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AEFA - Comité permanent

Affaires étrangères et commerce international


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le mercredi 8 mai 2024

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui à 16 h 29 (HE), avec vidéoconférence, pour examiner, pour en faire rapport, les intérêts et l’engagement du Canada en Afrique.

Le sénateur Peter Harder (vice-président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le vice-président : Bonjour. Je remercie les témoins de nous avoir attendus pendant que nous étions au Sénat pour voter sur une affaire importante. Toutes mes excuses pour ce contretemps. Avant de commencer, j’inviterais les membres du comité à se présenter.

[Français]

La sénatrice Gerba : Amina Gerba, sénatrice du Québec.

[Traduction]

Le sénateur Ravalia : Mohamed Ravalia, de Terre-Neuve-et-Labrador. Bienvenue.

Le sénateur Woo : Yuen Pau Woo, de la Colombie-Britannique.

La sénatrice Coyle : Mary Coyle, d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse.

La sénatrice M. Deacon : Marty Deacon, de l’Ontario. Bienvenue aux témoins.

La sénatrice Boniface : Gwen Boniface, de l’Ontario.

Le sénateur Richards : David Richards, du Nouveau-Brunswick.

Le vice-président : Je souhaite la bienvenue aux sénateurs, aux témoins et aux personnes qui nous regardent sur SenVu un peu partout au Canada.

Chers collègues, nous nous réunissons aujourd’hui pour poursuivre notre étude spéciale sur les intérêts et l’engagement du Canada en Afrique. Nous avons le plaisir d’accueillir M. Nola Kianza, président-directeur général du Conseil canadien pour l’Afrique, Mme Souad Elmallem, présidente-directrice générale de 6temik, et à titre personnel, M. Hippolyte Fofack, titulaire de la bourse Parker, Réseau de solutions pour le développement durable des Nations unies, Université Columbia.

Merci d’avoir pris le temps de vous joindre à nous aujourd’hui. Nous avons hâte de vous entendre. Nous invitons chaque témoin à prononcer une déclaration liminaire la plus brève possible — mais nous voulons tout de même vous entendre. Nous allons commencer par M. Kianza.

Nola Kianza, président-directeur général (Conseil canadien pour l’Afrique) : Monsieur le vice-président, honorables sénateurs, merci beaucoup de me donner le privilège de témoigner aujourd’hui. Je dis « privilège » parce que nous traitons d’un sujet important, qui attire d’ailleurs l’attention des deux Chambres. Ce sujet est capital parce que le Conseil canadien pour l’Afrique — l’organisme que je représente — a été établi pour accomplir la tâche titanesque de promouvoir le commerce et le développement économique entre le Canada, dont la population est de 40 millions d’habitants, et le continent africain, qui compte 54 pays et une population d’environ 1,2 milliard. Voilà le portrait général.

Nos opérations consistent à entreprendre des missions commerciales en Afrique. Nous accueillons aussi des missions au Canada. Nous organisons des conférences et nous essayons de faire circuler les informations parce que les affaires pour nous consistent essentiellement à acheter et à vendre. Je vous ai décrit en termes simples notre mission.

Pour acheter et vendre, nous avons besoin d’informations. Nous devons savoir qui achète et qui vend. Nous avons compris que l’Afrique est un immense marché qui présente des possibilités énormes pour le Canada. Le continent compte environ 60 % des terres arables et presque 40 % des ressources naturelles mondiales. Comme je viens de le dire, sa population s’élève à 1,2 milliard d’habitants. La signature de l’accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine représente un marché au PIB combiné de presque 2,4 trillions de dollars. C’est un marché immense.

Du côté canadien, nous entretenons une bonne relation avec le continent depuis de nombreuses années. Le Canada possède un savoir-faire et une expertise dans plusieurs secteurs en développement en Afrique. Le Conseil canadien pour l’Afrique a le privilège de conduire des activités et de compter des représentants partout au Canada. En ce moment, mes collègues qui se trouvent en Alberta travaillent avec la province, le fédéral et la Ville de Calgary. Nous avons aussi un comité directeur dans la région.

Je vais vous donner des exemples de notre façon de travailler. Initialement, nous nous concentrions exclusivement sur nos membres, mais aujourd’hui, nous travaillons avec d’autres associations dans le secteur. Le conseil a établi un partenariat avec le Festival international du film de Toronto qui s’est soldé par la mise en place d’un pavillon pour l’Afrique. Nous avons signé un accord avec Fertilisants Canada pour examiner les possibilités dans le secteur agricole. Nous avons noué également des relations avec les collèges et les universités et nous travaillons en partenariat à Calgary. Le conseil a aussi des liens avec les gouvernements du Québec et du Manitoba, et j’en passe. Nous collaborons avec tout le monde partout au Canada.

En raison des contraintes de temps, je vous ai soumis une liste d’événements que nous avons organisés au pays pour faire connaître le Conseil canadien pour l’Afrique.

Vous vous demandez peut-être pourquoi nous devrions nous intéresser à l’Afrique. Je répondrais que ce continent présente un marché non négligeable que nous ne pouvons pas ignorer. Je ne suis pas ici pour faire de la publicité pour l’Afrique. Je suis ici pour défendre les intérêts des entreprises canadiennes parce que je suis convaincu que le Canada a beaucoup à offrir. Nous avons les technologies, le savoir-faire et l’expertise. L’économie canadienne repose sur les petites et moyennes entreprises. Comme les petites entreprises sont des moteurs économiques au pays, le Canada est bien placé pour comprendre comment faire des affaires en Afrique. Il est en mesure de traiter plus facilement avec ce continent.

La situation dans laquelle nous nous trouvons au Canada découle la plupart du temps de l’attention que nous avons portée au développement. Nous avons brillé dans cette filière, mais nous accusons du retard dans le secteur du développement économique.

Je ne suis pas ici pour dire que le bilan du Canada est nul. Nous avons accompli plusieurs choses. Les investissements commerciaux connaissent une légère augmentation. Nous avons quelque 16 ambassades sur le continent, mais nous pouvons faire bien mieux.

Nous pouvons réaliser un certain nombre de choses. Pourquoi, alors, n’avançons-nous pas? À mon avis, c’est une question d’attitude. Nous avons consacré trop d’efforts au développement, si bien qu’aujourd’hui, nous devons diriger ces efforts vers le commerce. Il faut adopter une philosophie qui nous amène à étudier les possibilités en Afrique. Aucune politique en ce sens n’a été mise en place parce que nous sommes encore animés par la volonté d’aider. Pourtant, les pays d’Afrique nous ont dit clairement qu’ils n’avaient pas besoin d’aide. Ils veulent développer leur propre économie. Ils souhaitent que le Canada leur montre comment y arriver. Voilà essentiellement le point de vue que je veux véhiculer aujourd’hui.

La seule chose que nous devons considérer est de délaisser les déclarations — je devine que c’est là que réside en grande partie le problème. En fait, lorsque les décisions sont prises...

Le vice-président : Je dois vous interrompre. Je vous ai accordé plus de cinq minutes. Je veux que nous entendions tous les témoins et que nous ayons également du temps pour les questions. Je suis certain que vous pourrez traiter des autres points que vous vouliez soulever lorsque vous répondrez aux questions.

[Français]

Souad Elmallem, présidente-directrice générale, 6temik : Monsieur le président, honorables sénateurs, je vous remercie infiniment de cette précieuse occasion de m’exprimer devant vous sur les relations Canada-Afrique.

Je suis Souad Elmallem, présidente fondatrice de 6temik, une entreprise canadienne qui œuvre à l’internationalisation des entreprises manufacturières et de services en les déployant dans d’autres pays, particulièrement en Afrique, de trois manières différentes : la capacité manufacturière compétitive, la capacité optimale d’accès aux marchés internationaux et des équipes satellites agiles, qui assurent un accès à distance à des équipes de professionnels performants.

Ces expertises particulières sont nées de mon expérience de déploiement d’une usine de Bombardier aéronautique au Maroc, et ce, de la vision jusqu’à la livraison et à la construction finale. Cette réalisation en terre africaine m’a valu une reconnaissance chère à mon cœur, celle du Wissam du Grand mérite national, des mains du souverain du Maroc, le roi Mohammed VI.

Je suis également présidente de l’Union des actions pour l’Afrique (UAA), une organisation canadienne établie par la diaspora africaine en 2021. Notre mission est d’unifier les actions et de les structurer en créant des projets à fort impact, alignés avec les 17 objectifs de développement durable des Nations unies. Les membres fondateurs de l’UAA, d’origine africaine, qui sont pour la plupart des Canadiens, cumulent 180 années d’expérience. Nous agissons concrètement, efficacement et avec impact, comme en témoigne notre contribution au grand projet africain de la Grande muraille verte.

Un de mes autres chapeaux pertinents est la gouvernance, puisque je suis administratrice de sociétés certifiées, que je siège à des conseils d’administration d’importance et que j’en préside certains.

Je suis fermement convaincue que le Canada doit s’engager dans une nouvelle logique de partenariat d’affaires pragmatique et mutuellement bénéfique, basée sur une posture gagnant-gagnant. L’aide traditionnelle doit évoluer vers des investissements stratégiques qui servent les intérêts à long terme du Canada et des pays africains.

Dans le contexte d’une collaboration fructueuse entre l’Afrique et le Canada, il est essentiel de dessiner les contours d’un partenariat solide, axé sur le développement économique et sur des projets à fort impact. Les secteurs créateurs de valeurs et d’emplois sont au cœur de cette démarche.

Je voudrais proposer les quatre axes majeurs suivants pour concrétiser réellement cette vision.

On parle d’un conseil canadien de la diaspora africaine inspiré du modèle américain. Ce conseil aurait pour mission de bâtir la feuille de route des partenariats avec chacun des pays africains, d’en définir les paramètres et d’en accélérer l’implantation, tout en renforçant une diplomatie économique solide et légitime.

Le deuxième point est une banque de projets. Comme première phase, on pourrait développer une initiative qui viserait à identifier et à développer au moins 54 projets structurants à fort impact pour chaque pays africain en adéquation avec leurs réalités spécifiques. Cette banque devrait être nourrie au fur et à mesure et évoluer de façon harmonieuse avec les résultats et les réalités locales.

Un fonds d’investissement canado-africain, avec une mission claire et un plan audacieux, serait un catalyseur pour mettre en branle cette banque de projets.

Le quatrième point, ce serait d’établir des centres de formation et d’innovation afin de transférer le savoir-faire pour former une main-d’œuvre qualifiée et encourager l’autonomisation au moyen de solutions locales. Ces centres favoriseraient l’éducation, la formation professionnelle, la recherche et le développement technologique, ce qui permettrait au Canada d’être socialement responsable dans sa façon d’accéder aux ressources humaines africaines, sans pour autant saigner le continent de ses talents.

Pour que ce partenariat soit couronné de succès, il est impératif de faire converger les intérêts de plusieurs acteurs, dont l’État canadien et les États africains, les secteurs privés canadiens et africains, les institutions financières et la diaspora africaine au Canada.

Ensemble, nous pouvons vraiment créer un avenir prospère pour l’Afrique et le Canada, où l’Afrique pourrait se positionner non seulement comme un marché et un puits de ressources naturelles et humaines, mais surtout comme un contributeur majeur à la création de richesses mondiales.

Je vous remercie de votre attention. Je serai heureuse de répondre à vos questions.

Le vice-président : Merci beaucoup, madame Elmallem. Nous passons maintenant à M. Fofack.

[Traduction]

Hippolyte Fofack, titulaire de la bourse Parker, Réseau de solutions pour le développement durable des Nations unies, Université Columbia, à titre personnel : Monsieur le président et mesdames et messieurs les sénateurs, je vous remercie de me donner l’occasion de vous faire part de mon point de vue concernant l’engagement à venir entre le Canada et l’Afrique.

Je suis favorable au fait que l’accent est mis sur la gouvernance, le commerce et l’investissement, ainsi que sur la paix et la sécurité. Ces thèmes sont interdépendants et pourraient se renforcer mutuellement dans le cadre de la promotion du développement et d’un partenariat plus solide entre l’Afrique et le Canada.

Les investissements qui accroissent la prospérité et renforcent le pouvoir d’achat des ménages africains stimuleront les échanges commerciaux entre l’Afrique et le Canada, qui restent lamentablement faibles, puisqu’ils représentent moins de 1 % des échanges commerciaux africains. Voilà pourquoi, selon moi, le fait de soutenir la croissance des industries manufacturières africaines afin d’offrir aux travailleurs la possibilité de gravir les échelons économiques ouvre la voie vers un partenariat gagnant-gagnant avec le Canada, à la veille d’un nouvel engagement.

Quelles interventions devrions-nous privilégier pour atteindre ce noble objectif?

Je me concentrerai sur quatre domaines clés : l’investissement dans l’industrie manufacturière, l’éducation, les infrastructures et la réforme du système financier international, je crois.

En ce qui concerne le premier domaine, les flux d’investissements directs étrangers, ou IDE, du Canada vers l’Afrique ont été très faibles et orientés vers des produits de base liés aux ressources naturelles. Il est essentiel de les stimuler et de modifier leur composition, en particulier dans un monde hautement intégré où la mondialisation des chaînes de valeur a renforcé l’interconnexion entre les IDE et le commerce.

Ces investissements assureront également un rendement élevé, en particulier lorsque les entreprises canadiennes tireront parti des gains de compétitivité et de productivité associés à l’Accord de libre-échange continental africain, ou ALECAf. Parallèlement, dans un monde où les tensions géopolitiques s’intensifient, ils permettront de réduire notre exposition aux fortes concentrations des chaînes d’approvisionnement mondiales.

En ce qui concerne le développement des infrastructures, il est également essentiel de remédier au déficit chronique de l’Afrique en matière d’infrastructures, qui est devenu un obstacle majeur à sa croissance. On estime que les lacunes dans le secteur de l’électricité seulement absorbent chaque année entre 2 et 4 % du PIB des pays africains.

Le grand barrage d’Inga est un exemple de projet d’infrastructure convaincant dans le secteur de l’électricité, un projet pour lequel le Canada possède, selon nous, les compétences et l’expérience nécessaires et dans le cadre duquel il pourrait aider énormément l’Afrique. Nous songeons à la participation d’Hydro-Québec à un tel projet, dont la réalisation changerait la donne sur le continent en ce qui concerne la production d’énergie propre et peu coûteuse à l’ère du changement climatique. Il est intéressant de noter que nous estimons que le grand barrage d’Inga favoriserait également la paix et la sécurité — chères à votre comité — dans la région. Par conséquent, nous considérons que le projet serait non seulement profitable d’un point de vue économique, mais aussi bénéfique d’un point de vue géopolitique.

Sur le plan du développement du capital humain, l’éducation est également un domaine que nous devons faire progresser pour obtenir non seulement un rendement socioéconomique élevé, mais aussi pour créer les conditions qui permettront au nouveau partenariat entre le Canada et l’Afrique de fonctionner comme prévu.

Cela supposerait de mettre en place sur le continent africain des institutions de classe mondiale afin qu’elles puissent diriger le processus de transition verte vers un développement économique des industries manufacturières et des régions, qui s’appuieraient en fait sur des chaînes de valeur nationales plus vertes pour relier les industries africaines et les industries canadiennes.

C’est un domaine dans lequel le Canada a réalisé de nombreux projets dans le passé. Je suis le produit d’une éducation canadienne; j’ai fréquenté le lycée polyvalent de Bonabéri au Cameroun. C’était la meilleure école du pays à l’époque.

Lorsque je repense à mes années là-bas, je crois que c’est la seule chose dont je me souvienne en matière de développement. Franchement, cette réussite pourrait inspirer le Canada à prendre encore plus de mesures dans le domaine de l’enseignement supérieur, où nous avons besoin des compétences appropriées à un point critique.

Le prochain domaine prioritaire que je dois mentionner est la réforme du système financier international. Cette réforme est essentielle, et elle est devenue l’alpha et l’oméga des obstacles au développement du continent.

Nous pensons au taux d’emprunt par défaut qui étouffe la croissance dans la plupart des pays africains. Il s’élève à 12 % — c’est donc un taux d’intérêt à deux chiffres. À l’heure actuelle, nous nous plaignons que les taux d’intérêt imposés sont devenus problématiques parce que leur rendement sur 10 ans est de 4,5 %, alors qu’il est de 12 % pour les pays africains.

Nous devons réformer ce système, et le Canada peut être le champion de cette réforme auprès des pays du G7 en les sensibilisant à la nécessité de créer les conditions propices à un accès équitable à des règles de financement justes.

Le Canada peut également jouer un rôle clé en veillant à ce que les droits de tirage spéciaux, ou DTS, inutilisés soient réaffectés en vue d’accroître le financement concessionnel en faveur de l’Afrique. Je vous remercie de votre attention.

Le vice-président : Je vous remercie, monsieur Fofack. Je vous suis reconnaissant d’avoir synthétisé vos observations.

Chers collègues, avant de passer aux séries de questions, je voudrais attirer votre attention sur les conseils à suivre concernant les oreillettes. Lorsque vous n’utilisez pas votre oreillette, veuillez la placer face vers le bas au milieu de l’autocollant rond que vous voyez devant vous sur la table, à l’endroit indiqué. Veillez à vous asseoir de manière à augmenter la distance entre les microphones. Les participants ne doivent brancher leurs oreillettes que dans la console microphonique située directement devant eux.

Nous disposons d’environ 25 minutes. Au lieu des quatre minutes prévues pour chaque intervention, je vous accorderai trois minutes. Vous n’aimerez pas mon comportement, car je ferai respecter ces temps de parole.

La sénatrice M. Deacon : Je vous remercie tous d’être présents. Nous utiliserons le temps qui nous est imparti du mieux que nous pouvons, et je vous en remercie.

La question que je vous pose, monsieur Fofack, porte sur l’avenir du commerce international en Afrique — peut-être dans une perspective particulière.

Comment voyez-vous ce commerce évoluer au cours de la prochaine décennie? Par exemple, à quel moment, au cours de cette période, pensez-vous que des pays comme la République démocratique du Congo, ou RDC, extrairont du lithium brut pour produire des batteries destinées à l’exportation, et quels sont les obstacles à cette évolution? Comment l’aide canadienne au développement pourrait-elle favoriser cette prochaine étape, par exemple?

M. Fofack : Je vous remercie de cette excellente question, sénatrice. Je voudrais souligner que la première partie de votre question et l’un des problèmes clés dont nous devons rapidement nous débarrasser, c’est ce que j’appelle le caractère délicat de l’extraction des ressources liée au développement colonial. C’est un aspect très délicat dont nous devons nous éloigner en prenant consciemment des mesures en ce sens.

Ce commerce est délicat en raison de ses dimensions historiques, mais aussi de la manière dont les chaînes d’approvisionnement ont été configurées. À l’ère du changement climatique, il est logique de faire exactement ce que vous proposez au lieu d’exporter du lithium brut afin d’importer par la suite des voitures électriques, ce qui accroît l’empreinte carbone de l’industrie du transport maritime. Il serait plus judicieux de fabriquer cette batterie au lithium près des sources de lithium, c’est-à-dire localement.

Il existe actuellement un projet que je peux citer en exemple, dans le cadre duquel la Banque africaine d’import-export a réuni la RDC et la Zambie, qui sont des pays producteurs de lithium. Nous créons en ce moment une zone économique spéciale à l’intersection de ces deux pays afin de créer les conditions nécessaires en matière de disponibilité énergétique, d’infrastructures et de logistique pour fabriquer ces produits localement.

L’accès à des compétences internationales dans le domaine de l’ingénierie et des technologies vertes pourrait jouer un rôle de catalyseur important. Si des partenaires canadiens faisaient effectivement partie de cette zone économique spéciale, ils pourraient apporter leurs technologies et leur savoir-faire, et le lien vers l’accès à la demande canadienne pourrait être une incitation majeure à l’établissement de ce partenariat.

La sénatrice M. Deacon : Je vous remercie de votre réponse.

Je cherche à savoir comment le Canada peut aider le secteur privé à se diversifier en tirant parti des connaissances croissantes au lieu d’extraire des ressources, mais je vais mettre cette question en attente pour le moment.

[Français]

La sénatrice Gerba : Bienvenue à nos témoins.

[Traduction]

Je dois dire que je suis très heureuse de vous voir ici.

[Français]

Je vais poser ma première question. J’ai des questions pour vous tous, mais je n’aurai pas le temps. J’aimerais poser une question rapidement à Mme Elmallem et à M. Fofack.

Madame Elmallem, vous avez parlé de 54 projets structurants et à fort potentiel. Vous dites que cela pourrait se produire dans 54 pays, mais quels sont vos arguments pour avoir 54 projets dans 54 pays, plutôt qu’avoir un modèle qui se concentrerait sur des locomotives qui pourraient entraîner les voisins dans la croissance et le développement? C’est ma première question.

Deuxièmement, essayez de nous expliquer en quoi le Canada pourrait aider à accompagner ces projets structurants. Nous sommes des législateurs, et nous voulons transmettre le message et faire des recommandations pratiques et concrètes au gouvernement du Canada.

Mme Elmallem : Merci pour votre question, sénatrice.

Pour la première question sur les 54 projets par 54 pays, l’image est importante. Chaque fois qu’on parle de l’Afrique, on en parle comme si c’était un pays, comme si c’était une unité. L’Afrique, c’est 54 pays avec 54 réalités différentes, des complexités différentes, des cultures différentes... Je pourrais continuer comme cela longtemps.

L’idée, c’est qu’il y ait une possibilité de créer des projets structurants pour établir des relations diplomatiques avec chaque pays, parce que je pense que le Canada a besoin d’améliorer ses relations diplomatiques avec chacun des pays. L’un n’empêche pas l’autre. La stratégie de locomotive est importante et c’est un élément qui doit continuer d’être utilisé et mis de l’avant. Il faut une stratégie en parallèle, où l’on touche un maximum de pays et où l’on crée des projets qui sont liés et adaptés aux réalités de chaque pays. Cela permettra d’améliorer nos relations avec les pays africains, de toucher chaque pays et d’avoir une feuille de route réelle, avec des projets réels, basés sur des choses dont ces pays ont besoin, mais pas dans un format d’aide.

En tant que femme d’affaires, quand je pense à l’Afrique, je pense aux affaires, pas à l’aide. Je veux une feuille de route de projets et je souhaite que nous travaillions avec l’Afrique. Il ne s’agit pas seulement de développer le continent, mais de se développer ensemble. On a besoin du continent et le continent a besoin de nous. Il faut s’assurer de travailler sur de bons projets qui sont « gagnant-gagnant » pour le Canada et pour les États africains.

Le vice-président : Merci.

[Traduction]

La sénatrice Coyle : Je remercie toutes nos merveilleuses personnes-ressources. Vous êtes tous sur la même longueur d’onde, et vous recherchez des solutions gagnant-gagnant pour le Canada et l’Afrique, mais dirigées par l’Afrique, qui mettent l’accent sur les aspects économiques du commerce, des investissements, du financement équitable et de toutes les autres idées que vous avez mentionnées.

Deux ou trois d’entre vous ont parlé de l’économie verte et des débouchés qu’elle représente pour le Canada et ses partenaires africains. J’aimerais entendre quiconque voudrait parler de ce à quoi pourraient ressembler ces partenariats en matière d’économie verte. Un autre thème que je vous ai entendu mentionner est celui de l’éducation et du développement des capacités.

J’aimerais entendre quiconque souhaite s’exprimer sur le potentiel de l’économie verte en matière de partenariats, sur la forme et les exigences de ces partenariats et, d’autre part, sur l’éducation et le développement des capacités.

M. Kianza : Je peux commencer. Notre organisation existe depuis 24 ans. J’ai vu le nombre d’initiatives qui ont été prises. Nous parlons du Fonds pour l’Afrique. Nous parlons de FinDev. J’ai participé à toutes ces réunions. Ce dont les entreprises ont besoin, c’est d’un environnement qui leur permette d’entrer en contact avec le monde des affaires.

Je pense que le gouvernement peut contribuer à faire évoluer les mentalités, car ce qui manque à l’heure actuelle, c’est une information suffisante. Il est difficile de réglementer des entreprises. On ne peut pas leur dire de faire ceci ou cela. Les entreprises savent ce qu’elles peuvent faire avec leurs investissements. Lorsqu’il s’agit d’un partenariat dans le domaine de l’énergie verte, les entreprises veulent d’abord obtenir davantage de renseignements de la part de l’Afrique, et c’est ce qui manque. Avec seulement 20 ambassades et aucune ressource sur le terrain, il est impossible d’obtenir ces informations. J’estime donc que...

La sénatrice Coyle : Donc le Canada doit être présent sur le terrain.

M. Kianza : Le Canada doit être sur le terrain, car nous avons besoin de plus amples renseignements.

M. Fofack : Sénatrice, je vous remercie de vos questions. J’ai examiné les données récemment, et j’ai constaté qu’en ce qui concerne l’hydrogène vert, l’Afrique possède en fait la plus grande capacité sur la planète. Il en va de même pour l’énergie éolienne, l’énergie solaire et même les minéraux verts. Et j’ai mentionné l’hydroélectricité tout à l’heure. Très franchement, l’une des principales contraintes de ce partenariat entre l’Afrique et le Canada sera le secteur de l’électricité, et la nécessité de disposer de suffisamment d’électricité pour éviter les coupures de courant par rotation et soutenir la croissance de la production et de la productivité des entreprises canadiennes et de celles qui s’installent sur le continent.

Sénatrice, je suis heureux que vous ayez regroupé les transitions vertes et l’éducation, car nous avons besoin d’ingénieurs qualifiés dans le secteur de l’énergie et dans le domaine de l’ingénierie chimique pour pouvoir fournir cette capacité.

Le sénateur Ravalia : Je vous remercie tous encore une fois de votre présence. J’adresse ma question à M. Fofack. Selon vous, quels enseignements le Canada peut-il tirer des stratégies d’engagement des pays BRICS en Afrique? Comment ces enseignements pourraient-ils éclairer l’approche que le Canada a adoptée pour favoriser la croissance économique et la stabilité sur le continent?

M. Fofack : Je vous remercie de votre question, sénateur Ravalia. Je pense qu’il est très important d’examiner ce qui s’est passé dans le monde entier et de mettre les pays BRICS en perspective. Le fait que l’approche des pays BRICS ait été très inclusive et qu’elle n’ait pas été limitée par le stade de développement a été un facteur déterminant. La Chine et l’Afrique du Sud sont assises à la même table. Je pense que cette approche très inclusive, qui consiste à rechercher ce qui peut être mis en commun pour renforcer la croissance mutuelle du groupe, est un aspect important.

Je crois également que l’expansion des pays BRICS créera les conditions nécessaires pour que le monde évolue vers ce que nous appelons des règlements en monnaie locale. Cela améliorera en fait les perspectives de croissance en raison de l’augmentation des échanges entre ces pays, et c’est une évolution que nous devrions attendre avec impatience, en partie parce que cette régionalisation des monnaies de réserve créera les conditions nécessaires pour réduire les restrictions institutionnelles associées au nombre limité d’actifs sans risque. C’est là un aspect très important.

En ce qui concerne les entreprises canadiennes, l’un des aspects que nous n’avons pas abordés — en nous projetant dans les 10, 15 ou 20 prochaines années —, c’est le fait que nous devons tenir compte de la question de la démographie, qui revêtira une grande importance dans les 15 ou 20 prochaines années. Dans les pays où les taux de fécondité seront inférieurs au point de basculement démographique de 2,1 naissances par femme, l’Afrique représentera le marché de l’avenir. C’est là une autre raison pour laquelle nous devrions mettre l’accent sur l’Afrique et le partenariat Canada-Afrique.

Le sénateur Woo : Je me demande si M. Kianza ou Mme Elmallem peuvent nous dire ce qu’ils pensent du rôle des investisseurs institutionnels canadiens en Afrique. Je parle des fonds de pension, des gestionnaires d’actifs et des grands gestionnaires de fonds dont les portefeuilles sont déjà très internationaux et comptent des actifs ou des fonds en Asie et en Amérique latine. L’Afrique est-elle sur leurs écrans radars et, si elle ne l’est pas, pourquoi pas?

[Français]

Mme Elmallem : Je vous remercie de la question.

[Traduction]

Le « pourquoi » de votre question est une excellente question.

[Français]

Comme je mentionnais plus tôt, il est important de faire converger les États, les institutions et les institutions financières. Le chantier est énorme, les enjeux sont énormes, mais ce sont surtout les occasions qui sont énormes. Si on adopte ce point de vue, l’idée est de s’assurer d’avoir des gens autour de la table pour livrer des projets intéressants pour le Canada et l’Afrique.

Actuellement, ce qui manque, c’est un changement de position. On est dans une position d’aide, mais pas d’égal à égal. L’Afrique et les Africains ont besoin qu’on soit d’égal à égal, parce qu’il y a de très belles choses qui se passent en Afrique. Ce qu’on aimerait, en tant que Canadiens, c’est d’accélérer les belles choses qui se passent en Afrique et d’optimiser notre présence en Afrique. Il ne faut surtout pas rater le train. Certains font mieux que nous aujourd’hui.

Actuellement, ces fonds ne sont pas assez présents, car ils ont besoin de mesures incitatives. M. Kianza l’a mentionné plus tôt, il y a une méconnaissance de ce qui se passe en Afrique. Si on en savait plus, on serait sans doute plus intéressé. Le gouvernement du Canada doit s’assurer de faciliter l’accès à l’information et surtout l’accès aux bons partenaires, et de travailler sur de vrais projets pertinents pour le Canada et pour l’Afrique.

[Traduction]

Le sénateur Woo : Savez-vous si l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, ou la Caisse de dépôt et placement du Québec, ou les enseignants, ou le British Columbia Council for International Cooperation, ou l’un des grands fonds, Brookfield...

Mme Elmallem : S’ils font quelque chose, c’est par accident, et je parle en ce moment de mesures prises sciemment.

M. Fofack : Sénateur Woo, la réponse brève et claire à votre question est qu’ils ne sont pas présents en Afrique. Ils ne le sont pas parce que ces fonds de pension et ces investisseurs ne traitent qu’avec des institutions ayant une cote AAA ou une cote de première qualité. Et cette question nous renvoie à la réforme de l’architecture financière, qui a conduit les agences de notation à classer la plupart des entités africaines dans la catégorie spéculative — de qualité inférieure —, voire dans la catégorie de risque élevé. Si nous ne réformons pas cette architecture, il sera très difficile d’inciter les investisseurs à s’intéresser à ces entités.

Le sénateur Richards : Je vous remercie de votre présence, et j’espère que tout cela va s’arranger.

J’ai une question à vous poser concernant l’incidence que le manque de sécurité en Afrique a sur les investissements étrangers. Il y a en moyenne 463 meurtres par semaine rien qu’en Afrique du Sud.

Une crise aux dimensions politiques et religieuses sévit du Nigéria au Cameroun, en passant par l’Éthiopie et bien d’autres endroits.

Comment pouvons-nous contribuer à atténuer ce phénomène afin que nous puissions nous respecter mutuellement et que chacun d’entre nous puisse bénéficier d’avantages?

Mme Elmallem : Je dirais qu’il y a des problèmes partout dans le monde.

Le sénateur Richards : J’en suis conscient, mais je parle de l’Afrique en ce moment.

Mme Elmallem : Oui, mais le problème est le suivant : pouvons-nous nous concentrer sur les secteurs qui vont bien, nous employer à faire fructifier ces secteurs et à atténuer les risques? Nous pouvons atténuer les risques; je suis d’accord avec vous à ce sujet. Il y a une façon de le faire. Des efforts sont déployés à cet égard.

Nous devons consacrer l’énergie nécessaire pour que cela se produise. Cela ne se produira pas si nous ne considérons pas cela comme une priorité absolue. Nous devons nous assurer que nous déployons tous les efforts nécessaires pour que quelque chose se produise. Le gouvernement doit le faire. C’est la seule façon de faire les choses différemment.

[Français]

Avant cela, on faisait les choses d’une certaine façon.

[Traduction]

Si la recette est la même, le résultat sera le même.

[Français]

On doit changer notre façon de faire les choses. Si on a un cadre à l’intérieur duquel on peut travailler, on peut développer des initiatives réelles et on n’a qu’à collaborer avec tous les gens autour, malgré tous les risques qui existent dans une région, un projet ou un pays. Je crois fermement que si on veut... Ce ne sera pas facile, mais c’est faisable. C’est une question d’efforts.

[Traduction]

M. Fofack : Merci, sénateur, de cette question.

En fait, votre comité a effectué un travail fantastique en faisant de la paix et de la sécurité l’un de ses principaux points d’intérêt. Il est difficile de catalyser les flux d’investissement direct étranger à l’intérieur du continent.

Si nous devons résoudre ce problème et adopter un point de vue à court et à long terme à cet égard, c’est notamment parce qu’un point de vue à long terme pour les investissements à court terme créera les conditions nécessaires pour réduire les risques de sécurité, alors que les gens doivent choisir entre risquer leur vie en traversant la Méditerranée et s’engager dans une entreprise qui peut s’avérer risquée.

À long terme, c’est à l’éducation qu’il faut penser. Investir dans ce domaine créera une condition porteuse de meilleures occasions.

La mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine est une mesure bénéfique qui améliorera les choses. Pour vous rassurer, sénateur, j’aimerais citer le Financial Times, qui a affirmé que les perceptions de l’Afrique ne cadrent plus avec la réalité, qui s’améliore. En dépit de ces problèmes, les perspectives sont fort intéressantes.

Le sénateur Richards : Je pose cette question dans l’intérêt de l’Afrique, et non du Canada. Je tiens à le préciser.

La sénatrice Boniface : Je remercie les témoins de comparaître.

Monsieur Fofack, vous avez évoqué la gouvernance dans votre allocution. Si je me trompe, veuillez me l’indiquer.

Pouvez-vous m’en dire plus sur ce que le Canada peut faire au chapitre de l’aide à la gouvernance?

M. Fofack : La gouvernance est un problème. Elle devient un problème majeur et un défi mondial.

Sur le plan de la gouvernance, à court terme, il y a la question de la fiscalité et de l’évasion et de l’évitement fiscaux, et nous n’avons pas pu converger en ce qui concerne l’imposition mondiale pour tenir les multinationales plus responsables et élargir l’espace fiscal. C’est un dossier que le Canada peut diriger au sein du G7 et dans lequel l’Afrique est orpheline depuis longtemps. C’est une facette de la question.

L’autre facette, c’est que pendant mon mandat à la Banque mondiale, j’ai dirigé un projet sur les flux financiers illicites sortant du continent, et j’ai été stupéfait de voir qu’on estimait la saignée à près de 2 billions de dollars américains, ces sorties illicites nuisant évidemment à l’investissement. Je pense que le Canada pourrait aussi aider à cet égard, notamment en tenant les banques suisses davantage responsables et en veillant à ce que ces ressources demeurent sur le continent.

Il y a aussi la gouvernance politique, bien entendu. Il est plutôt compliqué de veiller à ce que des élites compétentes soient en poste dans ces pays, mais c’est un point auquel nous devrions réfléchir. À long terme, la ratification nous garantira d’avoir des dirigeants responsables.

La sénatrice Boniface : Vous avez parlé de la Banque mondiale. Selon l’un de ses rapports, la zone de libre-échange continentale africaine devrait faire gonfler l’économie africaine de 450 milliards de dollars d’ici 2035, ce qui pourrait sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté. Pourriez-vous me donner une idée de ce que vous pensez de ces estimations?

M. Fofack : Merci, sénatrice. Je suis entièrement d’accord avec ces estimations. Il y a toutefois un grand « si ». Il y en a deux, en fait. Je pense que le premier, c’est si — en plus d’éliminer les tarifs — nous pouvons nous attaquer aux obstacles non tarifaires, notamment au chapitre des infrastructures.

Le deuxième « si », c’est qu’il n’est pas nécessaire d’imposer les règles d’origine si nous n’avons pas assez de pouvoir pour fabriquer les biens dont nous avons besoin. Ces chiffres sont exacts dans ces deux conditions : il faut s’occuper des obstacles non tarifaires liés aux infrastructures, mais aussi adopter des règles d’origine qui fonctionnent.

La sénatrice Gerba : Ma question s’adresse à M. Fofack, mais vous pouvez tous y répondre.

[Français]

Vous avez mentionné à juste titre que le flux d’investissement direct étranger (IDE) vers l’Afrique à partir du Canada est très faible et fortement orienté vers les matières premières. Depuis longtemps, on observe que les entreprises canadiennes ne se projettent pas suffisamment sur le continent africain, en dépit des immenses occasions dont vous avez tous parlé. Selon vous, que devrait faire le Canada pour mieux accompagner ces entreprises sur le continent africain? Auriez-vous des recommandations pour Exportation et développement Canada (EDC), qui est un autre outil d’accompagnement des entreprises, entre autres? Aussi, de quelle manière d’autres pays qui accompagnent leurs entreprises sur le continent agissent-ils pour que ces entreprises réussissent en Afrique?

[Traduction]

M. Fofack : Merci beaucoup, sénatrice Gerba, de cette importante question.

Il est, en effet, essentiel d’agir à cet égard. Lorsque j’étais économiste en chef à la Banque africaine d’exportation et d’importation, nous avions une relation de travail étroite avec la Banque indienne d’exportation et d’importation, la Banque allemande de développement et l’Agence française de développement, ce qui nous a permis d’aider les entreprises indiennes et allemandes à exporter des biens et services vers le continent africain, mais aussi de soutenir le flux d’investissement. La création de conditions permettant à Exportation et développement Canada de travailler avec les banques régionales serait un excellent point de départ.

Il importerait également d’offrir des garanties et une assurance comme première étape pour permettre aux sociétés canadiennes de prendre le risque initial, qu’il soit commercial, politique ou autre. Cependant, les entreprises finiront par se rendre compte qu’en fait, vous n’encaisserez jamais cette garantie parce que cette prime de perception est en fait beaucoup plus élevée que le risque sur le terrain. Voilà quelques options qui pourraient être envisagées. Merci.

Le vice-président : Honorables collègues, je tiens à remercier nos témoins en votre nom. Encore une fois, je m’excuse de la nature condensée de cette conversation.

Vous nous avez donné beaucoup de matière en vue d’un examen plus approfondi.

S’il y a des éléments que vous n’avez pas pu nous communiquer directement, veuillez nous fournir des renseignements ou des références supplémentaires par l’intermédiaire de la greffière. Honorables sénateurs, nous reprendrons nos travaux demain à l’heure habituelle.

Nous recevons un excellent groupe de témoins en cette occasion également. Comme la réunion a lieu avant que le Sénat se réunisse, l’horaire sera plus prévisible.

(La séance est levée.)

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