Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international
Fascicule 21 - Témoignages du 4 février 2015
OTTAWA, le mercredi 4 février 2015
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui, à 16 h 17, pour étudier les questions qui pourraient survenir occasionnellement se rapportant aux relations étrangères et au commerce international en général.
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Nous accusons un léger retard, mais je tiens à informer les sénateurs que nous nous réunirons brièvement à huis clos pour discuter de notre visite après l'exposé du témoin et les séries de questions.
Je tiens également à souhaiter la bienvenue au comité à la sénatrice Jane Cordy, qui se joint à nous. Nous espérons que vous serez aussi heureuse de siéger à ce comité et d'y contribuer que vous l'avez été à d'autres comités. Nous sommes à une bonne étape : nous terminons une étude et nous espérons étudier de nouveaux sujets alors que nous entreprenons une nouvelle étude. Vous arrivez à un bon moment, sénatrice Cordy.
Aujourd'hui, la séance se rapporte à notre mandat général. On a indiqué que le rapport de la Chambre de commerce, intitulé Un point tournant : Comment rétablir notre succès commercial sur les marchés étrangers, nous était d'une grande utilité dans le cadre de nos études et, en particulier, qu'il le serait dans le cadre d'une étude proposée par le sénateur Downe et la sénatrice Fortin-Duplessis. Il y avait deux points de vue différents sur le même sujet.
Aujourd'hui, nous accueillons M. Cam Vidler, qui est directeur de la politique internationale de la Chambre de commerce du Canada. Il nous présentera le rapport de la Chambre de commerce, puis nous passerons aux questions. Monsieur Vidler, bienvenue au comité. La parole est à vous; veuillez présenter votre exposé.
Cam Vidler, directeur, Politique internationale, Chambre de commerce du Canada : Merci de m'accueillir aujourd'hui.
Je m'appelle Cam Vidler et je suis directeur de la politique internationale de la Chambre de commerce du Canada. Forte de plus de 800 sociétés membres, d'un réseau de 450 chambres de commerce provinciales et municipales et de 80 associations sectorielles, la Chambre de commerce du Canada représente plus de 200 000 entreprises de toutes tailles, de tous les secteurs et de toutes les régions du Canada.
Je crois comprendre que vous aimeriez aujourd'hui entendre notre point de vue sur la performance commerciale récente du Canada et certaines priorités de nos membres en matière de politiques. Je crois savoir que cette invitation à témoigner découle principalement du rapport que nous avons publié en mai dernier, intitulé Un point tournant : Comment rétablir notre succès commercial sur les marchés étrangers. Ce rapport est principalement fondé sur ce que l'on appelle la promotion du commerce ou l'écosystème de la diplomatie économique. J'adopterai aujourd'hui un point de vue plus large et je profiterai de l'occasion pour vous présenter ce que l'on pourrait considérer comme les priorités des entreprises canadiennes en matière de politique commerciale pour 2015. Nous aborderons certains thèmes du rapport, et j'aimerais beaucoup examiner cela plus attentivement par la suite, mais je pense que je vais présenter un portrait plus général. À titre d'exemple, les accords de libre-échange n'occupent pas une place importante dans le rapport, mais je vais aussi vous présenter des observations à cet égard.
Nous publierons demain un rapport intitulé Les 10 obstacles à la compétitivité. Il s'agit d'un rapport annuel que nous utilisons pour cerner les principaux facteurs qui nuisent à la capacité des entreprises canadiennes d'investir, d'innover et de créer des emplois. Depuis maintenant plusieurs années, dans ce rapport où l'on examine 10 enjeux précis, nous étudions notamment les difficultés auxquelles les entreprises canadiennes sont confrontées lorsqu'elles tentent de saisir des occasions d'affaires sur les marchés étrangers, et 2015 ne fait pas exception. Lorsqu'il sera publié, demain, vous verrez qu'il comporte une section sur les difficultés qu'éprouvent des entreprises canadiennes pour saisir des occasions à l'extérieur du Canada. Malgré les récents succès du Plan d'action sur le commerce mondial — de véritables réussites dont je parlerai —, nous sommes d'avis qu'il reste beaucoup de travail à faire.
Pourquoi le commerce est-il important pour le Canada? Notre prospérité dépend du succès de nos entreprises et de leur capacité de créer des emplois et d'innover, ce qui est intimement lié à l'accès aux marchés internationaux et à la capacité de participer aux chaînes d'approvisionnement mondiales. Le marché canadien est petit et l'exportation est souvent la seule façon qu'ont les entreprises d'accroître leurs ventes, d'obtenir des économies d'échelle, de baisser la courbe des coûts et de rivaliser avec les entreprises internationales de premier plan. De plus, obtenir du financement et investir à l'étranger leur permet de tirer profit de technologies uniques en leur genre, d'ensembles de compétences et davantage sur le plan des coûts et de les intégrer dans leurs systèmes de production.
Le problème auquel le Canada est confronté actuellement est le suivant : nos entreprises ne prennent pas le virage de la mondialisation au même rythme que les entreprises des autres pays. Selon l'Organisation mondiale du commerce, les exportations canadiennes de biens et services n'ont augmenté que de 43 p. 100 au cours de la dernière décennie, comparativement à 137 p. 100 en Australie et 74 p. 100 aux États-Unis. L'an dernier, comme beaucoup d'entre vous l'ont certainement entendu, le gouverneur de la Banque du Canada a indiqué que plus de 9 000 entreprises ont cessé leurs activités d'exportation depuis le début de la récession.
Les entreprises canadiennes continuent d'accuser du retard, en particulier dans les marchés émergents et les marchés frontière, qui constituent la principale source de possibilités de croissance à long terme. De 2004 à 2009, la part des exportations vers des pays autres que les pays de l'OCDE a doublé, mais elle a plus ou moins stagné depuis. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement — et c'est une statistique fort intéressante, à mon avis —, seulement 1,5 p. 100 des investissements des entreprises canadiennes, donc de l'ensemble de nos investissements directs à l'étranger, est réalisé dans des pays en développement d'Asie et d'Afrique, ce qui comprend la Chine continentale. Il s'agit de loin du plus faible pourcentage parmi les pays du G7. La reprise de l'économie américaine, qui est une excellente nouvelle et qui a aidé le Canada à accroître ses exportations de 12 p. 100 en 2014, est certes la bienvenue, mais il ne faut pas pour autant oublier qu'il est nécessaire que le Canada se prépare pour l'avenir.
Quels sont les obstacles qui freinent notre progrès?
Il convient vraiment de commencer par dire que le problème est multidimensionnel. Au Canada, la faible croissance de la productivité et du rendement de l'innovation ont nui à notre compétitivité sur le plan des coûts et à notre capacité de saisir les occasions d'affaires dans les secteurs de pointe. Il y a également eu, surtout au cours de la dernière année, d'importantes pressions sur nos infrastructures de transport, ce qui a une incidence sur le temps dont disposent les consommateurs et contribue à l'augmentation des coûts.
Nous pourrions discuter longuement de ces facteurs, mais j'aimerais me concentrer sur les obstacles auxquels nos entreprises sont confrontées lorsqu'elles exercent des activités à l'étranger et qu'elles tentent de percer de nouveaux marchés. Ces obstacles se présentent sous diverses formes, notamment les politiques gouvernementales. Les tarifs et les quotas protectionnistes, les règlements discriminatoires ou divergents, les subventions, les restrictions à la propriété et les prescriptions relatives à la teneur en éléments locaux ainsi que la mauvaise protection des biens matériels et de la propriété intellectuelle sont tous des facteurs qui nuisent considérablement à la capacité des entreprises canadiennes de rivaliser avec leurs concurrents à l'étranger, et cela vaut aussi pour les entreprises étrangères. Ces obstacles ne sont pas propres aux entreprises canadiennes. Les fournisseurs de services canadiens sont souvent confrontés à des restrictions à l'entrée et à des désavantages fiscaux, ou constatent que leurs titres et leurs compétences ne sont pas reconnus.
Pour atténuer ces obstacles, le Canada et d'autres pays cherchent à conclure des accords commerciaux, comme l'AECG et l'accord de libre-échange Canada-Corée. En 2014, le Canada a réalisé d'importants progrès grâce à la conclusion des négociations avec l'Union européenne et la Corée du Sud. Le Canada a aussi ratifié un traité sur les investissements avec la Chine et a annoncé le début de pourparlers pour explorer les possibilités de conclure d'autres accords à l'avenir. Les négociations en cours avec le Japon, l'Inde et les pays du Partenariat transpacifique sont prometteuses. Vous avez peut-être remarqué qu'il semble y avoir eu, à New York, une intensification des pourparlers relatifs au Partenariat transpacifique. En outre, les négociations multilatérales sur les services, les biens environnementaux et les technologies de l'information progressent sans trop de heurts.
Seulement, ces accords ne constituent pas un remède contre tous les maux. Dans certains cas, les négociations traînent en longueur. Leur mise en application prend parfois des années. Les traités ont une portée limitée et ils intègrent rarement les formes plus obscures de protectionnisme. En dépit de l'établissement de ces accords, rien ne garantit que les gouvernements se conformeront à leurs obligations. Le règlement des différends commerciaux est long et ardu, et il n'est absolument pas envisageable pour les sociétés plus petites qui exercent leurs activités en fonction de délais serrés.
Il est important de souligner que ces accords contribuent peu à surmonter les obstacles opérationnels — les problèmes liés à la stratégie commerciale — auxquels les entreprises sont confrontées dans ces marchés. Les entreprises doivent établir des relations avec des fournisseurs et des clients nouveaux, se positionner en fonction de leurs concurrents, se plier à toutes sortes de formalités administratives et gérer les risques, le tout dans un nouveau contexte politique, culturel et juridique. Le succès des entreprises dépend également des relations diplomatiques plus générales entre les pays, notamment dans les marchés où l'État joue un rôle important dans l'économie et oriente une bonne partie des décisions des entreprises.
C'est dans ce contexte que nous avons parlé des accords commerciaux internationaux. Nous sommes d'avis que les programmes canadiens du service extérieur et de promotion du commerce sont indispensables. Ils aident les sociétés à se retrouver dans de nouveaux marchés et à faire valoir leurs intérêts auprès des administrations locales. La participation politique soutenue, par l'intermédiaire de délégations commerciales ou gouvernementales de haut niveau, a aussi de l'importance. Dans bien des cas, toutefois, ces initiatives manquent de ressources et de coordination, sont mal communiquées ou ne sont pas suffisamment adaptées aux besoins des sociétés. Ce sont les thèmes que nous avons abordés dans notre rapport de l'an dernier.
Donc, que nous réserve l'avenir? Nous croyons qu'il faut que le gouvernement fédéral s'appuie sur les succès récents — et je pense qu'il a pris des mesures en vue de combler les lacunes en matière de promotion du commerce —, et la Chambre de commerce considère qu'il y a cinq priorités ou aspects pour lesquels elle aimerait voir des progrès au cours de la prochaine année.
Premièrement, nous aimerions voir des progrès plus importants en ce qui concerne le programme commercial bilatéral, y compris la ratification de l'accord du Canada avec l'Union européenne, la conclusion des négociations avec le Japon et l'Inde ainsi que le début d'entretiens exploratoires avec la Chine.
Le deuxième aspect est le leadership du Canada pour faire avancer les négociations commerciales régionales et mondiales, y compris celles qui portent sur le Partenariat transpacifique et les négociations plurilatérales sur le commerce des services, les biens d'environnement et les technologies de l'information.
Le troisième est l'amélioration de la coopération en matière de réglementation afin de faciliter la réception des produits et services canadiens par ses principaux partenaires commerciaux, à laquelle s'ajoutent les résultats mesurables du Conseil Canada-États-Unis de coopération en matière de réglementation.
Quatrièmement, l'accroissement de la présence de diplomates canadiens à l'étranger, incluant des ressources supplémentaires et des programmes de formation enrichis à l'intention du Service des délégués commerciaux.
Cinquièmement, la mise sur pied d'un mécanisme de financement de développement qui s'ajouterait aux mesures existantes et encouragerait les entreprises canadiennes à déployer leurs technologies, leurs compétences spécialisées et leurs capitaux dans des pays en développement.
Le déclin important du rendement commercial du Canada au cours de la dernière décennie mérite une attention immédiate. Le Plan d'action sur les marchés mondiaux, ou PAMM, est sans contredit un pas dans la bonne direction pour régler certains de ces problèmes, mais il convient absolument de ne pas se limiter à la signature d'accords commerciaux et à la réaffectation de ressources au sein de notre modèle actuel de promotion du commerce. Il est temps de prendre des mesures audacieuses afin de nous assurer que nos entreprises disposent des meilleurs outils et d'un appui solide pour garantir leur réussite dans un monde de plus en plus concurrentiel.
Merci. Je serai heureux de discuter de ces questions plus en détail.
La présidente : Merci, monsieur Vidler. Beaucoup de sénateurs souhaitent poser des questions.
Le sénateur Downe : Merci de votre exposé. Il s'agit d'un excellent rapport, et la Chambre de commerce a manifestement cerné un problème important. Comme vous l'avez indiqué, nous signons de multiples accords commerciaux. Lorsqu'on regarde ce qui se passe après la signature, nos partenaires et leurs entreprises semblent beaucoup mieux préparés à saisir les occasions que nous. À une ou deux exceptions près, la balance commerciale du Canada est totalement différente de ce qu'elle était avant la signature de l'accord, à notre désavantage. Voilà pourquoi j'ai favorablement accueilli votre rapport. Je pense qu'il est extrêmement bien conçu.
Je me demande simplement si, pendant la préparation de votre rapport, ou depuis, vous avez comparé l'aide du Canada aux entreprises à celle qu'offrent les autres pays à leurs entreprises. À titre d'exemple, dans un document que j'ai lu il y a quelques mois, j'ai remarqué que les États-Unis ont un programme dans le cadre duquel, si une entreprise a un intérêt pour les champs pétrolifères, par exemple, le bureau commercial des États-Unis en Azerbaïdjan envoie un avis indiquant la tenue d'une conférence téléphonique ou d'une vidéoconférence par Skype pour les sociétés qui s'intéressent à un créneau précis de l'industrie pétrolière, et l'on porte une attention particulière à ce sujet. L'Azerbaïdjan construit un oléoduc, par exemple. On tente de construire un pipeline qui traversera le sud de l'Europe afin d'établir un lien avec ses champs pétrolifères. On traite des occasions d'affaires et de l'appui qui est offert. On semble avoir une approche extrêmement dynamique. Lorsqu'on regarde les données pour les États-Unis, on voit que leurs exportations ont grimpé en flèche.
Avez-vous comparé le Canada aux autres pays? Dans votre exposé, vous avez fait allusion à l'Australie. Parmi les choses que font les autres pays, y a-t-il des mesures que le gouvernement canadien devrait adopter telles quelles, essentiellement?
M. Vidler : Oui. En soi, le rapport est fondé sur l'établissement des similitudes et des différences. Ce n'était pas totalement systématique, mais nous avons examiné la situation des pays qui connaissent du succès sur le plan commercial et qui ont de meilleurs résultats que nous. Nous voulions savoir ce qui les distinguait sur le plan des activités de promotion du commerce.
En ce qui concerne les services offerts au Canada par nos agents de promotion du commerce du service diplomatique, ils correspondent à ce que les autres pays offrent pour la plupart à leurs entreprises. Les mesures visent à les aider à établir de nouvelles relations dans les marchés et à régler les problèmes liés aux politiques et à la réglementation, lorsqu'ils se présentent. L'objectif est d'aider les gens à avoir une idée de ce qu'ils doivent faire pour se préparer à entrer dans ces marchés et de leur offrir un financement abordable par l'intermédiaire d'organismes de crédit à l'exportation, notamment.
J'aimerais toutefois relever une exception, soit la cinquième recommandation que je viens de présenter au comité, recommandation qui porte sur le financement de développement. Il s'agit d'un outil auquel les pays du G7, États-Unis compris, ont fréquemment eu recours au cours des dernières décennies. Aux États-Unis, on l'appelle l'Overseas Private Investment Corporation.
Ces organismes offrent des produits semblables à ceux offerts par Exportation et développement Canada, comme des capitaux propres ou du financement par emprunt, des garanties contre les risques, mais étant donné qu'ils sont axés sur l'obtention de résultats en matière de développement, le financement est, dans bien des cas, plus abordable que celui qui serait offert par les organismes de crédit à l'exportation. Cela cadre toujours dans leur politique de développement, mais lorsqu'ils cherchent à atteindre les objectifs de cette politique, ils ont recours à cet outil afin de favoriser la participation de leurs entreprises à ce programme et misent également sur leur expertise, leurs compétences et leurs capitaux pour obtenir le résultat en matière de développement. L'avantage qui en découle, c'est que les entreprises canadiennes — ou les entreprises de ces pays, dans le cas présent — sont plus actives dans ces marchés. C'est là une des lacunes par rapport aux produits et services que nous offrons aux entreprises canadiennes pour les aider dans de nouveaux marchés.
Il y a également des différences fondamentales en ce qui concerne les opérations. Par exemple, les États-Unis ont l'initiative d'exportation... J'oublie le nom exact, mais il s'agit essentiellement de l'initiative d'exportation du président Obama. Peu de temps après la crise financière, on a annoncé qu'on voulait doubler les exportations américaines sur une période donnée. Ils y sont presque parvenus. Ils n'ont pas réussi, mais les exportations ont tout même fait un bond remarquable.
Il s'agissait essentiellement de réunir l'ensemble des acteurs gouvernementaux liés au commerce, quel que soit leur rôle — les organismes de promotion du commerce, les organismes de financement à l'exportation, les organismes de promotion du commerce des États —, et d'adopter une approche commune, sous un même portail, soit « export.gov ». Le site était accessible à tous, et on y trouvait des renseignements sur les marchés provenant de diverses sources. Il s'agissait d'une collaboration pangouvernementale; toutes les informations étaient communiquées. Ainsi, sans dépenser bien davantage, sans offrir beaucoup plus de services, ils ont été en mesure d'obtenir de meilleurs résultats des activités qu'ils menaient déjà.
C'est ce qu'a fait le gouvernement du Canada au cours de la dernière année dans le cadre du Plan d'action sur le commerce mondial. On a remarqué des améliorations considérables sur le plan de la coopération entre Exportation et Développement Canada, la Corporation commerciale canadienne et le Service des délégués commerciaux du Canada. On semble vraiment avoir un objectif commun. Dans le cadre du programme Go Global, dont le ministre Fast fait la promotion à l'échelle du pays, on rencontre des sociétés pour leur dire : « Peu importe quelle agence fait quoi; appelez- nous et nous vous aiderons avec vos exportations. »
Cela dit, la coordination avec Agriculture Canada demeure difficile, puisque le ministère dispose d'un Secrétariat à l'accès aux marchés qui fait également de la promotion. Agriculture Canada fait la promotion du bœuf et du porc canadiens, notamment. Ces produits n'ont pas vraiment été intégrés à la stratégie du programme Go Global.
Ressource naturelle Canada dispose d'un service de conciergerie visant à aider les sociétés canadiennes à l'étranger. Par exemple, les sociétés minières, les entreprises extractives ou les entreprises exportant des produits de bois travaillent avec Ressource naturelle Canada. Ces produits ne sont pas intégrés au système Go Global. Je dirais que c'est à ce chapitre que d'autres pays ont peut-être un peu plus de succès que nous.
Finalement, il y a la question du ressourcement. Dans le rapport, nous présentons un calcul très approximatif des dépenses fédérales pour les services de promotion du commerce par rapport au PIB. En termes relatifs, le Royaume- Uni dépense environ deux fois plus que nous et l'Australie dépense beaucoup plus que nous. En analysant les états financiers des cinq dernières années ou depuis 2007, on remarque une baisse des dépenses du Service des délégués commerciaux.
Donc, bien que nous ayons élargi certains marchés, nous en avons négligé d'autres. Il est vrai que nous vivons dans un monde où les ressources sont limitées et qu'il faut parfois prendre des décisions difficiles, mais en analysant les points de tension qui permettraient de vraiment accroître notre rendement, on constate que celui-ci doit également être pris en considération.
Le sénateur Downe : Vous avez résumé ce que fait le gouvernement, ce qu'il devrait faire et ce qu'il pourrait faire, mais qu'en est-il de la communauté des affaires? Dans votre exposé, vous avez également laissé sous-entendre qu'il est beaucoup plus facile de faire des affaires avec les Américains, notamment en raison de la croissance rapide de leur économie et de la chute du dollar canadien. Il est beaucoup plus facile de faire des affaires aux États-Unis qu'en Corée du Sud, par exemple.
Que font la Chambre de Commerce et d'autres groupes commerciaux pour sensibiliser la communauté des affaires aux occasions d'affaires qui existent? Par exemple, nous avons appris, lors des discussions sur l'accord commercial avec la Corée du Sud, qu'en prévision de la conclusion de cet accord, les Sud-Coréens ont envoyé un avion-cargo à Halifax, l'ont chargé de homards et ont rapporté la cargaison en Corée du Sud. Comme vous le savez, la salubrité alimentaire est une préoccupation en Asie. Le homard canadien est sécuritaire et de qualité et il y a un marché en Corée du Sud pour ce produit. Il était donc assez facile pour la communauté des affaires de transporter des homards vers l'aéroport d'Halifax et de laisser quelqu'un d'autre prendre la relève.
La chambre offre-t-elle des programmes pour sensibiliser la communauté des affaires?
M. Vidler : Il existe plusieurs programmes dans le secteur privé à cet égard. La Chambre de Commerce du Canada travaille essentiellement en tant que coordonnateur pour ses membres. Encore aujourd'hui, nous nous concentrons habituellement sur la promotion. En collaboration avec le gouvernement, et dans le cadre du Plan d'action sur le commerce mondial, des délégués commerciaux ont été intégrés aux associations de l'industrie. Nous avons maintenant un délégué basé à Toronto.
Ce que nous avons décidé de faire — l'annonce devrait être faite au cours des prochaines semaines, mais je suis heureux de partager certaines informations avec le comité —, c'est de mettre cette ressource à la disposition des membres de la Chambre de commerce. Comme je l'ai déjà dit, nous comptons environ 450 chambres de commerce municipales ou provinciales parmi nos membres. Notre souhait, c'est qu'elles travaillent avec ce délégué commercial afin que celui-ci les aide à coordonner leurs efforts. Elles ont tendance à offrir une plus grande gamme de services à leurs membres, notamment dans le développement des affaires. La Chambre de commerce de l'Ontario à un fonds de développement des exportations. Elle a adopté une stratégie de ressources humaines pour les exportateurs, une stratégie élaborée en collaboration avec le gouvernement de l'Ontario.
Nous souhaitons participer à la coordination de certains de ces efforts à l'échelle fédérale afin de voir ce que les chambres de commerce peuvent apprendre les unes des autres et de renforcer leur capacité à fournir ces services à leurs membres.
D'autres organisations, comme Manufacturiers et Exportateurs du Canada, étudient la possibilité de créer leur propre programme. Cette organisation a mis en ligne un site web visant, entre autres, à aider les sociétés canadiennes à entrer en communication avec des responsables en Europe. Elle fera un suivi sur la mise en œuvre de l'accord commercial Canada-Europe. Ce n'est là qu'un exemple.
Si vous me le permettez, j'aimerais formuler un commentaire. Dans le contexte canadien, les ressources mises à la disposition des associations du secteur privé sont quelque peu limitées comparativement à des pays comme l'Allemagne où les sociétés sont tenues de verser un droit à leur chambre de commerce. Je dis cela à la blague, mais le comité devait peut-être songer à adopter une telle politique. Ça nous permettrait d'en faire davantage dans ce secteur.
La sénatrice Johnson : À mon avis, vous devriez commencer à charger pour vos services, vous ne croyez pas?
La chambre appuie la création d'un programme national d'image de marque dont l'objectif serait de bâtir à l'échelle internationale l'image du Canada en tant que source de produits de grande qualité et d'expertise et en tant que partenaire en innovation. Le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Islande, notamment, ont connu beaucoup de succès dans la création de leur image de marque dans le marché international. Quelles sont les forces et les faiblesses de la campagne sur la marque Fabriqué au Canada annoncée par le gouvernement en 2014 et quelle est la différence entre cette campagne et le programme national d'image de marque de la Chambre de commerce? Aussi, quelles sont les caractéristiques qui pourraient contribuer au succès d'un programme national d'image de marque?
M. Vidler : Merci. C'est une excellente question. Si j'ai bien compris — et je vais tracer les grandes lignes du programme afin de pouvoir le commenter et si je le qualifie incorrectement, je m'en excuse —, le programme Fabriqué au Canada serait axé sur les produits fabriqués au Canada. Essentiellement, les sociétés présentaient une demande pour recevoir une étiquette Fabriqué au Canada. Des produits pourraient être certifiés Fabriqué au Canada et cette marque serait développée par le gouvernement, en collaboration avec le secteur privé. Selon ce que j'ai compris, c'est essentiellement l'étendue du programme. Il s'agit d'une façon de créer un identificateur commun pour toutes les exportations canadiennes, et c'est certainement un pas dans la bonne direction. Comme nous le soulignons dans le rapport, des sondages menés auprès de sociétés et de particuliers un peu partout dans le monde montrent que le Canada n'est peut-être pas perçu comme un producteur de produits de haut de gamme — pas nécessairement des produits de haut de gamme, mais des produits novateurs, disons. Si le but est de créer une identité commune, alors je crois que c'est un pas dans la bonne direction. Il s'agit d'une amélioration par rapport à la situation actuelle.
Toutefois, le programme comporte certains problèmes. D'abord, il faut déterminer ce qui constitue un produit canadien. Dans quelle mesure puis-je apposer une étiquette « Fabriqué au Canada » sur mon produit? Qu'en est-il si j'achète des composantes aux États-Unis en vertu de l'ALENA, car ça me permet d'être plus concurrentiel? Je ne pourrai plus dire que mon produit est « Fabriqué au Canada ». Qu'en est-il du concept et des connaissances qui ont mené à la fabrication du produit, par exemple? Donc, l'application du programme se limite en grande partie aux produits dont la valeur est principalement canadienne. Il est également lié au produit lui-même.
Nous avons fait référence, plus tôt, à l'Australie. Si je ne m'abuse, leur programme s'appelle « Australia Unlimited ». Il s'agit d'une campagne de marketing plutôt holistique où le pays met en valeur les technologies et les produits qu'il fabrique. Il ne se limite pas à apposer une étiquette sur un produit; il crée une identité et trouve différentes façons de communiquer cette identité.
Le Canada dispose déjà de certains programmes qui font cela ou dont l'objectif est semblable, comme le Programme de l'investissement au Canada, la nouvelle stratégie de sensibilisation du gouvernement, une stratégie propre au Canada. Vous avez posé une question sur les facteurs à succès. On pourrait débattre de la question à savoir s'il faut créer des marques de créneaux en fonction des secteurs. Selon nous, il serait peut-être plus efficace de tout réunir sous une seule image de marque. Ainsi les gens reconnaîtraient cette marque, peu importe le secteur.
Le Canada a beaucoup de choses sur lesquelles bâtir. Il a la réputation d'offrir de grandes beautés naturelles, un environnement propre et des produits de haut de gamme dans certains secteurs. Le Canada, c'est plus que du sirop d'érable. Le secteur des fruits de mer est très bien connu. En novembre dernier, nous étions à Beijing, en compagnie du premier ministre, où nous participions à une délégation canadienne. Dans le cadre d'une réunion de la délégation, Jack Ma, d'Alibaba, a dit : « Les meilleures choses que je puisse vendre aux consommateurs chinois, ce sont de fins aliments et des produits alimentaires canadiens de haut de gamme. » À mon avis, il n'y a rien de mal à cela. Il faudrait éviter de se concentrer uniquement sur l'électronique ou la technologie. Il faudrait davantage publiciser le fait que le Canada est un bel endroit à visiter et où il fait bon vivre.
La sénatrice Johnson : Un peu comme le fait Terre-Neuve avec ses publicités touristiques. Elles ne portent sur aucun produit. Vous voudriez que l'on parle davantage du pays et des marques qu'il offre. Prenons l'exemple de l'Islande. C'est incroyable ce que ce pays a réussi.
M. Vidler : La perspective nationale est un élément clé de la réussite.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Monsieur Vidler, soyez le bienvenu. Ma question est la suivante : à l'heure actuelle, le gouvernement fédéral offre des services de promotion du commerce par l'entremise de divers organismes, y compris le Service des délégués commerciaux, Exportation et développement Canada, la Banque de développement du Canada, la Corporation commerciale canadienne, Ressources naturelles Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada, et les organismes fédéraux de développement régional. Les provinces et les territoires, et des associations sectorielles peuvent aussi offrir des programmes. Le mandat de certains de ces fournisseurs de services de promotion du commerce se chevauche-t-il, selon vous? Y a-t-il des lacunes dans les services offerts aux entreprises canadiennes?
[Traduction]
M. Vidler : Vous voulez savoir si les mandats se chevauchent ou s'il y a des lacunes dans les services offerts. Dans de nombreux cas, le chevauchement des mandats est inévitable. En fait, il s'agit d'un avantage sur le plan de la résilience et de la créativité, alors que différents intervenants tentent différentes choses. Il y a beaucoup de chevauchement entre le Service des délégués commerciaux et les organismes provinciaux de promotion du commerce. Presque tous les services qu'ils offrent se chevauchent.
Selon moi, plutôt que d'éliminer les chevauchements, il faudrait s'assurer que les différents organismes travaillent bien ensemble. Si le service cadre avec le mandat de l'organisme et que celui-ci peut assurer une prestation de qualité du service, tant mieux. Toutefois, si un autre organisme est mieux placé que lui pour offrir le service, il doit être en mesure de laisser l'organisme en question en assurer la prestation.
Prenons, par exemple, les protocoles d'entente conclue entre Exportations et Développement Canada et le Service des délégués commerciaux, et, si je ne m'abuse, le protocole d'entente conclue entre la Corporation commerciale canadienne et le Service des délégués commerciaux. Des efforts ont été déployés afin de lier ces différents organismes afin qu'ils puissent orienter correctement les clients. Depuis, le nombre de fois qu'un client a été réorienté a augmenté considérablement. Toutefois, il semble que les discussions à cet égard entre les organismes ne sont pas fréquentes. Cela démontre que certains organismes ne comprennent peut-être pas ce que les autres ont à offrir. Cependant, en principe, ils se sont engagés à améliorer leur rendement à ce chapitre. Selon moi, c'est une des façons d'améliorer la coordination d'un système sans avoir à dire aux différents organismes quoi faire.
Vous avez parlé des lacunes dans les services. Comme je l'ai dit en réponse à une question posée précédemment, en ce qui concerne l'offre de services elle-même, les sociétés peuvent habituellement trouver une agence au Canada qui offre du financement, qui pourrait les aider à développer de nouvelles opportunités dans divers marchés ou qui pourrait financer certains de leurs coûts de développement du marché. L'important, c'est de réunir ceux qui offrent les services et de trouver des façons de consolider les fenêtres d'accès pour les sociétés.
Il y a certaines lacunes, notamment en ce qui concerne l'institution du financement du développement. Les sociétés canadiennes n'ont pas accès à ce produit ou service. Elles font appel à ce genre d'institutions, mais dans d'autres pays où les sociétés étrangères sont limitées dans les services auxquels elles ont accès. Elles se tournent vers les États-Unis et tentent de faire valoir les avantages de leur participation à un projet d'infrastructures en Afrique ou en Amérique latine. Elles doivent trouver des fournisseurs américains afin de démontrer à l'institution américaine de financement du développement que leur participation sera bénéfique aux États-Unis. Nos sociétés ne devraient pas avoir à se tourner vers d'autres pays pour trouver ce genre d'outils.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Ma dernière question découle de celles qui ont été posées par la sénatrice Johnson. Selon vous, quels sont les éléments nécessaires à la réussite d'un programme national d'image de marque?
[Traduction]
M. Vidler : Il faudrait éviter de parler d'un programme de marque de commerce. Une marque de commerce fait référence à quelque chose de tangible ou de précis qui dit : « Ce produit est Canadien. Voici ce qui constitue un produit canadien. » Nous devons faire preuve de souplesse, nous adapter et établir notre marque. J'ai dit plus tôt qu'il faudrait peut-être publiciser le fait que le Canada, ce n'est pas uniquement un endroit où l'on retrouve des beautés naturelles; c'est également un endroit propice à l'innovation. J'ignore si c'est vrai.
Il faudrait faire des recherches et interroger des hauts dirigeants et des hauts fonctionnaires dans les marchés que nous considérons comme prioritaires afin de savoir ce qui les intéresserait et les inciterait à considérer le Canada. C'est ce qu'a fait l'Australie avec son programme « Australia Unlimited ». On pourrait mener d'autres sondages, poursuivre avec cette approche et découvrir ce que les gens pensent du Canada. Les sociétés étrangères considèrent-elles le Canada comme un pays propice à la commercialisation de leurs produits?
Il faut vraiment faire la recherche, définir comment nous voulons que le Canada soit perçu et utiliser tous les outils à notre disposition, que ce soit une marque de commerce sur un produit ou une campagne de marketing comme celle de Terre-Neuve-et-Labrador, que j'aime bien. C'est peut-être ainsi qu'il faut procéder dans les marchés ciblés. Avant de nous lancer dans la création d'un programme unique d'image de marque, il faudrait se pencher sur cette question et bien analyser la situation.
La sénatrice Cordy : J'aimerais également vous poser une question sur la marque Fabriqué au Canada. J'ai été surprise de lire dans votre rapport — soit dit en passant, il s'agit d'un excellent rapport et vous faites de très bonnes suggestions — que la marque Canada pointe au deuxième rang, alors que la marque Fabriqué au Canada ne figure même pas dans les 20 premières. Nous avons signé beaucoup d'accords de libre-échange au cours des dernières années. J'ai donc été surprise de constater ce résultat.
La sénatrice Fortin-Duplessis vous a demandé ce qu'il faudrait faire. Dans votre rapport, vous dites que les délégations devraient être menées par quelqu'un de très bien connu. C'est logique. Si l'on veut attirer des hauts placés, c'est le genre de personne qu'il faut.
Vous parlez également dans votre rapport d'un ambassadeur spécial du commerce. J'aimerais que vous nous en disiez un peu plus à ce sujet. Selon ce que vous écrivez, ça pourrait être utile, mais il ne faudrait pas oublier les ambassades et le personnel des ambassades qui travaille dans le secteur du commerce. Il faudrait créer une image de l'ambassadeur du commerce de façon à ce que les différents pays comprennent que la personne qui vient discuter avec eux est haut placée. Sinon, il sera difficile pour l'ambassadeur d'obtenir leur coopération ou de rencontrer les responsables de ces pays.
J'aimerais avoir un peu plus d'information au sujet de l'ambassadeur du commerce, car il est très important que l'on s'attarde à la marque Fabriqué au Canada. C'est un peu alarmant de ne pas figurer parmi les 20 premières.
M. Vidler : Selon nous, le rôle de l'ambassadeur du commerce est intéressant, car, tout en reconnaissant l'importance des délégations de haut niveau et des ministres ayant une responsabilité économique, il faut aussi reconnaître que le ministre Fast, par exemple, a beaucoup de responsabilités ici même, au Canada. Non seulement il fait la promotion des sociétés canadiennes et leur ouvre des portes, il donne également des directives au personnel du ministère sur le type de négociation à entreprendre et prend des décisions en fonction de ces négociations. Ça l'éloigne un peu de l'engagement ciblé dont a parlé le sénateur Downe avec les États-Unis et Azerbaïdjan. Il est injuste de s'attendre à ce que notre ministre du Commerce dise : « Voilà, nous allons travailler avec ces sociétés canadiennes dans le cadre de ce projet ». C'est un dossier trop dynamique. L'ambassadeur pourrait avoir comme mandat d'assurer la coordination des délégations et de travailler sur les 50 principaux projets auxquels les sociétés canadiennes s'intéressent dans les marchés ciblés afin de libérer les sociétés de cette responsabilité leur permettant de se concentrer sur leurs activités.
Concernant le titre et la reconnaissance du poste, l'ambassadeur de la liberté de religion du Canada serait un bon modèle à suivre. Nommé par le premier ministre, selon moi, le ministre des Affaires étrangères ou le ministre du Commerce, l'ambassadeur serait très respecté par nos partenaires commerciaux et jouirait de beaucoup de crédibilité, notamment dans les marchés de l'Asie, du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud où les représentants du gouvernement sont très respectés et où ils doivent participer à beaucoup de ces transactions importantes.
La sénatrice Cordy : Ça pourrait aussi fonctionner. Si j'ai bien compris, en lisant votre rapport et d'autres documents sur le sujet, on ne peut pas inviter des PDG à participer à une délégation cinq jours à l'avance; il faut les informer très tôt. L'ambassadeur pourrait travailler avec la communauté des affaires 12 mois par année.
Une autre de vos recommandations m'intéresse, et c'est dans la même veine, soit celle concernant l'augmentation du commerce. Vous parlez d'une fenêtre unique pour obtenir des renseignements, ou un guichet unique, qui éviterait aux sociétés de téléphoner à cinq ministères différents, par exemple. Vous avez mentionné plus tôt Ressources naturelles et Agriculture Canada, mais il y a toute une panoplie de ministères et d'organismes à contacter. De nombreux organismes ont de l'expérience dans le commerce international.
Comment, selon vous, une fenêtre ou un guichet unique permettrait-il d'accroître notre commerce et comment cela pourrait-il profiter aux membres de la Chambre de Commerce du Canada?
M. Vidler : Notre vision est celle d'une campagne ou d'un produit axé sur les PME en particulier. Les plus grandes sociétés qui disposent d'un département de relations gouvernementales et ont déjà transigé avec le gouvernement ont déjà des personnes-ressources avec lesquelles elles peuvent communiquer et savent comment utiliser le système. Ça ne veut pas nécessairement dire que c'est facile pour elles, mais un guichet unique serait particulièrement utile pour les petites entreprises qui font peut-être déjà des affaires à l'étranger sans savoir que le gouvernement fédéral pourrait les aider.
Puisque les programmes et organismes provinciaux et fédéraux ne savent pas ce que les autres font, ce n'est pas très accueillant pour les sociétés. C'est assez pour les décourager. Ça semble toujours trop difficile pour ce que ça rapporte.
Notre rêve serait qu'il y ait un guichet unique où les entreprises pourraient profiter des ALE dont parle le gouvernement. La société appelle quelqu'un, une sorte de concierge, en mesure de dire, par exemple : « Oh, c'est intéressant. Vous n'avez pas encore fait un essai de vos compétences en exportation. Nous avons quelqu'un qui pourrait s'en charger pour vous. Aimeriez-vous que l'on vous mette en communication avec les organismes de réglementation canadiens qui pourraient contacter leurs homologues dans les marchés que vous ciblez pour voir si la certification de votre produit convient? »
Les petites entreprises ne devraient pas avoir à défrayer les coûts de recherche, sinon elles n'utiliseront pas ces ressources. C'est la raison pour laquelle j'aimerais féliciter le gouvernement pour le programme Go Global qui envoie essentiellement aux sociétés le message suivant : « Ne vous inquiétez pas des organismes. Vous pourrez poser ces questions plus tard ou même, vous n'aurez pas à poser ces questions. David, Sebastian ou Trisha communiquera avec vous pour connaître vos besoins et vous mettre en communication avec les bonnes personnes de façon à ce que vous puissiez profiter de toutes les opportunités possibles pour vous aider à pénétrer ces marchés. »
La sénatrice Cordy : C'est extrêmement important, surtout pour les petites entreprises ou les entreprises en démarrage qui n'ont pas les ressources pour faire toutes ces recherches elles-mêmes. Merci beaucoup.
En passant, je suis de la Nouvelle-Écosse et il n'y a rien de plus savoureux que le homard de la Nouvelle-Écosse. Je comprends pourquoi les gens de partout l'aiment.
Le sénateur Downe : J'aimerais invoquer le Règlement.
Le président : Je vais laisser les représentants du Québec et de l'Atlantique régler cette question en eux. S'il était question des légumineuses à grains, j'interviendrais tout de suite.
Le sénateur Oh : Ma question porte sur les missions ou les délégations commerciales. Chaque année, le Canada organise une quantité innombrable de missions ou de délégations commerciales. À leur retour, elles annoncent avoir conclu des PE. Par exemple, chaque année, le gouvernement de l'Ontario se rend en Asie et revient avec des PE d'une valeur de 20 ou 30 milliards de dollars. Ces PE sont-ils efficaces? Est-ce que quelqu'un fait un suivi sur ces PE? La Chambre de Commerce du Canada organise-t-elle des délégations commerciales en Asie ou ailleurs? Combien de délégations avez-vous organisées et combien en avez-vous accueillies?
Avez-vous fait un suivi des PE conclus? Quel est le taux de réussite de ces PE? Quelle est la meilleure façon d'organiser une mission commerciale? Y a-t-il une façon efficace de jumeler deux villes ou est-ce préférable de procéder par province ou par pays?
M. Vidler : Je vais tenter de répondre à quelques-unes de ces questions — elles sont toutes très importantes. Depuis une dizaine d'années, on a beaucoup débattu de l'importance des grandes délégations commerciales. Elles annoncent la conclusion de PE pour des milliards de dollars, mais est-ce vraiment les délégations qui ont généré ces sommes? Les ententes de principe annoncées ont-elles abouti? Bien qu'il s'agisse d'une discussion importante, ce n'est pas la question. Ce que nous disons dans le rapport, c'est que ces délégations font partie d'une stratégie de marketing, une stratégie nationale.
Que l'accord ou l'entente de principe pour des considérations futures dans un secteur en particulier entraîne des résultats concrets n'est pas la question. Il faudrait plutôt se poser, par exemple, les questions suivantes : Avons-nous invité les hauts dirigeants des grandes sociétés canadiennes et des PME à rencontrer les hauts dirigeants de l'industrie du commerce du pays concerné? Avons-nous réuni les bons ministres du cabinet? Sommes-nous en train d'établir ces relations?
Sur le plan de la comptabilité, on voit 1 milliard de dollars, 1,2 milliard de dollars — en fait, ce sont des ventes. Il s'agit d'une visite de vente. Lorsqu'elles découvrent cette possibilité, les sociétés font un suivi. Il faudrait éviter de se demander : « Est-ce un accord réel? Est-ce que ça s'est vraiment conclu? »
De nombreux représentants de sociétés m'ont dit que s'ils savent qu'une délégation sera bientôt organisée, notamment dans les marchés comme la Chine où l'aspect cérémonie est très important, bien souvent ils vont mettre de l'avant une entente déjà en cours de négociation. Ils diront qu'ils ont eu de longues discussions au sujet d'une possibilité d'affaires — peut-être une vente importante de produits de l'industrie aérospatiale canadienne —, mais que la transaction ne sera pas conclue avant la tenue d'une visite sur place. Ils peuvent ainsi lier la transaction à la visite, ce qui met de la pression sur le gouvernement local qui veut pouvoir faire une annonce.
Il arrive que des transactions soient conclues grâce à la délégation. Il ne faudrait pas que cela soit la seule unité de mesure de l'efficacité ou de l'avantage d'une délégation.
Au sujet de l'organisation et de la structure d'une délégation, je crois qu'il est important que le gouvernement fédéral soit représenté afin de faire progresser la marque Canada. Nous avons eu de bons exemples de délégation, que ce soit l'Équipe Canada sous le gouvernement libéral ou la délégation organisée par le gouvernement actuel qui s'est rendue en Chine en novembre dernier. Nous étions fiers d'y participer. Si je ne m'abuse, celle-ci comptait entre 200 et 250 représentants de sociétés. La Chambre de Commerce du Canada a réuni entre 10 et 15 pdg pour participer à cette délégation. Tous ont dit que ce fut une expérience très positive.
Il y avait également des représentants des gouvernements de la Colombie-Britannique et de l'Alberta. Ce genre de représentation est nécessaire pour attirer les chefs d'entreprise et les dirigeants politiques chinois. Je sais que certaines ententes annoncées dans le cadre des PE ont été conclues grâce à ce voyage.
Le sénateur Demers : Merci de votre participation. Nous vous en sommes reconnaissants.
Quels sont les principaux obstacles ou risques auxquels sont confrontées les PME qui désirent faire de l'exportation ou accroître leurs exportations? Dans quelle mesure devraient-elles intégrer la chaîne d'approvisionnement des grandes sociétés afin de pénétrer de nouveaux marchés plutôt que de procéder seules?
M. Vidler : Pourriez-vous préciser la dernière partie de votre question?
Le sénateur Demers : Dans quelle mesure les PME devraient-elles intégrer la chaîne d'approvisionnement des grandes sociétés afin de pénétrer de nouveaux marchés plutôt que de procéder seules?
M. Vidler : C'est une très bonne question. Je serais heureux d'y répondre.
Le sénateur Demers : Merci.
M. Vidler : Pour répondre à votre première question, les obstacles pour les PME sont logiques. Il y a les obstacles culturels et linguistiques. Ceux-ci peuvent être aussi importants ou même plus importants que les obstacles politiques dont nous aimons parler, mais il ne faudrait pas sous-estimer l'importance de ces obstacles politiques. Vous savez, ce sont ces obstacles qui mènent, notamment, aux questions et aux réflexions suivantes : « Je vais devoir respecter toutes ces réglementations différentes relativement aux produits. Je devrai obtenir des approbations de mise en marché. J'ignore de quoi il s'agit. Y a-t-il un avocat en qui je peux avoir confiance pour m'aider à naviguer le système? Qui est mon partenaire local dans ce marché? » Il existe une multitude de questions semblables.
Il est également important de reconnaître que le défi sur le plan des affaires est probablement une priorité. Mon produit répond-il à la demande du marché? Le marché est-il en pleine croissance? Ai-je de la concurrence? Est-ce que je peux battre la concurrence? Vais-je me faire chasser du marché pour une question de prix ou pour une autre raison? La politique, c'est important, mais pas nécessairement aussi important qu'on le dit.
Cela m'amène à votre question sur l'intégration dans une chaîne d'approvisionnement. Si une PME peut s'associer à une grande société, un client nord-américain ou canadien qui a des activités diversifiées, peut-être que cette société peut prendre le risque de pénétrer un nouveau marché. S'il s'agit, par exemple, d'un important fabricant de pièces automobiles ou de pièces aérospatiales avec des usines dans 15 pays, ce ne serait pas la fin du monde s'il échouait dans une tentative de pénétrer un 16e marché. Mais, pour la PME, pour qui il s'agirait d'un deuxième marché, un échec pourrait être fatal.
Si vous pouvez vendre votre produit à cette société diversifiée déjà implantée dans divers marchés, celle-ci pourrait assumer une majeure partie du risque pour vous. Vous connaissez déjà la société. Elle est fiable et paie à temps. Vous savez pourquoi elle fait affaire avec vous. Cela peut s'avérer un excellent tremplin vers de nouveaux marchés. Beaucoup de PME ont procédé de cette façon pour pénétrer des marchés internationaux. Elles ont suivi une grande multinationale canadienne ou étrangère dans un nouveau marché et se sont servies de cette relation pour en développer de nouvelles. Elles ont démontré leur utilité au sein de ces chaînes d'approvisionnement.
Le sénateur Dawson : Dans le cadre de votre témoignage devant le comité de la Chambre des communes, vous avez dit qu'Équipe Canada était une bonne approche et que, en Chine, notamment, elle a...
Le sénateur D. Smith : J'y étais.
Le sénateur Dawson : Je n'ai pas de commentaire à faire à ce sujet. Quel voyage était-ce? Non.
C'est ce que vous avez dit devant le comité de la Chambre des communes. Pourtant, dans votre rapport, vous ne recommandez pas au gouvernement d'adopter la même approche cette fois-ci. Si c'était une bonne idée, pourquoi ne pas recommander la même approche?
M. Vidler : Le problème est peut-être le libellé de la recommandation.
Le sénateur Dawson : Je lis la version française. Je l'ai peut-être manquée, mais je ne vois pas Équipe Canada en référence à un groupe formé du premier ministre, des premiers ministres provinciaux et de dirigeants d'affaire de premier ordre participant à un voyage très bien structuré pour promouvoir la qualité des produits canadiens. C'est quelque chose que nous n'avons pas vu depuis plusieurs années. Je ne veux pas dire qu'il n'existe pas d'autres approches ou qu'elles ne pourraient pas réussir, mais à la lumière de ce que vous avez dit devant le comité de la Chambre des communes, je me demande pourquoi vous ne recommandez pas cette approche. Peut-être que la traduction n'est pas fidèle.
M. Vidler : C'est la recommandation 2.1, à la page 18. Je suis d'accord avec vous que ce n'est peut-être pas évident, mais la recommandation dit ceci :
Mettre en place un comité de planification à long terme composé de représentants du secteur privé ainsi que des provinces et territoires afin de coordonner les envois de délégations portant les couleurs du Canada.
Il est question de la participation des ministères fédéraux, des organismes provinciaux et des hauts dirigeants du secteur privé. Cette recommandation porte peut-être davantage sur le mécanisme derrière l'organisation d'une délégation. Comme je l'ai dit, je crois, devant le comité de la Chambre des communes, la sémantique peut parfois nous faire perdre du temps.
Ce que nous avons fait valoir, en fait, c'est que l'Équipe Canada était très efficace sous le gouvernement libéral. Les libéraux parlaient de délégations commerciales fédérales. Une délégation s'est rendue en Chine en novembre dernier. Si vous vous demandez ce qui était bon à propos de l'Équipe Canada, c'est que nous voyagions tous ensemble et produisions un grand effet. Nous attirions beaucoup l'attention. La mission de novembre en Chine correspondait tout à fait à cette description. Si ce sont les caractéristiques que vous recherchez, elles y étaient. C'était aussi le cas lorsque le premier ministre s'est rendu en Chine en 2012.
Le sénateur Dawson : Comme vous le savez, nous tentons d'être le plus impartial possible au sein du comité, mais je lis l'explication de la recommandation 2.1, et l'avant-dernière phrase porte sur l'organisation : « Une réunion pourrait avoir lieu en marge de la réunion des premiers ministres [...]. » Puisque nous savons qu'il n'y a pas eu de réunion semblable depuis neuf ans, j'imagine qu'il n'y en aura pas de sitôt. Il s'agit davantage d'une observation partisane que d'une question.
Le président : Je suis persuadé que vous ne voulez pas continuer.
M. Vidler : Peut-être que la rencontre du Conseil de la fédération pourrait...
Le président : Merci. Je voudrais seulement poser une question, après quoi j'aurai une remarque complémentaire.
J'ai entendu dire que nous portons une attention particulière aux PME, en leur offrant en premier lieu des incitatifs et une aide au pays, puis en les aidant à trouver leur créneau et ce genre de chose à l'étranger. D'après les commentaires que j'ai reçus, si une entreprise souhaite pénétrer les marchés mondiaux et conserver son siège social au Canada, elle ne semble pas avoir accès au genre de financement dont elle aurait besoin pour passer d'une PME prospère à une entreprise d'envergure mondiale. La plupart des entreprises jettent l'éponge en se disant qu'il vaut peut-être mieux déménager aux États-Unis, puisqu'il est possible d'y obtenir le financement nécessaire pour devenir une entreprise mondiale tout en conservant son siège social sur place, quel que soit l'État. Voilà un frein à l'innovation de ces entreprises. Celles qui font le saut sont habituellement très modestes. Lorsqu'elles sont prêtes à véritablement se mondialiser, elles ont peut-être déjà pénétré 20 ou 30 pays, mais elles doivent vraiment élargir leurs opérations. Puisqu'elles n'ont pas accès à ce genre d'aide financière ici, elles décident donc de déménager leur siège social à l'étranger.
M. Vidler : Je pense que l'accès au financement joue un rôle très important dans la difficulté à améliorer l'efficacité commerciale du Canada. Il n'existe aucune solution rapide. J'ai dit tout à l'heure que le financement du développement est un type d'outil de financement public qui ne fait actuellement pas partie du portefeuille canadien, mais c'est une sorte de produit-créneau. Je doute que ce soit vraiment lié à la difficulté dont vous parlez, à savoir le financement nécessaire pour qu'une entreprise comptant 600 employés dans 12 pays devienne une véritable multinationale.
L'accès au financement est une question à laquelle la chambre s'attarde beaucoup. Elle examine comment on peut investir sur les marchés du capital de risque afin d'obtenir des résultats plus tôt dans le cycle de vie des sociétés que les entreprises dont vous parlez. La Banque de développement du Canada collabore avec les banques canadiennes du secteur privé, et nous l'encourageons toujours à innover et à trouver des façons d'atténuer certains des risques que les banques prendraient si elles finançaient ce genre d'entreprises.
Permettez-moi de vous donner l'exemple du secteur des petites sociétés minières, où certains cadres fiscaux ont été mis en place afin d'aider en quelque sorte le démarrage des entreprises, même si elles ont tendance à croître jusqu'à une certaine taille, puis à être vendues à une autre société.
Il est important de veiller à ce que notre système bancaire offre les bons produits et des services de pointe à nos entreprises. Ces dernières années, la chambre a accueilli bien des banques étrangères parmi ses membres. Ces institutions font partie de réseaux internationaux et peuvent être implantées dans des régions où on ne retrouve aucune banque canadienne. Nous croyons que c'est utile. Nous avons beaucoup d'entreprises qui envisagent d'utiliser certains de ces réseaux mondiaux et de travailler avec différents produits qui pourraient les aider lors des étapes ultérieures.
Le président : Vous avez conclu votre exposé en disant que le Canada doit prendre des mesures énergiques, et votre rapport parle d'action. Quelle est cette mesure énergique que vous croyez que le gouvernement canadien devrait prendre dès maintenant? Ou s'agissait-il simplement d'une belle conclusion à un excellent rapport?
M. Vidler : C'était peut-être davantage afin de produire un effet.
Ce que nous avons présenté dans le rapport est un véritable menu d'options et de points sensibles que le gouvernement pourrait cibler pour mieux tirer avantage de notre système de promotion commerciale. Il faudrait effectuer des recherches un peu plus poussées afin de bien comprendre l'incidence sur ce genre de politiques avant de dire qu'une recommandation est plus importante qu'une autre.
Le président : Mis à part la recherche, votre rapport semble dire que nous devons être plus systématiques et constants pour réussir. Nous devons tenir compte des nouvelles tendances, des nouveaux enjeux, des nouvelles entreprises et des nouveaux défis. Il n'existe aucune solution magique. Il faut travailler fort pour que les sociétés réussissent. Cela dit, lorsque je voyage de par le monde, on me dit toujours que notre pays est peu enclin à prendre des risques. Comment les sociétés font-elles? Vous êtes dans une position privilégiée pour prendre plus de risques.
M. Vidler : Au sujet de la mesure énergique, j'ai peut-être trouvé de quoi il s'agit. Si nous, au Canada, nous penchons sur ce que nous pouvons faire et décidons que notre avenir économique passe par le commerce, ce qui semble faire l'unanimité, nous devrions alors faire tout ce que nous pouvons de ce côté. Compte tenu du climat financier et de la baisse des prix des produits de base, il y a des limites à ce que le gouvernement peut faire immédiatement, à court terme.
Nous ne parlons pas d'investir des tonnes d'argent ni de procéder à une restructuration majeure des ministères et organismes gouvernementaux, mais plutôt de combler les lacunes. Le budget des délégués commerciaux se situe entre 100 et 150 millions de dollars par année. Si cet argent sert à percer les marchés mondiaux, des travaux de recherche révèlent que chaque dollar versé au service des délégués commerciaux rapporte 26 $ en exportations. Nous pouvons certainement trouver cet argent quelque part, si nos dirigeants politiques trouvent le temps de faire ce genre de choses.
Le sénateur D. Smith : Je tiens à préciser que j'ai participé à probablement plus d'une dizaine de missions en Chine depuis 40 ans, mais que la plus réussie a de loin été la mission de l'Équipe Canada en 1994, dont je faisais partie. Sans vouloir tomber dans la partisanerie, la relation avec les premiers ministres et les provinces que Jean Chrétien avait établie fonctionnait vraiment. Ils étaient tous présents. Nous avions passé passablement de temps avec le premier ministre.
Lors de la première réunion, il m'a interpellé pour me dire que je ressemblais à Henry Kissinger, et tout le monde m'a surnommé ainsi pendant le reste du voyage. Les relations étaient vraiment excellentes, et les médias étaient incroyables.
Je sais qu'on ne peut simplement pas toujours faire des missions semblables, mais celle-là avait bel et bien fonctionné. La chimie qui s'opère dans la collaboration entre le fédéral et les provinces n'a rien à voir avec celle de l'époque, et je tenais simplement à le souligner. Je sais que d'autres missions ont réussi différemment, mais celle-là était tout à fait unique, et je pense que M. Chrétien mérite des éloges.
Le président : J'ignore si vous souhaitez répondre. Je pense que le sénateur Smith disait que c'était une des initiatives, comme vous l'avez dit, et qu'il y en a eu d'autres.
M. Vidler : Merci, oui. Je pense effectivement...
Le président : Je tente de conclure la séance.
M. Vidler : Les aspects positifs de ce voyage ressemblent au genre d'éléments que nous aimons retrouver dans bien des déplacements, et que nous avons également constatés lors de certains déplacements récents du gouvernement.
Le président : Monsieur Vidler, vous pouvez voir que vous avez suscité beaucoup d'intérêt. Nous allons continuer à suivre la question. Je remercie la chambre de son rapport, qui nous a été extrêmement utile. Merci d'avoir été avec nous aujourd'hui.
Chers sénateurs, nous allons poursuivre la séance à huis clos afin de discuter des travaux à venir.
(La séance se poursuit à huis clos.)