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Sous-comité des anciens combattants

 

Délibérations du Sous-comité des Anciens combattants

Fascicule 3 - Témoignages du 30 novembre 2011


OTTAWA, le mercredi 30 novembre 2011

Le Sous-comité des anciens combattants du Comité permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui, à 12 h 5, pour une étude sur les services et les prestations dispensés aux membres des Forces canadiennes; aux anciens combattants; aux membres et anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada et leurs familles.

Le sénateur Roméo Antonius Dallaire (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : La séance est ouverte. Bonjour à tous. Dans quelques minutes, tous les membres du comité auront pris place, mais je profite de ces quelques instants pour vous dire que présentement notre étude porte sur la transition à la vie civile des anciens combattants. Après avoir discuté avec nos invités d'aujourd'hui, nous vous expliquerons comment nous allons procéder dans la prochaine année pour intégrer ce qui se fait avec la Légion et les commissionnaires pour aider les anciens combattants à devenir autonome dans la vie civile, tel que la nouvelle charte l'indique.

[Traduction]

À la fin, je vous parlerai de la mise en oeuvre détaillée de ce programme et j'aurai besoin pour cela de cinq minutes environ. Nous allons sans plus tarder passer à la partie de la réunion qui concerne la Légion royale canadienne et le rôle occasionnel d'avant-garde qu'elle a, je pense, assumé pour aider les anciens combattants à passer de la vie militaire à la vie civile. Nous espérons donc en entendre davantage à ce sujet.

Nous accueillons Mme Andrea Siew, directrice du Bureau d'Entraide; c'est cela?

Andrea Siew, directrice du Bureau d'Entraide de la Direction nationale, Légion royale canadienne : C'est exact, monsieur.

Le président : Nous accueillons aussi Bradley White, secrétaire de la Direction nationale auprès de la présidence et ancien officier de cavalerie. Je suis sûr qu'on ne lui en voudra pas pour cela, d'ailleurs il n'y aura sûrement rien de cavalier dans son intervention. Je crois comprendre que vous avez de brèves remarques liminaires.

[Français]

Par la suite, nous entamerons une série de questions de clarification.

Brad White, secrétaire de la Direction nationale, Légion royale canadienne : Honorables sénateurs, nous ferons notre présentation en anglais, mais vous trouverez devant vous une copie de cette présentation dans les deux langues officielles.

[Traduction]

C'est un plaisir, encore une fois, de comparaître devant votre comité. Je suis secrétaire de la Direction nationale de la Légion royale canadienne et je suis accompagné d'Andrea Siew, ma nouvelle directrice du Bureau d'Entraide, qui a succédé à Pierre Allard, lequel a pris sa retraite le 6 janvier. Nous sommes heureux d'accueillir Andrea parmi nous.

Au nom de la présidente nationale, Patricia Varga, et des 342 000 membres de la Légion royale canadienne, nous vous offrons notre appui dans votre plaidoyer continu à l'appui de tous les vétérans, y compris aux membres des Forces canadiennes en service actif, aux membres de la Gendarmerie royale du Canada et bien sûr, à leurs familles. On a demandé à la Légion de présenter les programmes, les services et l'appui qu'elle offre aux anciens combattants ainsi qu'à leurs familles à l'occasion de leur transition à la vie civile.

Une transition positive à la vie après la libération est essentielle pour tous les membres des Forces canadiennes, qu'ils soient de la force régulière ou de la réserve, de la GRC, de même que pour leurs familles pour qui cet aspect est également important. L'expérience de la vie après la libération est différente et unique pour chaque vétéran. Quelques- uns quittent de bon gré après une courte période de service, sont célibataires ou ont une jeune famille et ont besoin d'un emploi. D'autres prennent leur retraite après 30 ou 35 ans de service, après avoir élevé leur famille et acquis une certaine sécurité financière. Certains ont été blessés en service et doivent effectuer la transition dans des conditions difficiles. Par conséquent, il est important que le ministère de la Défense nationale, Anciens Combattants Canada et la GRC adoptent des politiques complémentaires, des pratiques et des programmes soutenus par un programme de recherche viable dont l'objectif doit être de permettre une transition adéquate pour tous les vétérans et leurs familles au cours de leur vie.

Une récente étude effectuée par Anciens Combattants Canada sur la vie après la cessation du service, étude qui a consisté à mesurer la santé et les facteurs déterminants de la santé chez les anciens membres de la force régulière après leur libération, conclut que 62 p. 100 de ces vétérans, libérés entre 1998 et 2007, déclaraient un ajustement facile à la vie civile. Vingt-cinq pour cent d'entre eux signalaient des difficultés d'ajustement, ce qui souligne l'existence d'un besoin non rempli, que certains programmes ne sont pas à la portée de tous les vétérans et qu'il y a encore beaucoup de travail à faire.

La Légion royale canadienne administre des programmes pour les anciens combattants et leurs familles depuis 1926. La Légion est une pierre angulaire emblématique dans les collectivités canadiennes, qui se situe à l'avant-plan du soutien apporté aux militaires, aux gendarmes et à leurs familles. Aujourd'hui, une nouvelle génération de vétérans rentre au pays et ces personnes ainsi que leurs familles continueront de se tourner vers la Légion pour obtenir du soutien afin de trouver un logement abordable, d'être représentées, de recevoir une aide gratuite, de bénéficier de services de conseil en matière de réorientation professionnelle, d'être reconnues et d'être soutenues dans la guérison des traumatismes subis.

Seule organisation nationale de services aux vétérans, la Légion, par le truchement de son vaste réseau, de ses 1 500 filiales partout au Canada, dispense une gamme de programmes variés à tous les anciens combattants, y compris aux membres des Forces canadiennes en service actif, aux membres des forces régulières et de réserve, aux gendarmes et à leurs familles. D'abord et avant tout, nous offrons de la camaraderie dans nos filiales. L'été dernier, pour célébrer la fin de la mission de combat en Afghanistan, les filiales de la Légion de partout au pays ont honoré plus de 7 000 membres des Forces canadiennes qui avaient servi en Afghanistan ainsi que leurs familles en organisant des dîners, des réceptions, en leur remettant des cadeaux ou en organisant des défilés. Ce programme se poursuit.

Afin d'assurer le maintien de cette camaraderie après la cessation du service, la Légion offre à tous les anciens combattants la possibilité d'adhérer gratuitement pendant une année à son programme du processus de libération. Il s'agit d'un nouveau programme et, jusqu'à ce jour, 1 000 anciens combattants s'en sont prévalus. Cette adhésion offre aux vétérans et à leurs familles l'occasion de se porter volontaires et d'aider d'autres anciens combattants à bâtir l'esprit de corps qui est une valeur importante de la culture militaire. Certains vétérans choisissent d'appuyer une organisation de service aux anciens combattants en adhérant à la Légion. Cependant, il existe de nombreux programmes offerts par les filiales de la Légion, appuyés par des milliers de bénévoles. Ce sont des programmes de base pour les vétérans et une adhésion n'est pas nécessaire.

Mme Siew : Le programme de Plaidoyer de la Légion est au coeur de notre mission. La Légion assure une représentation qui vise à aider nos vétérans et leurs familles à obtenir des prestations d'invalidité d'Anciens Combattants Canada. Le droit à une pension d'invalidité est primordial dans l'évaluation des autres prestations et services de santé ainsi que des indemnités financières. Le réseau du Bureau d'entraide de la Légion, qui compte 1 500 officiers d'entraide dans les filiales et 25 officiers d'entraide au niveau du commandement, offre une représentation, dès la première demande à Anciens Combattants, par l'entremise des appels et réexamens assurés par la Division de révision et des appels du Tribunal des anciens combattants. Par le truchement de la législation, la Légion a accès aux dossiers de santé et aux dossiers ministériels pour pouvoir assurer une représentation complète, indépendante et gratuite aux anciens combattants et aux membres de leurs familles, même s'ils n'appartiennent pas à la Légion. Nous participons activement au programme de transformation d'Anciens Combattants Canada qui vise à assurer le transfert électronique des données et à rationaliser les processus d'affaires.

Notre programme d'aide de bienfaisance accorde des subventions destinées à répondre aux besoins essentiels des vétérans et de leurs familles à faible revenu. Ce programme est disponible à tous les niveaux de la Légion et il est accessible aux vétérans, aux membres des Forces canadiennes en service et à leurs familles. Nous fournissons aussi de l'aide aux anciens combattants alliés domiciliés en Amérique du Nord pour leur permettre d'obtenir une aide provenant de différentes sources. Notre réseau d'officiers d'entraide, à tous les niveaux de la Légion, coordonne les subventions avec d'autres agences, y compris avec le Fonds pour les familles des militaires afin que les besoins des vétérans soient comblés.

Le Fonds du Coquelicot est accessible partout au Canada et il est destiné à aider les vétérans dans le besoin ainsi que leurs familles. Par exemple, à Calgary, le Fonds du Coquelicot de la Légion appuie une banque d'alimentation pour vétérans. Nous contribuons ainsi à des programmes qui ne sont pas financés par le gouvernement et qui sont assurés par des centres de ressources pour les familles des militaires. Au Centre de ressources pour les familles des militaires d'Edmonton, le Fonds du Coquelicot appuie le programme « Enfants avec parents qui ont connu le trauma ».

La Légion mène un programme de diffusion externe extensive dans le but d'informer tous les anciens combattants sur la promotion de la santé, leur autonomie, les ressources communautaires offertes et des styles de vie sains. Ceci comprend de l'information sur les besoins des hommes et des femmes. La Légion est présente dans la plupart des unités intégrées de soutien du personnel de chaque base afin d'aider les vétérans et leurs familles dans le cadre du processus de transition.

Nous offrons de l'information sur nos programmes, sur la représentation que nous assurons, sur l'aide financière, sur d'autres programmes gouvernementaux et sur différentes initiatives.

La Légion fournit de l'aide aux vétérans sans abri depuis nombre d'années. Par l'entremise des Fonds du Coquelicot, nous offrons du logement d'urgence, de la nourriture, des vêtements, des billets d'autobus, et cetera. Partout au Canada, les directions provinciales de la Légion travaillent en étroite collaboration avec Anciens Combattants Canada et avec des organisations communautaires pour sortir les anciens combattants de la rue et les inscrire à des programmes de transition. À Victoria, par exemple, la Maison Cockrell, parrainée par la Légion, est un foyer de transition qui peut accueillir une douzaine de vétérans. Le succès de ce programme a été écrasant. Les anciens combattants reçoivent des informations et du counselling en matière de toxicomanie et on leur inculque de nouvelles compétences pour favoriser leur retour au sein de la communauté. En Ontario, par l'entreprise de son programme « Quitter la rue », la Direction provinciale, en collaboration avec Anciens Combattants Canada et différents abris du centre-ville de Toronto, fournit une aide de transition aux vétérans sans abri. Nous nous appuierons sur ces programmes qui demeureront la structure de base du Programme national des vétérans sans abri de la Légion.

La Légion possède un programme de logement abordable pour les aînés et les vétérans. Avec un inventaire de plus de 7 000 unités, qui continue d'augmenter, nous offrons des options valables aux vétérans et à leurs familles.

Certains programmes sont uniques. À Vancouver, la Légion est partenaire dans le développement d'Honour House qui propose un logement intérimaire aux membres des familles de membres des Forces canadiennes, de même que des familles d'ambulanciers, de pompiers et de policiers pendant qu'ils reçoivent des soins. Honour House est un refuge où les familles peuvent mener une vie normale en dépit du stress occasionné par les circonstances.

L'impact sur nos marins, nos soldats et nos aviateurs et aviatrices fait que, très souvent, la transition à la vie civile est un défi considérable. La Légion de l'Alberta, en partenariat avec Outward Bound Canada, offre un programme spécialisé visant à jeter une passerelle pour les vétérans. Le programme comprend des cours d'une semaine en pleine nature, cours qui visent à les aider à s'appuyer mutuellement et à faciliter les discussions sur les problèmes que représentent la réadaptation et la transition.

Le Programme de transition des vétérans, seul programme du genre au Canada, offre de l'aide aux anciens militaires pour leur transition à la vie civile. Ce programme a été mis au point pour traiter les blessures invisibles que subissent nos militaires afin qu'ils puissent fonctionner et qu'ils aient des rapports sains avec leurs familles, leurs amis, leurs collègues de travail et avec eux-mêmes. Ce programme a été établi en 1999 grâce au financement de la Direction provinciale de la Colombie-Britannique et du Yukon. Il s'agit d'un programme axé sur des groupes qui est animé par la Faculté de médecine de l'Université de la Colombie-Britannique. Il est offert gratuitement aux anciens membres de la GRC et des Forces canadiennes. Le programme est en train de prendre une ampleur nationale et il offrira des séances s'adressant spécialement aux femmes.

La Légion, en Colombie-Britannique, a formé un partenariat avec le British Columbia Institute of Technology pour offrir un programme de conversion des compétences militaires destiné à accélérer et à promouvoir les carrières civiles de membres actuels et anciens de la force de réserve et de la force régulière. Ce programme offre un enseignement et une accréditation accélérée au BCIT sous la forme de crédits pour expérience militaire, il aide les étudiants à monter leur propre entreprise ou à se trouver un emploi.

L'an dernier, afin de mieux comprendre les expériences et les enjeux concernant les femmes militaires, la Légion a organisé un colloque avec le sénateur Lucie Pépin, colloque auquel ont participé des femmes ayant porté l'uniforme entre la Seconde Guerre mondiale et aujourd'hui. Elles provenaient des trois armes, étaient mariées ou célibataires, avec ou sans enfants, et étaient de différents grades. Certaines avaient quitté l'armée, d'autres y étaient encore. Ce fut une expérience révélatrice. Les femmes ont des besoins uniques et il faudrait mener des recherches plutôt quantitatives afin de déterminer les effets permanents du service militaire sur les femmes.

Bien que la Légion continue d'offrir de nombreux programmes aux vétérans et à leurs familles afin de leur assurer une qualité de vie adéquate après la cessation du service et de faciliter la transition à la vie civile, une recherche plus étendue est nécessaire pour déterminer les effets qui sont propres aux réalités démographiques de la vie militaire et aux opérations menées par le Canada. Il n'y actuellement pas de recherche autonome spécialisée au Canada portant particulièrement sur la santé des militaires et des anciens combattants. La Légion a conclu un accord de collaboration avec l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaire et des vétérans qui est en pleine évolution afin de nous assurer que nous disposerons de cette capacité.

M. White : Nos plans pour l'avenir comprennent le développement de programmes afin d'assurer leur viabilité et leur accessibilité partout au pays. Nous conclurons un partenariat officiel avec l'Institut de recherche sur la santé des militaires et des vétérans afin de nous assurer que le Canada possède une capacité crédible et indépendante de recherche sur la santé pour les militaires et les anciens combattants, ce qui n'est actuellement pas le cas.

Nous comptons aussi étendre notre action auprès des vétérans traditionnels qui sont souvent isolés dans leurs foyers en raison de problèmes de mobilité réduite ainsi que de nos vétérans des temps modernes, y compris les membres des forces régulières et de réserve et leurs familles. Nous venons aussi d'entreprendre la modernisation de notre réseau du Bureau d'Entraide afin d'assurer la prestation d'un service continu et efficace à tous les vétérans et à leurs familles.

Voici un bref aperçu de quelques-uns des programmes que la Légion fournit à l'appui de la transition à la vie après le service. La Légion offre des programmes aux vétérans et à leurs familles depuis 1926. La Légion est très fière de son travail qui vise à aider les vétérans et leurs familles.

Nous continuons de développer nos programmes pour répondre aux changements démographiques, tout en appuyant notre communauté traditionnelle de vétérans. Nonobstant la capacité de la Légion royale canadienne, le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada ont la responsabilité de s'assurer que les politiques, pratiques et programmes, appuyés par un programme de recherche viable, soient accessibles et répondent aux besoins uniques des anciens combattants avec pour objectif de permettre une transition facile de tous les vétérans et leurs familles dans des périodes souvent difficiles de leur vie.

Le président : Merci beaucoup. Voilà qui était un survol très complet de vos programmes. Nous allons maintenant passer aux questions et comme j'ai l'habitude de commencer par céder la parole au vice-président, je me tourne vers le sénateur Plett.

Le sénateur Plett : Je tiens à souligner mon appui inconditionnel à la Légion et au travail qu'elle effectue. Cependant, je vais passer pour cette première question et laisser la place au sénateur Manning que j'invite à poser une question à ma place.

Le président : Eh bien, voilà qui est inusuel, mais nous ferons ainsi.

Le sénateur Manning : Je n'ai pas eu besoin de faire la queue et nous aurons tous la possibilité de poser des questions.

Je voulais faire écho à la remarque de mon collègue, le sénateur Plett, pour féliciter la Légion pour le travail qu'elle effectue partout au Canada. Je suis voisin de deux filiales de la Légion dans ma province de Terre-Neuve-et-Labrador. Un très bon ami à moi, Eugene Breen, a été président de la Légion à Riverhead, St. Mary's Bay, à Terre-Neuve. Il est décédé il y a 18 mois. Il m'a beaucoup appris au sujet de la Légion et des services qu'elle offre.

J'aimerais vous poser deux ou trois questions au sujet des enseignements que vous avez tirés de votre Programme de transition à la vie civile des anciens combattants. Des témoins nous ont dit qu'il semble difficile pour les anciens militaires de réintégrer la vie civile, de s'ajuster à une nouvelle vie, de trouver un emploi et de s'installer, surtout pour ceux qui ont suivi entièrement notre pays dans son engagement dans d'autres parties du monde.

J'ai cru comprendre que vous travailliez sur ce programme depuis un certain temps déjà. Pourriez-vous nous donner un aperçu des défis auxquels vous êtes confrontés à ce sujet? Y a-t-il quoi que ce soit que nous puissions faire, ici, pour vous aider dans votre travail?

M. White : La transition à la vie civile est parfois difficile pour les militaires. C'est encore plus difficile pour ceux et celles qui ont été blessés ou qui souffrent de troubles mentaux. À l'armée, on programme les gens d'une certaine façon et, quand ils arrivent au terme de leur service, il faut parfois les déprogrammer pour favoriser leur réinsertion dans ce qu'on considère autrement comme une vie communautaire normale. Parfois, l'univers militaire se place en marge de l'univers civil.

En Colombie-Britannique, nous finançons le Programme de transition à la vie civile des anciens combattants depuis 1999. Ce programme s'est avéré extrêmement utile pour les personnes souffrant de problèmes mentaux. Elles apprennent beaucoup, mais elles ont aussi appris que c'est véritablement le conseil par les pairs qui les aide dans le processus. C'est là l'objet même du programme de transition offert à l'Université de Colombie-Britannique : il est question de rassembler les anciens combattants, de leur apprendre les mécanismes d'adaptation dans le cadre d'un groupe de pairs et, au bout du compte, de les former pour qu'ils deviennent eux-mêmes des conseillers.

Tim Laidler fait partie du programme et il est en train d'en devenir l'un des principaux porte-parole. C'est un simple soldat qui a de la difficulté à faire la transition à cause de certains problèmes personnels. Il a acquis des mécanismes d'adaptation et il est maintenant en mesure d'aider ses camarades. Voilà le genre de programme dont nous avons besoin pour aider les vétérans à faire la transition partout au pays.

Mme Siew : Si je comprends votre question, vous vous demandez si le programme est nécessaire et quel genre d'aide s'impose. Il existe depuis 1999, ce qui fait longtemps déjà, et il s'adresse principalement aux anciens combattants résidant en Colombie-Britannique, par l'intermédiaire de l'UBC. Nous voulons l'étendre à l'échelle nationale. Nous nous sommes adressés à Anciens Combattants Canada pour obtenir un financement supplémentaire pour ce programme qu'il faut étendre à l'échelle nationale afin d'augmenter le nombre de cours offerts. D'autres organisations gouvernementales devront apporter leur soutien à ce projet, comme le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada.

Actuellement, le programme est proposé à ceux et à celles qui ont été libérés des Forces canadiennes et il s'avère être un programme de transition très valable. Il a donné d'excellents résultats puisque, jusqu'ici, plus de 200 vétérans l'ont suivi. Il n'existe aucun autre programme de counselling de groupe comme celui-ci s'adressant aux anciennes combattantes et où celles-ci peuvent discuter de leurs besoins particuliers. La Légion finance le programme, mais les coûts vont augmenter quand il deviendra un programme national. Nous pensons que le besoin se fera de plus en plus sentir à l'échelle nationale compte tenu du nombre d'anciens combattants que nous accueillons dans le Programme de transition de l'UBC et qui sont aux prises avec des difficultés.

Anciens Combattants Canada et le MDN ont fait un travail fantastique pour offrir des services de transition d'ordre pratique, notamment en matière de recherche d'emploi, sur la façon d'obtenir sa pension, en partie grâce au Service de préparation à une seconde carrière; mais ce sont là des outils administratifs militaires qu'il faut appliquer dans le civil. Toute nouvelle recrue dans l'armée passe par une phase d'endoctrinement culturel à la vie militaire pour devenir soldat, marin, aviateur ou aviatrice, pour faire ce qu'on lui dit de faire, pour faire ce qu'il faut dans la vie militaire. Après ça, on appartient à la communauté militaire. On s'occupe de vous. C'est tout à fait particulier.

Une fois qu'on a été libéré, il n'y a pas de transition qui vous prépare à la disparition de tout le soutien qu'apportait la structure militaire. C'est à cet égard que le programme est vraiment important, car il permet aux gens de faire la transition, surtout à ceux qui ont des difficultés.

Le sénateur Manning : J'estime personnellement que la transition à la vie civile représente, pour nos militaires, le plus grand défi auquel nous serions confrontés aujourd'hui. Ai-je raison de penser que le projet, pour le moment essentiellement en Colombie-Britannique, est entièrement financé par la Légion? Si tel n'est pas le cas, comment est-il financé?

M. White : Pour l'instant, il est uniquement financé par la Légion. C'est ce que nous faisons depuis 1999 et c'est notre direction de la Colombie-Britannique et du Yukon, sur la côte Ouest, qui s'en occupe.

Le sénateur Manning : Afin d'en faire un programme national, comme vous l'envisagez — et je suis totalement d'accord avec cette idée —, vous avez dit qu'il serait nécessaire d'obtenir une aide financière additionnelle soit de la Défense nationale, d'Anciens Combattants Canada ou d'autres ministères ou organismes fédéraux, selon le cas. Qu'avez-vous fait jusqu'ici pour faire appel aux autres ordres de gouvernement et aux provinces? Que faites-vous pour transformer ce programme en programme national?

M. White : Pour l'instant, nous examinons la question du point de vue de la Légion et du genre de budget qu'il nous faudrait débloquer pour faire en sorte que ce programme devienne national. Par ailleurs, nous avons fait connaître le programme de transition au ministre des Anciens Combattants. Par ailleurs, le programme a aussi été présenté à l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans afin que celui-ci fasse partie du réseau.

Un peu à la manière du réseau sur la recherche en santé, le programme vise à mobiliser d'autres universités. Nous voulons étendre le partenariat le plus possible afin que ce programme nous permette d'offrir une transition à l'échelle du pays. Il s'agit d'un programme mobile, en ce sens que nous pouvons envoyer des animateurs de la Colombie- Britannique à l'extérieur pour organiser des séminaires. C'est ce que nous cherchons à faire en étendant ce programme à l'échelle du pays afin que de plus en plus de gens y participent. Nous offrirons ce genre de mobilité à nos partenaires qui le financeront et le commanditeront.

Le sénateur Manning : Je suppose que vous avez pris langue avec la Défense nationale et Anciens Combattants pour voir comment ces deux ministères pourront participer au programme national et aider la légion à l'offrir un peu partout.

M. White : Pour l'instant, nous concentrons nos efforts sur le MAC. Jusqu'ici, nous n'avons rien fait du côté du MDN.

Le sénateur Manning : Pouvez-vous me dire comment se déroulent ces entretiens pour l'instant?

M. White : Nous avons présenté les programmes à Anciens Combattants Canada.

Le sénateur Stratton : Mes questions vont porter sur ces programmes. Quand nous accueillons des représentants d'associations comme la vôtre, j'ai toujours envie de savoir si l'organisme entretient des liens avec d'autres pays, comme la Grande-Bretagne, l'Australie et les États-Unis qui, dans votre cas, ont aussi des légions, j'en suis sûr, et qui pourraient nous montrer ce qu'ils font pour leurs anciens combattants. Entretenez-vous de tels liens qui vous permettent d'échanger des idées sur le genre de services que ces pays offrent à leurs vétérans et sur les programmes jugés nécessaires?

M. White : Le Canada est un des membres fondateurs de la Royal Commonwealth Ex-Services League, la RCEL. Nous sommes en liaison permanente avec les membres de la RCEL partout dans le monde, surtout avec les autres pays fondateurs que sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et la Grande-Bretagne. Nous nous réunissons tous les ans pour discuter des questions concernant les vétérans. Les responsables du programme de transition veulent faire une présentation à la University of Queensland, en Australie, pour expliquer la façon dont le programme pourrait être appliqué dans le cas des vétérans australiens. Nous sommes donc en contact avec nos associations soeurs par le truchement de la RCEL. C'est également par le biais de la RCEL que nous apportons un soutien à tous les anciens combattants du Commonwealth dans la région caraïbe. Nous échangeons énormément d'informations.

La seule organisation avec laquelle nous n'entretenons pas de lien direct est l'American Legion, qui est énorme. Nous avons établi de bons contacts et espérons pouvoir passer par le Department of Veterans Affairs et par l'American Legion si nous avons besoin d'information.

Le sénateur Stratton : Je trouve merveilleux que vous ayez établi tous ces liens. Je connaissais l'existence de la RCEL, mais je craignais que vous n'ayez pas de lien avec les États-Unis, parce que, comme vous le savez, le programme américain est énorme.

Avez-vous appris quoi que ce soit des autres pays qui pourrait nous amener à conclure qu'ils sont en avance par rapport au Canada? Pourrait-on bénéficier de leur expérience et de leurs connaissances que nous pourrions reprendre ici, à cette table? Il est important de bien comprendre ce qui se passe de façon générale dans tous ces pays.

M. White : Je dirais que le Canada dispose d'un système relativement bien élaboré pour s'occuper de ses vétérans. Nous avons été expliquer notre système dans d'autres pays, comme en Australie et en Nouvelle-Zélande et, grâce à l'échange d'information, nous avons obtenu de bons résultats.

Il y a deux ans, par exemple, nous avons appris que le Department of Veterans Affairs aux États-Unis a reconnu que la maladie de Lou Gehrig ouvre droit à pension. Une recherche fouillée réalisée par les Américains a permis d'établir un lien causal entre le service militaire et la prépondérance plus élevée de cette maladie chez les anciens militaires à cause de l'environnement et des conditions stressantes dans lesquels ils avaient évolué. Nous avons transmis cette information à notre gouvernement par le truchement du MAC. Nous avons déposé l'étude en question et avons demandé aux gens du ministère de l'examiner. Malheureusement, notre démarche n'a pas abouti. Nous avons aussi collaboré avec la Société canadienne de sclérose latérale amyotrophique pour faire avancer ce dossier. L'année dernière, la société a reconnu que cette maladie devait ouvrir droit à pension.

Voilà le genre de travail que nous faisons; nous essayons de rassembler l'information existante, de la faire circuler non seulement au sein de la Légion, mais aussi auprès d'autres associations d'anciens combattants. Tous les ans au mois d'octobre, nous organisons un groupe de consultation auquel participent toutes les associations de vétérans pour essayer de rassembler l'information en question et de nous en servir pour faire avancer la cause des anciens combattants et pour modifier certaines situations.

Le sénateur Stratton : Si l'on vous demandait de classer le Canada par rapport aux autres pays, comment se comparerait-il? Il est très important que nous sachions où nous nous situons par rapport aux autres pays.

M. White : Pour l'instant, nous sommes dans la même situation que les autres pays. Nous expérimentons. Nous découvrons de nouvelles choses. Nous sommes en train de reconnaître le syndrome de stress post-traumatique, ce qui est tout à fait nouveau, parce qu'on l'avait caché dans un coin jusqu'ici. Nous ne disposons encore pas de toute la recherche effectuée par les autres pays pour nous indiquer ce qui se passera dans l'avenir et la façon dont nous ferons la transition. Pour ce qui est des effets latents de certains états pathologiques qui seront reconnus une fois que nous aurons fini notre travail à l'échelle internationale, je ne sais pas ce que ça donnera. Nous devons être prêts à évoluer et à progresser.

Le Canada fait bonne figure. Les gens critiquent la nouvelle Charte des anciens combattants, mais celle-ci donne de nouveau l'impression qu'on veut aider les vétérans du mieux possible pour leur permettre de réintégrer la vie civile. La Charte parle du bien-être complet de la personne, pas uniquement du traitement de ses états pathologiques. Le Canada fait d'excellentes choses, mais toutes les associations d'anciens combattants demeurent vigilantes pour attirer l'attention du gouvernement sur les problèmes qu'il convient de régler.

Il me serait difficile de vous donner un classement comparatif. Nous faisons du bon travail, mais nous devons continuer et nous améliorer dans notre recherche de nouvelles solutions.

Le sénateur Day : J'ai relevé deux choses dans ce que vous avez dit au début. D'abord, votre dépendance du Fonds du Coquelicot de même que le nombre de programmes qui semblent émaner de la Colombie-Britannique. Pourriez- vous nous en dire davantage sur ces deux aspects? Quels programmes ont été conçus en Colombie-Britannique? Permettent-ils de recueillir plus d'argent que le Fonds du Coquelicot? Comment cela est-il administré?

M. White : Le Fonds du Coquelicot est alimenté par la campagne annuelle organisée par les filiales des légions entre le dernier vendredi d'octobre et le jour du Souvenir. Ce fonds est sacré pour les Canadiens. Il est administré à l'échelle nationale, à l'échelle provinciale et à l'échelle locale et il est constitué à partir des collectes réalisées par nos filiales auprès de la population; les sommes sont conservées au niveau local. Il suffit à l'ancien combattant inscrit dans une filiale qui a besoin d'assistance de s'adresser à cette filiale pour être aidé. Le Comité du Coquelicot de la filiale va lui donner un coup de main. Nous avons aussi des fonds qui sont administrés à l'échelle provinciale et, personnellement, j'administre les fonds à l'échelle nationale.

L'argent recueilli à l'occasion de la Campagne du Coquelicot sert spécifiquement à aider les vétérans et leurs familles. Nous ne nous en servons pas pour les dépenses générales des filiales; ce n'est pas à cela que sert cet argent. Il est conservé à part parce qu'il est destiné précisément à aider les vétérans, les anciens militaires des trois armes et leurs familles. C'est uniquement à cette fin que servent ces fonds.

Le sénateur Day : Comment obtenez-vous les fonds à l'échelle nationale?

M. White : Grâce à la distribution de couronnes et de coquelicots. Nous coordonnons la distribution de couronnes et de coquelicots à l'échelle nationale en collaboration avec notre fournisseur, Dominion Regalia, de Toronto.

Le sénateur Day : Exigez-vous des frais des filiales locales qui font la promotion de la Semaine du Souvenir et qui recueillent des fonds grâce à la vente de coquelicots?

M. White : Non, elles doivent acheter leurs coquelicots auprès du fournisseur national. Elles les achètent en passant par leur direction provinciale et elles distribuent ensuite les coquelicots pour recueillir les dons des Canadiens.

Le sénateur Day : C'est donc le fournisseur qui vous donne de l'argent.

M. White : Non.

Le sénateur Day : Organisez-vous des campagnes de financement nationales?

M. White : Non, nous ne faisons rien à l'échelle nationale. Nous percevons un droit auprès des organisations provinciales, droit qui est prélevé sur la distribution et la vente de coquelicots.

Le sénateur Day : C'est donc là que vous allez chercher l'argent.

M. White : Oui. Pour ce qui est de votre seconde question, au sujet de la Colombie-Britannique et du Yukon, je dirais que c'est tout à fait classique pour ceux qui résident de l'autre côté de la chaîne montagneuse. C'est pour nous une source de plaisanteries. La Direction de la Colombie-Britannique et du Yukon a toujours été progressiste dans sa façon de s'attaquer à certaines des questions concernant les anciens combattants et dans le genre de programmes qu'elle met en oeuvre.

Le Programme de transition en est un bon exemple. La Maison Cockrell est un autre excellent exemple du genre de programmes lancés par le comité communautaire militaire pour appuyer les militaires et leurs familles.

Nous essayons maintenant d'adapter ces programmes à l'échelle nationale. Il a fallu du temps, mais tout le monde est très fier des réalisations jusqu'ici et nous devons maintenant faire profiter le reste du pays de ces bonnes trouvailles.

Le sénateur Day : Vous avez mentionné au moins deux programmes que vous aimeriez étendre à l'échelle nationale et qui émanent de la Colombie-Britannique. Qu'est-ce qui vous retient, le financement? Est-ce ce dont vous avez besoin pour y parvenir?

M. White : Chaque direction — généralement définie en fonction de limites provinciales — dispose de ressources différentes. Ces ressources sont bonnes en Colombie-Britannique et en Ontario. Nous avons d'ailleurs le plus grand nombre de membres dans ces deux provinces qui disposent des ressources nécessaires pour administrer de tels programmes.

À l'échelon national, nous cherchons à voir comment alimenter nous-mêmes certains de ces programmes et c'est ce que nous faisons actuellement.

Le sénateur Day : J'espère que vous trouverez les fonds nécessaires pour cela parce que j'ai l'impression que ces programmes s'inscrivent idéalement en prolongement d'autres programmes offerts par Anciens Combattants Canada, par les Forces canadiennes et par la Défense nationale. La Légion a toujours joué un rôle très important à l'appui des anciens combattants. Si ces programmes ont donné des résultats, ce qui a clairement été le cas en Colombie-Britannique, nous devrions faire tout en notre pouvoir pour vous aider à les étendre au reste du pays.

Avez-vous eu des entretiens à ce sujet avec Anciens Combattants Canada et avec la Défense nationale? Cela fait-il partie de leur action régulière?

M. White : C'est ce qui se fait régulièrement, surtout avec le Programme de transition des vétérans. Celui de l'Alberta, Outward Bound, semble assez bien fonctionner et nous le suivons.

Le sénateur Day : Celui-ci m'intrigue, parce que les militaires sont déjà bien entrainés aux activités sur le terrain. Pourquoi ce programme?

M. White : Il permet de rassembler des gens qui présentent des états pathologiques semblables.

Mme Siew : C'est quelque chose qu'ils aiment faire, ils sont à l'aise dans ce genre d'environnement.

M. White : Ils se sentent mieux sans uniforme; c'est bien de leur permettre de laisser tomber l'uniforme et de ne plus avoir à subir les contraintes qu'ils avaient avant, notamment à cause de la hiérarchie. C'est bien, de temps en temps, de laisser tomber les grades, de suivre un programme comme n'importe qui d'autre. C'est à cela que sert le programme Outward Bound.

L'autre programme excellent qui, nous l'espérons, deviendra un programme national, est celui que nous avons commandité en Ontario — surtout à Toronto —, je veux parler du Programme des vétérans sans abri. Il est excellent. Jusqu'ici, il a permis de coordonner l'action de quatre abris à Toronto. Un gestionnaire de cas d'Anciens Combattants a été détaché auprès de ce programme.

Il est question de coordonner les ressources et non les infrastructures pour s'assurer qu'elles bénéficient aux abris et que les anciens combattants s'auto-identifient. L'auto-identification est d'ailleurs une grande partie du problème parce qu'il faut s'assurer que les vétérans réclament l'aide dont ils ont besoin. Certains hésitent à le faire.

Ensuite, on leur offre des services comme un lieu où se faire soigner, où obtenir une assistance, des vêtements et d'autres services comme du counselling afin de reprendre leur vie en main.

Le sénateur Day : Est-ce que vous traitez avec l'ombudsman des anciens combattants à ce sujet? Ça a été le thème d'un de ses rapports, soit qu'un grand nombre de vétérans se retrouvent dans la rue, sans abri, et qu'ils ont besoin d'aide.

M. White : Non.

Le sénateur Day : C'était un des problèmes mentionnés.

L'autre aspect dont je veux vous parler à tous deux — après quoi je passerai à une deuxième série de questions, si on me le permet — concerne ce que nous avons appris d'autres comités, c'est-à-dire qu'Anciens Combattants Canada envisage de réduire le budget qu'il consacre au service des vétérans de 232 millions de dollars dans les prochaines années. Le ministère affirme qu'il n'a plus besoin d'autant parce que la population d'anciens combattants vieillit, même si beaucoup de nouveaux vétérans tombent sous le coup de la Nouvelle Charte des anciens combattants.

Avez-vous eu des échanges à ce sujet avec le ministère et quel rôle jouez-vous dans le cas des nouveaux vétérans?

M. White : Je vais vous parler de la question du financement, puis Mme Siew vous répondra au sujet de ce que nous faisons pour les nouveaux vétérans.

Les gens jouent sur les chiffres qui varient de 220 à 230 millions de dollars. Tout est question de statistiques. La population d'anciens combattants est en déclin. Nous croyons savoir qu'il s'agit de fonds prévus dans la loi et que si les besoins sont confirmés, ils permettront de financer les programmes à l'intention des vétérans, programmes également prévus dans la loi. Ça, nous le comprenons très bien.

En revanche, s'il y a des fonds excédentaires, pourquoi ne pas les transférer à d'autres programmes qui ont pu être mis en suspens ou à d'autres nouveaux programmes susceptibles d'aider non seulement les anciens combattants, mais aussi les nouveaux vétérans? Dans la mesure où le Canada a réservé ces sommes pour assister les anciens combattants, pourquoi ne pas s'en servir pour les aider? S'il était possible d'appliquer ces fonds excédentaires à d'autres programmes, je ne pense pas que qui que ce soit à la Légion s'en offusquerait et s'y opposerait.

Mme Siew : Je pense qu'Anciens Combattants Canada doit être très prudent dans ses plans et priorités pour calculer la réduction budgétaire qui s'impose au vu des baisses de population d'anciens combattants. Nous ne savons pas encore comment va évoluer la population d'anciens combattants des Forces canadiennes et si l'on ne va pas assister à une augmentation de leur nombre dans la foulée des déploiements effectués ces 20 dernières années. Nous ne savons pas encore où nous en sommes.

Cependant, nous savons qu'il y a encore des militaires et qu'il y a aussi des anciens combattants qui vivent un peu partout au pays. Anciens Combattants Canada doit veiller à disposer du personnel nécessaire pour que le service offert aux vétérans ne se résume pas à des réponses toutes faites au bout d'un numéro 1-800; il doit y avoir au bout du fil des gens aptes à répondre aux questions posées.

Il arrive que les vétérans ou les membres de leur famille ne sachent pas quelles questions poser. Quand il appelle la ligne 1-800 où le préposé dépend d'une liste de réponses prédéterminées, il arrive que le vétéran ne sache pas quelle question poser. S'il pose la mauvaise, il n'obtiendra pas la réponse qu'il cherche ni celle qui sera susceptible de l'aider.

À l'heure où Anciens Combattants Canada envisage de réduire ses effectifs, le ministère devrait veiller à mettre le personnel qualifié au bon endroit, c'est-à-dire dans les bases, dans les centres intégrés de soutien du personnel là où les vétérans effectuent la transition des Forces canadiennes à la vie civile et là où ils ont besoin d'un coup de main.

Dans les 12 derniers mois, Anciens Combattants Canada a engagé 25 nouveaux gestionnaires de cas à l'échelle du pays. Ça ne fait pas beaucoup pour répondre aux besoins complexes des anciens combattants des Forces canadiennes. Je sais que, dans certaines bases, les gens n'ont pas de contact avec un gestionnaire de cas avant d'avoir reçu leur message de libération.

Il s'écoule parfois longtemps entre le moment de la libération pour motif médical et le moment où la libération intervient. Pendant toute cette période, le vétéran est dans les limbes, il se demande quels services on pourrait lui offrir et à qui il doit s'adresser pour obtenir un coup de main.

Or, les services et les ressources nécessaires sont offerts aux CISP. Il faudrait offrir également ces services dans les bureaux de district. Il sera encore très important de maintenir les effectifs de gestionnaires de cas, de conseillers régionaux et d'agents de prestations d'invalidité. Il est vrai que le nombre d'anciens combattants diminue dans la catégorie des vétérans traditionnels, mais Anciens Combattants Canada doit continuer d'offrir les services là où ils sont nécessaires.

M. White : On se rend également compte que les anciens combattants libérés ne savent pas à quoi ils ont droit et qu'on ne leur dit pas ce qu'ils peuvent attendre d'un gestionnaire de cas. C'est un vrai problème. Quand ils rencontrent une personne qui est censée les conseiller sur l'ensemble des programmes mis à leur disposition, il faudrait que celle-ci leur parle de tous les programmes et de toutes les prestations auxquels ils ont droit et leur expliquer ce dont il retourne, plutôt que de se limiter à ce qui concerne leur condition physique. C'est un grand problème; il faut que les gestionnaires de cas expliquent tous les programmes offerts aux vétérans quand ils les rencontrent dans le cadre de services de counselling.

Le président : Vous êtes tenus, par la loi, à représenter les vétérans. Je sais que, dans 15 à 20 p. 100 des cas, vous vous retrouvez avec leurs dossiers en main. Je me demande pourquoi, à moins que vous ayez vu les nouvelles demandes, et il est ici question du programme de transition que vous venez de lancer. Par ailleurs, il y a aussi le Programme de conversion des compétences militaires de l'Institute of Technology de la Colombie-Britannique qui s'adresse aux réservistes. Pourquoi ne vous confie-t-on pas plus de responsabilités dans la loi, afin que vous vous occupiez de programmes qui, jusqu'à présent, sont entièrement administrés par Anciens Combattants Canada? Pourquoi ne pas vous confier ce mandat et ne pas vous demander de vous en occuper?

D'un autre côté, qui s'occupe de tout ça? Quelles sont les qualifications de ceux qui travaillent au programme de transition? Pourquoi ce lien avec les universités? Avez-vous des liens avec l'industrie pour que ça fonctionne?

M. White : Nous sommes un organisme sans but lucratif, un organisme constitué de bénévoles. Notre argent nous vient de nos membres. Nous sommes une organisation qui est financée par des cotisations. Nous aimerions beaucoup pouvoir étendre nos programmes, mais nous sommes limités par les fonds dont nous disposons grâce aux droits d'adhésion et aux dons que nous récupérons. Si nous avions les fonds nécessaires, nous adorerions pouvoir militer en faveur des anciens combattants et être financièrement autonomes. J'aime bien l'attitude de cette carte de crédit qui dit dans sa publicité qu'elle n'est pas là pour puiser dans les poches de ses clients. Nous aimerions être une organisation autonome qui ne serait pas limitée dans le genre de programmes qui nous permettraient d'aider le gouvernement, que ce soit avec ou sans financement de celui-ci. Il y a là un problème. Nous voulons maintenir notre indépendance et être en mesure d'offrir des programmes pleinement satisfaisants, nous voulons être en mesure d'aider les différentes catégories d'anciens combattants, de ceux de la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux vétérans de l'Afghanistan et de la Libye.

Il faut que nous demeurions indépendants. Pour cela, nous devons faire des campagnes de financement. Nous devons aussi pouvoir intervenir auprès du gouvernement en lui disant : « Peut-être que cela relève de votre responsabilité, que c'est vous qui devez offrir ces programmes à tous ces gens-là qui ont servi leur pays. » Il en va de la responsabilité du gouvernement d'administrer ces programmes, d'effectuer les recherches nécessaires pour en justifier l'existence, puis de les mettre en oeuvre au nom des vétérans.

Nous ne savons pas comment ces programmes vont évoluer. Toutefois, nous savons comment évoluent nos programmes parce qu'à l'étape des premières demandes que nous recevons, c'est-à-dire ce que fait Mme Siew au Bureau d'Entraide, nous constatons qu'il y a de plus en plus de vétérans modernes, si vous voulez les appeler ainsi, et de moins en moins d'anciens combattants. Nous aidons de plus en plus de vétérans modernes, plus que jamais auparavant, à remplir leur première demande. Nous sommes plus occupés que nous l'avons jamais été.

Il y a aussi des anciens combattants qui reviennent nous voir en nous déclarant qu'ils ont souffert de telle ou telle affection durant toutes ces années, surtout les vétérans atteints de TSPT — maintenant que cet état est reconnu publiquement, que tout le monde peut en parler — et ils viennent nous voir en nous disant qu'eux aussi ont besoin de se faire aider. Il y a aussi les familles de ces anciens combattants qui nous disent avoir souffert pendant toutes ces années et avoir vraiment besoin d'assistance.

Le président : Ce que vous venez de dire, c'est que vous n'avez pas besoin de plus de lois, mais de plus d'indépendance, et aussi que vous devez être financièrement indépendants et que vous devez trouver une façon d'y parvenir, notamment en augmentant votre bassin de recrutement grâce aux militaires des Forces canadiennes et aux anciens combattants qui pourraient adhérer à la Légion.

La deuxième partie de ma question concernait la structure de l'institut et le programme de transition. Qui sont les gens qui s'en occupent?

M. White : Il s'agit des Drs Marv Westwood et David Kuhl, du Département de recherche en psychologie de l'Université de la Colombie-Britannique. Nous les avions contactés il y a bien des années, avant 1999, pour leur demander de se pencher sur la problématique des militaires devant passer à la vie civile et de s'intéresser au TSPT. Je les ai rencontrés il y a deux ans, quand j'étais en Colombie-Britannique. Ce sont deux personnes dévouées. Le programme est administré par l'Université de la Colombie-Britannique et c'est pour ça qu'il est logé là-bas.

Le président : Est-il également financé par l'Université de la Colombie-Britannique?

M. White : Non, c'est la Légion qui fournit les fonds.

Le président : Y a-t-il eu un projet pilote qui vous permette maintenant de dire que ce programme est assez mûr pour être étendu au reste du pays?

Mme Siew : Je ne parlerais pas de projet pilote. C'est un programme qui a été mis sur pied en Colombie-Britannique et l'on constate maintenant qu'il est nécessaire de l'étendre au reste du Canada.

Le président : Est-il suffisamment mûr pour cela?

Mme Siew : Tout à fait.

M. White : Absolument.

Le président : Merci beaucoup.

Le sénateur Plett : Encore une fois, je tiens à vous dire à quel point j'apprécie ce que vous faites. Félicitations aux gens de la Colombie-Britannique et du Yukon. Il est évident que nous avons besoin de ce genre de programme dans l'Est de même que des compétences que possèdent les gens en Colombie-Britannique après avoir élaboré ces programmes.

Vous avez en partie répondu à ma première question, mais je voudrais que vous m'en disiez davantage. Vous avez dit que vous voyez revenir un grand nombre d'anciens combattants des premières vagues, des gens qui ont souffert de TSPT pendant des années, mais qui ne voulaient pas en parler; maintenant que c'est plus ouvert, ils se sentent libres de le faire.

Le problème des sans-abri est-il également plus important aujourd'hui dans le cas des nouveaux vétérans que par le passé? À quoi ressemble la population de vétérans sans abri? S'agit-il d'anciens combattants traditionnels ou de nouveaux vétérans?

M. White : Je ne peux pas vous dire exactement combien il y en a. Nous avons sans doute assisté quelque 70 personnes jusqu'ici. Je ne sais pas grand-chose de ce programme, mais je ne pense pas qu'il accueille un grand nombre d'anciens vétérans, en revanche, il y a ceux qui ont servi en Bosnie et d'autres vétérans des temps modernes, comme ceux du Rwanda et d'autres missions. Ils varient en âge, d'après ce qu'on m'a dit, entre la trentaine et la cinquantaine. Voilà pour les données démographiques actuelles, mais il y en aura d'autres à aider.

Le sénateur Plett : Le TSPT est-il la principale cause pour laquelle les gens se retrouvent sans abri ou s'agit-il de personnes qui ne sont pas très instruites à leur sortie de l'armée et qui ne sont pas parvenues à se trouver un emploi?

M. White : C'est un peu tout ça. Le TSPT est évidemment en cause par l'effet qu'il a sur les personnes qui en sont atteintes et qui ne parviennent pas à faire face à certaines circonstances de la vie. Je ne pourrai pas vous exprimer en pourcentage la prévalence du TSPT. Nous avons reçu une lettre d'une famille d'un vétéran âgé qui disait ceci : « Merci beaucoup d'avoir aidé mon père parce que nous avons beaucoup souffert pendant longtemps à ses côtés en le voyant dans cet état. Nous ne savions pas comment appeler cela et on ne nous a jamais rien expliqué. »

Personnellement, j'affirme que la Légion a constitué le premier centre de traitement de TSPT au Canada, au lendemain de la Première Guerre mondiale, quand des gens se sont regroupés dans un esprit de camaraderie autour de personnes qui souffraient de ce qu'on appelait alors la névrose des tranchées, quand ils les ont accueillis au sein de la Légion pour leur donner eux-mêmes des médicaments. Ils s'en sont occupés jusqu'à ce que ces anciens combattants soient en mesure de reprendre une vie normale.

Mon grand-père l'a fait pour ses camarades du bataillon de Dieppe. Les membres de la Légion se sont entraidés parce qu'il n'y avait rien dans la collectivité susceptible de les aider.

À cette époque, on ne s'en vantait pas, on en avait plutôt honte. Aujourd'hui, le TSPT est connu et accepté. Je pense que la Légion agit sur ce plan depuis très longtemps.

Le sénateur Plett : C'est ce que nous sommes en train de célébrer et on vient de nous remettre des épinglettes. Merci. Je ne sais pas d'où elles viennent.

Mme Siew : Elles sont à M. White.

Le sénateur Plett : J'ai mis la mienne et je vais la porter fièrement. Puisque nous célébrons 70 années de service féminin dans l'armée, il semble que tous les problèmes dont vous vous occupez et dont nous avons déjà parlé concernent essentiellement les hommes. Avez-vous affaire à peu près aux mêmes populations chez les femmes qui reviennent de mission et qui auraient elles aussi des problèmes exigeant une assistance de votre part?

Mme Siew : Dans le cas des femmes, il y en a de deux sortes. Il y a celles qui rentrent au pays atteintes de stress post- traumatique et de dépression. On constate que certaines ont subi des blessures dues au stress opérationnel. Ces femmes représentent environ 10 p. 100 de la population d'anciennes combattantes qui se sont auto-identifiées, ce qui est conforme à la proportion des femmes au sein des Forces canadiennes.

Nous n'effectuons aucune recherche et ne possédons aucune connaissance sur le genre de problèmes de santé qu'éprouvent les femmes à cause du service militaire. Aucune étude n'a été réalisée sur le stress que les hommes ressentent quand ils portent l'uniforme, pas plus que sur les femmes. Bien des femmes sont mères. Ce sont évidemment elles qui font le travail ménager et qui assument l'essentiel des responsabilités dans la plupart des foyers canadiens. Il n'empêche qu'elles servent leur pays, qu'elles sont déployées et qu'elles se retrouvent dans des milieux non traditionnels. Il demeure que les femmes représentent 11 p. 100 des effectifs des Forces canadiennes, depuis que je me suis engagée en 1983. Rien n'a changé, Il y a des femmes haut gradées. Elles doivent évoluer dans un milieu dominé par les hommes, ce qui occasionne chez elles un stress tout à fait particuliers. On n'a effectué aucune recherche pour en déterminer les effets.

M. White : Madame le sénateur Pépin s'est présentée à la Légion et nous a demandé d'organiser une rencontre à laquelle a participé Mme Siew. Les remarques des participantes ont été révélatrices. Dans notre milieu dominé par les hommes, il a été question de problèmes auxquels nous n'avions même pas pensé. Cela a été très révélateur pour nous et nous nous sommes dit qu'il fallait réfléchir sur ces questions à long terme.

Mme Siew : J'ai servi 28 ans au sein des Forces canadiennes et j'ai été vraiment surprise en animant la rencontre. Il y avait là des anciennes combattantes de la Seconde Guerre mondiale et d'autres femmes encore sous les drapeaux, du grade de caporal à celui de capitaine de marine, qui nous ont parlé d'équipement mal adapté pour les femmes. Elles n'ont pas d'autre choix que de le porter, même si ça leur fait mal à cause d'un truc qui n'a pas lieu d'être à tel ou tel endroit. Ça les blesse et elles tombent en incapacité. Qu'est-ce que ça donnera tout ça dans l'avenir et quels problèmes musculo-squelettiques risquent-elles de développer plus tard. Des jeunes femmes ont fait les frais d'abus de pouvoir. Quand on a 22 ans, on fige, et on prend les remarques en pleine figure. Mais il y a aussi celles qui n'acceptent pas, qui disent : « Les Forces canadiennes, ça n'est pas fait pour moi », et qui s'en vont.

J'ai eu une merveilleuse carrière, mais lors de cette réunion — presque toutes les femmes ont fait les mêmes remarques —, j'ai été choquée. Je crois que M. White aussi a été choqué.

Loin de moi l'idée de critiquer les Forces canadiennes, mais j'estime qu'il faudrait effectuer des recherches pour voir l'incidence de tout cela. Il ne faut pas faire de recherche anecdotique ni qualitative, mais une recherche quantitative pour disposer de données valables, dignes de foi à partir desquelles il sera possible d'élaborer des programmes pour progresser dans l'avenir.

Le sénateur Plett : Merci et continuez cet excellent travail.

Le président : Je tiens à vous rappeler que c'est nous qui avons demandé au sénateur Pépin d'aller rencontrer les anciennes combattantes. Contrairement à d'autres pays, même aux États-Unis, chez nous, les femmes servent dans les bataillons d'infanterie, dans les régiments d'artillerie et autres, ce qui n'est donc pas le cas chez nos voisins du Sud, sauf pour l'artillerie. Madame le sénateur Pépin a étudié la situation et nous reviendrons là-dessus plus tard. Elle a été la première à nous apprendre qu'il y a maintenant des femmes vétérans qui ont combattu et que cela n'était pas sans conséquences. Nous assurerons un suivi à sa mission.

Le sénateur Day : J'ai deux questions à poser. Premièrement, dites-moi ce qu'est l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans.

M. White : Il s'agit d'un groupe qui a été mis sur pied par le brigadier-général William Richard, maintenant à la retraite, à l'Université Queen's et au CMR à Kingston. Ces deux institutions se sont unies pour travailler ensemble à la mise sur pied de cet institut de recherche qui va se charger de toutes les questions concernant les anciens combattants et les militaires en service. Il n'existe actuellement pas d'institut de ce genre. Il est question de regrouper toutes les autres universités canadiennes autour de ce projet. L'institut a été lancé il y a deux ans et demi. Il vient juste de tenir son premier forum auquel a assisté le sénateur Dallaire. Mme Siew y était également.

Le sénateur Day : Je ne savais pas comment il s'appelait, mais je savais ce qu'il fait.

Mme Siew : Vingt-deux universités ont signé des protocoles d'entente pour travailler en partenariat avec cette organisation.

Le sénateur Day : Notre président a fait une déclaration à cet égard au Sénat il y a deux ou trois jours.

J'aimerais revenir sur une chose. À propos des sans-abri, vous avez dit que vous n'étiez pas en contact avec l'ombudsman des anciens combattants. Ne traitez-vous pas régulièrement avec le Bureau de l'ombudsman des anciens combattants et avec le Bureau de l'ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes?

M. White : Nous sommes en contact avec les deux. Ce n'est pas grâce au Bureau de l'ombudsman qu'a été mis sur pied le projet des sans-abri à Toronto. Il a été créé parce que nous en avions besoin là-bas. Les gens de Toronto se sont penchés sur la question et ont dit : « Il faut faire quelque chose. » Ils ont fait ce qu'il fallait. Nous avons d'excellents rapports avec l'ombudsman des anciens combattants et l'ombudsman des Forces canadiennes. Nous échangeons des renseignements, nous parlons, nous nous mettons d'accord et, parfois, nous sommes aussi en désaccord sur certaines questions. Quoi qu'il en soit, nous parlons de tout ce qui nous préoccupe. M. Parent a fait partie de notre groupe de consultation sur les vétérans. Il a participé à la fin octobre et c'était un plaisir que de le voir là. Il a pu entendre ce que les représentants des 15 ou 17 autres groupes présents avaient à dire. Ce genre de rencontre est excellente pour échanger des informations.

Le sénateur Day : Merci. Je suis heureux d'entendre ça.

Le sénateur Stratton : Je joue au golf avec un ancien combattant américain de la guerre de Corée qui a 80 ans. Combien de ces anciens combattants disparaissent chaque année? Lui, il a 80 ans et il joue encore au golf. Nous avons perdu plusieurs d'entre eux.

Mme Siew : Je ne sais pas combien exactement, mais c'est beaucoup. On m'a dit 15 000 par an.

Le président : D'après une estimation d'Anciens Combattants Canada, il y en a près de 2 000 qui disparaîtraient chaque mois.

Le sénateur Stratton : Cela fait 24 000 par an. Merci.

Le président : Merci. Je vais maintenant mettre un terme à nos travaux en vous adressant une requête pour la suite de notre étude : Il nous faudra les détails de votre programme de transition, sa situation, sa structure et sans doute aussi le rapport que vous avez produit. Il ne nous sera pas possible de convoquer les professeurs, mais nous aimerions connaître tous les détails.

Vous avez aussi parlé de recherche sur les questions de femmes de même que des travaux effectués à l'institut de santé mentale. Si vous avez une liste des autres domaines de recherche qu'il conviendrait d'explorer dans le cas des vétérans, nous aimerions bien la voir. Le MAC a une certaine capacité en matière de recherche, mais il n'est pas aussi spécialisé que vous dans les domaines qui vous intéressent. Je ne vous demande rien de très raffiné, mais quelque chose en format télégraphique.

Je m'étonne que vous n'ayez pas de lien plus étroit avec la U.S. Legion. J'espère que vous pourrez nous dire pourquoi ou alors comment vous envisagez d'en créer. Nous sommes, certes, très proches des Britanniques et des Australiens, mais nous sommes des Nord-Américains et il y a peut-être des choses sur lesquelles nous ne misons pas autant au Canada que nos voisins du Sud. Nous aimerions beaucoup que vous nous donniez un retour à ce sujet.

Cela étant, merci beaucoup pour la clarté et la concision de vos propos. Merci aussi pour les documents que vous nous avez remis. Ils constituent une excellente référence, comme le reste du travail que vous effectuez. Il devrait y avoir une façon d'augmenter non seulement le nombre de vétérans adhérant à la Légion, mais aussi votre niveau de financement. J'espère que des choses comme le véritable amour pour la patrie feront en sorte que les gens n'oublieront pas de vous appuyer dans l'avenir. Merci beaucoup.

Pour conclure, honorables sénateurs, comme vous le savez — je vais lire le texte pour m'assurer que je ne m'égare pas —, le comité a été saisi d'un ordre de renvoi qui lui permet d'étudier les différents services et prestations offerts aux vétérans, ainsi que les autres domaines intéressant les anciens combattants. Depuis la reprise des travaux parlementaires en octobre, le sénateur Plett et moi-même cherchons une façon d'englober ces différents aspects dans notre mandat sous la forme d'une étude focalisée.

Le sénateur Plett a recommandé une étude et, ensemble, avec l'aide de nos analystes, nous avons préparé un nouveau plan de travail. Cette étude s'intitulera : La transition à la vie civile des anciens combattants. Nous sommes encore en train de parler de tout ce qui concerne la famille autour de cette question, c'est-à-dire à partir de ce que dit la Charte des anciens combattants à propos des conjoints et conjointes qui prennent la relève des vétérans ne pouvant être formés dans un autre emploi. Nous n'aurons pas besoin d'un nouvel ordre de renvoi du Sénat et nous allons pouvoir travailler à partir de celui-ci.

Nous jugeons essentiel de nous arrêter sur ces questions au point que nous allons prévoir des ressources l'année prochaine quand nous intégrerons le travail réalisé jusqu'ici grâce à la contribution des commissaires, à celle de la Légion — aujourd'hui —, à l'apport des fonctionnaires que nous avons accueillis la semaine dernière et à celui des représentants du MDN et du MAC qui, eux, viendront nous voir dans deux semaines.

Par la suite, le comité de direction examinera le tout. Nous vous enverrons cela pour recueillir vos commentaires et nous devrions avoir approuvé notre plan d'attaque avant le 14 décembre pour être en mesure de regrouper ce que nous avons fait jusqu'ici et de nous entendre sur une nouvelle liste de témoins au titre de la mise en oeuvre de ce programme qui, je pense, devrait nous occuper durant la plus grande partie de la prochaine session.

Sur ce, merci beaucoup de vous être déplacés. Merci aux témoins pour leurs exposés et leurs réponses.

(La séance est levée.)


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