RAPPORT DU COMITÉ |
Le MERCREDI 3 mai 2000 |
Le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce a l'honneur de déposer son
CINQUIÈME RAPPORT
Votre Comité, qui a été autorisé par le Sénat le mardi, 23 novembre 1999 à examiner, pour rapport, la situation actuelle du régime financier canadien et international, dépose maintenant un rapport intérimaire intitulé L'impôt sur les gains en capital.
Respectueusement soumis,
Le président
E. LEO KOLBER
Limpôt sur les gains en capital
Rapport du Comité sénatorial permanent des banques et du commerce
Le président : Lhonorable E. Leo Kolber
Le vice-président : Lhonorable David Tkachuk
Mai 2000
LISTE DES MEMBRES
Lhonorable E. Leo Kolber, président
Lhonorable David Tkachuk, vice-président
et
Les honorables sénateurs
| Angus | Kelleher, C.P. |
| *Boudreau, C.P. (ou Hays) | Kenny |
| Fitzpatrick | Kroft |
Furey |
*Lynch-Staunton (ou Kinsella) |
| Hervieux-Payette, C.P. | Meighen |
| Joyal, Parti conservateur | Oliver |
*Membres doffice
(Quorum 4)
Nota : Lhonorable sénateur Mahovlich a siégé au Comité à différentes étapes de létude.
Personnel de la Direction de la recherche parlementaire
de la Bibliothèque du Parlement :
M. Marion Wrobel, analyste principal et
M. Alexandre Laurin, attaché de recherche, Division de léconomie.
Personnel de la Direction des comités et de la législation privée :
Mme Lise Bouchard, adjointe administrative.
Gary Levy
Greffier du Comité
ORDRE DE RENVOI
Extrait des Journaux du Sénat du mardi 23 novembre 1999 :
« Lhonorable sénateur Kolber propose, appuyé par lhonorable sénateur Ferretti Barth,
Que le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce soit autorisé à examiner, afin den faire rapport, la situation actuelle du régime financier canadien et international;
Que les documents et témoignages recueillis à ce sujet au cours de la première session de la Trente-sixième législature et tout autre document parlementaire et témoignage pertinent concernant ledit sujet soient renvoyés à ce Comité;
Que le Comité soit habilité à permettre le reportage de ses délibérations publiques par les médias dinformation électroniques, en dérangeant le moins possible ses travaux;
Que, nonobstant les pratiques habituelles, le Comité soit autorisé à déposer un rapport intérimaire sur ledit sujet auprès du greffier du Sénat, si le Sénat ne siège pas, et que ledit rapport soit réputé avoir été déposé au Sénat; et
Que le Comité soumette son rapport final au plus tard le 31 décembre 2000.
La motion, mise au voix, est adoptée. »
Paul Bélisle
Greffier du Sénat
LIMPÔT SUR LES GAINS EN CAPITAL
Abaissement de limpôt sur les gains en capital : les enjeux
A. Mondialisation et compétitivité du régime fiscal
B. EFFICACITÉ ÉCONOMIQUE ET PROSPÉRITÉ
1. Marchés de capitaux efficients et souplesse financière
2. Richesse, épargne et accumulation du capital
3. Diminution du coût du capital
4. Entrepreneuriat, prise de risques et formation dentreprises
5. Stimulation de la productivité, de lemploi, de la formation de capital et de la croissance
1. Neutralité et simplicité
2. Limposition des revenus fictifs
3. La double imposition de lépargne
4. Insuffisance des provisions pour pertes
E. EFFETS SUR LES RECETTES FISCALES
comparaison des taux de l'impôt sur les gains en capital pour les particuliers et pour les sociétés
effet d'un taux d'intérêt composé
organisations qui ont envoyé un mémoire mais nont pas comparu
LIMPÔT SUR LES GAINS EN CAPITAL
Largument que jai présenté au Comité du budget était le suivant : la suppression de limpôt sur les gains en capital devrait se solder, au bout du compte, par une croissance économique plus robuste, qui devrait permettre daugmenter les recettes fiscales provenant, notamment, des particuliers et des sociétés. Limpôt sur les gains en capital présente en fait peu dintérêt pour ce qui est des recettes fiscales, et il a le grand défaut dentraver lentrepreneuriat et la formation de capital. Même si tous les impôts constituent, à des degrés divers, un frein pour la croissance économique, limpôt sur les gains en capital compte parmi les plus importants. Jestime que limpôt sur les gains en capital devrait être éliminé.
(Remarques que le président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, a faites le 25 février 1997 lors de sa comparution devant le Comité sénatorial des banques américain.)
La prospérité future de la population canadienne dépend de la capacité de cette dernière de sadapter et de participer à léconomie mondiale, laquelle évolue très rapidement. La transformation de léconomie sopère sous leffet de deux grandes forces : la mondialisation et lémergence de nouvelles technologies.
Lintégration des marchés internationaux contraint les gouvernements à reconnaître quils ne peuvent sisoler du reste du monde. Ils subissent des pressions pour harmoniser politiques et réglementations, et sont conscients quils doivent mettre en place un nouveau climat fiscal de sorte que les agents économiques puissent tirer le meilleur parti de ce nouvel environnement.
Dautre part, lessor de la nouvelle économie repose sur la technologie de linformation et le capital humain. Cet état de fait change la façon dont les entreprises sorganisent et financent leurs activités, et, comme la expliqué M. Vijay. M. Vog, le système financier doit sadapter à cette nouvelle réalité :
« Il ne fait aucun doute que, pour affronter la concurrence internationale, le Canada doit passer dune économie axée sur les activités lourdes à une économie du savoir, où laccès efficient à des capitaux dinvestissement externes devient encore plus impératif. Les sources traditionnelles de capitaux demprunt sont efficaces lorsquil sagit de financer lachat déléments dactif ayant une valeur de contrepartie élevée. Les prêteurs sont rassurés par le fait que, dans le pire scénario, ils peuvent trouver des acheteurs pour les biens de lentreprise. Dans une économie axée sur le savoir, ces garanties nexistent pas. Les éléments dactif sen vont chez eux à 17 h; sils ne reviennent pas le lendemain, il ny a alors aucune garantie. Les prêteurs traditionnels ne sont pas enclins à financer ce type dactivités entrepreneuriales. Qui plus est, même si les prêteurs voulaient avancer des fonds en contrepartie de ces avoirs immatériels, lincitation requise pour en faire une évaluation appropriée pourrait faire défaut si le rendement attendu sur le prêt est fixe, alors que le risque est impossible à établir avec certitude. Même sil ny a pas de preuve empirique de la difficulté que peuvent éprouver ces entreprises " virtuelles " à obtenir des fonds, il est juste de dire quun contexte dynamique propice aux premières émissions dactions pourrait devenir une nécessité dans un pays qui souhaite prendre le virage de léconomie du savoir »(1). [cest nous qui soulignons]
Cest parce quil est conscient de ces deux caractéristiques de léconomie moderne que le Comité a décidé de mener la présente étude sur limposition des gains en capital. Les impôts sur le revenu des investissements ont une incidence marquée sur le fonctionnement des marchés de capitaux, et lon estime que limpôt sur les gains en capital empêche les investisseurs de saisir les occasions de placements les plus rentables. Il a été établi par le passé que cet impôt décourage dans une large mesure l'offre de capital de risque destinée aux entreprises nouvellement créées et aux petites et moyennes entreprises (PME). Ce type de financement provient essentiellement de particuliers sophistiqués en matière financière (investisseurs providentiels) ou dinvestisseurs en capital-risque qui ne font pas appel aux abris fiscaux. Leurs choix en matière dinvestissement dépendent beaucoup du taux dimposition de leurs revenus de placement. Et ces revenus prennent plus souvent la forme de gains en capital que de dividendes ou dintérêts.
Récemment, MM. Poddar et English ont estimé que les trois quarts environ des revenus de placement des particuliers bénéficiaient davantages fiscaux (p. ex., REER, résidences principales)(2). Bien que le recours à des abris fiscaux permette de réduire le taux moyen dimposition des revenus de placement, limpôt marginal sappliquant aux autres revenus est relativement élevé, puisquil varie entre 33 et 50 %. Les décisions économiques sont prises non pas en fonction des taux dimposition moyens, mais en fonction de limpôt versé sur le dernier dollar de placement. Au Canada, les taux dimposition sont très élevés à cet égard, mais nous tentons de réduire les taux moyens grâce aux REER et aux autres mécanismes de cette nature.
Notre régime fiscal comporte des taux marginaux dimposition élevés qui entravent gravement la croissance économique. Les décisions en matière dinvestissement sont faussées, si bien quil ny a pas assez dinvestissement dans les nouvelles entreprises et les projets productifs mobiles, qui dépendent fortement des apports de fonds des contribuables. Et, ce qui est encore plus important, ce régime ne tient pas compte de ses effets négatifs cumulatifs sur le financement des PME, surtout celles axées sur le savoir (les piliers de la nouvelle économie) et sur l'entrepreneuriat.
Selon Statistique Canada, les PME ont été à lorigine de 60 % de la progression de lemploi au Canada entre 1995 et 1999 inclusivement. On leur doit par exemple 60,2 % des 175 048 emplois créés au Canada entre le second trimestre de 1998 et le second trimestre de 1999. (3)
En 1962, le Canada a entrepris un examen approfondi de son régime fiscal en mettant sur pied la Commission royale denquête sur la fiscalité. Sur la recommandation de celle-ci, le gouvernement fédéral a par la suite instauré, en 1972, un impôt sur les gains en capital. Depuis, les gains en capital sont imposés comme les revenus ordinaires, dans lesquels la moitié seulement des gains en capital étaient inclus à lorigine. Le taux dinclusion a été porté ultérieurement à 75 %, mais le tout dernier budget fédéral l'a ramené aux deux tiers.
Peu détudes ont été menées au Canada sur une éventuelle réduction de limpôt sur les gains en capital. Le Comité a estimé quil pourrait être utile danalyser les arguments pour et contre une telle mesure. Entre novembre 1999 et mars 2000, il a donc tenu des audiences sur le sujet durant lesquelles un large éventail de témoins, notamment des universitaires, des fiscalistes, des économistes de cabinets d'experts-conseils privés et des spécialistes des investissements, ont présenté leur point de vue.
Le présent rapport contient une analyse des avantages et des inconvénients dune diminution de limpôt sur les gains en capital. Les arguments contre une telle réduction vont des répercussions nocives quelle aurait sur la répartition des revenus à la création doccasions de planification fiscale, en passant par un manque à gagner fiscal. Mais le Comité a entendu un certain nombre darguments convaincants qui plaident en faveur dun allégement de cet impôt. En effet, un tel allégement améliorerait la compétitivité du Canada sur léchiquier international, accroîtrait la mobilité des investissements, créerait davantage de richesses, accélérerait la création dentreprises et demplois et stimulerait lactivité économique et la productivité. Tout compte fait, il est apparu manifeste aux yeux du Comité que, dans le contexte dune nouvelle économie, lensemble de la population bénéficierait, directement ou indirectement, dune réduction substantielle de limpôt sur les gains en capital.
Abaissement de limpôt sur les gains en capital : les enjeux
Les arguments en faveur dun abaissement de limpôt sur les gains en capital sont essentiellement de nature économique : amélioration de lefficience, puisquil ny aurait plus de double imposition de lépargne, et réduction du coût du capital, qui se traduirait par une hausse de linvestissement et de la formation de capital. L'abaissement se justifie également par la mondialisation et la mobilité accrue des capitaux, qui caractérisent la nouvelle économie. Certains pays procédant actuellement à un allégement des impôts sur le revenu du capital, le Canada est en passe de devenir un pays où la pression fiscale est lourde. On ne peut fermer les yeux sur une telle situation.
Les détracteurs de toute réduction significative de limpôt sur les gains en capital invoquent essentiellement le fait qu'une telle réduction aurait un effet disproportionné sur les contribuables les mieux nantis. Dautres avancent des motifs dordre technique, arguant que toute différence de régime fiscal importante suscitera des efforts considérables de planification fiscale. Il en résultera une baisse des recettes fiscales, sans que les avantages attendus ne se concrétisent nécessairement, et, peut-être, du gaspillage sous forme de dépenses de planification fiscale.
Ces critiques oublient que de plus en plus de Canadiens détiennent des biens qui génèrent des gains en capital. En outre, si les bienfaits économiques dune baisse de l'impôt sur les gains en capital sont significatifs, les avantages indirects aussi seraient substantiels et toucheraient un large éventail de ménages, quils aient des revenus sous forme de gains en capital ou non. Par ailleurs, les statistiques portant sur les revenus des contribuables qui déclarent des gains en capital donnent une idée exagérée de la richesse de ces derniers, car la réalisation dactifs est en fait de nature sporadique.
Enfin, il faut tenir compte dun élément propre à limposition des gains en capital qui peut avoir une incidence importante sur la politique à choisir en la matière. Puisque les gains en capital sont imposés uniquement au moment où le bien est réalisé, les contribuables peuvent choisir dans une certaine mesure le moment où ils devront acquitter cet impôt. Le déblocage de fonds qui pourrait se produire si le taux de cet impôt était abaissé pourrait en fait mener à une augmentation à court terme des recettes fiscales.
A. Mondialisation et compétitivité du régime fiscal
Le monde entier vit de profonds changements économiques et technologiques. De nouveaux marchés de capitaux et de nouveaux instruments financiers ont fait leur apparition, et les progrès des technologies de linformation et des communications se traduisent par une intégration accrue des marchés financiers. En conséquence, tout régime fiscal doit tenir compte des régimes fiscaux en vigueur à létranger. La plupart des témoins qui se sont présentés devant le Comité se sont dits fort inquiets quant à la compétitivité internationale du régime fiscal canadien. Selon M. Poddar, les États-Unis sont devenus le pays de lOCDE où la pression fiscale est pratiquement la plus faible. Le Canada était un pays à fiscalité moyenne, mais il est en passe de devenir le pays où les impôts sont les plus lourds. Par conséquent, le régime fiscal canadien nest plus concurrentie. (4)
À léchelle internationale, notamment dans les pays nordiques (Suède, Danemark, Norvège et Finlande), la tendance est à labaissement des taux marginaux dimposition des revenus de placement. Auparavant, ces pays ponctionnaient lourdement les revenus de placement, si bien quil sest produit au début des années 90 des fuites massives de capitaux. Le même phénomène sest produit en Allemagne. C'est en achetant des euro-obligations et en ouvrant des comptes secrets au Luxembourg, en Suisse et ailleurs que les investisseurs européens des pays où les impôts étaient élevés échappaient au fisc. Ces pays ont donc dû alléger considérablement limposition des revenus de placement pour rester concurrentiels avec le reste du monde.(5)
Selon M. Sinai, la plupart des pays du monde s'orientent vers une imposition moindre, voire nulle, des gains en capital. En 1997, le taux fédéral dimposition des gains en capital aux États-Unis est passé de 28 à 20 % pour les biens détenus pendant plus dun an.
M. Brenner a fait remarquer que les capitaux financiers sont mobiles et donc difficiles à taxer. Ils ont tendance à fuir les pays où la pression fiscale est lourde. Cest pour cette raison que les recettes fiscales provenant des gains en capital sont relativement faibles au Canada par rapport aux autres types de recettes fiscales. (6)
Vous avez déjà entendu suffisamment de spécialistes pour savoir que limpôt sur les gains en capital est un impôt volontaire. La plupart des gens nont pas à le payer. Le contribuable le paie quand il veut. Or, lexpérience démontre que les gens acceptent volontiers de le payer lorsque le taux est bas, et non pas lorsquil est élevé. Cest tout simple. (7)
Pour le Canada, cest peut-être là laspect le plus important de limpôt sur les gains en capital. Un abaissement de cet impôt permettrait daccroître la compétitivité du pays vis-à-vis du reste du monde, surtout vis-à-vis des États-Unis. Tant que le taux marginal de limpôt sur le revenu des particuliers et le taux dimposition des gains en capital demeureront beaucoup plus bas aux États-Unis quau Canada, les ressources humaines et financières migreront chez nos voisins du Sud. (8)
Un impôt de 40 % sur les gains en capital réduit considérablement les possibilités et contribue beaucoup à lexode des cerveaux. (9)
M. Poddar a cité à lintention du Comité un exemple concret de fuites de revenus hors du Canada. Il a expliqué quun de ses clients sétait présenté à sa compagnie se plaignant de payer trop dimpôts. Il cherchait des solutions avantageuses. Après consultation, il a décidé de transférer ses revenus aux États-Unis et a ainsi réduit ses impôts de 6 %. Mais, en contrepartie, le Canada a perdu 44 % de ce revenu et les États-Unis en ont gagné 38 %. Ce nest pas une très bonne affaire pour le Canada.(10)
M. Krishna a également fourni un exemple fort instructif au Comité :
Permettez-moi de vous lire un courriel que jai reçu de Vancouver et qui est daté du mardi 7 décembre. Il y est dit : « Vern, voici ce que le nom de la personne et moi voulons réaliser avec une fiducie à létranger. Nous voulons mettre à labri les actions qui seront émises en notre nom en janvier. Nous voulons les faire attribuer au départ à une fiducie plutôt quà nous. Même si les nouvelles dispositions fiscales fédérales proposées entrent en jeu, nous aurions quand même quelques avantages sur le plan fiscal. Ma situation est telle que je ne possède rien au Canada et que je ne vois aucune objection à navoir aucun lien avec le Canada ». Ce jeune âgé de 28 ou 29 ans est le fils dune personne qui réside en Ontario. Il est né au Canada, ses parents et ses grands-parents ont vécu dans ce pays et lui-même y a vécu toute sa vie. Pourtant il est prêt à déménager à létranger. Pourquoi? Parce que, dit-il : « Je vais recevoir 2 942 500 actions en janvier 2000. Voilà pourquoi je dois savoir quelles sont les possibilités. » Sil vend ses actions alors quil a des liens avec le Canada, il a peur d'être imposé sur 75 % des gains en capital à 40 % environ. Mon rôle consiste à le sortir de cette situation et cest ce que je vais faire dici janvier. Il déménage aux États-Unis. (11)
B. EFFICACITÉ ÉCONOMIQUE ET PROSPÉRITÉ
Aux États-Unis, les périodes pendant lesquelles limpôt effectif sur les gains en capital était bas, en termes absolus et par rapport au taux dimposition du revenu ordinaire, ont été marquées par une forte performance économique. (12)
Le Canada était parmi les pays dont la performance économique était la meilleure avant 1972 [année où limpôt sur les gains en capital a été instauré]. Depuis, le niveau de vie des Canadiens a considérablement diminué par rapport à celui des Américains et des citoyens de bien dautres pays. Nous estimons quune réduction considérable de limpôt sur les gains en capital serait la meilleure initiative que notre gouvernement pourrait prendre pour améliorer le bien-être économique des Canadiens. (13)
Cest pour cela, selon MM. Dobson et Soutar, que lAustralie a décidé récemment de faire passer son taux marginal maximum dimpôt sur les gains en capital de 47 % à 23,5 %, pour les actifs conservés une année entière, et que lAllemagne vient dannoncer son intention d'abolir limpôt sur les gains en capital résultant de ventes dactions par des entreprises. En Allemagne, les gains en capital des particuliers sont en plus déjà exonérés dimpôt s'ils résultent de la vente d'actions détenues pendant plus de six mois. (14)
1. Marchés de capitaux efficients et souplesse financière
À linstar de la vaste majorité des pays, le Canada impose les gains en capital au moment où ils sont réalisés, et non à mesure. Cela crée un problème bien connu, que lon appelle effet de blocage. Cet effet se fait sentir sur les recettes de l'État, incidence que l'on connaît bien, mais également sur le comportement des investisseurs.
Un investisseur qui désire vendre une portion de son portefeuille pour en réinvestir le produit dans des actions plus performantes doit acquitter l'impôt sur les gains en capital alors quil na fait que transférer sa richesse dun bien vers un autre et na pas consommé le produit de cette vente. Il dispose donc dun montant moindre pour investir, ce qui donne un taux effectif de rendement moindre. Limposition des gains en capital nuit donc à la mobilité des capitaux et, en règle générale, empêche ces derniers daller vers lutilisation la plus efficiente. (15)
M. Grubel a fait savoir au Comité que, selon certaines estimations préparées par le Fraser Institute, les recettes provenant de limposition des gains en capital se seraient élevées à 716 millions de dollars en 1992, ce qui n'aurait représenté que 0,3 % de lensemble des recettes fiscales. D'après d'autres sources, ces recettes ne se seraient chiffrées quà 904 millions de dollars en 1997(16). La faiblesse de ces recettes tient au fait que les gains sont reportés ou réduits au minimum, peut-être par lentremise de mécanismes dévitement fiscal.
Selon M. Grubel, chaque fois que le gouvernement adopte une loi pour régler un problème, il sensuit des conséquences inattendues. Dans le cas de limposition des gains en capital, la conséquence inattendue, c'est cet effet de blocage. Les pertes que cet effet entraîne sont substantielles et, lorsque lon y ajoute les frais dadministration, elles pourraient être supérieures à ce que la société retire dune telle taxe. (17)
Reuven Brenner a déploré le haut niveau du taux marginal dimposition des gains en capital au Canada, qui selon lui entrave gravement la prospérité économique. La prospérité dun pays dépend en fait de la capacité de ce dernier de transférer les capitaux et la main-duvre des secteurs traditionnels improductifs vers des secteurs plus nouveaux et plus prometteurs. Cela ne peut se faire que par tâtonnement. Pour qu'il y ait prospérité, il faut donc que le secteur privé puisse entreprendre librement cette démarche. Sur les marchés privés, les erreurs sont rapidement corrigées en général, mais « lorsque lÉtat prend une mauvaise décision en matière de répartition des ressources humaines et financières par rapport aux marchés privés, il a tendance à poursuivre dans la même voie pour la simple raison quil peut détourner lattention de ces erreurs ». Une politique de faible imposition des gains en capital assure une prospérité plus grande, car les ressources peuvent être affectées aux projets les plus productifs, librement, rapidement et à peu de frais. (18)
Selon MM. Dobson et Soutar, si limposition des gains en capital était considérablement allégée :
Les fonds immobilisés et la richesse supplémentaire créée retourneraient dans léconomie canadienne par le biais dinvestissements dans des biens à rendement plus élevés, de création dentreprises et de dons aux uvres de bienfaisance. À leur tour, ces investissements auraient une incidence positive sur les emplois, la productivité et la prospérité, dont bénéficieraient tous les Canadiens. (19)
Il ny avait pas unanimité parmi les témoins qui se sont présentés devant le Comité au sujet de limportance de cet effet de blocage. M. Brooks a expliqué, quant à lui, que cet effet est moins appréciable au Canada quaux États-Unis, parce que le Canada applique le principe de la réalisation réputée au décès, de sorte que les gains en capital sont débloqués à ce moment-là. Selon lui, en supposant que cet effet est substantiel, rien ne prouve quil nuise beaucoup à lefficacité de léconomie canadienne :
Il y a inefficience seulement lorsque les fonds sont bloqués et que l'investisseur sait quil aurait pu faire un placement plus lucratif. Sinon, la personne à qui il vendrait ferait cet autre placement. Autrement dit, il est difficile de voir de quelle façon la formation de capital peut être touchée du fait que certains investisseurs ont des placements bloqués. Pendant quun investisseur est immobilisé, dautres, qui auraient pu faire le même placement, disposent de fonds à investir ailleurs. Il y aura toujours deux investisseurs dans une transaction boursière et, bien que les investisseurs aient évidemment des aspirations et des capacités différentes, il est probable, de façon générale, que les acheteurs éventuels dun placement bloqué utiliseraient leurs fonds disponibles plus ou moins comme linvestisseur immobilisé. En dautres termes, on ne peut pas créer de linvestissement. (20)
Largument avancé par M. Brooks vaut peut-être pour les placements en valeurs sûres, mais il nest pas pertinent pour ce qui est du capital de risque, de linvestissement providentiel ou de linvestissement dans les entreprises de la nouvelle économie, où le marché est manifestement inefficient, surtout au Canada. Il y a un monde entre linvestisseur désireux de financer une entreprise de biotechnologie qui n'enregistre aucune recette et, parfois même ne vend aucun produit, et linvestisseur prêt à investir dans cette même entreprise, une fois celle-ci cotée en bourse, dégageant des recettes sélevant à des millions de dollars et ayant fait ses preuves. Leffet de blocage peut avoir une incidence importante sur la formation de capital dans la nouvelle économie, car il décourage le transfert de capitaux dun investisseur à un autre à mesure que les risques dont s'accompagnent ces capitaux évoluent.
Jack Mintz a dit au Comité quil serait utile détudier en profondeur le recours aux dispositions de roulement comme moyen daccroître la mobilité des capitaux. Dans certains pays, les transferts de capitaux sont exonérés dimpôt dans des circonstances particulières. Cela permet de différer le paiement de limpôt sur certains gains en capital, même une fois ceux-ci réalisés.
Dans le système canadien, comme dans la plupart des régimes, si je détiens, par exemple, des actions de la Banque Toronto-Dominion, et que je les vends pour acheter des actions de la Banque Royale, je vais payer mon impôt sur les gains en capital sur les actions de la Banque Toronto-Dominion, même si je les ai échangées pour une autre forme dactions bancaires. [Dans dautres régimes fiscaux], vous auriez le droit de faire cela et de reporter limpôt sur les gains en capital. Dans mon exemple, les actions de la Banque Toronto-Dominion seraient utilisées comme prix nominal pour déterminer limpôt sur les gains en capital à payer sur les actions de la Banque Royale, si elles étaient utilisées pour des fins de consommation. (21)
Le dernier budget fédéral prévoit une disposition de roulement analogue, en vertu de laquelle les investisseurs peuvent reporter le paiement de l'impôt sur leurs gains en capital provenant dinvestissements dans des petites entreprises admissibles sils sont réinvestis dans une autre petite entreprise admissible dans les 120 jours suivant la réalisation des gains ou les 60 jours suivant la fin de lannée civile. Les investisseurs peuvent ainsi reporter un maximum de 500 000 $ par an en gains en capital. Toutefois seuls sont visés par cette modalité les investissements en actions nouvellement émises par une petite entreprise dont lactif ne dépassait pas 2,5 millions de dollars avant linvestissement et ne dépasse pas 10 millions de dollars après.
Albert Einstein aurait dit que l'intérêt composé était la force la plus puissante au monde. Un taux annuel de rendement même faible peut avoir un effet spectaculaire sur la richesse future s'il est composé.
L'imposition des gains en capital réalisés freine cet effet, parce qu'elle abaisse périodiquement le montant du capital à partir duquel est calculé l'intérêt composé. (Le gouvernement reconnaît l'effet bénéfique de ce type d'intérêt pour les investisseurs et n'impose donc pas les revenus de placement tenus sous forme de REER et autres véhicules d'épargne fiscalement avantageux.) Lorsqu'ils réalisent des placements pour investir différemment, les investisseurs doivent trouver un placement dont le taux de rendement est bien plus élevé pour compenser le montant prélevé par le fisc. Il y a donc une tendance en général à bloquer ses investissements, ce qui nuit à l'efficience économique. Les dispositions de roulement relatives aux gains en capital atténuerait cette distorsion.
2. Richesse, épargne et accumulation du capital
Au dire de MM. Dobson et Soutar, la formation de richesse est essentielle à la création d'emplois dans le secteur privé et à la croissance économique. Ils estiment néanmoins que lon ne fait pas suffisamment cas, au Canada, de lapport de la création de richesses à la croissance et à la prospérité. Et, par voie de conséquence, on ne tire pas parti des possibilités de prospérité économique et de recettes fiscales.
[La création de richesses] est une notion tellement mal vue au Canada quelle est même bannie du vocabulaire et que lon ne discute jamais de richesse. Contrairement aux Américains, les Canadiens ne semblent pas valoriser les créateurs de richesses. Par exemple, il nexiste que cinq fondations canadiennes ayant un actif supérieur à 100 millions de dollars, dont deux sont des fondations institutionnelles. Bill Gates est considéré comme un héros aux États-Unis; ce ne serait pas le cas au Canada. Pour faire admettre la nécessité de réduire limpôt sur les gains en capital, nous devons par conséquent discuter de lincidence positive du capital sur la création demplois au lieu de discuter de la création de richesses. Tous les Canadiens reconnaissent que la création demplois dans le secteur privé nécessite des capitaux. (22)
Il est unanimement admis que lépargne est un ingrédient clé de la croissance économique. Daprès M. Sinai, sur chaque dollar provenant dun allégement de l'impôt sur les gains en capital, 11 cents sont dépensés sur une année et demie. Le reliquat est épargné et sert à lacquisition de biens financiers ou à une diminution du passif. Cest cela qui crée la richesse. En revanche, pour chaque dollar supplémentaire de revenu disponible provenant dune réduction générale de limpôt sur le revenu, 70 cents sont consacrés à la consommation après une année ou deux. Ce comportement accroît la demande globale et peut se traduire par une hausse de linflation lorsque léconomie tourne presque à plein régime. Tout abaissement de limpôt sur les gains en capital donne généralement lieu à une amélioration de la croissance économique plutôt qu'à une hausse directe de la consommation. De toute évidence, il en résulte une augmentation proportionnellement plus grande de lépargne et de la richesse, ce qui limite les risques de recrudescence de linflation. (23)
L'augmentation de lépargne tient, dune part, à la progression des revenus caractéristique d'une économie plus robuste, conséquence de lallégement de limpôt sur les gains en capital et, dautre part, à la montée des flux de fonds provenant de plus grandes réalisations de gains en capital, surtout au niveau des particuliers; une partie de ces fonds retourne au gouvernement, puisquils sont toujours imposés mais à un taux moindre, mais le gros est dépensé ou économisé (par les particuliers) ou transformé (par les entreprises) en nouveaux investissements ou autres décaissements. Les économies supplémentaires issues de la réalisation accrue davoirs, capitaux débloqués et capitaux provenant de marchés boursiers plus actifs, sont la plupart du temps mises de côté plutôt que dépensées, ce qui nest pas le cas lorsquon modifie le taux marginal dimposition du revenu. (24)
3. Diminution du coût du capital
Sur un marché de capitaux efficient, toute modification, due à un facteur externe, de l'attrait que présente un type d'investissement se reflète dans les prix des actions.
Limpôt sur les gains en capital a une incidence sur le coût du capital pour les entreprises, puisquil modifie le taux de rendement que les investisseurs attendent des actions de lentreprise. Donc, si la ponction fiscale modifie le rendement exigé souhaité, le prix que linvestisseur sera disposé à payer en échange dune portion des recettes futures de lentreprise sera également modifié. Ainsi, limpôt sur les gains en capital se reflétera dans le prix de laction. Si lon augmente (diminue) les impôts que paient les particuliers sur les revenus provenant des entreprises, le prix des actions chutera (augmentera). Le comportement des cours des actions illustre donc directement la façon dont le coût du capital dune entreprise varie selon le taux dimposition des gains en capital. (25)
Si une baisse de l'impôt sur les gains en capital entraîne un déblocage massif de fonds qui sont ensuite réinvestis dans des actions, les cours de ces dernières grimperont pour atteindre un niveau qui compensera, pour les investisseurs, la totalité des avantages futurs de la baisse de limpôt. M. Sinai a expliqué au Comité qu'une réduction des taux effectifs dimposition des gains en capital pour les particuliers :
[ ] augmenterait le taux de rendement après impôt des capitaux propres pour les actionnaires, réduirait le coût moyen pondéré après impôt du passif et de l'actif, ce qui stimulerait le marché boursier car les particuliers manifesteraient une préférence pour les placements sous forme dactions et accroîtrait la valeur ou la richesse nettes des ménages.(26)
Le financement par actions devient ainsi moins onéreux pour les projets nouveaux et plus productifs, car le cours des actions est plus élevé et le coût du capital, plus faible pour les sociétés. Une étude récente menée aux États-Unis illustre bien cet effet d'enchaînement : en effet, après 1993, date à laquelle limpôt sur les gains en capital provenant d'actions de petites entreprises admissibles a été réduit de 50 %, les prix démission de ce type d'actions étaient bien plus élevés qu'ils ne l'étaient avant. Les auteurs en concluent que la presque totalité des avantages fiscaux futurs découlant de lallégement sont allés aux sociétés émettrices, sous forme de cours plus élevés, plutôt quaux investisseurs. (27)
Daprès une autre étude portant sur lallégement de limpôt sur les gains en capital intervenu récemment aux États-Unis et faisant passer ce taux de 28 à 20 %, les cours des actions auraient progressé dans le sens opposé aux taux de rendement des actions pendant la semaine de mai 1997 au cours de laquelle la Maison Blanche et le Congrès ont convenu dun accord budgétaire prévoyant une réduction du taux dimposition des gains en capital. Le cours des actions des entreprises qui ne versaient pas de dividendes a gagné environ six points de pourcentage de plus sur cinq jours que le cours des actions des autres entreprises. Parmi celles qui versaient des dividendes, la variation du cours était inversement proportionnelle à celle du rendement des actions. (28)
On voit bien là le lien entre les dividendes et les gains en capital. Si les gains en capital sont moins imposés, les sociétés qui distribuent une grande partie de leurs revenus sous forme de dividendes sont moins intéressantes pour les investisseurs (il faut noter que la valeur au marché dune société est égale à la valeur actualisée après impôt des dividendes attendus et des gains en capital escomptés). Les sociétés sont donc davantage disposées à retenir un plus gros montant de bénéfices en vue de les investir (plutôt que de verser des dividendes), ce qui se traduit alors par une valeur après impôt plus élevée pour les actionnaires et un coût du capital plus bas (valeur au marché plus forte) pour les sociétés.
Autrement dit, si une baisse de limpôt sur les gains en capital profitera beaucoup aux investisseurs actuels, ce sont surtout les entrepreneurs et les entreprises qui en bénéficieront par la voie dune réduction du coût du capital, laquelle encouragera les investissements en usines, en machines et en recherche et développement.
4. Entrepreneuriat, prise de risques et formation dentreprises
Mme Thorning a dit au Comité que limpôt sur les gains en capital influait grandement sur lentrepreneuriat et les démarrages dentreprises. Elle sappuie sur diverses études réalisées par le professeur Wetzel de lUniversité du New Hampshire et sur une enquête menée par Stephen Prowse de la Banque fédérale de réserve de Dallas selon lesquelles une bonne partie des capitaux damorçage des nouvelles entreprises proviennent de contribuables dont les décisions de placement sont donc fortement influencées par le taux dimposition(29). M. Brenner lui aussi est convaincu quune réduction du taux de limpôt sur les gains en capital stimulerait les investissements dans les nouvelles entreprises et quune baisse de limpôt des sociétés produirait des résultats similaires. Il reste cependant quune diminution de limpôt sur les gains en capital présenterait lavantage additionnel de promouvoir linnovation et les investissements dans les nouvelles entreprises parce quil agit directement sur le comportement des investisseurs providentiels. En effet, une réduction de limpôt sur le revenu des particuliers ou sur les bénéfices des sociétés ne peut pas accélérer les flux privés de financement par actions, qui souvent alimentent linnovation, autant quune baisse de limpôt sur les gains en capital. (30)
Les entrepreneurs sont encore plus incités à lancer une entreprise et à veiller à son essor quand ils peuvent raisonnablement sattendre que dautres investisseurs privés seront prêts à prendre une participation dans leur entreprise à un prix raisonnable. Cela vient confirmer les témoignages cités précédemment voulant que ce soient les émetteurs dactions et pas nécessairement les investisseurs qui bénéficient des réductions de limpôt sur les gains en capital. En outre, étant donné que le principal bénéfice des investisseurs providentiels et des investisseurs de capital de risque sont les gains en capital réalisés sur leur investissement,(31) ces investisseurs hésiteraient moins à bloquer leurs investissements pendant une longue période si limpôt sur les gains en capital était moindre, ce qui encouragerait le développement dune industrie du capital de risque au Canada. Actuellement, le marché canadien du capital de risque est relativement peu développé.(32)
M. Sinai a prédit quune réduction du taux de limpôt sur les gains en capital stimulerait la formation de nouvelles entreprises parce que les investisseurs potentiels seraient plus disposés à assumer les risques associés à une jeune entreprise. En fait, le moindre coût du capital pour lentreprise qui résulte dune plus grande valeur après impôt des actions a pour effet daugmenter le rendement après impôt des nouveaux investissements, ce qui peut présenter un intérêt additionnel pour les investisseurs capables de tolérer un degré de risque plus grand.
M. Brenner a souligné limportance de la poignée de particuliers et dentreprises dont le succès retentissant amène la prospérité et améliore la productivité dans un secteur, une entreprise ou, plus généralement, dans léconomie. Une baisse de limpôt sur les gains en capital va attirer ces particuliers et entreprises exceptionnels et leur offrir davantage de possibilités.
5. Stimulation de la productivité, de lemploi, de la formation de capital et de la croissance
M. Sinai a présenté au Comité les résultats globaux de ses simulations informatiques conçues pour évaluer les répercussions macro-économiques de réductions de limpôt sur les gains en capital. M. Sinai a décrit les répercussions sur léconomie de baisses éventuelles de limpôt sur les gains en capital par la voie de leurs effets sur loffre.
La réduction de l'impôt sur les gains en capital a pour effet d'augmenter l'épargne, les dépenses d'immobilisation et la formation du capital, ce qui, à son tour, contribue à la croissance économique. Cette croissance stimule la création d'emplois et la productivité et, grâce à la hausse de la productivité, le potentiel de production de l'économie augmente.
La formation de nouvelles entreprises va également s'intensifier avec la croissance de l'activité économique et les effets incitatifs accrus de l'abaissement de l'impôt sur les gains en capital. Il y a stimulation de l'esprit d'entreprise du côté de l'offre. La création d'emplois augmente, de même que les gains et bénéfices des sociétés, ce qui entraîne une croissance de la consommation et de l'activité économique. Tout cela augmente les dépenses de consommation et les investissements et accroît les espérances de gain sur le marché boursier. Le coût du capital s'en trouve réduit, ce qui stimule davantage l'esprit d'entreprise. Telle est la série d'interactions simultanées et le cercle vertueux qu'entraîne la réduction de l'impôt sur les gains en capital pour les particuliers et, dans une certaine mesure, également pour les sociétés. (33)
Une réduction des impôts encourage la formation de capital en raison de la réduction du coût du capital qui sensuit et du fait que les investisseurs sont alors plus disposés à investir dans des projets qui comportent davantage de risques. La baisse du coût du capital stimule linvestissement de capitaux et le marché des placements initiaux. Conjugués à laccroissement de la prise de risques, de lentrepreneuriat, de linnovation et du transfert de fonds de la « vieille » économie à la « nouvelle » économie, ces effets engendrent des gains de productivité, généralement modestes, certes, mais loin dêtre négligeables. En outre, les progrès réalisés au niveau de la formation de capital et de la productivité ont des effets cumulatifs, si bien que même de petites augmentations finissent par avoir des répercussions spectaculaires avec le temps.
M. Brenner a expliqué linfluence déterminante dun faible impôt sur les gains en capital en matière de stimulation de lentrepreneuriat, des investissements et de la capacité de production, facteurs qui entraînent des gains de productivité. Il affirme que, de nos jours, les gouvernements fédéral et provinciaux tentent de compenser le niveau très élevé de limpôt sur les gains en capital en subventionnant diverses entreprises, mais que très peu dentre elles aboutissent à des réussites commerciales, alors que le financement par actions dans le privé a souvent donné lieu à des entreprises extrêmement florissantes. Il est bien possible que les subventions publiques ne constituent quun simple transfert de richesse qui nengendre pas en soi de la richesse. Ce nest pas la quantité des emplois qui importe le plus, mais en fait leur qualité. Le gouvernement a le pouvoir dassurer le plein emploi, mais si lon met tout le monde à pelleter avec une cuiller, cela ne va assurément pas créer beaucoup de richesse. Une politique de faible imposition des gains en capital suscite une plus grande prospérité parce quelle institue un climat propice à lépanouissement dentreprises compétitives qui attire lépargne étrangère et permet de créer des emplois de meilleure qualité.(34)
Ce quAllen et dautres ont montré, cest que dans lappréciation de toute politique fiscale, il est crucial de tenir compte de la modification du comportement des contribuables.
Le professeur Jim Mirlees dOxford sest vu décerner un prix Nobel déconomie pour ses travaux sur le niveau et la structure optimaux des impôts. Ces travaux ont démontré que tous les impôts amènent les gens à modifier leur comportement pour payer le moins dimpôt possible. Certains impôts suscitent plus que dautres ce phénomène. Tous ces changements de comportement portent atteinte à lefficacité de léconomie et finissent par avoir des contrecoups sur le niveau des revenus. (35)
Selon Herb Grubel, les estimations publiées par lOCDE quant à leffet de distorsion des différents types dimpôt sur l'activité économique démontrent que la perte réelle de production issue dun dollar supplémentaire dimpôt sur le revenu des sociétés est supérieure d'environ trois fois à celle provenant dun dollar supplémentaire dimpôt sur le revenu des particuliers, de six fois à celle résultant dun dollar supplémentaire de charges sociales et d'environ dix fois à celle émanant dun dollar supplémentaire de taxe de vente.
On peut donc conclure que limpôt sur le revenu des sociétés est celui qui cause la plus grande distorsion. Limpôt sur les gains en capital est très similaire à limpôt sur le revenu des sociétés puisquil vise les investissements et le capital. Cela confirme essentiellement leffet démontré par le modèle de M. Sinai.
1. Neutralité et simplicité
La plupart des témoins entendus ont insisté sur limportance du critère de neutralité dans la conception du régime fiscal. En effet, daprès eux, si lon accorde un régime fiscal préférentiel à un type particulier de rendement du capital (par exemple, si les gains en capital sont bien moins imposés que les dividendes ou les revenus dintérêts), cela pourrait entraîner une mauvaise affectation des ressources et fausser les décisions des agents économiques avec une concentration excessive des investissements dans un type dactif.
M. Poddar est davis quil faut placer limposition des gains en capital dans le contexte plus vaste de limposition de tous les revenus du capital, lesquels comprennent les revenus dintérêt, les dividendes et les gains en capital. Au moment de concevoir limposition des gains en capital, le critère le plus important est la neutralité fiscale. Si certains types de revenus de placements sont imposés à des taux préférentiels, il sensuivra des distorsions et des occasions de planification fiscale. Par conséquent, si des concessions doivent être faites au niveau de limpôt, elles doivent être généralisées et non sélectives. De plus, la justification de la diminution ou de lélimination de limpôt sur les gains en capital sapplique également aux autres formes de revenu du capital.(36) Dun point de vue économique, la plupart des études indiquent quon pourrait réaliser des gains defficience importants en privilégiant un impôt sur la consommation plutôt quun impôt sur le capital.
M. Mintz a dit au Comité que labsence de neutralité du régime fiscal incitait les agents économiques à consacrer beaucoup defforts et de ressources à la recherche de moyens déviter limpôt, par exemple par la conversion des revenus dentreprise en gains en capital. Il affirme quil faut absolument éviter dappliquer un régime fiscal différent aux gains en capital et aux autres formes de revenu.
Avant 1972, le Canada n'avait pas d'impôt sur les gains en capital [ ]. Les gens essayaient de transformer des dividendes en gains en capital qui n'étaient pas imposés. C'est ce que l'on appelait le dépouillement des surplus. Si le Canada a décidé d'imposer les gains en capital en 1972, c'était surtout pour créer un certain équilibre et rendre le système efficace, et pour réduire au minimum les coûts de maintien et d'administration qu'implique l'utilisation d'un système comportant des taux d'imposition différents sur le revenu et sur les gains en capital.(37)
À ce propos, M. Brooks a souligné que limposition des gains en capital au même taux que limposition des autres revenus simplifierait le régime fiscal.
Aux États-Unis, de nombreux commentateurs affirment que le traitement préférentiel accordé aux gains en capital est ce qui complique le plus le régime fiscal et qu'il entraîne de multiples transactions stériles sur le plan économique. (38)
Enfin, John Dobson et Ian Soutar ont exprimé un point de vue critique contraire sur limportance de la neutralité des impôts.
[N]ous avons l'impression que le gouvernement fédéral et des économistes universitaires [ ] sont obsédés par l'aspect technique du lien fiscal entre les gains en capital, les dividendes et l'impôt des petites entreprises. Les investisseurs n'en tiennent pas compte. [ ] Alors que de nombreuses personnes sont en faveur d'un traitement préférentiel des gains en capital, voire de la suppression de l'impôt sur ces gains, on n'invoque pas souvent le principe fondamental qui veut que les gains en capital ne soient pas un revenu. Il faudrait invoquer constamment cet argument parce qu'il fait passer une telle initiative du stade de l'opportunisme politique ou de l'efficacité économique à celui du principe. Çela renforcerait la position des partisans d'un abaissement de l'impôt sur les gains en capital face à ceux et celles qui préconisent le contraire par principe, sous prétexte que les gains en capital devraient être imposables au même titre que le revenu ordinaire. (39)
2. Limposition des revenus fictifs
Selon M. Grubel, la valeur dactions dune société type cotée à la Bourse de Toronto achetées il y a une trentaine dannées aurait progressé au même rythme que lindice des prix à la consommation. En termes réels, le gain est nul. Pourtant, les règles dimposition des gains en capital ne tiennent aucun compte de cette réalité et limposition de ces gains fictifs devient à toutes fins pratiques une confiscation de richesse(40). Si la majeure partie des témoins sont conscients des inconvénients que présente la non-indexation des gains en capital sur le plan de la création de richesse, ils admettent aussi que ce type dindexation serait difficile à mettre en uvre. La plupart des pays ne tiennent pas compte de linflation dans limposition des gains en capital, et les rares qui le faisaient font maintenant marche arrière parce que lindexation présente des difficultés techniques.
3. La double imposition de lépargne
M. Mintz a fait une autre observation importante, à savoir que le régime fiscal actuel est discriminatoire envers lépargne.
[L]orsque les personnes gagnent un revenu, elles paient de l'impôt sur leur salaire. Si elles utilisent leur revenu immédiatement à des fins de consommation, elles ne paient pas d'autre impôt sur le revenu. Mais si elles placent leur argent dans un compte bancaire ou qu'elles achètent des actions, et qu'elles en tirent un revenu, soit un gain en capital, un revenu d'intérêt ou des dividendes, elles paient de l'impôt sur ce revenu. Donc, elles paient un impôt additionnel sur leurs économies. Les épargnants sont donc défavorisés comparativement aux consommateurs face à l'impôt sur le revenu. (41)
On appelle ce phénomène la double imposition de lépargne. Il ne touche pas uniquement limposition des gains en capital, mais aussi limposition de nimporte quel revenu du capital. Autrement dit, la consommation différée est assujettie à limpôt dune manière différente de la consommation courante. Il peut également y avoir double imposition en labsence de pleine intégration de limpôt des sociétés et de limpôt sur le revenu des particuliers. Le revenu gagné sur des actifs est imposé dabord au niveau de la société puis au niveau des particuliers. Le Canada est conscient de ce problème et a institué des mécanismes dintégration de limpôt des sociétés et de limpôt sur le revenu des particuliers.
Enfin, Il existe un élément de double imposition lorsque le revenu tiré dun actif est imposé en même temps que les gains en capital tirés de cet actif. La valeur dun actif reflète son rendement prévu. Un gain en capital tient en grande partie à des attentes de rendements futurs plus élevés et à ce titre peut être considéré comme la valeur actualisée de ces rendements accrus. Si le rendement est imposable, un impôt sur les gains en capital revient à taxer une seconde fois le même revenu.
4. Insuffisance des provisions pour pertes
M. Mintz estime que le traitement des pertes en capital influe aussi sur le taux dimposition réel des gains en capital. Le problème, cest quau Canada, les pertes en capital ne sont pas traitées de la même manière que les gains en capital. En effet, les pertes ne peuvent être déduites que de gains en capital courants ou futurs, et les sommes dont la déclaration est différée sont assorties dun taux dintérêt implicite nul. Pour que les pertes soient traitées de la même manière que les gains, il faudrait quelles soient déductibles intégralement de tout revenu personnel courant.
[ ] labsence de compensation intégrale des pertes peut aboutir à un taux effectif dimposition beaucoup plus élevé sur les placements risqués que sur les placements exempts de risque. Supposons, par exemple, un élément dactif assorti dun taux de rendement avant impôt assuré de 10 % qui donne 5 % après impôt. Le taux effectif dimposition est de 50 %. Mais si lactif est risqué et si le gouvernement nassume pas une partie des pertes, le taux effectif dimposition peut grimper bien plus haut. Prenons lexemple dun actif au rendement incertain et dont le taux de rendement prévu avant impôt est de 10 % le rendement moyen est de 30 % dans le scénario favorable et de 10 % dans le scénario défavorable, chacun étant assorti dune probabilité égale. Compte tenu dun taux dimposition de 50 % et en supposant que le gouvernement nassume aucune fraction des pertes encourues, le taux dimposition après impôt est de 15 % dans le scénario favorable, mais il demeure à 10 % dans le scénario défavorable. Le taux de rendement prévu net dimpôt est donc de seulement 2,5 % (= [15 % + -10 %] x 50 %), ce qui signifie un taux dimposition effectif de 75 %! Les actifs qui présentent des risques peuvent être extrêmement pénalisés dans un régime fiscal où les pertes ne sont pas partagées à égalité avec les autorités fiscales.(42)
[L]e gouvernement vous permettra éventuellement de déduire ces pertes, mais seulement si vous enregistrez des gains ultérieurement. Il y a une perte en valeur temporelle du fait de limpossibilité de déduire ces pertes immédiatement. Ainsi, limpôt sur les gains en capital décourage la prise de risques et lentrepreneuriat. Cest une des raisons qui militent en faveur dune baisse du taux de limpôt sur les gains en capital. (43)
M. Brooks a dit au Comité que le traitement préférentiel des gains en capital (à lépoque, le taux dinclusion des gains en capital était de 75 %) était injuste. Selon lui, les contribuables ayant la même capacité de payer devraient payer le même montant en impôts, quelle que soit la provenance de leur revenu. En conséquence, les revenus de toutes sources devraient intégralement entrer dans lassiette dimposition, y compris les gains en capital. Selon le principe que « un dollar, cest un dollar », aucun particulier ou groupe ne doit bénéficier dun traitement préférentiel par rapport à dautres ayant la même capacité de payer.
En droit fiscal, le principe selon lequel deux personnes qui ont la même capacité de payer devraient payer le même montant d'impôt est le fondement moral de l'imposition du revenu.(44)
Le régime fiscal des gains en capital a des répercussions sur la progressivité de limpôt. La majeure partie des gains en capital sont déclarés par les contribuables de la tranche de revenu la plus élevée.
[T]out traitement préférentiel des gains en capital ne profiterait pour ainsi dire qu'aux contribuables à revenu élevé. En 1996, [ ] les Canadiens qui ont gagné entre 20 000 $ et 40 000 $ ont déclaré des gains en capital de 150 $ en moyenne, tandis que ceux qui ont gagné plus de 250 000 $ ont déclaré des gains en capital de 74 000 $ en moyenne. Les contribuables à revenu élevé ont donc réalisé en moyenne 500 fois plus de gains en capital que ceux à revenu moyen.(45)
Cet argument a été réfuté par un certain nombre de témoins. M. Krishna signale que, en 1997, bien que 17 % seulement des personnes ayant déclaré des gains en capital affichaient un revenu imposable de plus de 70 000 $, 37 % de la valeur des gains en capital déclarés concernait des particuliers ayant un revenu de plus de 250 000 $(46). M. Grubel estime, quant à lui, que ce chiffre est trompeur, car les gains en capital réalisés sont inclus dans le revenu. Prenons, par exemple, une personne qui gagne moins de 50 000 $ par an, mais épargne une partie de son revenu en le plaçant dans des actions pendant trente ans ou le propriétaire dune PME dont le revenu de retraite dépend du produit futur de la vente de son entreprise. Au moment où les actifs en question sont vendus, la personne concernée peut réaliser des gains en capital substantiels qui viendront considérablement gonfler son revenu cette année-là. Cinquante-et-un pour cent de limpôt sur les gains en capital provient de contribuables qui gagnent moins de 50 000 $ en moyenne. Le revenu de ces contribuables apparaît élevé lannée où ils déclarent des gains en capital, mais ces réalisations sont en fait sporadiques(47). M. Krishna qualifie ce phénomène d« effet de regroupement » et considère quil fausse les chiffres. Il signale en outre que ce phénomène a parfois pour effet de porter atteinte à la progressivité de l'impôt.
Je veux dire par là que si vous achetez des actions la première année pour 20 $ et que vous les vendez la cinquième année pour 120 $, votre gain de 100 $ reflète la plus-value non réalisée sur cinq ans. C'est lorsque vous vendez les actions que vous réalisez le gain en capital. Jusque-là, le gain se contente de s'accumuler et n'a aucune conséquence négative pour le contribuable. Cela peut être injuste pour certains contribuables et surtout ceux qui ont un bas revenu étant donné que l'effet de groupement les fait passer d'une tranche d'imposition à une tranche supérieure. (48)
M. Sinai a dit au Comité que beaucoup de gens pensaient quil serait injuste de réduire les impôts sur les gains en capital, car cela favoriserait les riches au détriment des pauvres et accentuerait les inégalités dans la distribution des revenus. M. Sinai admet que ces arguments ne sont pas dénués de valeur, mais estime quil revient à chaque pays de décider du poids à accorder à léquité par rapport aux autres critères. Selon lui, le seul inconvénient de la réduction des impôts sur les gains en capital est leffet dune telle mesure sur léquité fiscale. (49)
M. Brenner affirme, quant à lui, que le débat sur léquité du régime fiscal est futile et trompeur. Le capital est mobile, ce qui rend son imposition difficile. Il a tendance à quitter les endroits où il est assujetti à des contraintes élevées pour aller là où il peut librement circuler et croître. Cest pour cette raison que les recettes tirées de limpôt sur les gains en capital sont faibles : concrètement, le fardeau fiscal frappe les facteurs les moins mobiles. Il est donc trompeur daffirmer que limpôt sur les gains en capital est un impôt qui frappe les riches. Ce sont ceux qui ne peuvent déplacer ni leurs capitaux, ni leur lieu dactivité qui l'acquittent en fait. Est-ce juste, a demandé M. Brenner.(50)
Un impôt moindre sur les gains en capital ne fera pas quaider les riches. Il aidera tous les Canadiens à profiter dun niveau de vie plus élevé en créant la richesse nécessaire à la mise en place dun meilleur système denseignement, de soins de santé supérieurs, ou encore servira à dautres fins visant le bien commun. (51)
E. EFFETS SUR LES RECETTES FISCALES
Comme la signalé M. Grubel, largument premier en faveur dun impôt sur les gains en capital est la nécessité pour le gouvernement de disposer de recettes fiscales.
Le dernier relèvement du taux dinclusion, lequel a été porté à 75 %, sest produit lorsque le Canada vivait une crise budgétaire, soit au début des années 90. Cétait une des raisons pour lesquelles cet impôt a été instauré. (52)
On pourrait penser à première vue quune baisse du taux de limpôt sur les gains en capital aurait pour effet de réduire les recettes fiscales, mais on a signalé au Comité deux effets favorables qui pourraient contribuer à augmenter en fait les recettes fiscales.
Le premier effet positif sur les recettes fiscales provient du « déblocage » des capitaux, conjugué à une hausse des réalisations, qui suivrait probablement toute réduction importante de limpôt sur les gains en capital.
Mme Thorning a signalé au Comité que, en 1997, lorsque les États-Unis ont réduit le taux dimposition des gains en capital, le Trésor américain a enregistré une progression de 16 milliards de dollars des recettes au titre de limpôt sur les gains en capital des particuliers. Pour 1998, le Trésor a estimé à 4,6 milliards de dollars les recettes additionnelles à ce chapitre(53). Ces chiffres donnent à penser que la réduction de limpôt sur les gains en capital a suscité un déblocage massif de capitaux qui a entraîné des hausses substantielles des recettes fiscales provenant de cet impôt.
Cependant, MM. Mintz et Sinai sont tous deux davis que, à terme, les recettes fiscales provenant de limposition des gains en capital finiraient par baisser.
Dans lensemble, les données dont on dispose ne permettent pas daffirmer que des réductions de limpôt sur les gains en capital sautofinanceraient à long terme. (54)
M. Sinai demeure quand même un chaud partisan de réductions de limpôt sur les gains en capital parce que, à court terme, le déblocage des capitaux qui en résulte est tel que ce type de mesure fiscale rapporterait au gouvernement bien davantage que toute autre réduction dimpôt. En dépit de cet optimisme, M. Mintz a fait une mise en garde au sujet des comparaisons des données canadiennes et américaines.
[L]'expérience des États-Unis, de même que les études sur les répercussions des gains en capital sur les recettes gouvernementales et l'économie, ne peuvent être appliquées facilement au Canada. Il faut se rappeler que le régime fiscal canadien est légèrement différent du régime américain. Par exemple, la réduction des taux d'impôt sur les gains en capital au Canada n'aurait pas les mêmes conséquences qu'aux États-Unis, parce que nous avons la réalisation réputée de gains en capital au décès.(55)
M. Sinai a en outre dit au Comité quune augmentation indirecte des recettes fiscales globales sensuivrait du fait de laccroissement des dépenses, des emplois, des revenus, des bénéfices, des cours boursiers et de la richesse. Ces augmentations compenseraient, au moins en partie, les pertes potentielles de recettes fiscales à long terme. Mais, surtout, les retombées économiques dune réduction de limpôt sur les gains en capital sont plus importantes, par dollar de recettes perdues, que celles que lon pourrait espérer de toute autre mesure fiscale.
La réduction de l'impôt sur les gains en capital a plus de chances que toute autre politique fiscale de réduire au minimum la perte de recettes fiscales nettes par rapport aux gains sur le plan de l'activité économique, de l'entrepreneuriat, de la productivité et de la production potentielle.(56)
Le Comité a entendu des arguments pour et contre la réduction ou lélimination de limpôt sur les gains en capital. Le gouvernement doit maintenant décider du poids à accorder à chacun. Il sera à cet égard crucial de se rappeler que la prospérité future des Canadiens dépend de leur souplesse dadaptation aux changements qui se produisent à léchelle mondiale et de leur aptitude à établir les fondements nécessaires au fonctionnement de la « nouvelle économie ».
Le Canada a beaucoup datouts sur le plan du capital humain, de lentrepreneuriat, des idées, des techniques et des ressources en esprits brillants. Le système déducation du Canada figure parmi les meilleurs du monde et le Canada se situe dans le peloton de tête pour ce qui est des dépenses publiques par habitant dans le domaine de léducation. Soixante-sept collèges et universités produisent plus de 25 000 diplômés par an en mathématiques, en génie, en sciences pures et en sciences appliquées.
Une réduction substantielle de limpôt sur les gains en capital permettrait aux marchés financiers de canaliser les ressources vers leurs usages les plus efficients et offrirait du même coup aux Canadiens de talent davantage de possibilités dexploiter leur potentiel. Elle permettrait aussi daméliorer la compétitivité du Canada sur les marchés financiers internationaux et dinstituer ainsi un climat favorable aux investisseurs étrangers et canadiens.
Par contre, un taux dimposition des gains en capital beaucoup plus faible susciterait des possibilités de planification fiscale et, partant, des distorsions du comportement des investisseurs. Il entraînerait aussi un amoindrissement de la progressivité du régime fiscal et un manque à gagner pour ce qui est des recettes fiscales tirées de cet impôt.
M. Sinai demeure cependant convaincu que les effets économiques favorables dune réduction de limpôt sur les gains en capital sont plus puissants, par dollar de recettes fiscales perdues, que les effets de toute autre mesure fiscale. Au demeurant, à long terme, les gains en recettes fiscales découlant de limpact cumulatif des augmentations de productivité, dentrepreneuriat, de formation de capital et dactivité économique pourraient dépasser le montant des recettes fiscales perdues.
En outre, dans lappréciation des conséquences dune réduction de limpôt sur les gains en capital, il faudrait accorder plus de poids aux avantages quon en tirerait sur le plan de la croissance économique et de la compétitivité internationale quaux questions déquité et de justice, en raison des retombées sur le plan de la création demplois et de la stimulation de lactivité économique dont profiteront indirectement même les personnes qui ne profiteront pas directement de la réduction du taux dimposition.
Le Comité se soucie grandement de la place quoccupera le Canada dans la « nouvelle économie ». La prospérité future des Canadiens est en jeu. En conservant une politique de forte imposition des gains en capital, le Canada risque de perdre du terrain sur le plan économique, ce qui ne peut que nuire à tout le monde. Le Comité est persuadé que la réduction du taux dimposition des gains en capital nous donnera une société plus riche où tous les Canadiens seront en meilleure posture. Un régime dimposition des gains en capital plus concurrentiel permettra au Canada de conserver ses meilleurs éléments sans que cela ne lui coûte rien en recettes fiscales à long terme et au prix seulement dune modeste perte de progressivité du régime fiscal.
Recommandation
Pour toutes les raisons énumérées, le Comité estime qu'il est justifié de réduire encore nettement le taux d'imposition des gains en capital. Le Canada doit tenir compte de la mondialisation croissante des échanges de biens et services et du fait que la concurrence internationale pour le capital est fonction en définitive du taux de rendement après impôt. Nous recommandons donc, à tout le moins, au plus vite une réduction substantielle de limpôt sur les gains en capital pour ramener celui-ci à un niveau équivalent à celui des États-Unis. Il vaudrait même mieux, comme l'ont conclu d'autres pays (voir annexe A), que le taux canadien soit inférieur à son pendant américain. Le Comité recommande également que le critère retenu pour choisir un régime d'imposition des gains en capital soit la compétitivité internationale et que le gouvernement fédéral soit disposé à abaisser ce taux d'imposition tant que ce critère n'aura pas été satisfait.
Dans son dernier budget, le gouvernement fédéral a fait quelques pas vers une réduction des impôts en général et de limpôt sur les gains en capital en particulier. Cette politique peut être poussée plus loin en réduisant les impôts sur le revenu des particuliers et des sociétés et en ramenant de 67 à 50 % le taux dinclusion des gains en capital. Ainsi, le taux canadien dimposition des gains en capital serait à peu près égal au taux américain actuel. (57)
COMPARAISON DES TAUX DE L'IMPÔT SUR LES GAINS EN CAPITAL POUR LES PARTICULIERS ET POUR LES SOCIÉTÉS
TAUX DIMPOSITION DES GAINS EN CAPITAL POUR LES PARTICULIERS
| Pays | Gains en capital des particuliers : Taux dimposition maximal des actions |
Période de détention |
|
Court terme |
Long terme |
||
| Argentine | Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
| Australie | 24,5 |
24,5; le coût de lactif est indexé |
Aucune |
| Belgique | Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
| Brésil | 15,0 |
15,0 |
Aucune |
| Canada | 32,0* |
32,0* |
Aucune |
| Chili | 45,0; exclusion annuelle de 6 600 $ |
45,0; exclusion annuelle de 6 600 $ |
Aucune |
| Chine | 20,0; les actions échangées dans les grandes bourses sont exonérées |
20,0; les actions échangées dans les grandes bourses sont exonérées |
Aucune |
| Danemark | 40,0 |
40,0; les actions évaluées à moins de 16 000 $ sont exonérées si elles sont détenues pendant plus de trois ans |
Trois ans |
| France | 26,0; exclusion annuelle de 8 315 $ |
26,0; exclusion annuelle de 8 315 $ |
Aucune |
| Allemagne | 55,9 |
Exemptées |
Six mois |
| Hong Kong | Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
| Inde | 30,0 |
20,0 |
Une année |
| Indonésie | 0,1 |
0,1 |
Aucune |
| Irlande | 20,0 |
20,0 |
Aucune |
| Italie | 12,5 |
12,5 |
Aucune |
| Japon | 1,25 % du prix de vente ou 20 % du gain net |
1,25 % du prix de vente ou 20 % du gain net |
Aucune |
| Corée | 20,0; les actions échangées dans les grandes bourses sont exemptées |
20,0; les actions échangées dans les grandes bourses sont exemptées |
Aucune |
| Mexique | Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
| Pays-Bas | Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
| Pologne | Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
| Singapour | Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
| Suède | 30,0 |
30,0 |
Aucune |
| Taiwan | Exemptées (actions des entreprises locales) |
Exemptées (actions des entreprises locales) |
Aucune |
| Royaume-Uni | 40,0; les actions évaluées à moins de 11 500 $ sont exonérées |
Les taux varient entre 40,0 et 10,0 % selon le nombre d'années pendant lesquelles l'actif est détenu. Les taux marginaux supérieurs sont respectivement de 35,0 %, de 30,0 %, de 20,0 % et de 10 % selon que le bien est détenu pendant un, deux, trois ou quatre ans et plus. |
Barème de taux progressif sur les actions détenues pendant une période allant de 1 à 10 ans, qui va de lexclusion jusquà 75 % pour les biens détenus pendant au moins 10 ans. Donc, lactif détenu pendant au moins 10 ans est imposé à un taux marginal supérieur de 10 %. |
| États-Unis | 39,6 |
20,0 (période de détention dun an) |
Une année |
*Il sagit là dune approximation, car les taux varient selon les
fourchettes de revenu et les provinces
Source principale : Arthur Andersen LLP (enquête commandée par lACCF)
Autres sources : Australie Deloitte Touche; Irlande : site web officiel du
fisc; Canada: KPMG.
TAUX DIMPOSITION DES GAINS EN CAPITAL POUR LES SOCIÉTÉS
Pays |
Gains en capital des sociétés : Taux dimposition maximal des actions |
Période de détention |
|
Court terme |
Long terme |
||
Argentine |
33,0 |
33,0 |
Aucune |
Australie |
36,0* |
36,0*; le coût de lactif est indexé |
Aucune |
Belgique |
Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
Brésil |
33,0 |
33,0 |
Aucune |
Canada |
38,0* |
38,0* |
Aucune |
Chili |
15,0 |
15,0; le coût de lactif est indexé |
Aucune |
Chine |
33,0; les actions échangées sur les grandes bourses sont exonérées |
33,0; les actions échangées sur les grandes bourses sont exonérées |
Aucune |
Danemark |
34,0 |
Exemptées (période de détention de trois ans |
Les actions détenues pendant plus de trois ans sont exonérées de cet impôt |
France |
41,7 |
23,8 |
Deux ans |
Allemagne |
45,0 |
45,0 |
Aucune |
Hong Kong |
Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
Inde |
35,0 |
20,0 (période de détention dun an |
Les gains en capital provenant de ventes dactions et de titres cotés en bourse et détenus pendant plus dun an sont imposés à un taux de 20 % |
Indonésie |
0,1* |
0,1* |
Aucune |
Irlande |
20,0 |
20,0 |
Aucune |
Italie |
37,0 |
27,0 (période de détention de trois ans et taux s'appliquant en cas de transfert dactions) |
Un autre impôt, de 27 %, sapplique aux gains en capital provenant du transfert dactions détenues et considérées comme un actif financier pendant au moins trois ans. |
Japon |
34,5 |
34,5 |
Aucune |
Corée |
20,0; les actions échangées dans les grandes bourses sont exonérées |
20,0; les actions échangées dans les grandes bourses sont exonérées |
Aucune |
Mexique |
34,0 |
34,0 |
Aucune |
Pays-Bas |
Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
Pologne |
Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
Singapour |
Exemptées |
Exemptées |
Aucune |
Suède |
28,0 |
28,0 |
Aucune |
Taiwan |
Exemptées (actions des sociétés locales) |
Exemptées (actions des sociétés locales) |
Aucune |
Royaume-Uni |
30,0 |
30,0; le coût de lactif est indexé |
Aucune |
États-Unis |
35,0 |
35,0 |
Aucune |
*Australie : Limpôt sur les gains en capital vient dêtre supprimé pour les investisseurs de capital-risque dans des fonds de pension provenant des États-Unis, de Grande-Bretagne, du Japon, dAllemagne, de France et du Canada. Ce taux nul sappliquera de façon quasi universelle, sous réserve de quelques mesures de contre-évasion légère. LAustralie espère ainsi attirer du capital-risque des États-Unis.
*Canada : Ce taux est approximatif, car les taux varient selon les provinces.
*Indonésie : Un impôt supplémentaire de 0,5 % sapplique aux actions de fondateur réalisées (depuis le 29 mai 1997). Le contribuable qui ne souhaite pas se prévaloir de cette mesure sera imposé au taux normal progressif de 30 %
Source : Arthur Andersen LLP (enquête demandée par lACCF); Irlande : site web officiel du fisc; Canada: : KPMG,
Nota :
- Le taux dimposition prévu par la loi représente le taux officiel; or, dans certains pays, les gains en capital sont indexés sur le taux dinflation (comme en Irlande) ou font lobjet dautres exemptions (en France, par exemple, les contribuables bénéficient chaque année d'une exonération sur la première tranche de 8 315 $ américains de gains en capital, tandis quen Allemagne les particuliers peuvent exclure tous les gains provenant dactifs détenus pendant au moins six mois), ou dautres mesures incitatives visant à encourager linvestissement en capital. Il est donc parfois difficile dévaluer le taux dimposition effectif versé sur le capital investi.
- Il ne faut pas oublier quil peut être trompeur dexaminer limpôt sur les gains en capital isolément des autres impôts. Quelques pays, comme les États-Unis, imposent un droit de succession au décès, ce qui nexiste pas au Canada. Dans certains pays, il existe tout un éventail de dispositions de roulement en vertu desquelles il est possible de reporter limpôt sur les gains en capital si le produit de la vente est réinvesti dans dautres bien en capital. Par ailleurs, il faut tenir compte du lien qui existe entre limposition des gains en capital et limposition des dividendes. Les sociétés peuvent, par planification fiscale, influer sur le taux dimposition auquel sont assujettis les investisseurs.
- Pour les investisseurs étrangers, lapplication daccords fiscaux touche également les mesures dencouragement à linvestissement. Pour évaluer correctement lavantage comparatif dun pays hôte en ce qui concerne limpôt sur les gains en capital, il faut tenir compte également des taux applicables dans son propre pays et de la façon dont les accords fiscaux sont conçus.
Effet d'un taux d'intérêt composé
(Source : Formula Growth Limited)
CRÉATION DE RICHESSE SIGNIFIE CRÉATION DEMPLOIS
EFFET SUR LES RENDEMENTS RÉELS DE L'IMPÔT SUR LES GAINS EN CAPITAL DONNÉES PRÉSENTÉES AU SYMPOSIUM TENU LE 18 JUIN 1999 À VANCOUVER PAR LE FRASER INSTITUTE SUR LE THÈME DE LIMPOSITION DES GAINS EN CAPITAL
A : EFFET SUR LES RENDEMENTS RÉELS DE LIMPÔT SUR LES GAINS EN CAPITAL
Taux de rendement composé |
Rendement réel après impôt |
Taux d'imposition des gains en capital effectif* |
|||||
5,0 % |
-1,9 % |
137 % |
|||||
7,9 % |
0,0 % |
100 % |
|||||
10,0 % |
1,4 % |
86 % |
|||||
15,0 % |
4,7 % |
69 % |
|||||
| Hypothèses : | période de détention de 25 ans taux dinflation de 5%** impôt sur les gains en capital de 40% rotation du portefeuille tous les trois ans*** |
||||||
| Si le taux dinflation supposé est abaissé à
3,5 %, le taux d'imposition des gains en capital effectif passe respectivement à
107 %, 81 %, 71 % et 59 %. Le rendement nécessaire pour atteindre le seuil de rentabilité en réalité serait de 5,6 . |
|||||||
| B : EXPÉRIENCE RÉELLE DES INVESTISSEURS DU FORMULA GROWTH FUND | |||||||
| Client | Taux dimposition des gains en capital |
Investissement initial |
Investissement final |
||||
| Canadien | 40,0 % |
1 000 $ |
25 814 $ |
||||
| Américain | 20,0 % |
1 000 $ |
57 767 $ |
||||
| Hong Kong | 0,0 % |
1 000 $ |
120 082 $ |
||||
| Conditions : | période de détention de 25 ans taux de rendement annuel composé de 21,1 % rotation du portefeuille tous les trois ans. |
||||||
| Conclusions : | |||
A |
La création de capital est beaucoup plus rapide
dans les pays à faible taux dimposition : Hong Kong et les États-Unis créent
de la richesse à des taux représentant respectivement 4,7 et 2,2 fois le taux
canadien. Cela signifie que les investisseurs des pays où le taux dimposition est faible possèderont une part croissante des éléments dactif. |
||
B |
Les investisseurs doivent faire preuve de beaucoup de dynamisme pour compenser leffet de linflation et de limpôt sur les gains en capital (ce qui est contraire à lapproche canadienne traditionnelle en matière dinvestissement). | ||
C |
Le gouvernement a créé le mécanisme du REER pour aider les Canadiens à mettre de largent de côté en vue de leur retraite, et non pour créer de la richesse. | ||
Nota :
*proportion du rendement réel payé au gouvernement
**Au cours des 25 dernières années, le Canada a connu en fait un taux d'inflation de
5,3 %.
***rotation réelle chez Peter Lynch, John Templeton et Formula Growth
TÉMOINS
FASCICULE N0 |
DATE | TÉMOINS |
1 |
Le 24 novembre 1999 | De lUniversité McGill : M. Reuven Brenner, École dadministration. |
1 |
Le 25 novembre 1999 | De lInstitut C.D. Howe : M. Jack Mintz. |
3 |
Le 8 décembre 1999 | De lUniversité dOttawa : M. Vern Krishna, Faculté de droit. |
3 |
Le 9 décembre 1999 | Du Fraser Institute : M. Herb Grubel, Département d'économie, Université Simon Fraser. |
4 |
Le 16 décembre 2000 | Du American Council for Capital Formation : Mme Margo Thorning, économiste en chef. |
6 |
Le 16 février 2000 | De Ernst & Young : M. Satya Poddar, associé, Droit des sociétés. |
7 |
Le 23 février 2000 | De Formula Growth Limited et de Pembroke MGMT : M. John Dobson, président (Formula Growth Fund); et M. Ian Soutar, président (Pembroke MGMT). De Osgoode Hall Law School : Professeur W. Neil Brooks. |
7 |
Le 24 février 2000 | De Primark Decision Economics, Inc.
(New York) : M. Allen Sinai, chef de la direction et économiste spécialiste des questions de mondialisation. |
ORGANISATIONS QUI ONT ENVOYÉ UN MÉMOIRE MAIS NONT PAS COMPARU :
Bruce Bartlett, National Center for Policy Analysis
Certified General Accountants Association of Canada
- Vijay M. Jog, « Le contexte des émissions initiales au Canada » dans Le financement de la croissance au Canada, Ottawa, Documents de recherche dIndustrie Canada, 1997, p. 400.
- Témoignages, Satya Poddar, 16 février 2000.
- Certified General Accountants Association of Canada, mémoire présenté au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce sur le thème de limposition des gains en capital.
- Témoignages, Satya Poddar, 16 février 2000.
- Ibid .
- Témoignages, Reuven Brenner, 24 novembre 1999.
- Témoignages, Herb Grubel, 9 décembre 1999.
- Témoignages, Allen Sinai, 24 février 2000.
- Témoignages, John Dobson et Ian Soutar, 23 février 2000.
- Témoignages, Satya Poddar, 16 février 2000.
- Témoignages, Vern Krishna, 8 décembre 1999.
- Témoignages, Allen Sinai, 24 février 2000.
- Témoignages, John Dobson et Ian Soutar, 23 février 2000.
- American Council for Capital Formation, document dinformation du Comité sénatorial permanent des banques et du commerce, 16 décembre 1999.
- Ibid .
- Témoignages, Herb Grubel, 9 décembre 1999.
- Témoignages, Herb Grubel, 9 décembre 1999.
- Témoignages, Reuven Brenner, 24 novembre 1999.
- Témoignages, John Dobson et Ian Soutar, 23 février 2000.
- Témoignages, W. Neil Brooks, 23 février 2000.
- Témoignages, Jack Mintz, 25 novembre 1999.
- Témoignages, John Dobson et Ian Soutar, 23 février 2000.
- Témoignages, Allen Sinai, 24 février 2000.
- Allen Sinai, 24 février 2000, Document dinformation présenté au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce.
- Kevin Melligan, Jack Mintz et Thomas A. Wilson. « Capital Gains Taxation: Recent Empirical Evidence ». Document dinformation destiné au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce, septembre 1999.
- Allen Sinai, 24 février 2000, Document dinformation destiné au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce.
- David A. Guenther et Michael Willenborg. « Capital Gains Tax Rates and the Cost of Capital for Small Business: Evidence from the IPO Market. » Journal of Financial Economics, 53, 1999, p. 385-408.
- Mark H. Lang et Douglas A. Shackelford. « Capitalization of Capital Gains Taxes:Evidence from Stock Price Reactions to the 1997 Rate Reduction. » National Bureau of Economic Research, WP 6885, janvier 1999.
- Témoignages, Margo Thorning, 16 décembre 1999.
- Témoignages, Reuven Brenner, 24 novembre 1999.
- Témoignages, Allen Sinai, 24 février 2000.
- Témoignages, Reuven Brenner, 24 novembre 1999.
- Témoignages, Allen Sinai, 24 février 2000.
- Témoignages, Reuven Brenner, 24 novembre 1999.
- Herb Grubel, « Locking in Canadian Capital », document dinformation distribué au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce, 9 décembre 1999.
- Témoignages, Satya Podar, 16 février 2000.
- Témoignages, Jack Mintz, 25 novembre 1995.
- Témoignages, W. Neil Brooks, 23 février 2000.
- Témoignages, John Dobson et Ian Soutar, 23 février 2000.
- Témoignages, Herb Grubel, 9 décembre 1999.
- Témoignages, Jack Mintz, 25 novembre 1999.
- Jack M. Mintz et Thomas A. Wilson, « Capitalizing on Cuts to Capital Gains Taxes », Institut C.D. Howe, Commentary, février 2000, p. 5.
- Témoignages, Jack Mintz, 25 novembre 1999.
- Témoignages, W. Neil Brooks, 23 février 2000.
- Témoignages, W. Neil Brooks, 23 février 2000.
- Témoignages, Vern Krishna, 8 décembre 1999.
- Témoignages, Herb Grubel, 9 décembre 1999.
- Témoignages, Vern Krishna, 8 décembre 1999.
- Témoignages, Allen Sinai, 24 février 2000.
- Témoignages, Reuven Brenner, 24 novembre 1999.
- Témoignages, John Dobson et Ian Soutar, 23 février 2000.
- Témoignages, Herb Grubel, 9 décembre 1999.
- Témoignages, Margo Thorning, 16 décembre 1999.
- Kevin Melligan, Jack Mintz et Thomas A. Wilson, « Capital Gains Taxation : Recent Empirical Evidence », document dinformation remis au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce, septembre 1999.
- Témoignages, Jack Mintz, 25 novembre 1999.
- Témoignages, Allen Sinai, 24 février 2000.
- Voir Jack M. Mintz et Thomas A. Wilson, « Capitalizing on Cuts to Capital Gains Taxes », Institut C.D. Howe, Commentary, février 2000.