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AEFA - Comité permanent

Affaires étrangères et commerce international

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international

Fascicule 12 - Témoignages du 29 mai 2014


OTTAWA, le jeudi 29 mai 2014

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 10 h 30, pour étudier les conditions de sécurité et les faits nouveaux en matière d'économie dans la région de l'Asie- Pacifique, leurs incidences sur la politique et les intérêts du Canada dans la région, et d'autres questions connexes.

La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international poursuit son étude sur les conditions de sécurité et les faits nouveaux en matière d'économie dans la région de l'Asie-Pacifique, leurs incidences sur la politique et les intérêts du Canada dans la région, et d'autres questions connexes. Nous accueillons M. Morgan Elliott, vice-président des relations gouvernementales de BlackBerry.

Monsieur Elliott, nous avons entendu parler de vos activités dans le domaine que nous étudions, et beaucoup d'accent a été mis sur ce que vous faites en Indonésie. Merci beaucoup de comparaître devant le comité pour contribuer à notre étude. Je présume que vous allez surtout parler des développements économiques et de la position que vous occupez dans ce pays et peut-être dans la région. Bienvenue au comité. Si vous avez préparé un exposé, nous allons commencer par l'entendre, après quoi les sénateurs vous poseront des questions.

Morgan Elliott, vice-président, Relations gouvernementales, BlackBerry : Merci, madame la présidente. J'aimerais souligner que l'horloge avance un peu. Vous avez entendu parler de la livraison juste-à-temps; eh bien, voici un témoignage juste-à-temps, puisque je suis arrivé pile, à 10 h 29, gracieuseté d'Air Canada.

La présidente : Parfois, nos témoins sont retardés pour des questions de sécurité. Quand il s'agit de notre horloge, nous cherchons...

M. Elliott : Je peux vous assurer que les mesures de sécurité ont été très rigoureusement appliquées. Merci de me permettre de comparaître devant le comité. Je suis ravi de vous présenter notre point de vue sur les possibilités économiques qui se présentent en Asie-Pacifique. Je vais surtout mettre l'accent sur les quatre pays visés par votre étude, soit l'Indonésie, le Myanmar, les Philippines et Singapour.

Toutefois, il serait peut-être utile de commencer par vous donner un petit aperçu de BlackBerry. Je ne cherche pas à faire de la publicité, mais, compte tenu de toutes les rumeurs qui circulent et de toute l'attention que les médias portent sur certains changements récents dans notre entreprise, j'ai pensé qu'il serait peut-être utile de faire le point à ce sujet. Je suis certain que vous avez certaines questions de ce genre, et je serai heureux d'y répondre.

En novembre dernier, l'entreprise a procédé à des transformations radicales sur le plan hiérarchique et a nommé un nouveau PDG, un nouveau directeur financier et plusieurs autres nouveaux cadres supérieurs. Nous avons déployé une stratégie de redressement très ambitieuse. Les cadres de haut niveau accordent surtout la priorité à quatre grands domaines. Nous faisons un retour aux sources, en quelque sorte, et visons à avoir des sociétés comme clients, notamment de grandes sociétés, des industries réglementées et des gouvernements. Le gouvernement du Canada et le Sénat du Canada sont de très bons clients.

Dans le milieu des affaires, beaucoup de rumeurs laissent entendre que l'entreprise ne va pas bien. Toutefois, je peux vous assurer que, dans le domaine de la gestion des communications sans fil des entreprises, nous avons plus de clients que tous nos compétiteurs réunis. Par conséquent, nous allons encore très bien de ce côté. Nous ne tenons rien pour acquis — au contraire. Nous redoublons nos efforts pour maintenir ces clients et pour en trouver d'autres.

Voici un bref aperçu de l'entreprise. Parmi nos clients, on compte 10 sur 10 des plus grandes sociétés du monde, 5 sur 5 des plus grandes sociétés gazières et pétrolières, tous les gouvernements du G7 et 16 des gouvernements du G20. Nous menons des activités dans plus de 175 pays. Le gouvernement du Canada aimerait avoir quatre entreprises de télécommunications au pays, mais nous faisons affaire avec 665 entreprises de télécommunications. Imaginez ce que cela représente comme défi.

Le deuxième domaine prioritaire, ce sont nos services de messagerie, qui, comme vous le savez, sont des BBM et exigent un NIP. BBM est devenu un système de messagerie instantanée de pointe. Nous l'avons rendu compatible avec ANDROID et le SIIO de Apple. Même les fabricants de matériel informatique d'origine comme LG téléchargent l'application sur leurs téléphones avant de les remettre aux clients. Depuis que nous avons autorisé les autres fabricants à télécharger les chaînes BBM sur leurs appareils, nous avons attiré entre 50 et 60 millions de nouveaux clients. Nous pourrions donc aussi commercialiser cette application. Je serais heureux de répondre à vos questions à ce sujet.

Notre troisième domaine prioritaire, c'est celui des communications Internet entre machines. Nous possédons une entreprise appelée QNX Software Systems, qui est située à Ottawa. Vous n'en avez peut-être jamais entendu parler, mais je peux vous garantir que vous avez entendu parler de la technologie qu'elle a mise au point, qui est utilisée dans le secteur du pétrole et du gaz et qui sert à gérer la plupart des usines nucléaires et des systèmes ferroviaires du monde. Croyez-le ou non, 40 fabricants d'automobiles l'installent dans 250 véhicules. Si vous conduisez une Volkswagen, une Audi, une BMW, une Chrysler, une GM ou une Toyota, ce sont nos produits qui se chargent de la télématique et des systèmes informatiques dans la voiture. Là encore, je serais heureux de répondre à vos questions.

Malgré les rumeurs qui circulent, le quatrième domaine de produits prioritaires est celui des appareils cellulaires, qui demeurent et qui continueront de demeurer un élément important des solutions que nous offrons. Nous sommes convaincus que la vente de cellulaires peut être rentable. Or, de toute évidence, nous devrons opérer des changements dans ce domaine et conclure des ententes de partenariat avec des fabricants tiers. Le premier fruit d'une telle entente, c'est le Z3, que nous avons lancé en Indonésie.

Quant à notre santé financière, nous avons 2,7 milliards de dollars en banque. Nos marges de profit ont augmenté de près de 10 p. 100 le trimestre dernier. Nos dépenses ont diminué de 51 p. 100. Notre objectif, c'est de pouvoir avoir un flux de trésorerie équilibré d'ici la fin du présent exercice, puis de faire des profits d'ici la fin de l'exercice suivant. Nous disposons d'une base très solide, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'un plan de redressement ne présente aucun risque. Je tiens à vous assurer que notre plan de redressement repose sur une plate-forme solide. Voilà notre publicité.

Je vais maintenant aborder l'objet de votre étude, soit les conditions économiques en Asie-Pacifique, et mettre l'accent sur l'Indonésie, les Philippines, le Myanmar et Singapour. Parmi ces marchés, l'Indonésie constitue de loin — sans surprise — l'un de nos plus importants marchés pour nos appareils et nos systèmes. C'est intéressant. Nous avons près de 300 millions d'abonnés en Indonésie — ce qui dépasse de loin la population. L'Indonésie est le quatrième marché en importance dans le monde et l'un des 10 plus importants marchés pour les 3G. Tout comme les jeunes en Amérique du Nord, les jeunes de l'Indonésie ne se servent plus de téléphones à ligne terrestre. Tandis que 300 millions de personnes sont abonnées aux téléphones sans fil, seulement 9 millions sont abonnées aux téléphones à ligne terrestre. Cela vous donne une idée des répercussions des cellulaires sur la vie de ceux qui vivent dans les pays émergents.

Un autre facteur que l'on trouve uniquement en Indonésie, c'est que la majorité des appels par cellulaire sont prépayés. Près de 95 à 98 p. 100 des appels sont prépayés, comparativement au modèle nord-américain où les appels sont payés après le coup. Nous avançons à pleine vapeur sur ce marché. Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons conçu notre modèle Z3 en pensant à l'Indonésie, et c'est pour cette raison que nous l'avons lancé là-bas en premier. Les Indonésiens sont d'excellents clients. Ils aiment bien communiquer. Ils sont les rois des égoportraits. Plus d'égoportraits sont publiés en Indonésie que dans tout autre pays du monde. Les gens adorent faire la chronique de leur vie par l'entremise des médias sociaux.

Nous avons aussi investi d'importantes sommes d'argent au pays et y avons établi d'importants partenariats — ce qui est important. Par exemple, le Centre d'innovation de BlackBerry constitue un effort conjoint entre les universités, l'institut de technologie de Bandung et le gouvernement indonésien. Nous tentons de tirer profit de la croissance d'une société d'utilisateurs de cellulaires intelligents en Indonésie, qui a été déclenchée par l'émergence au pays d'un nombre absolument effarent de développeurs d'applications pour les cellulaires.

En fait, notre centre d'évaluation et de contrôle de la qualité des applications est situé à Bali — un endroit où il fait bon se trouver. Environ 90 p. 100 de toutes les applications que nous déployons passent par Bali, pour en vérifier notamment la fonctionnalité, la façon dont elles se comportent avec notre système et pour déceler des logiciels malveillants.

Par ailleurs, nous soutenons indirectement environ 1 500 développeurs en Indonésie qui mettent au point des produits pour notre plate-forme. Nous achetons aussi un certain nombre d'accessoires là-bas. C'est de là que proviennent les écouteurs pour nos produits et certaines piles y sont assemblées. Certaines des composantes des moteurs de vibration qui sont activées quand vous recevez un appel sur votre appareil proviennent aussi de l'Indonésie.

Nous avons également établi un partenariat avec la Fondation Ruma. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissez pas cette fondation, il s'agit d'une organisation qui donne des moyens aux petits commerçants de l'Indonésie en leur donnant accès à des cellulaires et à des services de renseignements financiers qu'ils n'auraient probablement pas eu les moyens de se payer autrement. Nous avons beaucoup investi en Indonésie, et nous y passons beaucoup de temps.

Le Myanmar constitue un marché très intéressant, qui en est à ses débuts. D'après nous, le pays a 53 millions d'habitants — je dis cela parce que les résultats du premier recensement à avoir été effectué depuis 30 ans seront publiés ce mois-ci ou le mois prochain. Tout dépendra de notre présence et de la manière dont les réseaux seront mis en œuvre. Le gouvernement canadien a ouvert beaucoup de portes pour nous. Nous avons eu un certain nombre de conversations avec le gouvernement, surtout avec des gens du ministère du Commerce international. Grâce aux missions commerciales et à d'autres voyages qu'ils ont effectués en Indonésie, ils nous ont beaucoup aidés.

Il est encore trop tôt pour dire quelle sera notre empreinte, mais les utilisateurs seront très sensibles au prix. Nous nous inquiétons de la manière dont le nouveau gouvernement gérera les dossiers et évoluera, mais nous surveillerons les choses de près. On trouve bien certains de nos produits au pays; le problème, c'est simplement que nous ne sommes pas très bien connus.

Singapour constitue un très petit marché pour nous, mais cela ne veut pas dire qu'il n'est pas important. En fait, le pays est très avancé sur les plans économique et technologique. Un grand nombre de nos clients internationaux ont des installations à Singapour et, habituellement, nous assurons le service à la clientèle dans la région à partir de Singapour.

Ce pays possède également un grand nombre de développeurs d'applications, avec qui nous établissons des partenariats. Il n'est vraiment pas difficile de faire des affaires à Singapour. Il s'agit d'un des pays les plus avancés et avec lesquels il est le plus facile de travailler.

Aux Philippines, ce n'est pas tout à fait la même chose. Il y a beaucoup d'habitants et le taux d'utilisation de cellulaires dépasse 100 p. 100. Or, en fait, les gens ont deux ou trois cartes SIM, tout simplement parce qu'ils sont très sensibles aux prix. Ils en utilisent une pour avoir une meilleure communication et une autre pour communiquer à meilleur prix.

La plupart des gens utilisent ce qu'on appelle des « téléphones polyvalents ». Pensez à votre ancien cellulaire qui ne vous donnait peut-être pas accès aux courriels, mais qui vous permettait de créer des messages textes et qui vous permettait peut-être aussi d'avoir un certain accès à Internet. Comme je l'ai dit plus tôt, c'est simplement parce qu'ils ne voient pas la nécessité de payer plus cher. La nouvelle génération de jeunes est en train de changer les choses. Maintenant, environ 40 p. 100 des téléphones qui y sont vendus sont des téléphones intelligents.

Comme je l'ai dit, il n'est pas rare de voir les gens posséder deux ou trois cartes SIM — ce qu'on ne voit pas ici.

Bien sûr, tous les pays d'Asie sont importants pour nous, mais, évidemment, c'est toujours la dynamique de marché et les débouchés possibles qui nous poussent à cibler un pays et à y cibler nos efforts.

Voilà seulement un bref aperçu. En général, je trouve que les gens obtiennent les renseignements qui les intéressent en posant des questions. Je suis convaincu que nous aurons un dialogue constructif. Merci beaucoup.

La présidente : Merci, monsieur Elliott.

Le sénateur Downe : Travaillez-vous en étroite collaboration avec le gouvernement du Canada ou d'autres agences du gouvernement pour vos activités à l'étranger, l'expansion de vos exportations et le financement?

M. Elliott : Oui. À un moment donné — je ne crois pas que cela soit le cas maintenant —, nous étions le plus important client d'Exportation et développement Canada, EDC, sur le plan de l'assurance sur les comptes à recevoir. Cet organisme est un partenaire absolument exceptionnel.

Notre plus important partenaire est de loin le ministère des Affaires étrangères. On m'a dit que je n'étais pas censé dire ceci, mais, à plus d'une reprise, le ministère nous a sauvé la vie en ouvrant de nouveaux marchés, en établissant des relations et en se portant à notre défense. Ce n'est un secret pour personne que nous avons été confrontés à des problèmes dans divers pays; soit ils veulent que nous fermions nos portes, soit ils aspirent à découvrir notre sauce secrète afin de pouvoir faire tout ce qu'ils veulent.

Nous considérons que le gouvernement du Canada est un prolongement de BlackBerry. Nous nous sentons très privilégiés de pouvoir bénéficier de son aide.

Le sénateur Downe : Dans le registre des lobbyistes, je remarque que vous avez eu un certain nombre de rencontres avec le Cabinet du premier ministre et le premier ministre lui-même au cours des derniers mois. Est-ce que ces rencontres ont porté sur les échanges commerciaux ou d'autres questions relatives à BlackBerry?

M. Elliott : Toujours sur les échanges commerciaux.

La sénatrice Johnson : Bonjour, monsieur Elliott. Félicitations pour le succès de BlackBerry en Asie. Le Canada est fier de vous. Je sais qu'Affaires étrangères fournit des services utiles.

Du point de vue de la croissance, dans quelle mesure est-ce que l'Indonésie — dont vous nous avez beaucoup parlé — et d'autres marchés émergents de la région de l'Asie-Pacifique sont essentiels au succès de BlackBerry à l'échelle mondiale?

M. Elliott : N'importe quel grand marché sera important pour nous. Récemment, nous avons été témoins de l'émergence d'autres fabricants de combinés. Cela fait beaucoup baisser le prix des appareils. Une des raisons pour lesquelles nous avons formé un partenariat avec Foxconn, à Taïwan, c'est que de 65 à 75 p. 100 — ces chiffres ne sont pas forcément parfaitement exacts — des pièces des petits téléphones sont identiques, que vous achetiez un BlackBerry ou un appareil d'un de nos compétiteurs. Cela nous aide d'être en partenariat avec un des plus gros fabricants, qui peut trouver des pièces à meilleur prix. Nous nous organisons pour partager les risques et aussi pour les réduire. Nous trouvons que le prix est un facteur important sur ce marché.

Nous reconnaissons l'importance du marché des combinés, mais aussi celle d'aider les entreprises à prendre de l'expansion et à protéger leurs renseignements au fur et à mesure qu'elles évoluent. Nous trouvons que les communications protégées qu'offrent nos systèmes d'entreprises et même les communications sur BBM, qui ne coûtent vraiment pas très cher, sont d'une importance critique pour notre croissance — et elles continueront de l`être.

La sénatrice Johnson : Selon BlackBerry, mis à part l'Indonésie, quels autres pays de la région de l'Asie-Pacifique vous offrent les meilleurs débouchés? Vous avez parlé du Myanmar, des Philippines et de Singapore.

M. Elliott : La Thaïlande, et le Vietnam aussi. On peut inclure l'Inde dans cette région.

Les entreprises du Canada et d'autres pays développés devraient s'inquiéter du fait que, lorsque les pays très peuplés se mettent à développer leur économie, ils pourraient fort bien nous dépasser sur le plan technologique. Pour mettre en œuvre leurs produits, ces pays ne sont pas obligés d'avoir recours à des systèmes déjà en place, qui ont été créés par d'autres entreprises et qui auraient donc le droit de toucher des revenus sur le capital investi.

Au Myanmar, où la qualité des cellulaires est irrégulière — je crois qu'on y trouve seulement des cellulaires de deuxième génération — les gens pourraient directement passer à la technologie LTE. Le fait de pouvoir faire des affaires et d'établir des communications entre les collectivités est porteur de grands changements.

La sénatrice Johnson : Mis à part le ministère des Affaires étrangères, quelles autres institutions canadiennes ou internationales ont aidé l'entreprise à prendre de l'expansion dans la région de l'Asie-Pacifique?

M. Elliott : Les ministères du gouvernement du Canada?

La sénatrice Johnson : Ou à l'échelle internationale.

M. Elliott : Le ministère de l'Industrie nous a également beaucoup aidés. Oui, il s'agit de l'organisme de réglementation au Canada, mais il offre son aide, pendant un forum international comme l'UIT, pour développer des normes et contribuer aux différents accords commerciaux, qu'il s'agisse d'étendre l'ATI au TPP ou d'un large éventail d'autres accords.

Nous constatons également que d'autres gouvernements souhaitent établir des partenariats avec nous. L'Indonésie a été un partenaire formidable. Nous avons connu des débuts difficiles, mais le marché a connu une telle croissance que nous avons eu de la difficulté à répondre à la demande avant de décider où effectuer des investissements. Tous les jours, un grand nombre de représentants de pays nous demandent de mener des activités de R-D. Chaque jour, ils mettent en œuvre des mesures incitatives pour nous convaincre. On nous invite à visiter différents pays, et des ambassadeurs qui passent par Waterloo essaient de faire venir des entreprises dans leurs pays.

La sénatrice Johnson : C'est très bien.

Quand cesserons-nous complètement d'utiliser les lignes terrestres?

M. Elliott : C'est une bonne question.

La sénatrice Johnson : Pouvez-vous risquer une réponse?

M. Elliott : J'aimerais cesser de l'utiliser, mais ma femme n'est pas d'accord; en cas de panne d'électricité, elle veut avoir accès au 911.

La présidente : Je suis d'accord avec elle.

Le sénateur Dawson : Si nous allons en Indonésie, les partenaires de Research In Motion — j'utilise le BlackBerry depuis longtemps et j'ai connu l'appareil sous son ancien nom — devraient tenter d'organiser des visites. J'aimerais voir le Z3 Jakarta Edition que vous venez de lancer. De notre point de vue, le coût est peu élevé, mais qu'en est-il du marché là-bas? Où le coût s'inscrit-il dans l'échelle de prix?

M. Elliott : Il se situe vers la limite supérieure de la partie inférieure de la chaîne des valeurs.

Le sénateur Dawson : Donc vers la limite inférieure du sommet de la chaîne des valeurs.

M. Elliott : Certains des appareils sont différents, mais l'expérience et la connectivité sont absolument les mêmes. C'est l'un des écrans les plus larges sur le marché indonésien. Toutefois, des fabricants situés dans d'autres pays de l'Asie exercent également une certaine pression en proposant des produits à plus bas prix.

Les Indonésiens adorent BBM. J'ai une bonne histoire à ce sujet — et je suis fier de ces gens. L'actuel ambassadeur du Canada en Italie, Peter McGovern — ancien délégué commercial en chef à Affaires étrangères et commerce international Canada — recevait des plaintes de l'ambassade à Jakarta, car le personnel ne pouvait pas entrer en communication avec les gens d'affaires, étant donné que la seule connexion qu'ils utilisaient était celle de BBM. Au lieu d'écrire leur adresse courriel sur leur carte d'affaires, ils écrivaient leur NIP. C'était leur façon de se connecter.

Grâce à ses efforts, l'ambassade à Jakarta a eu accès à BBM. Cela témoigne de la sensibilité des prix sur les marchés où on paie quelques sous par minute et quelques sous pour les données.

Le sénateur Dawson : Cela devrait être un débat sur les transports et les communications, mais quel est le niveau de concurrence en Indonésie? Y a-t-il de nombreuses entreprises en activité?

M. Elliott : Oui. Dans un pays avec une telle population, la concurrence est féroce.

[Français]

La sénatrice Fortin-Duplessis : Monsieur Elliott, soyez le bienvenu parmi nous. Je suis heureuse que vous soyez avec nous aujourd'hui.

Il y a quelques années, BlackBerry a éprouvé des difficultés avec les gouvernements saoudien et indien concernant le cryptage des données de vos appareils. Avez-vous éprouvé ce genre de difficultés avec d'autres gouvernements, en particulier ceux de la région de l'Asie-Pacifique?

[Traduction]

M. Elliott : Je ne les qualifierais pas nécessairement de problèmes. Le manque de compréhension serait probablement une meilleure caractérisation de certains des problèmes que nous avons eus dans ces pays. On peut dire que tous les pays se préoccupent de la sécurité nationale, du maintien de l'ordre et de la lutte contre le crime. Nous avons une équipe spécialisée qui se rend sur place; ses membres montrent aux représentants de l'application de la loi comment le système fonctionne.

Je ne dirais pas nécessairement qu'il y a des problèmes, mais nous passons du temps à montrer aux différents services policiers et aux organismes de sécurité nationale comment nos systèmes fonctionnent.

Il n'y a donc aucune confusion à cet égard. Les appareils BlackBerry ne sont pas différents d'un réseau virtuel privé utilisé par une entreprise bancaire ou par une société de technologie ou par les guichets automatiques. Les gens veulent être en mesure de transférer des renseignements de façon sécuritaire, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas être interceptés ou décodés, car il faut l'admettre, il existe des gens qui n'ont pas les meilleures intentions du monde et d'autres activités criminelles.

Nous leur disons que s'ils sont capables d'intercepter le message, ils ne pourront pas le décoder, car il est crypté. Mais si vous pouvez intercepter le message, vous en connaissez la source. Pourquoi ne pas aller directement à la source?

Il n'y a pas de passe-droit; aucune entente spéciale n'a été conclue avec aucun autre pays. Chaque pays est traité de la même façon. Les services de BlackBerry utilisés par le gouvernement sont entièrement cryptés.

[Français]

La sénatrice Fortin-Duplessis : Donc, j'en conclus que vous avez un système qui est très sûr. Vous avez tenu bon. Vous n'avez pas répondu aux différents gouvernements. Il est sûr que vous ne pouvez pas trop les écouter et les renseigner sur les conversations qui pourraient porter atteinte à leur sécurité.

[Traduction]

M. Elliott : Nous avons des problèmes, car c'est trop sécurisé. Dans des pays comme l'Indonésie, l'Inde, l'Arabie saoudite et à l'extérieur de la région de l'Asie-Pacifique, on exigeait autrefois qu'on cesse nos activités, et maintenant, on souhaite utiliser cette technologie au sein des gouvernements.

Plusieurs gouvernements de partout dans le monde utilisent des systèmes de courriel qu'ils peuvent obtenir sur le Web. Je ne veux pas nommer de concurrents. Je ne veux pas souligner les faiblesses de nos concurrents, mais les gouvernements utilisent un service de messagerie Web ordinaire, et ces courriels ne sont pas cryptés. Autrefois, on nous disait que nos produits étaient trop sécurisés et que nous devions cesser nos activités, mais maintenant, on souhaite utiliser nos produits parce qu'ils sont très sécurisés.

Avec toute l'agitation concernant Edward Snowden, notre statut d'entreprise canadienne a vraiment été le meilleur outil de développement commercial que nous avons utilisé depuis des années. Nous devrions lui envoyer une carte de Noël.

[Français]

La sénatrice Fortin-Duplessis : L'Indonésie constitue votre plus important marché et vous y connaissez un immense succès. Seriez-vous prêts à partager les raisons de votre succès avec des compagnies canadiennes qui ne travaillent pas nécessairement dans le domaine des communications? Ainsi, des entreprises pourraient espérer connaître le même succès que vous et prospérer en Indonésie?

[Traduction]

M. Elliott : Absolument. Nous avons fait plusieurs choses. Le ministère des Affaires étrangères a lancé un petit projet pilote en Espagne — il n'a pas encore été lancé en Asie — dans le cadre duquel nous utilisons certains de nos contacts pour que les petites entreprises aient accès à des PDG très importants dans un pays.

Nous croyons fermement qu'il faut soutenir les entreprises canadiennes qui utilisent nos produits et nous l'avons déjà fait. Nous sommes à leur disposition.

Le sénateur Oh : Je vous remercie d'être ici aujourd'hui et de nous donner ces renseignements.

En ce qui concerne BlackBerry en Indonésie, votre concurrent le plus important est-il Samsung avec notepad et notebook?

M. Elliott : Toutes les sociétés que vous connaissez sont là-bas, mais Apple est moins présente. L'entreprise a une petite succursale, mais elle n'a pas encore intégré le marché. Il y a Samsung, et certains autres concurrents chinois, Huawei, Lenovo — lorsque l'entreprise aura ses téléphones — et d'autres qui ne sont pas connus sur le marché canadien.

Le sénateur Oh : À part l'Indonésie, quel est le deuxième plus grand marché dans les pays de l'ANASE?

M. Elliott : Je dirais qu'il s'agit des Philippines. Je n'ai pas les données exactes à cet égard. Nous avons bien réussi là- bas même si les taux de pénétration des téléphones intelligents sont encore très bas. Ils connaissent cependant une croissance rapide.

Le sénateur Oh : Vous avez mentionné que l'Indonésie fabrique des piles, des écouteurs et d'autres accessoires. Ces objets sont-ils fabriqués en Indonésie ou ailleurs?

M. Elliott : Ils sont fabriqués en Indonésie. Les écouteurs sont fabriqués à Jakarta par Cresyn, et les moteurs sont fabriqués à Batam, en Indonésie.

Le sénateur Oh : Ce pays approvisionne-t-il également le marché nord-américain?

M. Elliott : Oui, ce n'est pas seulement pour le Z3, mais pour tous nos appareils.

Le sénateur Oh : En ce qui concerne le Z3, le nouveau BlackBerry qui a été lancé à Jakarta, il est fabriqué par Foxconn.

M. Elliott : Foxconn.

Le sénateur Oh : En Chine ou en Indonésie?

M. Elliott : Il n'est pas fabriqué en Indonésie. D'après ce que je comprends, Foxconn mène actuellement des négociations avec l'Indonésie, mais je n'en sais pas plus. Toutefois, non, il n'a pas été fabriqué en Indonésie.

Le sénateur Oh : J'étais à Singapour le mois dernier, et on parlait beaucoup de votre succès.

[Français]

Le sénateur Rivard : Monsieur Elliott, vous avez mentionné que vous aviez 300 millions d'abonnés en Indonésie, un pays beaucoup plus populeux que Singapour. Vous n'avez pas parlé du nombre d'abonnés à Singapour ou du pourcentage de pénétration. Est-ce que vous détenez 10 p. 100 ou 20 p. 100 du marché?

Si je me fie à ce que j'ai lu, l'endroit où le niveau de vie est le meilleur en Asie, c'est à Singapour, suivie du Japon. Si vous n'avez pas votre part de marché à Singapour, quelles sont les raisons de votre compétition?

[Traduction]

M. Elliott : C'est une bonne question. Si je connaissais la réponse, je réussirais probablement extrêmement bien dans le domaine du développement des affaires. Le Japon est l'un de nos défis en ce qui concerne certains de nos concurrents. Nous n'avons jamais obtenu une grande part du marché au Japon. Je ne sais pas pourquoi; nous dépensons d'énormes sommes en commercialisation. Nous n'avons peut-être pas compris le marché. Nous n'avons pas complètement baissé les bras, mais pour une raison quelconque, nous n'avons pas aussi bien réussi qu'en Indonésie.

À Singapour, c'est seulement en raison de la population. Où concentrer les efforts? Sur un marché qui compte 300 millions d'abonnés ou sur un autre qui en compte 5,5 millions avec des ressources limitées? Il faut investir où les meilleures occasions se présentent.

[Français]

Le sénateur Rivard : Ma deuxième question est la suivante. Chaque année, depuis les 10 dernières années, on fait face à une demande de subvention toujours grandissante pour que le Grand Prix du Canada puisse avoir lieu, lequel se tient à Montréal.

On se pose toujours la question, en tant que gouvernement ou comme contribuable, à savoir s'il faut continuer d'investir dans la publicité de cet événement. On sait qu'après le soccer, la Formule 1 est le deuxième événement le plus suivi dans le monde entier.

Au cours des dernières semaines, je me suis rendu compte que BlackBerry figurait bien en évidence sur les voitures Mercedes. Au Grand Prix de Monaco la semaine dernière, les deux premiers compétiteurs sur la piste étaient des Mercedes et on y voyait le nom de BlackBerry.

Donc, je suppose que si vous investissez dans la publicité liée à la Formule 1, c'est que vous êtes conscients que vous avez un bon retour sur l'investissement. C'est peut-être aussi la preuve que les gouvernements doivent continuer d'investir dans cet événement, parce qu'il représente beaucoup pour Montréal.

On voit aussi vos partenaires commerciaux annoncer pour la Formule 1. Vous êtes avec les UBS, les Petronas et les Rolex de ce monde, et si vous décidez d'embarquer, probablement que des études démontrent que votre visibilité vaut largement le montant que vous investissez.

Je reviens à ma question. Peut-être que vous ne pouvez pas nous donner le montant de commandite, mais j'imagine qu'il doit certainement dépasser le million de dollars.

[Traduction]

M. Elliott : C'est un excellent point de discussion sur la publicité et les subventions. Pour vous donner une idée de ce que nous avons reçu du gouvernement canadien, à nos débuts, il existait un programme appelé Partenariat technologique Canada et nous avons reçu plusieurs millions de dollars pour investir dans ce qu'on appelait à l'époque la technologie sans fil Wireless Wizard, la technologie qui a précédé BlackBerry. L'une des petites choses dont je m'occupe, c'est le remboursement de cet investissement effectué par le gouvernement du Canada, et je peux vous assurer que c'est un très bon investissement, car il a non seulement créé des emplois, mais il a également obtenu un rendement exceptionnel sur les capitaux propres.

La deuxième contribution la plus importante que nous obtenons est le programme de la RS&DE. Je m'occupe également du Programme de crédit d'impôt de la recherche scientifique et du développement expérimental, et c'est l'un des facteurs les plus importants. Nous poursuivons nos activités de R-D au Canada. L'an dernier, nous étions toujours le plus grand investisseur en matière de R-D au Canada, et à certains moments, nous avons récupéré environ 150 millions de dollars en impôt. Nous ne dissimulons rien. Nous avons réinvesti cet argent dans les activités de R-D.

Le gouvernement est un investisseur important, cela ne fait aucun doute. Nous préférons les programmes qui nous permettent de déployer nos efforts où, à notre avis, nous obtiendrons le meilleur rendement, et nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'on mène des vérifications à notre sujet ou à ce qu'on nous demande de justifier le programme. Nous aimons beaucoup plus le programme de la RS&DE plutôt, par exemple, qu'un programme dirigé ou que le programme Partenariat technologique Canada.

En ce qui concerne la publicité, c'est formidable que le Canada mène ce genre d'activités, et il devrait continuer à le faire. Cela peut sembler évident, mais nous trouvons que les célébrations de la fête du Canada sont très utiles, car nous avons l'occasion d'inviter différentes personnes et d'établir des liens, surtout dans les pays d'Asie où il est essentiel d'établir des relations avant de parler affaires. Ces événements nous aident à créer ces relations sur un terrain neutre, en quelque sorte, ce qui nous permet d'établir ces liens.

Nous sommes toujours heureux d'offrir notre aide et de contribuer à payer les coûts liés à ces événements. Il devrait également exister une plus grande ouverture à cet égard.

Il ne fait aucun doute que le gouvernement du Canada devrait continuer de faire de la publicité. Que ce soit pendant les événements de F1, où c'est dispendieux, ou que ce soit très ciblé à l'ambassade ou au niveau du consulat, je dirais qu'il faut certainement une combinaison des deux.

[Français]

Le sénateur Rivard : Vous êtes un fleuron de l'industrie canadienne, vous créez beaucoup d'emplois et on vous souhaite le meilleur. Les Canadiens se réjouissent lorsqu'ils ont de bonnes nouvelles; ils sont inquiets lorsque les nouvelles sont moins bonnes. Mais grâce au dynamisme dont vous faites preuve et à votre sens de l'innovation, on vous souhaite le succès que vous méritez.

[Traduction]

M. Elliott : Merci beaucoup.

La présidente : J'ai une question supplémentaire sur ce que vous disiez au sujet de Singapour. On nous dit toujours que Singapour est maintenant un centre financier concentré, peut-être une solution de rechange à la Chine et aux difficultés. De nombreux éléments sont centralisés là-bas, et on en est à l'étape du développement; nous n'en savons pas beaucoup plus sur le degré d'intensité ou s'il y aura de la concurrence. Toutefois, il ne s'agit pas vraiment des habitants de Singapour, mais plutôt d'une base où on peut accomplir beaucoup de choses avec les gens qui y viennent, car les personnes les plus brillantes dans le domaine de la finance sont concentrées dans la région. Ce sont celles qui veulent de l'équipement, et elles le ramènent ensuite dans leur pays. Élaborez-vous des stratégies fondées sur cette base à Singapour?

M. Elliott : Le marché de l'entreprise est notre priorité dans le cadre de notre stratégie de restructuration, et les centres financiers comme Toronto, Londres, New York et Singapour sont importants. Les banques sont nos clients importants, et nous travaillons étroitement avec leurs représentants et nous créons des liens. Ces éléments seront certainement essentiels à notre restructuration.

Le sénateur Demers : Nous surveillons vraiment nos dépenses ici, et si vous êtes de bonne humeur, vous pourriez peut-être penser à offrir un petit cadeau à notre comité plus tard, d'une valeur de moins de 200 $.

J'ai deux questions pour vous, monsieur. Quels sont certains des défis principaux auxquels sont confrontées les entreprises étrangères qui souhaitent mener des activités dans les pays qui se situent aux derniers rangs de l'Indice de la perception de la corruption de Transparency International de la Banque mondiale?

M. Elliott : Comme je l'ai dit dans mon exposé, nous travaillons dans environ 175 pays et il s'agit donc d'une chose qui nous préoccupe constamment. Nous passons un temps déraisonnable à donner de la formation à nos employés sur les paiements non conformes et ce qu'il ne faut pas faire. Il y a des lois au Canada et aux États-Unis, et nous passons beaucoup de temps à veiller à ce que nos employés sachent ce qui est acceptable, ce qui ne l'est pas, ce qui est bien et ce qui est mal. Nous allons plus loin et nous incluons également l'apparence de ces situations.

C'est difficile dans certains de ces pays, car c'est la façon dont on mène les affaires, mais depuis le début, nous avons toujours mené nos activités de façon à ne pas participer à ce type de systèmes ou à ce type d'activités.

Le sénateur Demers : Étant donné les défis liés aux activités commerciales dans certains pays de la région de l'Asie- Pacifique, quelles pratiques exemplaires ou leçons apprises aideraient les entreprises étrangères qui souhaitent entrer sur ces marchés?

M. Elliott : Cela revient à la question sur la publicité canadienne. Il est essentiel d'établir ces relations. L'un des problèmes auxquels nous avons été confrontés, c'est que nous n'avions pas établi ces relations dans différents pays. Il ne s'agit pas seulement de savoir comment on peut faire des affaires ou faire de l'argent dans ces pays — même si c'est important, étant donné que les entreprises sont là pour faire des profits —, mais il faut également savoir comment établir des partenariats avec les économies, les gouvernements locaux et les gouvernements nationaux pour inclure les citoyens. À mon avis, c'est équivalent aux politiques régionales industrielles que nous avons adoptées au Canada dans l'industrie de la défense.

Nous voulons obtenir un rendement de 100 p. 100 de nos investissements, et nous ne devrions donc pas être surpris lorsque les gouvernements d'autres régions où nous investissons et où nous réalisons des profits souhaitent obtenir un investissement similaire, mais dans d'autres secteurs. Il est important de créer les liens dès le début, d'apprendre leurs coutumes et les façons de mener des affaires qui sont appropriées, et travailler avec eux en partenariat plutôt que d'arriver dans ce pays et d'imposer la façon canadienne, américaine ou européenne. Nous devons faire ce qui fonctionne le mieux dans le pays en question.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Vous avez répondu partiellement à ma question. Certains témoins qui ont comparu devant notre comité nous ont appris que les entreprises qui voulaient faire des affaires dans cette région du monde devaient souvent faire face à des éléments de corruption qui sont présents un peu partout, et qu'il était très difficile de les éviter.

Je suis sûr que vous avez fait face à ces éléments. Vous dites que tous les gens de votre entreprise qui vont dans ces pays sont bien instruits des meilleures pratiques d'affaires et que personne ne doit s'impliquer dans aucune démarche qui pourrait être vue comme étant teintée d'une certaine corruption ou comme une certaine déviation des normes d'affaires. Avez-vous fait face à ces éléments?

[Traduction]

M. Elliott : Pas à ma connaissance. Chaque année, nous devons signer nos outils de pratique et d'éthique en affaires. Il existe un test en ligne que nous devons passer, et nous avons un portail Web pour ceux qui ont des questions. Ils peuvent entrer leurs renseignements de façon anonyme pour savoir si une pratique est appropriée.

Je ne suis pas certain d'avoir répondu à votre question. À ma connaissance, nous n'avons pas été confrontés à cela. Si cela se produisait, la personne serait congédiée immédiatement, avec ou sans motif.

Le sénateur Robichaud : Il est possible de mener des affaires...

M. Elliott : Absolument.

Le sénateur Robichaud : ... de façon normale. C'était ma question, car nous entendons souvent parler du côté négatif.

M. Elliott : Si vous n'enfreignez aucun règlement, il est plus facile de faire des affaires. C'est un peu comme lorsque vous racontez un tas de mensonges — il est plus facile de dire la vérité, car vous ne pouvez pas vous souvenir de tous vos mensonges et de la façon dont ils sont interreliés. Le respect des règlements simplifie les choses.

Le sénateur Robichaud : Merci. J'aime cette phrase.

La présidente : Mon père me la cite constamment.

[Français]

Le sénateur Rivard : Vous faites peut-être l'assemblage ici, mais vos matières premières proviennent de l'Asie. Quelle est l'influence de la fluctuation du dollar canadien par rapport au dollar américain? Un dollar à 0,91 $ vous rend peut- être plus compétitifs, mais si le dollar tombait à 0,80 $ plutôt qu'à 0,91 $, comme certains le prétendent, cela aiderait-il à gonfler la valeur de votre produit? Cet aspect est-il critique sur le prix de vente?

[Traduction]

M. Elliott : La réponse est très simple. Nous utilisons la devise américaine. Évidemment, nous couvrons des devises de partout dans le monde, mais nous avons toujours utilisé, depuis le début, la devise américaine. Nos profits varient selon que le dollar monte ou descend. Cela nous préoccupe moins qu'un grand nombre de fabricants au Canada.

La présidente : Monsieur Elliott, vous pouvez voir l'intérêt et la fierté à l'égard du produit canadien que nous utilisons tous. Je peux vous assurer que le sénateur Demers faisait une blague.

Le sénateur Demers : Évidemment.

La présidente : Toutefois, nous utilisons des BlackBerry, et certains d'entre nous aiment un modèle plus qu'un autre, et nous parlons beaucoup du produit, où il s'en va et où l'entreprise se dirige.

Il nous a été très utile d'entendre parler de la région de l'Asie-Pacifique et de l'utilisation du BlackBerry là-bas, ainsi que de votre avenir. Nous vous remercions de nous avoir décrit où en est l'entreprise dans sa restructuration, et cetera, et de nous avoir parlé de votre position unique dans la région de l'Asie-Pacifique. Si nous sommes en mesure d'aller là- bas, ces renseignements nous seront très utiles.

Si vous souhaitez ajouter quelque chose, je vais vous donner un moment. De plus, si vous avez des documents qui, à votre avis, nous seraient utiles, veuillez nous les faire parvenir.

Nous examinons la façon dont le Canada pratique le commerce, et les problèmes liés à la sécurité, non seulement en ce qui concerne le secteur des TI, mais aussi le travail général dans ces domaines. La question de la gouvernance et de la corruption a été soulevée. Nous serons heureux de recevoir tout ce qui, selon vous, pourrait nous être utile dans notre étude et nos recommandations aux représentants du ministère des Affaires étrangères.

Nous vous remercions de votre présence aujourd'hui.

M. Elliott : Je vous remercie de votre appui continu. Lorsque nous avons lancé BlackBerry 10, plusieurs sénateurs voulaient participer et s'intéressaient à son développement. Si vous avez des conseils ou des trucs ou si vous souhaitez avoir des séances d'information, nous pouvons toujours les organiser. Il est parfois un peu difficile d'utiliser un nouvel appareil, même pour nous. Je serais très heureux d'organiser quelque chose si vous avez besoin de formation. Si vous passez par Waterloo, vous êtes également invités à visiter BlackBerry.

La présidente : Vous pouvez entendre certains d'entre nous dire que nous en avons besoin. Cela pourrait être attribuable à note âge et à notre mémoire, car il nous faut un peu plus de temps pour nous habituer à ces appareils. Je vous assure que les difficultés éprouvées au départ dont vous entendez parler sont généralement résolues avec l'utilisation.

Nous vous remercions d'être venus et de nous avoir communiqué ces renseignements. Nous avons hâte d'inclure certains de ces renseignements dans notre rapport. Je suis sûre que cela vous sera également utile.

(La séance est levée.)


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