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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule no 15 - Témoignages du 23 septembre 2014


OTTAWA, le mardi 23 septembre 2014

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 17 h 5, pour examiner l'importance des abeilles et de leur santé sur la production de miel, d'aliments et de graines au Canada.

Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Honorables sénateurs, je vous souhaite la bienvenue à la séance du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Je m'appelle Percy Mockler, sénateur du Nouveau-Brunswick et président du comité. J'aimerais maintenant demander aux sénateurs de se présenter.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, de Saint-Louis-de-Kent.

[Traduction]

La sénatrice Merchant : Pana Merchant, de la Saskatchewan.

Le sénateur Enverga : Tobias Enverga, de l'Ontario.

[Français]

Le sénateur Maltais : Ghislain Maltais, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Beyak : Sénatrice Lynn Beyak, de l'Ontario.

La sénatrice Unger : Betty Unger, d'Edmonton, en Alberta.

[Français]

Le sénateur Rivard : Sénateur Michel Rivard, du Québec.

Le sénateur Dagenais : Sénateur Dagenais, du Québec.

[Traduction]

Le sénateur Ogilvie : Kelvin Ogilvie, de la Nouvelle-Écosse.

Le président : Merci, mesdames et messieurs les sénateurs.

Le comité poursuit son étude sur l'importance des abeilles et de leur santé dans la production de miel, d'aliments et de graines au Canada. L'ordre de renvoi que le Sénat du Canada a donné au Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts nous autorise à examiner, afin d'en faire rapport, l'importance des abeilles et de leur santé dans la production de miel, d'aliments et de graines au Canada. Le comité est notamment autorisé à examiner ce sujet dans les contextes suivants :

[Français]

L'importance des abeilles dans la pollinisation pour la production d'aliments au Canada, notamment des fruits, des légumes, des grains pour l'agriculture, et du miel. De plus, nous examinerons l'état actuel des pollinisateurs, des mégachiles et des abeilles domestiques indigènes au Canada.

[Traduction]

Nous examinerons également les facteurs influençant la santé des abeilles, y compris les maladies, les parasites et les pesticides au Canada et dans le monde, ainsi que des stratégies que le gouvernement, les producteurs et l'industrie pourraient adopter pour assurer la santé des abeilles.

Honorables sénateurs, nous entendrons aujourd'hui Rhéal Lafrenière, apiculteur provincial pour le gouvernement du Manitoba, qui témoignera par vidéoconférence. Nous recevons également parmi nous Janice Tranberg, sous- ministre adjointe du ministère de l'Agriculture du gouvernement de la Saskatchewan.

M. Lafrenière, du Manitoba, prendra la parole en premier, suivi de Mme Tranberg. Les sénateurs poseront ensuite des questions.

Au nom du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts, je remercie les témoins d'avoir accepté notre invitation à comparaître et de participer à cette étude.

Monsieur Lafrenière, auriez-vous l'obligeance de faire votre exposé?

Rhéal Lafrenière, apiculteur provincial, gouvernement du Manitoba : Merci beaucoup.

L'industrie apicole du Manitoba est composée de deux industries distinctes : celle de l'abeille domestique et celle de la découpeuse de la luzerne. Toutes deux sont importantes pour l'économie du Manitoba. Nous estimons que l'industrie de l'abeille domestique du Manitoba vaut, pour le miel seulement, environ 42 millions de dollars annuellement; l'industrie de la découpeuse de la luzerne vaut quant à elle 15 millions de dollars supplémentaires.

Quand on tient compte de l'incidence de la pollinisation sur les plantes cultivées au Manitoba, même si les apiculteurs ne tirent peut-être pas de revenu de leur pollinisation, nous estimons que le fait que l'industrie de l'abeille domestique contribue à la pollinisation de cultures comme le canola, les fleurs et le sarrasin à graines noires apporte un avantage supplémentaire d'une valeur de 80 millions de dollars. La présence de l'industrie apicole au Manitoba a donc une utilité supplémentaire.

Je vais principalement traiter de l'industrie de l'abeille domestique parce que c'est elle qui est la plus menacée par le déclin actuel des abeilles. Quand nous examinons nos colonies d'abeilles au fil des ans, nous observons une certaine fluctuation, mais depuis 2006-2007, le déclin ou la fluctuation des abeilles domestiques est principalement attribuable aux pertes hivernales élevées. Auparavant, les fluctuations pouvaient s'expliquer en partie par des facteurs déterminants du marché comme le miel et, occasionnellement, par des pertes élevées également. Alors que les tendances à long terme dépendaient généralement du marché, nous constatons que le marché a maintenant l'effet contraire. C'est très fort et le nombre de colonies diminue dans la province.

Si nous nous intéressons précisément aux 10 dernières années, et tout spécialement depuis 2007, nous avons noté des pertes de l'ordre de 26 p. 100 en moyenne, alors que les pertes sont normalement de 15 p. 100 au Canada. Au Manitoba, nous disions qu'au cours des 20 dernières années, les pertes s'établissaient entre 15 et 25 p. 100, 25 p. 100 étant le pourcentage le plus élevé et 15 p. 100, le plus bas. Mais nous enregistrons maintenant des pertes bien plus importantes que cela.

Pour être plus précis, depuis 2010, nous constatons que les pertes au Manitoba tendent à être supérieures à la moyenne nationale, alors qu'avant 2010, la tendance au Manitoba était inférieure à la moyenne nationale.

Au cours d'une année très particulière, nous avons perdu 46 p. 100 des colonies et nous avons cherché à comprendre pourquoi les pertes étaient aussi élevées. Il semble qu'il s'agissait d'une tempête presque parfaite; la sécheresse ayant sévi à la fin de 2012 a certainement eu une incidence sur les pertes hivernales. Alors qu'elles se préparaient à l'hiver, les colonies ont dû cesser leurs activités très tôt et arrêter la production de couvain au mois d'août, alors qu'elles en produisent généralement jusqu'en septembre. S'en est suivi un très long hiver et un printemps peu propice à ces populations. Le temps que les abeilles aient la capacité de remplacer les vieilles abeilles, les pertes totalisaient 46 p. 100 en moyenne. Je dirais que c'est un peu anormal. Les pertes hivernales se sont certainement avérées élevées et l'industrie a eu de la difficulté à s'en relever.

Quand nous avons demandé aux apiculteurs ce qu'ils considéraient comme étant les principaux facteurs responsables de ces pertes élevées, la réponse qui revenait le plus souvent était la température, suivie de près par les problèmes relatifs aux reines. D'autres facteurs ont également été évoqués. Nous avons aussi remarqué que les apiculteurs qui ont enregistré les plus grandes pertes tendaient à répondre en disant que l'hiver était le facteur prédominant qui avait influencé la capacité des abeilles à hiverner, ainsi que des maladies comme la nosémose. Les producteurs ayant fait état de pertes relativement faibles cette année-là ont principalement attribué ces pertes aux problèmes relatifs aux reines et à la famine.

Le gouvernement du Manitoba et les apiculteurs ont réagi à cette augmentation imprévisible des pertes en élaborant des programmes de gestion du risque de l'entreprise après que les pertes importantes eurent commencé à survenir. Il existe un programme d'assurance contre les pertes d'abeilles liées à l'hivernage qui aide les apiculteurs à remplacer financièrement certaines des pertes subies. Nous avons également mis l'accent sur l'éducation et l'adoption de pratiques de gestion exemplaires en ce qui concerne plus directement la biosécurité. Nous faisons la promotion d'ateliers et de séances de formation sur la biosécurité des abeilles, ainsi que de programmes incitant les apiculteurs à adopter des pratiques exemplaires en intégrant certains éléments à leurs activités afin d'assurer la biosécurité.

Nous avons aussi collaboré étroitement avec l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire afin de faire état des pertes attribuables aux pesticides dans l'industrie apicole. Quand on remarque de telles pertes, on avise l'ARLA pour qu'elle les consigne. Nous avons également travaillé avec les apiculteurs afin de les aider à relever ces cas.

En outre, nous avons mis l'accent sur la surveillance et l'atténuation. Le programme de surveillance repose principalement sur un programme d'inspection des maladies de l'abeille domestique, dans le cadre duquel on procède, au printemps, à des inspections annuelles des colonies d'abeilles à l'échelle de la province afin de surveiller les maladies. Certaines de ces maladies sont réglementées, alors que pour d'autres, nous ne faisons que fournir de l'information sur leur incidence sur les abeilles et recommandons des traitements.

Nous avons également misé sur la recherche et l'innovation. En collaboration avec l'Université du Manitoba et l'Association des apiculteurs, nous avons envisagé des activités de gestion des parasites et des maladies de l'abeille, notamment des traitements pour lutter contre un important parasite ayant une incidence économique, le varroa. Nous avons également travaillé avec l'ARLA dans le cadre de son étude chaud-froid nationale portant sur l'effet des néonicotinoïdes dans certaines régions.

Enfin, nous avons travaillé avec l'Association des apiculteurs et quelques apiculteurs pour tenter de trouver des solutions afin de découvrir de nouvelles sources ou de produire davantage d'abeilles au Manitoba pour remplacer les pertes hivernales.

Voilà qui met fin à mon exposé.

Le président : Merci. Je demanderais à Mme Tranberg de faire son exposé.

Janice Tranberg, sous-ministre adjointe, ministère de l'Agriculture, gouvernement de la Saskatchewan : Merci de m'avoir invitée aujourd'hui.

La santé des abeilles domestique est une grande préoccupation pour le gouvernement de la Saskatchewan. Le secteur apicole constitue une composante importante du paysage agricole de la province. Grâce à la bonne intendance et à la saine gestion des apiculteurs, l'industrie apicole de la Saskatchewan est passée de 85 000 colonies en 2010 à plus de 100 000 colonies en 2013. Elle produit environ 40 millions de dollars en miel chaque année. La valeur de la pollinisation est évaluée à près de 10 fois celle du miel.

Le gouvernement de la Saskatchewan soutient les abeilles et l'industrie apicole. Nous participons au nouveau Forum sur la santé des abeilles, présidé par Agriculture et Agroalimentaire Canada et le Conseil canadien du miel, afin de traiter de tous les aspects de la santé des abeilles. Nous sommes ravis de voir que bien d'autres s'y sont joints pour discuter de la santé des abeilles, notamment les provinces, les groupes de producteurs spécialisés et des fournisseurs d'intrants dans le domaine de l'agriculture.

En 2014, l'Agricultural Development Fund de la Saskatchewan a investi plus de 1,1 million de dollars, étalé sur trois ans, dans la recherche en ce qui concerne notamment la reproduction des abeilles, la gestion des maladies de l'abeille, la gestion des maladies de la découpeuse et un projet d'identification de l'espèce et de catalogage des populations d'abeilles sauvages dans les vergers. Ces projets nous aideront à déceler et à résoudre les divers problèmes relatifs à la santé des abeilles et à la pollinisation dans la province.

En plus d'appuyer la recherche, le ministère de l'Agriculture offre des services d'information et de laboratoire par l'entremise du spécialiste provincial en apiculture. Cela permet aux apiculteurs de prendre de meilleures décisions au sujet du traitement des maladies.

Récemment, la Saskatchewan Crop Insurance Corporation a mis en œuvre de nouveaux outils d'atténuation du risque, offrant notamment aux apiculteurs des programmes d'assurance-récolte, d'assurance contre la mortalité hivernale et de couverture des dommages à la faune. Ces programmes aident les apiculteurs à mieux gérer les pertes imprévues.

La Saskatchewan dispose en outre de l'Apiaries Act et du règlement connexe pour contribuer au maintien de la santé des abeilles. Ces mesures sont conçues pour aider à surveiller les maladies et les parasites existants et à y réagir, et fournissent un cadre pour contrer les nouveaux problèmes qui pourraient survenir dans l'industrie, et ce, afin de réduire l'effet des maladies des abeilles en Saskatchewan.

Parmi les nombreux aspects de la santé des abeilles figurent les parasites et les maladies, les conditions climatiques, la présence de lieux de butinage suffisants pour assurer la nutrition, et les pesticides. En Saskatchewan, la gestion des maladies est considérée comme étant le plus important aspect touchant la santé des abeilles. La gestion du varroa et de la nosémose a une grande incidence sur la mortalité hivernale dans la province. Si on ne lutte pas contre ces maladies, la mortalité des abeilles augmentera considérablement. En raison du développement de la résistance aux produits de lutte, les apiculteurs sont à court de solutions pour gérer ces maladies. Il est crucial de trouver de nouvelles solutions.

Quand les abeilles sont exposées à des insecticides, il peut arriver que les pesticides provoquent des cas de mortalité. Avec la collaboration des apiculteurs, de ceux qui appliquent des pesticides, de Bayer CropScience et de Dow AgroSciences, la Saskatchewan a été la première province à mettre en œuvre un outil en ligne de cartographie des zones vulnérables. Cet outil a été mis au point pour faciliter la communication au sujet des zones vulnérables, notamment les ruchers, les vergers et d'autres endroits. Cette initiative fait intervenir les agriculteurs, ceux qui appliquent des pesticides et les apiculteurs. Nous espérons que l'utilisation de DriftWatch contribuera, grâce à la collaboration, à réduire le nombre d'incidents au cours desquels des pesticides foliaires dérivent au moment de leur application.

Les traitements des semences constituent une partie importante du système de production des graines et d'oléagineux. En Saskatchewan, les néonicotinoïdes sont particulièrement utilisés pour protéger le canola des altises. Dans cette province seulement, la valeur de cette culture a été évaluée à 3 milliards de dollars 2014. Comme il y a peu d'autres solutions viables pour protéger le canola de l'altise, la production et la rentabilité des producteurs de canola s'en ressentiraient grandement si on ne protège pas les semences par des traitements.

Le canola et les abeilles ont une relation importante. Le miel et les découpeuses sont nécessaires à la production de canola hybride, ce qui signifie que chaque plan de canola de la province est le résultat de la pollinisation des abeilles.

Dans la même foulée, cette culture est la plus importante culture fourragère de l'abeille domestique; environ 75 p. 100 de tout le miel produit dans la province vient de cette plante.

De fait, toutes les colonies d'abeilles de la Saskatchewan se trouvent à distance de vol d'au moins un champ de canola. Malgré le taux d'exposition élevé, on n'a relevé aucun cas d'abeilles subissant les effets des traitements de semences en Saskatchewan. Voilà qui montre que les abeilles et le canola dont les semences ont été traitées peuvent prospérer ensemble.

Saskatchewan Agriculture croit à la viabilité de tous ses secteurs. Pour assurer cette viabilité, il est essentiel de disposer d'outils efficaces pour optimiser le système de culture. Ces outils doivent être judicieusement évalués au moyen d'une approche fondée sur la science. C'est le seul moyen d'assurer la coexistence de tous les secteurs.

Même si la santé des abeilles a été compromise par des problèmes qui doivent être surmontés, avec la nature novatrice des apiculteurs et le soutien que le ministère apporte aux abeilles par l'entremise de la recherche et des programmes d'information et d'atténuation des risques, Saskatchewan Agriculture considère que l'agriculture et les abeilles en général ont un avenir brillant et important dans la province.

Le président : Merci beaucoup.

Nous commencerons les questions avec la sénatrice Merchant, qui sera suivie du sénateur Maltais.

La sénatrice Merchant : Merci beaucoup à nos deux témoins, et je vous souhaite chaleureusement la bienvenue, Janice. Vous avez souligné l'importance des abeilles et aussi du canola dans notre province, la Saskatchewan. Les abeilles sont très importantes pour nous, ainsi que pour la production d'aliments en Saskatchewan, au Canada et dans le monde.

C'est le gouvernement fédéral qui s'occupe des pesticides et qui réglemente les néonicotinoïdes et les produits au sujet desquels d'autres témoins ont, au fil du temps, exprimé des inquiétudes. Vous savez que le gouvernement de l'Ontario envisage d'accorder des permis. Certains devraient posséder un permis pour utiliser ces produits. Êtes-vous au courant de ce que l'Ontario tente de faire?

Mme Tranberg : Oui, mais pas très bien.

La sénatrice Merchant : Je ne le sais pas très bien non plus et je me demandais si vous pourriez nous dire quelque chose, car ce gouvernement est sur le point d'instaurer un système de permis aux termes duquel les agriculteurs qui doivent utiliser des pesticides sont tenus de démontrer l'état de la situation pour obtenir un permis à cette fin. Ce n'est pas quelque chose qui préoccupe la Saskatchewan, selon ce que vous dites, même si on utilise des semences de canola traitées?

Mme Tranberg : Je laisserai d'autres témoins répondre également, mais à mon point de vue, un agriculteur ou un apiculteur peut devoir prendre une décision rapidement. Ils surveillent leurs champs à la recherche de maladies ou de parasites. Ils doivent pouvoir décider très rapidement d'appliquer ou non un traitement.

En Saskatchewan, DriftWatch figure parmi les méthodes que nous avons utilisées. Comme les apiculteurs peuvent indiquer l'endroit où ils installent leurs ruches, ceux qui se chargent de la pulvérisation peuvent consulter la carte et voir où les ruches se trouvent quand ils doivent traiter une zone. Ils peuvent alors se parler, et l'apiculteur peut tenter de protéger sa colonie.

Selon moi, c'est une approche bien plus proactive, mais je laisserai mon collègue répondre.

La sénatrice Merchant : Je me demande s'il existe au Manitoba une initiative de surveillance ou de coopération semblable entre les agriculteurs et les apiculteurs.

M. Lafrenière : Nous n'avons pas le programme DriftWatch comme tel, mais au cours des nombreuses années au cours desquelles les apiculteurs ont dû composer avec les pesticides, nous avons toujours considéré que la communication entre les agriculteurs et les apiculteurs est très importante. Comme on l'a indiqué, il faut parfois prendre des décisions très rapidement en raison d'une infestation potentielle et on a très peu de temps pour agir. Il est arrivé que les pesticides aient un effet néfaste sur les abeilles, mais généralement, la communication est l'outil qui fonctionne fort bien pour l'industrie apicole.

En ce qui concerne le canola et le traitement des semences au Manitoba, nous avons, avec Manitoba Agriculture, la même impression que la Saskatchewan. Le nombre d'incidents signalés au Manitoba est très bas. Au cours des trois dernières années, il y en a eu cinq pendant une année. L'année suivante, il y en a eu quatre, et seulement trois ont été signalés cette année. Dans certains cas, on a fait état de pertes, mais sans établir de lien direct avec le traitement des semences. On continue d'étudier les données pour comprendre pleinement l'effet que ce pesticide pourrait avoir sur les abeilles, mais pour l'heure, l'industrie apicole et le gouvernement du Manitoba se fient à l'ARLA et à son examen de l'utilisation des néonicotinoïdes et de leur effet sur les abeilles afin de voir quelles mesures prendre dans l'avenir.

La sénatrice Merchant : Vous avez également fait mention du programme d'assurances. Je crois que vous avez dit qu'il existe au Manitoba, et la Saskatchewan l'a également adopté. Les agriculteurs s'assurent-ils eux-mêmes? Considérez-vous que ce programme obtienne un bon taux de participation?

Mme Tranberg : Cette année, en Saskatchewan, environ 30 p. 100 des apiculteurs ont souscrit à l'assurance- mortalité, et quelque 2 p. 100 ont adhéré à l'assurance-récolte.

La sénatrice Merchant : En va-t-il de même au Manitoba?

M. Lafrenière : Au Manitoba, le programme est en vigueur depuis 2011. Annuellement, environ 40 à 50 p. 100 des apiculteurs — et le programme ne s'adresse qu'aux apiculteurs commerciaux pour l'instant — adhèrent au programme. Nous n'offrons que le programme d'assurance contre les pertes hivernales; nous n'avons pas encore celui d'assurance- récolte.

La sénatrice Merchant : Merci.

Le président : Honorables sénateurs, avant que la présidence ne laisse la parole au sénateur Maltais, j'aimerais savoir si vous nous entendez en Colombie-Britannique.

Le président : Honorables sénateurs, nous allons entendre M. Paul van Westendorp, spécialiste provincial en apiculture du gouvernement de la Colombie-Britannique, qui témoigne par vidéoconférence.

Veuillez donner votre exposé, après quoi nous continuerons avec des questions.

Paul van Westendorp, spécialiste provincial en apiculture, gouvernement de la Colombie-Britannique : Certainement. Merci beaucoup.

Pour vous donner un bref aperçu de ce qui se passe en Colombie-Britannique, sachez que cette province est fort différente des principales régions apicoles du Canada, qui sont, bien sûr, les provinces des Prairies. En Colombie- Britannique, l'industrie est beaucoup plus diversifiée et bien plus petite. Notre programme d'apiculture a un mandat législatif, qui consiste à administrer la Bee Act et son règlement, qui seront toutefois bientôt remplacés par l'Animal Health Act. Ces mesures législatives visent principalement à prévenir l'introduction et la propagation des maladies des abeilles et à aider le secteur apicole à atténuer les répercussions de ces maladies sur l'industrie.

Pour atteindre ces objectifs, nous suivons un ensemble de stratégies de programmes, qui incluent des inspections des ruchers. Nous avons six à huit inspecteurs saisonniers embauchés à temps partiel, chacun d'entre eux travaillant dans des zones clés de la province. Ils font des inspections des ruchers afin de déceler la présence de maladie.

Nous offrons aussi gratuitement toute une gamme de services de diagnostic en laboratoire aux apiculteurs de la Colombie-Britannique. Nous proposons en outre beaucoup de services d'information, qu'il s'agisse de renseignements diffusés sur Internet, de publication d'articles, de trousses d'information ou de cours de formation. Nous collaborons également de façon limitée avec d'autres institutions et provinces dans le cadre de projets.

L'industrie apicole comme telle est, comme je l'ai souligné plus tôt, petite mais très diversifiée. La province compte quelque 2 300 apiculteurs, des exploitants amateurs à petite échelle pour la plupart, ainsi qu'un nombre relativement restreint d'apiculteurs très importants. Comme vous pouvez le voir par ces chiffres, environ 45 000 colonies sont exploitées dans la province, lesquelles produisent de 2 à 3 millions de tonnes environ par année. De plus, la production par colonie est relativement faible en raison du climat et de la topographie de la province, pour une valeur marchande d'environ 10 millions de dollars.

Si on ajoute à ce chiffre le fruit que les apiculteurs récoltent de leurs contrats de pollinisation, lequel est évalué à environ 5 millions de dollars, la valeur totale de l'industrie s'élève à quelque 15 millions de dollars.

Ce qui rend l'industrie si importante, c'est le rôle qu'elle joue dans la pollinisation d'un grand nombre de cultures. Les bleuets sont de loin la plus importante, et la région de l'Okanagan contient beaucoup de cultures fruitières également.

Voilà essentiellement en quoi consiste l'industrie de la province.

Le président : Merci, monsieur.

J'accorderai la parole au sénateur Maltais, qui sera suivi du sénateur Robichaud.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je m'adresserai au représentant de la Colombie-Britannique. Vous avez dit au début de votre présentation que, dans votre province, il n'y avait pas une grande production apicole. Quelle est l'importance de la Colombie-Britannique en ce qui a trait à la production de miel?

[Traduction]

M. van Westendorp : Non, la production de miel, comme je l'ai indiqué dans mon petit laïus, peut presque être considérée comme un sous-produit. La production est de 2 à 3 millions de livres de miel, ce qui vaut environ 10 millions de dollars sur le marché; ce n'est pas beaucoup. C'est le rôle essentiel que les abeilles jouent dans la pollinisation des cultures qui les rend si importantes.

La Colombie-Britannique est un petit joueur dans l'industrie du miel du Canada. Il est évident que les provinces des Prairies tiennent le haut du pavé sur le plan de la production de miel.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je comprends très bien, mais la Colombie-Britannique est reconnue pour être une région particulièrement riche d'arbres fruitiers et de vignes, ce qui est nécessaire pour la pollinisation. Avez-vous une idée du taux de mortalité des abeilles dans les ruches pendant la saison hivernale?

[Traduction]

M. van Westendorp : Oui, ce taux varie d'une année à l'autre. Nous effectuons des sondages pour déterminer le taux de mortalité hivernale, et ce taux fluctue. Il s'est élevé jusqu'à 60 p. 100 en 2007, pour ensuite passer à 38 p. 100, puis à 18 p. 100 en 2013. Malheureusement, au printemps dernier, en 2014, il a augmenté de nouveau à 28 ou 29 p. 100 environ.

Les causes de cette fluctuation sont multiples. Nous ne pouvons attribuer à une seule cause l'augmentation du taux de mortalité pendant la saison hivernale. Généralement, on pointe du doigt diverses conditions, notamment les maladies, la mauvaise gestion, la qualité des abeilles et tout un éventail de possibilités.

[Français]

Le sénateur Maltais : Monsieur Lafrenière, le taux de mortalité est quand même plus élevé que la moyenne au Canada. Est-ce que les causes réelles ont été déterminées?

[Traduction]

M. Lafrenière : Je pense que cela a un rapport avec la température. Les hivers ont été très longs ces dernières années, ce qui a contribué au maintien des pertes élevées pendant l'hiver.

La lutte contre le varroa a également posé des problèmes au début de 2006. Je pense que l'industrie a bien réagi, et le varroa est maintenant maîtrisé; très peu d'apiculteurs lui attribuent une part substantielle de leurs pertes. Chose certaine, il y a, pendant la période hivernale, une vulnérabilité qu'on peut encore difficilement expliquer complètement.

Nous sommes malheureusement en train de nous habituer à enregistrer des pertes annuelles de 20 à 25 p. 100, alors qu'il y a 10 ou 15 ans, c'étaient les taux maximaux. Il existe certainement des facteurs qui continuent d'imposer un stress considérable aux abeilles.

Je partage l'avis de M. van Westendorp. Les pertes pourraient être attribuables à des causes multifactorielles. S'il est une tendance que nous commençons à déceler, c'est qu'en plus des pertes peut-être plus élevées pendant l'hiver, le rétablissement au printemps est bien plus difficile. Si le taux de mortalité est élevé au sortir de l'hiver, les colonies sont généralement affaiblies, et il est très difficile de retrouver les nombres habituels dans une exploitation quand les abeilles sont affaiblies ou en mauvaise santé. Il est difficile de recouvrer les pertes et de revenir au même nombre qu'on avait l'année précédente.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Le témoin de la Colombie-Britannique nous a mentionné qu'il y avait des inspecteurs qui visitaient les ruches pour tenter d'identifier celles qui pourraient avoir des problèmes, comme des maladies, et de déterminer les différents facteurs qui auraient pu les causer. Le Manitoba a-t-il des inspecteurs formés pour reconnaître les maladies qui pourraient se propager dans les ruches?

[Traduction]

M. Lafrenière : Oui, nous avons un programme d'inspection annuelle. Le nombre d'inspecteurs varie d'une année à l'autre. Nous engageons probablement quelque chose comme trois ou quatre inspecteurs qui sillonnent la province afin d'inspecter les colonies d'abeilles domestiques pour déterminer si les ruches sont touchées par des maladies identifiables, offrant à l'apiculteur de ramener des échantillons dans un laboratoire aux fins de diagnostic. Ce programme existe depuis plusieurs années.

Malheureusement, en raison des compressions budgétaires, nous avons réduit le nombre d'inspections que nous effectuons par rapport à ce que nous faisions il y a 10 ans, mais il y a toujours un programme d'inspection annuelle.

À l'heure actuelle, nous cherchons à voir si nous pouvons collaborer davantage avec l'industrie apicole afin de déterminer si cette dernière pourrait s'occuper du programme d'inspection et contribuer davantage à la réalisation d'inspection sur la santé ou les maladies, mais nous resterions l'autorité qui réglementerait la maladie une fois qu'elle a été détectée.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Est-ce qu'en Saskatchewan, madame Tranberg, vous disposez d'un programme semblable?

[Traduction]

Mme Tranberg : Oui, nous avons deux ou trois inspecteurs qui parcourent la province et inspectent les ruches en Saskatchewan. De plus, notre programme d'assurance entre en ligne de compte également. Dans le cadre du programme de la Société d'assurance-récolte de la Saskatchewan, des inspecteurs effectuent des inspections également.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Selon les présentations, j'ai cru comprendre qu'on avait besoin davantage de recherche et, surtout, d'innovation. La semaine dernière, nous avons entendu des témoins du Bureau du vérificateur général du Canada, qui nous disaient que, dans le cas de la majorité des homologations pour l'utilisation des néonicotinoïdes, tous les produits étaient approuvés de façon temporaire, et que certains produits l'étaient depuis déjà 10 ans, voire 20 ans.

Croyez-vous que nous en faisons assez en ce qui concerne les néonicotinoïdes?

[Traduction]

Mme Tranberg : Je vais laisser mon collègue, Rhéal, répondre en premier à cette question, et je pourrai continuer.

M. Lafrenière : Si je comprends bien la question, vous dites que les néonicotinoïdes sont employés depuis longtemps, jusqu'à 20 ans, et vous voulez savoir si cela nous permet de croire que leur effet est moins important que ce qu'on indique parfois. Je crois que c'est le cas, dans une certaine mesure, mais je dirais également que la santé décline depuis longtemps. Nous avons indiqué qu'il semble que ce soit un problème multifactoriel, car je crois que les pesticides en général, peut-être pas seulement les néonicotinoïdes, constituent un facteur de stress pour les abeilles. Nous sommes confrontés à de nouvelles maladies et à des changements climatiques qui mettent les abeilles à rude épreuve.

Il faut réaliser des recherches dans le domaine afin d'établir des liens entre tous ces facteurs. Quand les abeilles sont affaiblies, comment les pesticides les affaiblissent-ils encore davantage et causent ainsi une augmentation des taux de mortalité? Comment les tendances climatiques qui se manifestent contribuent-elles à affaiblir les abeilles?

Les colonies fortes peuvent probablement supporter cela, mais les colonies faibles ne le peuvent pas. Nous devons déterminer les facteurs responsables de l'affaiblissement, mais aussi les rapports — les liens biologiques, les maladies et les causes environnementales — qui font que les abeilles sont dans une situation telle que les pertes hivernales peuvent doubler d'une année à l'autre.

Le sénateur Robichaud : Si je peux vous interrompre, ma question était en fait la suivante : même si l'utilisation des néonicotinoïdes a été temporairement approuvée, l'ARLA attend toujours de l'information de ceux qui produisent ces pesticides, et elle n'obtient pas les renseignements nécessaires pour accorder un permis d'utilisation permanent. Voilà pourquoi je vous demande si vous considérez qu'on devrait continuer d'utiliser ces pesticides en attendant de recevoir tous les renseignements des fabricants.

M. Lafrenière : Je pense que pour l'instant, la province, ainsi que l'industrie apicole, selon ce qu'elle a indiqué, appuient la démarche que l'ARLA entreprend pour évaluer l'effet sur les abeilles. Je considère donc qu'elle ne réclame pas d'autres mesures, en appuyant une interdiction, par exemple. À l'heure actuelle, nous attendons son rapport final avec beaucoup d'impatience.

Le président : Merci.

Madame Tranberg, vouliez-vous intervenir?

Mme Tranberg : J'ignore ce que vous avez entendu la semaine dernière ou qui vous a tenu ces propos; je ne vais donc pas discuter de la question. Mais à ce que je sache, on ne peut vendre un pesticide au Canada à moins qu'il ne soit approuvé.

Pour qu'un produit soit approuvé, l'ARLA doit effectuer une évaluation plus poussée si une information nouvelle fait surface. D'après ce que je comprends, c'est ce qui se passe actuellement.

Jusqu'à présent, l'ARLA a recours à un processus d'évaluation du risque très solide. Elle s'appuie sur de nombreuses études sur différents aspects, notamment sur la toxicologie, et des renseignements provenant d'un grand nombre de ressources et de gens. Le Canada a, à mon point de vue, un des régimes de réglementation les plus solides du monde. Je pense que notre industrie et notre ministère appuient l'ARLA et l'étude que cette dernière effectue, ainsi que l'utilisation des produits.

Le président : Est-ce que le témoin de la Colombie-Britannique souhaite intervenir?

M. van Westendorp : Le problème de toute la question des néonicotinoïdes vient en partie du fait — que les sénateurs connaissent probablement — que par le passé, le profil toxicologique d'un grand nombre de ces produits était déterminé au moyen d'études qui suivaient le principe voulant qu'on détermine la toxicité aiguë de ces produits chimiques afin de voir quelle quantité est nécessaire pour tuer un certain nombre d'animaux de laboratoire.

Ce qui est si extraordinairement difficile avec les néonicotinoïdes, c'est qu'ils peuvent être présents à des degrés extrêmement faibles, à des doses sublétales, autrement dit, jamais en quantité suffisante pour tuer les pollinisateurs — les abeilles, par exemple —, mais que l'exposition chronique de ces derniers à des degrés sublétaux peut provoquer une modification de leur comportement ou de leur capacité reproductive.

Il émerge lentement un certain ensemble de preuves qui indique que collectivement, les néonicotinoïdes pourraient avoir sur l'environnement — pas seulement sur les abeilles, mais aussi sur la vie aquatique et autre chose du genre — un impact bien plus grand qui exige qu'on l'examine de plus près.

L'ennui, c'est que ce genre d'étude se fait à long terme. Il faut colliger beaucoup d'informations et effectuer énormément de recherches avant d'obtenir une réponse définitive. À ce que je comprends, c'est exactement la stratégie que suivent actuellement l'ARLA, l'EPA aux États-Unis, ainsi que certaines organisations en Europe. C'est une chose.

L'autre chose, c'est qu'il peut s'avérer tentant d'interdire l'utilisation des néonicotinoïdes dans l'avenir — soit dit en passant, je ne parle pas au nom de l'industrie. Il est certain qu'il faut les utiliser avec beaucoup plus de précautions. Mais si on interdit ces produits, j'aimerais savoir qu'est-ce qu'on s'attend que les agriculteurs utilisent. En pareil cas, ils se tourneront probablement vers les organochlorés, les organophosphates, les carbamates et tous ces horribles produits chimiques que nous étions si heureux de voir disparaître. Il y a donc un terrible prix à payer si nous interdisons résolument l'utilisation de ces produits chimiques sans preuves concluantes du contraire.

Légalement, il pourrait y avoir bien des problèmes avec les compagnies de produits chimiques, qui pourraient contester en disant : « Un instant; nous sommes ceux qui ont légitimement présenté une demande et qui vendent ces produits, et nous pourrions recourir à la voie juridique. »

Il y a un autre problème sur lequel j'aimerais attirer votre attention, et cela concerne la façon dont bon nombre de ces produits chimiques sont commercialisés aujourd'hui. Si je suis un producteur de maïs et que je commande 10 tonnes de semences de maïs pour le printemps prochain, les 10 tonnes de semences que je vais recevoir seront déjà traitées. Si j'exige qu'on ne les traite pas, ma demande sera considérée comme une commande spéciale, et cela me coûtera plus cher. Je ne veux pas m'attarder sur l'aspect économique, mais si j'étais un actionnaire de Bayer, je pense que ce serait une bonne chose.

J'aimerais donc inviter le comité sénatorial à réfléchir aux conséquences potentielles de cette utilisation sur l'environnement. C'est ce qu'on appelle une « utilisation prophylactique abusive ». C'est une question à laquelle il faudrait prêter beaucoup plus d'attention. Nous savons déjà que pour certaines cultures au Canada, comme le soya et le canola, l'application de néonicotinoïdes est totalement injustifiée. Toutefois, pour des raisons de commodité et pour une assurance supplémentaire, vous direz peut-être, pour l'agriculteur, on applique les pesticides par défaut.

Il serait tout à fait aberrant que notre société et surtout les organismes de réglementation ferment les yeux sur cette utilisation de produits chimiques. Ces néonicotinoïdes ne sont souvent pas nécessaires, et il faudrait les utiliser avec plus de discernement.

Le président : Merci.

Le sénateur Enverga : Je tiens tout d'abord à remercier nos témoins. On nous a présenté beaucoup d'information.

Pour revenir à ce qu'a dit M. van Westendorp au sujet de l'application des pesticides, il me semble qu'il n'existe aucune mesure pour régir la quantité ni les régions où on utilise ces produits. Est-ce exact? La situation est-elle la même au Manitoba et en Saskatchewan?

Mme Tranberg : À l'heure actuelle, les semences de canola sont traitées, puis plantées. Presque toutes les semences de canola sont traitées. Il faut savoir que le canola est cultivé sur plus de 10 millions d'acres en Saskatchewan. Il représentait 4,5 milliards de dollars en 2013 et 3 milliards de dollars en 2014. L'altise est un insecte que l'on retrouve beaucoup dans les cultures de canola, et il est difficile d'évaluer avec exactitude les ravages qu'elle cause puisqu'il faut tenir compte de nombreux aspects. Certaines études révèlent que sans ce pesticide, l'altise causerait environ 10 p. 100 de pertes, soit l'équivalent de 300 millions de dollars en 2014. Comme on l'a déjà dit, il n'y a pas de bonne solution de rechange.

C'est le seul moyen que les producteurs ont pour se protéger contre cet insecte prolifique qui menace leur production et, par le fait même, leur gagne-pain.

Le sénateur Enverga : En est-il de même en Colombie-Britannique et au Manitoba? Êtes-vous confronté à ce problème?

M. van Westendorp : En Colombie-Britannique, à l'exception de la région de Peace River, nous ne cultivons pas le canola dans une proportion importante. Par contre, je suis tout à fait conscient des répercussions économiques qu'une inaccessibilité aux néonicotinoïdes pourrait avoir sur les producteurs.

Dans ma dernière intervention, j'ai parlé du fait que ces néonicotinoïdes ne sont pas réglementés et qu'ils sont commercialisés de façon à favoriser une utilisation excessive et sans discernement. Selon moi, cette utilisation va totalement à l'encontre des principes de lutte antiparasitaire intégrée que j'ai respectés tout au long de ma carrière. C'est très malheureux.

Le sénateur Enverga : Est-ce la même chose au Manitoba?

M. Lafrenière : La situation du Manitoba s'apparente à celle de la Saskatchewan. Le canola est une culture très importante, tout comme le maïs et le soya. La grande majorité de ces semences sont traitées.

Pour mettre les choses en perspective, nous tentons d'expliquer les conséquences pour les apiculteurs, qui nous disent que leurs abeilles sont empoisonnées par ces traitements, et le fait qu'il y a une très faible incidence au Manitoba.

Au moment où on se parle, je suis bien conscient qu'il faut trouver de meilleurs moyens de veiller à ce que les pesticides soient utilisés adéquatement et seulement lorsqu'ils sont nécessaires, mais on doit également tenir compte du processus d'assurance. Je crois que l'ARLA se penche actuellement sur le traitement des semences dans le cadre de son examen des néonicotinoïdes. Encore une fois, nous nous en remettons à l'évaluation de l'ARLA.

Le sénateur Enverga : Nous nous intéressons à la perte de colonies. En fait, le gouvernement a-t-il pris des mesures visant à remplacer ces néonicotinoïdes par des pesticides plus biologiques ou à mettre au point une solution de rechange au traitement chimique de nos cultures de canola? Y a-t-il quelque chose de votre côté?

Mme Tranberg : Tout d'abord, sachez que nous encourageons les pratiques de saine gestion, la communication et la sensibilisation de nos producteurs à l'adoption de solutions de rechange. Malheureusement, pour l'instant, il n'y pas d'autres produits chimiques qui soient aussi efficaces que les néonicotinoïdes, à moins que, comme on l'a déjà dit, nous options pour un produit qui a des effets encore plus nuisibles pour l'environnement.

Il faut savoir qu'à l'heure actuelle, nos apiculteurs de la Saskatchewan constatent une augmentation des populations d'abeilles. On prend donc des décisions concernant les pratiques qui sont fondées sur des problèmes non quantifiés, à ce moment-ci où nos apiculteurs nous disent que le déclin des populations est attribuable aux maladies et à la mortalité hivernale.

Le sénateur Enverga : Les abeilles de la Saskatchewan, du Manitoba et de la Colombie-Britannique ont-elles les mêmes propriétés génétiques? Sont-elles apparentées? De quelle façon sont-elles touchées?

Mme Tranberg : Je vais laisser mes collègues répondre à cette question.

M. Lafrenière : Essentiellement, nous utilisons tous une abeille semblable. Nos abeilles sont généralement considérées comme étant d'origine européenne. Il y a certaines variétés. L'abeille qui vit très bien dans les conditions du Manitoba est une abeille issue d'un croisement hybride entre l'abeille carniolienne et l'abeille italienne. Je crois qu'on retrouve une abeille semblable en Saskatchewan.

En Colombie-Britannique, les apiculteurs élèvent leurs propres reines, et on compte beaucoup de petits apiculteurs, ce qui peut donner lieu à davantage de variétés. Je vais tout de même laisser Paul répondre à cette question.

M. van Westendorp : Peu importe les types d'abeille utilisés, il est difficile de les définir. Les apiculteurs, qu'ils vivent au Manitoba, en Saskatchewan ou n'importe où au Canada, notamment en Colombie-Britannique, évaluent leurs stocks d'abeilles en fonction de quatre critères. Ces critères sont la productivité, la résistance aux maladies, la résistance au froid et le bon comportement. Peu importe que l'abeille soit verte, bleue ou brune, c'est l'évaluation qu'en fait l'apiculteur sur le terrain qui compte. Je dirais même que la plupart des abeilles utilisées en Saskatchewan, au Manitoba ou en Colombie-Britannique sont très comparables si elles satisfont à tous les critères.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Merci, monsieur le président. Ma question s'adresse à M. van Westendorp. Vous avez beaucoup parlé de l'inspection des ruchers. J'aimerais savoir en quoi consiste l'inspection des ruchers et quels sont vos critères d'évaluation lorsque vous inspectez un rucher.

[Traduction]

M. van Westendorp : Les inspecteurs que nous avons nommés sont formés et ont beaucoup d'expérience pour ce qui est de déceler les maladies et gérer les exploitations apicoles. La plupart du temps, les inspections se font sur demande — autrement dit, un apiculteur peut dire : « Il y a un problème au sein de mes colonies et j'aimerais qu'on fasse une inspection » —, pour donner suite à une visite antérieure ou aux fins d'une enquête.

Lorsqu'un inspecteur visite un rucher, idéalement en compagnie de l'apiculteur, il examine certaines colonies et essaie de relever des signes de maladie. En même temps, on peut apprendre à l'apiculteur des pratiques de gestion reconnues qui peuvent varier selon le lieu où sont élevées les colonies ou l'équipement qui est utilisé, ou toute technique susceptible d'améliorer l'apiculture. C'est donc ce en quoi consistent les services d'inspection.

Le sénateur Ogilvie : Monsieur Westendorp, en ce qui concerne l'utilisation des néonicotinoïdes en Colombie- Britannique, de quelle façon les applique-t-on principalement? Vous avez indiqué que les semences étaient déjà recouvertes de ce produit. Quelles sont les autres façons d'employer les néonicotinoïdes en Colombie-Britannique?

M. van Westendorp : À l'exception de la région de Peace River, à l'est des Rocheuses, les néonicotinoïdes ont été utilisés en quantités relativement faibles au cours des 20 dernières années. On les a introduits dans les années 1990 dans les vergers de l'Okanagan, où on en faisait uniquement une application foliaire localisée.

Depuis ce temps, on les utilise évidemment dans un vaste éventail de cultures, dont la culture du maïs dans la vallée du Fraser et la culture du bleuet. Leur application se limite au feuillage, parfois aux semences et probablement aussi au niveau du sol.

Le sénateur Ogilvie : La raison pour laquelle je vous pose cette question, c'est parce que vous avez utilisé un terme assez fort lorsque vous avez parlé d'« utilisation abusive ». Selon moi, lorsqu'on parle « d'abus », il s'agit de quelque chose de très important.

M. van Westendorp : En effet, c'est très important. L'« utilisation abusive » ou sans discernement d'un produit signifie qu'on l'utilise sans avoir la preuve scientifique qu'il est réellement nécessaire; autrement dit, il s'agit d'une utilisation prophylactique.

Le sénateur Ogilvie : Je vois. Vous avez utilisé ce terme pour expliquer que la plupart des semences étaient déjà prétraitées et que, par conséquent, il s'agissait d'une utilisation prophylactique. On ne parle pas ici de producteurs qui lancent des galons de ce produit derrière leurs tracteurs, où bon leur semble.

M. van Westendorp : Non, je pense que le coût serait prohibitif pour les agriculteurs. Votre conclusion est exacte. Je parle d'une utilisation généralisée, d'une utilisation prophylactique abusive.

Le sénateur Ogilvie : Merci. C'est un terme assez fort et il est important pour nous de bien en saisir le sens.

J'aimerais vous adresser une question à tous les trois. Y a-t-il un mouvement qui s'est formé parmi les associations d'apiculteurs qui réclame une interdiction complète des néonicotinoïdes dans vos provinces respectives?

Mme Tranberg : Je dirais que non.

M. van Westendorp : Non.

M. Lafrenière : Pas plus au Manitoba.

La sénatrice Unger : Ma question s'adresse à Mme Tranberg. Dans votre exposé, vous avez dit que la gestion des maladies était l'aspect le plus important en ce qui a trait à la santé des abeilles, étant donné que la varroase et la nosémose touchent énormément d'abeilles au cours des mois d'hiver. Sans contrôle de ces maladies, le taux de mortalité chez les abeilles grimpe en flèche, et les apiculteurs manquent d'options. Il y a donc un urgent besoin d'élaborer d'autres options pour remédier à la situation.

Fait-on quelque chose à ce chapitre?

Mme Tranberg : Par l'entremise de notre Fonds de développement de l'agriculture, on investit dans la recherche afin de trouver différentes méthodes pour gérer ces problèmes. De plus, si je ne me trompe pas, le Canada et les États-Unis collaborent dans le cadre d'une étude pour essayer de trouver d'autres méthodes de contrôle.

Mes collègues peuvent peut-être vous en parler davantage.

M. Lafrenière : Dans un effort concerté, plusieurs provinces réalisent des essais de sélection afin de mettre à l'essai de nouveaux traitements chimiques ou d'améliorer l'efficacité de produits déjà existants qui ont donné des résultats variables. Cet effort se poursuit depuis déjà trois ans.

Nous discutons actuellement de la possibilité de poursuivre ce processus et de continuer d'évaluer davantage de traitements au cours des trois prochaines années, dans la mesure du possible, parce que c'est très important.

Nous avons un produit appelé Apivar qui est très utilisé par les apiculteurs, et nous ne voudrions pas qu'il devienne la seule option et que cela entraîne l'apparition d'une résistance. Nous voulons avoir le plus d'options possible.

La sénatrice Unger : C'est un peu le même problème qui se pose concernant l'utilisation des antibiotiques chez les humains.

M. Lafrenière : Absolument.

La sénatrice Unger : Monsieur van Westendorp, aviez-vous quelque chose à dire?

M. van Westendorp : Non, à part que le fait que nous enseignons aux apiculteurs des méthodes d'apiculture avancées et que nous partageons tous le désir de diminuer l'utilisation de produits chimiques et de médicaments dans nos ruches. Mais encore faut-il que nous ayons une solution de rechange. Les gens oublient souvent cet aspect. La province de la Colombie-Britannique préconise l'utilisation non prophylactique de médicaments et de produits chimiques dans les ruches depuis une dizaine d'années, mais ce que nous avons toujours fait valoir, c'est qu'on ne peut pas simplement réduire notre utilisation de ces produits sans avoir de solution de rechange, et cette solution de rechange serait d'assurer une surveillance plus étroite de ces maladies.

Il est dommage que les apiculteurs, particulièrement les apiculteurs commerciaux, doivent faire face à des coûts de main-d'œuvre très élevés et ainsi de suite. Cela rend difficile la tenue de ces inspections détaillées, mais une saine pratique de gestion consiste à effectuer une surveillance fréquente de façon à pouvoir gérer une maladie avant qu'elle ne dégénère. Ainsi, on utiliserait moins de produits chimiques et de médicaments que si on attendait que le problème devienne incontrôlable.

N'empêche que la diminution de l'usage des médicaments et des produits chimiques signifie plus de surveillance et des coûts de main-d'œuvre plus élevés.

Le président : Avons-nous des commentaires du Manitoba?

M. Lafrenière : Je crois que j'ai dit ce que j'avais à dire.

Le sénateur Robichaud : Accorde-t-on suffisamment d'attention aux pollinisateurs sauvages, c'est-à-dire à l'impact des pesticides et à la façon dont ces pollinisateurs contribuent à la pollinisation au Canada?

Mme Tranberg : Je vais laisser mes collègues répondre en premier.

M. Lafrenière : Demandez-vous quels sont les bienfaits des pollinisateurs et comment ils sont touchés par l'utilisation des pesticides?

Le sénateur Robichaud : Je m'intéresse ici aux pollinisateurs sauvages. Tient-on suffisamment compte des effets des pesticides sur les pollinisateurs autres que les abeilles domestiques que nous utilisons pour polliniser les champs?

M. Lafrenière : Je n'ai pas d'information sur les effets des pesticides sur ces pollinisateurs en particulier.

M. van Westendorp : En Colombie-Britannique, nous avons une grande variété de pollinisateurs sauvages, et c'est dommage que la recherche dans ce domaine soit limitée et problématique en raison du manque de fonds et de spécialistes pour accomplir ce genre de travail.

Toutefois, il y a certains indicateurs qui démontrent que l'activité humaine est à l'origine de la diminution de bon nombre de ces populations de pollinisateurs sauvages. Leur diminution est attribuable à divers facteurs. On ne parle pas seulement d'une diminution sur le plan de la quantité, mais aussi de la qualité, en ce sens que la diversité des espèces est à la baisse dans de nombreuses régions agricoles. Cette situation peut être causée par l'utilisation de produits chimiques, évidemment, et à la dégradation de leur habitat. Je parle notamment de notre tendance à paver des stationnements, des autoroutes et des chemins, à construire des barrages et à contrôler les mauvaises herbes. C'est donc une combinaison de tous ces facteurs qui ont mené au déclin, sur le plan de l'abondance et de la diversité des espèces, de nombreux pollinisateurs sauvages dans les régions agricoles et, bien entendu, en milieu urbain.

Le sénateur Enverga : Ma question fait suite à la dernière question que j'ai posée concernant le type d'abeilles. On a l'impression que ce n'est même pas une abeille canadienne, mais plutôt une abeille européenne ou italienne dont on parle ici; il ne s'agit même pas d'une abeille locale. Que pensez-vous du patrimoine génétique? Cela ne pourrait-il pas causer une situation catastrophique, étant donné qu'il s'agit des mêmes gênes et qu'une maladie pourrait s'attaquer à tout ce qui pollinise nos cultures? Selon vous, le fonds génétique est-il un problème?

M. van Westendorp : À qui posez-vous la question?

Le sénateur Enverga : Vous pouvez y répondre.

M. van Westendorp : Des études récentes montrent que la diversité génétique de l'abeille à miel domestique, qui n'est qu'une espèce d'insecte, bien sûr, une espèce pollinisatrice, est très grande. Par conséquent, on ne s'inquiète pas outre mesure de la diversité génétique des abeilles en tant que telle. Il n'y a pas lieu de s'en inquiéter.

Ce qui est inquiétant, par contre, du point de vue de l'agriculture en général, c'est qu'il n'y a qu'une espèce d'abeille, l'abeille à miel domestique européenne, dont toute l'agriculture moderne dépend. Les pollinisateurs indigènes sont parfois bien plus efficaces pour certaines cultures en raison de leurs caractéristiques morphologiques, mais on n'a jamais de chiffres à ce sujet. Beaucoup de recherches ont été réalisées ici pour promouvoir un recours élargi aux bourdons, mais le problème des bourdons, c'est qu'on n'a jamais de chiffres pour être certain de répondre aux besoins de pollinisation des grandes plantations. C'est notre dépendance envers une espèce d'abeille à miel domestique en particulier qui nous rend vulnérables.

Le sénateur Enverga : Une réaction du Manitoba ou de la Saskatchewan? Rien?

J'aimerais vous poser une dernière question, s'il vous plaît. Vous avez mentionné plus tôt le taux d'exposition élevé. Les abeilles sont très exposées aux substances chimiques et aux différents pesticides. Quel est le degré de qualité de notre miel? Cette qualité est-elle compromise par tous les pesticides en ce moment?

M. van Westendorp : Non.

Mme Tranberg : Nous avons de l'excellent miel.

M. van Westendorp : Saviez-vous que nos abeilles ont l'aptitude remarquable de filtrer tous les types de polluants environnementaux? C'est pourquoi nous sommes très confiants que le miel qu'elles produisent est remarquablement exempt des contaminants qu'on trouverait autrement dans l'environnement.

Le sénateur Enverga : C'est bon à savoir. Je vous remercie.

La sénatrice Merchant : M. van Westendorp n'était pas encore connecté lorsque j'ai posé mes premières questions. Nous avons entendu parler de rapports d'apiculteurs sur les néonicotinoïdes, mais pouvez-vous nous dire, monsieur van Westendorp, s'il y a des études approfondies qui prouvent que les néonicotinoïdes jouent un rôle clé dans le déclin des abeilles? Êtes-vous au courant d'études à ce sujet qui auraient été menées au cours des dernières années?

M. van Westendorp : En fait, oui et non. Le problème, c'est qu'il n'y a jamais vraiment eu de débat sur l'efficacité des néonicotinoïdes pour tuer les insectes. Ils sont extrêmement efficaces. Le problème, c'est l'incidence sublétale des néonicotinoïdes sur les populations de pollinisateurs, les populations d'abeilles, et leur exposition chronique à ces substances. C'est très difficile à mesurer. Nous n'avons pas de réponse claire à cette question, mais il y a des indicateurs.

Je vais mentionner une étude reconnue d'un chercheur de la Saskatchewan, M. Morrissey, qui a étudié très en détail l'incidence des néonicotinoïdes qui s'écoulent par ruissellement des champs vers les milieux humides dans les Prairies. Ces effets subtils sont peut-être suffisants pour perturber la chaîne alimentaire de base en raison de tous les moucherons et moustiques que ne produisent plus ces milieux humides et dont se nourrissaient toutes les espèces d'oiseaux, par exemple.

C'est une étude particulièrement intéressante, parce qu'elle ne porte pas sur les pollinisateurs ni sur les abeilles en particulier. Il y a de petits indicateurs qui nous portent à croire que les néonicotinoïdes pourraient avoir des effets néfastes et inattendus sur des organismes qui ne sont pas ciblés.

Mme Tranberg : J'aimerais vous éclairer un peu sur ce rapport. Il s'agit d'une étude sur quatre ans. Les résultats devraient sortir en 2016. Quiconque évolue dans le milieu scientifique reconnaîtra que la publication de résultats après un an ne donne pas une très bonne idée des résultats qui ressortiront d'une étude, parce que différents facteurs peuvent les influencer. Je mets donc le comité en garde et lui recommande d'attendre la fin de cette étude pour en évaluer les résultats globaux plutôt que de fonder ses conclusions sur des données tirées de la première année de l'étude.

Le président : Mesdames et messieurs les témoins, je vous remercie infiniment d'avoir fait part de vos réflexions au comité. C'était très instructif. Nous avons éclairci de nombreuses questions. Je vous remercie aussi de votre patience; je remercie également les interprètes des efforts qu'ils ont déployés dans ces circonstances difficiles — je dois l'admettre, en tant que président. Cela me rappelle un reportage que j'ai vu à la télévision hier soir au sujet de la situation au Nouveau-Brunswick.

Sur ce, je remercie encore une fois nos témoins.

(La séance est levée.)


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