Délibérations du Sous-comité des Anciens combattants
Fascicule 4 - Témoignages du 4 avril 2012
OTTAWA, le mercredi 4 avril 2012
Le Sous-comité des anciens combattants du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui, à 12 h 3, pour une étude sur les services et les prestations dispensés aux membres des Forces canadiennes; aux anciens combattants; aux membres et anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada et leurs familles (sujet : Transition à la vie civile).
Le sénateur Donald Neil Plett (vice-président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le vice-président : Honorables sénateurs, je déclare la séance ouverte. Je suis le sénateur Don Plett, et j'assume la vice- présidence du comité.
Le comité poursuit son étude sur la transition à la vie civile des anciens combattants. Aujourd'hui, nous recevons des témoins du programme canadien Du régiment aux bâtiments et du programme américain Helmets to Hardhats. Nous présenterons un aperçu et discuterons des programmes d'emploi, des services et du soutien que leurs organisations offrent aux anciens combattants pendant et après leur transition à la vie civile.
Nous entendrons donc, par vidéoconférence, M. Darrell Roberts, directeur exécutif, qui nous parlera du programme américain, ainsi que M. Christopher Smillie, conseiller principal, Relations gouvernementales et affaires publiques, Département des métiers de la construction, qui nous parlera du programme canadien. Je vous remercie tous les deux de comparaître devant le comité et je vous invite à faire vos exposés, qui seront suivis par une séance de questions. Nous allons commencer avec M. Smillie.
Christopher Smillie, conseiller principal, Relations gouvernementales et affaires publiques, Département des métiers de la construction, Du régiment aux bâtiments : Bonjour, monsieur le président, et chers membres du comité et invités. Je vous remercie de l'invitation de vous adresser la parole aujourd'hui dans le cadre de votre étude. J'espère que mes observations vous aideront dans vos démarches.
Nous sommes le Bureau canadien du Département des métiers de la construction. Nous représentons environ 500 000 gens de métier qualifiés dans chacune des provinces et des territoires par l'entremise de 14 syndicats en construction internationaux. Aujourd'hui, je serai plutôt bref, et j'espère que le temps économisé pourra servir à répondre à vos questions et à parler des éléments qui vous intéressent.
Le programme Du régiment aux bâtiments au Canada est un outil de ressources humaines important et gratuit pour les corps de métier ainsi que pour nos entrepreneurs partenaires de l'industrie. C'est une initiative à laquelle collaborent l'industrie, le gouvernement et les Forces canadiennes. C'est le genre de partenariat public-privé qui donnera des résultats tangibles pour l'industrie de la construction et pour, nous l'espérons, les membres des Forces canadiennes qui font la transition à la vie civile, les réservistes actifs et les anciens combattants handicapés.
Le programme au Canada se veut le reflet du type de personnes qui constituent nos forces militaires. La plupart des corps de métier militaires de la construction s'harmonisent assez bien avec les corps de métier civils. Si vous êtes monteur de conduites de vapeur dans l'armée, vos qualifications sont très semblables à celles requises par l'industrie au Canada. Dans d'autres métiers militaires, vos qualifications dans les Forces canadiennes font en sorte que vous êtes soit partiellement ou presque entièrement qualifié pour obtenir le titre de compagnon dans le secteur industriel.
Par exemple, un ingénieur ayant déjà conduit de l'équipement lourd peut le faire pour nous. Un soldat des corps de blindés qui conduit des véhicules blindés peut, avec un peu d'aide, faire la transition à la machinerie lourde dans le secteur de la construction.
Les membres des corps du génie de la marine disposent également de qualifications ressemblant de près à celles du secteur de la construction. Nous espérons être en mesure de formuler un tableau d'équivalence des capacités qui puisse tenir compte de ces qualifications, mais cela fait partie du développement du programme à long terme. Pour bon nombre d'officiers et de sous-officiers supérieurs, leurs qualifications peuvent également être transférées à des métiers de la vie civile. Un ingénieur est un ingénieur et un officier de la logistique est capable de gérer une chaîne d'approvisionnements, qu'il s'agisse de carburant et de munitions ou bien de conduites et de raccords de tuyauterie pour un projet. Nous ne visons pas uniquement à permettre la transition des gens de métier des Forces canadiennes, mais également à faire en sorte que des cadres supérieurs puissent obtenir des postes de gestion auprès de nos entrepreneurs.
Je vais vous donner un peu de contexte afin que vous puissiez savoir pourquoi l'industrie de la construction a un besoin crucial de personnes hautement qualifiées. Le Conseil sectoriel de la construction prévoit que, d'ici 2017, il faudra combler près de 320 000 postes en raison du vieillissement de la population et des départs à la retraite. Étant donné le nombre relativement peu élevé du personnel des Forces canadiennes qui effectue une transition à la vie civile — d'après ma recherche initiale, il y en a environ 5 000 par année — cela signifie qu'il y a une véritable possibilité de faire en sorte que ces hommes et ces femmes puissent réussir leur transition.
Dans nos organisations, nous avons des relations avec des employeurs de la construction de petite et de grande taille. Notre objectif pour ce qui est de l'initiative Du régiment aux bâtiments est de trouver de bons emplois, bien rémunérés, à autant de personnes que possible. Nous avons besoin de superviseurs, d'ingénieurs et de gestionnaires, comme je l'ai mentionné. Nous essaierons de trouver du travail à toutes ces personnes.
Nous souhaitons également attirer à notre industrie des réservistes en service. Bon nombre d'entre eux sont actuellement à l'école. Dans le cadre du processus de négociation, nous avons convenu avec nos partenaires employeurs d'un bout à l'autre du pays d'une généreuse politique de congé pour service militaire afin de tenir compte de leurs années de service. Même sans l'établissement d'un système officiel, pour ainsi dire, nous avons réussi à miser sur nos relations avec diverses bases militaires canadiennes.
L'annonce récente qui a été faite avec le premier ministre Harper en janvier visait à reconnaître le besoin d'entreprendre des actions plus précises. Les chaudiéristes d'Edmonton ont embauché un certain nombre de soudeurs de la BFC Edmonton; les chantiers navals de la Colombie-Britannique ont travaillé avec des membres de la BFC Esquimalt; et à Toronto, des tuyauteurs ont permis à un certain nombre de membres de la BFC Toronto de faire la transition à la vie civile. Le programme sera allégé, fonctionnel et réaliste.
Petite mise à jour côté opérationnel, nous nous employons actuellement à embaucher un directeur exécutif. Les entrevues auront en fait lieu la semaine prochaine. Nous sommes sur le point de lancer des initiatives de communication conjointes avec Anciens Combattants Canada, le Programme d'aide à la transition, qui relève d'Anciens Combattants Canada et du ministère de la Défense, pour faire en sorte que nous ciblons les bonnes personnes qui prendront congé des forces armées au cours des prochains mois et des prochaines années. Nous espérons pouvoir offrir des postes à ces personnes qui font la transition à la vie civile.
Une de nos premières étapes consistera à mettre sur pied un site web, qui permettra aux militaires d'accéder aux possibilités qui sont offertes, peu importe où ils se trouvent dans le monde, que ce soit en Afghanistan ou ailleurs. Une demande de propositions a été lancée pour le portail Web, et les soumissions sont en train d'être évaluées. Nous visons à ce que ce portail fonctionne d'ici au troisième trimestre de cette année et qu'il soit en opération d'ici novembre.
Nous sommes également en mode recrutement, puisque nous cherchons à ce que davantage de partenaires propriétaires et entrepreneurs se joignent à TransCanada. Voici un peu de contexte : TransCanada est l'un des principaux employeurs en Amérique du Nord, et cette entreprise a fait un don de un million de dollars sur cinq ans pour cette initiative. Le gouvernement de l'Alberta a versé un financement équivalent à celui offert par le gouvernement du Canada par l'entremise du ministère des Anciens Combattants. Je pense qu'il s'agit du Fonds de partenariat d'action communautaire d'Anciens Combattants Canada.
Nous cherchons donc à recruter d'autres propriétaires et entrepreneurs pour se joindre à nous dans cette initiative. Nous sommes également les hôtes d'un gala qui aura lieu à Toronto le 23 mai en vue de recueillir des fonds, et nos partenaires entrepreneurs qui font tout le travail des systèmes internes, y compris les charpentiers, les poseurs de cloisons sèches, entre autres, et leurs entrepreneurs partenaires se joindront également à nous.
Ce programme a été lancé officiellement dans le cadre d'une annonce faite par le premier ministre au Centre de formation des chaudiéristes à Edmonton le 6 janvier. Ce centre figure parmi les 350 centres de formation dont nous disposons d'un bout à l'autre du Canada. C'est un secret bien gardé pour lequel les syndicats de la construction dépensent environ un quart de milliard de dollars annuellement pour assurer la formation dans l'industrie. Nous assurons la maintenance de l'infrastructure de formation, qui a une valeur d'environ 600 millions de dollars.
Nous sommes le plus important prestateur de formation du secteur privé au Canada, tout juste derrière le gouvernement. Une bonne partie de la formation initiale que recevront les anciens militaires, et c'est ce dont vous voulez entendre parler, sera donnée dans ces installations. Ces installations sont maintenues grâce aux cotisations des membres des syndicats et non pas à partir de fonds obtenus du gouvernement. Nous finançons notre formation avec nos partenaires employeurs par l'entremise de fonds en fiducie des syndicats.
Ce programme permettra aux anciens combattants qui effectueront la transition d'obtenir une carrière dans l'une des industries les plus dynamiques du Canada. Il ne s'agit pas de professions peu spécialisées ou de métiers inférieurs mais plutôt de métiers hautement spécialisés et bien rémunérés, et de carrières stimulantes.
Soit dit en passant, j'aurais dû devenir électricien plutôt que d'étudier les sciences politiques à l'université. Ainsi, à l'heure actuelle, je ne conduirais peut-être pas une Honda Civic.
Il ne s'agit pas de petits emplois, mais plutôt de carrières dynamiques et d'emplois bien rémunérés qui offrent des avantages sociaux exceptionnels pour les militaires. Étant donné tout ce qu'ils ont fait pour nous, c'est le moins que notre industrie puisse faire pour eux.
En résumé, j'aimerais faire des liens avec d'autres initiatives sur lesquelles nous travaillons et je terminerai là-dessus. Le programme est un bon exemple de la façon dont le Département des métiers de la construction travaille en partenariat avec divers ordres de gouvernement, nos entrepreneurs et d'importants propriétaires dans le secteur énergétique. Récemment, à Ottawa, il y a eu des discussions dans les médias et à la Chambre des communes sur la façon dont les syndicats dépensent leur argent, sur des questions de reddition de comptes et de transparence liées à un projet de loi d'initiative privée, le projet de loi C-377.
Cette discussion liée au projet de loi C-377 a été lancée par nos concurrents commerciaux. Ces concurrents veulent que nous rendions nos livres publics afin qu'ils puissent nous assommer à la table des négociations, ou peut-être pensent-ils, à tort, que nous sommes partisans ou des ennemis politiques. Je puis vous assurer que les syndicats des métiers de la construction sont des partenaires avec le gouvernement dans les projets entourant les sables bitumineux et qu'ils collaborent de près avec les producteurs des sables bitumineux. En outre, 45 p. 100 de nos membres à l'échelle nationale travaillent dans des secteurs liés de près ou de loin à l'industrie pétrolière et gazière.
Saviez-vous que les syndicats des métiers de la construction étaient en faveur de la réalisation du projet Keystone pour faire en sorte que les Canadiens et les Albertains puissent continuer de jouir d'un secteur de l'emploi florissant? Saviez-vous que nous sommes en faveur des réformes réglementaires que le ministre Oliver et le premier ministre Harper vantent d'un bout à l'autre du Canada? Nous travaillons bien ensemble depuis 2006.
Pourquoi risquer, avec l'adoption du projet de loi C-377, d'endommager cette relation essentielle avec nos organisations par des mesures insignifiantes et musclées? Lorsque je songe au programme Du régiment aux bâtiments, je ne peux trouver un meilleur exemple de la façon dont nous investissons l'argent de nos membres dans des initiatives positives. Et il semblerait que le Cabinet du premier ministre et le ministère des Anciens Combattants étaient d'accord avec nous en janvier.
Voilà ce que j'avais à dire. Il existe un programme parallèle aux États-Unis pour les anciens combattants depuis un certain moment. C'est un programme mûr. Je suis très heureux que vous ayez demandé à M. Roberts de vous parler de ce programme. Il sera là par vidéoconférence, et j'espère qu'il pourra vous donner un bon aperçu du programme aux États- Unis.
Le vice-président : Merci, monsieur Smillie. Monsieur Roberts, je vous souhaite la bienvenue. Vous avez la parole.
Darrell Roberts, directeur exécutif, Helmets to Hardhats (États-Unis) : Je remercie le Sous-comité des anciens combattants. Je veux vous féliciter pour le travail que vous faites en examinant les enjeux de transition auxquels font face les anciens combattants au Canada.
Le programme Helmets to Hardhats a vu le jour il y a neuf ans. Il s'agissait d'un projet conjoint patronal-syndical. Des représentants des travailleurs et du patronat se sont réunis à l'initiative du patronat. Il s'agissait de différentes associations et d'entrepreneurs, allant de l'Association of Union Constructors, en passant par la NECA, qui est l'Association nationale des entrepreneurs électriciens, et la SMWIA, qui représente les tôliers. De nombreuses associations ont participé à cette initiative, ainsi que les différents départements des métiers de la construction et leurs 13 organisations affiliées.
Les représentants des syndicats et du patronat ont discuté de la pénurie à laquelle nous ferons face en raison de cette immense perte de travailleurs qualifiés, comme l'a mentionné M. Smillie. Parallèlement, ils ont tenu des discussions avec un général de la marine à la retraite du Corps des Marines des États-Unis. Le général a parlé aux représentants des métiers de la construction, et ils ont discuté du taux élevé de chômage chez les anciens combattants. Les chiffres aux États-Unis étaient honteux. Un trop grand nombre d'anciens combattants se retrouvent sans travail lorsqu'ils rentrent au pays après avoir combattu dans des guerres et lorsqu'ils reviennent aux États-Unis après avoir terminé une mission.
C'est ainsi que le groupe patronal-syndical a mis sur pied le programme Helmets to Hardhats. Ce programme est supervisé par le Center for Military Recruitment Assessment and Veterans' Employment, qui est un organisme national sans but lucratif aux termes de la disposition 501(c)3. Le programme a été lancé en 2003. Un site web a également été mis sur pied. Tout comme au Canada, le personnel militaire ou de la réserve sera en mesure de voir quels emplois de qualité leur sont offerts.
Ces emplois seront affichés par des directeurs ayant suivi un apprentissage. Ces stages de formation en apprentissage peuvent durer de trois à cinq ans, ainsi, si vous faites partie des forces militaires et que vous n'avez pas d'expérience antérieure dans la conduite de machinerie lourde ou en tant qu'électricien ou plombier, vous pourriez être accepté dans le cadre de l'un de ces stages de formation, de sorte que dans une période de trois ou cinq ans, vous obtenez votre permis de maître. Il s'agit d'emplois de qualité, qui se poursuivent pendant que vous recevez votre formation et que vous allez en classe.
Aux États-Unis, pendant que les membres des forces armées suivent leur cours d'apprentissage, ils reçoivent, ou peuvent recevoir, également des prestations aux termes du projet de loi Montgomery GI.
En partenariat avec nos membres gestionnaires, il pourrait également y avoir d'autres postes de bureau offerts. Nous avons un partenariat avec Disney. Cette entreprise a eu recours à nous pour embaucher certains de leurs cadres ou de leurs employés de bureau. Nous avons également un partenariat avec des entreprises de service public, et récemment, des marines ayant une cote de sécurité de niveau secret et de l'expérience en matière de sécurité nucléaire ont trouvé de l'emploi dans des centrales électriques ici aux États-Unis. Les anciens combattants peuvent travailler dans toute une panoplie de secteurs. Nous mettons à leur disposition un site web et un numéro sans frais pour ceux et celles qui n'ont pas accès à Internet. Si les anciens combattants ont déjà quitté les forces armées, il se peut qu'ils n'aient pas d'ordinateur à la maison. Ils peuvent donc nous joindre grâce au numéro de téléphone sans frais, et nous pourrons alors leur offrir de l'aide puisque nous agissons comme mentors et conseillers. Il arrive que les anciens combattants nous consultent et qu'ils ne soient pas au courant des emplois qui se trouvent près de chez eux. Nous établirons des liens avec des intervenants dans ces régions grâce à nos relations d'affaires, ou bien nous communiquerons avec nos directeurs régionaux qui se trouvent répartis dans l'ensemble des États-Unis.
Les directeurs régionaux sont des intervenants de première main. Ils se rendent dans des installations militaires et mettent sur pied des partenariats à l'échelle locale. Ils peuvent se rendre dans une base de la marine, de l'aviation ou du Corps des Marines et ils renseignent les membres sur les carrières qui se trouvent dans ces régions, en plus de leur signaler qu'ils n'ont peut-être pas besoin de formation préalable pour occuper ces postes. Ils travaillent pour faire en sorte que des membres des forces en service actif puissent faire la transition de leur vie militaire à leur vie civile.
Est-ce que je parle trop lentement ou est-ce à la bonne vitesse?
Le vice-président : C'est très bien. Merci beaucoup.
M. Roberts : Nous avons constaté, au cours des neuf dernières années, que la transition du service actif à la vie civile peut être traumatisante pour certains anciens combattants. Ils ont de la difficulté à comprendre comment leur formation militaire peut leur permettre de faire cette transition à une carrière civile, et bon nombre d'entre eux ne sont pas conscients des compétences générales qu'ils ont acquises : ponctualité, compréhension d'une chaîne de commandement, respect, honneur, non consommation de drogues en service actif, obtention d'une cote de sécurité, capacité d'assumer un rôle de commandement et réalisation de missions.
Bien souvent, ces qualités ne se transfèrent pas bien lorsque l'ancien combattant quitte les forces armées, et nous constatons qu'il faut les aider à comprendre qu'ils possèdent ces compétences générales et leur montrer comment ils peuvent être un atout dans la vie civile. Grâce au programme Helmets to Hardhats, nous faisons en sorte d'assurer une transition sans heurt. Puisqu'il s'agit d'un programme national, des employeurs de qualité et des prestataires de stages d'apprentissage de qualité pourront recruter les meilleurs candidats au sein de la population, c'est-à-dire les hommes et les femmes qui se sont portés volontaires pour servir et protéger leur pays. Parallèlement, nous estimons que, dans une grande mesure, le personnel militaire pourra trouver des emplois qui lui permettra de réaliser ses rêves, peu importe de quoi il s'agit, et que ces personnes pourront bien gagner leur vie. Il s'agit d'emplois offrant de bons avantages sociaux.
En 2007, nous avons mis sur pied un programme pour soldats blessés conjointement avec le programme Helmets to Hardhats pour faire en sorte que nos anciens combattants ayant subi des blessures soient également ciblés par nos programmes et qu'ils sachent également qu'il existe des emplois de qualité pour eux. De façon générale, en 2011, nous pouvons dire que nous avons contribué à 568 transitions fructueuses. Ce chiffre est un peu moins élevé que nos statistiques habituelles, puisque nous contribuons ordinairement à la réalisation de 1 500 à 1 900 transitions par année. Des 568 transitions réussies en 2011, 53 étaient liées à des soldats blessés, ce qui correspond à un taux de près de 30 p. 100. Ces soldats ont été blessés en service actif pour notre pays.
Le programme a permis à nos anciens combattants de trouver ces emplois. L'un de nos objectifs nationaux consiste à intervenir auprès des soldats lorsqu'ils sont toujours en service actif. Nous avons constaté que si l'ancien combattant entame sa transition sans disposer des connaissances nécessaires et qu'il commence en fait sa vie de civil, il est plus difficile de le joindre et plus coûteux de lui transmettre l'information sur les possibilités de carrière. Si nous pouvons joindre le soldat tandis qu'il est toujours en service actif, nous obtenons un meilleur taux de transition réussie. Cela permet aux soldats de traiter l'information que nous lui donnons, à un moment où il n'a pas à se soucier de l'endroit où il prendra son prochain repas ou du loyer à payer.
Les différents conseils de métiers répartis d'un bout à l'autre des États-Unis ont été très ouverts et utiles à cet égard. Il s'agit des conseils des métiers de la construction et ils se trouvent dans différentes régions. Ils accueillent à bras ouverts les anciens combattants et les membres du personnel militaire en service actif sur le point d'entamer leur transition. Des employeurs m'ont répété maintes et maintes fois, d'un bout à l'autre des États-Unis, que s'ils pouvaient trouver 10 autres anciens combattants comme celui qu'ils ont embauché, ils les embaucheraient tous.
Les États-Unis font face à des taux de chômage et de pertes d'emploi très élevés dans le domaine de la construction en raison de la situation économique actuelle, mais cela n'empêche pas nos partenaires de tendre la main aux anciens combattants pour leur donner une chance de devenir membres de leur corps de métiers ou de leur entreprise. Nous avons constaté, au cours des neuf dernières années, que les anciens combattants ayant réussi leur transition affichent en fait un taux d'achèvement des stages d'apprentissage de trois et de cinq ans qui est plus élevé que pour les autres groupes. Nous ne disposons pas de chiffres exacts, mais nous nous employons à établir une étude pour les recueillir. Nous savons que, par rapport aux autres groupes, les anciens combattants ont une transition plus facile dans les corps de métier et les entreprises, qu'ils sont plus susceptibles de rester, d'apprendre pendant tout le temps qu'ils sont sur place et de terminer leur apprentissage.
Dans différentes parties des États-Unis, nous constatons que nous avons peut-être davantage de succès en fonction de certaines bases militaires. Par exemple, pour ce qui est de la marine, les taux de transition sont plus élevés. En d'autres mots, si j'étais soudeur dans la marine, je serais beaucoup plus qualifié pour occuper un poste de soudeur auprès des tuyauteurs ou de tout autre corps de métier. Toutefois, nous constations que la plupart des anciens combattants proviennent des rangs de l'infanterie et qu'ils ont différents antécédents. Nous ne savons pas si cela découle du fait qu'ils ont la possibilité d'aller à l'école pour apprendre un métier ou bien si c'est parce qu'ils sont prêts au changement. Ce n'est pas clair, mais c'est ce que semblent démontrer les données.
En terminant, ce programme a été très fructueux aux États-Unis. Dans une certaine mesure, il a servi de modèle pour de nombreux autres programmes, que ce soit dans le secteur des mines, de la fabrication automobile, ou bien auprès d'entrepreneurs privés qui sont venus nous voir pour savoir comment faire pour travailler avec un plus grand nombre d'anciens combattants, de membres des forces en service actif et avec des entreprises de services publics.
Je n'ai pas à le signaler à un Sous-comité des anciens combattants, car vous connaissez très bien les enjeux liés à la transition puisque vous étudiez cette question pour les anciens combattants canadiens. Comme M. Smillie l'a dit, c'est le moins que l'on puisse faire pour les hommes et les femmes qui ont servi vaillamment pour assurer la protection de leur pays; nous voulons que les employeurs constatent les avantages qu'il y a à embaucher ces employés qualifiés et nous voulons que nos anciens combattants sachent qu'ils peuvent avoir un excellent emploi et une vie bien remplie dans la société civile. C'est essentiellement ce que j'avais à dire. Si vous avez des questions, je serais heureux d'y répondre, et merci de votre temps.
Le vice-président : Merci beaucoup, monsieur Roberts. À votre instar, je veux mentionner l'excellence de ces programmes. C'est le moins que nous puissions faire pour nos hommes et nos femmes en uniforme. En effet, il s'agit d'une situation gagnante pour les membres de nos forces armées qui nous ont si bien servis, ainsi que pour l'industrie.
Merci de ces exposés. Nous passons maintenant à la période de questions, et nous allons commencer avec le sénateur Nolin.
Le sénateur Nolin : Merci à vous deux d'avoir accepté notre invitation de comparaître cet après-midi.
Je vais essentiellement adresser mes questions à M. Roberts puisque son programme existe depuis neuf ans. Vous avez mentionné beaucoup de choses, monsieur, mais j'ai tout de même quelques questions. D'abord, depuis combien de temps êtes-vous le directeur exécutif du programme?
M. Roberts : En 2007, j'ai assumé la direction du programme national. Auparavant, j'ai dirigé pendant 18 mois le programme dans l'État de la Pennsylvanie.
Le sénateur Nolin : Un programme semblable?
M. Roberts : C'était un programme très semblable. Je ne travaillais qu'avec les anciens combattants de la Pennsylvanie, et les emplois ne se situaient qu'en Pennsylvanie.
Le sénateur Nolin : Vous avez beaucoup d'expérience dans la transition.
Ma première question est plutôt terre à terre. Comment les employeurs profitent-ils de ce programme?
M. Roberts : Eh bien, d'abord et avant tout, les employeurs peuvent avoir accès aux anciens combattants. Bon nombre de nos entrepreneurs sont installés dans un État particulier. La taille de leur entreprise peut être petite ou très grande et, même s'ils ont des activités à l'échelle nationale, nous constatons qu'ils sont peu nombreux à avoir un programme d'information visant les militaires. Dans une certaine mesure, il faut parler aux responsables des ressources humaines de l'entreprise et leur dire : « Voici les avantages d'embaucher des anciens combattants. Aimeriez-vous que vos employés soient ponctuels? Aimeriez-vous qu'ils comprennent la chaîne de commandement et la façon dont fonctionne votre entreprise? » Ensuite, par notre entremise, ils ont accès à ces personnes. Autrement dit, nous nous rendons sur une base militaire si nous participons à un salon de l'emploi dans la région, et nous invitons les entrepreneurs à nous accompagner pour qu'ils puissent rencontrer les anciens combattants. Dans bien des cas, c'est la première fois que les entrepreneurs ont accès à des membres des forces armées. S'ils n'ont jamais été membres des forces armées ou qu'ils n'ont jamais bien compris de quoi il s'agissait, il arrive que cela les surprenne, mais ainsi, ils ont accès aux militaires.
Le sénateur Nolin : Cela m'amène à ma deuxième question. Quels défis avez-vous dû relever dans le cadre du programme pour trouver des partenaires du secteur privé? Vous venez d'en mentionner un, mais est-ce le principal défi que vous affrontez? Quels défis devez-vous relever pour trouver ces partenaires?
M. Roberts : Aux États-Unis, notre programme de transition — c'est-à-dire, notre travail avec le personnel militaire en transition — est en train de changer. Le programme est en train de se modifier. Le fait de se pencher sur le taux de chômage pour nos anciens combattants est un pas important vers la reconnaissance qu'il faut modifier le programme, et nous le faisons.
Notre plus grand défi a été de communiquer non seulement avec les anciens combattants mais aussi avec les entrepreneurs. C'est un effort constant que de communiquer avec les différents entrepreneurs et de leur dire : « Voici les compétences. Si vous travaillez avec le programme, voici ce que vous pouvez attirer, voici le genre d'employés que vous pouvez attirer et voici les compétences. »
Un gestionnaire des ressources humaines peut changer et la description du programme que vous avez fournie au personnel des ressources humaines au sein de l'entreprise devra peut-être être présentée de nouveau. Du côté militaire, le défi est sensiblement le même. Au cours de l'année qui s'en vient, environ 250 000 employés militaires seront en transition. Il s'agit d'un défi énorme de communiquer avec les forces armées et de leur vendre ces carrières. C'est un jeu d'équilibre, car il faut tenir les entrepreneurs au courant et s'assurer qu'ils veulent de nouveaux employés, et en même temps, il faut tenir les forces armées qui changent constamment au courant de ces carrières de qualité et il faut pouvoir leur vendre ces carrières.
Voici nos deux plus grands défis, c'est-à-dire communiquer constamment dans les deux sens.
Le sénateur Nolin : Merci, monsieur.
M. Roberts : Merci, monsieur.
Le vice-président : Nous allons maintenant entendre le sénateur Mitchell, suivi du sénateur Di Nino.
Le sénateur Mitchell : Merci, messieurs, de vos exposés intéressants.
Je voulais dire à M. Smillie que conduire une Honda est bon pour l'environnement. Ne soyez pas déçu.
Ma question s'adresse à vous deux, mais elle m'est venue à l'esprit lorsque notre témoin des États-Unis s'est servi d'une expression neutre en anglais qui veut dire compagnon ou compagne d'apprentissage. C'est très inspirant et cela témoigne de votre approche en ce qui a trait à ce problème. J'aimerais savoir si les femmes, au sein des forces armées, sorties des forces armées, à la retraite ou en transition, font face à des problèmes particuliers. Est-ce qu'elles font face à des obstacles ou des défis en particulier? Vos programmes tiennent-ils compte de ces problèmes?
Et la question qui en découle serait celle-ci : les femmes sont-elles plus enclines à demander votre aide que les hommes?
M. Roberts : Les anciennes combattantes font face à des problèmes différents. Les études démontrent qu'une femme est moins portée, d'abord, à s'identifier comme étant une ex-militaire. C'est un problème parmi tous nos anciens combattants, mais il semble que les femmes sont moins portées à dire pendant une entrevue ou ailleurs qu'elles ont servi au sein des forces armées. C'est un obstacle auquel nous faisons face.
Deuxièmement, il n'y a pas plus de femmes, proportionnellement parlant, qui demandent notre aide que d'hommes. C'est une chose sur laquelle nous nous penchons. Par exemple, nous nous apprêtons à travailler avec un programme qui s'appelle Women Veterans Rock aux États-Unis. Il s'agit d'un programme qui cible les anciennes combattantes en transition. Nous voulons nous assurer qu'elles peuvent songer à tous les métiers et toutes les carrières. Il n'y a pas un métier ou une carrière de bureau qui semble attirer plus de femmes que d'hommes. Nous essayons d'avoir une approche neutre. En d'autres mots, si une entreprise communique avec nous et dit : « Pouvez-vous nous envoyer seulement des anciennes combattantes? », je leur dis non. Vous pouvez afficher un poste et dire « Nous demandons aux femmes de postuler », mais pour le programme Helmets to Hardhats, ils sont tous des anciens combattants.
Les postes que nous ouvrons sont accessibles tant aux hommes qu'aux femmes, sans égard au sexe. Dans nos études, nous n'avons pas vu de métier qu'on préfère par rapport à un autre. Nous trouvons qu'il y en a moins qu'on aurait voulu et cette année, nous nous efforçons de faire augmenter ces chiffres. Les métiers eux-mêmes en feront beaucoup dans ce domaine. Cette année, il y aura la septième ou la huitième conférence sur les femmes dans la construction en Californie. Nous y serons pour parler de nos anciennes combattantes et des questions liées à la transition auxquelles elles font face. Cependant, dire que le chiffre est plus élevé, non, ce n'est pas le cas.
M. Smillie : Sénateur Mitchell, vous avez soulevé une bonne question. Au cœur même de cette question, il y a le fait qu'au sein de l'industrie de la construction, nous avons un problème avec la participation de groupes non traditionnels dans nos métiers. Nous n'avons pas une grande présence de femmes qui poursuivent une carrière dans les métiers qualifiés au Canada. Je crois que notre taux de pénétration est entre 2 et 3 p. 100 dans l'industrie en général. Monsieur Roberts a mis le doigt sur le problème, dans le sens que nous tentons de changer cela.
Avec ce programme, nous espérons avoir l'occasion d'en faire la promotion et de faire des progrès dans ce domaine.
Nous avons effectué un sondage national auprès de nos membres sur le taux de pénétration, homme-femme. C'est nettement inférieur à ce que nous voudrions.
Pour votre gouverne, le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre a effectué une étude l'année passée sur la présence des femmes dans les professions non traditionnelles. Je vous suggère de demander à la greffière de mettre la main sur les constats de cette étude. Il y avait des points vraiment très intéressants pour ce qui est des défis pour attirer des groupes non traditionnels dans l'industrie de la construction, et aussi les Autochtones. C'est vraiment une belle occasion d'engager des Autochtones. Il y a des entrepreneurs en Alberta avec qui nous travaillons qui sont ce qu'on appelle des entrepreneurs autochtones. Ce sont les genres de groupes que nous arrivons à contrôler et à cibler un peu mieux dans notre industrie. Je vous assure que TransCanada et certains de nos entrepreneurs sont intéressés à embaucher des locaux, surtout Enbridge, étant donné certains des territoires et certaines des régions dans lesquels ils fonctionnent.
Au Canada, nous allons tenter de contrôler cela un peu mieux dans l'avenir, mais il s'agit d'un problème institutionnel dans notre industrie.
Le sénateur Mitchell : Merci.
M. Roberts : Si vous me permettez de dire encore une chose, nous avons un des métiers en particulier qui a communiqué avec nous : les menuisiers. Ils déploient un maximum d'effort, comme le font tous les métiers, pour ce qui est d'attirer des femmes. Ils ont effectué une étude à l'interne et ils ont trouvé que les anciennes combattantes, comme je l'ai dit plus tôt, resteront, termineront le processus et deviendront en effet des compagnes d'apprentissage. Ils ont trouvé qu'ils ont un taux de succès énorme avec les anciennes combattantes et je pense que ça nous en dit long.
Le vice-président : Puis-je faire un commentaire, sénateur, avant que vous ne posiez votre prochaine question à ce sujet?
J'ai eu des liens avec l'industrie de la construction toute ma vie, et je sais que le pourcentage de femmes au sein de l'industrie a toujours été très bas. Néanmoins, monsieur Smillie, je sais que vous avez mentionné le travail dans l'industrie pétrolière et gazière. J'étais à Fort McMurray il y a quelques années, et j'ai vu les camions gigantesques qu'ils ont là-bas pour transporter le matériel. Je pense qu'il y avait plus de femmes que d'hommes qui conduisaient ces énormes camions, donc elles sont évidemment intéressées dans certains domaines.
Le sénateur Mitchell : Cela démontre à quel point la société albertaine est à l'avant-garde.
M. Smillie : De l'Alberta.
Le sénateur Mitchell : Oui, de l'Alberta.
Je ne sais pas s'il s'agit d'une question, mais c'est une observation. J'ai été surpris par ce qu'a dit M. Roberts — Monsieur Smillie, vous y avez fait allusion également — et l'idée d'informer les employeurs des avantages extraordinaires que présentent les anciens combattants comme employés. Vous avez énuméré plusieurs facteurs, comme la ponctualité, et ainsi de suite.
Lorsque j'étais plus jeune, j'ai été particulièrement frappé par le fait que les seuls endroits où on pouvait vraiment obtenir une formation en leadership dans la société, de façon précise, c'était dans les forces armées et peut-être dans certains corps policiers, et ainsi de suite. Je crois que c'est plus commun aujourd'hui, mais reste que l'une des compétences de base de quiconque ayant été dans les forces armées est la capacité de diriger. C'est évidemment très important dans l'industrie à tous les niveaux également. Je vous fais cette observation. Vous pouvez faire un commentaire si vous le voulez.
M. Smillie : Je peux faire un commentaire rapidement.
Dans la construction actuellement, le métier qui est le plus en demande, à part les soudeurs et les gens de métier, c'est celui de superviseur. Normalement, dans le domaine de la construction, la personne qui a le plus d'ancienneté sur le chantier ou dans la communauté devient contremaître. On peut aussi dire contremaîtresse, mais il faut dire que l'industrie est dominée par les hommes. Toutefois, si on introduit des leaders naturels dans nos organisations grâce à des programmes comme celui-ci, on pourra absolument combler des postes de superviseur dans les chantiers de construction.
Selon le Conseil sectoriel de la construction, le groupe qui fournit l'information sur le marché du travail, au-delà du besoin immédiat de soudeurs et d'électriciens, le prochain métier en demande est celui de leader ou superviseur, alors vous avez raison.
Le vice-président : Monsieur Roberts, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Roberts : Vous soulevez une excellente observation, monsieur.
Le sénateur Mitchell : Il s'agit davantage d'un commentaire que d'une question, mais j'étais aussi vraiment intéressé, monsieur Smillie, par ce que vous disiez sur la façon dont les métiers de la construction et les syndicats forment des partenariats. Comme nous sommes à l'époque de la politique et des débats « nous contre eux », je crois que c'est un argument très puissant et important. J'aimerais féliciter les gens de métier de la construction et autres à cet égard, et mettre l'accent sur ce phénomène également. Je crois que nous en prenons bonne note.
M. Smillie : Je vous remercie.
Le sénateur Di Nino : Je remercie le président et souhaite la bienvenue aux témoins.
Moi aussi, j'aimerais d'abord féliciter tout particulièrement nos frères américains pour ce qui est, selon moi, une façon extrêmement créative de contribuer à la réintégration des militaires lorsque cette carrière, pour une raison ou une autre, se termine.
En toute honnêteté, lorsque j'ai d'abord entendu parler de l'idée, je l'ai trouvée brillante. Je suis ravi que les Canadiens fassent de même.
L'industrie de la construction en particulier, comme on l'a déjà dit, a beaucoup de difficultés à attirer suffisamment de gens de métier, et je crois que la situation est vraie pour tous les métiers.
J'ai quelques questions. Je vais commencer par M. Smillie.
Je crois que vous avez dit que vous travaillez avec les divers métiers de l'industrie à ce projet. Dites-vous que pour participer, les militaires auraient à adhérer à un syndicat?
M. Smillie : C'est une bonne question. Ce n'est pas nécessaire. Toutefois, nos relations avec nos entrepreneurs sont fondées sur des conventions collectives. Si nos entrepreneurs embauchent ces gens, ils doivent devenir membres sur le chantier. Nous ne limitons pas le programme aux non syndiqués. Si des entrepreneurs non syndiqués veulent participer, nous aider et nous appuyer dans cette démarche, certainement, nous avons un engagement à cet égard. Toutefois, à mes yeux, il ne s'agit pas d'une question de syndicalisation.
Il s'agit de faire la bonne chose pour l'industrie et pour les anciens combattants. Syndicat ou non, c'est possible. On peut vous aider à faire la transition où que vous alliez. Au bout du compte, si un entrepreneur nous dit qu'il veut embaucher ces gens, nous allons nous occuper de leur transition. Ce programme l'emporte sur tout différend commercial au pays entre les syndiqués et les non-syndiqués. Pour l'instant, c'est vraiment la seule façon de procéder; si des entrepreneurs non syndiqués veulent se joindre à nous, nous les accueillerons.
Ce serait bien qu'ils contribuent au financement du programme également.
Le sénateur Di Nino : Je ne pensais pas vraiment au différend. Je pense en fait à l'exclusion potentielle d'un secteur de l'économie qui, pour une raison ou une autre, ne relève peut-être pas d'un syndicat.
M. Smillie : Oui.
Le sénateur Di Nino : J'ai de nombreux amis syndicalistes qui offrent des occasions. Si je vous ai bien compris, vous n'êtes qu'à l'étape embryonnaire du programme?
M. Smillie : Oui, monsieur.
Le sénateur Di Nino : Avez-vous établi des installations de formation ou travaillez-vous avec des organismes qui ont des installations de formation?
M. Smillie : Nous sommes le bureau canadien du Département des métiers de la construction, alors le programme fonctionnera à partir de notre bureau ici à Ottawa. Le programme aura accès aux quelque 400 centres de formation partout au Canada qui relèvent des métiers partout au pays. Les charpentiers offrent leurs centres de formation, tout comme les tuyauteurs. Vous pouvez examiner la liste des métiers représentés; leurs installations seront utilisées aux fins de ce programme. Des centres de formation qui coûtent des centaines de millions de dollars à construire, entretenir et faire fonctionner, voilà le genre de contribution en nature du Département des métiers pour préparer les gens.
Le sénateur Di Nino : Mon ami Joe Mancinelli dirige l'organisme Union internationale des journaliers d'Amérique du Nord, l'UIJAN, au Canada. L'organisme a un certain nombre de centres de formation partout au pays, surtout en Ontario. Il s'agit d'endroits où ces hommes et ces femmes pourraient être envoyés pour suivre une formation. Il en va de même pour Ucal Powell du Syndicat des charpentiers.
M. Smillie : Oui.
Le sénateur Di Nino : On offrirait de la formation aux hommes et aux femmes.
Ce sont tous des ateliers syndicaux, et c'est ce que je tentais de dire. Je ne suis pas préoccupé par ce phénomène, parce que ces deux hommes sont des amis à moi et je les respecte beaucoup.
Comment les ateliers non syndiqués participeraient-ils, s'ils le voulaient, s'ils passent tous par un atelier syndical, leur demandant d'adhérer?
M. Smillie : Il n'y a vraiment qu'une option sur le marché du travail. Il n'y a aucun centre de formation non syndiqué. De façon générale, les seuls endroits au Canada qui forment des gens de métier qualifiés sont les collèges communautaires et les centres de formation syndiqués. Il n'y a pas de centres de formation non syndiqués auxquels on pourrait envoyer ces gens; il n'en existe aucun. Je ne parlerais jamais en mauvais termes de ce secteur de l'économie, mais ces gens n'offrent pas de formation. Ils n'investissent pas dans les centres de formation comme le font les syndicats.
Le sénateur Di Nino : Avez-vous des partenariats avec des collèges communautaires?
M. Smillie : Absolument. Habituellement, les collèges communautaires offrent des programmes de pré-apprentissage, qui visent à préparer les gens. Je crois qu'on peut sauter cette étape avec les militaires et les amener directement à l'industrie. Je crois qu'on aurait tort de dire aux tuyauteurs de la marine qu'ils doivent d'abord fréquenter le collège communautaire. On veut les faire participer dans l'industrie immédiatement.
Si les collèges communautaires voulaient nous aider en absorbant le surplus, ou s'ils souhaitaient nous prêter leur infrastructure puisqu'ils offrent certains programmes de formation également, nous collaborerions sans hésitation avec eux.
Pour nombre de ces métiers, le Département des métiers de la construction est le seul à offrir des programmes d'études au niveau provincial. Par exemple, les conducteurs d'engins de construction d'Oakville ont le seul établissement en Ontario à offrir une formation pour les grutiers; il n'y en a aucune autre.
Voilà la situation.
Le sénateur Di Nino : J'ai une dernière question pour vous, puis une autre brève pour M. Roberts.
Est-ce que le coût de la formation est partagé entre divers échelons de gouvernement, ou entre le gouvernement fédéral et les corps de métier, ou n'y a-t-il qu'une seule source de financement?
M. Smillie : La formation que nous offrons dans tous nos centres est financée par l'entremise des conventions collectives. Elle est financée par les travailleurs et par les employeurs qui contribuent aux fonds en fiducie des syndicats. Ces fonds en fiducie administrent le programme de formation.
Lorsque le Département des métiers offre des programmes d'études à l'échelon provincial, le centre qui les offre reçoit du financement du gouvernement provincial. Sachez que le gouvernement fédéral a, quant à lui, investi directement dans le cadre du Programme d'infrastructure du savoir qui faisait partie du plan de relance.
Le sénateur Di Nino : Merci.
Monsieur Roberts, vous avez quelque 10 ans d'expérience. Quels obstacles avez-vous dû surmonter? Avez-vous cerné des problèmes à régler? Nous pourrions sans doute en tirer des enseignements.
M. Roberts : Je vous remercie de la question.
Au démarrage du programme, les partenariats que vous établirez sur le terrain avec le secteur de la défense et avec les bases d'où viendront les militaires en transition joueront un rôle primordial.
Au début de la mise en œuvre du programme Du régiment aux bâtiments au Canada, il importera tout d'abord d'expliquer les diverses carrières aux bases. Si je fais partie de la marine, quelles sont mes options, et quels sont les salaires? Il suffira ensuite de transmettre ces renseignements.
Une fois que cette connexion est établie avec les bases militaires et qu'elles font preuve d'enthousiasme, les résultats parleront d'eux-mêmes. À mesure que le personnel militaire effectuera sa transition et qu'il se dira ravi de l'aide obtenue et des choix de carrière effectués, vous avez franchi le premier obstacle et vous pourrez vous servir de ces exemples comme matériel de promotion.
Je crois qu'il s'agit là d'un des principaux obstacles.
Le sénateur Di Nino : Merci.
Certains de ceux que j'appelle nos héros nous reviennent avec des problèmes physiques ou mentaux. En tient-on compte dans le programme?
M. Roberts : Oui. Nous nous efforçons de faire en sorte que toutes nos activités, bien qu'elles ne soient pas destinées à un genre particulier ou même uniquement à des soldats blessés, soient neutres. Dans nos communications avec les soldats blessés, nous veillons à les informer des carrières qui s'offrent à eux, mais le choix leur revient. Nous évitons de dire : « Vous ne pouvez pas faire ceci à cause de cela. » Nous leur disons plutôt : « Voici des renseignements. Dites-nous comment vous souhaitez que nous procédions. Posez-nous les questions que vous jugez utiles. »
Par exemple, j'ai travaillé avec un homme de Pennsylvanie pendant quelque temps. Lorsqu'il se rendait à son entrevue, il m'a appelé sur la route, le dernier jour, alors qu'il conduisait. Il était nerveux, je m'en rendais bien compte. Il a dit : « Monsieur Roberts, il me manque le pied gauche. » Il voulait devenir électricien. Il a rapidement ajouté : « Je peux grimper à une échelle, je peux faire n'importe quoi. » Par conséquent, je lui ai répondu : « Eh bien, monsieur, c'est parfait, parce que cela n'aura aucune répercussion, quelle qu'elle soit, sur ce que vous ferez. » Il est maintenant électricien, il a du travail et il réussit très bien.
Qu'il s'agisse d'un cas de stress post-traumatique ou de traumatisme cérébral, nous permettons aux entrepreneurs, aux corps de métier et aux anciens combattants de se rencontrer et de se parler pour que ces derniers puissent déterminer quelle carrière leur convient le mieux.
Le sénateur Di Nino : Merci.
Le sénateur Day : Messieurs Roberts et Smillie, merci d'être avec nous. J'aimerais comprendre le fonctionnement de votre organisation. Monsieur Roberts, nous pourrions commencer par vous. Travaillez-vous pour le ministre de la Défense ou pour une autre organisation?
M. Roberts : Je travaille pour une autre organisation.
[problèmes techniques]
Le sénateur Day : Je ne sais pas si vous pouvez m'entendre monsieur Roberts, mais nous ne vous entendons plus.
Le vice-président : Je pense que lui aussi ne vous entend pas. Nous l'avons perdu. Pourquoi ne pas d'abord poser votre question à M. Smillie?
Le sénateur Day : Si M. Roberts revient, nous pourrons entendre sa réponse.
Nos notes d'information indiquent que le Center for Military Recruitment Assessment and Veterans' Employment a créé le concept. Puis, les corps de métier américains se sont mis de la partie et la FAT-CIO, dont nous avons entendu parler, est devenue l'un des plus grands parrains du programme. C'est un organisme à but non lucratif.
M. Smillie : C'est juste.
Le sénateur Day : C'est important; il s'agit d'une organisation à but non lucratif séparée. Qu'en est-il au Canada? Êtes-vous une organisation à but non lucratif indépendante?
M. Smillie : Je crois que vous cherchez à savoir comment nous nous finançons.
Le sénateur Day : Ce sera ma deuxième question. Avant de savoir comment vous vous financez, j'aimerais savoir qui vous êtes.
M. Smillie : Du régiment aux bâtiments a été créée à titre d'organisation à but non lucratif. Nous allons avoir un conseil d'administration composé d'entrepreneurs et de dirigeants de corps de métier de la construction. Pour nos débuts, pour des raisons pratiques et pour simplifier les choses, nous établirons une relation avec les métiers du bâtiment du Canada. Je crois que le directeur exécutif sera dans le bureau à côté du mien. Cela fait partie de l'apport des corps de métier du bâtiment au système. Cependant, nous serons réellement une organisation à but non lucratif.
Je peux tout de suite répondre à votre deuxième question : Notre financement a été établi pour les trois premières années. TransCanada Corporation nous a donné 1 million de dollars. Le gouvernement du Canada nous a donné 150 000 $, et le gouvernement de l'Alberta a égalé l'apport du gouvernement fédéral. Au niveau national, nous faisons une collecte de fonds spéciale auprès des employés du secteur. Nous demandons à chacun de nos membres de faire un don unique de 2 $. Ce sera notre contribution...
Le vice-président : Monsieur Smillie, je vous interromps pour m'assurer que M. Roberts sache que nous pouvons l'entendre à nouveau. Pouvez-vous nous entendre?
M. Roberts : Oui monsieur.
Le vice-président : Nous allons permettre à M. Smillie de terminer de répondre. Nous n'avons pu entendre la majeure partie de ce que vous disiez, alors veuillez reprendre votre réponse à la question du sénateur Day du début lorsque M. Smillie aura terminé.
M. Smillie : Il s'agit de la structure de financement de base. Nous allons nous adresser aux gens du milieu pour leur demander leur appui. Nous sommes une organisation à but non lucratif; nous allons exercer nos activités grâce aux dons des gouvernements et des membres de corps de métier, soit ceux qui vont travailler tous les jours.
Vous comprenez que ce processus est un peu plus long que si TransCanada nous faisait un chèque, mais nous projetons de procéder ainsi de façon viable. J'imagine que Du régiment aux bâtiments sera comme toute autre organisation à but non lucratif, c'est-à-dire qu'elle travaillera à ses politiques tout en s'assurant d'avoir du financement durable.
Le sénateur Day : Je poserai à M. Smillie une autre question, afin de mieux cerner la collecte de fonds et la manière dont ils se financent. Vous attendez-vous à percevoir des frais de chaque personne que vous aidez à se placer ou percevez-vous des frais de l'employeur que vous avez réussi à aider?
M. Smillie : Nous ne souhaitons pas fonctionner selon le régime de la rémunération à l'acte et les employeurs n'auront pas à payer Du régiment aux bâtiments Canada.
Le sénateur Day : Chaque employeur partenaire doit-il payer des frais pour devenir un partenaire?
M. Smillie : Nous nous arrangeons pour qu'ils puissent donner ou être commanditaires du programme s'ils souhaitent devenir les partenaires financiers. Nous ne nous limitons certainement pas à placer des gens uniquement dans des entreprises qui contribuent à notre programme.
Le sénateur Day : Monsieur Roberts, vous êtes de nouveau avec nous. Nous sommes heureux de pouvoir communiquer de nouveau avec vous.
M. Roberts : Je n'y suis pour rien, ça s'est juste remis à fonctionner.
Le sénateur Day : Nous vous entendons très bien. Pouvez-vous me parler un peu de la façon dont votre organisation a été créée? S'agit-il d'une initiative des syndicats ou d'une initiative du ministère de la Défense qui ont permis de mettre les choses sur pied et d'identifier différents syndicats susceptibles d'embaucher des militaires à la retraite?
M. Roberts : Pour répondre à votre première question, je ne sais si vous avez bien pu entendre la première fois, mais je ne suis pas un employé du ministre de la Défense nationale. Je suis un employé d'une organisation sans but lucratif.
Au début du programme, en 2002, lorsqu'on a commencé à en parler, le financement et le concept provenaient initialement d'un ancien combattant et des métiers de la construction. Ils se sont ensuite adressés à leurs différents partenaires. Le ministère de la Défense en est devenu un. Les différents syndicats étaient à la table de négociation dès le début. Ils ont mis à profit leurs partenaires en gestion qui ont tous collaboré. Ce n'est pas ce que le MDN a cherché à faire au départ. Bien qu'il s'agisse de partenaires de qualité à l'heure actuelle, il ne s'agissait, au début, que des syndicats de la construction et de leurs partenaires de gestion qui collaboraient avec un ancien combattant impliqué.
Le sénateur Day : Nous pouvons apprendre beaucoup choses de vous en ce qui a trait à cette initiative. Au Canada, la Nouvelle Charte des anciens combattants a le mandat de faciliter la transition. Ils ont des bureaux dans l'ensemble du pays qui informent les militaires qui sont sur le point de devenir des anciens combattants. Dans votre cas, il semble que vous ayez des représentants qui se rendent sur les bases militaires pour faire ce qu'Anciens Combattants Canada devrait faire au pays. Ai-je bien compris?
M. Roberts : En partie. Nous avons des représentants ainsi que des bénévoles qui se rendent dans les bases. Nos représentants d'Anciens Combattants travaillent aussi auprès des anciens combattants une fois qu'ils ont quitté l'armée, et nous avons ensuite un programme d'aide à la transition composé de personnel civil qui collabore avec le personnel militaire en service actif sur le point de devenir des anciens combattants.
Du côté civil, si je suis membre du personnel de la marine en service actif, juste avant d'effectuer ma transition, un civil, du DOD, je pense, va venir me parler pour me dire à quoi m'attendre. Cette personne va me présenter les programmes d'Anciens Combattants. C'est normalement à ce moment qu'un ancien combattant ou un représentant du programme Helmets to Hardhats fait un exposé. Ce n'est qu'une fois la transition effectuée et lorsque l'on devient un ancien combattant qu'Anciens Combattants commence à travailler auprès d'eux.
Le sénateur Day : Nos représentants d'Anciens Combattants œuvrent auprès d'eux un peu avant cela afin de tenter de les préparer à la transition, en vertu de la Nouvelle Charte des anciens combattants. L'un des autres points qui a été soulevés par les représentants du ministère de la Défense et d'Anciens Combattants qui ont comparu devant le comité est qu'ils prévoient ce dont nous avons parlé ici relativement aux qualifications et ils tentent de s'assurer que les études et le travail que le personnel militaire effectue dans les forces armées leur donneront un niveau de qualification qui facilitera leur transition lorsqu'ils quitteront les forces armées, plutôt que d'avoir à dire que cet homme, qui était tuyauteur dans la marine, devra être formé pour répondre aux normes et aux qualifications exigées dans ce domaine dans le secteur privé. Offrez-vous ce type d'initiative afin de faciliter la transition? Après que vous m'aurez répondu, je demanderais à M. Smillie de faire part de ses observations.
M. Roberts : Oui, un tel processus est en place. Les différents métiers dans le secteur civil se sont efforcés de reconnaître la formation militaire préalable pour donner un coup de pouce aux anciens combattants. Si certaines méthodes de soudure permettent à un ancien combattant de faire la transition vers un niveau plus élevé d'apprentissage ou, dans certains cas, d'être dispensé d'apprentissage, cela est possible dans un grand nombre de métiers. Oui, ce processus est en place, et je dirais qu'il existe depuis presque toutes les neuf années d'existence du programme.
M. Smillie : C'est une excellente question. Au Canada, il existe, dans le secteur de la construction, le programme du Sceau rouge, visant à favoriser la mobilité. Par exemple, si vous êtes une personne de métier de l'Ontario et que vous détenez un permis, le programme Sceau rouge vous permet d'aller travailler en Alberta ou dans d'autres provinces. Les métiers dans les forces armées s'intègrent harmonieusement au programme du Sceau rouge ainsi qu'aux métiers qui existent dans l'économie. Je travaille toujours avec Anciens Combattants et le MDN afin de les intégrer parfaitement, mais notre intention est de faire correspondre les métiers des forces armées au programme du Sceau rouge. Par exemple, ce programme exige un certain nombre de milliers d'heures d'expérience. Il faut faire attention car les provinces sont responsables de l'émission des permis pour les métiers qualifiés. Le programme du Sceau rouge est un centre d'échange pour les métiers qualifiés au Canada. L'argument que je fais valoir auprès d'Anciens Combattants sera, est, et a été depuis les dernières années, depuis que nous tentons de mettre ce projet sur pied, que nous devons intégrer le programme du Sceau rouge aux métiers militaire à l'avance, afin que cette matrice soit prête en temps opportun.
Anciens Combattants sait qui va partir et quand ils vont partir, il serait donc intéressant d'intégrer les deux systèmes avant que les militaires quittent les forces armées, ou six mois avant leur départ. Ce genre de chose est essentiel dans un programme comme celui-ci.
Le pire cas qui pourrait se présenter, selon moi, c'est que quelqu'un quitte les forces armées, n'a jamais entendu parler de nous, et se présente au bureau du syndicat. On s'adresse ensuite aux gens de M. Mancinelli à Hamilton et personne n'en a entendu parler. Nous tentons d'organiser un système qui intègre le programme du Sceau rouge, les systèmes provinciaux d'émission de permis et les métiers militaires. Cela est plus facile du côté des militaires car il n'existe qu'une série de normes au sein des forces armées.
Au Canada, étant donné que les permis sont délivrés par les provinces, il règne une certaine confusion, mais le programme du Sceau rouge fonctionne très bien. Je sais qu'on ne peut pas utiliser d'accessoires en politique. Si vous avez le programme du Sceau rouge dans un endroit et les métiers militaires ailleurs, nous voulons pouvoir les aligner avant que les militaires quittent l'armée. Les entrepreneurs savent que le système fonctionne bien et que ces gens sont qualifiés. Ça ne fonctionnera pas s'ils se rendent sur le lieu de travail sans les qualifications ni les permis leur permettant de démontrer à l'employeur qu'ils sont en mesure d'effectuer leur tâche. C'est un aspect essentiel de ce que nous, le MDN, et Anciens Combattants, devons faire afin de s'assurer que ce programme permette une forme de reconnaissance dès le jour un.
Le vice-président : J'ai une question supplémentaire, mais je vais vous laisser terminer avant de la poser.
Le sénateur Day : Elle s'adresse principalement à M. Roberts, une fois encore. Vous avez piqué ma curiosité lorsque vous avez dit qu'il existait des programmes au niveau de l'état dans lesquels vous aviez travaillé qui étaient similaires à ce type de programme. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet et s'il existe d'autres programmes dans les États ou à l'échelon national, autres que les programmes du type Helmets to Hardhats, qui visent le même objectif, et qui n'émanent pas forcément du secteur des métiers qualifiés mais plutôt d'associations d'employeurs ou d'autres sources?
M. Roberts : Il existe un programme qui s'appelle Troops to Teachers, qui, je pense, existe depuis plus longtemps que le programme Helmets to Hardhats aux États-Unis, sinon depuis environ le même nombre d'années. Ce programme permet au militaire qui détient un diplôme universitaire dans certains domaines de faire la transition pour devenir enseignant dans le système d'écoles publiques aux États-Unis.
Il y a aussi un programme qui s'appelle Heroes to Health Care, qui s'adresse au personnel militaire certifié en médecine de combat ou en soins infirmiers dans les forces armées des États-Unis, afin de leur permettre d'effectuer un transfert vers des postes de technicien d'urgence médicale, et d'infirmières ou d'infirmiers au civil, et cetera. Il ne s'agit là que de quelques exemples.
Il existe un grand nombre de programmes qui tiennent compte de tout l'argent dépensé par le gouvernement pour former le personnel militaire et pour le certifier afin d'assurer une transition harmonieuse et permettre une reconnaissance de leur formation antérieure. Les programmes Troops to Teachers et Heroes to Health Care ne sont que deux exemples, mais différents entrepreneurs ont d'autres programmes, bien que ce soit à l'interne.
M. Smillie : Le seul qui me vient à l'esprit au Canada est Little Caesars, la chaîne de pizzeria. Je crois qu'ils offrent des possibilités de franchise aux anciens combattants. Je crois que des franchises sont disponibles à prix réduit. Je n'en suis pas certain, mais il faudrait vérifier auprès des responsables de Little Caesars.
Je pense aussi qu'il existe quelque chose à la Banque Royale du Canada. Si je me souviens bien, à l'époque où j'étais banquier, il se pourrait qu'ils aient un programme semblable à celui-ci, pour intégrer des gens à la communauté financière.
Le vice-président : Ma question vient compléter ce que les sénateurs Day et Di Nino ont dit. Le sénateur Di Nino a mentionné le fait que les syndicats et que nos programmes étaient un peu plus orientés vers le côté syndicat de l'industrie. Je voulais vous poser une question concernant le programme du Sceau rouge. J'ai un certificat du programme du Sceau rouge dans le secteur de la plomberie. Mon fils dirige une petite entreprise de plomberie. De par sa taille, cette entreprise ne peut pas faire de contribution financière importante, mais disons qu'elle souhaite embaucher quelqu'un qui soit un ancien combattant. Au Manitoba, on peut contester le programme. On peut passer un examen et contester le programme, même si on n'a pas toutes les heures nécessaires ou le certificat du programme du Sceau rouge.
En ce qui a trait au petit entrepreneur qui a besoin d'embaucher quelques plombiers et qui aimerait embaucher un ancien combattant, mais que l'entrepreneur ne fait pas partie du secteur, votre programme permettra-t-il de venir en aide aux petits entrepreneurs qui souhaitent s'acquitter de ce qu'ils considèrent être leur devoir pour venir en aide aux anciens combattants?
M. Smillie : S'ils se présentent comme un employeur désireux d'embaucher quelqu'un, absolument, nous ne refusons pas d'entreprises parce qu'elles sont trop petites. Comme vous l'aviez indiqué en ce qui a trait aux PCL et aux EllisDon de ce monde, il existe cinq ou six entrepreneurs principaux dans le domaine de la construction. Le reste de ce secteur est composé, comme vous l'avez dit, de petits sous-traitants qui, bien souvent, effectuent le travail eux-mêmes. Absolument, s'ils sont désireux d'embaucher des employés, c'est l'objectif du programme. La question transcende des considérations de taille de l'entreprise, ou de savoir si celle-ci a signé ou non une entente avec nous. C'est quelque chose que nous faisons car nous savons que c'est la bonne chose à faire.
C'est intéressant. Grâce à la publicité que nous avons tenté de générer en janvier autour de cette question, des entreprises nous ont déjà contactés pour nous dire, par exemple, nous sommes une entreprise de tôle du Manitoba ou Nouveau-Brunswick, je crois, qui souhaite participer et embaucher directement des gens. Nous ne refuserions pas des entreprises comme celles-ci.
Le vice-président : C'est extraordinaire. Dans votre exposé, monsieur Smillie, vous avez mentionné un certain nombre de personnes qui ont déjà été embauchées dans le secteur de la construction navale à Esquimalt. Les énormes contrats qui ont été accordés dans le secteur de la construction navale vont-ils bénéficier à ce programme de quelque manière que ce soit? Cherchez-vous activement à solliciter la participation des gens à cet endroit?
M. Smillie : Nous communiquons activement avec les entrepreneurs en construction navale, et il s'agit donc des chantiers navals d'Halifax, des Washington marine groups et des Irving de ce monde.
L'élément clé concerne les entrepreneurs qui effectueront le travail, et l'une des manières dont nous tentons d'y parvenir consiste à communiquer avec les propriétaires ou les gens qui achètent le produit final. S'ils suggèrent, dans leurs ententes commerciales, qu'ils aimeraient que leurs entrepreneurs s'efforcent d'embaucher des anciens combattants ou des participants non traditionnels, nous nous sommes aperçus que c'était une manière efficace, si, par exemple, une entreprise pétrolière X est dotée d'une politique interne selon laquelle elle doit embaucher 10 p. 100 d'Autochtones issus des marchés locaux. La construction navale est un énorme secteur pour la Nouvelle-Écosse, et il revient donc à Irving et aux entrepreneurs qui effectuent le travail de participer et d'exiger ce genre d'initiative sur leur site. Au final, ce sont eux qui décident qui travaille dans leur site. Bien entendu, nous collaborons avec les grands partenaires du secteur de la construction navale. Nous espérons bénéficier des retombées des 30 ou 40 milliards de dollars de contrats à venir dans ce secteur.
Le vice-président : Ma dernière question s'adresse à vous deux, et, une fois encore, vous nous avez fait d'excellents exposés. Il existe le programme Helmets to Hardhats aux États-Unis. Il jouit d'une bonne réputation et existe depuis neuf ans. Peut-on s'attendre à ce que vous deux, messieurs, et d'autres, collaboreront, et à ce que nous puissions tirer des enseignements des réussites et des échecs observés au sud de la frontière?
M. Smillie : M. Roberts m'aime certains jours et d'autres jours, non.
Le vice-président : C'est un peu pareil au Sénat.
M. Smillie : C'est exact. M. Roberts et moi nous connaissons bien. Vous pouvez être certain que nous mettrons à profit l'expérience acquise aux États-Unis pour que celle du Canada soit aussi bonne, voire meilleure, dans ce domaine. Nous avons la possibilité d'ouvrir une nouvelle page, ce qui est à l'avantage des anciens combattants, et non de quiconque en particulier.
Le vice-président : Merci.
Le sénateur Mitchell : J'aimerais revenir à votre réponse où vous avez utilisé des accessoires et que vous parliez d'intégration. Ce qui me frappe, c'est que ce processus serait complexe, difficile, exigerait beaucoup de temps et d'argent. Qui assume le coût de cela, pour que vous puissiez jouer votre rôle? Cela fait-il partie de votre budget, des fonds que vous recueillez, et pas de l'argent du gouvernement?
M. Smillie : Non. Avec l'initiative Du régiment aux bâtiments, c'est la première fois, depuis longtemps, que des fonds sont directement affectés à un programme, je pense que les libéraux avaient mis en place le Fonds d'infrastructure. C'est la première fois depuis longtemps que des fonds sont directement affectés aux métiers de la construction pour une initiative nationale.
Le vice-président : Messieurs, merci beaucoup de vos exposés. Vous nous avez appris beaucoup de choses, et bonne chance dans vos programmes.
(La séance est levée.)