Délibérations du Sous-comité des Anciens combattants
Fascicule 6 - Témoignages du 20 juin 2012
OTTAWA, le mercredi 20 juin 2012
Le Sous-comité des anciens combattants du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui, à 12 h 12, pour étudier les services et les prestations dispensés aux membres des Forces canadiennes; aux anciens combattants; aux membres et aux anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada et à leur famille.
Le sénateur Roméo Antonius Dallaire (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Bonjour et bienvenue. Nous poursuivons notre étude sur les services et les prestations dispensés aux membres des Forces canadiennes; aux anciens combattants; aux membres et aux anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada et à leur famille lorsqu'ils reviennent à la vie civile.
Il s'agit d'un exercice révélateur pour nous, et nous avons hâte d'entendre l'industrie nous dire directement comment elle perçoit son rôle dans cette situation.
Nous accueillons Karen Ritchie, directrice des Ressources humaines et de l'acquisition de talents pour Home Depot Canada. Merci d'avoir accepté notre invitation. Veuillez faire votre exposé.
Karen Ritchie, directrice, Ressources humaines et acquisition de talents, Home Depot Canada : Je tiens à vous remercier de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant votre comité. Nous avons à coeur le sort des anciens combattants, et nous espérons que notre contribution mettra en lumière les façons dont nous pouvons tous les aider à réussir leur transition entre leur carrière au sein des forces armées et un emploi enrichissant dans le secteur du commerce de détail pour des entreprises comme Home Depot.
Ensuite, j'aimerais personnellement louanger et remercier le président du comité de son service digne de mention au sein des forces armées. Merci d'avoir servi notre pays. Dans le monde entier, le nom de Roméo Dallaire est synonyme de dévouement envers la justice et la recherche de la paix. C'est un honneur de me présenter devant votre comité aujourd'hui.
Je vais commencer par vous donner quelques renseignements généraux sur Home Depot. Ensuite, je parlerai particulièrement de nos mesures pour embaucher des anciens combattants. Je serai brève, parce que j'espère qu'il restera suffisamment de temps pour les questions.
Comme certains d'entre vous le savent peut-être, Home Depot Canada est la filiale canadienne du plus important détaillant de rénovation au monde. Notre entreprise est cotée à la Bourse de New York et fait partie des indices Standard & Poor's 500 et Dow Jones 30 Industrial.
À l'échelle internationale, Home Depot emploie plus de 300 000 personnes dans 2 200 magasins. Au Canada, nous détenons 180 magasins et employons plus de 27 000 personnes dans l'ensemble des 10 provinces. Malheureusement, nous n'avons pas encore percé le marché des territoires.
Home Depot Canada s'adresse aux bricoleurs — il y en a peut-être dans la pièce —, ainsi qu'aux professionnels de la rénovation, de la construction et de l'entretien de bâtiment. En général, chaque magasin offre près de 40 000 articles de construction, fournitures de rénovation et produits de jardinage.
Grâce à la Fondation Home Depot Canada et au programme Équipe Depot, nous encourageons les associés à être actifs au sein de leur collectivité en organisant des projets, en collaboration avec des partenaires locaux et nationaux, et en y participant bénévolement. Tous les ans, les associés de Home Depot Canada consacrent bénévolement plus de 60 000 heures à des projets communautaires partout au pays. Nous croyons que tout le monde bénéficie de cette pratique, tant les collectivités dans lesquelles nous travaillons que nos associés, car elle leur donne un incroyable sentiment d'importance et d'accomplissement collectif.
Les projets auxquels nous nous associons varient grandement. Ils peuvent consister à rafraîchir la peinture dans un Club garçons et filles à Edmonton, à construire un centre d'aide en partenariat avec le conseil de la nation Ktunaxa à Cranbrook, en Colombie-Britannique, ou encore à collaborer avec Habitat pour l'humanité dans plusieurs collectivités du pays. En fait, Habitat pour l'humanité est notre partenaire caritatif le plus important, auquel nous avons donné plus de 4 millions de dollars en argent et en matériaux jusqu'à maintenant.
J'aimerais maintenant parler des mesures que nous prenons pour aider les anciens combattants à faire la transition vers un emploi à Home Depot. Depuis plusieurs années, nous tendons la main aux anciens combattants, ainsi qu'à leurs conjoints. Même si notre entreprise ne compte pas de programme de ressources humaines propres aux anciens combattants, nous nous y efforçons considérablement par l'entremise de processus de recrutement spécialisés. Chaque année en janvier, nous commençons le recrutement pour les postes saisonniers partout au Canada en vue du printemps, qui est notre saison la plus occupée en matière de volume de vente et d'embauche. En 2012, nous avons embauché près de 6 000 associés dans l'ensemble du pays. En tant qu'employeur de choix, Home Depot s'efforce d'attirer, d'embaucher et de conserver des employés hautement qualifiés et diversifiés qui sont le reflet des collectivités dans lesquelles nous offrons nos services. Nous avons un plan médiatique complet pour attirer les candidats dans nos magasins; nous mettons principalement l'accent sur les étudiants, les retraités, les candidats diversifiés et les militaires.
Nous plaçons beaucoup de publicité dans les journaux militaires des Forces canadiennes, qui sont lus chaque semaine par des milliers de membres des Forces canadiennes, ainsi que leur famille. Nous ciblons également le personnel militaire au moyen de Facebook et d'autres médias sociaux, et nous avons connu du succès avec des sites comme hirecanadianmilitary.com et hireamilitaryspouse.ca.
Au cours des 10 dernières années, bon nombre d'anciens combattants se sont joints à Home Depot pour occuper des postes administratifs ou des emplois en magasin. Il n'existe pas qu'un seul parcours professionnel. En magasin, certains associés libérés de l'armée travaillent pour Home Depot à temps partiel; d'autres sont là le soir et les fins de semaine tout en travaillant à temps plein pour l'armée, tandis que d'autres ont commencé leur carrière à la caisse et l'ont terminée à la tête d'un magasin. Dans nos bureaux de Toronto, certains anciens combattants occupent des postes de dirigeants, de hauts dirigeants et de directeurs généraux pour la chaîne d'approvisionnement, l'apprentissage, le commerce électronique et les TI.
Il nous est difficile de fournir le nombre exact d'anciens combattants que nous employons dans l'ensemble du Canada. Nous avons récemment lancé un système libre-service à l'intention des employés qui demande aux associés d'indiquer sur une base volontaire s'ils ont effectué leur service militaire au sein des forces régulières, s'ils ont déjà servi dans les forces de réserve ou s'ils servent actuellement dans les forces de réserve. C'est fait sur une base volontaire en raison des lois canadiennes en matière de protection des renseignements personnels. Par contre, nous savons que pour la période de janvier à juin 2012 nos publicités en ligne ont généré près de 13 000 clics vers nos pages d'offres d'emploi et que 95 candidats ont postulé pour un emploi. Ils venaient principalement de hirecanadianmilitary.com. Nous avons également une politique de congé pour service militaire à l'intention des associés qui pourraient devoir prendre congé pour remplir leurs engagements à titre de réservistes.
La présence d'anciens combattants au sein de notre équipe en magasin partout au Canada, ainsi que dans notre bureau de Toronto a été une expérience extrêmement positive pour Home Depot. L'énergie, l'expérience et le professionnalisme qu'ils apportent à notre équipe sont remarquables, tout comme les compétences et la formation dont ils font preuve dans leur travail. Nous espérons certainement continuer d'explorer des façons de maintenir nos efforts et de tabler sur ces derniers.
Sur ce, j'aimerais une fois de plus vous remercier et vous inviter à me poser vos questions.
Le président : Merci d'avoir été brève, madame Ritchie.
Le sénateur Plett : Madame Ritchie, je suis évidemment sensible à tout ce que vous avez dit. Il y a un Home Depot à quelques rues de chez moi. J'y vais bien entendu assez souvent.
Mme Ritchie : C'est excellent. Merci de nous faire confiance.
Le sénateur Plett : Vous avez remercié le président au début de votre exposé, et je crois que nous devons vous rendre la pareille pour ce que vous faites. J'aime bien entendu aller dans vos magasins. J'y dépense beaucoup d'argent, parce que j'achète régulièrement bien plus que seulement ce que j'étais venu chercher.
Aux États-Unis, vous avez lancé une initiative appelée « Opération Carrière au front », qui est axée principalement sur les anciens combattants. Vous avez embauché plus de 60 000 anciens combattants depuis 2004. Vous avez indiqué dans votre exposé qu'il est difficile de déterminer précisément combien d'anciens combattants vous employez. J'ai peut-être mal lu ou mal compris, mais avez-vous un programme conçu expressément pour cela? À mon sens, vous encouragez les anciens combattants à postuler. Ont-ils la priorité lorsqu'ils postulent? Avez-vous quoi que ce soit qui cible expressément les anciens combattants, par exemple une occasion prioritaire pour les anciens combattants handicapés? Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet, s'il vous plaît?
Mme Ritchie : Certainement. Nous organisons beaucoup de salons de l'emploi en magasin, en particulier dans les collectivités situées à proximité des bases. Nos directeurs locaux des ressources humaines font des démarches dans les bases avoisinantes et encouragent les gens à assister à nos salons de l'emploi. Comme je l'ai mentionné, nous les ciblons par divers moyens. Nous essayons de cibler les militaires en service ou à la retraite afin de les inciter à travailler pour nous.
Comme premier point d'entrée, si l'on veut, tous sont les bienvenus. Nous nous sommes toujours efforcés de nous assurer que les employés de nos magasins reflètent les collectivités dans lesquelles nous offrons nos services — militaires, étudiants, associés divers, et cetera. Il n'y a pas de priorité, mais nous déployons beaucoup d'efforts pour encourager les militaires à venir travailler pour nous. Nous avons beaucoup d'exemples de réussites. Parmi nos meilleurs associés, il y a d'anciens militaires. Nous avons des associés qui sont des militaires à la retraite et qui ont reçu notre prix du meilleur service à la clientèle. Nous savons que nos efforts de recrutement ont été couronnés de succès grâce aux témoignages des militaires formidables qui travaillent dans nos magasins.
Le sénateur Plett : Vous formez une compagnie, que ce soit au Canada ou aux États-Unis.
Mme Ritchie : Oui.
Le sénateur Plett : Ne serait-il pas relativement facile d'adopter au Canada une initiative semblable à celle de l'Opération Carrière au front? Y avez-vous réfléchi?
Mme Ritchie : Nous y avons réfléchi. Nous discutons fréquemment avec nos collègues américains afin de partager nos pratiques exemplaires; et nous nous servons de ce qu'ils font quand c'est possible. C'est l'un de leurs programmes. La Fondation Home Depot des États-Unis met particulièrement l'accent sur les services offerts aux anciens combattants américains également.
Toutefois, la situation est différente au Canada comparativement aux États-Unis, où deux millions d'Américains ont été déployés dans deux zones de guerre au cours de la dernière décennie. On ne peut comparer cela avec certaines initiatives canadiennes, mais nous nous servons assurément, quand nous le pouvons, des excellentes initiatives mises sur pied aux États-Unis pour les instaurer ici.
Le sénateur Plett : Vous avez dit que les anciens combattants peuvent indiquer sur une base volontaire qu'ils sont des anciens combattants.
Mme Ritchie : Oui.
Le sénateur Plett : Les anciens combattants hésitent-ils à fournir cette information? En avez-vous une idée?
Mme Ritchie : Je ne dirais pas qu'ils hésitent à le faire. Cependant, étant donné qu'il s'agit d'un programme relativement nouveau pour notre organisation, nous prévoyons certainement le relancer pour tous nos associés. Cela se fait sur une base volontaire pour tous les associés, en raison des lois sur la protection des renseignements personnels. Je ne peux vraiment pas dire que les anciens combattants sont réticents. Dans l'ensemble, puisque c'est une nouvelle initiative pour nous, bon nombre de nos associés hésitent un peu à fournir volontairement leurs renseignements personnels, si l'on veut. Nous prévoyons le relancer, car nous voulons être en mesure de déterminer le nombre de militaires en service et à la retraite qui travaillent pour nous, ainsi que recueillir des données sur les autres associés.
Le président : Madame Ritchie, pourquoi utilisez-vous toujours le terme « associés »? Je n'ai pas vu cela dans le document.
Mme Ritchie : Nous appelons nos employés des associés.
Le président : Possèdent-ils des actions dans la compagnie?
Le sénateur Nolin : Non.
Mme Ritchie : Non, mais ils peuvent en acheter, car nous avons un plan d'acquisition d'actions. Certains de nos associés en possèdent. C'est simplement un terme de référence interne.
Le président : Cela fait partie de la culture de l'entreprise.
Mme Ritchie : Oui. Nous les appelons nos associés plutôt que nos employés.
Le sénateur Nolin : J'aimerais revenir sur vos efforts pour déterminer le nombre d'employés ayant servi dans les forces armées. Je suis sûr que vous tenez un dossier pour chaque employé.
Mme Ritchie : Oui.
Le sénateur Nolin : Par exemple, si vous décidiez de m'embaucher ou d'embaucher le sénateur Day, vous compareriez mon expérience passée avec la sienne. Ne serait-il pas écrit quelque part que j'ai été militaire durant 10 ans ou qu'il l'a été durant 5 ans? Ce sont des renseignements personnels, mais la loi vous empêche seulement de divulguer publiquement le nom de la personne.
Toutefois, à des fins statistiques, je crois qu'il serait facile pour vous de dire : « Nous en avons 20 sur 6 000 personnes embauchées jusqu'à maintenant en 2012 ». Je suis sûr que vous pouvez déterminer assez facilement le nombre de vos employés qui ont une expérience militaire, n'est-ce pas?
Mme Ritchie : C'est vrai que ce serait écrit dans le curriculum vitae. En 2008, nous avons mis sur pied un système de suivi des candidats. Les personnes qui veulent un emploi à Home Depot peuvent postuler en ligne; nous avons donc une banque centrale de CV. Il nous faudrait le faire de façon manuelle. Il nous faudrait sortir les noms des 6 000 associés, puis leur CV, et les recouper ensuite pour vérifier qui a déjà servi dans les forces armées. Nous ne l'avons pas fait.
Le sénateur Nolin : Examinons la solution sous un autre angle. Que devrait faire le gouvernement du Canada pour inciter les sociétés comme la vôtre à embaucher d'anciens militaires?
Mme Ritchie : J'ai quelques suggestions à proposer. Il y a certainement des moyens de le faire. Comme je l'ai mentionné, nous sommes une compagnie nationale; nous avons des magasins partout au Canada. Pour nous, il est beaucoup plus simple de fonctionner au moyen d'un lien sur un site central vers notre section emploi ou d'afficher nos emplois de partout au Canada sur un site national. Nous pourrions afficher un lien vers notre section emploi sur le site d'Anciens Combattants Canada, ou quelque chose du genre. Ce serait un partenariat.
Le sénateur Nolin : Comme aux États-Unis.
Mme Ritchie : Ce serait formidable. Nous pourrions aussi vérifier les programmes de transition locaux auxquels les employeurs peuvent avoir accès pour offrir aux anciens combattants des emplois temporaires ou saisonniers. Il s'agirait davantage d'une approche décentralisée où nous aurions accès à ces programmes de transition locaux.
Bon nombre de grandes organisations participent au concours des 100 meilleurs employeurs organisé par Mediacorp et, dans ce concours, il y a des sous-catégories dans lesquelles les organisations sont reconnues comme les meilleurs employeurs pour les nouveaux Canadiens, pour les employés de plus de 50 ans, pour les étudiants, et cetera. Il pourrait peut-être y avoir une sous-catégorie destinée au meilleur employeur pour l'embauche de militaires. C'est une possibilité.
Le président : Existe-t-elle actuellement?
Mme Ritchie : Je ne crois pas.
Le sénateur Nolin : Je pense que cela existe aux États-Unis.
Mme Ritchie : Je crois que le site Web military.com travaille déjà à un système qui permet, d'après ce que je comprends, aux hommes et aux femmes en service d'entrer leur code de groupe professionnel militaire, et le système le convertit en un emploi équivalent dans le commerce de détail. Souvent, dans les CV, nous voyons le titre du poste qu'a occupé la personne dans les forces armées, mais parfois, entre crochets, c'est écrit « analyste logistique », ou quelque chose du genre. C'est une autre solution possible pour aider les employeurs à cerner les compétences de certains militaires.
Le sénateur Nolin : La dernière partie de votre réponse correspond bien à ce que nous ont dit les témoins de la Colombie-Britannique qui ont comparu il y a quelques semaines et avec qui nous avons discuté de ces postes équivalents.
Je suis sûr que la situation aux États-Unis est la même qu'au Canada — certains anciens combattants sont blessés, mais sont tout de même capables de travailler.
Mme Ritchie : Oui.
Le sénateur Nolin : Je suis certain qu'aux États-Unis, votre société a des programmes visant à faciliter l'embauche d'anciens combattants blessés. Avez-vous des programmes semblables au Canada?
Mme Ritchie : Oui. Il y a actuellement des associés se déplaçant en fauteuil roulant ou souffrant d'autres invalidités — comme une déficience visuelle — qui travaillent à nos magasins. Nous avons mis sur pied des programmes, par exemple un programme d'accommodement à l'intention de nos associés qui ont des besoins particuliers en ce qui touche aux horaires, qu'il s'agisse de congés, d'horaires de travail adaptés, ou autres. Nous offrons également à tous nos associés un programme d'aide aux employés destiné à leur faciliter la recherche de liens ou de ressources — des listes de médecins, par exemple — pour les aider, quelle que soit leur déficience. Nous offrons aussi des avantages sociaux collectifs aux associés travaillant à temps plein et à temps partiel; ils ont donc la possibilité de recevoir de l'aide financière pour certains services. Voilà les programmes que nous offrons actuellement.
Le sénateur Wallin : J'aimerais revenir sur un point sur lequel nous nous sommes penchés au Comité de la défense. Vous avez une politique sur les congés pour les réservistes. Pouvez-vous nous en parler? Ce qui suscite également beaucoup de discussions est la question de savoir si les employeurs devraient recevoir ou non une compensation pour cela. Les avis sont partagés sur la question. Certains répondent : « Non, nous voulons fournir notre part d'efforts pour notre pays », et d'autres : « Pour une petite entreprise, c'est parfois extrêmement coûteux. » Quelle est votre position à cet égard?
Mme Ritchie : Nous avons une politique qui permet aux associés de s'absenter de leur travail pour s'acquitter de leurs obligations de réservistes et de reprendre ensuite leur poste. C'est un programme non rémunéré. Toutefois, ils conservent leur emploi. Je sais quelle serait la position de Karen Ritchie à ce sujet. Je ne devrais peut-être pas parler au nom de Home Depot à ce moment-ci, mais je comprends tout à fait ce que vous dites au sujet du fardeau financier plus important pour les petites entreprises par rapport aux grandes. Quoi qu'il en soit, nous avons la politique. Nous voulons soutenir les efforts.
Le sénateur Wallin : Vous conserverez cette politique, que vous receviez ou non une compensation?
Mme Ritchie : Oui, tout à fait.
Le sénateur Wallin : Accepteriez-vous également que ces personnes effectuent une période de service au lieu de seulement remplir leurs obligations de réservistes? Neuf mois plus six mois, ou peu importe?
Mme Ritchie : Nous l'accepterions également.
Le président : Les réservistes reçoivent de plus en plus d'entraînement de la force régulière. Cela veut dire qu'ils pourraient être appelés à s'absenter durant deux mois et demi ou trois mois, par exemple, à des périodes inhabituelles de l'année, y compris l'été, une saison très occupée. Pouvez-vous confirmer que vous n'hésitez aucunement à embaucher des réservistes qui pourraient devoir respecter ce genre d'obligations, et que votre entreprise fait preuve de la souplesse nécessaire, dans chaque magasin, en leur permettant de suivre ces programmes et cours relativement longs?
Mme Ritchie : Je dirais que nous appuyons tout à fait cela. Vous avez raison de parler des périodes intensives d'embauche et des périodes les plus occupées, mais nous avons souvent beaucoup d'associés à ces moments-là. Durant l'été, il y a beaucoup d'étudiants également. Habituellement, nous pouvons nous accommoder de ces absences, car il est important pour notre organisation d'appuyer cela.
Le sénateur Day : Soyez la bienvenue. Je vais revenir sur quelques questions déjà posées par mes collègues. L'avantage d'être le dernier intervenant, c'est que les autres nous donnent des idées.
Le président : Il y aura un deuxième tour.
Le sénateur Day : Dans ce cas, c'est peut-être moi qui leur donnerai des idées.
Je présume que les données obtenues par nos attachés de recherche sont exactes. On indique ici que dans un article du magazine G.I. Jobs, une publication américaine, le président et directeur général de la compagnie aux États-Unis, Frank Blake, a déclaré que 35 000 des associés sont des anciens combattants. C'est sans doute uniquement aux États- Unis, car vous avez dit ne pas déterminer cela de la même façon au Canada.
Mme Ritchie : Oui.
Le sénateur Day : De plus, 1 500 associés sont en service actif. Je présume qu'il s'agit de réservistes qui sont appelés à servir à temps plein durant une certaine période?
Mme Ritchie : Oui, et je dirais aussi que ce sont les associés des magasins des États-Unis.
Le sénateur Day : On est en mesure d'en déterminer le nombre aux États-Unis, mais vous n'en êtes pas encore là?
Ai-je bien compris que la divulgation volontaire de renseignements personnels est une obligation en vertu de notre loi actuelle? Pouvez-vous vérifier dans les dossiers d'emploi et utiliser les chiffres, mais pas les noms personnels?
Mme Ritchie : Nous pouvons certainement vérifier dans nos dossiers. Nous pouvons regarder dans le dossier personnel des employés pour obtenir cette information. Malheureusement, c'est un processus manuel, actuellement; le système libre- service des employés nous aiderait à obtenir des informations d'une manière plus automatique et plus facile. Nous le relançons pour encourager une meilleure participation dans l'ensemble de l'organisation, afin que nous puissions obtenir de meilleures statistiques.
Le sénateur Day : Je pense que votre capacité à faire de la publicité et à faire savoir que vous embauchez des anciens combattants, que vous souhaitez embaucher des anciens combattants qui font la transition vers la vie civile faciliterait aussi le recrutement. Il faut informer les gens qu'il y a des possibilités d'emploi pour les anciens combattants.
Mme Ritchie : Oui, tout à fait.
Le sénateur Day : Nous avons parlé à de nombreuses reprises de l'équivalence. Vous parlez dans l'ensemble du professionnalisme, de l'expérience et de l'énergie; vous dites que c'est pourquoi vous aimez embaucher ces anciens combattants en transition ou ces réservistes.
Or, avez-vous des exigences particulières? Dans vos exigences d'embauche, devez-vous embaucher un électricien qui possède une carte de qualification nationale? Avez-vous comparé le poste équivalent, ou offrez-vous une formation de transition aux personnes libérées des forces armées qui possèdent des qualifications militaires? Avez-vous des programmes éducatifs ou autres pour aider ces employés à satisfaire les exigences définies?
Mme Ritchie : Il n'est pas obligatoire de posséder une carte de qualification ou un permis, d'être un électricien ou un plombier certifié, par exemple. Cela ne fait pas partie de nos critères d'embauche. Nous offrons à tous nos associés, en fonction du service dans lequel ils travaillent, une formation approfondie sur la connaissance des produits. Dans certains cas, il peut s'agir d'une formation de 20 à 24 heures. Nous offrons assurément cela. Nous offrons des programmes de formation. Cela dit, tout le monde peut y avoir accès.
Notre ancien slogan était le suivant : « Si vous ne le savez pas, nous voulons vous le montrer! ». Nous avions une campagne publicitaire dans laquelle nous présentions trois types de marteaux : un marteau de rembourreur et deux autres marteaux. Nous demandions lequel était le marteau de rembourreur, et le slogan était le suivant : « Si vous le savez, nous voulons vous parler! Si vous ne le savez pas, nous voulons vous le montrer! ».
Nous offrons à tous les associés une formation approfondie sur la connaissance des produits et nous n'exigeons pas des gens de métier qu'ils possèdent une licence. Cela dit, nous avons des ouvriers qualifiés ou détenteurs d'un certificat de qualification qui sont à la retraite, qui ont peut-être cessé de travailler dans leur domaine et qui travaillent maintenant pour nous à temps partiel; nous en avons donc dans nos magasins, mais ce n'est pas une exigence absolue.
Le sénateur Day : Ce n'est pas un obstacle à l'embauche?
Mme Ritchie : Pas du tout.
Le sénateur Day : C'est une bonne nouvelle.
En ce qui concerne l'embauche des anciens combattants souffrant d'invalidité, j'aimerais que vous nous parliez brièvement de vos programmes visant à leur fournir une attention spéciale afin qu'ils n'aient pas de rechute, qu'ils s'adaptent bien à leur nouvel emploi. Avez-vous mis en place de tels programmes?
Mme Ritchie : Nous avons des gestionnaires de ressources humaines dans chacun de nos magasins et nous établissons souvent un système de jumelage pour les nouveaux associés ou ceux qui ont besoin d'accommodements spéciaux, afin de nous assurer qu'ils ont accès à tous les accommodements requis et aux outils spéciaux dont ils ont besoin pour travailler dans nos magasins. C'est ainsi que nous procédons.
Le sénateur Day : Je retiens de votre réponse de tout à l'heure que vous n'êtes pas en rapport actuellement avec Anciens combattants Canada ni avec les Forces canadiennes au cas où une personne souffrirait de symptômes mineurs de stress post-traumatique ou de blessure opérationnelle et se rendrait, une journée par semaine, à une installation détenue et exploitée par les Forces canadiennes ou Anciens Combattants Canada. Vous n'avez établi aucun lien en ce sens?
Mme Ritchie : Nous n'avons aucun partenariat officiel à ce moment-ci. Dans les localités où nous possédons un magasin, comme à Belleville, nous organisons des activités de sensibilisation dans les bases locales et nous encourageons les gens à venir travailler dans nos magasins également, mais nous n'avons pas de partenariat officiel, non.
Le sénateur Day : Je vous félicite pour le prix que vous avez reçu de la part du Conseil de liaison des Forces canadiennes, particulièrement en ce qui concerne les réserves. C'est formidable que vous fassiez cela; continuez votre excellent travail.
Mme Ritchie : Merci.
Le président : J'aimerais revenir sur quelques-uns de ces éléments, si vous le permettez.
Essayons de voir les choses par l'autre bout de la lorgnette. Le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada ont-ils, dans le cadre de leurs programmes de transition vers la vie civile à l'intention des anciens combattants en service, établi des communications officielles avec votre compagnie ou avec l'industrie en général en ce qui concerne l'embauche des anciens combattants?
Mme Ritchie : Je n'ai rien vu en ce sens. Nous faisons partie du Conseil canadien du commerce de détail. À mon sens, c'est principalement là que l'on devrait prendre contact, et je n'ai moi-même rien vu en ce sens.
Le président : Ni sur le plan local. Ces deux ministères sont partout au pays, comme vous, et ont des ressources à l'échelle nationale. À l'échelon local, ont-ils cherché à prendre contact avec vous en ce qui a trait aux pratiques d'embauche?
Mme Ritchie : C'est un peu plus difficile pour moi de répondre à cette question, car nous avons 180 magasins au Canada. Je pourrais vérifier et vous revenir là-dessus. Je ne peux vous le dire avec certitude. Peut-être que c'est le cas dans certaines localités et pas dans d'autres. Je peux certainement vous revenir là-dessus.
Le président : Merci beaucoup. J'espère que vous vous sentez à l'aise; n'hésitez pas à me le dire si ce n'est pas le cas. Je regarde vos compétiteurs, comme Rona et Canadian Tire, et c'est une position un peu délicate. Dans le cadre de l'association des détaillants, avez-vous vu des initiatives ou un manque d'initiatives qui pourraient être portées à notre attention?
Mme Ritchie : J'y réfléchis. Rona se concentre davantage sur les Olympiques, alors non, je n'en ai pas vu de la part de mes collègues.
Le président : Les militaires possèdent souvent beaucoup de compétences en leadership. Pourriez-vous me rappeler le titre de votre programme?
Mme Ritchie : Programme de leadership en magasin.
Le président : Oui. Ne serait-ce pas un élément que vous recherchez en particulier dans le cadre de vos pratiques d'embauche et qui ferait en sorte que vous voudriez déterminer, grâce à vos formulaires, si la personne est un ex- militaire ou un ancien combattant?
Mme Ritchie : Oui, et je sais qu'il y a quelques postulants qui ont participé à ce programme, certains de ceux dont j'ai parlé, et qui continuent à travailler à Home Depot dans des postes de responsabilité. Ils occupent un poste de gestionnaire de magasin grâce au Programme de leadership en magasin, ou alors, dans certains cas, ils occupent des fonctions de gestionnaire supérieur à notre siège social.
Le président : Vous connaissez le produit; ils ont des compétences en leadership et sont habitués de travailler en équipe, ce sont des personnes très pragmatiques et visuelles. Je voulais plutôt savoir s'il ne s'agirait pas d'un ensemble de critères qui vous inciterait à vouloir déterminer, dans votre formulaire de demande, si la personne est un ex-militaire ou un ancien combattant? Selon vous, cette information devrait-elle être intégrée dans votre processus d'embauche?
Mme Ritchie : Oui. C'est sans contredit quelque chose à envisager. Actuellement, ce n'est pas dans le formulaire. Nous pouvons le vérifier en examinant le curriculum vitae. Ce n'est pas une question distincte, mais c'est certainement quelque chose à envisager.
Le président : Y a-t-il autre chose, chers collègues?
Le sénateur Day : Si ce n'est de complimenter le témoin?
Le président : Absolument. Nous avons eu tout à fait raison de vous inviter.
Le sénateur Plett : Au sujet des politiques américaines, il existe des programmes visant également à encourager les conjoints. Toutefois, dans certaines compagnies, on préfère que deux conjoints ne travaillent pas ensemble ou en étroite collaboration.
Quelle est la politique de Home Depot à cet égard? Si un ancien combattant travaille dans l'un de vos magasins, encouragez-vous sa conjointe à postuler dans ce même magasin, ou y a-t-il une politique à ce chapitre?
Mme Ritchie : Nous avons une politique à cet égard, et le seul critère en vigueur, c'est qu'une personne ne peut être placée sous l'autorité d'un membre de sa famille. Il va de soi que nous ne voudrions pas qu'une femme relève de son mari — cela ne fonctionnerait pas — ni qu'une personne relève d'un autre membre de sa famille.
Cela dit, beaucoup de nos associés travaillent dans le même magasin qu'un autre membre de leur famille.
Le sénateur Plett : Je tiens à vous remercier du travail que vous accomplissez et je vous encourage tout simplement à continuer et à améliorer encore davantage vos programmes. S'il y a quelque chose que vous aimeriez que le gouvernement fasse, n'hésitez pas à le dire; très peu de personnes hésitent à le faire.
Le sénateur Day : Je remarque, monsieur le président — et cela va sans doute vous intéresser, madame Ritchie —, que nos attachés de recherche ont découvert que Home Depot et les ministères américains de la Défense, du Travail et des Anciens Combattants ont entrepris une initiative « Opération Carrière au front ». De toute évidence, le ministère des Anciens Combattants et la compagnie entretiennent des liens plus étroits qu'ici au Canada.
Si nous pouvions de quelque manière que ce soit faciliter la création de liens étroits, ou s'il y a quoi que ce soit que notre président puisse faire, nous serions très heureux de vous aider à cet égard.
Mme Ritchie : C'est formidable. Merci.
Le président : Nous nous réjouissons de vos initiatives et des idées dont vous nous avez fait part en répondant aux questions du sénateur Nolin. Nous espérons que vous vous servirez de ces idées et insisterez pour les mettre en pratique, ce qui pourrait servir d'exemple au reste de l'industrie. Il n'est pas de notre ressort de suivre cette voie; je formule seulement une observation.
Les enfants des anciens combattants blessés sont aussi soumis à beaucoup de stress et de contraintes. Selon vous, auraient-ils la possibilité d'être admissibles à un emploi qui serait précisé dans votre liste?
Mme Ritchie : Oui, tout à fait, selon leur âge. Comme je l'ai dit, nous embauchons aussi de nombreux étudiants à temps partiel dans nos magasins; je les encourage donc à postuler un emploi chez nous.
Le président : Nous espérons que votre système continuera à s'améliorer et à acquérir davantage de capacité. Nous vous félicitons. Veuillez faire savoir aux dirigeants de votre compagnie que vous avez fait, à notre avis, un travail exemplaire et que nous espérons que d'autres suivront votre exemple. Nous en prendrons bonne note dans notre rapport.
Mme Ritchie : Merci beaucoup.
Le président : Chers collègues, je vous remercie beaucoup.
(La séance est levée.)