Les jeunes Autochtones vivant en milieu urbain Plan d'action pour le changement
Le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones
PARTIE V : LES BESOINS DES JEUNES
Ce
que veulent les jeunes Autochtones, c’est ce que veulent aussi tous les
autres jeunes Canadiens : l’espoir.
Mme Jamie Gallant,
Jeunesse et marché du travail, Congrès des peuples autochtones
Parmi toutes les questions qui touchent les citadins autochtones, les besoins les plus pressants et les plus urgents sont ceux des jeunes Autochtones. Nous sommes frappés par la nécessité absolue de satisfaire ces besoins – en particulier ceux des jeunes qui ont perdu contact avec leur héritage culturel et la communauté élargie dans laquelle ils résident. Dans les observations qui ont été présentées au Comité, les jeunes Autochtones ont été décrits de différentes manières :
· une génération qui vit une situation de désespoir à l’égard de l’avenir en raison des obstacles et de la discrimination auxquels ils sont confrontés([1]);
· [des gens] vulnérables à la pauvreté, et à l’aliénation culturelle et sociale([2]);
· [des personnes] vivant dans un monde caractérisé par la pauvreté, la violence et le racisme([3]).
Par conséquent, il n’est malheureusement pas surprenant de constater que même si les taux de suicide ne sont sans doute que partiellement enregistrés, ils sont, selon les estimations, de cinq à six fois plus élevés chez les jeunes Autochtones que chez les autres jeunes Canadiens([4]).
Une multitude de sources de tension
En compilant les observations qui leur ont été présentées, les membres du Comité ont déterminé les problèmes auxquels les jeunes Autochtones sont confrontés, en particulier dans les zones urbaines : perte de leur identité, de leur langue et de leur culture (ce qui engendre des sentiments d’isolement et d’aliénation dans un milieu urbain, et qui rend l’appartenance à un gang plus attrayante);
· faibles niveaux de scolarité, faible fréquentation scolaire, hauts taux de chômage accompagnés de faibles perspectives d’emploi;
· absence de participation et d’appui des parents dans leur vie quotidienne (milieu familial dysfonctionnel, absence des parents);
· manque de compétences parentales chez les jeunes parents célibataires;
· abus d’alcool et consommation de drogues (alcool, marijuana, stupéfiants, essence, colle);
· violence physique et psychologique (conséquences transgénérationnelles du système d’internat, abus sexuel, violence familiale);
· difficultés à obtenir un logement (ils ne peuvent pas payer un logement convenable, viennent vivre en ville sans avoir un endroit où loger, utilisent les refuges);
· difficultés d’accès aux services (qui vont du manque d’argent pour les transports à l’ignorance des programmes et services offerts);
· pauvreté (qui affecte la santé et contribue à une mauvaise qualité de vie et à des taux élevés d’activités criminelles);
· racisme et discrimination (qui nuisent à l’estime de soi et à la confiance en soi, et favorisent l’hostilité envers la société élargie et les sentiments de marginalisation et d’aliénation).
Une fois déterminés les problèmes les plus importants auxquels sont confrontés les jeunes, il faut trouver les moyens de stimuler une dynamique plus constructive pour les jeunes citadins autochtones et atténuer leur exclusion sociale. Les membres du Comité ont observé qu’il n’y a pas qu’une seule réponse à cette question. Au contraire, la solution se trouve dans un ensemble de soutiens, notamment l’instruction, les loisirs, les services de transition urbaine, l’amélioration du marché de l’emploi, de solides compétences parentales ainsi que de solides services de soutien communautaire, culturel et familial. S’ils ne bénéficient pas de ces soutiens indispensables, les jeunes Autochtones et leurs familles auront de la difficulté à relever les défis auxquels ils sont confrontés et à avoir une qualité de vie comparable à celle des autres Canadiens. Dans la présente section, nous traitons des mesures que nous pouvons prendre pour fournir aux jeunes des débouchés et atténuer les pressions qu’ils subissent.
Les besoins des jeunes
1.1 Centres urbains pour les jeunes Autochtones
Les centres urbains pour jeunes Autochtones constituent une composante importante de l’éventail de services de soutien essentiels offerts aux jeunes Autochtones. À maintes reprises, les jeunes Autochtones ont insisté auprès du Comité sur la nécessité de mettre à leur disposition des installations confortables et accueillantes où ils pourraient se réunir. Ils ont parlé d’un endroit sûr, sans alcool ni drogues, où ils se retrouveraient avec leurs semblables, développeraient leurs intérêts, apprendraient de leurs aînés ou encore tout bonnement où ils pourraient se rendre pour rencontrer d’autres jeunes. Un tel endroit est particulièrement important dans les centres urbains. Les témoins ont tous convenu que les foyers pour les jeunes sont une nécessité dans les villes et qu’ils aident les jeunes à faire la transition de la réserve et de la collectivité rurale à la vie urbaine.
Lorsque nous examinons les tendances démographiques, nous nous rendons compte que nous avons besoin dans les communautés urbaines de foyers pour les jeunes […] Les jeunes autochtones veulent avoir un endroit où aller et où ils se sentent chez eux, ils veulent avoir accès, dans les centres urbains, à un foyer lorsqu’ils sont loin de chez eux. Voilà ce que veulent les jeunes de notre communauté([5]).
On prévoit que les centres urbains pour les jeunes Autochtones serviraient de contrepoids à la dislocation culturelle et sociale que subissent de nombreux jeunes lorsqu’ils arrivent dans une ville ou même lorsqu’ils y résident depuis longtemps. En créant des lieux où les jeunes peuvent se rattacher à leurs traditions culturelles, à leurs semblables et à leurs aînés et où ils peuvent explorer les perspectives d’épanouissement que leur offre la ville, ces centres jouent le rôle de solution de rechange intéressante indispensable à la vie dans la rue ou à l’association à un gang. Un jeune homme a raconté comment le Centre urbain Keewatin pour jeunes, à Winnipeg offre une saine solution de remplacement à des comportements dangereux :
Certains jeunes ont des antécédents d’association aux gangs et de vie dans la rue, de consommation excessive de drogues et d’alcool. Le programme les a aidés et a eu une incidence sur eux en leur offrant une alternative intéressante à ce mode de vie([6]).
Un grand nombre de jeunes citadins autochtones ne peuvent bénéficier d’un accès facile à une communauté autochtone à qui ils peuvent s’adresser pour obtenir un soutien. De ce fait, de nombreux jeunes ressentent un sentiment profond d’aliénation. Ce sentiment est amplifié dans les zones urbaines où l’image de la principale culture est si dominante. Un groupe a parlé « des difficultés que doivent surmonter les jeunes vivant dans les villes en raison de leur isolement de leur peuple et de leur culture »([7]). De même, un autre groupe a évoqué les défis auxquels sont confrontés les jeunes citadins pour conserver leur identité ou pour composer avec leur identité dans un milieu qui « manifeste de l’indifférence, voire souvent de l’hostilité envers les cultures autochtones »([8]). Les centres pour les jeunes offrent un point de liaison aux jeunes Autochtones qui viennent vivre ou qui vivent actuellement dans les zones urbaines.
Une très grande majorité de jeunes ont indiqué qu’ils voulaient des espaces positifs où ils pourraient aller et où ils ne seraient pas traités comme des personnes irresponsables ou comme des problèmes qu’il faut régler. Alors que la plupart des programmes sont axés sur la pathologie sociale qui consiste à être citadin et Autochtone, les jeunes nous ont dit qu’ils voulaient des lieux offrant des services de soutien où ils peuvent se rendre et tirer parti de leurs intérêts, développer leurs talents et stimuler leurs capacités à commander, un lieu où ils sont autres choses que la somme de leurs problèmes :
Lorsque je suis arrivé ici pour la première fois, je n’avais pas d’endroit où aller et donner rendez-vous et me sentir bien avec moi-même sans avoir à me rendre à un centre quelconque qui me cataloguerait sans doute comme un jeune qui n’a pas de foyer et qui a besoin d’une boisson chaude et d’un repas. Et je pense que cela est bien triste. Nous devrions avoir à notre disposition des ressources, des programmes qui nous permettent de nous réunir, d’établir des liens avec d’autres jeunes autochtones. Il n’existe aucun endroit où je peux vraiment faire ces choses si je ne suis pas catalogué comme une personne qui a des problèmes([9]).
À Winnipeg, le Comité a eu l’occasion de visiter un centre exploité par des jeunes au nord de la ville, l’Initiative jeunesse de Keewatin Winnipeg (IJKW). Les membres du Comité ont été chaleureusement accueillis par les coordonnateurs jeunesse et par les jeunes participants, et ils ont vu et entendu de vive voix comment cette initiative améliorait la vie des jeunes. Un témoin nous a expliqué comment le IJKW l’avait aidé à apporter des changements positifs à son ancien mode de vie :
J’ai eu de la chance de rencontrer les personnes de l’Initiative jeunesse […] parce qu’à 22 ans, j’ai décidé de modifier mon mode de vie. J’étais un membre actif et reconnu des gangs de rue dans le nord de la ville […] Je suis reconnaissant de l’aide que j’ai reçue et j’ai saisi cette occasion pour me prouver à moi-même et à ma famille ce que je suis vraiment([10]).
Un autre jeune homme nous a dit comment il a trouvé un soutien et un sentiment d’appartenance parmi ses semblables :
Quand je suis arrivé à Winnipeg, j’ai eu des problèmes, comme avec les gangs et d’autres ennuis […] J’avais besoin d’une porte de sortie et cela n’a pas été facile. Puis je suis venu ici. J’ai pu m’asseoir avec eux (les coordonnateurs jeunesse) et ils ont vu exactement ce que je pouvais faire. Chris et John m’ont dit qu’ils savaient quel genre de personne que j’étais et ce que je pouvais faire, et qu’ils n’auraient qu’à m’aider pour que je le trouve moi-même […] et maintenant les choses sont beaucoup plus faciles lorsque j’ai des problèmes ici en ville. Je peux m’adresser à toutes ces personnes et ils me soutiendront corps et âme([11]).
Nous sommes convaincus que le sentiment d’appartenance que les jeunes éprouvent au Centre, ainsi que la fierté liée à cette appartenance et à la réussite des uns et des autres, est attribuable au fait que ce centre leur appartient – à eux tous. Le Centre est vraiment un lieu sûr pour ces jeunes; un refuge contre un environnement souvent agressif et hostile. Il est difficile d’imaginer que le sens d’appartenance à la communauté qui existe au Centre pourrait être obtenu dans une institution ordinaire. Ce sentiment d’appartenance est attribuable au fait que les jeunes sont entourés de personnes qui ont vécu des expériences semblables, qui partagent un vécu identique et qui ont livré les mêmes combats. Ensemble, ces jeunes s’aident mutuellement à instaurer la confiance dont ils ont besoin pour réussir dans une communauté élargie. Une jeune femme nous a raconté comment son appartenance à l’Initiative jeunesse de Keewatin Winnipeg l’avait aidée à instaurer en elle la confiance et l’estime de soi :
J’ai été obligée d’abandonner l’école à l’âge de dix-sept ans parce que je devais commencer à payer un loyer. Le programme m’a aidée à reprendre mes études secondaires […] J’ai l’intention de terminer mes études et de m’inscrire à l’Université du Manitoba et d’atteindre le but que je m’étais fixé depuis longtemps, être travailleuse sociale. Maintenant je suis convaincue que je peux le faire([12]).
Une autre a ajouté :
L’Initiative jeunesse de Keewatin est sans aucun doute l’un des meilleurs programmes que j’ai vu mettre en œuvre, parce qu’il est axé non seulement sur l’aspect récréatif mais également sur les quatre volets de l’épanouissement personnel. À mes yeux, il s’agit d’un centre de jeunesse réussi. C’est précisément ce genre d’initiative que nous encourageons dans nos communautés ainsi que dans leurs communautés, en adoptant une approche holistique. Il ne s’agit pas de créer uniquement un centre de loisir, mais également d’inculquer des valeurs et de créer un sentiment d’identité([13]).
Il est prévu que les centres urbains pour jeunes Autochtones fourniront une programmation holistique – un ensemble de soins nécessaires pour améliorer la vie des jeunes citadins autochtones. En répondant aux besoins sociaux, éducatifs, spirituels, récréatifs et artistiques des jeunes citadins autochtones, ces centres dépasseront le « modèle actuel d’intervention en cas de crise » pour fournir un modèle qui appuie et met en œuvre les aspirations des jeunes autochtones. Selon une jeune femme :
La prestation par les centres de la jeunesse des services de santé et des services de santé mentale est importante. Les jeunes autochtones veulent et ont besoin d’un lieu pour se rencontrer et pour y passer du temps et ainsi qui les détourne des comportements destructeurs. Ce type de centres est important. Il existe d’excellents centres actuellement. Ce serait un défi que d’essayer de combler ces lacunes, d’évaluer les centres qui réussissent et de veiller à ce qu’ils soient répartis dans diverses communautés([14]).
À Vancouver, la (Urban Native Youth Association (UNYA) est en train de constituer un centre pour les jeunes. Ce centre, qui devrait être terminé dans deux à quatre ans, sera doté d’un gymnase, d’un théâtre, d’un studio de sculpture, de haltes-accueils pour adolescents et préadolescents, d’une école alternative, de services d’initiation à la vie professionnelle, d’un laboratoire informatique et des lieux d’hébergement de seconde étape([15]). Lorsqu’elle a décrit la nécessité de mettre sur pied de tels centres afin d’aider les jeunes Autochtones à vaincre les pressions de la vie urbaine, l’UNYA a déclaré ce qui suit au Comité :
Il existe une solution à ce problème : nous pouvons offrir aux jeunes gens une place qui est la leur. Ils ont besoin d’un lieu qu’ils peuvent contrôler et diriger. Nous avons besoin d’un lieu où les jeunes peuvent recommencer à s’amuser. Nos enfants ne jouent plus. Nous sommes également trop occupés à essayer de les aider. Nous tentons constamment de les aider et de panser leurs plaies, mais nous ne jouons plus avec eux. Nous devons le faire davantage. Il est essentiel que les enfants s’amusent([16]).
L’emplacement de ces centres de la jeunesse doit également être examiné avec soin. Selon les témoins, les jeunes Autochtones préfèrent avoir accès à des programmes et des services offerts dans leurs quartiers plutôt qu’être obligés de se déplacer au centre-ville. Une jeune femme a résumé ainsi son hésitation à recourir aux services offerts aux jeunes par le centre d’accueil situé dans la partie malfamée de l’est de Vancouver :
Je ne me suis pas rendue dans la partie est parce que ma famille m’a prévenue que cette partie de la ville était malfamée, mais c’est là que sont situés les principaux services. Par conséquent, j’évite ces quartiers([17]).
Les témoins qui se sont présentés devant le Comité ont recommandé unanimement la création de centres pour jeunes Autochtones; nous appuyons cette recommandation avec vigueur. Nous avons été impressionnés par ce que nous avons vu et entendu au sujet des possibilités qu’offrent ces centres. En reconnaissait le besoin d’atténuer les pressions et les défis auxquels sont confrontés les jeunes Autochtones dans la ville, les auteurs du Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones ont également souligné l’importance de créer des centres de la jeunesse.
En conséquence, le Comité fait la recommandation suivante :
Mesure recommandée
Que le gouvernement fédéral, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et les représentants et les organismes pertinents des jeunes Autochtones vivant en milieu urbain, fournisse des fonds d’immobilisation pour la création, dans les communautés urbaines où est concentrée une population importante d’Autochtones, de centres pour jeunes citadins autochtones. Ces centres seront situés dans des endroits facilement accessibles aux jeunes.
Le cas échéant, ces centres peuvent être constitués dans des installations existantes telles que les centres d’accueil, les centres communautaires ou les écoles. Cependant, nous insistons sur la recommandation faite par les témoins de mettre sur pied, lorsque le nombre le justifie, des centres de jeunesse distincts.
1.2 Programmes de transition à la vie urbaine
Les jeunes Autochtones déménagent en ville pour diverses raisons. La plus courante, c’est le désir d’améliorer leur accès à l’éducation et à l’emploi. Quels que soient leurs motifs pour venir vivre en ville, de nombreux jeunes Autochtones éprouvent un sentiment profond de dislocation culturelle et d’impuissance lorsqu’ils arrivent en milieu urbain. Malgré le désir d’y préparer pour eux-mêmes un meilleur avenir, de nombreux jeunes ne sont tout simplement pas prêts à relever les défis de la vie urbaine. Au cours de nos audiences, on nous a souvent répété que :
De nombreux jeunes manquent de connaissances pratiques et d’aptitudes sociales de base, et ils ne savent pas comment faire face aux principaux problèmes sociaux ni comment profiter des occasions de se sentir de véritables membres de la société élargie([18]).
Par conséquent, en l’absence des ces qualités essentielles, la transition vers une vie urbaine réussie est particulièrement problématique. Parce qu’ils ne possèdent pas les ressources personnelles suffisantes et ne bénéficient pas du soutien de la communauté, de nombreux jeunes Autochtones risquent d’adopter d’autres façons d’acquérir un sentiment d’appartenance. Les gangs deviennent souvent pour les jeunes Autochtones un moyen d’acquérir un sentiment d’appartenance à la communauté ainsi que de prendre contact avec d’autres et de trouver leur identité.
La discrimination est également une cruelle réalité que les jeunes Autochtones doivent combattre quand ils déménagent dans une ville et elle constitue sans doute pour eux une des principales difficultés de la vie urbaine. Le racisme peut, et est souvent la source d’immenses difficultés pour les jeunes. Selon des témoins :
· Rien n’est plus dévastateur pour un jeune que le racisme, quelque que soit son origine ancestrale([19]).
· Le racisme, la discrimination et une méconnaissance générale de l’histoire des autochtones continuent de défavoriser les jeunes dans tous les paramètres du milieu urbain([20]).
· Les conséquences de la discrimination sont intériorisées et se manifestent par des sentiments d’isolement qui entraînent une baisse d’estime de soi qui, parfois, ne s’efface jamais([21]).
Le Comité estime que la discrimination, qu’elle soit réelle ou perçue, subtile ou institutionnalisée, a réduit la pertinence des programmes offerts à l’ensemble des jeunes Autochtones et affaibli le désir de ces jeunes d’accéder aux services.
Un grand nombre de représentants d’organismes et de dirigeants communautaires autochtones et même de jeunes Autochtones nous ont dit que pour que les jeunes puissent réussir leur adaptation au mode de vie urbain, il leur faut un soutien et des services de défense de leurs droits. Nous avons été troublés par le fait que les jeunes ignoraient souvent totalement à quels programmes et services ils avaient accès, à qu’ils devaient s’adresser pour y avoir accès ou avec qui ils pouvaient s’entretenir pour obtenir de l’information sur les services de soutien mis à leur disposition.
Nous devons veiller à mettre à la disposition des jeunes un service de meilleure qualité en ce qui a trait à la transition à la vie urbaine. Malgré cette nécessité, les gouvernements ont accordé très peu d’attention à ce type de programme. Dans son inventaire des programmes et des services offerts aux citadins autochtones, la Canada West Foundation a constaté que :
Bien que la transition du milieu rural ou de la réserve à une grande ville peut s’apparenter à immigrer d’un pays étranger au Canada, nous avons trouvé que le gouvernement du Canada ne finançait pas autant les programmes de transition des peuples autochtones que ceux des immigrants récemment arrivés au Canada. Les programmes de transition des autochtones à la vie urbaine ont reçu moins de cinq cents par chaque dollar dépensé pour l’établissement et la transition des immigrants([22]). [C’est nous qui soulignons]
De ce fait, les programmes qui sont indispensables aux Autochtones pour qu’ils réussissent leur transition vers les centres urbains ou améliorent leur qualité de vie dans les villes n’existent pas ou sont offerts en très petit nombre.
En outre, nous trouvons qu’on n’a pas suffisamment examiné les possibilités d’établir des liens entre les programmes de transition urbaine des centres ruraux et des centres urbains. Selon les témoins, les compétences, la formation et l’expérience que les jeunes transportent dans leur bagage quand ils migrent, déterminent dans une très large mesure, la réussite à leur arrivée en ville. Malgré l’importance reconnue de cette phase pré‑migratoire pour l’adaptation réussie à la vie urbaine, il semblerait que peu ou aucun counseling pré-migratoire ne soit offert. Qui plus est, nous savons que sur le plan démographique, la mobilité entre les réserves et les zones urbaines est très importante. Selon un témoin :
Il est difficile de faire une distinction entre les problèmes de la vie urbaine et les problèmes qui ont une incidence sur les réserves. Par exemple, lorsque des gangs de rue autochtones se constituent à Winnipeg, ils font leur recrutement dans les réserves, les prisons, etc. Les gens déménagent dans les villes parfois en raison des problèmes de logement qu’ils rencontrent sur la réserve. Par conséquent, il existe un lien tout à fait manifeste entre ces deux problèmes. Nous devons adopter une approche holistique du problème parce que le lien est évident([23]).
Par conséquent, il faudrait étudier la possibilité de créer un réseau plus vaste entre les organisations urbaines et les communautés des réserves et des campagnes afin que les jeunes soient mieux accompagnés dans leur transition vers les milieux urbains.
En se fondant sur les preuves qui lui ont été présentées, le Comité croit fermement qu’il faut mettre sur pied des services de transition à la vie urbaine destinés aux jeunes Autochtones dans les principales agglomérations urbaines du Canada, afin que les jeunes qui migrent vers les villes bénéficient de services de soutien positif et soient dirigés vers les organisations appropriées susceptibles de pouvoir les aider avec leurs problèmes de transition. Voici quelques exemples de services essentiels :
· programme de soutien au logement et présentation de logement;
· services d’emploi et de formation;
· capacités de lecture et d’écriture en anglais;
· services de counseling, notamment le counseling pré-migratoire;
· services de défense des droits et de liaison;
· planification des études et de la carrière;
· information sur les programmes et les services offerts.
Ces services devraient, à leur tour, être associés aux communautés d’origine par l’intermédiaire de partenariats efficaces. Nous sommes convaincus que durant cette période de transition critique pour les jeunes, ce programme de transition contribuera à réduire les sentiments d’isolement qui résultent de l’éloignement de leur communauté, les aidera à s’intégrer d’une manière positive dans une communauté élargie et leur permettra d’éviter de se tourner vers les autres pour acquérir un sentiment d’appartenance, à savoir les gangs de jeunes ou d’autres groupes susceptibles de les influencer négativement.
En conséquence, le Comité recommande ce qui suit :
Mesure recommandée
Que le gouvernement fédéral, en collaboration avec les organisations autochtones pertinentes, mette sur pied à l’intention des jeunes citadins autochtones, des programmes de transition appropriés culturellement et axés sur la communauté. Des efforts devront être faits pour établir des liens entre les services de transition pour jeunes Autochtones et les communautés des réserves et des campagnes.
L’une des choses qui m’a aidé à rester dans le droit chemin est ma participation aux sports et aux loisirs. Je pense que si je n’avais pas eu cet exutoire je ne serais pas assis dans cette pièce aujourd’hui …
Rob Campre,
Directeur,
Edmonton Urban Autochtone Affairs Committee
Les bénéfices que les jeunes tirent du sport sont bien connus. Le Comité croit que les jeunes Autochtones, tout comme les autres jeunes, ont besoin de loisirs et de voies positives pour canaliser leurs énergies. Les activités de loisirs et de sports offrent aux jeunes des substituts sains à la consommation d’alcool et de drogues. Elles sont également efficaces pour soulager l’ennui, qui en lui-même, est la cause de nombreux comportements négatifs qu’adoptent les jeunes. Le sport aide également à structurer la vie des jeunes. La discipline, le travail d’équipe et l’établissement d’objectifs procurent des avantages complémentaires qui peuvent se répercuter sur d’autres facettes de leur vie. Nous admettons, cependant, au vu des éléments de preuve, que les activités récréatives abordables pour les jeunes Autochtones vivant dans les zones urbaines font grandement défaut. Il faut faire des efforts soutenus pour mettre sur pied, à grande échelle, des installations sportives et récréatives afin d’atténuer la vulnérabilité permanente d’un nombre croissant de jeunes Autochtones à l’égard du dysfonctionnement social et physique.
Il est difficile de contester le lien qui existe entre la disponibilité des activités récréatives et l’absence de comportements antisociaux. Les personnes privées d’activités constructives peuvent être amenées à adopter durant toute une vie des modèles permanents de comportement destructeur. Un témoin qui a pris la parole au cours des audiences que nous avons tenues à Vancouver a décrit à notre intention les conséquences qu’a l’absence d’activités récréatives sur les jeunes de sa communauté :
Nos gamins, les petits préadolescents et les adolescents sautaient de l’autobus scolaire, prenaient une cigarette, une dose d’une quelconque drogue ou traînaient dans les rues et s’attiraient des ennuis. Rien ne les atteignait ou les occupait de manière constructive et positive([24]).
L’absence d’installations récréatives adéquates incite les jeunes à adopter des comportements nuisibles telles que la surconsommation d’alcool et de drogue comme échappatoire à leur ennui.
Notre jeunesse s’ennuie. Il semblerait qu’il s’agisse d’un problème commun non seulement aux jeunes Autochtones mais également aux jeunes en général, à une différence près toutefois. Les jeunes Autochtones ne bénéficient pas des mêmes possibilités que les non Autochtones. Ils sont confrontés à des taux élevés de pauvreté, de chômage, d’itinérance, de violence, de problèmes de santé, de mauvais traitement, de violence familiale, d’exploitation sexuelle, pour ne citer que ces problèmes. Si on ajoute l’ennui à cette liste, les résultats sont désastreux – suicide, surconsommation d’alcool et de drogue, incarcération et le cycle permanent de violence entre générations([25]).
Selon les témoins, le sport est un moyen efficace et positif d’apporter de l’aide aux jeunes à risques. Bien que les activités sportives soient une distraction, bon nombre de programmes dont on nous a parlé sont élaborés de telle manière à offrir des avantages indirects aux jeunes participants. Les critères de participation comprennent souvent la formation en dynamique de la vie, le perfectionnement en leadership, le tutorat et l’obligation de fréquenter l’école régulièrement. Ainsi compris, les programmes sportifs et récréatifs ont pour but de soutenir une vaste gamme de comportements sains parmi les jeunes tout en mettant en valeur leur potentiel dans d’autres domaines.
Il existe un grand nombre d’excellents exemples de programmes qui utilisent le sport et les loisirs comme moyen d’offrir plus de possibilités aux jeunes. Nous avons été particulièrement impressionnés par le travail qu’a effectué le Manitoba Sport and Recreation Council Inc. afin d’aider les jeunes des quartiers déshérités de Winnipeg à participer à des camps sportifs par l’intermédiaire du programme Winnipeg Aboriginal Sport Achievement Centre. Les jeunes des écoles des quartiers défavorisés sont recrutés par les coordonnateurs autochtones et on leur offre une occasion unique de participer à des camps sportifs – occasion qui serait normalement hors de portée de la plupart de ces jeunes. Pendant environ sept semaines au cours de l’été, quelque 1 000 jeunes se voient offrir des repas tous les jours et une occasion de voir se dérouler une gamme d’activités récréatives et d’y participer dans un environnement qui tient compte de leurs différences culturelles.
Les arts offrent également aux jeunes des débouchés positifs. Le théâtre, la musique, les contes et la danse fournissent aux jeunes des modes d’expression positifs. Lorsqu’elles se sont présentés devant le Comité, Mesdames Laura Milliken et Jennifer Podemski de Big Soul Productions ont déclaré aux membres que les arts leur avaient pour ainsi sauvé la vie. Nous avons souvent entendu un message semblable de la part des jeunes :
Je suis une danseuse métisse; c’est cette activité qui m’a évité d’avoir des ennuis. Même lorsque j’ai eu des problèmes de toxicomanie ou des problèmes avec la police, je pouvais toujours aller danser. Grâce à la danse, je suis venue à Ottawa de nombreuses fois et je pense que le fait de venir ici a beaucoup changé ma vie. Je pense que nous avons besoin de programmes récréatifs pour les jeunes, qu’ils soient culturels ou sportifs. Les jeunes ont besoin d’activités dont ils seront fiers et je pense que nous devons favoriser celles-ci([26]).
On nous a parlé de plusieurs programmes qui utilisent les arts comme véhicule pour favoriser l’estime de soi, l’interaction sociale et la formation en dynamique de vie. La Metis Cultural Dance Society est un exemple de programme qui offre aux jeunes métis l’occasion d’apprendre la danse, la culture et la pratique du violon traditionnelles.
Les activités récréatives accessibles à tous ne sont pas les seuls programmes qui soient bénéfiques pour les individus. Le sport, les arts et les loisirs peuvent également contribuer à réunir des communautés entières. On nous a entretenus des effets dévastateurs et transgénérationnels qu’ont eus et que continuent d’avoir les internats sur les familles. Ce lourd héritage du colonialisme, notamment les violences sexuelles et physiques, rend difficile le maintien de la santé et de la cohésion au sein des familles autochtones([27]). Par conséquent, de nombreux foyers et communautés autochtones se sentent profondément éloignés les uns des autres. Les parents sont souvent absents et les jeunes sont abandonnés.
Au cours des observations présentées au Comité, on nous a parlé de l’effet restaurateur que les activités sportives et récréatives ont eu sur les communautés. Le programme de basket-ball Night Hoops, par exemple, a été conçu pour répondre à un besoin dégagé par la communauté d’essayer d’établir un lien entre les jeunes et la communauté. Les résultats sont impressionnants :
Nous sommes allés d’une participation nulle à une pleine participation. Le gymnase qui était vide les lundis soirs est maintenant rempli de parents qui regardent leurs enfants jouer au basket-ball. Les parents, les frères, les soeurs, les cousins et cousines, les tantes et les oncles viennent tous soutenir les enfants. Le basket-ball est devenu une activité qu’on attend avec impatience […] Quand vous vous rendez au centre, vous voyez de l’enthousiasme, de la vie, du plaisir et de la participation. Les enfants qui traîneraient normalement dans les rues participent maintenant à une activité productive, qui est bonne pour eux, car elle éveille leur esprit et développe leur corps. Cela leur fait vraiment du bien que leurs parents viennent les voir jouer. Les parents sont les personnes les plus importantes dans leur vie([28]).
Comment un programme de basket-ball mis sur pied pour les jeunes a-t-il permis d’accomplir autant de choses? La répondre est simple. Le programme a été conçu pour être très inclusif. Toutes les personnes qui y participent – arbitres, marqueurs, chronométreurs, exploitants des casse-croûte – font partie de la communauté. Les capacités d’entraîneur et la connaissance du basket-ball n’étaient pas des critères essentiels pour participer au programme. « Il existe sûrement des entraîneurs hautement plus qualifiés, des personnes qui possèdent beaucoup plus de connaissances » nous a-t-on dit, « mais ce que nous voulions, c’était de mettre en valeur le potentiel des membres de notre communauté. D’autres adultes exerçant des responsabilités de chef dans la communauté se sont impliqués dans le programme et, à mes yeux, le rôle le plus important qu’ils ont joué a été celui de chefs de claque. »([29]) Le programme de basket-ball Night Hoops et d’autres programmes semblables dans l’ensemble du pays sont, nous sommes convaincus, un facteur de protection pour la jeunesse. L’esprit communautaire, le sentiment d’appartenance et d’autonomie qu’il peut engendrer sont essentiels au bien-être des jeunes.
Inciter les jeunes Autochtones à participer à une activité sportive nécessite le financement et l’appui du gouvernement. La pauvreté est souvent un grand obstacle à la participation des jeunes Autochtones aux activités sportives grand public. Les coûts de l’équipement, des frais d’inscription et du transport sont souvent inabordables, en particulier en ce qui a trait aux sports les plus coûteux comme le hockey. Les familles n’ont tout simplement pas les ressources financières pour permettre à leur enfant de participer à ces programmes.
Il est souvent difficile d’inciter un enfant à prendre en compte ce type de carrière lorsque la pauvreté constitue un problème majeur dans sa vie. Certains enfants n’ont même pas un maillot de bain. Notre sondage a révélé que sur 1 000 enfants interrogés, seuls 10 p. 100 possèdent leur propre équipement sportif. Ces chiffres sont décourageants et peuvent vous éclairer sur les problèmes réels auxquels les enfants des grandes villes sont confrontés([30]).
À maintes reprises, les témoins nous ont fait part de la difficulté d’avoir accès à un financement qui leur permettrait d’offrir aux adolescents et aux enfants autochtones des programmes sportifs et de soutiens connexes :
Ce qui m’étonne dans ces deux initiatives, c’est la difficulté rencontrée à obtenir un financement en dépit du fait que de nombreux éléments de recherche indiquent que ces programmes sont très bons([31]).
Il arrive souvent que les arts, la musique, le théâtre soient les premiers éléments que l’on supprime dans les systèmes ou les programmes scolaires; je suis ici pour vous parler des conséquences qu’ont ces suppressions sur notre communauté([32]).
Il est difficile d’obtenir un financement adéquat et durable pour ce genre de programme parce qu’on a tendance à donner la priorité à des domaines qui ont des besoins plus importants, tels que la santé, l’emploi, le logement et l’éducation. Cependant, ces programmes proactifs sont essentiels pour découvrir les talents, les capacités, les points forts et la valeur des jeunes Autochtones. Nous sommes impressionnés par les témoignages que nous avons entendus sur cette question et nous sommes persuadés que ces programmes permettent de mettre en valeur le potentiel des jeunes, de les rattacher d’une manière amusante et positive à leur communauté et de les éloigner de passe-temps moins intéressants. Par conséquent, nous soutenons avec force, que les gouvernements doivent financer de façon adéquate les programmes sportifs, artistiques et récréatifs des jeunes Autochtones dans les centres urbains.
En conséquence, le Comité recommande ce qui suit :
Mesure recommandée
Que le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire du ministre d’État de la Condition physique et du Sport amateur, élabore et finance une Initiative d’activités sportives et récréatives pour les jeunes citadins autochtones. Cette Initiative devrait faire la promotion de programmes d’activités sportives et récréatives :
· communautaires, et conçus et réalisés par la communauté;
· durables et de longue durée plutôt que de courte durée;
· conçus pour mettre en valeur le potentiel des jeunes Autochtones par l’intermédiaire d’un enseignement sur la mise sur pied de programmes récréatifs, d’un perfectionnement en leadership et de formation en dynamique de la vie.
Le Comité reconnaît l’importance capitale des programmes culturels et artistiques pour les jeunes Autochtones des villes. Ce genre de programmes les aident non seulement à acquérir une plus grande confiance en eux-mêmes et une meilleure estime d’eux-mêmes, mais ils contribuent à leur faire prendre contact avec leur identité, leurs talents et leur culture. Pour les jeunes citadins, le contact culturel et le type d’expression que procure la participation à des activités d’arts, de danse, de théâtre et de récits revêtent une valeur inestimable. Étant donné les difficultés particulières que doivent surmonter les jeunes Autochtones pour conserver leur culture et leur identité lorsqu’ils vivent en milieu urbain, le Comité recommande de plus :
Mesure recommandée
· Que le gouvernement fédéral, par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien, offre un financement spécial et soutenu à l’égard des programmes d’arts expressément destinés aux jeunes Autochtones vivant en milieu urbain.
Enfin, nous sommes entièrement d’accord avec l’observation faite par un témoin selon laquelle « il est temps que les portes s’ouvrent parce que l’avenir de nos jeunes est en jeu » et que « si nous ne leur offrons pas ces programmes aujourd’hui, alors leur avenir n’améliorera »([33]). Par conséquent, nous demandons avec instance au gouvernement fédéral d’agir immédiatement en mettant cette recommandation en oeuvre.
1.4 Éducation : S’attaquer au taux de décrochage scolaire
Nous ne parlons pas en fonction de l’excellence, des réalisations
et de la réussite.
Quand nous disons à nos étudiants de survivre, ils survivent.
Professeur David Newhouse,
Professeur agrégé et Chef du département d’études autochtones, Université Trent
Les taux élevés d’absentéisme scolaire et de mauvais rendement scolaire continuent de compromettre l’avenir de nombreux jeunes Autochtones. Dans son rapport de 2000, le vérificateur général arrive à la conclusion « qu’au rythme où les progrès sont réalisés actuellement, il faudra plus de 20 ans pour que le niveau de scolarisation des jeunes Autochtones atteigne celui des autres Canadiens »([34]). Selon un rapport préparé par un groupe de travail sur l’éducation du gouvernement fédéral, l’éducation des membres des Premières Nations est en état de crise et « le problème est particulièrement urgent compte tenu que la population autochtone est la plus jeune et que sa croissance est la plus rapide au Canada »([35]).
Les auteurs de plusieurs études bien documentées ont examiné ce problème beaucoup plus en profondeur que nous ne pouvons le faire ici. Ensemble, ils ont présenté un certain nombre de réformes essentielles visant à améliorer les résultats scolaires des jeunes Autochtones. Certaines principales propositions de réforme que les témoins nous ont présentées sont semblables aux réformes déjà présentées dans d’autres circonstances. Parmi celles-ci, citons :
· la nécessité de recruter et de former des enseignants et du personnel autochtones;
· la nécessité de promouvoir des environnements adaptés à la réalité culturelle des Autochtones, notamment une formation interculturelle à l’intention des enseignants et du personnel non autochtones;
· la nécessité d’élaborer des programmes de formation adaptés à la culture des Autochtones;
· la nécessité d’accroître la participation des parents;
· l’amélioration des normes scolaires afin d’atteindre des niveaux équitables;
· la construction d’écoles autochtones en milieu urbain;
· le soutien et l’encadrement des jeunes Autochtones dans les écoles secondaires.
Malheureusement, bon nombre des réformes proposées n’ont jamais été mises en œuvre et, conséquemment, un nombre ahurissant de jeunes des Premières nations – sept sur dix – abandonneront leurs études([36]). De plus, le niveau d’études des jeunes Autochtones qui restent à l’école a tendance à être plus faible que celui des autres jeunes Canadiens. Bien qu’on ait observé un certain accroissement du nombre de diplômés au cours des dernières années([37]), un très grand nombre de jeunes Autochtones ont un niveau d’instruction faible et, par conséquent, de faibles perspectives d’avenir :
L’éducation est encore un obstacle pour ces jeunes. Nos jeunes ne réussissent pas dans les établissements d’enseignement ordinaires […] Nous savons que les jeunes autochtones entrent dans les systèmes scolaires des communautés urbaines avec deux ou trois ans de retard en ce qui a trait aux aptitudes scolaires et sont, par conséquent, déjà désavantagés quand ils arrivent dans nos systèmes scolaires publics et catholiques([38]).
Parmi les observations présentées au Comité, la faible fréquentation scolaire a été définie comme étant un grave problème chez les jeunes Autochtones. Selon plusieurs témoins, elle est particulièrement inquiétante en raison de la corrélation qui existe entre l’absentéisme scolaire et les comportements antisociaux ou autodestructeurs. Lorsque les jeunes ne sont pas à l’école, nous a-t-on dit, ils s’adonnent souvent à des activités moins constructives :
Nous devons étudier les taux de décrochage scolaire des jeunes. Huit jeunes autochtones sur dix abandonnent leurs études secondaires. Seulement deux jeunes sur dix terminent leurs études et obtiennent un diplôme. Mais nous devons examiner les retombées. S’ils ne sont pas à l’école, ils sont impliqués dans des activités criminelles et dans d’autres activités qui les conduisent à commettre des délits, telles que la prostitution, la grossesse précoce, la grossesse chez les adolescentes. Les statistiques attestent que nous détenons une surreprésentation dans ces domaines([39]).
Les raisons pour lesquelles les jeunes cessent de fréquenter l’école sont nombreuses et complexes. Mentionnons, entre autres, le racisme, l’absence de participation et de surveillance parentales, la rancoeur et la gêne provoquées par le sentiment de moins bien réussir ses études que les autres étudiants, l’instabilité occasionnée par les taux élevés de mobilité résidentielle, les sentiments d’isolement occasionnés par la vie dans des milieux non adaptés à leur culture, l’incapacité de se procurer les manuels scolaires et l’équipement sportif voulus et de payer les droits d’excursion, une vie familiale instable et la pauvreté.
Les témoins ont souligné à plusieurs reprises que l’absence de participation, de surveillance et d’appui de la part des parents est en partie responsable des mauvais résultats scolaires des jeunes Autochtones. Dans de nombreuses études sur l’éducation des Autochtones, on a insisté sur l’importance de la participation des parents et de la communauté au système d’éducation comme éléments essentiels à la réussite des étudiants. Dans son rapport de 1996, le Sous-comité sur l’éducation des Autochtones([40]) signale que parmi les obstacles à la participation parentale figurent les répercussions durables du régime des internats.
Les effets néfastes du régime des internats sur les peuples autochtones, leurs cultures et leurs langues sont maintenant largement reconnus. Un de ces effets est la méfiance profonde qu’éprouvent certains Autochtones envers les institutions scolaires ordinaires. Il est probable qu’à leurs yeux, le fait qu’on veuille qu’ils poursuivent des études ne constitue, de la part de la majorité, qu’une autre tentative d’assimilation de leur culture, de leur langue et de leurs traditions; conséquemment, ils relèguent au second plan l’obtention d’une bonne éducation. Selon un témoin, cette méfiance fondamentale envers le système d’éducation est en partie responsable du peu d’importance accordée à celle-ci :
Un manque ou une absence de bonnes compétences parentales signifie souvent que les parents n’accordent aucune importance à l’éducation, pour ce qu’elle est, et qu’ils encouragent très peu leurs enfants à faire de leur mieux. Les parents ne peuvent aider leurs enfants à apprendre leurs leçons et à faire leurs devoirs parce qu’eux-mêmes n’ont pas terminé leurs études secondaires et, dans de nombreux cas, leurs études primaires, ou parce qu’ils ne peuvent évaluer les avantages que l’on peut retirer de l’éducation([41]).
Un autre témoin a souligné que la participation parentale adéquate est un problème très difficile et délicat à aborder dans certaines communautés autochtones :
La communauté métisse accepte volontiers que les parents doivent en faire plus. En étudiant le processus de la pauvreté et de la colonisation au cours des dernières décennies, j’ai remarqué chez nos étudiants une absence de compétences parentales et de compétences pour assumer les tâches quotidiennes essentielles pour leur survie. Ce qui est le plus troublant, c’est que la responsabilité de la réussite scolaire de l’enfant n’est pas placée où elle devrait l’être([42]).
Enfin, des témoins nous ont parlé de la nécessité de prendre des mesures qui favoriseraient la participation des parents :
Nous devons inciter les parents à soutenir leurs adolescents qui poursuivent leurs études secondaires ainsi qu’à participer au processus de sélection et de prise de décisions concernant la planification de carrière de ces derniers([43]).
Le scepticisme dont font preuve les parents autochtones à l’égard du système éducatif est compréhensible. Cependant, il fait ressortir l’importance de rétablir les liens entre les familles autochtones et le système d’éducation, et de veiller à ce que ce système tienne compte des attentes des familles autochtones. Les milieux d’apprentissage, les programmes scolaires ainsi que les enseignants et le personnel doivent répondre aux besoins des écoliers autochtones et de leurs familles. Il faut mettre en œuvre des réformes visant à faire en sorte que les établissements scolaires grand public tiennent compte de la culture autochtone et que les structures de prise de décisions soient adaptées aux Autochtones. Nous croyons fermement que les gouvernements et les conseils scolaires ont l’obligation de veiller à ce que les écoles offrent un contexte d’apprentissage adapté à la réalité culturelle qui stimule les enfants et leur fait percevoir la pertinence de leurs études et de leur programme scolaire.
En outre, nous croyons que des efforts plus importants doivent être accomplis pour faire comprendre aux jeunes citadins autochtones, à leurs familles et à leurs communautés l’importance de l’éducation et de leur faire voir comment l’éducation supérieure améliorera la qualité de vie des jeunes et, par-dessus tout, de quelle manière elle pourra leur permettre d’acquérir le sentiment d’avoir accompli quelque chose, et rehausser ainsi leur confiance en eux et leur estime personnelle. Parallèlement aux réformes de l’éducation visant l’élaboration de programmes scolaires adaptés à la culture autochtone et au recrutement d’enseignants autochtones, il faut mettre ne place une stratégie à l’échelle nationale afin de faire la promotion des avantages de fréquenter l’école et d’inciter les familles à prendre leurs responsabilités et à soutenir leurs enfants pour qu’ils aillent à l’école.
Dans ce contexte, le Comité relève que plusieurs initiatives fructueuses ont été prises pour accroître la participation des parents et des communautés autochtones dans les prises de décisions en matière d’éducation. Nous avons été impressionnés, entre autres, par les résultats obtenus dans le cadre d’une de ces initiatives au Centre d’apprentissage de l’Alberta. Ce centre qui a été créé par la Commission des écoles catholiques d’Edmonton a mis sur pied un éventail de programmes destinés à soutenir les écoliers et les familles autochtones ainsi qu’à intégrer dans les salles de classe les perspectives autochtones en offrant aux enseignants un programme de perfectionnement([44]). Plusieurs organisations régionales ont également vu le jour afin de promouvoir la qualité en matière d’éducation pour les apprenants autochtones. Par exemple, le comité d’orientation en éducation des Premières Nations de la Colombie-Britannique travaille, à l’échelon provincial, à déterminer quels sont les problèmes des Premières Nations en matière d’éducation et à y trouver des solutions.
La création d’écoles alternatives urbaines, telles que l’école Ben Calf Robe et l’académie Amiskwaciy, constitue un exemple de mesures innovatrices fécondes qui soutiennent l’éducation de qualité pour les écoliers autochtones. Leur programme scolaire est basé sur les programmes d’études de base provinciaux, mais il est élargi par des cours facultatifs qui tiennent compte du savoir, des traditions et des valeurs des Autochtones. Ces écoles connaissent un franc succès. Leurs taux de persévérance scolaire, en comparaison avec les moyennes nationales sont particulièrement bons. Selon les sources, on nous a dit que :
· en 2002, le taux de persévérance scolaire à l’école Ben Calf Robe était de 93 p. 100([45]);
· le taux de persévérance scolaire à l’Institut de technologie du Nord de l’Alberta a augmenté de 50 p. 100 il y a quatre ans et que 70 p. 100 des étudiants du niveau postsecondaire ont terminé leurs programmes, en raison principalement de la prestation de services de soutien qui leur étaient offerts([46]);
· les taux de persévérance scolaire dans les écoles grand public, comme à l’école secondaire St. Francis Xavier et St. Joseph’s à Edmonton sont respectivement de 84 et 88 p. 100, et que ces taux sont attribuables à la présence d’agents de liaison autochtones.
La priorité accordée à l’intégration et à l’établissement de relations avec les étudiants, les parents et la communauté est essentielle à leur réussite. De tels efforts reconnaissent que l’élargissement du milieu social et économique des étudiants au sein duquel se déroule leur scolarité a des répercussions importantes sur leurs résultats scolaires.
Les étudiants autochtones sont particulièrement portés à abandonner leurs études durant les périodes de transition scolaire cruciales. Ainsi, c’est durant la transition de l’école secondaire de premier cycle à l’école secondaire de deuxième cycle et d’un établissement d’études secondaires à un établissement d’études postsecondaires que, selon les observations présentées au Comité, bon nombre d’écoliers autochtones abandonnent leurs études. Des témoins nous ont dit que :
Nous perdons un certain nombre d’enfants lors de la transition de l’école secondaire de premier cycle à l’école secondaire de deuxième cycle […] La neuvième année est l’année la plus dure pour nos enfants. Nous avons sans doute plus d’écoliers de la neuvième année qui s’absentent de l’école que partout ailleurs, qui s’adonnent à des activités criminelles et à d’autres activités qui les éloignent de leur scolarité([47]).
Pour d’autres témoins, le facteur est le niveaux d’alphabétisation en anglais :
Un manque de maîtrise et de compréhension de la langue anglaise contribue à ce sentiment d’incapacité attribuable à la maîtrise insuffisante d’une langue. Même si l’anglais est parlé à la maison, dans les systèmes éducatifs et entre jeunes, cela ne signifie pas que sa maîtrise est telle qu’elle permettra au jeune d’exceller dans les institutions scolaires et dans des institutions similaires([48]).
De même :
Nous nous rendons compte que si les écoliers arrivent à l’école secondaire avec une capacité de lecture inférieure à une neuvième ou à une dixième année, cet handicap réduira sérieusement leurs chances de réussir ses études ou de les terminer([49]).
Tout porte à croire que la transition est difficile, en raison, entre autres, des faibles niveaux d’instruction et d’alphabétisation, et de la frustration que ressentent les jeunes Autochtones d’avoir à « rattraper » les autres enfants. Cette frustration est particulièrement évidente chez les jeunes qui ont été éduqués sur les réserves et qui au moment où ils entrent à l’école secondaire en milieu urbain s’aperçoivent que leur niveau d’études est très inférieur à celui des autres enfants de leur âge. Par conséquent, de nombreux jeunes se sentent inférieurs à leurs semblables. Le rattrapage scolaire, notamment les initiatives favorisant les capacités de lecture et d’écriture en anglais est, par conséquent, nécessaire si nous voulons que les étudiants terminent leurs études avec succès.
Les mesures de soutien à la transition, la planification pédagogique, la présence d’agents de liaison autochtones, la disponibilité de programmes d’alphabétisation, les services d’entraide et les modèles de comportement ont été cités par les témoins comme étant particulièrement efficaces pour aider les écoliers autochtones à ne pas abandonner leurs études durant ces périodes critiques. Le Centre d’apprentissage de l’Alberta utilise de nombreux outils afin de garder les enfants à l’école, et ses efforts sont couronnés de succès :
Si vous les prenez et que vous leur présentez l’école secondaire en toute sécurité en leur faisant faire une visite avec le personnel et les écoliers autochtones, ils vivent déjà une expérience réussie dans cette école. Cette expérience est tout à fait faisable et facile à faire, mais cela fait toute une différence. Nous avons obtenu un taux de réussite de 100 p. 100 avec le dernier programme de transition que nous avons mis sur pied en septembre([50]).
Nous sommes mutuellement responsables d’appuyer les initiatives qui réussissent à encourager et à soutenir les progrès scolaires des jeunes Autochtones. Par conséquent, nous demandons instamment à tous les paliers de gouvernement et aux décideurs d’examiner avec soin les institutions modèles, telles que l’académie Amiskwaciy, de donner leur appui à des services comme ceux qui sont offerts au Centre d’apprentissage de l’Alberta et de faire en sorte que les activités modèles se répandent.
Alors que nous prenons connaissance des ces réalisations extraordinaires, celles-ci sont, comme l’a exprimé le groupe de travail sur l’éducation du Ministre, « dépassées par le nombre plus important de problèmes scolaires non résolus qui entrave le progrès »([51]). Par conséquent, le Comité estime que les gouvernements fédéraux, provinciaux et territoriaux doivent redoubler d’efforts pour réduire l’absentéisme scolaire, et, conséquemment, il recommande ce qui suit :
Mesures recommandées
Que le gouvernement fédéral, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et les organisations autochtones, élabore diverses stratégies afin de réduire l’absentéisme scolaire chez les jeunes autochtones.
Ces stratégies devront comporter des mesures axées sur :
· les parents autochtones afin de leur exposer les avantages que retireront leurs enfants à fréquenter l’école régulièrement et pendant une longue durée;
· les anciens et les autres chefs de la communauté, pour qu’ils planifient et mettent en oeuvre ces stratégies au nom des jeunes autochtones;
· la recherche de solutions aux taux élevés de décrochage scolaire durant les périodes de transition critiques;
· la promotion de la culture et de l’histoire autochtones dans les établissements d’enseignement ordinaires.
1.5 Santé et sécurité : Les grossesses chez les jeunes adolescentes autochtones
Selon les témoins, l’absence de programmes d’éducation sexuelle de qualité constitue l’un des problèmes les plus importants auxquels sont confrontés les foyers et les communautés autochtones. Plusieurs organismes et représentants des jeunes nous ont dit que les adolescents et les préadolescents ont désespérément besoin d’une prise de conscience dans ce domaine. L’absence de ces programmes explique les taux élevés de grossesse chez les adolescentes autochtones, qui donnent naissance à de nombreux bébés souffrant de problèmes de santé et qui sont pris en charge par le système de garde nourricière.
Les statistiques de Santé Canada indiquent que le taux de grossesse chez les adolescentes des Premières Nations de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, des provinces des Prairies et de l’Atlantique est quatre fois plus élevé que celui de la moyenne nationale. Ce qui est incroyable, c’est que, selon les estimations, le taux de grossesse chez les jeunes filles de moins de 15 ans est jusqu’à 18 fois supérieur à celui de la population des adolescentes en général. Dans un rapport spécial sur la santé sexuelle des jeunes citadins autochtones intitulé Tenuous Connections: Urban Aboriginal Youth Sexual Health and Pregnancy, la Fédération des centres d’accueil indiens de l’Ontario a découvert que les taux élevés de grossesse chez les adolescentes étaient également courants chez les jeunes citadines autochtones.
Les taux élevés de grossesse chez les adolescentes autochtones soulèvent un certain nombre de graves préoccupations sociales et médicales. Comme le signale la Fédération des centres d’accueil indiens de l’Ontario :
Les mères adolescentes courent plus de risques d’avoir des complications qui entraînent des problèmes médicaux, notamment le décès, l’anémie ferriprivée, l’hypertension liée à la grossesse et la toxémie maternelle, Ces facteurs sont étroitement liés à la situation sociale de la mère. Les femmes de plus de dix-sept ans peuvent être prêtes physiquement à avoir des enfants, mais les désavantages sociaux qui sont communs aux adolescentes enceintes, à savoir la mauvaise nutrition, la mauvaise qualité et quantité des soins prénataux, l’insuffisance de préparation à l’accouchement et la mauvaise qualité des soins postnataux peuvent occasionner de graves problèmes médicaux([52]).
Le Comité est également très préoccupé par les taux de consommation élevés de stupéfiants et d’alcool qui constituent un facteur contributif des pratiques sexuelles chez les jeunes et de la fréquence élevée des grossesses chez les adolescentes. Il en résulte que bon nombre de jeunes Autochtones commencent à avoir des relations sexuelles à un moment où leur capacité de faire les meilleurs choix pour eux-mêmes sont compromis sur le plan matériel. De ce fait, de nombreuses jeunes filles donnent naissance à des enfants tragiquement atteints de syndrome d’alcoolisme fœtal (SAF) ou d’effets de l’alcoolisme fœtal (EAF).
Les conséquences du SAF et du EAF sur la qualité de vie de l’enfant sont dévastatrices; ces syndromes peuvent causer des dommages irréversibles, tels que de graves retards de développement, des problèmes de comportement, des difficultés d’apprentissage et des lésions cérébrales. Nous devons redoubler d’efforts pour informer les jeunes Autochtones des dangers que constitue la consommation d’alcool et de drogues pour eux-mêmes et leurs bébés.
Des travaux de recherche laissent supposer que le syndrome d’alcoolisme fœtal est un problème médical qui préoccupe tout particulièrement la population autochtone. L’Initiative SAF et EAF du gouvernement fédéral est axée uniquement sur les réserves([53]). Il en résulte que les prestataires de services autochtones en milieu urbain doivent entrer en concurrence avec les programmes non autochtones pour obtenir un financement destiné à la population en général.
En raison de l’extrême gravité du problème dans les communautés autochtones qui vivent sur les réserves et dans les zones urbaines, nous recommandons ce qui suit :
Mesures recommandées
· Que le gouvernement fédéral, par l’entremise du ministère de la Santé, agisse afin de veiller à ce que les organisations autochtones situées à l’extérieur des réserves et dans les villes bénéficient également de l’Initiative SAF et EAF qu’il a mis sur pied.
· Que le gouvernement fédéral augmente le financement qu’il octroie à l’Initiative SAF et EAF plutôt que de le réorienter – à partir des communautés vivant sur les réserves – pour répondre aux besoins des communautés autochtones vivant en milieu urbain.
Ce qui est également inquiétant, c’est que les jeunes Autochtones déclarent utiliser peu ou aucun moyen de contraception, ce qui entraîne de nombreux résultats non voulus, outre les grossesses. Cette situation fait en effet courir aux jeunes le risque de contracter certaines maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH et le SIDA. Bien que depuis 1994, la tendance soit à la baisse quant au nombre de cas de SIDA signalé en général dans la population, le nombre annuel de cas de SIDA a augmenté de façon radicale chez les Autochtones. L’âge du diagnostic est plus bas chez les Autochtones que chez les non Autochtones. Notons que 26 p. 100 de tous les cas prouvés de SIDA concernent les Autochtones de moins de trente ans et ceux-ci sont infectés aussi tôt qu’à l’adolescence.
Outre ces très graves problèmes médicaux, le taux inquiétant de grossesses chez les adolescents autochtones vivant dans les villes perpétue le cycle de la pauvreté. Chez les adolescentes, la grossesse est souvent accompagnée de décrochage scolaire précoce, de taux élevés de chômage, un faible niveau d’instruction et d’une augmentation du recours à l’aide sociale. Bien qu’il existe peu de statistiques sur les jeunes mères autochtones résidant en milieu urbain, nous savons qu’elles se retrouvent dans une très grande pauvreté parce qu’elles sont des parents célibataires, qu’elles courent plus de risque de se trouver en chômage et qu’elles ont des taux de mobilité résidentiels élevés; cette situation laisse supposer qu’il faut continuer à faire des efforts pour améliorer ou corriger leurs conditions de logement.
Ces facteurs réunis exercent d’énormes pressions sur les jeunes enfants et sur leurs mères. Nous savons, par exemple, que la fréquence des changements de résidence peut occasionner une instabilité profonde dans le développement de l’enfant, laquelle peut nuire à ses résultats scolaires. En outre, la Fédération des centres d’accueil indiens de l’Ontario signale que :
Les enfants de parents adolescents ont des niveaux de développement cognitif et social plus faibles. Ils sont plus susceptibles d’être victimes de mauvais traitement et de négligence et ils sont trois fois plus susceptibles d’être emprisonnés à la fin de leur adolescence ou vers le début de leur vingtaine que les enfants de mères qui ont eu leurs enfants plus tard. Ils sont plus susceptibles d’avoir eux-mêmes des enfants à leur adolescence([54]).
La conséquence, au niveau politique, c’est que ces jeunes mères célibataires ont des besoin socio-économiques élevés, particulièrement en ce qui a trait au logement, à l’art d’être parent et au soutien à la garde de leurs enfants, à la transition de l’aide sociale à l’acquisition d’un emploi, à l’aide à l’éducation et aux initiatives de formation ciblée. Pour les jeunes Autochtones en général, il est impératif de faire la promotion des pratiques sexuelles saines. Pour certains, cela peut faire la différence entre la vie et la mort.
Nous avons aussi besoin de comprendre pourquoi les jeunes Autochtones tombent enceintes et se livrent à des comportements sexuels nuisibles pour leur santé. Au cours des observations présentées au Comité, nous avons entendu de nombreux jeunes Autochtones qui ont très tôt une vie sexuelle active déclarer avoir été victimes de violence sexuelle et avoir eu de nombreux partenaires sexuels. D’autres personnes ont avancé que les jeunes tombaient enceintes comme moyen de combattre l’ennui :
Lorsque nous examinons la question des grossesses chez les adolescentes, nous savons que plusieurs raisons portent les jeunes autochtones à vouloir une famille. Lorsqu’elles arrivent dans les centres urbains, elles fondent une famille afin de remplacer ce sentiment d’appartenance dont elles ont besoin. Elles cherchent à reconstituer leur propre famille. Elles ont besoin de soutien, d’un esprit de famille et d’un sentiment d’appartenance([55]).
Nous nous rendons compte qu’un certain nombre de jeunes parents trouveront dans la communauté, dans eux-mêmes et dans l’un et l’autre les ressources nécessaires pour élever un enfant, le rendre heureux et le garder en bonne santé. Des témoins nous ont raconté que la grossesse chez les adolescentes était un terme à connotation morale et nous prenons cet élément en ligne de compte. Tous les enfants sont en effet des cadeaux du Créateur, que nous devons chérir, et bien que certaines naissances ne soient pas prévues, nous ne voudrions pas suggérer qu’elles ne sont pas voulues. Néanmoins, nous pensons qu’il faut examiner le problème des comportements sexuels qui sont nuisibles pour la santé et des grossesses chez les jeunes.
Certains enfants commencent à avoir des relations sexuelles dès l’âge de onze ans. Des jeunes filles, qui arrivent à peine à s’occuper d’elles-mêmes, donnent naissance à des bébés. Les pères restent ou non avec elles pour élever leur progéniture. Plus de la moitié des adolescents avouent ne pas utiliser de condoms ou de les utiliser de manière inefficace. Les taux de grossesse chez les adolescentes autochtones sont considérablement plus élevés que la norme nationale et mettent la santé de la mère et de l’enfant en péril; les maladies sexuellement transmissibles et le nombre de cas de SIDA sont désespérément élevés dans la communauté autochtone, et il faut agir de toute urgence.
Selon plusieurs témoins, lorsque les jeunes ont des enfants, ils n’ont pas souvent les compétences parentales nécessaires pour les élever. Lors de son témoignage devant le Comité, John Kim Bell a insisté sur l’importance de faire en sorte qu’il y ait des relations entre les parents et l’enfant. Il a souligné que les compétences parentales constituent un facteur clé dans le développement harmonieux de tous les enfants, mais que celles-ci font gravement défaut dans les communautés autochtones. Kim Bell nous a dit que « Les parents ne semblent pas être capables de soutenir et élever leurs enfants […] et nous devons rompre ce cycle ». Un autre témoin a observé que nous devons :
Promouvoir plus de programmes et de services destinés aux jeunes parents, tels que l’orientation parentale, les cours pour parents, l’information sur les programmes portant sur les régimes alimentaires appropriés pour leurs enfants et pour eux-mêmes, et sur la manière de s’occuper d’eux-mêmes et de leurs enfants. Les parents qui ont vécu dans des internats lorsqu’ils étaient enfants, ne savent pas comment jouer leur rôle de parents. Je pense que nous devons commencer par le début et leur apprendre comment devenir des parents([56]).
En conséquence, le Comité recommande ce qui suit :
Mesures recommandées
Que le gouvernement fédéral, par l’entremise du ministère de la Santé et en collaboration avec les organisations autochtones et les représentants de la jeunesse autochtone :
· conçoive et mène une campagne de sensibilisation publique auprès des préadolescents et adolescents autochtones afin de les renseigner sur la santé sexuelle chez les jeunes, de les inciter à adopter des pratiques sexuelles saines et de prévenir les grossesses chez les adolescentes;
· appuie les initiatives communautaires destinées à renseigner les préadolescents et les adolescents sur le sexe, la sexualité, la grossesse et l’art d’être parents;
· procure des ressources soutenues aux programmes communautaires pour les jeunes qui font la promotion des compétences parentales.
1.6 Quitter le monde des gangs : Le besoin de sécurité
Les jeunes de la rue essaient de trouver leur identité, et il le font de la mauvaise façon.
M.
Rob Papin,
Edmonton
Native Alliance, Fondateur
L’impression profonde de « dislocation » culturelle, sociale et économique ressentie par de nombreux jeunes Autochtones dans les grandes villes les rend particulièrement susceptibles d’adopter un comportement antisocial et criminel. Marginalisés et sans ressources, de nombreux jeunes Autochtones demeurent à la recherche d’un sentiment d’appartenance, d’une communauté et d’une identité. L’affiliation et l’appartenance à un gang peuvent donner au jeune Autochtone l’impression d’avoir une emprise sur sa vie et un but ainsi que le sentiment d’être accepté.
Le sens de la « famille » et la protection contre un environnement difficile qu’offrent les gangs, bien que faux, exercent une très forte attirance sur les jeunes privés de droits.
En l’absence de la cohésion sociale qui provient d’avoir en commun une famille, une collectivité et des valeurs, les jeunes sont nombreux à « se trouver » par l’entremise de gangs de rue. Les jeunes Autochtones cherchent quelqu’un avec qui créer des liens; or, un gang de jeunes Autochtones est une sécurité. La culture qu’ils ont en commun, l’expérience raciale qu’ils connaissent et les autres formes d’oppression qu’ils peuvent vivre les conduisent à trouver une famille, en milieu urbain, dans le gang. Un sentiment d’exclusivité lié à la race et au revenu figure parmi les facteurs courants qui font perdurer l’activité des gangs et la culture qui s’y rattache([57]).
Nous voyons tellement autour de nous une espèce de monde autochtone dysfonctionnel – les bandes d’Autochtones, par exemple, sont, en un certain sens, un autre mode d’appartenance. C’est la formation d’une communauté([58]).
Carol La Prairie, auteur d’une étude qui fait autorité intitulée Seen But Not Heard: Native People in the Inner City, a établi que les groupes autochtones qui demeurent au coeur même des grandes villes sont les plus susceptibles de commettre des crimes et d’avoir des démêlés avec la justice pénale. Dans les quartiers troubles du centre-ville, les gangs peuvent offrir une certaine protection :
La plupart des jeunes que nous aidons pensent qu’être associé à une bande et avoir des démêlés avec la loi est une question de survie dans le « hood ». Celui qui n’est pas un « crip » – et à Regina, c’est un jeune âgé de 13 à 15 ans ou plus âgé et un « baby crip » est un jeune de moins de 12 ans – et qui ne porte pas les couleurs de la bande ou ne la suit pas sur la mauvaise pente où elle est, se fait harceler et reçoit des coups. J’ai assisté à des réunions où les « baby crips » et les « crips » avaient peur. Un directeur d’école avait organisé une réunion dans son bureau et ils avaient vraiment peur. Lorsque la nouvelle s’est répandue, c’est alors que les ennuis ont commencé([59]).
Donc, les gangs offrent non seulement un sentiment d’appartenance mais, ironiquement, une impression de sécurité. Au cours d’échanges avec quelques anciens membres de gang, on nous a dit que les gangs étaient souvent leur dernier refuge : ils étaient là pour eux alors qu’il n’y avait personne d’autre. En faisant partie d’un gang, ils avaient un abri, de la nourriture, de l’argent et de l’amitié.
Il est difficile d’évaluer le nombre de jeunes Autochtones affiliés à des gangs ou d’établir si l’affiliation à un gang entraîne nécessairement toujours un comportement criminel. Selon des estimations récentes, il y aurait actuellement à Winnipeg quelque 2 000 jeunes Autochtones impliqués dans des gangs, les plus importants étant les Manitoba Warriors et les Indian Posse. En 2003, le groupe de travail sur les gangs de jeunes Autochtones d’Edmonton a signalé l’existence de douze gangs autochtones comptant plus de 400 membres à l’œuvre à Edmonton.
La question de l’appartenance à un gang semble plus épineuse dans les provinces des Prairies. On observe dans les grandes villes de l’Ouest les plus fortes concentrations d’Autochtones, jeunes et moins jeunes, de même que les plus grands écarts de richesse par rapport à la société non autochtone([60]). La stratification sociale et économique très marquée dans ces grandes villes – soit le degré de désavantage et de disparité – contribue dans une large mesure à la présence de gangs autochtones. Il n’est donc pas surprenant de constater que, dans les grandes villes de l’Est, où la disparité relative est moins marquée, l’émergence de gangs de jeunes Autochtones n’est pas aussi problématique que dans l’Ouest. On pourrait donc supposer qu’il faut explorer la possibilité d’une participation stratégique de tous les ordres de gouvernement et des interventions possibles auprès de la plupart des jeunes Autochtones les plus désavantagés vivant en milieu urbain, notamment dans les grandes villes à risque élevé.
Le groupe de travail sur les gangs d’Edmonton a fait état du peu de soutien offert sous la forme d’activités d’intervention et de mesures de prévention :
Aucun organisme ne fournit des services directement liés aux gangs autochtones, que ce soit des mesures de soutien, des services d’orientation, la défense des intérêts ou des programmes. Il n’y a absolument aucun service de soutien, aucun emploi ni aucun traitement offert en soirée. Le message que nous avons reçu, de façon très forte et très directe, de la part des membres de gang est qu’il n’y a aucune porte de sortie, aucun endroit où aller se cacher pour se sentir en sécurité et protégé. Par conséquent, ils n’ont pas vraiment d’autre choix que de poursuivre leur mode de vie négatif […] Les membres vivent dans des conditions extrêmement désavantageuses et les chances d’amélioration sont minces à moins d’un effort concerté de la part de tous les ordres de gouvernement et des groupes communautaires pour aider à traiter ce problème très grave([61]).
Bien que nécessaires, les programmes communautaires de prévention et de réinsertion et les refuges sûrs sont rares.
Les recherches montrent également que l’incarcération des membres de gang est inefficace, au mieux, et nuisible, au pire, parce que le recrutement se fait en grande partie en milieu carcéral. Il est plus facile d’empêcher d’abord quelqu’un de joindre un gang que de l’en faire sortir après qu’il s’est joint à celui-ci ([62]). De plus, il peut être extrêmement dangereux de quitter un gang. Un témoin nous a dit que le gang s’en est pris à lui lorsqu’il a essayé de le quitter :
J’ai été poignardé à quatre reprises. Je voulais quitter le gang. Les membres de mon propre gang m’ont poignardé([63]).
Un autre témoin a souligné la nécessité de fournir des refuges sûrs aux jeunes où ils peuvent aller lorsqu’ils quittent le monde des gangs :
Lorsqu’un jeune veut quitter un gang, il faut lui trouver temporairement un endroit sécuritaire où il pourra se réfugier pendant qu’il franchit les étapes nécessaires pour se libérer. Il faut donc lui trouver un endroit où le gang ne pourra pas l’atteindre([64]).
Le Comité est profondément troublé, d’après les témoignages entendus, du fait que les jeunes Autochtones qui veulent quitter le milieu des gangs n’ont peut-être pas d’endroit où se réfugier.
En conséquence, nous recommandons ce qui suit :
Mesure recommandée
Que le gouvernement fédéral, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et les administrations municipales, et en consultation avec les organisations autochtones, appuie l’établissement de maisons d’hébergement pour aider les jeunes Autochtones urbains à quitter le milieu des gangs. Les programmes devraient cibler les grandes villes
« à risque élevé ».
Nous aimerions souligner que les facteurs sous-jacents qui contribuent à la présence de gangs et au comportement criminel sont largement liés aux contraintes importantes auxquelles les jeunes Autochtones sont soumis. Il faut se pencher sur les problèmes que sont l’isolement culturel, la ségrégation raciale et l’anomie des structures sociales et des mesures de soutien dans de nombreux quartiers du centre des grandes villes. Les gouvernements doivent adopter des modèles de développement communautaire, fournir des logements sûrs et sécuritaires et prendre des mesures de revitalisation économique dans les secteurs urbains les plus exposés à la désintégration sociale.
1.7 Toxicomanie et alcoolisme : Le besoin de centres de traitement pour les jeunes Autochtones
La toxicomanie et l’alcoolisme comptent parmi les problèmes les plus pressants auxquels font face les jeunes Autochtones vivant en milieu urbain. Selon certaines études, on estime que les jeunes Autochtones sont de deux à six fois plus susceptibles d’avoir un problème lié à l’alcool que leurs homologues non autochtones au sein de la population canadienne.
Les événements tragiques survenus à Davis Inlet ont attiré l’attention sur l’usage répandu de solvants et d’alcool non destiné à la consommation chez les Autochtones, tant chez les enfants que chez les jeunes. Les statistiques révèlent qu’un jeune Autochtone sur cinq a déjà fait usage de solvants et qu’un tiers des utilisateurs ont moins de 15 ans. Les jeunes Autochtones de 15 ans ou plus étaient environ 11 fois plus susceptibles d’avoir inhalé des solvants ou des aérosols que les répondants non autochtones et presque vingt-quatre fois plus susceptibles d’avoir eu ce comportement que le reste de la population canadienne.
Tout au long des audiences du Comité, des témoins ont insisté sur la nécessité de mesures pour aider les jeunes Autochtones vivant en milieu urbain à lutter contre la toxicomanie et l’alcoolisme :
Si vous désirez mettre en place un plan d’action axé sur le changement, vous devez accorder une attention spéciale aux problèmes d’alcool et de toxicomanie, qui gagnent rapidement du terrain. Le nombre de jeunes Métis qui consomment de l’alcool et de la marijuana continue de croître. Malheureusement, ils se tournent vers ces substances qui représentent pour eux la source de confort qu’ils ne réussissent pas à trouver en milieu urbain, et il n’existe aucun mécanisme de soutien en place ([65]).
Le Programme national de lutte contre l’abus de l’alcool et des drogues chez les Autochtones (PNLAADA) du gouvernement fédéral offre avec succès un soutien aux membres des Premières nations et aux Inuits ainsi qu’à leurs communautés afin d’établir et d’offrir des programmes pour réduire le taux élevé d’alcoolisme et de toxicomanie chez les populations cibles des réserves.
Le Programme national de lutte contre l’abus de l’alcool et des drogues chez les Autochtones (PNLAADA) est l’exemple d’un programme du gouvernement fédéral actuellement réalisé en grande partie par les communautés et les organisations des Premières nations. L’objectif du PNLAADA est d’aider les membres des Premières nations et les Inuits ainsi que leurs communautés à établir et à offrir des programmes pour réduire le taux élevé d’alcoolisme et de toxicomanie chez les populations cibles des réserves.
Le PNLAADA en est à sa quinzième année d’existence et il est doté d’un réseau de 54 centres de traitement pouvant accueillir environ 700 patients. Il comprend également plus de 500 programmes communautaires de lutte contre l’abus de l’alcool et la consommation de drogues qui regroupent près de 650 travailleurs engagés dans des activités de prévention communautaires. Quatre-vingt-seize pour cent des ressources du PNLAADA sont gérées directement par les Premières nations grâce à des ententes de contribution ou de transfert.
Il faut absolument établir en milieu urbain des centres de traitement qui répondent aux exigences culturelles et qui tiennent compte de l’âge des patients à l’intention des jeunes Autochtones aux prises avec des problèmes liés à la toxicomanie et à l’alcool([66]). Le Programme national de lutte contre l’abus de l’alcool et des drogues chez les Autochtones du gouvernement fédéral, malgré son succès, ne rejoint pas les Autochtones vivant en milieu urbain, y compris les Métis et les Indiens non inscrits.
En conséquence, le Comité recommande ce qui suit :
Mesures recommandées
· Que le gouvernement fédéral élargisse le Programme national de lutte contre l’abus de l’alcool et des drogues chez les Autochtones pour inclure tous les jeunes Autochtones, sans égard au statut, résidant en milieu urbain.
· Qu’il alloue des fonds à l’établissement de centres de traitement des jeunes Autochtones en milieu urbain dans les villes comptant une importante population autochtone; ces établissements devraient être situés là où les jeunes peuvent y avoir facilement accès.
· Que les services et les centres de traitement pour les jeunes tiennent compte de la culture et de l’âge des patients.
1.8 Emploi et formation : Nécessité de stratégies à long terme
Le taux de chômage est élevé chez les jeunes Autochtones vivant en milieu urbain. Selon des témoins, si les perspectives d’emploi ne s’améliorent pas considérablement, le grand nombre de jeunes Autochtones qui se joindront à la population active au cours des dix prochaines années pourrait poser des défis de taille pour ce qui est de leur absorption sur le marché du travail, notamment dans l’Ouest où les jeunes Autochtones risquent davantage de se retrouver en chômage. Comme nous l’avons vu, le taux de chômage est particulièrement élevé à Regina, Winnipeg, Calgary, Saskatoon et Edmonton.
Les jeunes Autochtones sont plus susceptibles de se déclarer en chômage que les jeunes non-Autochtones, les pires résultats étant enregistrés dans les régions de l’Ouest. En dehors des réserves, le taux de chômage chez les jeunes Autochtones est environ 1,7 fois plus élevé. Les pourcentages effectifs vont de quelque 21 p. 100 à Calgary à environ 42 p. 100 à Thunder Bay. Comme vous pouvez le voir, ce chiffre est particulièrement élevé, même à Calgary. Le taux normal de chômage est d’environ 3 à 4 p. 100 à Calgary ([67]).
De plus,
D’après le recensement de Statistique Canada (1996), le taux de chômage chez les hommes autochtones à Edmonton est de 18,8 p. 100 comparativement à 8,9 p. 100 dans la population non autochtone. Pour ce qui est des femmes, le taux de chômage des femmes autochtones est de 20,6 p. 100 tandis que chez les femmes non autochtones, le taux de chômage est de 8,2 p. 100([68]).
Les écarts régionaux et entre les sexes permettent de supposer que les initiatives d’emploi pour les jeunes Autochtones devront être suffisamment flexibles pour tenir compte de ces différences.
Il faut améliorer les perspectives d’emploi pour les jeunes Autochtones qui arrivent sur le marché du travail. La population autochtone augmente plus rapidement que tout autre segment de la société canadienne et, en 2006, on prévoit que la population en âge de travailler sera de 920 000([69]). Les projections démographiques pour ce groupe, auxquelles se combine la marginalisation socio-économique des Autochtones par rapport à la population générale du Canada, soulèvent de graves inquiétudes au chapitre des politiques d’intérêt public chez les gouvernements. Comme la plupart des autres pays occidentaux, le Canada fait face au vieillissement de sa population et ce phénomène a des répercussions sur la main-d’œuvre canadienne et sur l’économie nationale. Les jeunes Autochtones ont beaucoup à offrir du fait qu’ils pourraient être en mesure de répondre à la demande future de main-d’œuvre compte tenu la diminution constante de la population active au Canada.
Des témoins ont fait état d’un certain nombre d’obstacles à l’emploi des jeunes Autochtones, entre autres :
· le faible niveau de scolarité;
· les niveaux de compétences faibles ou inappropriés;
· les niveaux élevés de mobilité et d’itinérance;
· la pauvreté et les perturbations familiales;
· la discrimination;
· le manque d’expérience de travail.
Les gouvernements commencent à reconnaître l’importance de s’occuper des injustices systémiques qui ont des incidences sur les perspectives d’emploi des jeunes Autochtones. Si on laisse se développer une sous-catégorie de jeunes Autochtones sans emploi, le phénomène pourrait avoir des répercussions sociales graves dans les grandes villes où ces jeunes demeurent.
Le gouvernement fédéral réalise un certain nombre de programmes d’emploi spécialement conçus pour les jeunes Autochtones, notamment, les initiatives clés suivantes :
· La Stratégie emploi jeunesse (SEJ) est une initiative fédérale conçue pour aider les jeunes à réussir la transition vers le marché du travail (51 millions de dollars).
· Le Programme jeunes entrepreneurs (PJE) vise à aider les jeunes Autochtones à devenir de meilleurs entrepreneurs.
·
La Stratégie de développement des ressources
humaines autochtones (SDRHA) – un engagement de 1,6 milliard de dollars sur cinq ans (plus de 300 millions de dollars
par année) en vue d’accroître les possibilités d’emploi des Autochtones.
Dans le cadre de la SDRHA, Développement des ressources humaines Canada conclue
des partenariats avec des organisations autochtones – ou des Accords de développement
des ressources humaines autochtones (ADRHA) – leur permettant de concevoir,
d’offrir et de mettre en oeuvre des programmes
de formation et d’emploi. Dans le cadre de la SDRHA, une enveloppe de
25 millions de dollars par an est prévue pour les jeunes et 30 millions
de dollars sont alloués aux milieux urbains.
Selon des témoins, toutefois, la durée de ces initiatives d’emploi est trop courte pour être efficace. Donc, tandis que des jeunes acquièrent un certain niveau de formation professionnelle, les obstacles fondamentaux à l’emploi demeurent :
Ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont identifié les obstacles à l’emploi. Ils ont dit que les programmes de formation n’étaient pas assez longs pour leur donner les compétences voulues pour obtenir un emploi permanent. Leur absence d’expérience limite leurs possibilités d’emploi. En outre, bien souvent, les programmes de formation à court terme ne débouchent pas sur des possibilités d’emploi. Le taux de décrochage au secondaire demeure élevé et il y a une forte concurrence chez les jeunes Autochtones urbains pour profiter des crédits de formation([70]).
L’économie canadienne n’est plus fondée uniquement sur les matières premières et la fabrication. Une grande partie de la population active travaille dans les secteurs des services et de l’information. Même les emplois de débutant traditionnels, par exemple les postes de réceptionniste, d’adjoint administratif ou de caissier de banque, peuvent exiger des compétences élevées en matière de gestion de l’information et du savoir pour les tâches requises; le travail traditionnel sur des chaînes de fabrication exige maintenant des travailleurs qu’ils soient flexibles, qu’ils sachent s’adapter et qu’ils puissent se recycler rapidement. Tous ces éléments doivent être pris en compte lorsqu’il est question de la formation et des compétences dont les jeunes Autochtones ont besoin pour trouver et conserver un emploi au Canada.
Pour être efficaces, les stratégies d’emploi pour les jeunes Autochtones devront être axées sur des objectifs stratégiques à long terme. Étant donné les transformations structurales qui se produisent actuellement dans la plupart des grandes villes canadiennes, où le secteur industriel est délaissé au profit de la haute technologie, les gouvernements doivent délaisser les solutions d’urgence et prendre plutôt des initiatives en matière d’emploi et de formation davantage significatives et à plus long terme susceptibles d’encourager des emplois stables pour les jeunes sur les marchés du travail actuels. La formation dans les secteurs de haute technologie est essentielle pour combler le « vide numérique » actuel qui sépare les jeunes Autochtones de leurs concitoyens et qui les empêche de faire concurrence dans ces secteurs en pleine croissance de l’économie.
Il est également essentiel de faciliter et de créer des partenariats avec le secteur privé. Les jeunes Autochtones sont largement sous-représentés au sein de la population active dans le secteur privé au Canada :
Les Autochtones qui travaillent sont en grande partie à l’emploi des conseils de bande et tribaux, des organisations autochtones ainsi que des gouvernements fédéral et provinciaux, mais il y a des motifs de croire qu’il existe un éventail d’obstacles qui empêchent les Autochtones d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir des concurrents sérieux pour des postes sûrs et stables dans tous les secteurs de l’économie([71]).
En 2001, le groupe de travail sur la participation des Autochtones à l’économie a indiqué, dans le rapport soumis aux ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des affaires autochtones et aux chefs autochtones nationaux, intitulé Strengthening Aboriginal Participation in the Economy, qu’il était essentiel que le secteur privé participe à la création de partenariats en vue de promouvoir la participation des Autochtones à l’économie. Des initiatives comme Partenaires pour des carrières, à Winnipeg, qui a pour but de mettre en contact les diplômés autochtones compétents avec des employeurs au Manitoba connaissent un bon succès. Ce programme vise les jeunes diplômés chez qui le taux de chômage est deux fois plus élevé que chez les diplômés non-autochtones. Le programme, qui en est à sa quatrième année, a permis de donner un emploi à plus de 2 500 diplômés.
Comme nous l’avons vu, le marché du travail actuel exige des niveaux de compétences et de réussite scolaire plus élevés que par le passé. Des investissements stratégiques à long terme dans l’emploi pour les jeunes sont donc essentiels. Pour reprendre les propos du sous-ministre des Affaires autochtones et du Nord du Manitoba :
Il nous faut une stratégie nationale globale en matière d’éducation autochtone, de formation et d’emploi également, qui puisse répondre aux besoins du secteur public ainsi qu’à ceux du privé, à savoir, les entreprises, qui créent la majorité des emplois. Il nous faut former nos jeunes gens pour qu’ils puissent participer pleinement à l’économie([72]).
En conséquence, le Comité recommande ce qui suit :
Mesures recommandées
· Que les programmes fédéraux qui visent à accroître la participation des jeunes Autochtones sur le marché du travail soient conçus de manière à offrir une formation stratégique à long terme dans des programmes accrédités pour les jeunes.
· Que l’on accroisse l’aide financière accordée au volet jeune et milieu urbain de la Stratégie de développement des ressources humaines autochtones.
· Que le gouvernement fédéral, en collaboration avec tous les principaux intervenants, facilite la mise en place de tribunes et d’initiatives afin d’encourager les partenariats entre les jeunes Autochtones urbains et le secteur privé.
Conclusion : Pour aller de l’avant
Le Comité est conscient que bon nombre des difficultés qu’éprouvent les jeunes Autochtones vivant en milieu urbain découlent d’un éventail de problèmes complexes sous-jacents. Les symptômes ne peuvent être traités individuellement; il faut plutôt adopter une approche globale et intégrée de concert avec des programmes visant à renforcer les familles. Pour être durables, les solutions doivent être proactives et préventives, plutôt que d’entrer en jeu seulement lorsqu’un problème ou un besoin devient aigu. Nous reconnaissons que de nombreux jeunes Autochtones en milieu urbain parviennent à réussir la transition et deviennent des adultes productifs, mais un nombre incalculable de jeunes Autochtones doivent lutter contre des désavantages complexes. Nous insistons sur le fait que les jeunes Autochtones, suivant tous les indicateurs, constituent une catégorie des plus « à risque » et méritent que le gouvernement les place au tout premier rang de ses priorités.
En conséquence, le Comité recommande ce qui suit :
Mesures recommandées
· Que le gouvernement fédéral, dans le cadre de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain, élabore et finance des initiatives précises pour les jeunes Autochtones en tenant compte du fait qu’ils comptent parmi les groupes les plus « à risque ».
· Que ces initiatives soient conçues et élaborées en collaboration avec de jeunes Autochtones vivant en milieu urbain.
Finalement, nous croyons que les jeunes Autochtones se sentiraient peut-être moins aliénés s’ils pouvaient réellement conseiller les gouvernements sur les questions les plus importantes pour eux. Des initiatives dans le cadre desquelles les jeunes jouent un rôle consultatif, par exemple la Stratégie nationale pour les jeunes Autochtones, de même que des conseils consultatifs de la jeunesse qui participent aux processus de planification et décisionnels des gouvernements exigent notre entier appui et nos encouragements. Ces mesures donnent aux jeunes une tribune où ils peuvent élaborer, coordonner et gérer leurs propres initiatives. Ce sont également d’excellents terrains de formation pour la prochaine génération de dirigeants communautaires.
Une jeune femme nous a rappelé dans son témoignage que tout ce que les jeunes Autochtones veulent, c’est de l’espoir. Le meilleur moyen pour aller de l’avant consiste à donner aux jeunes Autochtones des moyens d’influer sur les décisions qui ont les répercussions les plus profondes sur leur vie tout en leur offrant des occasions de prendre des engagements réels dans la communauté en général et de profiter des avantages que beaucoup d’entre nous tiennent pour acquis.
Le Comité estime que les mesures qu’il recommande constituent une assise permettant d’offrir de meilleures occasions d’avenir aux jeunes Autochtones des villes. Pour réaliser ces avantages, toutefois, l’engagement ferme de tous les gouvernements et de leurs ministères respectifs est essentiel. De plus, les mesures recommandées dans le rapport supposent la participation d’un certain nombre de ministères fédéraux. Les membres du Comité souhaitent suivre les progrès accomplis par les divers ministères dans la réalisation de ces recommandations. En conséquence il recommande ce qui suit :
Mesure recommandée
Que les organismes et ministères du gouvernement fédéral qui participent à la coordination et à la mise en œuvre des mesures recommandées dans ce rapport établissent un compte rendu annuel de leurs actions et des progrès accomplis et qu’ils le remettent au Comité.
PARTIE VI : ORIENTATIONS FUTURES
Les jeunes Autochtones qui vivent en milieu urbain sont plus désavantagés que les autres jeunes Canadiens suivant presque tous les indicateurs sociaux et économiques. Nous reconnaissons l’ampleur du travail à accomplir pour permettre aux jeunes Autochtones de participer tout autant que les autres à l’avenir de notre pays et pour devenir des dirigeants au sein de leurs propres communautés. Quelle qu’en soit la taille, c’est un défi que nous pouvons difficilement refuser de relever.
Le Comité n’a pas pu traiter de l’éventail complet des besoins des jeunes Autochtones vivant en milieu urbain dans ce seul rapport. Cependant, deux questions d’importance critique se détachent du lot, à savoir les besoins en logement des jeunes Autochtones vivant en milieu urbain et les questions en suspens entourant les Indiens nouvellement inscrits dans le cadre du projet de loi C-31. Nous soulignons l’importance de ces questions pour les communautés autochtones en milieu urbain et nous invitons instamment le gouvernement fédéral à s’en occuper de façon prioritaire.
Cela dit, nous sommes encouragés par l’émergence d’une prise de conscience commune dans les cercles gouvernementaux quant aux besoins à combler et, de plus en plus, quant aux mécanismes à mettre en place en vue de corriger la situation. Nous félicitons les gouvernements qui ont fait montre de leadership et d’esprit d’initiative en prenant des mesures pour répondre aux besoins des jeunes Autochtones en milieu urbain. Le Comité note que, de plus en plus, les gouvernements sont désireux d’adopter des initiatives communautaires plutôt que d’imposer des solutions ou de suivre une approche uniformisée. Nous avons constaté que l’on mettait maintenant davantage l’accent sur la nécessité de travailler avec les organisations autochtones dans le but d’assurer un soutien coordonné, de façon holistique, aux communautés et aux jeunes. Cependant, il y a encore beaucoup à faire avant que les services ne soient vraiment suffisamment souples pour répondre de manière intégrée aux besoins des jeunes Autochtones vivant en milieu urbain.
Le Comité croit que rien n’empêche les mesures coopératives prises par les gouvernements, en étroite collaboration avec les organisations autochtones, de surmonter les obstacles structuraux à l’avancement des Autochtones. Cependant, nous nous préoccupons du manque de cohérence des politiques et des programmes actuels. Afin que les gouvernements puissent déterminer clairement les besoins des peuples autochtones et des jeunes Autochtones, il est nécessaire de bien connaître les programmes existants et de situer les lacunes. En conséquence, le Comité a recommandé que l’on procède à un examen de tous les programmes et à la mise sur pied d’un « bureau central » national.
Le Comité a aussi constaté la nécessité de faciliter les partenariats réunissant le secteur privé, les gouvernements et les organisations autochtones afin d’offrir des perspectives d’emploi essentielles aux jeunes Autochtones en milieu urbain. En l’absence d’emplois ayant un sens, il est difficile de voir comment nous pouvons briser le cycle de la pauvreté, de la dépendance et de la frustration qui affecte tellement de jeunes. Nous invitons instamment les gouvernements à adopter une approche à long terme en matière d’initiatives d’emploi de manière à ce que les jeunes puissent acquérir les compétences nécessaires pour répondre aux exigences du marché du travail actuel.
Le Comité a été impressionné par le travail des organisations autochtones locales et par les initiatives innovatrices qu’elles ont prises pour aider les jeunes Autochtones à réussir. Ces professionnels dévoués sont responsables de bon nombre des solutions que les gouvernements pourraient prendre pour relever les défis qui se posent dans les communautés autochtones en milieu urbain. Nous devons appuyer les organisations et les organismes autochtones, les centres d’amitié et les autres organisations communautaires qui déploient des efforts afin de fournir des services aux jeunes Autochtones vivant en milieu urbain. Nous leur sommes spécialement reconnaissants de nous avoir fait bénéficier de leurs connaissances, de leur expérience et de leur sagesse. Nous espérons sincèrement que le présent rapport reflète leurs préoccupations, leurs défis ainsi que les suggestions qu’ils ont faites pour faire avancer les choses.
Nous sommes spécialement frappés par la détermination tranquille avec laquelle les jeunes que nous avons entendus affrontent les problèmes qui les assaillent. Ces jeunes ont fait preuve d’un niveau de résilience remarquable en surmontant des défis personnels et systémiques. Nous avons beaucoup à apprendre de leur courage et de leur force. Le Comité a confiance en leurs capacités, en leurs talents et en leur vision. En tant que décideurs, il nous incombe de leur offrir des occasions et de les encourager à faire bon usage de leurs talents. Nous avons tous beaucoup à gagner en agissant ainsi. Le présent rapport leur est dédié.
([1]) Délibérations, 16 avril, Dwight Dorey, chef national, Congrès des Peuples Autochtones.
([2]) Délibérations, 11 juin 2002, Matthew Coon Come, Chef national, Assemblée des Premières Nations.
([3]) Délibérations, 18 février 2003, M. Randy Jackson, Aboriginal Persons Living HIV/AIDS Coordination Programmes (programmes de coordination des autochtones affectés par le VIH/SIDA), Réseau canadien autochtone du SIDA.
([4]) Canada, Agir selon ce que nous savons : La prévention du suicide chez les jeunes des Premières nations. Rapport du Groupe consultatif sur la prévention du suicide.
([5]) Délibérations, 1er avril 2003, Anne Lesage, Centre d’amitié autochtone de Thunder Bay.
([6]) Délibérations, 17 mars 2003, Table ronde de la jeunesse de Winnipeg, M. Jon Henderson, coordonnateur de projet jeunesse, Initiative jeunesse de Keewatin Winnipeg.
([7]) Délibérations, 12 février 2003, M. John Potskin.
([8]) PCO (GCP), Stratégie pour les autochtones vivant en milieu urbain : une analyse, p. 1.
([9]) Délibérations, 18 mars 2003, Table ronde de la jeunesse de Vancouver, Mme Ginger Gosnell.
([10]) Délibérations, 17 mars 2003, Table ronde de la jeunesse de Winnipeg, M. Ron Chartrand.
([11]) Délibérations, 17 mars 2003, Table ronde de la jeunesse de Winnipeg, jeune participant.
([12]) Délibérations, 17 mars 2003, Table ronde de la jeunesse de Winnipeg, Mme Tracey Bradburn.
([13]) Délibérations, 17 mars 2003, Kathleen McKay, Conseil de la jeunesse de l’ACM, Assemblée des chefs du Manitoba.
([14]) Délibérations, 4 juin 2002, Mme Jelena Golic, intervenante jeunesse, Association des femmes autochtones du Canada.
([15]) Mémoire présenté par la Urban Native Youth Association.
([16]) Délibérations, 19 mars 2003, Jerry Adams, Urban Native Youth Association.
([17]) Délibérations, 18 mars 2003, Table ronde de la jeunesse de Vancouver, Mme Amy Parent.
([18]) Mémoire présenté par Nova Lawson, p. 3 (traduction).
([19]) Délibérations, 17 mars 2003, Elaine Cowan, présidente, groupe Anokiiwin.
([20]) Mémoire présenté par Nova Lawson.
([21]) Mémoire présenté par la Manitoba Indian Education, p. 6.
([22]) Délibérations, 17 juin 2003, M. Calvin Hanselmann.
([23]) Délibérations, 27 novembre 2001, M. Fred Caron.
([24]) Délibérations, 19 mars 2003, Gail Sparrow, Première Nation Musqueam.
([25]) Mémoire présenté par le Conseil des peuples autochtones du Nouveau-Brunswick.
([26]) Délibérations, 11février 2003, M. John Potskin.
([27]) Délibérations, 30 avril 2002, Mme Gail Valaskakis.
([28]) Délibérations, 19 mars 2003, Mme Gail Sparrow.
([29]) Délibérations, 19 mars 2003, Misty Thomas, Programme de basket-ball Night Hoops.
([30]) Délibérations, 17 mars 2003, Daryl Bruce, directeur administratif, Manitoba Sports and Recreational Council.
([31]) Délibérations, 19 mars 2003, Mme Misty Thomas.
([32]) Délibérations, 5 février 2003, Ryan McMahon, coordonnateur des jeunes, Centre canadien des autochtones de Toronto.
([33]) Délibérations, 19 mars 2003, Mme Gail Sparrow.
([34]) Canada, Rapport du vérificateur général du Canada, avril 2000, p. 13.
([35]) Canada, Rapport final du Groupe de travail national sur l’éducation du Ministre, Nos enfants – Gardiens du savoir sacré, décembre 2002.
([36]) Nos enfants – Gardiens du savoir sacré.
([37]) Recensement de 2001, Statistique Canada. Trente-neuf pour cent des jeunes n’avaient pas fait d’études secondaires comparativement à 45 p. 100 en 1996.
([38]) Délibérations, 1er avril 2003, Mme Anne Lesage.
([39]) Délibérations, 21 mars 2003, Rob Campre, directeur, Edmonton Urban Autochtone Affairs Committee.
([40]) Chambre des Communes, Sous-comité sur l’éducation des autochtones du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, Le partage des connaissances, deuxième session de la 35e législature, juin 1996.
([41]) Mémoire présenté par Taking Pulse (traduction).
([42]) Délibérations, 4 février 2003, Murray Hamilton, coordonnateur des programmes, Institut Gabriel Dumont.
([43]) Mémoire présenté par Nova Lawson (traduction).
([44]) Délibérations, 21 mars 2003, Pam Sparklingeyes, coordonnateur des services culturels, Centre d’apprentissage de l’Alberta.
([45]) Délibérations, 21 mars 2003, Sean McGuiness, directeur, école Ben Calf Robe.
([46]) Délibérations, 21 mars 2003, Eva Stang, Institut de technologie du Nord de l’Alberta.
([47]) Délibérations, 21 mars 2003, M. Sean McGuiness.
([48]) Nova Lawson, Submission.
([49]) Délibérations, 21 mars 2003, Shirley McNeil, directrice adjointe, académie Amiskwacix.
([50]) Délibérations, 21 mars 2003, Mme Pam Sparkling Eyes.
([51]) Nos enfants – Gardiens du savoir sacré, p. 8.
([52]) Fédération des centres d’accueil indiens de l’Ontario. Communiqué de presse.
([53]) Le gouvernement fédéral soutient que la fourniture de soins médicaux aux Indiens inscrits est une question de coutume et de politique plutôt que de droit issu d’un traité. L’assurance-hospitalisation et l’assurance-maladie universelles fournissent maintenant une base pour la prestation de services médicaux aux Autochtones par l’intermédiaire des systèmes de soins de santé provinciaux. La Direction générale des services médicaux de Santé Canada offre des services de santé publics et des services de santé non assurés aux communautés des Premières Nations et aux Inuits.
([54]) Fédération des centres d’accueil indiens de l’Ontario, Tenuous Connections (traduction).
([55]) Délibérations, 1er avril 2003, Mme Anne Lesage.
([56]) Délibérations, 12 février 2003, M. John Potskin.
([57]) Délibérations, 4 juin 2002, Mme KukdookaTerri Brown, Présidente, Association des femmes autochtones du Canada.
([58]) Délibérations, 30 avril 2002, Mme Gail Valaskakis.
([59]) Délibérations, 12 février 2003, Tom Warner, Directeur exécutif, Regina Native Youth Community Services.
([60]) Selon le rapport de Statistique Canada paru en 2002, Les jeunes au Canada, les plus fortes concentrations de jeunes Autochtones se trouvent dans les provinces de l’Ouest : 16 p. 100 au Manitoba, 14 p. 100 en Saskatchewan, 6 p. 100 en Alberta et 5 p. 100 en Colombie-Britannique.
([61]) Rapport final, Edmonton Aboriginal Youth Gang Task Force, mars 2003 (traduction).
([62]) Comme l’a indiqué le Solliciteur général, les jeunes adhèrent aussi à des gangs pendant leur séjour en prison (où les gangs recrutent activement) pour leur propre sécurité. Après qu’ils sont remis en liberté, certains essaient de quitter le gang, mais c’est difficile à faire.
([63]) Délibérations, 20 mars 2003, Table ronde sur les jeunes Autochtones d’Edmonton, Edmonton Winnipeg Native Alliance.
([64]) Délibérations, 20 mars 2003, Table ronde sur les jeunes d’Edmonton, M. Unternerei, Groupe de travail sur les gangs d’Edmonton.
([65]) Délibérations, 23 avril 2002, Mme Jennifer Brown, Présidente, Conseil consultatif national des jeunes Métis, Ralliement national des Métis.
([66]) Délibérations, 18 février 2003, Leona Quewezance, ccoordonatrice de la promotion de la santé, All Nations Hope Aboriginal AIDS Network.
([67]) Délibérations, 20 novembre 2001, Phil Jensen, sous-ministre adjoint, Direction générale des programmes d’emploi, Développement des ressources humaines Canada.
([68]) Mémoire présenté par les Native Counselling Services of Alberta, p. 6 (traduction).
([69]) Mémoire présenté par Taking Pulse.
([70]) Délibérations, 19 février 2003, Nancy Martin, directrice exécutive, Mizwe Biik Aboriginal Employment and Training.