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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’AGRICULTURE ET DES FORÊTS

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le mardi 16 avril 2024

Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 18 h 28 (HE), avec vidéoconférence, pour examiner des questions relatives à l’agriculture et aux forêts en général, et en faire rapport.

Le sénateur Robert Black (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bonsoir. Je vous remercie de vous être joints à nous. J’aimerais d’abord souhaiter la bienvenue à chacun d’entre vous, ainsi qu’à nos témoins, à la réunion de ce soir. Je m’appelle Rob Black, sénateur de l’Ontario, et je préside le comité.

Avant d’entendre les témoins, j’aimerais demander à mes collègues autour de la table de se présenter, en commençant par notre vice-présidente.

La sénatrice Simons : Bonsoir. Je suis la sénatrice Paula Simons, de l’Alberta. Je viens du territoire du Traité no 6.

Le sénateur McNair : Bonsoir. Je m’appelle John McNair. Je viens de la province du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Klyne : Bonsoir et bienvenue. Je m’appelle Marty Klyne, sénateur de la Saskatchewan, du territoire du Traité no 4.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Bonjour. Chantal Petitclerc, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Burey : Bonsoir et bienvenue. Sharon Burey, sénatrice de l’Ontario.

Le sénateur Oh : Victor Oh, sénateur de l’Ontario.

Le président : Merci. Aujourd’hui, nous tenons notre première réunion sur une nouvelle étude dont le sujet est le problème croissant des feux de forêt au Canada et les effets qu’ils ont sur les industries forestières et agricoles. Nous menons cette étude conformément à notre ordre de renvoi général, qui nous autorise à le faire. Nous cherchons, néanmoins, à obtenir un ordre de renvoi précis pour cette étude.

Nous souhaitons la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons les représentants d’Agriculture et Agroalimentaire Canada : Mme Nathalie Gour, directrice générale à la Direction des opérations régionales et gestion des urgences; et M. Francesco Del Bianco, directeur général à la Direction des programmes de gestion des risques de l’entreprise. Nous recevons également le représentant de Ressources naturelles Canada : M. Glenn Hargrove, sous-ministre adjoint au Service canadien des forêts. Et nous sommes heureux de recevoir de nouveau la représentante de Sécurité publique Canada : Mme Kenza El Bied, directrice générale à la Direction générale des politiques et de la sensibilisation. Je suis heureux de vous accueillir tous ici ce soir.

Nous commencerons par les témoins d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui seront suivis de ceux de Ressources naturelles Canada et de Sécurité publique Canada.

Chacun disposera de cinq minutes pour faire son exposé. Je vous ferai signe lorsque votre temps de parole touchera à sa fin. Lorsqu’il restera une minute, je lèverai la main. Lorsque votre temps sera écoulé, je lèverai les deux mains et vous devrez conclure.

La parole est à vous, madame Gour.

[Français]

Nathalie Gour, directrice générale, Direction des opérations régionales et gestion des urgences, Agriculture et Agroalimentaire Canada : Merci, monsieur le président. À titre de représentante d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), je suis ravie d’être parmi vous aujourd’hui pour parler des problèmes liés aux feux de forêt et de leurs répercussions sur les industries agricole et forestière partout au Canada.

Les répercussions des feux de forêt de l’an dernier sur les producteurs agricoles n’ont pas été les mêmes d’un bout à l’autre du pays.

[Traduction]

Dans les Territoires du Nord-Ouest, environ 5 000 volailles ont été perdues en raison de l’épaisse fumée. En Colombie-Britannique, environ 1 000 têtes de bétail ont été perdues. En outre, des milliers d’animaux d’élevage ont été temporairement déplacés vers des établissements de vente aux enchères et des terrains de foire agricole, loin des incendies.

Dans certaines régions du centre du Canada, des clôtures et des pâturages ont également été détruits par des feux de forêt, ce qui a exacerbé davantage les pénuries de foin causées par une sécheresse excessive.

[Français]

Pour ce qui est de l’avenir, la saison des feux de forêt de 2024 pourrait s’avérer difficile pour le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

[Traduction]

Selon le rapport de l’Outil de surveillance des sécheresses au Canada du ministère, à la fin du mois de mars, 82 % du paysage agricole du pays était touché par un temps anormalement sec ou des conditions de sécheresse modérée à exceptionnelle.

En prévision de la prochaine saison des feux de forêt, Agriculture et Agroalimentaire Canada, ou AAC, a pris plusieurs mesures afin de renforcer ses capacités de préparation et d’intervention en cas d’urgence.

AAC a élaboré un plan d’intervention en cas d’événements cycliques du gouvernement du Canada afin d’offrir une réponse ministérielle plus cohérente aux urgences sectorielles dans le cas d’événements cycliques, notamment les inondations, les feux de végétation, les sécheresses, les ouragans et les tempêtes tropicales.

AAC a aussi mis sur pied un centre des opérations d’urgence dans le secteur qui jouera un rôle essentiel dans la coordination et la gestion des interventions en cas d’urgence ou de catastrophe touchant le secteur agricole.

Le ministère collabore également avec les provinces et les territoires pour le renouvellement du Cadre de gestion des urgences en agriculture au Canada de 2016 et il travaille à l’élaboration d’un plan de préparation et d’intervention en cas d’urgence tous risques.

De plus, les chercheurs d’AAC continuent d’assurer un suivi et de produire des rapports sur les conditions de sécheresse par l’entremise de l’Outil de surveillance des sécheresses au Canada, un outil mensuel, et du Rapport national sur les risques agroclimatiques, qui est publié tous les trimestres. Ces deux outils sont essentiels pour évaluer les conditions à l’échelle nationale et pour cibler les endroits où les risques d’incendie sont élevés. Le public peut accéder à ces rapports sur notre site Web.

Pour l’avenir, le ministère veut continuer à jouer un plus grand rôle dans la gestion des urgences. Des efforts supplémentaires sont déployés. Nous cherchons à établir un portail d’information sur la gestion des urgences à guichet unique pour le secteur agricole, ainsi qu’à élaborer des plans d’intervention d’urgence propres au secteur et à les mettre à l’essai et à créer des documents et des programmes de formation à des fins de sensibilisation et de préparation.

Les producteurs agricoles de partout au pays ont accès à une série d’outils de gestion des risques de l’entreprise fédéraux‑provinciaux-territoriaux qui les protègent contre les pertes de revenus et de production et leur permettent de gérer les risques qui menacent la viabilité de leurs fermes. On y retrouve Agri‑relance, un cadre d’aide en cas de catastrophe destiné à fonctionner avec les programmes de base de la gestion des risques de l’entreprise afin d’aider les producteurs agricoles à se remettre des catastrophes naturelles.

[Français]

De plus, AAC continuera de travailler en étroite collaboration avec les partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux ainsi qu’avec les intervenants de l’industrie pour améliorer la préparation, l’intervention et le rétablissement en cas d’urgence, y compris les feux de forêt. Nous vous remercions à nouveau pour cette occasion et nous serons heureux de répondre à vos questions.

[Traduction]

Je rendrai maintenant la parole au président.

Le président : Je vous remercie.

Glenn Hargrove, sous-ministre adjoint, Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada : Merci, monsieur le président. Je remercie le comité de son invitation. C’est un plaisir d’être ici sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinaabe.

Je suis reconnaissant d’être ici pour la première réunion portant sur le problème grandissant des feux de forêt au Canada et de leurs effets sur les industries forestière et agricole.

Aux quatre coins du monde, les populations font face à des incendies de forêt plus fréquents et plus graves, une tendance largement alimentée par les changements climatiques. La saison des feux de forêt de 2023 au Canada a été historique, et nous savons que les incendies extrêmes observés l’été dernier continueront de se produire.

Les premiers indicateurs laissent présager une autre saison de feux active en 2024 en raison des températures plus chaudes que la moyenne, des niveaux des chutes de neige, de la sécheresse et de la faible humidité du sol.

Il est important de souligner qu’il est encore trop tôt pour savoir à quel point la saison des incendies de forêt à venir pourrait être grave. Aussi tôt dans l’année, les prévisions ne peuvent qu’aider à déterminer les zones à risque. Il importe également de se rappeler que le risque d’incendie grave ou dommageable existe toujours, même quand les conditions sont dans la moyenne.

Nos experts en feux de forêt ont affirmé que le Canada continuera de connaître des saisons de feux plus longues, des incendies plus importants et plus intenses et des conditions météorologiques extrêmes. Cela affectera directement et indirectement tous les secteurs d’activité, y compris l’agriculture et la foresterie.

Le gouvernement du Canada soutient au-delà de 200 000 personnes et de 300 communautés qui dépendent du secteur forestier pour l’emploi et la prospérité à long terme, et des millions d’autres personnes qui bénéficient des avantages qu’offrent les forêts sur le plan de la biodiversité, du carbone et de la santé humaine.

Ressources naturelles Canada joue un rôle important dans la gestion des feux de végétation. Le ministère est la principale source d’expertise technique et scientifique du gouvernement fédéral en la matière et il assume des fonctions essentielles pour appuyer la gestion des feux de forêt. Il possède notamment de l’expertise scientifique et spécialisée à l’appui des rapports et des réactions du gouvernement; fournit des outils et des renseignements pour favoriser la sensibilisation et la prise de décisions quant à la situation; et assure le leadership en matière de politiques et de cadres stratégiques nationaux sur les feux de forêt grâce à des partenariats solides avec les provinces et les territoires.

À Ressources naturelles Canada, nous avons terminé le travail afin d’évaluer les leçons tirées de la saison de 2023 et nous préparer en vue de celle de 2024. Nous avons notamment évalué et ajusté la capacité et nous nous employons à moderniser nos outils d’aide à la décision et nos systèmes d’information.

En outre, Ressources naturelles Canada collabore avec les provinces et les territoires pour faire progresser les investissements fédéraux à frais partagés dans l’équipement, la formation et les nouveaux programmes à l’appui des initiatives de prévention et d’atténuation, comme Intelli-feu Canada.

Aucune entité n’est à elle seule responsable du large éventail de problèmes liés aux feux de végétation. Pour une question aussi complexe, les progrès exigent une réaction à plusieurs paliers. Nous travaillons en partenariat continu avec les provinces et les territoires, le Centre interservices des feux de forêt du Canada et de nombreux partenaires étrangers pour nous assurer d’être prêts à intervenir en cas d’urgence et à renforcer la résilience à long terme.

Pour réduire le risque d’incendie de végétation, nous devons collaborer avec tous les ordres de gouvernement, y compris les gouvernements autochtones, le secteur privé et, en fin de compte, tous les Canadiens pour comprendre les mesures qu’ils peuvent prendre pour atténuer les feux de végétation et renforcer la résilience.

Merci.

Le président : Je vous remercie beaucoup.

Kenza El Bied, directrice générale, Secteur de la gestion des urgences et des programmes, Sécurité publique Canada : Bonsoir, monsieur le président et honorables membres du comité. Je me réjouis d’avoir l’occasion d’être ici aujourd’hui sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinaabe pour traiter de cet important sujet.

Comme vous le savez tous, la gestion des urgences constitue une priorité pour de nombreux Canadiens, car les risques liés aux changements climatiques, comme les inondations et les feux de forêt, représentent une menace croissante à leur sécurité et à la viabilité économique des entreprises et des communautés canadiennes.

Nous partageons avec nos partenaires fédéraux, provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones la responsabilité de veiller sur les Canadiens et leurs communautés. La grande majorité des urgences sont gérées d’abord à l’échelle communautaire. Si une aide supplémentaire est requise, les administrations locales peuvent s’adresser à leur province ou à leur territoire respectif.

Si l’urgence dépasse les capacités de la province ou du territoire, le gouvernement fédéral est appelé à intervenir.

La Loi sur la gestion des urgences encadre le rôle et les responsabilités de leadership du ministre de la Sécurité publique et du ministre de la Protection civile, en ce qui concerne notamment la coordination des activités de gestion des urgences entre les institutions gouvernementales et en collaboration avec les provinces et d’autres entités. La loi souligne la nature commune de la gestion des urgences au Canada et décrit les responsabilités des autres ministres fédéraux.

En 2021, le premier ministre a nommé le tout premier ministre de la Protection civile du Canada. Cette nomination témoigne de l’importante attention accordée à la gestion des urgences au Canada et du besoin d’un leadership fédéral clair devant l’évolution des risques auxquels les Canadiens et leurs communautés continuent d’être confrontés.

Le Centre des opérations du gouvernement, qui relève de Sécurité publique Canada, facilite la consultation et la coordination interministérielles et assure une approche pangouvernementale cohérente pour répondre aux activités de gestion des urgences.

Le Plan fédéral d’intervention d’urgence harmonise les efforts fédéraux d’intervention d’urgence avec ceux des provinces et des territoires, des organisations non gouvernementales et du secteur privé. Il permet une intégration horizontale et verticale des efforts déployés dans l’ensemble du gouvernement fédéral en réaction à une urgence, que ce soit au pays ou à l’étranger.

Il est important de souligner que le leadership fédéral se fait en étroite collaboration avec les homologues provinciaux et territoriaux.

[Français]

En janvier 2019, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables de la sécurité civile ont approuvé la toute première Stratégie de sécurité civile fédérale, provinciale et territoriale du Canada. Cette stratégie définit les priorités fédérales, provinciales et territoriales qui permettront de renforcer la résilience du Canada d’ici 2030 et fournit une feuille de route commune à l’ensemble de la société, visant à renforcer la capacité du Canada à évaluer les risques, à les prévenir, à en atténuer les effets, à s’y préparer, à y répondre et à s’en relever.

[Traduction]

En février, le ministre Sajjan et les ministres provinciaux et territoriaux responsables de la gestion des urgences ont approuvé le document intitulé Avancer la Stratégie de sécurité civile fédérale, provinciale et territoriale : Axes d’intervention, qui énonce la toute première vision fédérale-provinciale-territoriale commune pour des communautés fortes et résilientes et préconise une collaboration accrue entre tous les partenaires de la gestion des urgences.

Pour aider tous les partenaires à comprendre les risques auxquels ils sont confrontés, Sécurité publique Canada a publié le premier rapport intitulé Profil national des risques en mai 2023. Ce rapport intègre des données scientifiques et les observations de parties prenantes de toutes les régions du pays, et fournit des données probantes pour cerner, comparer et classer par ordre de priorité les dangers les plus préoccupants, tout en soulignant les lacunes dans notre capacité de prévenir et d’atténuer les catastrophes, d’y réagir et d’assurer ensuite la reprise.

[Français]

À l’avenir, le gouvernement du Canada continuera d’utiliser cette base de données pour sensibiliser la population aux risques de catastrophes auxquels le Canada est confronté et pour contribuer aux programmes de sécurité civile et de réduction des risques de catastrophe.

[Traduction]

Admettant que de nombreux partenaires sont bien placés au Canada pour fournir un éventail de capacités essentielles en cas de besoin, le gouvernement du Canada a mis sur pied le Programme de main-d’œuvre humanitaire en 2021. Ce programme fournit du financement à la Croix-Rouge canadienne, à l’Armée du Salut, à l’Ambulance Saint-Jean et à l’Association canadienne des volontaires en recherche et sauvetage pour renforcer et maintenir les capacités essentielles afin de fournir un soutien d’appoint lors d’urgences de grande envergure.

[Français]

En ce qui concerne les contributions financières, je voudrais parler des Accords d’aide financière en cas de catastrophe, qui permettent au gouvernement fédéral d’apporter une aide financière aux provinces et aux territoires lorsque les coûts d’intervention et de rétablissement dépassent ce qu’ils peuvent raisonnablement supporter.

[Traduction]

Je voulais parler brièvement de la prochaine saison des feux de forêt, me doutant que cela pourrait être une préoccupation importante pour le comité.

La semaine dernière, comme les membres du comité le savent, les ministres fédéraux ont donné une séance d’information sur la prochaine saison des feux de forêt, faisant remarquer que les premiers indicateurs laissent présager une autre saison difficile au pays. Nous travaillons en étroite collaboration avec tous nos partenaires de la gestion des urgences pour nous préparer à la saison à venir. Nous avons une solide structure de gouvernance en place et nous collaborons déjà avec les provinces, les territoires et d’autres partenaires pour nous assurer de maintenir une communication ouverte et un état de préparation solide.

Je vous remercie d’avoir écouté ma déclaration préliminaire.

Le président : Merci beaucoup.

Nous allons passer aux questions des sénateurs. Cette fois encore, chaque sénateur dispose de cinq minutes pour les questions et les réponses. Veuillez donc poser des questions et réponses succinctes.

La sénatrice Simons : Merci à tous de témoigner ce soir. Je suis originaire de l’Alberta, une province durement touchée par les feux de forêt et de prairie. Je ne suis pas sûre de lire ce tableau de bord correctement. Il semble indiquer qu’il y a actuellement 54 feux de forêt actifs en Alberta, dont 12 sont nouveaux de cette année et les autres datent de l’année dernière. L’hiver ayant été très doux, de nombreux feux ont brûlé sous terre.

Comme nous savons déjà où se trouvent ces feux de forêt, même s’ils sont en dormance sous terre, quelle est la stratégie pour les prendre de vitesse avant qu’ils ne redeviennent actifs ce printemps?

M. Hargrove : Je vous remercie de votre question. La lutte directe contre les feux de forêt relève des compétences provinciales. Nous travaillons en étroite collaboration avec toutes les provinces, y compris l’Alberta, pour fournir notre meilleur soutien technique et nos meilleurs conseils en ce qui concerne la cartographie des points chauds et d’autres éléments semblables, la modélisation du comportement prédictif des incendies et ce genre d’outils d’aide à la décision afin de pouvoir aider les provinces et les territoires à se préparer et à prévoir, le mieux possible, où se trouvent ces points chauds et où les meilleurs efforts peuvent être déployés.

La sénatrice Simons : Si les feux brûlent dans les réserves — sur les terres des Premières Nations —, de quelles compétences cela relève-t-il?

Mme El Bied : Je ferais respectueusement remarquer que je pense que Services aux Autochtones Canada serait le ministère le mieux placé pour répondre à cette question. C’est un domaine de compétences mixtes; certains programmes du ministère pourraient fournir du soutien à cet égard, mais c’est aussi une responsabilité provinciale.

La sénatrice Simons : Je voulais poser une question sur les feux d’herbe. Les feux de forêt brûlent plus longtemps et créent peut-être plus de débris atmosphériques, mais les feux d’herbe peuvent se déclarer et se propager très rapidement. Les membres du comité qui ont eu le privilège de se rendre en Alberta l’été dernier ont visité un grand ranch — le ranch South Porcupine, près de Fort Macleod. Il y a quelques années, ce ranch a connu un feu qui a brûlé dans toute la prairie naturelle, faisant en sorte que le pâturage a été réduit pendant des années par la suite.

Monsieur Del Bianco, pourriez-vous nous parler un peu de ce qui se passe lorsque les éleveurs voient leurs prairies brûler ainsi? Quel type d’intervention et quelles ressources le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire a-t-il pour eux?

Francesco Del Bianco, directeur général, Direction des programmes de gestion des risques de l’entreprise, Agriculture et Agroalimentaire Canada : Un certain nombre de programmes de gestion des risques de l’entreprise sont en place pour soutenir les producteurs lorsque des événements menacent la viabilité de leurs activités.

Il y a Agri-stabilité, dans le cadre duquel nous examinons les revenus et les dépenses admissibles. Si les producteurs ont perdu des pâturages et ont dû acheter des aliments pour animaux, cela pourrait avoir une incidence sur leur année de production, que nous comparons à leur moyenne historique. Nous appelons cela la « moyenne olympique ». Nous étudions les cinq dernières années et supprimons la meilleure et la pire année. Nous comparons ensuite la présente année à la moyenne des trois années restantes. S’il y a une diminution de plus de 30 %, un paiement sera effectué.

À cela s’ajoute Agri-protection. Les feux de forêt sont un danger assurable. Il existe une assurance pour les fourrages et les pâturages dans plusieurs provinces, dont l’Alberta. Si les producteurs ont perdu des pâturages et sont assurés, ils pourraient réclamer un paiement.

Il y a aussi Agri-relance. Nous avons mis en œuvre deux initiatives Agri-relance en Colombie-Britannique par suite de feux de forêt. Nous examinons les programmes de soutien existants. Il y a plusieurs critères. Nous effectuons une évaluation conjointe avec la province, et nous pouvons également mettre en place un programme spécial pour aider les producteurs à assumer les coûts extraordinaires de la reprise de leurs activités.

Le sénateur Oh : Merci aux témoins de s’être joints à nous ce soir.

Comment les pratiques forestières durables peuvent-elles réduire le risque de feux de forêt et protéger à la fois la foresterie et l’agriculture ? N’importe qui peut répondre à cette question.

M. Hargrove : Merci de votre question. Il est évident que les pratiques de gestion forestière doivent de plus en plus tenir compte de la gestion des feux et des risques d’incendie. Pour s’adapter et réduire le risque, on peut notamment planter différentes sortes d’espèces et avoir un mélange pour créer des coupe-feux et réduire la masse de matière combustible.

Nous avons constaté, particulièrement aux États-Unis, mais aussi au Canada, que nous sommes devenus assez bons dans la lutte contre les incendies. Cela signifie que la masse de matière combustible a en fait augmenté. Par le passé, nous aurions un grand nombre de petits incendies. Maintenant que la masse de matière combustible est plus imposante, nous sommes aux prises avec des incendies plus importants et plus intenses qui sont de plus en plus difficiles à gérer.

Nous nous intéressons également à des solutions comme les pratiques culturelles de brûlage autochtones traditionnelles qui ont pour effet de réduire la masse de matière combustible et ce genre d’éléments. Il y a des mesures qu’on peut prendre pour réduire le risque, mais on ne l’éliminera jamais complètement. Le feu fait partie de l’écosystème naturel du Canada et, dans un pays aussi vaste que le nôtre, il n’est ni possible ni souhaitable — étant donné que le feu fait partie de l’écologie — de réduire le risque d’incendie à zéro. Nous pouvons toutefois prendre certaines mesures au fil du temps pour réduire le risque de grands incendies catastrophiques.

Mme Gour : Je vous remercie de votre question. Du côté de l’agriculture, nous avons un cadre — le Partenariat canadien pour une agriculture durable — dont les coûts sont partagés 60-40 avec les provinces et les territoires. Les provinces utilisent ce cadre pour lancer des programmes de préparation aux feux de forêt. Par exemple, la Colombie-Britannique a récemment annoncé le programme de préparation aux conditions météorologiques extrêmes en agriculture, qui finance des activités comme l’amélioration des systèmes de refroidissement des granges, l’amélioration de l’ombre et de la protection contre la chaleur pour le bétail et les cultures, la protection de l’entreposage des aliments et du carburant, la protection des puits, les évaluations des infrastructures essentielles et la modernisation des bâtiments agricoles. C’est un exemple, mais ce sont les provinces et les territoires qui utilisent les fonds du cadre pour mettre en place certains de ces plans de protection civile.

Le sénateur Oh : Normalement, quel est le cycle une fois qu’un endroit a brûlé? A-t-on fait des prévisions pour déterminer quand de nouveaux feux de forêt se produiront?

M. Hargrove : Comme je l’ai indiqué, il existe une sorte de cycle naturel dans nos écosystèmes. Normalement, il s’écoule des décennies entre les incendies, mais maintenant, nous voyons plus souvent ce que nous appelons des « rebrûlages à bref intervalle ». Nous constatons que des incendies se produisent au même endroit sur une période de 20 ans ou moins. Le problème avec ces incendies, c’est que les milieux sont beaucoup moins susceptibles de se régénérer naturellement sans intervention humaine.

Ce sera également un véritable défi pour la gestion durable des forêts : comment nous assurer de prendre des mesures pour régénérer ces genres d’endroits ?

Je dois également mentionner que nous travaillons avec les provinces et les territoires, par l’entremise du Conseil canadien des ministres des Forêts, ou CCMF, à une stratégie de prévention et d’atténuation des feux de forêt. Il s’agit d’une stratégie nationale élaborée dans le cadre du CCMF, qu’on entend publier en juin prochain.

Le sénateur Oh : Je vous remercie

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Je vais poser ma question en français.

Vous avez parlé des événements de feux de forêt qui sont extrêmes; on l’a vu, on le lit et on s’en rend compte, les feux extrêmes durent plus longtemps et ils sont plus intenses. De plus, dans ma province, le Québec, ils se produisent plus tôt. On lisait la semaine dernière dans La Presse que la saison commence plus tôt. La SOPFEU recensait déjà 20 brasiers et disait que la moyenne des 10 dernières années est de 4 d’habitude.

Ma question est la suivante : quel est l’impact de tout cela, surtout en tenant compte du fait que les feux commencent plus tôt, sur les besoins en main-d’œuvre, en pompiers et en premiers répondants? Comment cela change-t-il les choses? Est-ce qu’on les fait commencer plus tôt? J’imagine qu’on a besoin de plus de gens. À quoi cela ressemble-t-il? Qu’est-ce que cela amène comme nouveaux défis en matière de ressources humaines sur le terrain?

M. Hargrove : Merci pour votre question. Je vais y répondre en anglais.

[Traduction]

Oui, vous avez raison, la saison commence plus tôt et dure plus longtemps. Les provinces et les territoires lancent également leurs activités plus tôt et embauchent plus de pompiers. En fait, le gouvernement fédéral appuie la formation d’un plus grand nombre de pompiers. Dans le cadre du programme Combattre et gérer les feux de forêt dans un climat en changement, nous investissons des fonds dans la formation de 1 000 nouveaux pompiers. Jusqu’à présent, dans le cadre de la phase 1, nous avons déjà formé plus de 600 personnes, ainsi que 125 gardiens de feu autochtones. Nous procédons actuellement à l’appel de propositions pour la phase 2, et nous espérons faire des annonces à ce sujet au cours des prochaines semaines.

C’est vrai, mais il y a aussi une facette internationale. Nous travaillons par l’entremise du Centre interservices des feux de forêt du Canada, ou CIFFC, dont les membres font tous partie des provinces et des territoires et du gouvernement fédéral. Nous travaillons avec le CIFFC pour échanger des ressources au besoin. S’il y a beaucoup d’incendies au Québec, mais pas autant en Colombie-Britannique, la Colombie-Britannique enverra des pompiers pour aider et vice versa.

Nous avons également des protocoles d’entente et des accords opérationnels avec d’autres pays où la saison des feux est différente de la nôtre afin d’échanger des ressources. Les États‑Unis sont pour nous un partenaire important à cet égard. Ils envoient des pompiers ici et nous leur en envoyons. Il existe une gouvernance et une communauté solides, tant au pays qu’à l’échelle mondiale, pour échanger des ressources et les utiliser le plus efficacement possible.

La sénatrice Petitclerc : Je vous remercie. Juste pour que je sache ce qu’il en est, sur le plan des échanges — entre le Québec et la Colombie-Britannique, par exemple —, je suppose que cela se faisait avant. Maintenant que la longueur et l’intensité des incendies ont changé, cela a perturbé le cours des choses. Était‑ce mieux avant, alors que tout est maintenant bouleversé, ou est‑ce une question de quantité?

M. Hargrove : Je ne dirais pas que tout est bouleversé. Je dirais simplement que la situation que nous avons observée l’an dernier était inhabituelle, car de nombreuses régions du pays brûlaient en même temps. Par le passé, nous voyions surtout qu’une région brûlait à un moment donné et une autre à un autre moment. Il a donc été difficile d’échanger des ressources l’an dernier. Nous avons fait venir un grand nombre de pompiers de l’étranger. La situation a rendu cette coordination et ce partage des ressources encore plus importants et mis en lumière l’importance du partenariat.

Elle a également montré à quel point le système fonctionne bien. Nos capacités ont été exploitées à un niveau sans précédent, et grâce au système, nous avons quand même été en mesure de répondre aux besoins.

La sénatrice Petitclerc : Je vous remercie.

Le président : La prochaine série de questions vient de notre collègue, la sénatrice Jaffer, qui aurait aimé être ici ce soir, n’eût été un imprévu. La sénatrice Jaffer pose la question suivante :

Étant donné que les projections relatives aux changements climatiques laissent présager des incendies de forêt potentiellement plus fréquents et plus graves en Colombie-Britannique, quelles mesures d’adaptation sont envisagées pour que les provinces soient prêtes à relever les défis futurs?

Quiconque souhaite répondre à cette question est libre de le faire.

Mme El Bied : Je peux commencer. Je vous remercie, monsieur le président, pour cette question.

Le ministère de la Sécurité publique a mené de nombreux travaux sur la préparation et l’état de préparation à la prochaine saison des feux de forêt. Comme vous le savez tous, cette saison a d’ailleurs déjà commencé.

Par exemple, depuis le début de la dernière saison des feux de forêt, le gouvernement du Canada a renforcé la capacité d’intervention en cas d’urgence des organisations non gouvernementales qui gèrent des urgences nationales au Canada. En juillet 2023, le gouvernement a annoncé l’octroi d’un financement supplémentaire de 82 millions de dollars sur trois ans pour le renforcement des capacités visant à former la main-d’œuvre. Comme je l’ai indiqué dans ma déclaration liminaire, il s’agissait de collaborer avec les quatre organisations non gouvernementales — soit la Croix-Rouge canadienne, l’Ambulance Saint-Jean et l’Association canadienne des volontaires en recherche et sauvetage.

À cet égard, le travail a commencé très tôt. Cela fait au moins six semaines que nous sondons toutes les provinces et tous les territoires pour essayer d’avoir une idée des capacités dont ils disposent et des domaines dans lesquels le gouvernement du Canada peut intervenir et mobiliser des capacités supplémentaires pour la gestion des situations d’urgence.

Nous avons également travaillé directement avec les organisations nationales non gouvernementales pour voir de quelles capacités elles disposent pour se mobiliser et intervenir pendant la prochaine saison. Le ministère de la Sécurité publique procède à une large mobilisation, et pas seulement par l’entremise de l’équipe chargée des politiques, mais aussi par le biais du Centre des opérations du gouvernement — comme je l’ai indiqué dans ma déclaration préliminaire —, qui joue un important rôle de coordination pour gérer les situations d’urgence au Canada.

Voici ce que je dirais du point de vue de la Sécurité publique.

Le président : Je vous remercie. Quelqu’un d’autre aimerait‑il intervenir?

Mme Gour : À Agriculture et Agroalimentaire Canada, nous renforçons également nos plans d’action en matière de préparation aux situations d’urgence. De plus, nous investissons dans les meilleures pratiques de gestion et dans les programmes. Plus tôt, j’ai parlé du Partenariat canadien pour une agriculture durable, mais le ministère investit également 1,5 milliard de dollars pour aider les agriculteurs à être plus résilients face aux phénomènes météorologiques extrêmes à venir, ainsi qu’à réduire leur empreinte environnementale et à faire de nous un chef de file en matière de production alimentaire durable.

Il existe toute une liste de programmes, mais, en somme, il s’agit d’aider les producteurs à mettre en œuvre des stratégies plus durables sur leur exploitation agricole. Parmi ces programmes, citons le Fonds d’action à la ferme pour le climat et le Programme de technologies propres en agriculture. Nous avons des laboratoires vivants dans tout le pays; nous en avons 14. Ils créent des réseaux de producteurs et de scientifiques qui travaillent ensemble, et qui ont, d’ailleurs, uni leurs efforts lors de l’ouragan Fiona.

Ensuite, il y a le Programme des paysages agricoles résilients. Nous venons de lancer le Défi de réduction du méthane agricole et, enfin, nous travaillons sur une stratégie à plus long terme — la Stratégie pour une agriculture durable —, qui, une fois encore, vise à se remettre rapidement de ces phénomènes météorologiques extrêmes, à prospérer dans un climat changeant et à atteindre nos objectifs en matière de climat.

Le président : Je vous remercie. Voici une autre question de la sénatrice Jaffer : existe-t-il des collaborations ou des partenariats internationaux qui permettent d’échanger des pratiques exemplaires et des ressources en matière de prévention de la gestion des feux de forêt?

Oui, allez-y, monsieur Hargrove.

M. Hargrove : Nous avons des protocoles d’entente avec huit pays différents dans le monde. Nous échangeons des connaissances, des pratiques exemplaires et ce genre de choses. Nous échangeons également des ressources au besoin. Il s’agit souvent de personnel, mais aussi, parfois, d’équipement.

Au cours de la dernière année, nous avons appris que par le passé, nous comptions sur ces protocoles d’entente officiels comme cadre pour nos échanges de ressources. Nous avons depuis adopté une approche plus souple. Par l’intermédiaire du Centre interservices des feux de forêt du Canada, nous travaillons également avec nos homologues de différents pays sur des ententes opérationnelles qui nous permettent d’échanger des ressources en dehors du cadre d’un protocole d’entente. Nous avons aussi des échanges avec d’autres pays que ces huit pays avec lesquels nous avons des protocoles d’entente.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture lance également un centre mondial de lutte contre les incendies, et nous travaillons en étroite collaboration avec elle et d’autres pays sur cet aspect de la coopération internationale par l’intermédiaire des Nations unies. Il existe beaucoup d’initiatives à l’échelle internationale, et c’est un aspect très important.

Le président : Merci beaucoup. Je vous remercie de la réponse.

Le sénateur Klyne : Bienvenue à tous. Je vous remercie de vos déclarations préliminaires. Je vous en suis reconnaissant.

Je vais poser une question au représentant de Sécurité publique Canada. Je pourrais probablement la poser à la plupart d’entre vous, alors n’hésitez pas à intervenir si vous le souhaitez. J’aimerais parler du Centre des opérations du gouvernement et des leçons qui ont été tirées pendant la dernière saison des feux de forêt.

Lors d’une récente conférence de presse — que nous avons quelque peu évoquée ici — pour divulguer les prévisions des tendances météorologiques pour 2024, l’on a annoncé que le gouvernement fédéral aidera les agences de lutte contre les incendies à acquérir du matériel spécialisé de lutte contre les incendies grâce à un fonds de 256 millions de dollars et à former 630 pompiers et 125 gardiens de feu.

J’ai l’impression que le Service canadien des forêts est l’un de vos meilleurs clients. Si j’ai bien compris, vous avez formé ces 125 gardiens de feu. Est-ce que cela s’est fait par votre intermédiaire?

M. Hargrove : Oui, c’est un programme de Ressources naturelles Canada.

Le sénateur Klyne : Ces nouvelles sont très encourageantes. Pourriez-vous nous donner des exemples de leçons que vous avez tirées l’année dernière et dire à ce comité ce que vous faites en ce moment à titre préventif? Vous êtes prêts — semble-t-il — à intervenir en cas d’urgence. Vous savez ce que vous devrez faire lorsqu’un événement se produira. Y a-t-il quelque chose que vous faites en ce moment qui pourrait peut-être empêcher certaines situations de survenir?

Mme El Bied : Je vous remercie de la question. Je vais répondre en premier. Votre question comporte deux volets. Je vais vous parler de ce que nous avons fait immédiatement après la saison des feux de forêt.

À la fin de la saison des feux de forêt, à la fin du mois de septembre — comme vous le savez, certains feux brûlent toujours depuis la dernière saison —, le Centre des opérations du gouvernement a voulu tirer des leçons de ce qui s’était passé à l’échelle du pays afin de comprendre ce qui avait bien fonctionné et de cerner les lacunes importantes, le cas échéant, dans le système de gestion des situations d’urgence. À l’aide de ce vaste processus, l’on a pu confirmer qu’en dépit de l’ampleur de la saison des feux et des répercussions régionales et communautaires bien réelles que l’on a constatées — pensez à l’évacuation extraordinaire de Yellowknife —, le consensus national est que les événements survenus lors de la saison des incendies ont été bien gérés dans l’ensemble.

Au chapitre de la préparation aux situations d’urgence, des partenaires clés dans l’ensemble du gouvernement collaborent pour veiller à ce que nous ayons une intervention rapide pour partager les capacités et élaborer les meilleures données scientifiques disponibles. Cette initiative est également attribuable aux leçons tirées de l’année dernière.

Comme je l’ai dit il y a un instant, nous travaillons aussi avec bon nombre d’organisations non gouvernementales au Canada pour développer une capacité d’intervention et de soutien pour les Canadiens. Cela inclut un investissement du gouvernement fédéral.

Nos collègues d’Environnement et Changement climatique Canada et de Ressources naturelles Canada ont préparé un ensemble d’outils d’évaluation précoce des risques dont on a parlé lors de la conférence de presse la semaine passée.

Nous poursuivons ce travail avec le Centre des opérations du gouvernement, dans le cadre de son mandat. Nous mobilisons tous les autres ministères et examinons les capacités de chacun. Nous sommes tous dotés d’un mandat d’intervention unique relativement à ces événements. Nous devons voir comment nous pouvons combler les lacunes en adoptant une approche plus globale.

Nous devons travailler avec d’autres partenaires clés et ne pas oublier que nous travaillons également en étroite collaboration avec les provinces et les territoires, parce qu’ils sont également tenus d’intervenir dans ce domaine.

Le sénateur Klyne : Dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé de données probantes, mais je n’ai pas compris ce que vous avez dit à ce sujet. Pourriez-vous le répéter?

Mme El Bied : Lorsque nous devons gérer une situation d’urgence, nous collaborons beaucoup avec les provinces et les territoires, ainsi qu’avec les ministères clés. Nous recueillons des données quotidiennement; des rapports sur l’évolution de la situation. Nous recueillons ces renseignements afin d’orienter nos interventions et notre gestion de situations d’urgence à l’avenir. Voilà ce que j’ai dit au sujet des données probantes.

La sénatrice Burey : Merci beaucoup de votre présence. J’ai beaucoup appris de vous tous. Je vais revenir à la question de la main-d’œuvre.

Monsieur Hargrove, vous avez parlé des 1 000 pompiers. Vous en avez 600, dont 125 sont autochtones. J’espère que j’ai bien compris. Êtes-vous en bonne voie d’atteindre l’objectif que vous vous étiez fixé quant au nombre de pompiers que vous vouliez former? Vous avez parlé de coopération internationale. Êtes‑vous en voie d’atteindre votre objectif? Est-ce que 1 000 pompiers seront suffisants? Avez-vous sous-estimé le nombre requis? J’aimerais simplement obtenir un peu plus de renseignements sur la formation. Avez-vous formé suffisamment de pompiers? Êtes-vous en voie d’atteindre votre objectif?

M. Hargrove : Je vous remercie de la question. Oui, et en fait, je dirais que nous dépassons notre objectif. Plus de 600 personnes ont été formées au cours de la phase 1. Nous sommes actuellement dans la phase 2 et avons lancé des appels de propositions.

Vous avez sans doute aussi entendu parler de la contribution de 800 000 $ à l’Association internationale des pompiers annoncée dans le budget. Nous avons travaillé avec eux dans le cadre de la phase 1 également sur une méthode de formation des formateurs. Les 800 000 $ prévus dans le budget de cette année serviront à poursuivre sur cette lancée. À cela s’ajoutent les 125 agents de sécurité-incendie autochtones. Nous sommes essentiellement en avance sur le calendrier.

Est-ce suffisant? Il est difficile de répondre à cette question. Le système de lutte contre les feux de forêt subit des pressions dans tout le Canada, et c’est l’une des raisons de notre coopération internationale. Au cours de la saison dernière, plus de 5 000 pompiers étrangers sont venus nous aider. Nous leur en sommes évidemment très reconnaissants.

C’est pourquoi ces partenariats — et le travail que nous effectuons avec les provinces et les territoires, le Centre interservices des feux de forêt du Canada et nos partenaires étrangers — sont vraiment essentiels, car il ne serait pas utile que chaque administration dispose des ressources nécessaires pour faire face aux pires scénarios. La coopération est vraiment essentielle.

La sénatrice Burey : Je veux passer à la question suivante parce que le président va m’interrompre. Je veux parler de la main-d’œuvre et du type de soutien que vous lui apportez. C’est vraiment important. Je veux en savoir plus précisément sur les services de soutien en santé mentale que vous offrez. De plus, le gouvernement a annoncé un crédit d’impôt pour les pompiers dans le budget de 2024. Pouvez-vous nous parler un peu de la santé mentale, et ensuite du crédit d’impôt, s’il vous plaît?

Mme El Bied : Nous pouvons vous faire parvenir l’information.

M. Hargrove : Cela ne concerne pas vraiment Ressources naturelles Canada, mais le crédit d’impôt a été augmenté pour les pompiers volontaires. C’est un élément essentiel, car dans les collectivités rurales, les pompiers volontaires sont absolument indispensables. C’est un élément qui contribuera, je l’espère, à garder les pompiers volontaires que nous avons et à en attirer d’autres.

L’autre question portait sur la santé mentale. C’est une très bonne question. À ma connaissance, il n’y a pas de programme fédéral qui porte sur la santé mentale des pompiers, mais cela dit, il ne relèverait pas nécessairement de Ressources naturelles Canada. Je n’en connais pas. Il s’agit certainement d’un travail exténuant, et à mesure que les saisons s’allongent et que les feux de forêt s’intensifient, je suis sûr que cela a un effet sur la santé mentale. C’est certainement un élément qu’il faut prendre en compte.

La sénatrice Burey : Quelqu’un d’autre souhaite-t-il en parler? Vous pouvez nous faire suivre l’information par écrit au besoin.

Mme El Bied : Je vous remercie. Ce sont deux éléments qui ne relèvent pas de Ressources naturelles Canada ou de Sécurité publique Canada ou d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, mais nous pouvons travailler avec nos collègues et veiller à ce que vous obteniez une réponse à ces deux éléments.

Le président : Je vous remercie beaucoup. Vous pouvez faire suivre l’information à la greffière.

La sénatrice McBean : Je vous remercie. J’ai un ami qui est éleveur à Clinton, en Colombie-Britannique, et il y a eu de nombreux feux de forêt près de sa propriété, tout autour de sa propriété. J’ai un ami dont le fils s’entraîne actuellement en Saskatchewan pour faire partie des recrues. Les feux de forêt se rapprochent de nous tous.

Le sénateur Oh a posé une question et, monsieur Hargrove, vous avez répondu en parlant de la masse de matière combustible. Je me souviens qu’il y a 15 ou 20 ans, je suis allée à Yellowstone. On m’a parlé de Smokey the Bear, de l’absence de feu, de la masse de matière combustible qui avait atteint un haut niveau, et tout a éclaté.

Je m’interroge au sujet de la foresterie et de la gestion des terres. Je n’essaie pas de nier les changements climatiques. Je sais qu’il fait de plus en plus chaud et qu’il y a de plus en plus de sécheresses. Toutefois, je me demande quelle est notre part de responsabilité dans les feux de forêt actuels. Je pose ma question en étant sans doute un peu optimiste : y a-t-il des chances qu’après quelques feux de forêt bien gérés, on en revienne à une situation plus normale?

Ma deuxième question concerne les plantations d’arbres et les forêts que nous avons ainsi créées. Sont-elles plus ou moins résistantes?

M. Hargrove : Je vous remercie. Ce sont d’excellentes questions. Pour ce qui est de la première question, la situation au Canada est un peu différente de celle des États-Unis, simplement parce que les États-Unis sont très densément peuplés. En ce qui concerne le Service des forêts des États-Unis et les publicités de Smokey the Bear que tout le monde a vues, leur politique a été essentiellement pendant des décennies d’éteindre tous les feux de forêt très rapidement. Ce n’est pas possible au Canada. Pour répondre à votre question, il y a probablement des situations où nous avons réussi à bien gérer les feux de forêt dans les zones à proximité des centres urbains ou des agglomérations, où la masse de matière combustible est très importante.

Toutefois, dans les régions très éloignées, dans les espaces naturels, la gestion des feux de forêt est moins intensive. Il y a donc un mélange des deux, et cela dépend de l’endroit.

Je paraphrase votre question : allons-nous pouvoir renverser la vapeur après quelques interventions bien ciblées? Je ne veux pas pécher par excès d’optimisme. C’est une bonne question.

Cela ne veut pas dire que la situation est désespérée. Diverses mesures peuvent être prises, et cela peut répondre à votre dernière question sur les plantations par opposition à la régénération naturelle. Il y a les pratiques de gestion forestière adaptative comme réduire la masse de matière combustible, créer des coupe-feu, etc. Si nous plantons des espèces plus résistantes au feu, nettoyons les sous-bois, etc., nous pouvons réduire les risques.

Nous devons déterminer comment procéder, dans quels contextes, et établir les priorités. Bien entendu, il est important de reconnaître que la gestion des forêts relève en grande partie des provinces et de travailler avec elles. C’est pourquoi je pense que la stratégie de prévention et d’atténuation — sur laquelle nous travaillons par l’entremise du Conseil canadien des ministres des Forêts — est une pièce importante du puzzle.

La sénatrice McBean : Il n’y a pas que les arbres, comme le dit la sénatrice Simons, il y a aussi les prairies. Nous avons vu ce qui s’est passé à Lahaina, qui est... Ai-je reçu de l’information? Je suis nouvelle ici. J’en parle tout le temps. Est-ce que nous gérons les prairies en fonction de leur inflammabilité?

Mme Gour : Des recherches sont menées sur les cultures résistantes à la sécheresse, mais je n’ai pas beaucoup de détails à ce sujet. Je vais devoir faire suivre l’information au comité sur les recherches qui sont menées sur les variétés qui peuvent être utilisées pour atténuer les risques.

La sénatrice McBean : Une demande simple : de l’information sur les variétés nutritives et ininflammables. Je vous remercie.

Le président : Je vous remercie.

[Français]

Le sénateur Dalphond : Je vais poursuivre dans la même veine que les questions de la sénatrice McBean, parce que je me posais la même question. On parle beaucoup de combattre les incendies, mais en matière de prévention — je ne parle pas des forêts, mais les forêts peuvent se trouver tout près de certains champs et le feu peut s’étendre —, est-ce qu’il existe des programmes du ministère de l’Agriculture pour inciter les fermiers ou les producteurs à passer de certaines productions à d’autres types de productions qui requièrent moins d’eau, qui sont donc adaptées à des climats plus secs, à des terrains plus secs, et qui offrent une meilleure résistance s’il se produit un incendie, par exemple?

Je présume qu’elles sont moins payantes que certaines autres. Donc, il faudra des programmes d’aide financière pour aider à la conversion ou pour tirer des revenus équivalents à ce qui était meilleur à court terme. Cependant, peut-être qu’à long terme il faudra changer les productions. C’est peut-être naïf de ma part et je ne connais pas assez le domaine. Je pense que vous devez travailler sur ce genre de programmes au ministère?

Mme Gour : Merci pour la question. En effet, on a un cadre stratégique de 1,5 milliard de dollars qui est partagé avec les provinces et qui traite justement de l’intention d’adopter de meilleures pratiques sur le plan des opérations agricoles. Il y a aussi des programmes à l’échelle fédérale qui ciblent les meilleures pratiques, pas nécessairement pour les feux de forêt, mais pour la durabilité du secteur en général.

Nous avons 1,5 milliard de dollars pour des programmes qui servent à s’assurer que le secteur et les producteurs implantent des pratiques plus résistantes et plus durables à long terme.

Le sénateur Dalphond : J’imagine que, pour le maïs, par exemple, il y a plusieurs types de maïs. Il y en a peut-être un type qui prend moins d’eau que d’autres. Est-ce le genre de recherche qu’on fait actuellement?

Mme Gour : Merci pour la question. Je n’ai pas les détails précis en ce qui concerne la recherche. On peut revenir au comité avec des exemples concrets de projets de recherche qui ont lieu au ministère avec nos scientifiques, mais aussi avec les provinces et dans le secteur académique.

Le sénateur Dalphond : Merci.

[Traduction]

Le sénateur McNair : L’une des statistiques présentées par Agriculture et Agroalimentaire Canada au début était que 82 % du Canada connaissait un certain niveau de sécheresse en mars. Selon les données de septembre dernier, c’était 72 %. On peut donc penser qu’au cours de l’hiver, la situation s’est encore aggravée, si les statistiques sont exactes.

Ma question s’adresse sans doute à M. Hargrove. Pouvez-vous nous donner une idée du mode de fonctionnement du Système canadien d’information sur les feux de végétation? La technologie nous sert-elle au mieux à l’heure actuelle, ou y a-t-il des points à améliorer? Je suppose que lorsque je dis cela, je pense au village de Lytton, qui a été pratiquement détruit. Comment faire en sorte qu’une telle situation ne se reproduise pas? Est-ce possible, en fait, d’y parvenir, même en déployant tous les efforts possibles?

M. Hargrove : C’est une excellente question. Le Système canadien d’information sur les feux de végétation fournit quotidiennement des cartes et des informations sur les risques d’incendie, et ce, tout au long de l’année. Pendant la saison des feux de forêt, il y a aussi une cartographie des points chauds, etc. Nous avons aussi d’autres sources d’information. En saison, lorsqu’il y a des feux de forêt graves, nous travaillons avec les provinces et les territoires et leur fournissons des modélisations du comportement des feux, des cartes des points chauds, etc. Nous examinons des éléments comme la masse de matière combustible et l’information provenant du Service météorologique du Canada, d’Environnement et Changement climatique Canada, afin de faire des analyses prévisionnelles pour aider les gens sur le terrain à prendre des décisions.

Nous investissons notamment dans un projet appelé mission GardeFeu. Il s’agit d’une collaboration entre Ressources naturelles Canada, l’Agence spatiale canadienne et Environnement et Changement climatique Canada. Il s’agit de créer le premier système satellitaire opérationnel spécialement conçu pour surveiller les incendies de forêt dans le monde. Il sera opérationnel d’ici 2029. Il faut du temps pour mettre cela en place. Il nous fournira deux fois par jour de l’information en temps quasi réel sur les feux de forêt, soit à six heures du matin et à 18 h. C’est important parce que les pires moments pour ces feux sont en fin d’après-midi ou en début de soirée. Le fait de disposer de cette information au moment où le feu est le plus actif, ainsi que le matin, nous permettra de mieux renseigner les pompiers qui sont sur le terrain, comme à Lytton.

Le sénateur McNair : Le système fournira de l’information, essentiellement.

M. Hargrove : C’est exact, oui.

Le sénateur McNair : Pour ce qui est de Sécurité publique Canada, vous avez parlé des améliorations qui ont été apportées, et du fait que c’était relativement en place, mais je pense encore une fois à Lytton. Pourriez-vous nous parler des politiques d’évacuation? Y a-t-il des éléments à améliorer? En sommes‑nous à un stade où les intervenants sont pleinement mobilisés et où tout fonctionne bien?

Mme El Bied : Je vous remercie de la question. En fait, je vais commencer par dire que la gestion des urgences est une responsabilité partagée par tous les pouvoirs publics, les organisations non gouvernementales, le secteur privé et, je dirais, les citoyens. Lors d’une évacuation, ce n’est pas le gouvernement fédéral qui prend la décision. Il s’agit d’un travail conjoint. C’est une responsabilité commune avec les provinces et les territoires.

Ce que nous faisons différemment en ce moment, je dirais, c’est comprendre les besoins sur la base des renseignements disponibles actuellement, et travailler en fonction des leçons apprises au cours de la dernière année. On tire des leçons, on travaille en collaboration avec les provinces et les territoires, et avec différents ministères clés, dont Services aux Autochtones Canada, lorsqu’il s’agit de l’évacuation des collectivités autochtones.

Je vois des mains levées, dois-je m’arrêter?

C’est une responsabilité partagée. Ce qui est vraiment différent cette année, c’est la mobilisation et les discussions à une étape précoce, ce que nous n’avons pas fait dans le passé. Nous sommes en avril et les ministres ont tenu une conférence de presse la semaine dernière. Les fonctionnaires discutent avec tous leurs partenaires clés depuis un moment déjà.

Le sénateur McNair : Tout le monde comprend l’urgence de la situation.

Mme El Bied : C’est exact, oui.

Le président : Je vous remercie. J’ai quelques questions à poser. Envisage-t-on d’offrir des incitatifs ou des avantages particuliers pour encourager un plus grand nombre de personnes à faire partie des pompiers volontaires et des services d’urgence pour lutter contre les feux de forêt?

M. Hargrove : L’augmentation du crédit d’impôt en est un. Les fonds que nous consacrons à la formation en sont un autre. Il ne s’agit peut-être pas d’un incitatif comme tel pour les pompiers, mais je n’ai pas encore parlé de l’investissement dans le programme Intelli-feu. Dans le cadre de l’Initiative pour un avenir résilient — une initiative de 284 millions de dollars sur cinq ans qui a été annoncée en novembre 2022 dans le cadre de la Stratégie nationale d’adaptation —, on élargit le programme Intelli-feu. Nous travaillons avec les provinces, les territoires et le Centre interservices des feux de forêt du Canada pour mettre en œuvre ce programme dans toutes les collectivités au pays. C’est un autre élément important de la stratégie de prévention et d’atténuation.

Le président : Je vous remercie. Nous passons à la deuxième série de questions, et la durée des interventions sera limitée à quatre minutes.

La sénatrice Simons : Je vais parler du dendroctone du pin ponderosa. Ils sont petits. Ils prospèrent en raison des hivers plus chauds. Ils ont eu un effet dévastateur sur les forêts, en particulier dans les régions montagneuses. Quel est l’effet de ces infestations qui créent ainsi une masse de matière combustible supplémentaire pour les feux de forêt?

M. Hargrove : C’est une bonne question. Lorsque ces arbres meurent, ou commencent à tomber, etc., cela crée de la matière combustible sèche. La Colombie-Britannique a déployé beaucoup d’efforts pour récupérer autant de bois détruit par le dendroctone que possible pendant qu’il était encore commercialement utile.

Il s’agit peut-être d’une bonne nouvelle : la population actuelle de dendroctones en Alberta a diminué. La baisse au cours des deux dernières années est encourageante.

La sénatrice Simons : On ne peut qu’espérer qu’une semaine à moins 50 degrés les tue tous.

M. Hargrove : Un autre élément à mentionner à ce sujet, et c’est particulièrement vrai en Colombie-Britannique, ce sont les répercussions à long terme sur l’approvisionnement en fibres de l’industrie. Si l’on combine les répercussions des grands feux de forêt aux graves conséquences du dendroctone du pin ponderosa sur les forêts, les pressions que cela exerce sur l’approvisionnement en fibres peuvent réduire la quantité de bois disponible pour l’industrie. Ces facteurs ont des effets cumulatifs sur l’industrie et sur l’environnement.

La sénatrice Simons : J’ai le temps de poser une question complémentaire à celle de la sénatrice McBean. Le brûlage dirigé est une stratégie de longue date, mais j’imagine que plus il y a de sécheresse, plus il y a de risques que le brûlage cesse d’être dirigé. Cette stratégie peut-elle être utilisée parfois pour essayer d’atténuer la propagation, pour créer des coupe-feu, à tout le moins?

M. Hargrove : Le brûlage dirigé est un élément important de la stratégie. Ce que nous faisons notamment dans la formation, c’est nous concentrer sur les collectivités autochtones pour essayer d’intégrer le savoir traditionnel et les pratiques culturelles autochtones. Nous appuyons également la création d’un groupe de travail sur la gestion des feux de forêt dirigé par des Autochtones. Cela prend forme également.

Oui, c’est un outil important dans la boîte à outils. J’ai discuté avec des responsables du Service des forêts des États-Unis qui tentent également d’accroître l’utilisation des brûlages dirigés. La communication est importante dans ce cas, car il faut veiller à ce que les collectivités comprennent ce qu’on fait, pourquoi on le fait, etc. Il y a aussi cette composante. C’est certainement un outil de la boîte à outils que nous devons nous habituer à utiliser.

Le sénateur Klyne : J’aimerais revenir sur une question posée par le sénateur McNair et M. Hargrove en a parlé. J’ai en quelque sorte noté la question pendant la discussion.

Au sujet des feux de forêt, en particulier ceux qui touchent directement des collectivités, un très grand nombre d’intervenants à divers niveaux et dans différentes régions sont concernés. À quel point est-il important et difficile de tenir tous ces gens informés en temps réel? Je me souviens de certains problèmes liés aux feux de 2023. Il n’y avait qu’une seule route pour se rendre dans la collectivité ou en sortir, et ils ont dû faire mieux pour tenir les gens informés en temps réel.

Y a-t-il des leçons à tirer de cette expérience? Avez-vous une façon différente de communiquer avec les intervenants lorsque certains ont été évacués de leur collectivité et que d’autres veulent y retourner, simplement pour tenir tout le monde à jour?

Mme El Bied : Je vous remercie de la question et de votre commentaire. À la lumière des informations que nous avons, je vais devoir vous revenir à ce sujet parce que, honnêtement, l’expérience nous a appris qu’il y a toujours des problèmes de ce genre. Nous veillons à ce que les gens reçoivent l’information en temps opportun et à ce qu’ils soient informés quotidiennement. Parfois, la communication se fait plus de deux fois par jour, au fur et à mesure que la situation évolue. Je peux faire du suivi sur ces points importants que vous avez soulevés, ainsi que sur ce que nous avons appris et sur les solutions que nous mettons en place. D’après l’information que j’ai vue récemment, je ne me souviens pas avoir vu un élément précis à ce sujet, mais je peux faire un suivi et vous fournir une réponse écrite.

Le sénateur Klyne : D’accord. Qu’en dit M. Hargrove?

M. Hargrove : De façon plus générale, plutôt que de parler de l’évacuation et des communautés touchées, je pense que nous avons tiré l’an dernier une leçon concernant l’efficacité et l’importance d’assurer une communication proactive avec la population canadienne et les parlementaires.

Je pense que des séances d’information ont régulièrement eu lieu, par exemple. Il y en a eu une la semaine dernière ou la semaine précédente. Je pense que c’est important pour informer les Canadiens et leur donner le sentiment que nous maîtrisons la situation et que nous communiquons ce que nous connaissons et leur faisons savoir ce à quoi nous nous attendons compte tenu de nos meilleures analyses et prévisions.

Nous sommes également très actifs sur le Web pour communiquer les mesures prises par le gouvernement. Le Système canadien d’information sur les feux de végétation a un site Web où les gens peuvent consulter des cartes et d’autres renseignements. Il ne s’agit pas précisément de communiquer avec les personnes évacuées dans des situations critiques, mais plutôt de veiller à ce que les Canadiens soient le mieux informés possible de la situation.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : J’ai quelques petites questions. Au Québec, où je vis, la SOPFEU nous rappelait que, selon elle, 80 % des feux de forêt sont causés par l’activité humaine. Ma première question est la suivante : est-ce que ce chiffre de 80 % est juste? Est-ce que c’est comme cela partout? Ce chiffre est-il le même un peu partout au Canada?

Mes autres questions sont les suivantes : est-ce que 80 %, c’est pire ou mieux qu’avant? Est-ce que les comportements qu’on ne jugeait pas trop à risque il y a 20 ou 30 ans sont maintenant jugés à risque à cause d’autres facteurs, comme la chaleur et les changements climatiques?

Je ne sais pas si c’est clair. Vous comprenez ce que je veux dire? Est-ce qu’il y a un comportement que les gens croyaient acceptable il y a 20 ou 30 ans, mais ils se disent qu’ils ne peuvent plus faire telle chose maintenant? Ma dernière question est la suivante : est-ce qu’on a besoin de faire de l’éducation et de la sensibilisation?

[Traduction]

M. Hargrove : Je vous remercie. C’est une excellente question, mais le chiffre de 80 % me semble élevé. Le chiffre dont j’ai entendu est plus proche de 50-50, mais c’est le nombre d’incendies déclenchés par les humains ou la foudre.

D’après les statistiques que j’ai vues, plus de 90 % de la surface a brûlé pour des causes naturelles. Les incendies d’origine humaine ont tendance à se produire plus près des centres de population et sont éteints plus rapidement. Si un éclair frappe au milieu de nulle part, cependant, les feux peuvent se propager et sont plus difficiles à réprimer.

Je pense que les gens sont plus conscients des risques aujourd’hui qu’ils ne l’étaient par le passé. Je vois cela comme une bonne chose. C’est le résultat de stratégies nationales de communication et d’autres mesures que nous avons prises. Les provinces et les territoires font beaucoup de travail dans ce domaine également, et je pense que c’est utile.

Quelle que soit la cause immédiate de l’incendie, les changements climatiques en aggravent les impacts. Que quelqu’un omette d’éteindre un feu de camp, jette une cigarette dans la broussaille ou fasse autre chose, si la zone est sèche et qu’il n’y a pas de précipitations pour éteindre les feux, ils se propageront plus rapidement et plus intensément. Quelle que soit la cause immédiate, les changements climatiques aggravent les impacts.

De façon générale, la vaste majorité de la zone a brûlé pour des causes naturelles plutôt qu’en raison de l’activité humaine.

La sénatrice Petitclerc : Je vous remercie.

La sénatrice Burey : Je veux poser une question plus brève. Je pense que le sénateur McNair a parlé de l’Outil de surveillance des sécheresses au Canada, et au lieu du chiffre de 72 % que vous aviez, vous avez parlé de 84 ou 82 %, madame Gour.

Quel effet la sécheresse intense a-t-elle eu sur la production alimentaire au Canada en 2023?

Mme Gour : Je vous remercie de la question. Je ne suis pas certaine d’avoir ce renseignement précis. J’ignore si vous avez quelque chose de votre côté dans le cadre d’un programme, monsieur Del Bianco.

La sénatrice Burey : En ce qui concerne la production d’aliments, je vous prie.

M. Del Bianco : Nous voyons ce qu’il en est, car compte tenu de la sécheresse, le rendement est couvert par le programme Agri-protection. Les paiements effectués dans le cadre de ce programme ont augmenté considérablement afin de verser des indemnités pour couvrir la perte de production. Je n’ai pas de chiffres sur la perte de production réelle, mais je peux confirmer que les programmes ont versé plus que par le passé en raison d’une réduction des rendements.

La sénatrice Burey : Cette réduction est-elle de 20 ou de 30 % environ?

M. Del Bianco : Cela varie d’une province à l’autre. Nous devrons vous fournir l’information ultérieurement.

La sénatrice Burey : Pour examiner ce qu’il en est et chiffrer les réductions. Je vous remercie.

M. Del Bianco : Pour ce qui est des paiements, étant donné qu’une multitude de risques sont couverts, nous ne pouvons pas attribuer tous les paiements à la sécheresse, mais comme l’augmentation était substantielle, je pense qu’on peut présumer sans crainte de se tromper qu’un grand nombre de paiements ont été effectués en raison de la sécheresse.

Le sénateur McNair : La stratégie vise en partie à garantir que les stocks d’équipement soient pleins en prévision de ce qui semble être une mauvaise saison. Quand nous pensons à l’équipement, nous ne pouvons nous empêcher de penser aux avions-citernes. C’était le problème l’an dernier. Comme vous l’avez indiqué, monsieur Hargrove, étant donné que les incendies touchaient le pays en entier, la flotte d’avions-citernes a été particulièrement sollicitée. Pensez-vous que le gouvernement fédéral ou les provinces devraient acheter d’autres avions-citernes cette année?

M. Hargrove : À ma connaissance, le gouvernement fédéral n’a pas de plan pour acheter des avions-citernes dans l’immédiat. Pour être honnête, je ne connais pas les plans immédiats des provinces pour l’achat d’avions-citernes.

Le programme Combattre et gérer les feux de forêt dans un climat en changement comprend un fonds destiné à l’équipement. Nous avons des ententes avec 11 provinces et territoires pour l’achat d’équipement, mais les avions-citernes ne sont pas inclus dans ces ententes en raison des longs délais d’approvisionnement et de ce genre de problème.

Il est possible d’en acheter, mais aussi d’en louer ou de faire quelque chose comme cela. Diverses options s’offrent également aux provinces et aux territoires. Je n’ai toutefois pas d’information sur les plans des provinces et des territoires concernant l’achat d’avions-citernes.

Le sénateur McNair : Je vous remercie.

La sénatrice McBean : La sénatrice Burey a effleuré la question, mais vous avez dit quelque chose qui a piqué ma curiosité lorsque j’ai parlé de l’approvisionnement en fibres à long terme. Si je pense à ce que nous essayons de faire, nous examinons les effets des feux de forêt sur les industries forestière et agricole.

Je me demande si vous pouvez faire la lumière sur le point suivant. Quelles sont les industries — dont celle de la production alimentaire, mais ce serait pour la nourriture pour le bétail — qui sont touchées par ce problème? Je n’avais même pas pensé à l’approvisionnement en fibres et à toutes les choses pour lesquelles la pâte et le bois peuvent être utilisés. Souvent, lorsqu’il est question de feux de forêt, nous pensons aux collectivités et aux maisons, oui, mais qu’en est-il des industries? S’il est trop tôt pour avoir un chiffre sur les aliments qui seront touchés, quelles industries subiront des effets néfastes dans cinq ans s’il y a plus d’incendies réguliers comme cela? Ce n’est qu’une idée que je lance comme cela, pour reprendre une expression du Sénat.

Mme Gour : Merci. Je peux commencer à répondre en ce qui concerne le secteur agricole. Je n’ai pas de chiffres précis à vous fournir, mais nous savons que les incendies de forêt peuvent avoir les conséquences suivantes : des dommages aux champs et aux cultures, que nous avons mentionnés; des impacts sur le bétail qui inhale la fumée; la qualité et la disponibilité de l’eau compromises; des dommages aux infrastructures, aux lignes électriques et à la machinerie; et c’est sans parler des répercussions sur la chaîne d’approvisionnement. Si nous ne pouvons accéder aux routes, comment faire pour acheminer les marchandises? Les transports. Nous l’avons évoquée plus tôt également, mais il y a aussi la santé mentale. Les producteurs sont soumis à d’énormes pressions quand leurs activités sont touchées.

La sénatrice McBean : La suie étouffe-t-elle les cultures? Vous avez dit que lorsqu’il y a un rebrûlage à court terme, il est difficile pour la région de se générer d’elle-même. Quel est le cycle? Comment remettre ces terres en état? Je pense que le Canada est un pays très vaste, alors ce n’est pas comme si nous pouvions aller labourer des terres en friche et c’est fini.

M. Hargrove : Oui, c’est un problème émergent. Essentiellement, il faudrait employer des techniques de plantation plus directes et des mesures semblables au lieu d’attendre que les graines naturelles germent. Il faut préparer davantage le site pour que le sol soit plus prêt pour la plantation. C’est une question de régénération. Vous avez raison : certaines des zones se trouvent dans ce que nous appelons les forêts aménagées, alors que d’autres se trouvent dans les forêts non aménagées, où il faudrait probablement plus de temps pour que ce cycle naturel fonctionne.

En ce qui concerne les industries, il y a beaucoup de pressions sur l’approvisionnement en fibre au pays dans le secteur forestier. Il faut compter avec le dendroctone du pin ponderosa dans l’Ouest et la tordeuse des bourgeons de l’épinette dans l’Est. Il y a des incendies partout au pays, et diverses mesures de conservation. De nombreuses valeurs entrent en ligne de compte dans le secteur forestier. En général, ces facteurs exercent beaucoup de pression sur l’approvisionnement en fibres. Si l’on regarde la situation d’un œil positif, cela encourage également l’innovation et l’utilisation la meilleure et la plus efficace de la fibre disponible, mais c’est un défi.

La sénatrice McBean : Ai-je le temps de poser une question de suivi?

Le président : Vous la poserez lors du troisième tour.

Comment le gouvernement collabore-t-il avec les acteurs de l’industrie pour élaborer des stratégies de gestion du risque plus résilientes pour les producteurs agricoles? Que faites-vous dans le cadre de votre collaboration avec ces acteurs?

Mme Gour : Je vous remercie de la question. J’ai mentionné plus tôt que nous envisagions de renouveler le cadre de gestion des urgences. Nous en avons lancé un en 2016. À l’époque, il était surtout axé sur la santé des végétaux et des animaux, et ne tenait pas tellement compte des événements cycliques et des changements climatiques. Nous cherchons donc à renouveler ce cadre.

Nous avons un réseau appelé Réseau du secteur alimentaire et nous collaborons avec des leaders de la transformation primaire et de la vente au détail. Nous nous rencontrons régulièrement pour échanger de l’information avec eux, ainsi que pour faire de la sensibilisation et de la préparation. Nous cherchons à renouveler le cadre et à mobiliser les partenaires afin que la gouvernance soit claire quant au moment d’échanger l’information. Ce mécanisme n’a jamais été utilisé dans le passé, alors ce sera une première pour nous, mais je pense que nous en avons certainement besoin, compte tenu de la fréquence des événements que nous observons.

Le président : Leur demandez-vous également leur avis ou est-ce que la communication est unidirectionnelle?

Mme Gour : Nous les consultons certainement, oui.

Le président : Je vous remercie.

La sénatrice Simons : Ma question s’adresse à Mme El Bied. Il fut un temps où si on disait aux gens qu’il y avait un incendie et qu’ils devaient évacuer, ils obtempéraient.

Dans la foulée de la pandémie de COVID et du convoi de protestataires, nous avons constaté un sentiment général de méfiance à l’égard de l’autorité centrale, et de nombreuses personnes refusent les ordres d’évacuation, forçant parfois la GRC à se rendre dans les communautés.

Sécurité publique Canada a-t-elle une stratégie pour gérer cet aspect humain du stress lié aux feux de forêt?

Mme El Bied : Je vous remercie de la question. C’est un problème auquel Sécurité publique Canada peut faire face dans toute situation d’urgence. Si une situation de gestion d’urgence survient — disons qu’il y a un feu de forêt et que la province ou le territoire nous a informés qu’il y a un ordre d’évacuation —, nous ferons office de Centre des opérations du gouvernement au sein de Sécurité publique Canada et nous dirigerons la coordination de l’opération avec d’autres partenaires clés. La communication est constante à cet égard.

Si la province ou le territoire communique un ordre d’évacuation à la population sur le terrain, des organismes d’application de la loi sont-ils là pour ordonner aux gens d’évacuer? Il n’y a rien de tel en place. L’ordre est lancé et nous aidons les gens. Lorsque nous disons que nous les aidons, nous parlons de la province et du gouvernement fédéral, car Sécurité publique Canada a du personnel régional dans chaque province et territoire pour fournir du soutien sur le terrain lorsqu’il y a gestion des urgences.

Il faut faire de l’éducation, de la sensibilisation et beaucoup de communication, et assurer les personnes touchées qu’on agit pour leur sécurité. Un solide plan de communication est en place. La coordination est solide, mais au bout du compte, comme la responsabilité est partagée avec les provinces et les territoires, ce n’est pas à Sécurité publique Canada d’ordonner l’évacuation des gens. C’est une responsabilité partagée.

La sénatrice Simons : Mme Gour a parlé des dangers auxquels sont exposés les animaux qui inhalent la fumée. Nous n’avons toutefois pas vraiment parlé des dangers pour nous tous, et je ne parle pas seulement des pompiers, mais aussi des gens qui sont peut-être à cent ou mille milles de distance et qui, voyant que l’air est terriblement pollué, ont porté leur masque dehors l’été dernier parce qu’ils ne pouvaient pas tondre la pelouse ou pique-niquer. Cela ne relève pas de vos ministères, mais j’ignore qui gère cette question. Que fait-on avec la santé publique en général, même si les gens ne sont pas dans le feu de l’action?

Mme El Bied : Je peux intervenir en premier. L’Agence de la santé publique du Canada fait partie de notre structure de gouvernance en cas d’urgence. Ici encore, je tiens à souligner que la situation observée l’année dernière était du jamais-vu au Canada. C’était donc une première.

Ce matin, nous avons réuni le Comité des politiques en matière de gestion des urgences des directeurs généraux pour discuter des opérations, simplement pour nous préparer. Nous avons parlé de cette question. L’Agence de la santé publique du Canada était présente. Nous avons donc un plan qui sera communiqué à tous les Canadiens.

La sénatrice Simons : Je vous remercie beaucoup.

La sénatrice Petitclerc : J’ai une brève question pour compléter celles que nous avons posées sur les pompiers, la formation et la nécessité d’en avoir plus. Qu’en est-il des pilotes d’avions-citernes? En avons-nous suffisamment ou faisons-nous de la formation? Si c’est le cas, qui est responsable du dossier? Existe-t-il un programme?

M. Hargrove : Je n’ai entendu parler d’aucun programme de formation de pilotes.

La sénatrice Petitclerc : Est-ce un problème?

M. Hargrove : Pour être honnête, ce n’est pas un problème dont j’ai entendu parler, ce qui ne signifie pas qu’il ne se pose pas quelque part. La question relèverait davantage des compétences provinciales.

La sénatrice Petitclerc : C’est ce que je pense, oui.

M. Hargrove : Ce n’est pas un problème dont j’ai entendu parler précisément.

La sénatrice Petitclerc : J’étais simplement curieuse. Je vous remercie.

La sénatrice McBean : J’ai une question de suivi sur la replantation. Nous avions l’habitude d’envoyer beaucoup d’enfants en faire. Mes amis, ou tous nos amis, ont probablement planté des arbres. Y a-t-il plus de dangers? Si nous devons intervenir et replanter des végétaux dans un endroit touché par un incendie, les gens qui s’y rendent et qui se mettent les mains dans tout ce carbone brûlé courent-ils un risque accru d’exposition au carbone ou à des substances carcinogènes? Ce n’est plus aussi charmant que d’envoyer des enfants avec 600 arbres dans un sac à dos, n’est-ce pas?

M. Hargrove : C’est une bonne question. Je ne connais aucune étude sur les effets cancérogènes ou quoi que ce soit de ce genre, bien que ce soit une excellente question. D’un point de vue physique, cependant, ces genres de terrains peuvent présenter différents types de difficultés. Oui, ils peuvent être plus difficiles d’accès et présenter des dangers physiques.

La sénatrice McBean : J’ai traversé des forêts anciennes où on peut marcher sur n’importe quoi et où toutes sortes de végétaux obscurcissent la voie, mais on peut passer à travers. Est-ce que des morceaux d’arbres sortent de partout? De quoi l’environnement a-t-il l’air?

M. Hargrove : La réponse courte est oui, l’accès peut être difficile.

La sénatrice McBean : Il n’est pas facile d’aller replanter des végétaux?

M. Hargrove : Si vous me le permettez, je donnerais suite à votre dernière question, car j’ai oublié de dire quelque chose quand nous parlions de l’approvisionnement en fibres. L’un des défis intéressants que pose la réduction de la masse de matières combustibles et l’adaptation à la nouvelle réalité, c’est que pour créer des coupe-feux et réduire la masse de matières combustibles, il faut retirer les fibres de la forêt. Lorsqu’on les enlève, on veut en faire quelque chose d’utile, pour un éventail de raisons différentes : que ce soit pour des considérations économiques ou même du point de vue du carbone, on veut stocker les fibres, comme le bois.

Cela pourrait également offrir des possibilités, mais c’est difficile parce que ce n’est pas la même chose que de couper du bois à côté d’une usine. Les fibres étant plus dispersées, il y a des problèmes de transport, des coûts afférents et ce genre de défis. Ce sont des questions à résoudre également. Que pouvons‑nous faire avec ce bois? Comment l’utiliser le plus efficacement possible?

La sénatrice McBean : Je vous remercie.

Le président : Je vous remercie. Madame El Bied, monsieur Hargrove, monsieur Del Bianco et madame Gour, merci beaucoup de votre témoignage et de votre participation ce soir. Le fait qu’il y a eu neuf sénateurs et trois séries de questions est une bonne façon de commencer notre étude sur les feux de forêt au Canada, alors merci beaucoup d’avoir témoigné. Nous vous sommes reconnaissants d’être venus.

Honorables collègues, je vous remercie de votre présence et de vos questions. Je vous suis reconnaissant de votre présence et de votre participation active. Comme toujours, je tiens à remercier les gens derrière nous et nos collègues à l’œuvre dans nos bureaux, dont nous apprécions énormément le soutien. Nous remercions nos interprètes, l’équipe des Débats qui a transcrit cette réunion, les préposés à la salle de comité, le technicien des services multimédias, l’équipe de radiodiffusion, le centre d’enregistrement, la Direction des services de l’information et, bien sûr, notre page. Merci beaucoup.

(La séance est levée.)

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