je vous remercie; je vous suis reconnaissant pour votre travail.

Monsieur Duncan, vous avez également dit : « La Feuille de route pour la dualité linguistique ne précise pas de façon suffisamment claire que les médias, les journaux ou les communications communautaires en général figurent au rang des priorités en matière de langues officielles ». Vous avez aussi dit que vous vous feriez « un plaisir de nous fournir de plus amples informations et de nous proposer des pistes de solution » Peut-être pourriez-vous ajouter brièvement quelque chose aux fins du compte rendu maintenant et ensuite, nous faire parvenir plus de détails par écrit.

M. Bakoyannis : Nous venons tout juste de traiter de l'une de ces questions. On pourrait aider grandement les journaux de minorité anglaise au Québec si ce programme les appuyait. Il est également important que le gouvernement fédéral utilise davantage les journaux régionaux pour faire sa publicité. Je ne sais pas comment l'exprimer, mais nos homologues francophones à l'extérieur du Québec jouissent d'un certain statut. On leur donne des contrats de publicité en fonction d'une entente quelconque; je ne sais pas exactement de quoi il s'agit. C'est ce qu'il faut faire également ici, au Québec. Puisque l'argent est dépensé — et nous n'en demandons pas plus; nous disons simplement qu'il faut mieux le dépenser —, il faudrait acheter de la publicité dans nos journaux plus souvent. Le gouvernement fédéral dépense beaucoup d'argent en publicité, mais il est clair qu'il n'y en a pas suffisamment qui parvient à nos journaux.

M. Duncan : J'aimerais ajouter une chose, à savoir l'absence de politique concernant le tirage vérifié.

Notre association insiste pour que le tirage d'un journal soit vérifié par une tierce partie, et des gens reconnus de l'industrie font cela. Nous avons vu à maintes reprises, surtout en période d'élection, des publications qui apparaissent du jour au lendemain recevoir de la publicité du gouvernement dans les mêmes marchés où nous avons des journaux vérifiés qui, eux, ne sont pas vérifiés, parce que, d'une manière quelconque, ils ont réussi à se faire inscrire sur une vieille liste des langues officielles et qu'ils n'en ont pas été rayés. Nous avons traité de cette question à maintes reprises avec TPSGC et le Commissariat aux langues officielles lorsque c'est arrivé. Certains programmes, comme le Fonds du Canada pour les périodiques, ont une politique, mais la communication à un niveau plus large est déterminante. Nous ne comprenons pas que l'on vante la reddition de comptes comme la meilleure chose qui ne soit jamais arrivée alors qu'il n'y a aucune reddition de comptes lorsqu'on dépense l'argent dans des médias non vérifiés.

M. Bakoyannis : Non seulement notre association, mais également des associations de partout au Canada, y compris notre association mère, la Canadian Community Newspapers Association, CCNA, aimeraient voir le gouvernement fédéral acheter de la publicité dans les journaux accrédités par leurs associations. Essentiellement, si un journal ne fait pas partie d'une association, s'il vous plaît, n'achetez pas de publicité. Nous voulons avoir des membres, mais de nombreuses personnes ne veulent pas devenir membres de notre association à cause de notre mandat, qui précise clairement que nos membres doivent faire l'objet d'une vérification.

Laissez-moi vous parler de la situation à laquelle je fais face à l'heure actuelle à Laval. J'ai un journal qui est imprimé à l'extérieur de Laval, et qui prétend avoir un tirage de 140 000 exemplaires et couvrir tout Montréal. Je pense que M. Duncan sait de quoi je parle. Ce n'est absolument pas le cas. Ces gens multiplient leur tirage par 10, et peut-être davantage, pour faire concurrence aux autres journaux. Cela arrive dans l'industrie — et, oui, le journal obtient de la publicité du gouvernement fédéral.

La mesure la plus importante et la plus facile que le gouvernement fédéral puisse adopter pour uniformiser les règles du jeu et aider tous les vrais journaux, et non pas ceux qui accaparent tout, c'est de cesser de faire de la publicité dans les journaux qui ne sont pas accrédités par les associations au Canada. Nous avons tous des exigences semblables pour les membres.

Le sénateur Seidman : Merci beaucoup. Madame la présidente, je pourrais avoir d'autres questions au deuxième tour.

La présidente : Je crois que nous aurons du temps pour le deuxième tour. Nous prendrons tout le temps nécessaire.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : J'ai été très intéressée par la présentation de tous vos mémoires. Excusez mon ignorance, mais j'ai fait une découverte : je ne savais même pas que vous aviez des troupes de théâtre anglaises; la seule chose pour moi, en théâtre anglais, c'était le festival de Stratford en Ontario. Vous comprenez donc que je tombe des nues.

Au niveau des bulletins régionaux, après que, par exemple, CBC ou Radio-Canada ait fini de faire sa revue de tous les grands événements, qui se sont passés à travers le Canada et dans le monde, il y a une période pour les bulletins régionaux relatant des évènements importants qui se passent.

Si vous pouvez avoir un petit peu de temps d'antenne pour pouvoir parler, par exemple, d'une pièce que le groupe Centaur and Segal, ou encore Geordie Space and MainLine Theatre, présente, est-ce que vous pouvez être couverts par nos grands réseaux au moment du bulletin régional?

Mme Needles : C'est une bonne question. C'est une des choses dont nous nous plaignons, car le problème est que le théâtre anglophone est ignoré. Il y a quelques réseaux, Radio-Canada ou CBC, qui parfois s'ils trouvent que la troupe est assez connue ou assez intéressante, ils vont faire des entrevues. Ces entrevues sont réduites maintenant. C'est de plus en plus réduit parce que le théâtre anglophone n'est pas intéressant. C'est la même chose pour la Gazette : on y parle de la musique pop, les films des festivals et les grandes choses; mais le théâtre, non, cela n'existe pas. Même pour nos collègues francophones — je travaille à côté du Conseil québécois du théâtre, nous sommes voisins dans le même édifice — quand je siège au conseil d'administration là-bas, ils sont plusieurs à être étonnés de voir qu'on a plus de 65 compagnies anglophones ici. Ils nous demandent : mais où êtes-vous? Ils connaissent le Segal et le Centaur, mais ils ne connaissent pas du tout les autres.

C'est un problème assez grave pour lequel il faut trouver une solution. Les médias trouvent que le théâtre n'est pas assez important. Nous ne sommes pas Stratford, ni le Théâtre du Nouveau Monde, mais nous sommes des gens qui existent et qui travaillent très fort. Selon les statistiques, nous avons plus de 8 000 artistes qui travaillent en anglais au Québec,— je viens de trouver les statistiques hier — 118 000 artistes francophones et anglophones, qui représentent 3 p. 100 de la main main-d'œuvre, ici au Québec, ce qui est plus que n'importe où dans le reste du Canada.

C'est un problème, nous sommes ignorés, et ils coupent tout le temps.

M. Goddard : Si je peux vous donner un exemple concret de ce qui se passe, lundi soir nous avons lancé notre calendrier des événements théâtraux de l'automne des troupes anglophones au Québec. C'était notre premier lancement; nous avons fait un lancement médiatique, nous avons fait une vitrine — un genre de showcase — avec 16 des troupes participantes, qui présentaient des extraits de leur spectacle.

C'est très représentatif, il y avait à peu près 175 personnes dans un théâtre, qui en accueille 85 — tout un succès. Toutefois, le bureau éditorial des arts de la Gazette n'a pas su couvrir cet événement, qui était très représentatif de l'activité foisonnante de la communauté anglophone théâtrale au Québec; leur chroniqueuse était en vacances.

Le sénateur Fortin-Duplessis : À Québec, je remarque ceci : supposons qu'un nouvel opéra arrive, ce qui se passe c'est que les journalistes se rendent à la dernière répétition et, même si ce n'est pas costumé, ils prennent une prise de vue, mais ne font pas nécessairement des entrevues avec les producteurs ou quoi que ce soit. Ils nous donnent juste un avant-goût; vous entendez un petit bout d'opéra, qui est très attrayant, et c'est cela qu'ils nous montrent. Je pense qu'on devrait peut-être faire des représentations auprès du CRTC pour qu'il demande à Radio-Canada et à la CBC de faire la promotion de ce qui se passe dans les communautés. Ça n'a pas de bons sens!

Pour ce qui est du livre, à Québec on a énormément de librairies où ils ne vendent que des livres anglophones. Et ça, ça marche. Au niveau du livre, c'est vraiment bien couvert. Mais pour ce qui est du théâtre, je vois qu'il va falloir vous donner un petit coup de main pour que vous soyez capable d'essayer de faire connaître ce que vous faites, parce que c'est important pour l'identification d'une communauté.

Mme Needles : Est-ce que je peux rajouter un petit quelque chose? Pour la communauté urbaine de Montréal, c'est difficile, mais ce n'est pas aussi difficile que dans les régions. Dans les régions, quand CBC joue l'après-midi — je l'écoute tout le temps sur Radio One — ils parlent des régions, mais l'émission vient de Montréal maintenant. Et ils n'incluent presque jamais des commentaires des régions, sauf un petit bout de deux heures dans l'après-midi, quelquefois, qui vient de Québec. Alors oui, ils couvrent des choses dans les régions.

Cependant après, durant l'hiver, une chose très intéressante est que, quand la neige tombe, les camions de CBC et de Radio-Canada ne peuvent pas sortir de l'île de Montréal sans pneus d'hiver et ils ne veulent pas dépenser de l'argent pour cela. Alors les camions restent sur l'île de Montréal et rien n'est couvert dans les régions parce que personne ne veut aller en région sans pneus d'hiver. C'est aussi simple que cela.

Le sénateur Fortin-Duplessis : On peut dire que, quand on diffuse une émission en après-midi, les gens qui travaillent ne peuvent pas l'entendre. Ça prend du monde à la maison.

Mme Needles : Moi, je l'écoute quand je conduis entre Bishop's et Montréal, dans l'après-midi.

[Traduction]

M. Childs : Vous avez parlé du Conseil canadien de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, CRTC. ELAN travaille au sein d'un comité qui examine la réglementation du CRTC. Une des exigences imposées aux câblodistributeurs, c'est qu'ils prélèvent un pourcentage du tarif de câblodistribution exigé des clients pour produire une programmation de langue anglaise. Il semblerait que Videotron ait recueilli environ 13 millions de dollars au cours des 12 dernières années, mais cette entreprise n'a produit aucune émission de langue anglaise. Nous avons fait part de cette préoccupation au CRTC et sa réponse a été que nous devions discuter avec Videotron pour connaître sa réponse. Jusqu'ici, nous n'avons pas obtenu de réponse de Videotron. Toutefois, nous sommes encouragés parce que le commissaire aux langues officielles a contacté les responsables de Videotron pour savoir si nous pouvions les rencontrer.

C'est une question qu'il faudra régler plus tard, mais c'est une indication de ce qui s'est passé au cours des 12 dernières années. En vertu des règlements du CRTC, il était censé y avoir de la programmation de langue anglaise, mais la collectivité n'a pas été informée de cette exigence. Ce n'est que récemment que nous avons appris cela et que nous cherchons à savoir ce que Videotron peut répondre à cela. C'est une indication du travail que les organismes doivent faire parce que même lorsqu'il existe un règlement du gouvernement fédéral, il n'est pas respecté.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : J'espère qu'il va y avoir une réponse positive pour vous.

M. Agombar : Une petite précision là-dessus. Cette question est en rapport avec Videotron. Depuis l'achat de CFCF-TV, qui s'est fait en 1995 ou 1996, il paraît qu'à peu près 98 p. 100 des anglophones au Québec, sont abonnés à Videotron. On travaille toujours sur le dossier, mais c'est lié à cette question.

Le sénateur Fortin-Duplessis : J'aurais un autre petit commentaire ou une autre question; je ne sais pas si quelqu'un peut me donner son opinion là-dessus. Est-ce qu'ici, à Montréal, vous avez des canaux communautaires? À Québec on a le canal communautaire, qui fait connaître plusieurs choses à la population. C'est sûr que c'est moins regardé que les grands réseaux, mais c'est quand même intéressant. Je me demande si vous avez un ou plusieurs postes de radio communautaire.

[Traduction]

M. Childs : Nous n'avons pas de station de langue anglaise semblable à TFO, la station de télévision française. Il n'y a pas de station de télévision anglaise disponible au Québec pour la collectivité anglophone du Québec. Nous espérons pouvoir utiliser les fonds que le CRTC a autorisé Videotron à prélever pour mettre sur pied une station de télévision communautaire de langue anglaise semblable à TFO dans le reste du Canada. Nous avons des stations de télévision qui font partie de CFCF-TV. Encore une fois, il y a très peu d'émissions, si jamais il y en a, qui sont créées ici au Québec; elles viennent de l'extérieur, importées par des stations affiliées.

Nous avions une petite production au Centaur Theatre dans laquelle la SRC avait une participation, et il a fallu faire venir l'équipement de Toronto parce que la section anglaise ne pouvait pas obtenir le soutien de la SRC à Montréal. L'équipement a été expédié de Toronto pour être utilisé à Montréal pendant une nuit et ensuite, il a été retourné à Toronto.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : C'est absolument inacceptable.

Mme Needles : Je veux rajouter une autre chose aussi concernant les régions — je suis une grande supportrice des régions. Le Quebec Drama Federation vient de finir la première étape d'une étude, qui traite de l'accès à la culture anglophone dans les régions. Il est inexistant. La seule compagnie c'est Geordie Productions, qui fait du théâtre pour la jeunesse et qui va jouer dans les écoles. Pour les autres productions, le coût pour aller en région est très élevé, et les régions n'ont pas assez d'argent pour en accueillir plus.

J'ai demandé au Conseil des arts du Canada de rendre du financement, pour les tournées, disponible pour les compagnies ici à Montréal. La compagnie Geordie peut avoir accès à des financements pour aller dans le grand Nord, mais ne peut pas avoir d'argent pour aller à Coaticook. Coaticook, c'est à 100 milles d'ici et le grand Nord est beaucoup plus loin.

Une autre petite chose : l'accès à la radio et à la télévision dans les régions, comme la Côte-Nord et autres, est parfois presque impossible. La haute vitesse n'existe pas dans la plupart des régions au nord. Dans des endroits comme Metis Beach, être capable d'écouter la radio en anglais est impossible parce qu'il n'y a ni satellite ni transmission par antenne. Il y a une école seulement, qui vient d'être équipée d'un câble pour la haute vitesse par fibre optique. C'est le seul endroit où l'on a accès à la haute vitesse et c'est pour les étudiants. Soixante-quinze personnes vivent là en hiver, 2 500 l'été. La question se pose : qu'est-ce qu'on fait?

Le sénateur Fortin-Duplessis : Je vous remercie tous beaucoup.

[Traduction]

Le sénateur De Bané : Les différents exposés que j'ai entendus m'ont ouvert les yeux et m'ont fait découvrir différents aspects que j'ignorais auparavant. Comme l'a dit le commissaire aux langues officielles, la langue anglaise n'est pas en danger, mais les collectivités anglophones le sont. Nous allons réfléchir aux nombreuses choses que vous nous avez dites. Un élément positif, c'est ce que M. Childs a dit, à savoir que notre venue ici vous a fait prendre conscience qu'il y avait des programmes dans le cadre des langues officielles pour les gens vivant en situation minoritaire. Il existe là du financement dont vous ignoriez l'existence, alors, je suis heureux que la présence de notre comité vous ait aidé à en prendre conscience.

De toutes les choses que j'ai entendues, la plus triste, c'est ce que la Quebec Drama Federation nous a dit. Souvent, les jurys du Conseil des arts et des lettres du Québec, CALQ, ne comptent pas de membres qui parlent ou lisent couramment l'anglais. Dans une collectivité de plus d'un million des personnes dans la province de Québec, ne pas avoir un membre du jury qui puisse lire ou parler en anglais, est scandaleux. Mais qu'est-ce que cette histoire? J'ai également été scandalisé à Québec lorsque j'ai appris qu'au ministère de l'Éducation — qui doit bien compter entre 1 000 et 2 000 fonctionnaires —, la direction qui s'occupe des écoles de langue anglaise dans la province de Québec compte au grand total 30 personnes, dont deux qui indiquent l'anglais comme langue maternelle.

Nous avons entendu des témoignages sur lesquels, j'en suis sûr, nous allons méditer; par exemple, le fait qu'aucun membre du jury ne peut lire ou parler en anglais. Un autre exemple est le fait que la quantité de publicité dans les journaux ou hebdomadaires de langue française dans le reste du Canada — c'est-à-dire à l'extérieur du Québec — est 10 fois plus élevée que celle qui est offerte aux collectivités anglophones en situation minoritaire.

J'ai été particulièrement intéressé par l'exposé d'ELAN. J'ai été étonné lorsque vous nous avez dit, après nous avoir rappelé que les productions cinématographiques et télévisuelles sont essentiellement une forme d'art fondée sur la langue, que ni les organismes nationaux ni les organismes du Québec ne se soucient des producteurs de films et d'émissions de télévision ou des gens qui travaillent dans cette industrie au Québec; il vous considère positivement. Cela me dépasse. Ni les organismes nationaux ni les organismes du Québec — ils considèrent favorablement ces milliers de personnes au Québec qui participent à cette industrie. Pouvez-vous nous expliquer cela?

M. Childs : Une des raisons pour lesquelles les cinéastes, et les artistes en général, les artistes qui travaillent ici dans la province, choisissent d'être ici, c'est à cause de ces liens avec la culture francophone et les artistes francophones. À moins que vous ayez une raison précise pour vous identifier comme un artiste de langue anglaise, il est préférable de ne pas le faire.

Si vous êtes un écrivain, évidemment, vous écrivez en anglais; alors, vous êtes reconnu comme un anglophone. Toutefois, comme les danseurs et les cinéastes, bien que certains films soient tournés en anglais, les artistes travaillent souvent avec des organismes de l'institut du film — et même Téléfilm Canada dans ces domaines — qui sont très centrés sur la culture francophone. Par conséquent, il n'est pas dans leur intérêt de s'identifier comme anglophones. C'est pourquoi, lorsqu'ils s'organisent, ils ne veulent pas être identifiés de cette manière. C'est une difficulté.

Le sénateur De Bané : Pour les organismes québécois de langue française, c'est évident; nous n'avons pas besoin d'explication.

M. Childs : Oui, c'est exact.

Le sénateur De Bané : Vous dites qu'une abondance d'œuvres venant d'Hollywood mine le sens de l'identité locale. Je croyais que c'était un appui pour nos artistes anglophones ici, ai-je tort?

M. Childs : Si la seule information, les seules histoires et les seules personnes sur nos écrans de télévision sont présentées dans ces médias, cela représente des gens d'ailleurs. Nous n'avons pas l'occasion de raconter nos propres histoires, de voir nos propres artistes locaux et d'avoir des entrevues avec nos écrivains anglophones par opposition à un écrivain anglophone de Winnipeg ou de Toronto.

Par conséquent, si nous ne savons pas qui nous sommes dans la collectivité et qui sont nos artistes, nous ne cherchons pas à les appuyer. Cela ajoute à notre invisibilité. Nous ne disons pas : « J'ai vu l'émission au sujet de cet écrivain, et je vois qu'il y a un lancement de livre; je vais y aller et peut-être acheter ce livre. » Nous perdons ce lien.

Vous avez raison de dire que ce n'est pas la même chose en ce qui concerne la question de la langue — nous avons beaucoup d'occasions de parler en anglais. À titre d'artistes locaux, c'est pour nous une question de nous exprimer.

Le sénateur De Bané : Vous avez dit que le principal problème pour les anglophones au Québec n'est pas la langue en soi.

M. Childs : C'est exact.

Le sénateur De Bané : Je veux vous dire toute mon admiration pour les derniers projets que vous avez mis sur pied pour échanger avec les artistes francophones et jumeler des artistes anglais et français. Cela est tellement louable.

Mme Needles : L'influence du milieu hollywoodien est également très néfaste pour les artistes du Québec parce que tout le monde sait que les artistes d'Hollywood gagnent des salaires très élevés. Alors, parce que vous êtes anglais et que vous finirez un jour par jouer à Hollywood, on suppose que vous aussi vous avez un revenu très élevé. Mais en réalité — je vous ai donné les chiffres —, le revenu maximum des artistes au Québec est de 10 000 $.

Le sénateur De Bané : Ils disent également que vous êtes de Westmount.

Mme Needles : Exactement; alors, ils supposent que vous n'avez pas de problème. C'est un autre problème lié à l'influence d'Hollywood.

Le sénateur De Bané : En ce qui concerne l'accès aux arts et à la culture, le premier point que vous avez soulevé est quelque chose que nous avons beaucoup entendu au cours de nos réunions, à savoir que plus les communautés sont situées loin de Montréal, moins elles ont de chances d'avoir accès aux arts et à la culture. Cela nous a été communiqué très clairement.

Au sujet de l'absence d'installations, vous dites que des locaux à bureaux centralisés sont un rêve que vous caressez depuis longtemps. Vous voyez cela à Québec, où il n'existe qu'un seul cégep anglophone, sans gymnase, sans théâtre, et cetera. Pourtant, si on regarde le nombre d'élèves, il devrait avoir droit à ces installations.

Maintenant, concernant les locaux à bureaux centralisés dans les collectivités dont vous rêvez, quelle serait la taille de ces locaux? Combien de pieds carrés? Combien cela coûtera-t-il, et cetera?

Mme Needles : C'est quelque chose dont je rêve depuis que je suis arrivée ici en 1967. C'est un besoin qui a été exprimé surtout par les petites compagnies. Ces gens, comme je l'ai noté, travaillent depuis leur salon. Ils utilisent des boîtes à chaussures pour conserver leur comptabilité. Ils doivent quêter, emprunter ou voler, que ce soit leur mère, leur père ou leur voisin, pour présenter leur production, parce qu'ils ont une passion, mais n'ont nulle part où créer.

Nous cherchons un endroit capable d'accueillir les plus petites compagnies pendant les courtes périodes de temps où elles se produisent. Nous avons besoin de salles de répétition, qui sont très difficiles à trouver, d'espace de production et de création, d'espace d'entreposage et de bureaux.

À un moment donné, nous avions 30 compagnies et organismes différents, y compris les organismes de services, qui étaient intéressés à participer à ce projet. Nous avons visité de vieilles écoles abandonnées où nous pourrions un jour construire une salle de spectacle. Toutefois, la synergie qui est créée par toutes ces entreprises travaillant ensemble est l'un des facteurs les plus importants.

À un moment donné, nous cherchions, en fait, à travailler avec des francophones, des anglophones et des personnes multilingues parce que, encore une fois, la synergie, le changement entre les disciplines — et arrimer ensemble la musique, la danse et le théâtre — auraient été quelque chose de merveilleux. Encore une fois, parce que tout le monde est un individu, que ce sont tous des créateurs maîtres d'eux-mêmes, il est très difficile de partager, alors, des problèmes de territoire ont pris une grande ampleur. Il est difficile d'amener toute la collectivité au même diapason pour dire qu'elle veut vraiment cela, et les gouvernements recherchent un effort concerté et concentré. C'est ce que j'entends.

[Français]

Le sénateur De Bané : Merci, madame la présidente, puis-je inscrire mon nom pour la deuxième ronde de questions?

La présidente : Oui, bien sûr. Nous en sommes maintenant au deuxième tour et nous commençons avec une question du sénateur Fraser.

[Traduction]

Le sénateur Fraser : Plus vous en entendez et plus vous voulez en savoir. Un certain nombre de faits me sont venus à l'esprit. Le problème des pneus d'hiver de la SRC ne sera certainement plus une excuse raisonnable du fait que la loi provinciale exige maintenant des pneus d'hiver sur tous les véhicules. Ils ne peuvent sortir un camion du terrain de stationnement s'il n'est pas muni de pneus d'hiver. Alors, ils devront trouver une autre excuse.

Je connais certaines choses de la situation, aussi bien à la SRC qu'à la Gazette de Montréal; je ne suis pas ici pour défendre leur travail de couverture, mais je suis ici pour vous dire qu'eux aussi, les deux organismes, ont d'énormes problèmes budgétaires et subissent des pressions financières énormes. Ils doivent prendre des décisions déchirantes tous les jours au sujet de ce qu'ils ne couvriront pas. Ce n'est pas nécessairement une question qu'ils sont riches et bien gras et qu'ils pourraient le faire si seulement ils le voulaient.

Sur la question du CRTC et de Videotron, je pense qu'une partie du problème, et j'ignore si vous le savez ou non, c'est que le CRTC n'a aucun pouvoir pour discipliner les personnes qui ne tiennent pas leurs promesses, aucun. Envoyez des lettres au gouvernement pour lui dire qu'ils devraient être capables de trouver des gens. Outre cela, il me semble que vous pourriez faire une merveilleuse intervention lorsque Videotron se présentera devant le CRTC pour renouveler sa licence, mais jusqu'à ce moment-là, voilà ma suggestion.

Concernant la question des voyages dans les régions, ai-je bien compris que le Conseil des Arts du Canada a un budget pour aider les compagnies de théâtre ou les écrivains à voyager, mais que nous ne recevons tout simplement pas de cet argent ici?

Mme Needles : Il existe un programme de tournée expressément pour les compagnies de théâtre et également pour permettre aux écrivains de voyager, mais il est assez contraignant. Si une compagnie de théâtre veut aller en tournée, elle doit aller à l'extérieur de la province, se rendre dans deux ou trois autres provinces et donner un minimum de cinq représentations.

Le sénateur Fraser : Par conséquent, je pourrais obtenir une subvention pour aller de Summerside, Île-du-Prince- Édouard, à Moncton, Nouveau-Brunswick; mais pas à Harrington Harbour au Québec.

Mme Needles : Exactement. Geordie Productions peut aller de Montréal à Inukjuak parce qu'il s'agit d'une région éloignée, mais ne peut pas aller à Coaticook.

Mme Schubert : Le programme d'aide aux rencontres littéraires et aux résidences d'écrivains du Conseil des Arts du Canada accordera habituellement un maximum de 400 $ en honoraires pour les écrivains et en frais de déplacement. Je crois que vous pouvez demander le double de ce montant, pour les cas d'exception, mais cela ne servira qu'à payer les frais de déplacement; cette somme ne couvrira pas les frais d'hébergement ou les indemnités quotidiennes.

Le sénateur Fraser : Vous n'irez pas bien loin avec 800 $ dans cette province.

Mme Schubert : Non, compte tenu de sa taille.

Le sénateur Fraser : Je pense que c'est quelque chose que nous devrions examiner. Si vous avez de la documentation concernant les critères de ces programmes, pouvoir la consulter nous serait probablement très utile.

Revenons au domaine des nouvelles. En ce qui concerne la subvention postale, le Fonds du Canada pour les périodiques, quelle proportion de vos membres sont des journaux à tirage réglementé?

M. Duncan : Il s'agit d'une tendance à la hausse, qui concerne actuellement 70 p. 100 de nos membres, contre 10 p 100 il y a 10 ou 15 ans.

Le sénateur Fraser : À quel point les mesures de contrôle sont-elles sévères? Nous avons tous vu les entrées des immeubles d'habitation remplies de piles de journaux, des journaux qui, je crois, sont publiés par votre association. Êtes-vous certain que les mesures de contrôle de votre industrie sont assez rigoureuses?

M. Bakoyannis : Il est dans notre intérêt de faire en sorte que nos journaux soient livrés où ils doivent l'être. Chaque copie nous coûte de l'argent à produire, à imprimer et à distribuer. Les publications gratuites n'ont rien de gratuit. Par conséquent, nous nous assurons qu'elles sont publiées et livrées là où elles doivent l'être. Nous gardons un œil là-dessus de façon périodique. Nous exerçons une surveillance de nos distributeurs et de la livraison. Nos lecteurs se font un devoir de nous informer lorsqu'ils ne reçoivent pas leur journal. Ils appellent pour demander ce qui est arrivé à leur journal, et nous savons comment procéder au suivi. Nous n'avons aucun problème à contrôler la distribution de nos journaux et à nous assurer qu'ils arrivent à destination.

Le sénateur Fraser : Récemment, il y a eu des modifications — annoncées ou effectuées — au Fonds du Canada pour les périodiques. J'admets que je ne suis pas trop certaine de ce qui a changé. Pouvez-vous nous éclairer?

M. Bakoyannis : Je ne connais pas très bien toutes les modifications. Cependant, je crois que des changements ont été apportés aux exigences, soit une modification du nombre d'exemplaires qui doivent être vendus au cours d'une année pour être admissible au programme. Auparavant, c'était un nombre beaucoup plus élevé; il y a eu une petite concession sur ce point. Toutefois, je ne pense pas que qui que ce soit ait été réellement touché par cette mesure parce que si vous êtes une publication gratuite, vous êtes une publication gratuite.

Le sénateur Fraser : Oui, mais cela pourrait avoir une incidence pour les journaux à faible tirage, et il y en a.

M. Bakoyannis : Habituellement, dans le cas des journaux à faible tirage, la taille n'a pas d'importance. Si c'est votre cas, vous recevriez la subvention. Les exigences seraient toujours respectées. On essaie d'aider les journaux qui ont des abonnés, mais pour lesquels ceux-ci ne représentent pas la majeure partie de leur lectorat.

M. Duncan : Un des changements importants concerne l'ancien Programme d'aide aux publications — que nous appelions le programme PAP — qui est maintenant le Fonds du Canada pour les périodiques, le FCP, et qui était, traditionnellement, le Fonds du Canada pour les magazines, le FCM. Il s'agit d'une bonne nouvelle pour les journaux communautaires parce que le programme s'est poursuivi tandis que nous avons la possibilité d'obtenir de l'aide pour la création de contenu rédactionnel, et que le problème consiste à être capable de produire. Nous disons que ce programme est extrêmement important parce qu'un éditeur admissible peut présenter une demande d'aide pour la création de contenu rédactionnel. Auparavant, ce n'était pas le cas; c'était pour ainsi dire une subvention postale. La Société canadienne des postes participait au programme, ce qu'elle ne fait plus. C'est une bonne nouvelle pour les journaux communautaires. Par ailleurs, nous sommes toujours assis devant vous avec une liste de journaux qui présentent, à notre avis, un bon contenu rédactionnel et qui ne sont pas admissibles au programme. C'est la question que nous voulions soulever.

En ce qui concerne les modifications importantes apportées au programme, le ministre Moore lui-même dira qu'on ne peut pas savoir ce qui se passera après 2012; personne n'a de boule de cristal. Cependant, nous disons que ce programme doit se poursuivre bien au-delà de 2012.

Le sénateur Fraser : Encore une fois, toute documentation que vous pourriez nous fournir, même s'il ne s'agit que de liens vers des sites Web, serait utile. Ce n'est pas le domaine dans lequel le comité œuvre habituellement; nous sommes donc aussi en période d'apprentissage. Pourriez-vous également nous fournir la liste de vos membres et, si possible, de leurs propriétaires?

M. Duncan : Oui, nous avons ces renseignements, en détail, pour vous. Je devrais mentionner que nous avons de nombreux journaux bilingues, comme vous pourrez le constater. Si vous allez sur le site, il y a un document qui, je sais, avait été préparé par la greffière, et qui donne le lien vers notre page web. Si vous allez sur notre site, il va sans dire que tous les renseignements s'y trouvent, mais nous allons certainement vous les envoyer.

Le sénateur Fraser : Merci beaucoup.

Enfin, les médias communautaires — la feuille de route sur les langues officielles, et cetera —, comme l'a dit mon collègue, ce n'est pas qu'une affaire de journaux communautaires. La radio communautaire peut être très importante, et on ne parle pas ici d'une station locale de la SRC, mais de petites stations de radio communautaire à but non lucratif. Il me semble qu'il devrait y avoir de la place pour des partenariats dans ce domaine. En existe-t-il?

M. Duncan : Il existe des partenariats. Il y a eu des tentatives par le passé, et il y a toujours des discussions. Pour ce qui est de notre organisme, nous examinons sans aucun doute un certain nombre de choses au fur et à mesure que nous évoluons. En cours de route, nous avons fait des erreurs que nous allons revoir en détail.

Je ne parlerai pas longtemps du réseau de radios communautaires du Québec, mais il s'agit d'un autre secteur qui a vraiment besoin d'aide. Vous en connaissez l'ampleur. C'est un réseau fort et en assez bonne santé. Il doit sans aucun doute être appuyé à l'extérieur de la province, mais pas au Québec. Cependant, la solution pourrait être de partager les services d'un journaliste qui peut fournir des reportages sur les arts.

Quand nous parlons des médias communautaires, on ne peut plus seulement les définir d'un point de vue géographique. Il peut s'agir d'une communauté de mères de joueurs de soccer, vraiment. Est-ce sur Internet? Est-ce numérique? Tous ces aspects doivent être pris en considération.

C'est pourquoi j'ai sciemment utilisé l'expression « médias communautaires » à cet endroit. De toute évidence, nous en faisons partie, et c'est notre principale priorité. Cependant, j'utilise le mot « entreprise » parce que nos sociétés — et M. Bakoyannis représente l'une d'entre elles —, nos membres deviennent, du mieux qu'ils le peuvent, des entreprises multimédias.

Le sénateur Fraser : Les grands journaux se tournent de plus en plus vers le Web. Qu'en est-il des petits journaux communautaires?

M. Duncan : Ils éprouvent des difficultés dans ce domaine. Certains d'entre eux se tournent vers le Web.

Mr. Bakoyannis : Comme je l'ai dit, nous faisons de notre mieux. Manifestement, la création de sites Web, leur entretien et leur mise à jour régulière entraînent des coûts très élevés.

Nous avons une certaine présence sur le Web, mais nous ne croyons pas qu'elle soit assez forte pour nous permettre de concurrencer certains des autres médias qui y sont. Nous avons toujours l'impression que nous sommes en retard, nous avons du rattrapage à faire. Toutefois, oui, la plupart de nos journaux assurent une présence sur le Web actuellement. Nous faisons très peu d'argent avec cela. Ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan; cela ne vaut pas la peine d'en parler.

Le sénateur Seidman : Dans les Cantons de l'Est, nous avons entendu le témoignage du Quebec Anglophone Heritage Network, ou QAHN. Ses responsables nous ont dit qu'il n'y a très peu d'appui ni même d'intérêt envers l'histoire des communautés anglophones et encore moins de visibilité pour l'histoire des anglophones dans les écoles et dans les médias. Nous pensons nous servir des écoles et des médias, bien sûr, pour aider à créer un sentiment d'appartenance à la communauté. J'aimerais savoir ce qu'il en est de la présence de la culture anglophone, c'est-à-dire des artistes, des écrivains et du théâtre. Quel genre de présence avez-vous, à tout le moins, dans les écoles anglophones du Québec?

Mme Needles : L'étude de la première étape de l'examen du réseau touristique a permis de recenser, dans toute la région, les endroits, les écoles et les réseaux patrimoniaux — les musées, les bibliothèques et les édifices — qui pourraient être utilisés pour les arts et la culture et qu'on voudrait qui soient utilisés pour les arts et la culture. Cette étude a été menée en partenariat avec le QAHN, le Quebec Anglophone Heritage Network.

Une partie de cela sera aussi reliée aux centres appelés les Community Learning Centres, les CLC, grâce aux importants avantages que présentent les réseaux de vidéoconférence. Ici, à Montréal, nous avons six centres qui peuvent étendre leur action vers les régions, et ils peuvent communiquer entre eux.

Cela fait partie des résultats de l'étude de la première étape, qui seront mis en œuvre quand nous commencerons la deuxième étape qui nous permettra de trouver de quelle façon nous pourrons concrètement le faire. Le besoin de mettre en valeur le patrimoine est clairement reconnu. En fait, ici au Québec, ELAN et la communauté parlent toujours des arts, de la culture et du patrimoine — les trois à la fois — puisqu'ils sont intimement liés.

M. Childs : Dans une province, le ministère de l'Éducation, bien entendu, est très peu porté ou centré sur la promotion du patrimoine anglophone, ou des arts et de la culture anglophone, d'ailleurs. Un des objectifs d'ELAN est d'essayer de créer des ponts et de fournir un accès au ministère pour que celui-ci appuie vraiment les artistes anglophones dans les écoles à l'aide de différents programmes. Je sais que dans ce domaine, du travail a été accompli en ce sens avec la Quebec Writers' Federation, mais il s'agit d'une bataille qui est loin d'être gagnée.

Mme Schubert : La province a deux programmes : Writers in Schools et Writers in CEGEPs, qui ont tous deux une composante qui permet à des artistes de langue anglaise d'aller dans les écoles. Le rôle de la Quebec Writers' Federation a été limité à — et nous en sommes reconnaissants — former un jury pour chacun des programmes pour choisir, pour approuver la candidature des écrivains qui seraient admissibles à aller dans les écoles. L'an dernier, j'ai appris que les budgets ne sont pas entièrement utilisés par les écoles, les cégeps. Je crois que c'est une question de sensibilisation.

Nous avons mis des choses sur notre site web mais pour nous, encore une fois, presque tout se résume à un problème de moyens. Je ne sais pas si votre greffière vous a distribué la feuille verte qui vous indiquera toutes les différentes choses que nous faisons. Nous sommes bon marché : nous faisons ce travail avec moins de 250 000 $ par année, dont seulement 54 000 $ de financement de base versé par la province. Avec cette somme, nous pouvons engager une directrice générale à temps partiel, c'est-à-dire moi-même — je travaille presque à plein temps, mais pas tout à fait — et une personne qui travaille trois jours par semaine. En conséquence, nous ne pouvons pas lancer une campagne pour aviser les écoles et tous les professeurs dans les écoles parce qu'ils doivent présenter une demande séparément. Nous ne pouvons pas le faire sans arrêter de répondre au téléphone et d'inscrire les gens à nos ateliers, et cetera. C'est un problème de sensibilisation. Je ne connais pas la solution, et il s'agit de quelque chose dont je me suis rendu compte récemment.

Il y a un autre facteur jumelé à ce problème : dans le passé, le programme Writers in Schools qui, je crois, est financé par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, avait l'habitude de fournir de l'argent pour que les écoles puissent acheter les livres de l'auteur invité. On vient tout juste de nous informer que cette année, pour ce qui est du programme Writers in CEGEPs, il n'y aura plus de budget alloué aux écrivains anglophones. Je ne sais pas si c'est aussi le cas pour les francophones, mais les livres ne seront pas achetés.

Le sénateur Seidman : Cela dit, nous n'avons pas besoin de parler des médias et de leur rôle à ce moment-ci, parce que nous en avons déjà entendu parler et nous en avons discuté. En ce moment, je m'intéresse davantage aux écoles et à ce que nous pourrions faire pour aider à créer, chez les jeunes, un sentiment d'appartenance communautaire, culturel et identitaire, parce que c'est là le cœur du problème.

Serait-il profitable ou serait-ce une bonne idée de créer un certain type d'initiative pour favoriser le développement d'une culture identitaire chez les jeunes? Si oui, que pourriez-vous proposer, par exemple, compte tenu de votre expertise dans votre domaine?

Mme Moser : Au cours de notre exposé, nous avons brièvement parlé d'un programme qui est déjà mis en œuvre et qui s'appelle Writers in the Community, dans le cadre duquel, en général, nous envoyons des écrivains faire des ateliers d'écriture avec des jeunes à risque, mais nous créons des ateliers pour quiconque en fait la demande, pourvu que nous puissions nous rendre auprès d'eux. Nous avons aussi nos programmes Writers in the Schools et Writers in the CEGEPs. Si nous avons les ressources nécessaires, les possibilités sont infinies. Toutefois, nous avons déjà plusieurs programmes qui fonctionnent, mais nous ne sommes pas en mesure d'en créer d'autres pour répondre aux besoins.

Le sénateur Seidman : Pardonnez-moi. J'aurais dû dire que la seconde partie de la question consiste, lorsque vous nous aurez expliqué ce qui, à votre avis, pourrait donner des résultats, à vous demander comment nous pouvons vous aider à optimiser les chances que cela se produise. Je pense que vous nous avez déjà donné la réponse à la première partie de la question; vous répondez maintenant à la seconde partie.

Mme Moser : La question des déplacements est importante, et comme Mme Schubert l'a mentionné, les ressources constituent un problème de taille pour nous. Nous accomplissons déjà beaucoup plus avec les ressources dont nous disposons qu'on pourrait l'imaginer. On doit en grande partie ce tour de force à Mme Schubert. Toutefois, c'est également attribuable au fait que nous comptons des membres très engagés, de nombreux bénévoles et de merveilleux partenaires communautaires. Ce ne sont pas la bonne volonté et le désir qui manquent, et les gens s'investiront dans n'importe quels bons projets. Plus particulièrement, il ne nous faut que ces deux éléments : avoir la capacité de nous rendre dans les collectivités plus éloignées et accroître nos ressources.

Mme Needles : Pour la QDF, il y a deux éléments. Tout d'abord, la QDF travaille déjà en partenariat avec Canadian Parents for French, CPF. Nos jeunes artistes, nos diplômés des écoles de théâtre enseignent le français aux enfants dans les garderies par l'entremise du théâtre. Ce projet pilote a connu un immense succès l'an dernier; d'une durée de 12 séances, l'initiative a été une véritable réussite. Comme 25 écoles réclament maintenant le projet, nous avons augmenté le nombre d'animateurs à 10 équipes de deux.

Ce projet va de pair avec ce que j'ai mentionné précédemment au sujet des CAC, les centres d'apprentissage communautaires partout dans la province. Il y a là l'avantage du réseau de vidéoconférence pour nous aider à mettre en œuvre la deuxième phase, qui consiste à offrir aux régions l'accès à la culture. Des artistes professionnels de Montréal enseignent par l'entremise du réseau de vidéoconférence comment créer des œuvres et faire de la régie de plateau, de la mise en scène, des voix, de la danse, et cetera.

Ce qui importe ici, c'est la question financière. Il faut de l'argent pour organiser ces vidéoconférences, qui coûtent en moyenne 500 $ l'heure. D'où provient cet argent? Les collectivités n'ont pas ces fonds, et certainement pas plus que les artistes de la QDF et nous. Nous avons besoin d'un mécanisme pour faciliter la mise en œuvre.

Les CAC et le réseau de vidéoconférence prennent de l'expansion — on compte maintenant 28 écoles de langue anglaise à l'heure actuelle, et je crois savoir qu'on en ajoute d'autres. Ce réseau sera extrêmement important car il a déjà changé le visage de l'apprentissage à distance, ce qui comprend l'apprentissage des arts, de la culture et du patrimoine. Il faut injecter de l'argent pour la deuxième phase.

Le sénateur Seidman : Merci beaucoup. Pourrions-nous poursuivre avec M. Childs?

M. Childs : Nous devons adopter une vision plus large lorsque nous collaborons avec le ministère et tentons de représenter les artistes. De façon générale, nous travaillons actuellement à des initiatives dans les disciplines précises. Nous devons collaborer avec nos musiciens pour les amener à s'engager auprès des écoles. Nous avons entamé des discussions pour tenter de rassembler des musiciens des quatre coins du pays, d'organiser et de renforcer les ressources parmi les musiciens, et d'établir la liaison avec les écoles et les commissions scolaires. C'est notre rôle pour ce qui est de jeter des ponts. En ce qui concerne les ressources des organismes eux-mêmes, Mme Schubert a mentionné qu'il s'agit d'une question de savoir combien de projets nous pouvons entreprendre à un moment donné.

M. Duncan : Ce que je n'ai pas mentionné plus tôt et que je tiens à souligner, c'est que le même ministère qui s'occupe de la condition féminine appuie peu nos journaux locaux parce que par définition, ils sont à but non lucratif. Un programme existe au sein du ministère des Communications, mais nous rend inaccessibles. Nous publions quelques journaux à but non lucratif. The Gaspé Spec en est un, qui a un conseil d'administration, de même que le Townships Sun. Toutefois, par pure définition, nous nous trouvons ici aussi dans une zone mal définie. Nous sollicitons l'appui du fédéral car le soutien financier fait parfois défaut.

Nous devons nous assurer que les journaux à circulation contrôlée peuvent accéder à des programmes importants car ils n'ont certainement pas accès à ce programme provincial. Nous voulons voir nos médias continuer de desservir ces collectivités. À cause d'un manque de ressources, nous ne pouvons pas perdre plus de journaux et le contenu des éditoriaux ne peut pas en souffrir. Il n'y a pas que le Québec qui est confronté à ce problème. Toutefois, il est amplifié dans notre cas. On ne peut pas obtenir des renseignements au sujet de la collectivité étant donné qu'il n'y a qu'une seule personne pour couvrir ces énormes régions géographiques. Il doit bien y avoir une meilleure façon, plus particulièrement en modifiant légèrement les programmes actuels.

M. Agombar : Je pense que votre question avait trait à des suggestions précises, pour lesquelles nous pourrions tous fournir une foule de réponses. Bon nombre des questions étaient très générales. La question nous ramène à l'argument que vous avez fait valoir au départ au sujet des mots-clés qui ont été évoqués tout au long de la semaine. L'identité et la survie sont des questions clés qui ont été soulevées cette semaine dans le récit de vos expériences. Étant originaire des Maritimes, je sais qu'il est difficile pour quelqu'un qui se trouve à bord d'un bateau qui coule d'enlever l'eau et de ramer en même temps. Je pense que bien des réponses émanaient de ce thème. Des programmes existent, mais un grand nombre de ces organismes font bien plus que leur juste part en abattant une quantité démesurée de travail qui engendre d'énormes effets, et ce, avec bien peu de moyens. Bon nombre des réponses s'inscrivaient dans la même lignée que l'argument que vous avez initialement invoqué, à savoir que l'identité et la survie sont des questions cruciales pour nous.

Le sénateur Seidman : En effet, et je vous remercie énormément de cette intervention.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci, madame la présidente. Je vais avoir deux questions absolument différentes l'une de l'autre. La première est la suivante : je vois que, pour vous, la culture et les arts sont extrêmement importants. Je me demandais si c'était le fait des anglophones, qui sont le plus cultivés. Selon vous, quelle place les arts et la culture occupent-ils au sein des communautés anglophones du Québec? Je demande cela par rapport aux sports ou à tout autre domaine.

Mme Needles : Je peux vous répondre, madame. Il y a des statistiques là-dessus de Statistique Canada. Il y a deux ans, la valeur des arts et de la culture dans le PIB au Québec occupait la troisième place; la quatrième au Canada. Au Québec, le sport vient en neuvième place; au Canada en douzième. L'agriculture et la foresterie sont les deux premiers secteurs, mais les arts et la culture sont troisièmes et quatrièmes en importance. Ça c'est une chose.

D'après Richard Florida et Jane Jacobs : un centre urbain fort c'est un centre au cœur duquel se trouvent la culture et les arts. L'activité commerciale, les affaires et les investissements s'épanouissent dans une ville, qui est très forte dans les arts, la culture et le patrimoine.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Je vous remercie beaucoup. Ma toute dernière question sera brève, mais elle a aussi son importance. J'aimerais que vous nous donniez, chacun dans votre domaine, un exemple de belle réussite dans le secteur des arts et de la culture — un ou plusieurs exemples que vous avez en tête.

Mme Moser : Je peux commencer. Je peux vous dire que la communauté des écrivains et écrivaines anglophones a fait des contributions énormes à la culture, aux arts, au Canada et, en fait, dans le monde. Nous revendiquons Yann Martel, qui est montréalais d'origine; il y a Miguel Syjuco, qui demeure à Montréal et qui vient de publier son livre Ilustrado, qui a été gagnant du prix Man Asia. Il y a Rawi Hage, qui est libanais d'origine, qui parle arabe et français à la maison, mais qui écrit ses livres en anglais et qui a gagné le Dublin IMPAC Award. Ce sont juste trois exemples de Canadiens, de Québécois anglophones, qui ont réussi à l'échelle mondiale. Et on en a beaucoup d'autres.

Mme Needles : Je peux vous citer, par exemple, le nombre de compagnies anglophones — nous en avions 23 en 1995 — qui sont maintenant membres du QDF, il y en a 65. Et je sais que plus de 80 ou 90 des compagnies anglophones au total — pas toutes sont membres de QDF — sont très fortes, très importantes, et cela nourrit la situation culturelle ici à Montréal et au Québec.

Je cite aussi, comme Patrick l'a mentionné tout à l'heure, le lancement qu'on a fait pour notre Theatre calendar. On attendait peut-être 50 personnes, on en a eu 175; ils étaient assis sur le plancher, sur les coussins, dans le couloir, c'était incroyable. Ça, c'est une réussite.

Nous sommes vraiment une communauté très forte et j'en suis très fière.

[Traduction]

M. Childs : J'ai deux exemples, dont un est précis : nous avons lancé un programme de mentorat avec de brillants artistes, où nous avons fait un échange. Un jury d'artistes talentueux a sélectionné un artiste pour se rendre dans une communauté choisie, en l'occurrence les Cantons de l'Est. Cet artiste chevronné de Montréal a passé trois mois dans les Cantons de l'Est pour s'adonner à son art, animer des ateliers et travailler avec des artistes locaux. Les artistes ont échangé des idées et des méthodes de travail. Nous en sommes maintenant à la deuxième phase du programme, où un artiste de cette région a été choisi pour passer trois mois à Montréal. La communauté collabore avec cette personne pour que les artistes dialoguent au sujet de leurs œuvres, de leurs expériences et de leurs expositions.

Ce programme a eu d'énormes répercussions sur les Cantons de l'Est. Il avait pour priorité de réunir un grand nombre d'artistes de talent pour qu'ils travaillent ensemble et échangent leurs idées. Ils se connaissaient, mais ils n'avaient jamais vraiment eu l'occasion d'échanger des idées au sujet de l'art et de la création d'œuvres d'art. La même chose est en train de se faire à Montréal avec l'artiste des Cantons de l'Est. C'est une occasion qu'ELAN espère peut- être offrir à un musicien d'une autre région en tant que programme de mentorat. Il s'agit là de l'exemple précis.

L'exemple général, c'est qu'ELAN a évolué pour devenir l'organisme solide qu'il est aujourd'hui en seulement cinq ans, ce qui fait ressortir la nécessité dans la communauté et montre aussi l'engagement de la communauté à être autosuffisante et à se débrouiller par elle-même.

[Français]

M. Duncan : Pour notre part, il y a plusieurs années, nous avons établi un programme de « better recognition », comme un grand prix des hebdos; c'est notre Academy Award pour les hebdos du Québec anglophone.

[Traduction]

Cela donne à nos journaux un esprit communautaire et crée une concurrence plus forte.

[Français]

C'est un de nos programmes qui est un grand succès, qui donne vraiment un sens de communauté.

[Traduction]

Il reconnaît également l'excellence en journalisme.

[Français]

Deuxième chose, et c'est pas mal récent, on travaille beaucoup avec l'Association de la presse autochtone, et de plus en plus avec l'alliance des radios, Working Titles, l'alliance des médias minoritaires, IMM.

[Traduction]

Vous en entendrez fort probablement parler, et je suis certain que mes collègues à l'Association de la presse francophone, l'APF, et à l'Alliance des radios communautaires du Canada, l'ARC, vous parleront également. Nous fournirons enfin des statistiques qui se font attendre depuis déjà longtemps sur l'incidence des médias de langue officielle minoritaire, des médias communautaires, et ce, à l'échelle pancanadienne. Nous en sommes ravis. Elles nous parviendront sous peu. Nous avons appris que la collaboration peut être très positive, alors ce sont là des exemples de réussite.

[Français]

Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci beaucoup.

La présidente : Je vais ajouter cinq minutes supplémentaires. Nous avons déjà dépassé le temps prévu de dix minutes, mais il nous faut entendre tout le monde et deux autres sénateurs ont des questions à poser. Nous avons le sénateur De Bané, et la dernière question sera posée par le sénateur Fraser.

[Traduction]

Le sénateur De Bané : Au nombre des réussites, vous auriez pu mentionner les trois livres des auteurs du Québec qui ont paru dans la critique littéraire du numéro du New York Times du 13 juin.

Pour la Quebec Drama Federation, vous nous dites que les entreprises continuent de créer et de produire leurs propres spectacles dans leurs salons et leurs sous-sol, qu'il n'y a pas de locaux à bureaux ni d'espace de création, que la salle de spectacle doit être réservée des années à l'avance et qu'Emploi-Québec ne se rend pas compte de la valeur des artistes anglophones.

Je suis heureux que vous ayez cité les propos de Jane Jacobs et de Richard Florida sur l'importance de la culture. Toutefois, vous avez ensuite parlé d'un sujet auquel nous ne réfléchissons pas suffisamment à Ottawa, à savoir que la contribution au PIB du secteur des arts et de la culture s'élève à 84 millions de dollars par année, ce qui est supérieur à la contribution de l'agriculture, du secteur minier, des pêches et de la foresterie mis ensemble.

Vous ne savez peut-être pas qu'au Sénat, nous avons des comités sur la foresterie, les pêches, les transports, et cetera, mais nous n'avons pas de comité sur la culture, comme l'ont mentionné M. Florida et Mme Jacobs.

Il se trouve que dans le cadre de l'étude des langues officielles minoritaires, nous traitons avec vos différents groupes — écrivains, dramaturges, un réseau d'artistes et ainsi de suite — et vous avez évidemment des contacts dans les communautés d'artistes et d'écrivains de partout au pays. Vous devriez envisager de recommander aux députés et aux sénateurs la mise sur pied d'un comité parlementaire sur la culture à la Chambre des communes et au Sénat, puisqu'il n'en existe pas.

Nous avons un bon nombre de comités parlementaires qui traitent de questions importantes, mais la culture n'en fait pas partie. Récemment, nous avons eu l'occasion d'étudier le rendement de CBC, ou de la Société Radio-Canada, mais c'était par l'entremise d'un autre comité qui se penchait sur les finances nationales. Il s'agit de la plus importante institution culturelle au pays, mais nous avons dû l'étudier dans un comité qui traite essentiellement de finances. Compte tenu de l'importance de la culture, comme vous dites, nous devrions avoir un comité sur la culture.

En ce qui concerne la question que les écrivains anglophones ont soulevée au sujet du fait que leurs homologues francophones en Ontario ont reçu 25 000 $, c'est un point sur lequel nous devrons nous pencher. Si vous avez présenté cette demande, pourquoi n'avez-vous pas reçu le même montant?

Mme Schubert : Nous n'en avons pas fait la demande. Je ne veux pas vous induire en erreur. Nous avons demandé et reçu une subvention de 25 000 $.

Le sénateur De Bané : Pour terminer, monsieur Childs, vous nous dites que votre grand projet appelé State of the Arts réunira les partenaires et englobera des arts du spectacle, de la musique, du théâtre, de la danse, et cetera; ce sera une activité d'envergure qui donnera la possibilité de faire connaître tout le pays. Est-ce que ce n'est qu'un rêve ou y travaillez-vous?

M. Childs : Nous y travaillons. Le projet se concrétisera, absolument.

Le sénateur De Bané : Pouvez-vous nous dire quelques mots à cet égard? C'est censé être un grand projet.

M. Childs : Oui, c'en est un. Nous avons déjà entamé les pourparlers avec les différents ministères et partenaires fédéraux que nous mobilisons. Nous avons déjà tenu deux réunions avec des représentants des bureaux régionaux et nationaux et nous avons convenu d'une liste de ministères fédéraux qui peuvent nous aider à proposer le partenariat, à parvenir à des ententes et à obtenir l'appui de la communauté artistique anglophone. Le processus est en cours. Un groupe de personnes ont été regroupées pour la discussion préliminaire sur la production en soi, la soirée, donc les travaux vont bon train. Nous avons fait des demandes de financement pour le projet. Nous avons reçu des commentaires positifs du bureau : le projet est perçu d'un bon œil et tout semble indiquer que nous devrions pouvoir obtenir le financement. Nous sommes très encouragés, et le projet va bel et bien se réaliser.

[Français]

Mme Needles : Juste un petit ajout, sénateur De Bané. La Conférence canadienne des arts sera ravie d'entendre ce que vous avez demandé, car c'est ce qu'ils cherchent depuis des années.

Le sénateur De Bané : Merci.

[Traduction]

Le sénateur Fraser : En ce qui concerne les succès, le sénateur Seidman est probablement au courant, mais je ne sais pas si mes collègues connaissent un autre domaine dans lequel les artistes anglophones montréalais ont connu un grand succès sur la scène internationale au cours des dernières années, et je fais allusion à la musique rock. Je ne me risquerai pas à nommer les groupes. Toutefois, il s'agit d'une autre preuve que les jeunes gens d'ici sont aussi créatifs et accomplissent des choses et réussissent.

Cependant, ma question concernait les journaux et l'aide que nous pouvons apporter. Cela vient rejoindre le point du sénateur Seidman. L'une des choses auxquelles je pense est le résultat de ce cercle vicieux. Vous avez moins de revenus; donc vous avez moins de journalistes et de couverture médiatique, ce qui entraîne une diminution du nombre de lecteurs, de publicités, de revenus, et le cycle recommence.

Est-il possible d'offrir des mesures incitatives, peut-être des crédits d'impôt remboursables ou quelque chose du genre, pour engager des journalistes? Si vous aviez plus de journalistes, seriez-vous en mesure de publier leurs articles?

M. Bakoyannis : L'impression et la distribution sont des coûts importants pour un journal, mais pas les salaires. Si nous avons plus d'articles, nous aurons besoin de plus de pages. Si nous avons plus de pages mais pas plus de publicités, cela ne fonctionnera tout simplement pas. Cela aiderait, mais ce ne serait pas la réponse au problème. À mon avis, la solution se trouve dans les quelques simples mesures dont nous avons déjà parlé et qui aideraient vraiment l'industrie des journaux.

Premièrement, assurons-nous que les gouvernements provinciaux et fédéral n'achètent des espaces publicitaires que dans des journaux accrédités et membres d'associations respectées. Deuxièmement, modifions la réglementation pour permettre aux journaux à distribution gratuite d'avoir accès à l'argent des programmes, comme le Fonds du Canada pour les périodiques. Troisièmement, bien entendu, le gouvernement fédéral devrait examiner ses habitudes en matière de dépenses publicitaires. Ce que M. Duncan vous a montré ce matin en serait un bon exemple : la publicité qui a été publiée dans un seul journal au Québec. Nous ne nous sommes pas vraiment penchés sur le sujet. Nous avons fait quelques appels, mais personne ne nous a rappelés. Nous pensons qu'aucun autre journal n'a publié cette publicité, sauf le quotidien montréalais. C'est un exemple probant de ce qui se passe.

Ces mesures sont prioritaires. Bien entendu, notre industrie verrait d'un très bon œil votre suggestion. Évidemment, nous ne la rejetterions pas.

M. Duncan : Nous sommes inquiets de la dégradation de la qualité du contenu, parce que c'est encore le contenu qui importe. Tout repose sur le contenu, y compris ce qui se trouve en ligne. Comment croyez-vous que la SRC trouve ses sujets si elle n'a pas de journaliste dans les régions? L'information provient de sources locales.

Oui, tout à fait, cela nous intéresse, parce que nous payons encore la note pour la nouvelle génération. Si on en enlève 90 p. 100, il ne reste plus rien en ligne; il n'y a plus rien à rassembler.

M. Goddard : Sénateur Fraser, au sujet de votre commentaire sur la musique émergente à Montréal, je voudrais revenir à la question des salles de spectacles. Il y a très peu de financement disponible pour les différents types de salles de spectacles : les salles pour la musique, la danse, le théâtre ou, idéalement, les salles qui peuvent accueillir les trois. Les musiciens, les danseurs et les acteurs ont très peu de scènes sur lesquelles se produire.

La présidente : J'aimerais vous dire à tous que nous sommes très satisfaits de cette séance. Tout comme la semaine dernière, nous en avons appris beaucoup. Je voudrais vous assurer que nous recevrons la documentation que vous avez remise et que vous ferez parvenir à la greffière. Nous devrons tous la lire d'ici notre prochaine séance.

Notre travail est loin d'être terminé, parce qu'à notre retour à Ottawa, il nous reste encore quelques témoins à rencontrer au sujet de la communauté anglophone au Québec. Par la suite, nous rédigerons un rapport assorti de recommandations auquel le gouvernement devrait répondre, si tout va bien, d'ici la fin novembre. Cela étant dit, si vous avez oublié de nous communiquer des renseignements, n'hésitez pas à les envoyer à notre greffière. Je vous remercie tous beaucoup d'être venus ici aujourd'hui.

(La séance est levée.)


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